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REPTYLE lâche “Blazed Shades & Thorned Veils” : l’album qui rallume les braises du goth

REPTYLE lâche “Blazed Shades & Thorned Veils” : l’album qui rallume les braises du goth
  • Publishednovembre 21, 2025

« La musique de REPTYLE ressemble à ces ombres qui s’étirent juste avant l’aube : trop vivantes pour disparaître, trop anciennes pour vraiment rassurer. On n’écoute pas Blazed Shades & Thorned Veils, on y entre comme dans une cathédrale oubliée où chaque pierre vibre encore d’un souvenir. »


Il suffit de quelques minutes dans Blazed Shades & Thorned Veils pour sentir que REPTYLE n’est plus seulement un groupe gothique vétéran. Ils reviennent comme on brandit une relique encore chaude : avec la gravité de ceux qui savent exactement d’où ils viennent, et l’élan vital de ceux qui refusent que le genre devienne un mausolée. L’âme de Bielefeld s’y déploie en nuances incandescentes, transportée par le retour de Kufi aux claviers, qui ouvre dans ces morceaux des fenêtres où la lumière filtre à travers les ténèbres, comme si quelqu’un venait de tirer doucement les rideaux d’un monde en ruine.

Le disque s’ouvre comme une tempête retenue : Spectre of Decline n’annonce rien, il prophétise. Une guitare qui gratte la pierre, un souffle spectral, et soudain cette impression d’être pris dans un vent qui porterait les fantômes d’un siècle entier. REPTYLE travaille ici une dramaturgie d’ombres mouvantes, tout en tension lente, presque ritualisée.

Vient ensuite Never Complain, leur cheval de bataille, déjà taillé pour les nuits sans fin. Le morceau pulse comme une marche déterminée, l’une de ces mélodies dont on ne sait jamais si elle veut consoler ou crucifier. C’est un hymne de survie, un poing serré dans la pénombre, où le refrain semble se pencher sur vous pour murmurer une vérité que vous n’aviez pas demandé à entendre.

Souls Damnation creuse plus profondément. On y sent une colère froide, une lucidité presque trop tranchante. Le groupe y retrouve cette manière très old-school de faire du goth : une basse qui avance comme un animal blessé, un chant qui n’implore rien, mais constate l’irrémédiable. L’écriture devient plus désolée, mais étrangement belle, comme un vitrail sombre traversé par une lumière malade.

Puis Raging Somberness porte bien son nom : une furie retenue, un cœur qui frappe contre une cage d’acier. Le morceau avance avec une urgence sèche, presque post-punk, comme si REPTYLE rappelait soudain que le romantisme noir peut aussi devenir arme blanche. Cette piste coupe, lacère, puis laisse un sillage brûlant.

Damascene, de son côté, opère une mue. Le titre sonne comme une révélation triste, une conversion intérieure. On dirait un morceau qui marche dans ses propres ruines, trouvant dans la poussière quelque chose de précieux, presque sacré. Les claviers de Kufi y déploient un souffle cérémoniel qui élève le morceau jusqu’au seuil du mystique.

Avec Gallow Watcher, REPTYLE se fait conteur funèbre. Le morceau semble veiller sur quelque chose — un passé, une faute, un revenant — sans jamais dire quoi. Les guitares y tracent des silhouettes mouvantes, rappelant la noblesse gothique des premiers temps, mais avec une précision et une densité de production qui prouvent que le groupe n’est pas revenu pour rejouer l’histoire : ils l’étirent, la refondent.

Silence and the Cold respire le givre. C’est un titre qui serre la gorge, un poème d’hiver où la solitude prend la forme d’un paysage gelé. On y ressent la lenteur, la retenue, la beauté fragile des morceaux qui n’ont pas honte de leur vulnérabilité.

Arrive ensuite Ultimate Negation, plus tranchant, presque martial. Une mécanique sombre et hypnotique, comme si le groupe avait décidé d’enlever tout le gras pour ne garder que l’os : la pure force motrice. C’est peut-être l’un des titres les plus radicaux du disque, un pied de nez aux temps modernes, une affirmation que le goth n’est pas décoratif : c’est un état d’être.

En bonus, le remix Never Complain signé Whispers in the Shadow offre un autre visage au morceau phare : plus spectral, plus désarticulé, comme une version qui flotte au-dessus de son propre cadavre. Reptile, reprise des Church, devient quant à elle une déclaration de filiation parfaitement assumée. REPTYLE ne copie pas : ils s’inscrivent dans une lignée, et la prolongent avec respect mais sans révérence excessive.

Enfin, ceux qui exploreront les archives — Remix the Dead, Into Her Desert (Live), Anyway Grateful — découvriront ce qui fait l’essence du groupe : une manière de transformer chaque chanson en rituel, chaque son en trace, chaque silence en présence.

Blazed Shades & Thorned Veils n’est pas un simple retour. C’est un rappel : REPTYLE reste l’un des rares groupes capables de faire du goth une matière vivante, mouvante, encore dangereuse. Un souffle sombre, mais brûlant. Une preuve que certaines nuits ne meurent jamais — elles changent seulement de couleur.

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Written By
Extravafrench

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