“We Were Taller Then” de Soek dévoile une nostalgie si pure qu’elle semble suspendre le temps. On y entend moins une chanson qu’un souvenir — une réminiscence de l’enfance, fragile et lumineuse, qui flotte entre deux respirations.
Sous le pseudonyme Soek, le compositeur américain Grant Borland s’offre un espace de liberté rare : un laboratoire d’émotions, à la frontière du classique contemporain et de l’électronique poétique. Dans ce nouveau single, il évoque l’innocence et la démesure enfantine : ce sentiment d’être “plus grand que le monde”, avant que la gravité des années ne vienne nous rappeler à la terre.
Tout commence par un motif de piano, à la fois léger et obstiné, comme une pensée qui ne veut pas s’éteindre. Les notes se répondent, se heurtent doucement, se suspendent dans un silence mesuré. Le piano n’est pas seulement mélodique : il devient percussif, presque respiratoire, donnant l’impression d’un cœur qui s’emballe face au souvenir. Autour de lui, des nappes de synthétiseurs diaphanes s’étirent comme des souvenirs diffus, tandis que les cordes enregistrées en Croatie par Martin Kutnar et Session Strings Studio viennent y déposer leur humanité, leurs frémissements, leurs micro-imperfections si précieuses.
Là où beaucoup de musiques néo-classiques cherchent l’émotion par la grandeur, Soek choisit l’intime, l’imperceptible. On pense à Ólafur Arnalds, Max Richter ou Hania Rani, mais sans imitation : ici, tout est personnel, enraciné dans une émotion vécue. “We Were Taller Then” raconte la nostalgie des jours où l’on se croyait invincible, mais sans la douleur du regret. Plutôt une tendresse résignée, une douceur mélancolique qui sait que la beauté se niche dans la perte.
Chaque instrument respire, trouve sa place, se tait quand il le faut — un équilibre que le mixage de Piotr Wieczorek parvient à sublimer avec une clarté quasi photographique. Le son n’envahit jamais, il entoure. Comme si chaque note avait conscience de sa fragilité.
Mais derrière cette précision technique, il y a un geste profondément humain. Soek compose comme on se souvient : par fragments, par couches, en cherchant dans le flou ce qui reste vrai. We Were Taller Then ne cherche pas à impressionner, mais à consoler — une musique-refuge, faite pour accompagner la nostalgie sans la dramatiser.
Ce single n’a pas de paroles, et pourtant il raconte tout : les jeux dans la lumière d’été, les silhouettes qui grandissent trop vite, les promesses faites à soi-même. On le quitte avec une impression étrange, celle d’avoir grandi un peu à nouveau — mais cette fois, dans le bon sens.
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