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Quand un frère demande pardon sur l’asphalte brûlant de la vie par LaRude sur « Macadam »

Quand un frère demande pardon sur l’asphalte brûlant de la vie par LaRude sur « Macadam »
  • Publishednovembre 17, 2025

Un slam de tendresse cabossée qui transforme la culpabilité en lumière.

Certaines chansons s’avancent comme on ouvre une plaie, calmement, avec cette forme de douceur douloureuse qui serre la gorge. Macadam appartient à ce genre-là : un morceau qui ne raconte pas, mais qui remet à l’endroit une injustice intime, ancrée dans des années de silence, de non-dits, de regards évités lors des repas de famille.

Entendre LaRude parler de sa sœur, c’est comme marcher au ralenti dans un souvenir que l’on croyait anodin et qui soudain vous transperce : pendant que lui jouait, elle frottait les assiettes. Pendant qu’il apprenait la vie en riant, elle apprenait la fatigue. Cette dissymétrie — domestique, sociale, genrée — il la porte encore comme une tache de naissance. Macadam en est le poème d’excuses, l’aveu tardif, la main tendue sur l’asphalte.

LaRude a toujours su mêler la chair du vécu à l’élégance du verbe. Sa pop française coup de poing — ce mélange singulier de slam, d’intimisme, de réalisme social — trouve ici un point d’équilibre presque miraculeux. La production, subtile et pudique, crée une bulle de respiration où chaque syllabe tombe comme un caillou dans l’eau. Il tranche, mais il caresse. Il dit la honte avec la grâce d’un funambule.

Ce qui frappe d’abord, c’est la présence. Cette voix brute, légèrement voilée, qui porte en elle des années de résilience et d’héritages trop lourds. On n’écoute pas LaRude comme un chanteur : on l’écoute comme un témoin qui parle enfin. Entre Eddy de Pretto pour l’intensité frontale, Gaël Faye pour la musicalité tendre, et Fauve pour le réalisme poétique, LaRude compose une langue à lui, rugueuse, tremblante, crue mais bouleversante.

Dans Macadam, il n’accuse personne — il s’accuse. Il ne cherche ni absolution ni pathos : juste un espace pour remettre les pendules de l’enfance à l’heure. Et derrière la confession familiale, on entend l’écho plus large de tant de foyers où les filles grandissent trop tôt, où les garçons ne voient rien, où l’injustice s’invite dans les tâches les plus banales.

Il y a un courage immense à dire cela. Un courage d’homme de 2025, queer, lucide, qui a passé sa vie à écrire pour les autres avant d’affronter sa propre vérité. Car LaRude n’est pas seulement un parolier brillant, récompensé ici comme ailleurs, auteur de comédies musicales saluées jusqu’au New York Times ; il est un corps qui se bat, un cœur qui bat trop fort, un porte-voix pour ceux qui n’en ont pas.

Macadam confirme qu’avec Cool Kid, LaRude signe son disque le plus intime, le plus social, le plus politique — sans jamais lever le ton. Juste en murmurant ce que beaucoup taisent.

Une chanson comme un pardon tardif. Et comme une promesse d’être, enfin, l’homme qu’il aurait dû être plus tôt.

Instagram : _larude_

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Written By
Extravafrench

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