« Une image qui refuse de disparaître finit toujours par dicter son propre tempo. »
Drawing From Memory surgit avec l’urgence d’un battement qu’on essaye d’oublier, sans jamais vraiment y parvenir. Un morceau écrit dans la précipitation, enregistré presque par instinct, mais qui porte la force des choses qui s’imposent d’elles-mêmes : celles qu’on ne choisit pas, celles qui nous choisissent. Les Zangwills signent ici l’un de leurs titres les plus vibrants, un uppercut indie-pop où l’émotion fuse aussi vite que les guitares.
Ce qui frappe d’abord, c’est cette énergie nerveuse, presque électrique, qui court dès les premières secondes. La rythmique galope, les accords s’ouvrent comme des fenêtres, et la voix de Jake Vickers — reconnaissable entre toutes — fonctionne comme une déflagration contrôlée : un mélange de fragilité et d’assurance, de souvenir et de désir, de réalisme adolescent et d’intensité adulte. Le groupe ne cherche pas à sonner plus grand, juste plus vrai, et paradoxalement c’est ce qui donne cette ampleur presque cinématographique au morceau.
Drawing From Memory évoque ces moments qui s’impriment dans la mémoire comme des polaroids encore humides : un regard au coin d’une pièce, une sensation d’absence qui traverse la peau, une silhouette qu’on retrouve chaque fois qu’on ferme les yeux. Il y a du Sam Fender dans les coups d’éclat, de l’Inhaler dans la tension mélodique, du Pulp dans l’œil malicieux de l’écriture — mais The Zangwills restent eux-mêmes, profondément. Cette façon de mêler intensité émotionnelle et audace mélodique est leur ADN, leur signature immédiate.
Les guitares s’envolent, mais jamais gratuitement : elles servent le vertige du souvenir qui revient en boucle, comme si le passé devenait un refrain trop fort pour être ignoré. Le morceau se construit comme une montée continue, une cavalcade où l’on sent le groupe jouer avec ce plaisir adolescent, presque insolent, de laisser la musique courir plus vite que les pensées. On y entend une amitié, une spontanéité, cette alchimie rare entre quatre musiciens qui savent quand pousser, quand retenir, quand hurler, quand sourire.
Et puis il y a cette question laissée dans l’air, presque comme un souffle : quand tu fermes les yeux, toi, qui vois-tu ?
Le morceau laisse chacun y projeter son propre fantôme, son propre souvenir, son propre vertige. C’est ça la force des Zangwills : transformer une émotion intime en un hymne collectif.
Drawing From Memory n’est pas simplement un titre ajouté à une discographie déjà solide. C’est un morceau qui capture un moment de bascule dans la vie d’un groupe — un éclair de lucidité, un instantané devenu musique, un souvenir qui galope encore.
Un morceau qui ne raconte pas un souvenir : il en devient un.
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