En dévoilant “Old is New”, The Muster Point Project prouve qu’on peut vieillir sans jamais devenir sage : un album d’indie rock incandescent où le temps passe, mais la flamme ne faiblit jamais.
Il y a dans la musique de The Muster Point Project quelque chose de profondément humain, une sorte de lucidité tendre face au désordre de la vie. Leur nouvel album Old is New s’ouvre comme un journal intime en treize fragments : des histoires d’amour et de désamour, de perte et de renaissance, de routes interminables et de stations-service fantômes. Kevin Franco, chanteur et songwriter du groupe, y dévoile une écriture ciselée et pudique, servie par une production qui respire la chaleur organique d’un studio où la poussière du folk rencontre la nervosité de l’indie rock.
Le disque flirte avec les frontières : Americana, folk-rock, alt-country et pop s’entremêlent sans complexe. Produit et mixé par Darryll McFadyen (Belle & Sebastian, Simple Minds), Old is New est de ces albums qu’on écoute d’une traite, porté par la cohérence d’un univers et la diversité de ses reliefs.
L’ouverture, Stuck in Transit, donne le ton : un riff mélancolique, un rythme battant comme un cœur en retard, et cette voix de Franco, fatiguée mais sincère, qui sonne comme une confession de bord de route. Plus loin, You Lose and You Gain joue la carte du réalisme tendre — accepter que la vie nous prenne autant qu’elle nous donne. Believe in Yourself et You Are My Breeze distillent une énergie lumineuse, presque naïve, comme un rappel à l’ordre du cœur après les tempêtes.
Mais le groupe ne craint pas les ombres. I Can Only Cry revisite les codes de la country avec un cynisme doux-amer, pendant que Alone Again évoque la trahison et la solitude avec une intensité feutrée. Tell it to the Night nous plonge dans un rock plus atmosphérique, presque contemplatif, où les guitares se dissolvent dans l’espace. Et puis il y a Darlin’, courte et percutante, une ballade dénudée qui touche à la pureté.
À travers tout l’album, The Muster Point Project questionne les rapports humains — ceux qu’on entretient avec les autres, mais aussi avec soi-même. “Old is New” n’est pas un album nostalgique : c’est une célébration des contradictions, de cette maturité qui n’en est jamais vraiment une. Franco chante comme s’il se souvenait de tout et pardonnait quand même.
Et derrière l’humour du titre, il y a une vérité : dans un monde où la musique vieillit à la vitesse des algorithmes, The Muster Point Project choisit la lenteur, la sincérité et la patine du vrai. Old is New n’est pas un slogan, c’est une philosophie. Le son d’un groupe qui n’a pas peur de rester fidèle à ce qu’il est, quitte à sonner “out of time”.
Parce que certaines choses, comme les cicatrices ou les bonnes chansons, ne vieillissent pas : elles se patinent, elles se gravent. Et elles finissent par briller autrement.
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