EP incandescent où l’électronique se dévergonde par Antoine Guigan sur “NO PANTS ALLOWED”
Il y a des disques qui vous prennent par la main. Et puis il y a NO PANTS ALLOWED, qui vous attrape par la nuque et vous plonge tête la première dans un bain d’expérimentation totale, en caleçon, dans une rave au fond d’un jardin imaginaire. Antoine Guigan, jeune sorcier sonore de Nantes, ne cherche pas l’universalité : il la bouscule. Avec ce nouvel EP, il livre un objet musical étrange et envoûtant, un cocktail d’angoisses texturées et d’euphorie électronique, traversé par la fureur douce de ceux qui n’ont plus rien à prouver, seulement à dire.
Dès “STEPPENWÖLFE”, le ton est donné : rythmique à fleur de peau, basses qui rampent comme des idées noires sous LSD, et ce souffle progressif qui évoque une trance intérieure plus qu’une extase de dancefloor. Mais là où d’autres se contenteraient d’un crescendo, Guigan tord les codes. “LE JARDIN” arrive comme une respiration — contemporaine, presque funèbre — où l’on devine des fleurs pousser entre les silences. On croit toucher la lumière, puis “CASEY IS RAD” explose avec ses breaks acides, comme si Aphex Twin avait mixé une after dans une salle d’arcade déserte.
Mais le vrai cœur battant de cet EP, c’est “KINDNESS SUBVERSION”. Sur un groove de rock psychédélique hanté par un Hammond B3 à fleur d’âme, une voix susurre une prière païenne au Christ rebelle, celui des opprimés et des transfiguré.e.s. C’est radical, doux, frontal. Et ça fait du bien. Ce titre, véritable manifeste poétique, est à lui seul une raison d’écouter l’EP en entier, jusqu’au bout du trip.
Guigan ne craint pas la dissonance. Il l’embrasse dans “MAGMA CREATURES”, volcan jazzé qui convoque les spectres de Zappa et des créatures qu’on ne nomme pas. Il nous envoûte avec la deep élégance de “PEARL”, seul morceau à contenir un instrument “réel” — le mélodica, comme un souffle d’humanité dans ce kaléidoscope digital.
Et si vous êtes resté jusqu’à la fin, “WHITE SAVIOR” vous attend, bonus caché comme une morsure industrielle au coin d’un sourire. Parce qu’il faut bien refermer la porte, même si on ne veut plus jamais remettre son pantalon.
Antoine Guigan signe ici une œuvre multisensorielle, un appel à l’abandon, à l’amour de l’étrange, et à la tendresse radicale. Un disque qui ne cherche pas à plaire, mais qui touche, qui éveille, qui ose.
Et ça, c’est rare.
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