« Avec Glass, MERTDER transforme la transparence promise en surface fissurée, et fait de la danse un acte de lucidité. »
Glass ne prévient pas. Glass observe. Glass juge. Dès les premières secondes, MERTDER installe un climat où le corps est invité à bouger pendant que l’esprit, lui, commence à grincer. Ce titre ne cherche ni l’élégance ni la nuance confortable : il préfère l’impact frontal, le martèlement, la répétition comme stratégie de mise à nu. Ici, la musique pop électronique n’est pas un refuge hédoniste, mais un outil de confrontation.
Le morceau avance sur une basse lourde, industrielle, volontairement cyclique. Rien n’évolue vraiment, et c’est précisément là que tout se joue. Cette boucle agit comme une métaphore sonore d’un monde politique figé dans ses promesses recyclées. On pense à ces discours qui tournent en rond, à ces mots polis qui se veulent rassurants mais laissent un goût métallique. Glass refuse la progression classique parce que le système qu’il pointe du doigt refuse lui aussi de changer. La répétition devient alors une arme, un rappel incessant de l’absurdité ambiante.
L’ADN sonore de MERTDER puise clairement dans une tradition britannique où la noirceur est synonyme de profondeur. Les atmosphères épaisses évoquent l’héritage de Massive Attack, cette manière de faire peser le silence autant que le son. Mais là où Massive Attack suggère, MERTDER appuie. Il y a dans Glass une violence rythmique, presque primitive, qui rappelle la fureur électronique de The Prodigy, ce goût du chaos organisé, du groove qui cogne plus qu’il ne caresse.
À cela s’ajoute une dimension ouvertement politique, mais jamais didactique. MERTDER ne brandit pas de slogan clair, il préfère les détours, les doubles lectures, les phrases qui semblent jouer avant de mordre. Cette ironie acide n’est pas sans rappeler l’esprit provocateur de Die Antwoord, tandis que la colère sous-jacente, elle, dialogue avec l’urgence contestataire de Rage Against the Machine. Pourtant, Glass ne copie personne : il absorbe ces influences pour les transformer en une matière personnelle, ancrée dans une identité londonienne marquée par le multiculturalisme et les fractures sociales.
Ce qui frappe, au fond, c’est la manière dont MERTDER parvient à rendre la critique dansante sans jamais la vider de sa gravité. Le contraste entre un son taillé pour le club et un propos sombre crée un malaise fertile. On se surprend à hocher la tête, puis à se demander pourquoi. Le plaisir devient inconfortable, presque coupable, et c’est précisément là que Glass réussit son coup.
Avec ce morceau, MERTDER impose une vision : celle d’une musique pop électronique qui n’endort pas, mais réveille. Une musique qui invite à danser tout en regardant le reflet que l’on évite d’habitude. Glass n’est pas seulement un titre, c’est une surface tendue devant nous. Libre à chacun d’y voir clair — ou d’y laisser apparaître ses propres fissures.
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