On le croyait disparu dans les limbes du cyberespace, mais Orrin revient, pixels au poing et flow affuté, pour hanter la réalité avec Poppin’ It, extrait incandescent de son nouveau projet Nü New York. Toujours entre la chair et la machine, le rappeur new-yorkais pousse encore plus loin son concept d’“être augmenté” du hip-hop, livrant ici un morceau qui oscille entre club rage, cloud-hop et mélancolie digitale.
Sur une production à la fois glitchée et luxuriante, Orrin redéfinit la grammaire du rap électronique. C’est du hip-house 3.0 : les kicks claquent comme des coups de flash, la basse respire sous un brouillard de synthés, et la voix — auto-tunée mais étrangement organique — déploie un ego trip traversé d’ironie. On danse, on flotte, on doute. C’est le genre de son qui t’attrape par les tripes tout en t’envoyant une notification.
Ce qu’Orrin réussit avec Poppin’ It, c’est l’équilibre improbable entre le chaos du monde hyperconnecté et l’intimité d’un cri intérieur. Là où Trippie Redd ou Playboi Carti ont fait du rage un exutoire adolescent, Orrin y injecte une réflexion plus adulte, presque philosophique. Derrière les postures, il y a une interrogation sincère : que reste-t-il de l’humain quand tout est filtré, édité, compressé ?
Le clip, tourné face à la Statue de la Liberté, pousse le concept jusqu’à l’absurde : des fenêtres de navigateurs s’empilent, les pixels saturent, le symbole américain devient décor virtuel. Orrin y performe comme un hologramme conscient de son propre bug. La liberté, semble-t-il dire, c’est désormais un glitch bien placé.
Mais derrière le manifeste visuel, il y a une musicalité fascinante. Le beat tangue entre UK garage et trap futuriste, les couches de synthés dessinent un Manhattan spectral — celui d’un monde où les néons remplacent les étoiles. Et quand Orrin lâche sa voix sur le hook, c’est tout un New York intérieur qui s’éveille, fait d’écrans, de solitude et de bruit blanc.
Ce qui frappe, c’est cette lucidité postmoderne : Orrin ne cherche plus à prouver qu’il est “différent” — il l’est par essence. Depuis son apparition virale en “cyborg” sur Dr. Phil, il a pris le contrôle du mythe. Poppin’ It n’est pas qu’un banger : c’est une auto-fiction, un autoportrait numérique, une rave intérieure.
On pourrait dire qu’Orrin fait danser les fantômes du futur — ceux qui scrollent plus qu’ils vivent, qui s’aiment à travers des avatars et qui cherchent encore, dans le bruit, un rythme capable de les réveiller.
Dans Poppin’ It, il y a tout cela : le vertige de la modernité, le groove d’un New York dématérialisé, et la certitude qu’au fond, même les machines ont besoin d’un beat pour se sentir vivantes.
Pour découvrir plus de nouveautés RAP, HIP-HOP, TRAP et DRILL n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVARAP ci-dessous :
