Nick Castle transforme la mémoire en matière sonore avec une transe mélodique et organique, née d’un fleuve d’Afrique du Sud et coulée dans la ferveur londonienne des clubs sur « White River »
On ne danse pas vraiment sur White River. On y dérive. On s’y fond. On s’y laisse happer comme dans un courant chaud, celui d’une rivière qui charrie la lumière, les souvenirs et une mélancolie douce. Nick Castle signe ici un titre hypnotique, presque spirituel, où chaque pulsation semble respirer à la fois la terre rouge d’Afrique du Sud et la sueur des dancefloors londoniens.
Le morceau s’ouvre sur un souffle : des percussions feutrées, une basse souterraine, des voix lointaines — comme des prières suspendues dans la brume. Puis la tension monte, doucement, sans jamais forcer le tempo. La progression est fluide, presque narrative : on sent la main d’un producteur qui ne cherche pas le climax mais la continuité, qui comprend que la transe n’est pas une explosion, mais un état.
Ce qui frappe, c’est la finesse du tissage sonore. Nick Castle n’empile pas les couches, il sculpte l’espace. Chaque élément – les tambours tribaux, les nappes éthérées, la ligne de basse ondulante – dialogue avec l’autre. L’influence afro-house est évidente, mais jamais pastichée. Ici, la tradition devient matière vivante : un rythme organique transposé dans une architecture électronique d’une clarté rare. On pense à Dixon ou à Âme, à cette école de la précision émotionnelle où la mélodie est une arme subtile, presque mystique.
Et puis il y a cette sensation de retour : White River porte dans ses fréquences l’idée d’un lieu, d’une origine. Inspiré par le fleuve du même nom, dans la province sud-africaine du Mpumalanga où Castle a grandi, le titre est un pèlerinage intime. Ce n’est pas une carte postale : c’est un souvenir transmuté en groove. Un morceau qui parle de racines, mais depuis le présent.
J’ai écouté White River en boucle, et chaque écoute semblait creuser un peu plus loin — vers quelque chose de souterrain, d’ancestral. C’est une musique de flux, de résonance et de patience. Une musique qui ne se consume pas, mais s’étire, respire, s’étale comme une rivière sous le soleil couchant.
Nick Castle signe ici une œuvre d’équilibre rare : un track à la fois calibré pour le club et nourri d’une profondeur presque méditative. Un instant suspendu entre la mémoire et le mouvement, entre la nature et la machine. White River est moins une chanson qu’un état de conscience — celui où l’on comprend enfin que danser, c’est aussi se souvenir.
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