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Quand le bitume se met à prier sans baisser la tête avec Deca OTA sur “New Creation”

Quand le bitume se met à prier sans baisser la tête avec Deca OTA sur “New Creation”
  • Publisheddécembre 27, 2025

Sous le souffle grave de New Creation, Deca OTA transforme la foi en moteur et le doute en carburant, livrant un morceau qui marche droit, même quand tout vacille autour.

La première sensation n’est pas musicale, elle est physique. New Creation arrive comme une pression lente dans la poitrine, un battement intérieur qui force l’écoute à se faire attentive. Deca OTA ne rappe pas pour impressionner, il rappe pour survivre, et surtout pour comprendre. Ce titre n’a rien d’un sermon figé ni d’un manifeste moralisateur : c’est un journal ouvert, écrit à l’encre de l’expérience et du tiraillement intérieur. Ici, la spiritualité n’est pas décorative, elle est traversée de doutes, de fatigue morale, de nuits trop longues et de lendemains incertains.

Musicalement, le morceau avance avec retenue. La prod reste volontairement sobre, presque méditative, laissant l’espace nécessaire aux mots pour respirer. Le flow de Deca OTA s’y déploie sans démonstration, précis, posé, parfois presque parlé, comme si chaque phrase devait d’abord être validée par la conscience avant d’être lâchée dans le micro. Cette économie de gestes renforce l’impact émotionnel : rien n’est là par hasard, tout est pesé. On sent l’héritage du rap britannique introspectif, mais débarrassé de toute posture urbaine attendue. New Creation refuse le cliché du “rap de rue” autant que celui du “rap conscient” plaqué. Il trace une troisième voie, plus intime, plus fragile, mais aussi plus honnête.

Ce qui frappe surtout, c’est la manière dont Deca OTA parle de transformation sans jamais la vendre comme un miracle. La “nouvelle création” évoquée n’est pas une renaissance spectaculaire, mais un processus lent, inconfortable, parfois ingrat. Le morceau donne l’impression d’assister à une reconstruction en temps réel, avec ses fissures encore visibles. Cette sincérité fait écho à toute une génération d’artistes britanniques qui cherchent à redéfinir la notion de réussite, loin de l’ego-trip et des récits de domination. Les co-signs reçus par Deca OTA de la part de Nemzzz, Blanco ou Knucks ne doivent rien au hasard : ils reconnaissent chez lui une écriture qui ne triche pas, une parole qui engage.

New Creation s’inscrit aussi dans une dynamique collective forte, portée par Free Imprint, où l’indépendance n’est pas un slogan mais une méthode de travail. On sent derrière le morceau une volonté de construire autre chose que des chiffres : une vision, une communauté, un langage commun. Le titre agit alors comme un point d’équilibre entre introspection personnelle et résonance universelle. Chacun peut s’y projeter, croyant ou non, parce que le cœur du propos reste profondément humain : comment continuer à avancer quand les repères s’effondrent.

Avec New Creation, Deca OTA ne promet pas la paix, il documente le chemin pour y tendre. Un morceau dense, habité, qui rappelle que le rap peut encore être un espace de réflexion profonde sans perdre sa force brute. Un titre qui ne cherche pas à sauver qui que ce soit, mais qui, paradoxalement, fait du bien.

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Written By
Extravafrench

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