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French Music Rap

KSPRR fait trembler la trap française avec « Wraith »

KSPRR fait trembler la trap française avec « Wraith »
  • Publishednovembre 10, 2025

« Un disque hanté, viscéral et charnel, où la trap devient rituel et la voix un couteau dans le brouillard.« 

KSPRR n’entre pas dans le rap français comme on entre dans un genre — il y pénètre comme une ombre glisse sous une porte. Wraith n’a rien d’un projet de plus dans la masse de la drill hexagonale : c’est une descente élégante dans les bas-fonds de la psyché, un disque de fantômes fait par un homme bien vivant, mais fatigué de la lumière. Là où beaucoup jouent les démons pour vendre des tee-shirts, KSPRR, lui, les incarne.

Son rap est une matière froide, tendue, presque liquide. Il ne cherche pas la punchline ni la performance technique : il sculpte le malaise. Le morceau-titre, Wraith, agit comme une invocation — une prière à l’envers où chaque 808 devient tambour rituel. Le flow est spectral, détaché, presque chuchoté, comme s’il s’adressait à des âmes plutôt qu’à des auditeurs. Dans Curtis Jackson, il convoque la figure mythique du hustler, mais vidée de sa gloire : un fantôme d’époque, errant dans un monde sans or ni pouvoir.

Ketchup, avec Famille Nombreuse, est un uppercut. Le morceau sent la poudre et la peur, un featuring à la tension physique, où le beat claque comme une porte métallique. M M E pulse en deux minutes de pure adrénaline, sans gras ni artifice : un orage de flow, sec, nerveux. Puis Boîte à aiguilles (feat. Super Duper) s’infiltre comme un trip claustrophobe — voix filtrées, production étouffante, tout respire la paranoïa et le manque.

Et soudain, Blahblahblah : interlude punk et cynique, où KSPRR crache sur le bruit ambiant du rap game. 00 relance la tension, presque cinématographique — un morceau d’apnée où chaque silence pèse plus lourd qu’une punchline. Mais c’est La marche du fantôme (feat. Zipbby) qui cristallise l’essence du projet : deux voix qui s’enlacent et s’opposent dans une transe mystique, comme une procession urbaine dans un cimetière mental.

Dans E V P, le rap devient presque science occulte : bribes électroniques, échos spectraux, flow déshumanisé. Et quand arrive Lune (avec Mae Rojas), c’est une percée fragile de tendresse — un instant suspendu où la féminité fissure l’obscurité. Cauchemar referme le cercle comme une malédiction qui retombe : tout s’éteint, sauf la tension.

Ce qui rend Wraith si singulier dans le paysage du rap français, c’est cette manière d’assumer la noirceur sans posture. KSPRR ne s’invente pas une mythologie de dur : il parle depuis un ailleurs, un entre-deux, un purgatoire sonore où la vérité se dit à voix basse. Son rap, viscéral et éthéré, évoque les grandes heures de la trap d’Atlanta, mais réinterprétée à la française — froide, lettrée, ésotérique.

Dans une époque saturée de faux éclats, Wraith agit comme une éclipse. Un disque qui ne cherche pas à briller, mais à absorber la lumière. Le rap français avait besoin d’un revenant ; KSPRR en devient le plus beau spectre.

Instagram : luvkillme

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Written By
Extravafrench

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