Entre spleen domestique et éclats d’humanité, Patrick T Jenkinson signe avec Autofiction un premier album d’une sincérité désarmante, où la pop artisanale devient journal intime et carnet de bord.
Né dans le Lancashire et forgé dans la tendresse du quotidien, cet album raconte quinze ans de vie en musique, de 2009 à 2023 — des chansons qui, comme leurs cicatrices, ne se referment jamais tout à fait. Jenkinson, c’est l’antithèse du rock star system. Il compose sur un iPad, en équilibre entre couches de fatigue et tasses de café froid, pendant que son fils dort dans la pièce d’à côté. De cette contrainte naît une forme d’élégance lo-fi, un humanisme désarmant. Enregistré ensuite avec Nick Sagar au Studio 3507 de Penwortham, Autofiction a pris la forme d’un miroir — à la fois journal de bord et confession sonore.
1. Lancashire Rain
Ouverture brumeuse et mélancolique, hommage à la terre natale. Les guitares y sonnent comme des gouttes sur les vitres, et Jenkinson chante les villes ouvrières sous la pluie avec la tendresse d’un témoin lucide. Coécrite avec Nick Pamphlett, cette ballade douce-amère mêle nostalgie folk et arrangements indie feutrés, rappelant Richard Hawley ou Elbow.
2. Apocalypse
Sous un titre trompeur, une pop lumineuse au bord du chaos. Des synthés nerveux, un tempo battant la mesure de l’anxiété moderne, et cette ironie très britannique : la fin du monde racontée depuis la cuisine. Jenkinson y chante la peur et la résilience avec un sourire fatigué — entre Jarvis Cocker et Father John Misty.
3. Song For A Dreamer
Probablement le cœur battant de l’album. Une chanson fragile, presque chuchotée, dédiée à ceux qui tiennent debout grâce aux rêves. Le clip qui l’accompagne en capture l’essence : une tendresse silencieuse, un homme seul face à ses fantômes.
4. Silent Melancholic
Coécrite avec Danny Solazzo, cette pièce piano-pop joue sur la retenue. Une orchestration minimale, une ligne mélodique qui serpente comme une pensée nocturne. On y entend la solitude, mais aussi la douceur d’accepter sa propre tristesse.
5. Jimmy’s Bar
Un hommage chanté à son père, Tony Jenkinson, qui signe ici le texte ainsi que la musique. Ambiance de pub, effluves de whisky et souvenirs chantés au comptoir. C’est à la fois une chanson folk et une étreinte paternelle, entre mémoire et transmission.
6. Now You’ve Got To Go Away
Autre collaboration avec Danny Solazzo, c’est un morceau de séparation, sans amertume mais plein de résilience. La mélodie monte comme une marée lente, et le refrain laisse cette impression d’adieu qu’on fredonne malgré soi.
7. The Beautiful and Damned
Avec la voix céleste de Clare Simmons, sa nièce, Jenkinson transforme le spleen en élégie pop. Entre ballade cinématique et chanson de chambre, le morceau cite Fitzgerald et flirte avec le romantisme noir des années 80.
8. No Mean Feat
L’un des deux singles déjà sortis. Un hymne modeste à la persévérance, avec des chœurs qui élèvent le morceau vers la lumière. Jenkinson y chante l’épuisement et la dignité, comme si Peter Gabriel avait grandi dans un deux-pièces à Accrington.
9. Out of Sync
Pop désenchantée et introspective : rythmes bancals, arpèges synthétiques, voix à demi en retrait. Le morceau évoque la dissonance intérieure, ce sentiment d’être à côté du monde, mais d’y rester quand même — parce qu’il le faut bien.
10. Strange World
Clôture lumineuse et presque apaisée. Un morceau sur l’étrangeté du quotidien, sur l’amour, la fatigue, la survie. L’univers reste absurde, mais Jenkinson semble y trouver enfin une forme de paix.
Autofiction n’est pas un disque spectaculaire, c’est un disque nécessaire. Celui d’un homme qui continue d’écrire, de chanter, de vivre — même quand la vie s’effondre autour. Une œuvre artisanale, humble, profondément humaine, qui rappelle que la beauté réside souvent dans le simple fait d’essayer encore.
Instagram : patricktjenkinson
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