« Un disque qui ne cherche pas la pose : il cherche la vérité, même quand elle brûle, même quand elle tremble. »
Catharsis n’est pas un simple retour : c’est une traversée. Celle d’un artiste franco-camerounais basé à Francfort qui, après des années à porter le monde sur ses épaules, décide enfin d’ouvrir la paume et de laisser filer ce qui l’écrasait. Ici, D-Terence ne joue pas au héros : il raconte celui qu’il a été, celui qu’il devient, celui qu’il accepte désormais d’être. La musique — un alliage mouvant d’afrofusion, de R&B atmosphérique, de rap introspectif — devient son laboratoire de reconstruction. Un lieu où la vulnérabilité n’est plus une faiblesse, mais une technologie spirituelle.
CATHARSIS, l’ouverture, tient plus du rituel que du morceau. Trente-huit secondes comme une inspiration retenue depuis trop longtemps, un battement de cœur amplifié par la production, un sas avant la confession. CROSS OVER transforme cette impulsion en mouvement : un titre qui parle de passage, de seuil, de peau ancienne abandonnée derrière soi. Les percussions y sont sèches, déterminées, comme si chaque mesure affirmait : « avancer est la seule option ».
FEELS GOOD réintroduit la douceur, mais une douceur qui a lutté. C’est le premier rayon de soleil après plusieurs saisons de brouillard. Le groove est minimaliste, presque intime, comme un sourire qu’on n’ose pas encore complètement montrer.
Puis arrive SCARS, l’un des piliers émotionnels du disque. Ici, D-Terence ouvre les cicatrices une à une. Le morceau est simple, dépouillé, mais frappe par sa précision émotionnelle. Les cordes synthétiques flottent comme un murmure. On y entend la fatigue, la vérité, la survie.
BY MY SIDE, avec Riz Key, porte une autre forme de tendresse : celle de l’alliance, de la loyauté. Un morceau au crépuscule, où les voix se répondent comme deux silhouettes qui ont traversé la même tempête.
PROBLEMS ramène l’ombre : beat nerveux, flow serré, lucidité glacée. C’est le moment où l’artiste énumère ce qu’il refuse désormais de porter. NO REGRET lui répond : même décor, autre posture. La production y installe une forme de paix musclée — celle qu’on gagne, pas celle qu’on reçoit.
BURN, avec Lil-Jay, injecte une tension brûlante : le titre est incandescent, presque tribal, un exutoire où l’on sent le feu intérieur consumer ce qui doit mourir pour qu’autre chose naisse.
INTERLUDE allège l’atmosphère avant APPAREIL, toujours avec Lil-Jay, qui explore le rapport à l’image, au regard de l’autre, à la façon dont on se met en scène ou qu’on s’échappe. C’est un morceau angulaire : il questionne l’interface entre soi et le monde.
Puis vient le cyclone collectif : YAYATO — fête, héritage, pulsation culturelle. C’est le morceau où l’Afrique remonte à la surface, lumineuse, indomptable. Emzo’o et JO JACK y apportent une énergie qui déborde de l’écran : la célébration comme acte politique.
GOOD LIFE est le contrechamp : gratitude, respiration, un sourire qu’on n’efface plus. MANY THINGS poursuit cette veine confessionnelle, mais avec un rythme tantôt souple, tantôt nerveux, comme une liste de tout ce qu’on a trimballé et qu’on peut enfin déposer.
MOMENTS LIKE THIS installe un paysage feutré, presque cinématographique. Un morceau qui regarde la vie du bord de la fenêtre et dit : « malgré tout, je suis encore là ».
GRATITUDE referme la boucle émotionnelle. C’est un hymne discret, sans emphase, à la paix retrouvée — ou du moins à la direction vers laquelle on marche désormais. Enfin, BLUEPRINT clôt l’album comme un testament d’intention : ce qui vient ne sera plus laissé au hasard. L’homme a un plan, une colonne vertébrale, un horizon.
Avec Catharsis, D-Terence livre son projet le plus mature, le plus vulnérable, le plus essentiel. Un album qui ne raconte pas seulement la douleur : il raconte l’après, et l’après est une lumière rare. L’album d’un homme qui a décidé de ne plus se taire — et de transformer chaque fêlure en route vers soi.
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