Al Filo est ce moment suspendu où tu réalises que tu n’as plus peur du vide — seulement de ne pas sauter. »
Ce qui me frappe en entrant dans Al Filo, c’est cette sensation presque physique d’être tiré par le col vers un territoire brûlant, un espace où la rue respire le duende et où le beat moderne s’enlace à la tradition comme deux corps qui ne savent plus très bien se repousser. Alba Cantos n’essaie pas de jouer sur deux tableaux : elle les fusionne jusqu’à ce qu’ils deviennent indémêlables. La première étincelle vient de sa voix — fière, nerveuse, une voix qui a goûté à la poussière du chemin et refuse désormais de baisser la tête.
Dans ce morceau, le pop-rap latin se déploie avec un aplomb félin, mais c’est le flamenco qui en est l’âme en fusion. Pas un flamenco poli pour playlists évasives, non : un flamenco qui gratte, qui proteste, qui ne craint ni les failles ni la colère contenue. On sent la lignée, les nuits longues, les palmas qui résonnent dans des cuisines trop petites, les confidences faites entre deux riffs de guitare. Et pourtant, tout est moderne, urbain, poussé par une production qui avance comme un moteur chaud, martelée de percussions trap qui donnent au morceau cette allure de cavalcade nocturne.
Alba chante comme on confesse — à mi-chemin entre le murmure et la morsure. Il y a dans son phrasé un refus de la résignation, une urgence presque viscérale : celle de ne plus rester coincée dans l’entre-deux, de choisir enfin le feu plutôt que la fadeur. Le refrain, lui, s’élève comme un cri qu’on retenait depuis trop longtemps, un cri qui traverse le corps avant de sortir par la gorge, avec cette détermination que seules les artistes qui ont marché sur leurs propres braises savent tenir.
Ce qui rend Al Filo si magnétique, c’est sa façon d’être une frontière vivante. Le morceau raconte ce moment où l’on sait que quelque chose doit se briser pour que quelque chose d’autre naisse. On y entend la bataille intime entre la peur et le désir, entre les traditions qui rassurent et l’appel d’un futur qui exige qu’on dépasse ce qu’on croyait être nos limites. Alba Cantos ne chante pas une histoire : elle en traverse une, et l’énergie qu’elle en extirpe est pure, vibrante, presque dangereuse.
Écouter Al Filo, c’est accepter de se tenir à cette ligne tendue, ce fil vibrant où l’on se penche vers l’inconnu pour sentir, ne serait-ce qu’un instant, que la vie mord enfin. Un premier single qui frappe droit, qui brûle juste, et qui annonce une artiste prête à faire dérailler les frontières une par une.
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