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Music Pop

Noctæra nous plonge dans « Visions Through Amber »

Noctæra nous plonge dans « Visions Through Amber »
  • Publisheddécembre 20, 2025

« Entre folk à vif et art-rock murmuré, Noctæra transforme l’intime en territoire magnétique, un disque qui regarde droit dans les fissures et y trouve de la lumière.« 

La première sensation qui traverse Visions Through Amber, c’est celle d’entrer sans frapper. Une porte entrouverte, une lampe allumée trop tard dans la nuit, des murs qui ont tout entendu. Noctæra ne fait pas un album : elle aménage un espace. Un lieu mental, presque organique, où chaque morceau respire, tremble, hésite, puis s’affirme. Ici, l’album n’est pas un alignement de titres mais un continuum émotionnel, pensé comme une traversée.

Le morceau-titre, Visions Through Amber, agit comme un filtre. Tout y est légèrement décalé, comme vu à travers une résine ancienne qui aurait figé des souvenirs encore brûlants. La voix flotte, fragile mais tenue, et impose d’emblée cette esthétique de la retenue chargée, signature du disque. A Little Peek pousse plus loin le voyeurisme doux : une mélodie qui avance à pas feutrés, presque coupable, avec ce sentiment délicieux de regarder quelque chose qu’on ne devrait pas voir, mais qu’on ressent trop fort pour détourner les yeux.

Comme un Ailleurs introduit la langue française sans rupture, avec une évidence rare. Le morceau glisse, mélancolique, porté par une écriture qui évoque l’évasion immobile, ce moment où l’on est physiquement là mais déjà ailleurs. La Machine qui Vibre, plus nerveuse, presque tellurique, joue sur les contrastes : pulsations internes, tension contenue, comme si le corps lui-même devenait instrument.

Pièce centrale, The Keep’s Keeper étire le temps. Près de huit minutes pour installer une lente montée, hypnotique, où folk, rock et expérimentations se frottent sans jamais s’annuler. On y entend la gardienne des secrets, celle qui veille sur ce qui ne doit pas disparaître. Lalasomnia revient à des formats plus resserrés, mais garde cette insomnie douce, ce flottement entre veille et sommeil où les pensées deviennent floues et dangereusement sincères.

Let’s Just Stay agit comme une suspension, un refus temporaire du monde extérieur, tandis que L’Inavouée creuse le non-dit, avec une délicatesse presque douloureuse. Nuits Crevées, plus direct, capture l’épuisement lucide des lendemains trop courts, avant que Requiem for the Lonesome ne vienne refermer l’album comme une étreinte tardive, ni triste ni consolatrice, simplement honnête.

Visions Through Amber ne cherche jamais l’effet. Il préfère la trace. C’est un disque qui s’écoute seul, mais qui laisse l’impression étrange de ne plus l’être tout à fait après. Un album qui confirme Noctæra comme une voix singulière de la scène indépendante, capable de faire dialoguer technologie, fragilité et chair sans jamais perdre l’essentiel : l’émotion brute, celle qui reste longtemps après que le son s’est tu.

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Written By
Extravafrench

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