« Ça commence comme une tentation anodine et ça finit comme une obsession qui cogne aux tempes. »
Le sucre, chez ANIMI VOX, n’a rien d’un plaisir coupable mignon. Il ne fond pas doucement sous la langue, il gratte, il irrite, il réclame toujours plus. Sugar s’avance ainsi, sans sourire forcé, avec cette manière très rock de transformer une image quotidienne en métaphore physique. Ici, la pop n’est qu’un point d’entrée. Très vite, le morceau bascule, durcit son discours et s’installe du côté des guitares tendues, des rythmes qui n’acceptent pas la négociation.
Ce qui frappe d’emblée, c’est la densité. Les riffs ne cherchent pas à séduire, ils martèlent. Ils dessinent un décor resserré, presque industriel dans l’intention, où chaque accord semble peser un peu plus lourd que le précédent. La batterie, droite et nerveuse, agit comme un battement cardiaque sous caféine : régulier, pressant, impossible à ignorer. On sent une urgence contenue, une colère calme qui refuse l’explosion spectaculaire mais maintient une pression constante.
Sugar fonctionne comme une montée interne. Rien n’est démonstratif, tout est maîtrisé. La production laisse volontairement transparaître une rugosité qui empêche toute lecture trop pop. Même quand la mélodie s’ouvre, elle reste accrochée à cette tension, comme si le morceau refusait le confort. C’est là que le rock s’impose : dans cette incapacité à relâcher complètement.
La voix, placée au centre du dispositif, ne cherche jamais l’emphase. Elle observe, elle constate, elle avance sans pathos. Cette retenue donne au propos une force particulière. L’obsession évoquée n’est ni glamour ni dramatique, elle est banale, quotidienne, presque acceptée. Et c’est précisément ce qui dérange. Sugar parle d’addiction comme on parlerait d’une habitude ancrée, d’un réflexe socialement toléré, mais intérieurement corrosif.
Plus le morceau progresse, plus il devient clair que l’enjeu n’est pas la douceur promise par le titre, mais ce qu’elle cache. ANIMI VOX joue avec cette ambiguïté, entre accroche immédiate et malaise persistant. Le refrain reste en tête, oui, mais il agit comme un rappel, pas comme un refuge.
Sugar confirme surtout un positionnement : celui d’un groupe qui utilise les codes du pop-rock pour mieux glisser vers quelque chose de plus rugueux, de plus frontal. Un rock moderne, sans nostalgie inutile, qui préfère la tension à l’explosion. Un titre qui ne cherche pas à plaire à tout prix, mais à laisser une trace. Collante. Tenace. Impossible à oublier.
Pour découvrir plus de nouveautés ROCK, n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVAROCK ci-dessous :
