Pas vraiment un EP, plutôt une crise. Une traversée. Une comédie musicale pour insomniaques de Londres Nord. Avec The Manic Phase, Tom Minor signe un disque court et dense comme une nuit blanche dans un pub qui refuse de fermer, peuplée de personnages plus vivants que sages. Quatre titres pour raconter la chute, la fuite, le vertige et peut-être, une renaissance. Mais à sa manière : en chantant trop fort, en buvant de travers, en riant au bord du gouffre.
Le morceau-titre, The Manic Phase, ouvre le bal comme un roman halluciné sur fond de riffs nerveux. Un hommage déguisé à “Thievin’ Stephen”, figure quasi-mythologique de Soho, que Minor transforme en allégorie de nos fuites psychiques. C’est théâtral, bancal, furieusement lyrique. Un tube pour les soirées où l’on perd son nom et sa dignité, mais pas sa capacité à danser.
Vient ensuite Saturday Eats Its Young, satire douce-amère sur les lendemains de fête. “Saturday”, ici, n’est pas un jour, c’est un piège. Les voix sont plus claustrophobes, les guitares plus sèches. On pense à The Fall, à Pulp, mais avec la voix d’un gars qui parle à son double dans le miroir d’un Wetherspoon déserté. C’est beau, moche, ironique, bouleversant.
Expanding Universe ralentit le tempo. Plus introspectif, ce titre donne à Minor l’occasion de sortir la plume de science-fiction sociale. Un cosmos mental, désabusé mais pas résigné. C’est le moment du disque où l’on regarde les étoiles en se disant qu’on a peut-être foiré, mais qu’il reste du ciel. Un folk postmoderne qui rappelle le Bowie de Outside, ou du moins son cousin fauché, coincé dans un deux-pièces à Camden.
Enfin, Future is an F Word conclut l’EP avec une énergie punk au goût d’adieu ironique. Le futur y est un mirage cynique, une sale blague répétée trop souvent. Mais au lieu de sombrer, Minor s’en amuse. Le morceau crache, tape, libère. Il ne cherche pas à construire une morale : juste à survivre au refrain.
The Manic Phase est un EP qui ne s’écoute pas comme une série de morceaux, mais comme un monologue intérieur hurlé dans la nuit londonienne. Une satire tendre, une confession ivre, une série de polaroïds usés par le temps. Tom Minor ne propose pas de solution. Il tend le miroir. Et il vous dit : “Regarde bien. Ce bordel, c’est aussi le tien.”
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