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Music Pop

Le froid famillial se transforme en feu de cheminée avec Nourallah Brothers sur « Christmastime »

Le froid famillial se transforme en feu de cheminée avec Nourallah Brothers sur « Christmastime »
  • Publishednovembre 21, 2025

« On croit appuyer sur “play” pour une chanson de Noël, on déclenche en réalité le film intime de deux frères qui se reparlent enfin. »

Ce qui frappe d’abord avec Christmastime, ce n’est pas la neige, les guirlandes ni la magie de saison : c’est ce léger tremblement dans l’air, ce sentiment d’être témoin de quelque chose de beaucoup plus fragile qu’un simple single de fin d’année. Derrière ce titre en apparence classique, les Nourallah Brothers rejouent surtout une histoire vieille de vingt-cinq ans : deux voix qui se sont tues ensemble, puis remis à vibrer côte à côte.

Faris et Salim viennent d’El Paso, mais le morceau semble se dérouler dans un espace presque hors du temps, quelque part entre une cuisine éclairée au néon et un vieux salon où tourne encore un vinyle de pop orchestrale. On sent que le geste premier n’est pas de “faire un tube de Noël”, mais de tenir un fil de lumière dans une période sombre. Faris l’assume : pour exorciser ses propres ombres, il a choisi la pureté, la simplicité, presque l’innocence comme antidote. Et ça s’entend.

Musicalement, Christmastime joue la carte de la retenue élégante. La structure n’a rien de révolutionnaire, mais tout est dans le détail : une progression harmonique qui lorgne vers la tradition des standards, une rythmique discrète qui berce plus qu’elle n’entraîne, une mélodie qui semble avoir toujours existé quelque part dans un coin de mémoire. On imagine très bien cette chanson reprise par un crooner à l’ancienne, orchestre derrière, lumières tamisées – et c’est justement cette sensation de “classique potentiel” qui lui donne sa force.

Le cœur, pourtant, se niche dans le dialogue vocal. Faris en hauteur, Salim en soutien grave : ce partage des lignes n’a rien d’anodin. On y entend une manière de se répondre sans se heurter, de s’enlacer sans effusion. Là où beaucoup de duos cherchent la démonstration, les Nourallah optent pour la nuance. C’est presque comme si chaque phrase portait, en filigrane, un “pardon” qui ne dit pas son nom. La chanson devient alors un espace où le passé ne disparaît pas, mais se transforme en quelque chose d’acceptable, de chantable.

Ce single fonctionne aussi comme un contrechamp à leur histoire de galères : les années à jouer dans des bars texans, l’album culte ignoré, la rupture, puis le retrait quasi total de Faris de la musique. Au lieu de revenir avec un manifeste amer ou un règlement de comptes, les deux frères choisissent un format ultra codifié – la chanson de Noël – pour y glisser discrètement leur petite révolution intime. C’est presque subversif dans sa douceur : au lieu de hurler la douleur, ils la recouvrent de lumière, sans jamais la nier.

Christmastime n’essaie pas de réinventer le genre, il le réenchanter de l’intérieur. Là où la saison regorge de titres clinquants, calibrés pour les playlists de centre commercial, celui-ci prend le chemin inverse : une production à taille humaine, un texte qui respire la sincérité, une émotion qui ne s’excuse pas d’être simple. On sent le plaisir de refaire de la musique ensemble, sans stratégie, sans nostalgie affichée, juste avec cette envie très pure de partager un moment.

Au final, le morceau parle moins d’hiver que de dégel. Ce n’est pas seulement une chanson pour accompagner les décorations, mais un petit rituel de réconciliation, une preuve que certains liens, même abîmés, peuvent encore générer de la beauté. Si Noël doit avoir un sens en 2025, il est peut-être là : deux frères qui, plutôt que d’empiler des cadeaux, offrent trois minutes de paix à ceux qui les écoutent – et peut-être surtout à eux-mêmes.

Instagram : nourallahbrothers

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Written By
Extravafrench

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