Skevø transforme un délire intime en uppercut électronique, une cavalcade de synthés qui bondit droit dans le système nerveux.
La première image qui vient n’est pas celle d’un dancefloor saturé de lasers, mais d’une pièce fermée, quelque part à Nyon, où Skevø est seul face à ses machines. Catch The Frog naît là, dans ce face-à-face presque enfantin entre obsession et excitation pure. Un morceau qui n’essaie pas de raconter une histoire au sens narratif, mais qui capte un instant précis : celui où l’envie de lâcher prise devient plus forte que le doute.
Catch The Frog fonctionne comme une impulsion. Le titre lui-même sonne comme un jeu, un défi absurde, presque un mantra. Attraper la grenouille, c’est peut-être tenter de saisir l’idée avant qu’elle ne s’échappe, avant qu’elle ne retombe dans le marais mental des projets jamais finis. Dès l’intro, Skevø installe un climat de tension maîtrisée : synthés en apnée, pulsation contenue, sensation que quelque chose se prépare sous la surface. Puis le drop arrive sans surjouer l’explosion. Il glisse. Il s’impose. Il accroche.
On sent clairement l’ombre bienveillante de Tiësto et KSHMR, notamment dans ce goût pour les leads massifs mais lisibles, hérités de l’âge d’or EDM où un morceau pouvait être à la fois épique et immédiat. La référence à Secrets n’est jamais mimétique : Skevø s’en sert comme d’un langage commun, pas comme d’un moule. Le saw lead tranche l’air, mais reste chaleureux, presque tactile, comme si chaque note était pensée pour provoquer une réaction physique plus qu’une admiration technique.
Ce qui frappe, c’est l’absence totale de posture. Catch The Frog n’essaie pas d’être plus malin que l’auditeur, ni de cocher les cases d’un sous-genre précis. C’est un morceau qui assume son plaisir. On y entend un producteur qui s’amuse, qui affine ses textures jusqu’à trouver le point d’équilibre exact entre euphorie et contrôle. Le groove avance sans forcer, laissant la mélodie respirer, rebondir, revenir comme une idée obsessionnelle qu’on fredonne sans s’en rendre compte.
Dans un paysage électronique parfois obsédé par la surenchère ou la complexité algorithmique, Skevø choisit la franchise émotionnelle. Catch The Frog est son terrain de jeu, son miroir sonore, le morceau qui dit sans discours : voilà le son que j’aime faire, voilà comment je respire quand je compose. Et quelque part, cette sincérité-là se ressent immédiatement. Le morceau ne demande pas la permission : il saute, il court, il éclabousse. Libre à nous d’essayer de l’attraper, ou simplement de courir avec lui.
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