“Tous mes démons glisse comme une confession qu’on lâche trop vite, une vérité qui brûle mais qu’on finit par apprivoiser.”
J’ai laissé le morceau tourner plusieurs fois avant de comprendre ce qui me happait vraiment : NūSōM ne chante pas seulement la chute, il chante la manière dont on décide d’habiter la chute. Tous mes démons n’a rien d’un lamento dramatique ; c’est plutôt une marche dans l’ombre, presque élégante, où chaque pas résonne comme un choix assumé. On y retrouve les textures du contemporary R&B, cette chaleur minimale qui enveloppe la voix, mais aussi une impulsion pop-rap qui s’infiltre dans la rythmique et lui donne de quoi avancer sans s’effondrer.
La voix de NūSōM porte quelque chose de légèrement rauque, un grain qui dit plus qu’il n’explique. Elle flotte au-dessus du beat avec une certaine fragilité, mais une fragilité volontaire — celle qu’on expose parce qu’on sait qu’elle fait partie du décor, qu’elle donne du relief. J’ai senti une forme de pudeur combattue, comme si l’artiste s’autorisait ici quelque chose de rare : avouer, mais sans s’écrouler. Il chante bas, presque murmurant, et cette retenue crée un magnétisme particulier, un lien intime avec l’auditeur.
Musicalement, le morceau joue sur la tension. Une basse ronde, discrète mais omniprésente, qui pulse comme un cœur trop rapide. Des percussions fines qui rappellent cette manière qu’ont certains producteurs de laisser l’air circuler entre les coups, comme pour ne pas étouffer la confession. Et puis, cette petite mise en scène sonore — une réverbération subtile ici, un écho qui s’attarde là — qui donne l’impression d’avancer dans un appartement plongé dans la pénombre, lumière bleutée, rideaux fermés, téléphone face contre la table.
La dimension pop-rap du morceau offre un contrepoids intéressant : une structure plus directe, plus cadencée, qui empêche le titre de devenir trop vaporeux. Elle amène du mouvement, une forme de résistance au spleen, une dynamique intérieure qui pousse NūSōM à continuer malgré ce qu’il avoue. Ce mélange crée un équilibre fragile, comme si le morceau oscillait en permanence entre confession et auto-défense.
Ce que réussit Tous mes démons, c’est de rendre le chaos habitable. Il transforme le trouble en esthétique, l’hésitation en geste artistique. Et dans ces trois minutes tendues mais douces, NūSōM affirme quelque chose de simple mais rare dans la scène actuelle : la beauté peut exister dans ce qu’on ose dire, même quand on n’a pas encore trouvé comment le résoudre.
Pour découvrir plus de French nouveautés, n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVAFRENCH ci-dessous :
