« Avec Quicksand Serenade, KuF transforme l’enlisement en rituel électrique, là où chaque riff devient une prise pour ne pas sombrer. »
Il y a dans Quicksand Serenade quelque chose qui refuse la surface. Dès les premières secondes, le morceau ne cherche pas à séduire : il attire, il aspire, il impose un poids. Pas celui d’un metal démonstratif, mais celui, plus insidieux, d’un rock lourd chargé d’émotions contradictoires. KuF avance ici comme on marche dans une zone instable, conscient du danger mais incapable de faire demi-tour. Et c’est précisément là que le titre trouve sa force.
La guitare de Todd n’est pas là pour briller, elle creuse. Elle dessine des sillons épais, presque telluriques, rappelant la gravité poisseuse de Black Sabbath tout en conservant une nervosité plus contemporaine, proche de la tension émotionnelle d’Alice in Chains. Chaque riff semble conçu comme une traction, une tentative de rester debout alors que le sol se dérobe.
Mais Quicksand Serenade ne serait qu’un exercice de style sans la voix d’Ally. Elle ne surplombe pas l’instrumentation, elle s’y débat. Son chant navigue entre fragilité et frontalité, avec une intensité qui évoque parfois la détermination rageuse d’Halestorm, sans jamais tomber dans l’héroïsme facile. Ici, la voix est humaine, exposée, parfois presque blessée, et c’est ce qui rend le morceau profondément crédible.
La rythmique, lourde et volontairement insistante, agit comme une pulsation vitale. Elle ne cherche pas la complexité, mais la répétition, comme un battement de cœur sous stress. Cette insistance renforce la métaphore centrale du titre : l’enfermement, la tentation de lâcher prise, mais aussi cette étrange beauté que l’on trouve parfois dans la lutte elle-même. Le quicksand n’est pas seulement une menace, il devient un état, presque un refuge paradoxal.
Ce qui frappe surtout, c’est l’absence de cynisme. Quicksand Serenade parle de chute, de confusion intérieure, de lumière vacillante, mais jamais avec détachement. KuF joue cette chanson comme on raconte quelque chose de vécu, sans masque, sans filtre, fidèle à une vision du rock où l’émotion prime sur l’effet. On sent un groupe qui ne cherche pas à suivre une époque, mais à rappeler pourquoi le rock lourd, quand il est sincère, reste un langage essentiel.
Dans un paysage saturé de productions aseptisées, Quicksand Serenade agit comme un rappel physique : le rock peut encore peser, encore troubler, encore laisser des traces. KuF ne propose pas une issue, mais un face-à-face. Et parfois, c’est exactement ce dont on a besoin.
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