Avec un titre qui sonne comme un bonbon acidulé et un arrière-goût de spleen, Jared Bond signe avec Sugar Rush une pièce hybride, aussi accrocheuse qu’inquiétante. Originaire de Kansas City, l’artiste s’inscrit dans une tradition américaine de rock introspectif, quelque part entre la verve ironique de Father John Misty et les guitares épiques de My Morning Jacket, tout en lorgnant vers l’efficacité mélodique de Jimmy Eat World. Mais sous les refrains immédiats, il cache un propos beaucoup plus sombre : une réflexion existentielle sur ce besoin insatiable d’être distraits alors que le monde brûle.
Enregistré à Element Studios, ce morceau est le fruit d’une alchimie rare. On y retrouve Jim Embry (Root and Stem) à la basse, dont les lignes rondes et subtiles viennent tempérer l’électricité des guitares. Joel Nanos, fidèle ingénieur et vieux complice, insuffle une texture organique à l’ensemble, recréant cette chaleur brute qu’on associe aux grands disques indie-rock des années 90 et 2000. Le détail qui tue : un vocoder sur le dernier couplet, bricolé par Bond chez lui après avoir emprunté la machine du studio. Ce geste artisanal, un peu punk dans l’esprit, donne au morceau une étrangeté synthétique qui déstabilise l’auditeur juste assez pour qu’il ne le consomme pas d’une seule gorgée.
Ce contraste est la force de Sugar Rush. Derrière la façade euphorique, c’est un miroir de notre époque : des refrains faits pour danser et fredonner, tout en parlant de fracture, de chaos, de contradictions. Une chanson qui donne envie de lever les bras dans une salle bondée tout en murmurant intérieurement : et si tout ça n’était qu’une fuite en avant ? Jared Bond réussit ce que peu d’artistes osent encore : rendre la réflexion contagieuse, comme une sucrerie qu’on ne peut s’empêcher de croquer, quitte à se brûler les dents.
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