« Il existe des musiciens qui écrivent avec leurs doigts ce que d’autres passent une vie à tenter de formuler : l’instant précis où l’on recommence à respirer. »
Learning to Breathe est un battement de cœur réappris à la force du médiator. Filip Dahl, vétéran norvégien des années rock, revient ici avec une pièce qui tient autant de la confession que du manifeste artistique : une guitare qui refuse d’oublier d’où elle vient, et qui avance pourtant, note après note, vers un futur encore incandescent.
Sous ses dehors de classic rock humble et mélodique, la chanson libère une émotion beaucoup plus vaste. Elle respire au rythme de ces artistes qui ont traversé plusieurs vies musicales — les scènes enfumées des années 70, la précision glacée des studios des années 80, puis le silence volontaire d’une pause longue comme un hiver scandinave — avant de revenir au premier plan avec une lucidité presque troublante. Dahl est de ceux-là : un artisan dont la sensibilité s’est aiguisée avec le temps, jusqu’à devenir un langage.
Learning to Breathe Again, c’est sa manière de dire : je suis vivant, encore, et je sonne comme ça.
Ce qui frappe d’abord, c’est la signature de sa guitare. Une luminosité presque liquide, héritée de Pink Floyd et des grandes heures du rock symphonique. On retrouve dans son jeu cette façon très nordique d’étirer le temps, d’installer l’émotion sans forcer, de préférer la profondeur à la performance. Une clarté mélodique qui n’appartient qu’à lui, reconnaissable en quelques mesures.
La construction du morceau avance comme un voyage intérieur : un arpège qui tâtonne, une ligne mélodique qui s’affirme, puis une montée progressive où les guitares se superposent comme des pensées qu’on remet enfin en ordre. Rien n’est gratuit : la batterie soutient sans écraser, les synthés émergent par touches, et au centre, il y a ce lead guitar qui raconte une renaissance sans mots.
On sent l’ombre des influences — Kansas pour l’élan, Deep Purple pour l’ossature, Marillion pour la dramaturgie — mais Dahl ne se contente jamais de citer. Il distille. Il transforme. Il prolonge une tradition sans la figer.
Ce single a aussi quelque chose d’éminemment personnel. On connaît l’histoire : l’ingénieur devenu producteur, le producteur devenu solitaire, puis l’homme qui décide un jour que la musique peut encore lui offrir un souffle neuf. Learning to Breathe Again est la trace sonore de cette résolution intime. Une respiration retrouvée sous la forme d’un solo.
Dans un paysage saturé, ce morceau rappelle que le rock peut encore être une affaire de vérité, d’humanité, d’artisanat pur. Filip Dahl n’essaye pas d’être moderne : il essaye d’être juste.
Et c’est précisément pour ça qu’il touche juste.
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