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Voici Coldway sur « Running »: l’art de fuir pour mieux sentir ce qui reste quand l’amour vacille

Voici Coldway sur « Running »:  l’art de fuir pour mieux sentir ce qui reste quand l’amour vacille
  • Publishednovembre 26, 2025

« On a senti Running de Coldway glisser dans nos côtes comme une confidence qu’on n’était pas censés entendre, un aveu fragile qui s’échappe au moment précis où tout menace de basculer. »

Running n’essaie pas de séduire. Le morceau s’avance doucement, presque sur la pointe des pieds, avec cette manière si particulière qu’a Coldway de transformer une émotion en atmosphère complète, comme si chaque souffle, chaque battement de caisse claire, chaque murmure voilé avait été pensé pour nous atteindre là où les défenses tombent.

Ce qui frappe d’abord, c’est cette sensation de mouvement suspendu. On ne court pas vraiment dans Running. On avance en apnée, en rétention d’air, avec la gorge serrée par tout ce qu’on n’a pas encore dit. Coldway, fidèle à son héritage de Memphis mais délié de toute imitation, construit un espace où les sentiments n’arrivent pas en ligne droite : ils remontent par ricochets, ils s’effilochent, ils s’enroulent autour de la voix comme un brouillard tiède.

La production est dépouillée mais riche, tout en textures fines. Les nappes synthétiques respirent comme une pièce dans la pénombre, la basse glisse avec une retenue presque sensuelle, et les percussions dessinent un tempo qui hésite entre la marche lente et la fuite instinctive. On sent la main d’un artiste qui connaît l’importance du silence, qui sait laisser traîner une résonance pour que l’émotion puisse s’y accrocher. Running ne remplit pas l’espace : il le sculpte.

La voix de Coldway — douce, légèrement râpeuse, glissant avec une maîtrise détachée — ne cherche jamais à surjouer. Elle observe. Elle constate. Elle s’effrite. Elle parle d’amour qui se complique, d’une fatigue qui fait trembler les choix, de ce moment précis où l’on sent que quelque chose s’émiette mais qu’on refuse encore de regarder par terre. Quand il murmure, on entend l’homme autant que l’artiste, le vécu autant que la maîtrise technique.

On navigue à l’intérieur de Running comme dans une pièce où les souvenirs se cognent aux murs. On y retrouve cette esthétique R&B alternative si chère aux fines lames du genre : un minimalisme émotionnel où chaque détail compte, où les vibrations valent plus que les mots. Coldway fait partie de ces créateurs-intégrals — chanteur, rappeur, producteur — qui injectent leur ADN dans chaque milliseconde du morceau, au point qu’on pourrait le reconnaître les yeux fermés.

Ce qui rend Running si captivant, c’est cette manière de transformer la fuite en point d’appui. On ne fuit pas pour disparaître. On fuit pour respirer, pour comprendre, pour trouver un endroit où l’amour devient de nouveau vivable. Et Coldway, sans jamais l’expliquer frontalement, nous guide vers cette zone trouble où la fragilité devient une force, où l’émotion ne se cache pas mais se délivre par petites secousses.

Running n’est pas un morceau de rupture. C’est un morceau de survie — intime, nocturne, vacillant — qui laisse sur la peau une trace longue comme une traîne de fumée. Une chanson qui ne dit pas tout, mais qui fait tout ressentir. Une preuve supplémentaire que Coldway ne se contente pas d’écrire des titres : il construit des refuges pour celles et ceux qui continuent d’aimer même quand ça brûle.

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Written By
Extravafrench

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