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La nostalgie synthwave rencontre la gravité des âmes fatiguées avec Harry Bertora sur « Closer »

La nostalgie synthwave rencontre la gravité des âmes fatiguées avec Harry Bertora sur « Closer »
  • Publisheddécembre 11, 2025

« Un EP qui ressemble à une chambre noire où chaque morceau allume une nouvelle lampe : parfois crue, parfois tendre, toujours habitée. »

À 52 ans, Harry Bertora n’a plus rien à prouver, et pourtant, Closer sonne comme un nouveau départ, une mue, un geste de sincérité rare dans un paysage saturé de nostalgies en carton. Ici, la synthwave n’est pas un décor, mais un territoire intime, nourri de trente ans de création, d’heures perdues dans les machines, de rêves 80’s qui continuent de vibrer dans ses doigts de guitariste. On entend David Gilmour planer au-dessus des nappes, Jeff Beck dans les angles plus rugueux, Jan Hammer dans l’électricité romantique qui se tisse entre les notes. Mais Closer est surtout un carnet de bord : celui d’un musicien qui rassemble ses influences pour écrire une nouvelle proposition, plus personnelle, plus organique, plus incarnée.

L’EP, composé de trois titres, avance comme un petit film nocturne où la lumière change à chaque plan. Et chaque piste raconte une facette différente de ce « rapprochement » annoncé par le titre : rapprochement de soi, des autres, ou peut-être juste du point où la musique devient vérité.

Voici comment les trois chapitres se déploient :

Saints and Sinners
C’est l’ouverture idéale : une silhouette rythmique avance comme un pas décidé sur l’asphalte, entre pulsation synthwave et éclats de guitare qui scintillent comme des gyrophares lointains. On entend Harry Bertora renouer avec son amour des textures 80’s, mais sans jamais tomber dans le pastiche : ici, tout respire, tout vit. La ligne mélodique s’avance avec une douceur presque fragile et nostalgique, comme si elle cherchait à prendre la main de l’auditeur. Saints and Sinners évoque ces zones grises où chacun navigue : nos vertus, nos manquements, tout ce qui fait de nous des êtres en équilibre. La production, ample mais maîtrisée, a ce parfum de paysages nocturnes traversés en voiture, les néons comme seules balises. Une entrée en matière qui installe l’esthétique et promet une plongée plus profonde.

Hurt (Cover)
Choisir de reprendre « Hurt » (version Johnny Cash) est un pari dangereux : trop connue, trop chargée, trop mythique. Mais Bertora ne cherche ni l’imitation, ni la transgression. Il cherche l’émotion juste. Et il la trouve. Sa version est un murmure électronique, une confession tenue dans un souffle synthétique, où chaque note semble retenue avant d’être relâchée. La guitare devient une balafre lumineuse, fine mais brûlante. Les nappes électroniques, elles, enveloppent la mélodie comme un cocon glacé, un écrin futuriste pour une douleur intemporelle. Là où Cash faisait trembler l’os, Bertora explore la cicatrice : comment elle s’illumine encore, comment elle pulse sous la peau. Le morceau gagne en dimension cinématographique, évoquant la synthwave la plus émotionnelle — FM Attack dans le romantisme, Jan Hammer dans le déchirement contenu. C’est bien plus qu’une reprise : c’est un déplacement du mythe dans une autre atmosphère, un autre langage. Un moment suspendu.

Closer
Le titre éponyme referme l’EP comme une porte qui se ferme doucement derrière soi. Ici, Bertora se fait plus direct, plus solaire sans abandonner sa mélancolie fondamentale. Le groove s’installe, souple, structuré, porté par un rythme qui évoque les routes d’été et les crescendos lumineux des années 80. Les synthés forment un horizon ouvert, et la guitare, fidèle compagne, trace des lignes tendres mais affirmées. Closer ressemble à ce vers quoi l’EP tendait depuis le début : un point d’équilibre. Ni tout à fait joyeux, ni vraiment sombre — un entre-deux vibrant où tout semble possible. On y entend un artiste parfaitement maître de son univers, capable d’être à la fois narrateur, architecte sonore et voyageur.

Avec Closer, Harry Bertora signe un EP bref mais dense, un triptyque où chaque titre explore une émotion différente tout en gardant ce fil rouge : la beauté des nuances, l’intimité des paysages intérieurs, la puissance discrète d’un musicien qui n’a jamais cessé d’avancer.

C’est un disque qui ne crie pas ; il respire. Il approche. Il se dévoile lentement.
Et, comme souvent avec les œuvres les plus sincères, il reste.

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Written By
Extravafrench

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