« Antichrist est cette vague noire qui s’abat sans prévenir, un mur de guitares qui t’engloutit et te force à regarder en face ce que tu préférais laisser dans l’ombre. »
Avec Antichrist, le collectif emmené par Waves_On_Waves signe un retour frontal aux racines du grunge, celui qui sent la pluie sur le bitume, la sueur, l’électricité, et les doutes qui ne veulent pas se taire. Inspiré par l’arbre généalogique de Seattle — Alice in Chains, Pearl Jam, Soundgarden — le morceau embrasse l’esthétique post-grunge avec une densité moderne, presque cinématographique. C’est sale, rugueux, déchiré : exactement ce que ce style réclame pour respirer à nouveau.
Dès la première mesure, le riff s’abat comme une déflagration. Lourdeur, réverbération, tension. Les guitares tournent en spirale, épaisses comme un ciel d’orage, soutenues par une section rythmique qui avance à pas lourds, déterminés, presque menaçants. La voix, rauque, granuleuse, oscille entre murmure fiévreux et cri retenu, capturant cette fragilité aggressive propre au grunge originel : l’envie de hurler, mais la fatigue de le faire trop souvent.
Antichrist explore ces zones où l’âme se fissure — les luttes intérieures, l’impression d’être tiré vers le bas par des forces invisibles, les moments où la colère devient un refuge aussi dangereux que nécessaire. C’est un morceau qui transpire le conflit, la dualité, le besoin viscéral de repousser quelque chose qui nous colle à la peau. Le grunge, dans sa forme la plus pure.
La production, bien que massive, garde cette imperfection volontaire qui fait tout le charme du style. Pas de poli, pas d’arrondis : chaque aspérité semble laissée là exprès, comme un rappel que ce genre n’a jamais été conçu pour plaire, mais pour dire vrai. L’énergie brute des collaborateurs — Sonic Shades Of Blue, Orange Crush — ajoute une épaisseur sonore qui renforce l’immersion : on se retrouve littéralement aspiré dans une pièce sombre, saturée de vibrations, plongé au cœur d’un rituel électrique.
Antichrist, deuxième single de l’album Bipolar Sunshine, montre à quel point Waves_On_Waves sait naviguer entre les époques et les univers. Après des projets synthwave et darkwave denses et foisonnants, cet élan grunge prouve une fois de plus la polyvalence du projet : un artiste capable de changer de peau sans jamais perdre l’intensité émotionnelle qui fait sa marque.
Un morceau qui brûle, qui gronde, qui avale tout ce qui passe — et qui, comme les meilleures offrandes grunge, t’en ressort un peu différent. Une vague noire, un exorcisme, un cri.
Pour découvrir plus de nouveautés ROCK, n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVAROCK ci-dessous :
