Ce n’est pas une arme, c’est un beat. Richard Green, lui, a choisi de transformer le poids du jugement en matière sonore. Son single Holding a Gun résonne comme une métaphore crue, celle de ces doigts accusateurs qui se braquent sur nous au premier faux pas, effaçant en un instant la mémoire des gestes tendres. Ici, la techno devient une confession, une manière d’exorciser la violence silencieuse des regards qui condamnent.
Construit seul dans son home-studio londonien, le morceau porte la signature d’un producteur qui ne craint pas les fractures de style. Richard Green y mêle la rugosité d’un breakbeat nerveux à la mécanique hypnotique de la tech-house, avec en arrière-plan des nappes synthétiques qui flottent comme des fantômes. L’influence de Boys Noize – période électro dure, avant les détours plus commerciaux – s’entend, mais jamais comme une simple imitation. Plutôt une filiation assumée : le goût du rythme qui claque, de la tension qui monte sans jamais exploser complètement.
Ce qui rend Holding a Gun singulier, c’est son souffle narratif. On y sent un combat intérieur, presque une lutte entre ombre et lumière. Les kicks serrés sont les coups de feu, les lignes de basse le sol qui tremble sous nos pieds, et les détails électroniques – petites fractures de sons, éclats fugaces – sont autant d’éclats de vérité que Richard assemble pour composer sa vision du monde.
Derrière ce projet électro, il faut aussi rappeler le parcours multiple de l’artiste. Green ne s’enferme pas dans une seule case : il passe avec naturel du néoclassique (trilogie réalisée avec la pianiste Irene Veneziano) au chillout, avant de plonger dans la techno la plus brute. Cette flexibilité n’est pas une dispersion, mais une cohérence intime : celle d’un musicien qui refuse les murs, qui voit la musique comme un langage fluide, capable de tout absorber et de tout raconter.
Holding a Gun est la preuve qu’au cœur même des BPM qui font suer les clubs, il reste de la place pour la vulnérabilité et pour la rage transformée en beauté. Une balle sonore tirée non pas pour blesser, mais pour réveiller.
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