« Une chanson qui ne cherche pas le courage : elle cherche la clarté, celle qui arrive quand tout vacille et que rester fait plus mal que partir. »
Il existe des morceaux qui ne s’écrivent pas vraiment : ils s’avouent. Too Drunk To Drive appartient à cette catégorie fragile, ces chansons qui naissent dans un coin de cuisine, dans un silence plus lourd que les mots, là où quelqu’un que l’on aime finit par murmurer une vérité qu’il n’avait jamais osé formuler. Craig McMorrow a tiré ce titre d’une réalité observée de près — un ami englué dans l’ombre douce et toxique d’une relation commencée trop tôt, trop fort, trop jeune. L’âge où l’on confond la loyauté avec la peur de décevoir.
Dès les premières secondes, on est cueilli par un grain de voix qui tremble très légèrement, comme si Craig retenait encore quelque chose derrière chaque note. On entend l’Irlande dans sa gorge, un reste de folk rural qui se mélange à la soul qu’il a respirée enfant, Sinatra et The Four Tops résonnant en arrière-fond de son ADN musical. Sa manière d’articuler la douleur évoque Dermot Kennedy, mais sans l’orage permanent : ici, la tempête est intériorisée, sourde, prête à éclater seulement si on écoute vraiment.
Too Drunk To Drive n’est pas une chanson sur l’alcool. C’est une métaphore limpide : perdre son cap, conduire dans le noir émotionnel, avancer sans visibilité parce que la culpabilité brouille les panneaux. On y entend le poids du temps, le moment exact où l’on réalise que l’amour qu’on porte n’est plus l’amour qu’on vit. Le morceau ne cherche pas l’éclat : il privilégie la vérité nue, celle qui serre la gorge.
En studio à Édimbourg, sous la direction complice de Cathal Murphy, Craig a opté pour une production minimaliste mais incroyablement précise. Une guitare acoustique chaleureuse, un fond d’air presque palpable, quelques percussions qui arrivent comme des pas hésitants dans un couloir trop long. Barry O Connell, au mix, laisse respirer chaque fissure : rien n’est lissé, rien n’est poli. On entend l’être humain, pas le produit.
Cette simplicité fait toute la force du morceau. Quand Craig murmure qu’il faut partir, on comprend qu’il ne parle pas seulement à cette personne — il se parle aussi à lui-même, et à tous ceux qui un jour ont confondu le devoir avec l’amour. Too Drunk To Drive devient alors un rite de passage, une main posée sur l’épaule pour dire : c’est normal d’être perdu. C’est même nécessaire.
Depuis quelques années, Craig McMorrow cultive un songwriting profondément incarné, nourri par la folk irlandaise, la poésie de Damien Rice, la brûlure de Glen Hansard et la soul sudiste de Chris Stapleton. Son précédent titre, Hallway, montrait déjà cette capacité rare à transformer le quotidien en cinéma intime. Avec Too Drunk To Drive, il pousse plus loin encore : la vulnérabilité devient un art, un espace où tout peut être dit sans détour.
Ce titre marque une étape. Une lucidité nouvelle. Une maturité musicale et émotionnelle qui laisse entrevoir un artiste prêt à dévoiler ce qu’il a longtemps gardé sous la peau. Et c’est précisément là que Craig touche juste : il chante comme si personne n’écoutait, mais il écrit comme si tout le monde pouvait s’y reconnaître.
Une chanson pour celles et ceux qui ont déjà quitté quelqu’un plusieurs mois avant de s’en rendre compte. Pour ceux qui n’osaient plus regarder par la fenêtre en rentrant chez eux. Pour ceux qui savent que l’amour n’est pas censé étouffer.
Too Drunk To Drive, c’est la vérité de minuit, celle qu’on finit par accepter au matin.
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