« Un chant pour ceux qui ont failli perdre, pour ceux qui ont trop vu, et pour ceux qui savent qu’un battement de cœur peut tout faire basculer. »
Sapele (Vanity) n’est pas un single : c’est une cicatrice mise en rythme, un souvenir lourd transformé en lumière, un cri retenu trop longtemps qui finit par prendre la forme d’un morceau. Reanad y raconte un basculement intime — celui du jour où son père a frôlé la mort, et où la vie, soudain, a cessé de ressembler à ce qu’elle était. L’homme n’est pas parti, mais quelque chose en lui, oui. Et ce vide, cette déroute cognitive, ces gestes qui se perdent et cette force mentale qui se délite deviennent la matière première d’un titre qui refuse de se cacher derrière la pudeur.
La puissance du morceau réside dans cette tension : comment parler d’un être qu’on aime en train de s’effondrer, sans trahir sa dignité ? Comment dénoncer ce qui l’a blessé — l’alcool, ses abus, cette lente érosion du corps et de l’esprit — sans tomber dans le jugement ? Reanad choisit la voie la plus difficile : la vérité nue, mise à hauteur d’humain. Il chante la fragilité comme une promesse brisée, la mémoire comme un terrain instable, la mort comme une silhouette qui rôde trop près. Il met en mots la violence de voir un parent perdre son assurance, sa présence, sa souveraineté intérieure.
Musicalement, Sapele (Vanity) navigue entre introspection et gravité. On y entend un Afro-fusion minimaliste mais vibrant, un souffle mélodique qui porte la voix comme une prière qui hésite entre colère, culpabilité et résilience. Les textures sont sobres, presque spirituelles, comme si les instruments eux-mêmes retenaient leur souffle. La production laisse circuler l’air autour des mots, leur permettant de retomber avec le poids qu’ils méritent. Rien n’est superflu : tout vise à épouser l’émotion.
Ce titre s’adresse à ceux qui ont assisté à la chute d’un proche, à ceux qui se débattent avec leurs propres démons ou tentent de comprendre pourquoi l’autodestruction gagne si vite du terrain. Sapele (Vanity) n’est pas moralisateur : il observe, il ressent, il raconte. Il rappelle simplement que la disparition ne commence pas toujours par un dernier souffle — parfois, elle commence par un verre de trop, un refus d’arrêter, une habitude qui se transforme en menace.
Reanad donne aussi à son morceau une dimension presque universelle : on n’y entend pas seulement l’histoire de son père, mais celle de toutes les familles brisées par les excès, de tous ceux qui ont voulu prévenir sans être entendus. C’est un appel à ralentir, à regarder la vérité en face, à vivre autrement tant qu’il en est encore temps.
Avec ce single, il n’offre pas seulement une chanson touchante : il ouvre une conversation. Sur la mort, sur les choix, sur les regrets, sur le corps qui lâche et les liens qui se tendent. Et surtout, sur la manière dont on survit à ce que la vie nous arrache.
Sapele (Vanity) brûle lentement, profondément. Et longtemps après la dernière note, on y repense — comme à quelque chose qu’on aurait préféré ne jamais vivre, mais qu’on ne peut plus oublier.
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