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Rap franco-marocain : Hina nous fait remonter « La Pente »

Rap franco-marocain : Hina nous fait remonter « La Pente »
  • Publishednovembre 19, 2025

« La Pente n’est pas un morceau : c’est un 180, un virage serré où Hina passe de l’ombre à la clarté sans jamais perdre son souffle. »

Une étrange sensation m’a traversé en écoutant La Pente. Comme si je surprenais un artiste à un moment charnière, ce point fragile où l’on arrête d’essayer de plaire et où l’on commence enfin à dire la vérité, la sienne, brute et dérangée. Hina, avec ce deuxième single, choisit précisément cet endroit-là : la faille plutôt que la façade, la montée plutôt que les raccourcis, le réel plutôt que les validations creuses.

Le morceau s’ouvre comme un aveu qu’on aurait gardé trop longtemps dans la gorge. Quelques notes égrenées, presque timides, qui respirent le Maroc désertique, le Oud qui chauffe l’air comme une braise ancienne. Puis une voix, penchée entre deux langues, deux identités, deux héritages qui ne se trahissent pas mais s’entremêlent. On sent la Darija arriver par petites vagues, comme un souvenir qui se réinvite dans la pièce, un parfum de maison qu’on croyait lointain. C’est un geste de loyauté, un retour aux origines, mais jamais nostalgique : plutôt un point d’ancrage avant la tempête.

Et elle arrive vite, la tempête. Le drop est sec, inattendu, calibré pour déraper sous les pieds. La prod bascule de la confidence à l’impact, dans une forme de rage contenue qui relie les mondes : l’électronique fine, presque liquide, heurte une rythmique trap plus urbaine, plus rugueuse. Ce contraste crée le cœur battant du morceau : l’ascension n’est pas lisse, elle secoue, elle déstabilise. Le refrain, lui, accroche comme une corde jetée dans le vide — cette corde qu’on attrape même si on tremble, parce qu’on n’a pas le choix.

La force de Hina, c’est sa façon d’écrire et de composer avec une honnêteté qui tranche. Pas de posture, pas de cynisme, pas de superflu : juste le constat amer d’un artiste qui a trop attendu qu’on le valide, trop vécu l’abandon de ceux qui ne restent jamais quand ça stagne. Il transforme ce constat en moteur. La Pente devient alors un manifeste pour ceux qui avancent en silence, qui montent seuls, qui accumulent les erreurs mais refusent l’aplatissement.

Ce qui émeut, au-delà de la technique, c’est l’énergie de quelqu’un qui s’est reconstruit à l’écart. On y lit un amour profond pour la création artisanale — Hina compose dans sa chambre, fidèle à l’authenticité qui l’a façonné. On y entend aussi la revanche des discrets, ceux qu’on ne regarde qu’une fois arrivés en haut.

La Pente n’est ni un banger opportuniste ni une ballade triste. C’est un morceau hybride, terriblement humain, qui raconte la montée avec ses aspérités, ses griffures, ses respirations difficiles — et la beauté inattendue qu’on trouve parfois dans la lutte elle-même.

Hina ne trace pas simplement son chemin. Il redessine les reliefs. Et si son ascension se fait encore discrète, on sent déjà qu’il est en train de gravir plus haut que prévu.

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Written By
Extravafrench

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