Il y a dans Silverlinings ce goût de poussière et de lumière, cette sensation rare d’un groupe qui s’est enfin arrêté de fuir. Verticoli, ces trois gars venus de Tasmanie, ont longtemps carburé à la nervosité, à cette énergie brute de scène qui sentait la bière renversée et les amplis brûlants. Aujourd’hui, ils nous livrent un disque de calme après la tempête, un disque de gratitude, de beauté simple, de lumière sur la peau.
Dès les premières secondes, on sent que Verticoli n’est plus là pour prouver quoi que ce soit. Les guitares s’étirent comme des vagues lentes, les voix s’approchent sans forcer, et l’air devient presque liquide. Le groupe, autrefois bouillonnant (Kick in the Teeth, Trash King, Birds of Prey), semble s’être trouvé un nouveau langage — celui des respirations. Silverlinings n’est plus le cri d’un jeune groupe assoiffé, mais le souffle d’hommes qui ont appris à aimer le silence entre deux notes.
La production, d’une sobriété lumineuse, frôle le spirituel. Les morceaux avancent comme des souvenirs qu’on feuillette un dimanche d’hiver, entre nostalgie et paix retrouvée. Il y a du The War on Drugs dans cette façon de laisser les guitares raconter l’espace, du Tom Petty dans cette honnêteté désarmante, du Kurt Vile dans ce groove nonchalant. Mais Verticoli ne copie personne — ils se décantent. Leur son est devenu minéral, patiné par le temps et les tournées, par l’odeur des motels et des retours de nuit.
Ce disque, on le reçoit comme une lettre qu’on ne s’attendait plus à recevoir. See You Around en est la clé : une chanson d’adieu chantée sans rancune, comme un merci à celles et ceux qui ont compté. Tout l’album tourne autour de cette idée : il faut parfois se perdre pour apprendre à dire au revoir sans amertume.
Ce qui frappe, c’est la justesse. Aucun effet gratuit, aucune emphase inutile. Verticoli joue avec la retenue d’un groupe qui a déjà connu la frénésie et préfère désormais le frisson. La batterie caresse plutôt qu’elle ne frappe, la basse respire entre les accords, et les voix, un brin voilées, semblent flotter dans une clarté d’aube.
Silverlinings est un album de renaissance, mais sans drame. Une œuvre de mi-parcours, comme un autoportrait fait à la lumière naturelle. Un disque qui te regarde sans te juger, te dit que tout ira bien, même si tout n’est pas parfait.
Verticoli signe ici un album qu’on n’écoute pas pour se défouler, mais pour se retrouver. Le genre de disque qui fait du bien sans jamais chercher à consoler. Une caresse dans un monde qui crie. Une épiphanie tranquille, jouée à trois.
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