Avec “UTOPIA”, ID:Earth ouvre une brèche temporelle : une pop qui ne cherche plus à divertir, mais à imaginer comment l’humanité continuera de vibrer quand les machines auront pris le relais du silence.
Il y a des artistes qui écrivent des chansons, et d’autres qui fabriquent des mondes. ID:Earth appartient résolument à la seconde catégorie. “UTOPIA” n’est pas un single, c’est une projection — un fragment de futur avancé, emballé dans une pulsation electro-pop qui semble courir à travers la fibre optique du monde plutôt que dans un studio humain.
Dès l’ouverture, cette voix douce et brumeuse flotte comme un hologramme, moitié humanoïde, moitié programme sensible. L’anglais et le coréen s’y entremêlent, non pas comme deux langues qui cohabitent, mais comme deux dimensions qui coexistent. ID:Earth chante en stéréo émotionnelle : la nostalgie dans une oreille, l’inconnu dans l’autre.
La production, elle, avance comme un organisme vivant. Les synthés respirent, les basses ondulent, les percussions sont des battements cardiaques augmentés — quelque chose entre une mégapole à 5h du matin et une forêt électronique où les lucioles seraient des pixels. Le morceau pulse, serpente, s’élève : un dance-pop mutant, un hybrisme élégant entre Yaeji, yunè pinku et Rina Sawayama… mais avec ce supplément de gravité qui ancre toute l’œuvre d’ID:Earth dans le questionnement cosmique.
Le refrain, surtout, agit comme un point de bascule. Il ne cherche pas l’explosion euphorique habituelle du genre : il ouvre une fenêtre. Une fenêtre sur un ailleurs où l’utopie ne serait ni la paix parfaite ni la technologie souveraine, mais ce territoire fragile où les deux apprennent enfin à ne plus s’annuler.
Ce qui frappe dans “UTOPIA”, c’est cette manière de concilier la chaleur du vivant et la froideur du futur. Les textures numériques semblent prêtes à se dissoudre dans les doigts si on les touche. Les harmonies glissent comme de l’eau sur du chrome. Tout respire un paradoxe parfaitement assumé : ici, la technologie n’efface rien — elle prolonge, elle traduit, elle questionne.
Là où beaucoup de titres explorant la dystopie se complaisent dans la noirceur, ID:Earth, elle, choisit l’ambiguïté lumineuse. Son futur n’est pas un cauchemar ; il n’est pas non plus un paradis. C’est un terrain encore tiède, encore inachevé, encore malléable — où il reste une place pour la poésie, pour l’instinct, pour la vulnérabilité.
“UTOPIA” laisse cette impression rare : celle d’un morceau qui n’appartient pas vraiment à son époque. Une chanson envoyée depuis un futur hypothétique, mais qui nous parle de ce que nous sommes en train de devenir, là, maintenant, sous nos yeux.
ID:Earth ne raconte pas seulement une vision : elle la fait respirer. Elle la fait danser. Elle la fait douter. Et dans ce doute, il y a déjà le début d’un monde nouveau.
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