Avec Come Out Lazarus I – Life Is Over, Andrea Pizzo and The Purple Mice transforment un fait réel en seuil musical, là où le rock cesse de divertir pour commencer à interroger.
Il y a des morceaux qui avancent droit devant, et d’autres qui obligent à s’arrêter net, comme si le sol se dérobait légèrement sous les pieds. Come Out Lazarus I – Life Is Over appartient à cette seconde catégorie. Pas une chanson à consommer, mais un passage à traverser. Andrea Pizzo and The Purple Mice ouvrent ici un cycle plus vaste, mais refusent le confort de l’introduction pédagogique : on est jeté directement dans l’entre-deux, cet espace instable où la fin d’une vie nourrit la continuité d’une autre.
Dès les premières secondes, le morceau adopte une distance presque cosmique. La Terre devient bruit de fond, l’humanité une rumeur lointaine. Cette mise à hauteur d’astres n’a rien de décoratif : elle relativise tout, et surtout notre besoin obsessionnel de sens immédiat. Des voix parlées, en anglais et en sanskrit, glissent comme des fragments de conscience, évoquant la transmigration, le passage, l’idée que rien ne disparaît vraiment mais que tout change de forme. Un sitar discret, presque fantomatique, agit comme une vibration plus que comme un instrument, rappelant que la musique ici n’illustre pas, elle suggère.
Puis le morceau se métamorphose. Le rock s’installe, ample, habité, traversé d’élans qui rappellent le goût des grandes dramaturgies art-rock, quelque part entre la solennité et l’abandon. On pense à David Bowie période tardive, non par mimétisme, mais par cette même capacité à faire dialoguer la finitude et la lucidité sans pathos inutile. La voix d’Andrea Pizzo ne cherche pas l’effet, elle raconte depuis l’intérieur, comme si elle avait accepté de ne pas tout comprendre.
La structure elle-même épouse le propos : aucune progression linéaire rassurante. Le morceau avance par états émotionnels successifs, passant de la sidération à une forme de clarté fragile, puis à une conscience presque douloureuse d’être encore en vie. Le final, plus progressif, ne conclut rien. Il suspend. Life Is Over n’énonce pas une vérité, il pose une question ouverte : que fait-on de la vie quand elle nous est rendue par la mort d’un autre ?
Ce titre agit ainsi comme un seuil narratif et sensoriel. Il ne console pas, il accompagne. Et dans un paysage rock souvent pressé de rassurer ou de séduire, Andrea Pizzo and The Purple Mice choisissent le risque : celui de l’ambiguïté, de la lenteur, et de la profondeur. Une entrée en matière qui ne promet pas un voyage confortable, mais un parcours nécessaire.
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