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Betomayo sur “BATMAN” ou la rage adolescente d’un super-héros qui ne veut plus sauver personne

Betomayo sur “BATMAN” ou la rage adolescente d’un super-héros qui ne veut plus sauver personne
  • Publisheddécembre 2, 2025

« Une trap électrique qui avance comme une moto dans une ruelle humide : sombre, nerveuse, habitée par un gamin qui refuse de mentir sur qui il est. »

Il y a quelque chose de profondément touchant dans la manière dont BATMAN claque, grince et se redresse, comme un animal pris au piège qui refuse encore de baisser la tête. Le jeune Betomayo n’imite pas le héros en cape : il en arrache surtout le symbole, le retourne, le cabosse et en fait un miroir où il projette ses propres fractures. C’est cette appropriation intime — presque maladroite, mais incandescente — qui donne au morceau son étrangeté poignante.

La production, taillée dans une trap futuriste, pulse avec un goût assumé pour l’expérimentation. Le beat est sec, nerveux, presque claustrophobe ; les basses, elles, rampent et bourdonnent comme si elles venaient d’un parking souterrain. On sent que Betomayo teste les limites de son propre style, tirant la trap du côté du pop-rap électro, flirtant parfois avec un EDM sombre qui rappelle les nuits vécues avec plus d’intensité que de lumière. Rien n’est lisse, tout est heurté — ce qui fait précisément la force du titre.

Vocalement, il avance sans armure. Le timbre est jeune, brut, traversé de cette fragilité rageuse qu’on retrouve chez les artistes qui cherchent encore leur centre mais n’ont plus peur de tomber. Il y a une manière de poser les mots qui mélange l’arrogance instinctive du rap à une sincérité presque enfantine. On entend un ado qui grandit trop vite, un artiste qui choisit de ne pas se cacher derrière le costume même quand le morceau s’appelle BATMAN.

Le texte, lui, porte une critique qui frappe juste : lucide, directe, sans détour. Betomayo observe son monde avec l’insolence de ceux qui savent que la façade est un mensonge. On y perçoit le rejet des faux-semblants, la colère contenue devant les manipulations, la volonté farouche de prendre le contrôle de son propre récit. Pas de super-pouvoirs, pas de ville à sauver : seulement un jeune homme face à son propre chaos, déterminé à ne pas s’y noyer.

Ce qui rend BATMAN réellement fascinant, c’est l’alchimie entre naïveté et conviction. On sent un artiste qui se cherche, qui ose, qui tente, qui déborde. Et dans ce débordement, il attrape quelque chose d’authentique : un cri moderne, urgent, urbain, sans fioriture. Une énergie qui n’emprunte rien, qui n’imite pas — qui avance, simplement, avec la force brute d’un premier vrai risque artistique.

Betomayo signe ici un morceau qui n’est peut-être pas parfait, mais terriblement vivant. Et c’est souvent ainsi que naissent les trajectoires les plus surprenantes : dans la nuit, sous un masque fissuré, avec une vérité qui refuse de rester au sol.

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Written By
Extravafrench

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