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Music Rock

The Dead Hearts frappent là où ça fait vivre avec “Plight Goes On”

The Dead Hearts frappent là où ça fait vivre avec “Plight Goes On”
  • Publishednovembre 21, 2025

« Parfois, la survie n’a rien d’héroïque : c’est juste la façon la plus féroce que la vie trouve pour continuer à respirer à travers nous. »

En écoutant Plight Goes On, j’ai l’impression que cet album ressemble à un bâtiment éventré où la vie refuse pourtant de s’éteindre. Tout y crépite : les guitares comme des nerfs à vif, la voix comme un fil tendu au-dessus du vide, la rythmique comme une marche obstinée dans un paysage en ruines.
Ce disque raconte ce qui arrive après l’effondrement et non la catastrophe elle-même, mais les minutes, les semaines, les années où l’on apprend à respirer dans la poussière, à recoller des morceaux qu’on n’a jamais choisis de briser, à devenir quelqu’un d’autre sans savoir à quel moment la transformation a commencé. C’est la chronique d’un cœur qui bat mal, mais qui bat encore. Un disque où l’on avance en touchant les murs, où l’on tombe souvent, où l’on se relève toujours. En somme, un album qui fait ce que la vie fait parfois : continuer, même quand rien ne ressemble à un miracle.

Il suffit d’appuyer sur For What May Never Come pour sentir le sol se dérober. Pas une intro, pas une mise en scène : juste la sensation d’entrer dans une pièce où quelqu’un a laissé une ampoule nue pendre au plafond, et où les riffs de guitares électriques vous accueillent comme une gifle qui aurait attendu trop longtemps pour tomber. Ce titre ressemble à une porte qu’on ouvre en pleine tempête, et derrière, rien n’est rangé, mais tout est vrai.

Puis Lost Not Gone surgit comme un souvenir qui refuse de cicatriser. Les guitares y tournent en rond comme un animal en cage qui cherche sa sortie, tandis que la voix se hisse au-dessus du chaos avec cette manière de trembler vers l’avant, jamais en arrière. Tout sonne comme une chambre où l’on aurait repeint les murs trop tard : un lieu encore imbibé de ce qui s’est cassé et qui vous poursuit jusque dans vos cauchemars et vous réveille la sueur au front.

Losing You appuie sur un autre organe. Un organe qu’on ne connaissait pas. Quelque chose entre le plexus et la mémoire mais qui touche aussi au plus profond du cœur. Les guitares y ont cette façon de s’étirer comme des draps défaits au petit matin, tandis que la rythmique pulse à la vitesse exacte d’un manque qu’on n’a pas fini de comprendre et qui vous plonge dans une profonde mélancolie à chaque montée d’adrénaline.

Puis Away arrive, bousculant l’espace comme un vent brutal, presque sec, qui rappelle ces moments où l’on marche vite pour ne pas sentir la douleur remonter. Le morceau suit une trajectoire d’ombre qui se déplie vers le haut comme une prière qu’on aurait rédigée en diagonale.

Avec Promises, le disque évolue en puissance pour devenir un organisme sonore. Les changements de mesure y ouvrent des failles dans le temps, des fenêtres qui ne donnent plus sur le dehors mais sur une réflexion interne où le cœur qui réfléchit trop fort. Chaque battement semble pousser quelqu’un au bord de l’aveu, pas l’aveu tendre, mais le genre qui fait passer un courant électrique sous la peau et vous rend morose.

Shame avance comme une silhouette vacillante dans un couloir sans lumière, un morceau qui ne cherche ni l’explosion ni l’exorcisme, mais la vérité nue du malaise qui s’accroche dans les remords. Les guitares y suintent une tension presque maladive, la batterie retient ses tempêtes comme quelqu’un qui serre les dents pour ne pas hurler, et la voix glisse sur un fil tranchant entre confession et vertige. Rien ne se résout, rien ne s’apaise : Shame laisse flotter ce silence lourd des choses qu’on n’a jamais dites, une émotion rugueuse qui reste coincée dans la gorge longtemps après la dernière note. C’est la brûlure la plus intime de l’album, celle qui ne cicatrise pas, celle qui continue de marcher à côté de nous dans l’obscurité.

No Way of Healing, lui, ne ment pas. C’est un constat qu’on prononce en murmurant, le genre de vérité qu’on dit tout bas, comme pour ne pas affronter l’évidence du profond besoin de renouveau. La voix se fait plus fragile, plus intime, comme confronté à une décision finale qui peut tout changer mais qu’on préfère nier.

Puis What I’ve Become, où le groupe semble se regarder dans un miroir froid. Le morceau se tient à la frontière entre confession intime et cri étouffé, laissant les guitares s’élever comme des épines qu’on aurait arrachées trop tard. L’ambiance est moins électrique que les précédentes énoncées, on assiste à une vraie prise de conscience, il y a dans le chaos une évidence, celle de se faire face pour avancer dans un corps nouveau et accepter la fatalité passée.

En ce qui concerne Another Fire, le morceau porte bien son nom. C’est un incendie discret, une braise obstinée, la pulsation qui cherche à tout prix une zone d’air respirable. Il y a là une beauté presque féroce, le genre qui refuse la consolation mais laisse entrer l’humanité par les fissures. Le corps et l’esprit recommencent à ressentir le feu intérieur et les perspectives d’espoir. La production est moins sombre bien que toujours aussi mélancolique, mais ici on voit la lumière au bout du tunnel.

Le morceau Shining Star quant, à lui, sonne comme un séisme intérieur, une explosion digne d’un phenix qui renaît de ses cendres. La batterie y frappe comme un cœur qui s’est résigné à briller à nouveau, comme si chaque frappe testait jusqu’où la douleur peut se transformer en propulsion libératrice. Les guitares grondent de résilience, ouvrant la porte à la bénédiction divine.

Puis, vient My Rebirth, explose avec une puissance incarnée par un cri métallique qui pulse dès les premières secondes, c’est l’heure de l’acceptation totale, la renaissance de l’être qui a traversé les tumultes avec brio malgré les épreuves. Il n’y a plus de peur à être soi-même, le groupe célèbre ici la délivrance.

Enfin, All The Same referme ce voyage en spirale d’une noirceur que l’on a dépassé mais qui laissent encore l’âme cabossé et pleine de doutes sur ce qui nous entoure. Le morceau s’ouvre comme un souffle retenu, une respiration qui hésite entre abandon et sursaut, tandis que les guitares tissent une brume dense où chaque note semble chercher un visage qu’elle ne retrouve plus. Rien ne suit la ligne droite : la structure se contorsionne, se replie, se déplie, comme si la chanson refusait d’admettre qu’une seule trajectoire puisse raconter ce qu’elle porte.

On y sent un vertige étrange, presque cinématographique : la sensation d’observer sa propre vie se dissoudre derrière une vitre embuée. La voix y flotte, détachée mais brûlante, comme si elle tentait de dire l’indicible sans jamais le nommer directement. Et puis vient cette montée finale, pas une explosion, plutôt une ouverture silencieuse, un espace qui s’élargit soudain; un peu comme lorsque l’on réalise que la vérité n’arrive jamais en un éclair, mais par strates, ou par fragments, tels des éclats qui finissent par former une silhouette. Ce titre laisse une porte entrouverte, un parfum de question suspendue. Celui qui accepte que la reconstruction n’a rien d’un triomphe, mais ressemble plutôt à un lent glissement vers un soi encore en friche.

« Plight Goes On » est un album qui marque, qui blesse, qui abîme et qui recoud en même temps. C’est un projet musical qui ne met pas de pansement : il montre la plaie pour la rendre vivable.

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Written By
Extravafrench

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