« DONE est moins une rupture qu’un incendie intérieur : on n’y claque pas une porte, on s’y délivre. »
Je ne m’attendais pas à ça. DONE commence comme une respiration tenue trop longtemps, un tremblement à peine perceptible, ce moment où le cœur hésite encore entre rester par habitude ou fuir pour survivre. Et puis, en quelques mesures, Grace de Gier renverse la table. Son timbre fend l’air avec une lucidité tranchante, la production se gorge de tension, les guitares prennent feu — et soudain, on se retrouve face à une femme qui a décidé de ne plus laisser personne écrire à sa place la scène finale de son histoire.
Ce qui frappe d’abord, c’est cette manière très cinématographique d’aborder l’alt-rock : chaque élément semble tiré d’un film intérieur, les riffs comme des reflets de néons sur un sol mouillé, la batterie comme un cœur qui reprend son propre rythme après avoir trop longtemps battu au tempo de quelqu’un d’autre. Il y a du garage rock dans les angles, de l’indie pop dans l’élévation mélodique, du rock alternatif dans la façon de faire monter les murs jusqu’à la rupture — mais tout est profondément personnel, teinté de Colombie, des Pays-Bas, de Paris, de tous les endroits où l’artiste a laissé un peu de peau pour mieux retrouver son souffle.
On sent que DONE est né d’un vécu, pas d’un concept. La voix de Grace ne joue jamais la victime ni la guerrière hollywoodienne : elle traverse la chanson comme on traverse un tunnel en feu, avec la peur toujours là, mais l’instinct plus fort. Elle chante la libération, oui, mais surtout la reconquête du territoire intime. Et il y a cette montée progressive, ce build irrésistible, que le mastering d’Adam Ayan — sept fois Grammy — rend presque palpable : on croit voir le morceau se redresser, se redéployer, reprendre forme et hauteur sous nos yeux.
Ce qui me touche le plus, c’est l’équilibre entre brutalité et délicatesse. DONE porte l’ampleur de ces chansons qui guérissent en coupant net, qui disent stop sans hurler, qui transforment la douleur en architecture sonore. On entend l’écho des 80s/90s qui ont sculpté son imaginaire, mais filtré par un présent où la vulnérabilité n’est plus un tabou mais une arme.
DONE, c’est la lettre qu’on écrit après trop de nuits blanches. C’est la dernière larme avant le premier vrai pas dehors. C’est un morceau qui ne cherche pas l’approbation : il cherche la vérité.
Et ça, dans ce paysage saturé de bruit, c’est peut-être la plus radicale des libérations.
Pour découvrir plus de nouveautés ROCK, n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVAROCK ci-dessous :
