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Tony Frissore balance le groove et la claque morale sur « Bad Strategies »

Tony Frissore balance le groove et la claque morale sur « Bad Strategies »
  • Publisheddécembre 20, 2025

Le funk de Tony Frissore n’est pas là pour décorer la pièce, il sert à déplacer les meubles, même quand ça grince.

Il y a des morceaux qui font lever les épaules, d’autres qui forcent à lever les yeux. Bad Strategies fait les deux, sans demander la permission. Chez Tony Frissore, le groove n’est jamais neutre : il observe, il jauge, il pointe du doigt. Ici, pas de slogans plaqués ni de noms jetés en pâture. Le morceau préfère l’angle mort, l’espace trouble où les décisions se prennent loin du terrain et où les conséquences atterrissent toujours sur les mêmes épaules.

Musicalement, Bad Strategies avance comme une machine bien huilée qui aurait conscience de ses propres failles. La section rythmique claque sec, basse et batterie marchent droit, presque trop sages au départ, comme une façade institutionnelle bien peignée. Puis ça se fissure. Les claviers viennent épaissir l’air, la guitare glisse sans jamais cabotiner, et surtout cet orgue central qui surgit comme une prise de parole intérieure, un moment suspendu où le morceau semble se demander s’il faut continuer à avancer ou tout remettre en question.

C’est là que Frissore est fort : il ne moralise pas, il installe une tension. Bad Strategies ne désigne pas un coupable unique, il parle de chaînes de décisions foireuses, de responsabilités diluées, de stratégies pensées en hauteur et payées en bas. Le funk devient alors un langage politique sans pancarte, une manière de rappeler que faire danser n’empêche pas de réfléchir — au contraire.

Il y a quelque chose de très old school dans l’approche, mais jamais poussiéreux. Le son convoque l’héritage du funk engagé sans tomber dans la nostalgie. On sent l’acid jazz, le nu jazz, cette science du groove qui sait rester élégant tout en étant mordant. Bad Strategies groove comme un sourire crispé : ça bouge, ça brille, mais ça cache mal l’inquiétude.

Ce qui frappe surtout, c’est l’équilibre. Frissore transforme une angoisse civique bien réelle en matière musicale vivante. Le morceau est assez direct pour toucher, assez ouvert pour laisser chacun projeter ses propres lectures. On peut l’écouter pour le kif, pour l’orgue, pour le bounce. Mais une fois la piste terminée, il reste ce petit arrière-goût amer, cette question qui traîne : quand les stratégies sont mauvaises, qui ramasse vraiment les morceaux ?

Bad Strategies ne donne pas de réponse. Il fait mieux : il met le corps en mouvement pendant que l’esprit cogite. Et dans le chaos ambiant, c’est déjà une forme de résistance.

Pour découvrir plus de nouveautés du moment, n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVANOW ci-dessous :

Written By
Extravafrench

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