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Music Rock

Two Tonne Machete dynamitent le silence avec “PIGS PIGS”

Two Tonne Machete dynamitent le silence avec “PIGS PIGS”
  • Publisheddécembre 5, 2025

« Une décharge électrique de rage lucide, taillée pour réveiller les veines d’un pays qui voudrait que tu restes sage, immobile, silencieux. »

La première écoute de PIGS PIGS donne l’impression d’ouvrir une porte qu’on nous supplie de laisser fermée. Une porte qui grince, tremble et déborde. Et derrière — le réel, brut, sans filtre : l’Angleterre qui étouffe, l’État qui resserre ses mâchoires, les corps qui s’assemblent, se chauffent, se protègent. Two Tonne Machete ne cherchent pas à commenter l’époque : ils la martèlent, la griffent, la transforment en cri collectif. PIGS PIGS est un brûlot punk au sens le plus vital du terme, un accélérateur cardiaque pour celles et ceux qui refusent la résignation.

Le morceau est né au cœur d’une ambiance que tout le monde connaît trop bien : manifestations encerclées, arrestations absurdes, surveillances collées comme une seconde peau. La référence à Clapham Common — ces femmes réduites au silence au moment même où elles pleuraient la violence — n’est pas un clin d’œil, mais une balafre. C’est à partir de ce choc que TTM construisent ce chant de résistance, ce mantra : “Lights, gather, remember, to RUN!”. Une formule qui revient comme une bouffée d’air, un ordre de survie, une fuite nécessaire pour ne pas devenir matière première à statistiques policières.

Musicalement, le groupe joue serré, frappe fort, mais laisse toujours respirer une mélodie vicieuse, presque pop, qui se glisse dans les interstices du chaos. Emily crache ses mots avec une précision jubilatoire : rien ne déborde par accident, tout cogne à l’endroit exact où ça fait mal. Son timbre porte l’empreinte des grandes gueules sacrées du punk contemporain — l’urgence d’Amyl and the Sniffers, la sincérité ruisselante de Mannequin Pussy, la puissance presque évangélique d’IDLES — mais avec une texture plus malicieuse, plus fine, plus chantée que criée. Une voix qui tranche, oui, mais qui caresse aussi entre deux uppercuts.

Ro à la basse construit une ossature qui se traîne comme une menace, une vibration lourde qui évoque une foule qui refuse de reculer. Thibaut plaque un rythme martial, nerveux, inspiré du battement sourd d’un cœur en état d’alerte. Mark, lui, envoie des guitares acérées comme des gyrophares : ça clignote, ça pulse, ça signale danger — mais aussi vie, désir, résistance.

Ce qui est bouleversant dans PIGS PIGS, c’est cette intelligence émotionnelle rare : un morceau qui hurle, mais qui sait exactement pourquoi. Un morceau furieux mais jamais gratuit, incendiaire mais jamais confus. Le punk de Two Tonne Machete porte une fibre politique puissante, mais aussi une précision de compositeurs, une attention aux silences, aux reliefs, à la montée lente avant l’explosion. Cette façon de faire claquer un mot, puis laisser un espace — un espace qui dit mille fois plus que le slogan.

PIGS PIGS n’est pas seulement un titre. C’est une posture. Une invitation. Une menace douce et joyeuse adressée à tous ceux qui rêvent d’un pays sans contestation. C’est une chanson qui te dit : « On ne tiendra pas en place. On ne s’excusera plus. Si tu veux nous faire taire, il faudra courir. »

Et au fond, Two Tonne Machete n’écrivent pas la bande-son d’un mouvement : ils écrivent la promesse d’un retour de flamme.

À écouter fort. À chanter trop fort. À vivre ensemble.

Pour découvrir plus de nouveautés ROCK, n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVAROCK ci-dessous :

Written By
Extravafrench

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