« Une confession qui danse au bord du vertige, légère comme un éclat de rire, lourde comme ce qu’on ne veut plus dire tout haut. »
Till I’m Drunk & Confused ne cherche pas à briser la façade : il cherche à percer ce qu’il y a derrière. Exzenya aurait pu écrire une ballade brisée, un slow de fin de soirée noyé sous ses propres larmes. Elle choisit au contraire le contre-pied absolu : un folk-pop lumineux, porté par un ukulélé qui claque comme une petite étincelle dans le noir, une percussion nette, précise, presque joyeuse — comme ces soirées où l’on s’efforce de donner le change, où le corps danse malgré un cœur qui bouge à peine.
La force du titre est cet équilibre fragile : musicalement, tout respire, tout flotte, tout avance avec la spontanéité d’une chanson qu’on fredonnerait en ouvrant les volets au matin. Mais sous la surface, les mots tremblent. Exzenya raconte ce moment où l’on tente de noyer la douleur dans un verre qui se vide trop vite, où l’ivresse devient un miroir déformant, où l’on rit pour ne pas reconnaître à quel point on a perdu pied. Ce n’est pas une plainte : c’est un constat lucide, presque tendre, sur la manière dont on s’effondre à petits pas.
Sa voix, volontairement nue, sans auto-tune, sans façonnage artificiel, offre une sincérité rare dans ce genre devenu souvent trop lisse. Elle chante comme on parle à soi-même dans la salle de bain d’un bar : une vérité chuchotée, un souffle qui hésite, puis une mélodie qui finit par dire ce que la bouche n’ose pas formuler. L’émotion ne s’écrase jamais ; elle s’invite par petites vagues, quelque part entre la douceur d’un Jason Mraz et la vulnérabilité d’un Noah Kahan.
Till I’m Drunk & Confused s’inscrit dans l’univers plus large de Bar Scenes & Rumors, le projet multicolore où Exzenya explore les nuits qui amusent, qui blessent, qui éclairent, qui mentent. Ici, elle choisit la zone trouble : celle où la fête bat encore, mais où l’esprit commence à vaciller, où la vérité s’immisce dans les interstices du beat, où la nostalgie se mêle à la légèreté avec une élégance déconcertante.
Il y a dans ce morceau quelque chose d’éminemment humain — peut-être parce qu’Exzenya vient à la musique après une vie entière d’expériences, d’études, de récits entendus et absorbés. À 56 ans, grand-mère, entrepreneuse chevronnée devenue artiste par conviction intime, elle chante sans artifice, sans personnage, sans masque. Elle ne maquille jamais ce qu’elle raconte : elle le transforme. Comme si la musique, chez elle, n’était pas une seconde vie, mais une manière de revisiter la première.
Le titre trouve sa vérité dans ce contraste addictif : une chanson lumineuse à propos d’une nuit sombre. Une mélodie qui sourit pendant que les mots avouent enfin ce qui fait mal. Un morceau que l’on remet parce qu’il fait du bien, même quand il vient toucher là où ça brûle.
Till I’m Drunk & Confused, malgré son apparente légèreté, dit beaucoup de choses qu’on ne dit pas : la honte d’avoir perdu quelqu’un, la maladresse des remèdes qu’on se trouve, la manière dont on se regarde enfin avec honnêteté quand l’alcool fait tomber les filtres.
Et peut-être que c’est ça, sa vraie victoire : réussir à composer une chanson qui, comme les meilleures confidences de fin de soirée, fait rire un peu, fait mal un peu, fait comprendre beaucoup.
Ce titre, ironie parfaite, donne envie d’y revenir encore, encore, encore — jusqu’à ce que la confusion s’éclaircisse, ou qu’on l’accepte comme une part naturelle du cœur humain.
Pour découvrir plus de nouveautés POP, n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVAPOP ci-dessous :
