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Banger afrofuturiste avec James BKS sur « Na Na Benz »

Banger afrofuturiste avec James BKS sur « Na Na Benz »
  • Publishednovembre 19, 2025

« Na Na Benz, c’est la pulsation d’un héritage qui refuse la poussière : un battement de cœur ancestral propulsé dans un futur où les femmes écrivent encore l’économie du monde. »

Je suis resté un moment immobile après la première écoute de Na Na Benz. C’est rare, cette impression que la musique vous regarde droit dans les yeux, consciente d’elle-même, de son poids, de sa mission. James BKS ne signe pas seulement un morceau : il dépose un étendard, le genre qu’on soulève pour réveiller une mémoire que l’histoire globale a trop souvent reléguée dans les marges. Et ce geste, il le fait non pas dans le silence – mais dans le vacarme glorieux d’un groove qui dévore le sol.

Ce qui frappe d’abord, c’est l’architecture. James BKS plante un décor sonore où la drill urbaine se mêle aux polyrhythmies bikutsi avec une fluidité presque insolente. Rien ne sonne forcé. Rien ne sonne décoratif. Tout est organique : la percussion mord, la basse rampe comme une bête sûre de sa force, les voix résonnent comme des incantations. C’est un territoire sonore hybride, mouvant, qui respire l’Afrique contemporaine autant que les diasporas créatives disséminées entre Paris, Douala et Brooklyn.

James BKS, en héritier conscient de la puissance rythmique que son père, Manu Dibango, a imprimée dans le monde, manie le beat comme une matière vivante. On sent un homme qui sait que la musique peut porter une mémoire, réveiller un récit, faire danser une vérité. Et dans ce morceau, cette vérité s’appelle les Nana Benz. Ces femmes togolaises qui, bien avant le storytelling moderne, avaient compris comment transformer un tissu en empire, un motif en arme, un commerce en souveraineté.

Ce que j’admire dans ce morceau, c’est la manière dont James BKS ne tombe jamais dans l’hommage figé. Au contraire : il rend ces femmes vivantes, présentes, étincelantes. Dans le beat, on entend la rapidité des négociations sur les marchés, dans les basses la fermeté des décisions, dans les chœurs le murmure collectif de celles qui construisent, pierre après pierre, des indépendances intimes et économiques. C’est un morceau qui honore sans nostalgie. Qui raconte sans muséifier. Qui transmet sans édulcorer.

Le choix esthétique est d’ailleurs d’une précision folle : les textures drill donnent au morceau un tranchant contemporain, une urgence de bitume, tandis que le bikutsi insuffle une pulsation tellurique, profondément enracinée. C’est un mariage risqué, mais James BKS maîtrise trop bien les tensions pour que quelque chose déborde. Résultat : un track qui frappe autant le corps que l’esprit, un pont sonore entre continents, générations, combats.

Le flow, lui, avance comme un mantra. Pas dans une énergie agressive mais dans une affirmation calme, souveraine, presque rituelle. On n’est pas dans la démonstration technique : on est dans la célébration de l’ADN, dans le chant d’un héritage. C’est cette sobriété habitée qui donne au texte sa force. James BKS ne joue pas au narrateur : il incarne.

Na Na Benz est un morceau qui pourrait faire vibrer un club comme un musée, une radio mainstream comme une conférence sur la place des femmes dans les économies informelles africaines. Et c’est précisément ce qui en fait un bijou : il refuse le cloisonnement. Il circule. Il affirme. Il rassemble.

À travers ses choix, sa production, son intention, James BKS rappelle une vérité simple et pourtant révolutionnaire : danser peut être politique, rappeler peut être joyeux, transmettre peut être incandescent.

Et dans le monde d’aujourd’hui, ça fait du bien d’entendre un artiste écrire une page d’histoire en faisant trembler les murs.

Pour découvrir plus de nouveautés du moment, n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVANOW ci-dessous :

Written By
Extravafrench

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