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Music Rock

Andy Smythe est en mode « Emergency »

Andy Smythe est en mode « Emergency »
  • Publisheddécembre 5, 2025

« Un appel d’oxygène, un lever d’alerte intime où chaque note semble chercher la faille par laquelle la lumière pourrait enfin revenir. »

Il y a, dans Emergency, cette vibration très particulière que seuls les artisans obsessionnels savent encore déclencher : une urgence qui n’est pas tant celle des sirènes que celle des âmes, un précipité d’émotions qui se bousculent dans un morceau construit comme un message envoyé au monde — ou peut-être à soi-même — depuis une frontière invisible. Andy Smythe, avec son sens presque ancestral du songwriting, signe ici un retour à la fois incandescent et profondément contemporain.

Écouter Emergency, c’est entrer dans une tradition que l’Angleterre connaît mieux que personne : celle des conteurs qui posent leur cœur sur la table sans jamais renoncer à l’élégance. On pense à Neil Young pour la manière dont les mélodies s’étirent avec un naturel désarmant, aux Beatles pour ces harmonies qui paraissent flotter comme une vapeur dorée sur une route encore humide, mais aussi à un certain esprit Britpop — pas celui de la nostalgie facile, plutôt celui qui revendique encore la noblesse du craft, du détail, de l’arrangement pensé comme un poème.

Le morceau porte d’ailleurs une densité rare : les guitares électriques se serrent contre la voix comme des arbres refusant de plier face au vent, le piano joue les funambules entre douceur et tension, la basse avance en respiration profonde, presque comme un deuxième narrateur. C’est un titre construit avec une précision presque romanesque : chaque éclat, chaque silence, chaque montée semble raconter ce moment suspendu où l’on comprend que quelque chose doit changer — vraiment, maintenant.

Andy Smythe, fidèle à son ADN d’homme-orchestre, s’empare de la plupart des instruments avec une aisance qui laisse deviner des années de recherche intime, comme si chaque instrument lui servait à explorer une pièce différente de la même maison émotionnelle. Paul Challenger, en renfort à la guitare lead, apporte une pulsation plus âpre, une nervure plus rock, comme une ligne rouge traversant le morceau.

On retrouve dans Emergency la singularité que Shindig Magazine pointait déjà : impossible d’enfermer Smythe dans une case. Son écriture est anglaise par essence, mais elle vibre d’accents transatlantiques, d’échos Dylan, Bowie, ou Verve, de cette façon d’être à la fois maître du temps et en permanence en train de le rattraper. Ce n’est pas une citation de ses influences : c’est une manière de les porter, de les incarner, de les réactiver dans une pop actuelle qui refuse l’aplanissement moderne.

Emergency ouvre ainsi la route vers Quiet Revolution, album annoncé comme un tournant. Et si ce premier extrait en est l’indice, on peut imaginer un disque habité par un souffle ample, un désir de renouer avec la force pure de la chanson, celle qui ne s’excuse pas d’être belle, ambitieuse, mélodique, et politique dans l’intime.

Sur scène, on le sait, Andy Smythe déploie une énergie magnétique : quatre octaves comme une falaise, un piano qui respire, une présence qui réconcilie douceur et intensité. Ses concerts londoniens — dont celui à Blackheath Concert Halls à l’été prochain — promettent de transformer Emergency en un moment suspendu, presque rituel.

Un morceau urgent, oui. Mais urgent dans le sens le plus humain du terme : celui qui rappelle que l’art peut encore nous réveiller, nous recentrer, nous ramener à ce que l’on croyait perdu.

Pour découvrir plus de nouveautés ROCK, n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVAROCK ci-dessous :

Written By
Extravafrench

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