« Thistroubledsoul n’essaie pas de guérir, il apprend à tenir debout avec élégance au milieu des fissures. »
La première impression n’est pas sonore, elle est physique. Une sensation de poids dans la poitrine, quelque chose de lent mais irréversible qui s’installe. Thistroubledsoul ne surgit pas, il s’impose, comme une pensée qu’on a trop longtemps évitée et qui finit par gagner. Highroad No. 28 ne signe pas ici un simple retour : il trace une ligne de survie, une cartographie intérieure où chaque accord semble porter la mémoire de ce qui a failli rompre.
Tout repose sur une tension maîtrisée. Les guitares s’étirent dans un clair-obscur épais, jamais décoratif, toujours fonctionnel. Elles ne cherchent pas l’hymne mais la persistance. La rythmique avance avec une gravité presque cérémonielle, rappelant que le rock alternatif peut encore être un espace de lenteur, de respiration lourde, loin des automatismes de la saturation facile. La production, distribuée via The Orchard en lien avec Sony Music, conserve une rugosité salutaire : rien n’est poli à l’excès, tout semble volontairement exposé, à vif.
Ce qui frappe surtout, c’est la cohérence émotionnelle. Andrew JC joue seul, mais jamais isolé. On entend un dialogue constant entre la voix et les instruments, comme si chaque couche sonore venait répondre à une faille différente. La voix, justement, ne force rien. Elle n’explose pas, elle tient. Elle raconte l’usure, la fatigue morale, cette lucidité désagréable qui accompagne les périodes de reconstruction silencieuse. Pas de pathos appuyé, mais une sincérité presque inconfortable, celle qui ne cherche pas l’adhésion immédiate.
Thistroubledsoul s’inscrit dans une trajectoire longue, marquée par des silences, des retours différés, des métamorphoses successives. On sent l’héritage d’un rock australien qui a appris à durer plutôt qu’à briller. Le morceau agit comme un sas émotionnel avant un nouvel élan collectif, une parenthèse solo assumée, presque nécessaire, pour reconnecter avec l’os du projet.
Ce titre ne promet pas de rédemption spectaculaire. Il propose mieux : une esthétique de la résistance intime. Une musique pour celles et ceux qui avancent sans certitude, mais avec une détermination tranquille. Highroad No. 28 ne crie pas victoire. Il affirme autre chose, de plus rare : la volonté de continuer, même cabossé, même lentement. Et dans un paysage saturé de faux retours et de faux climax, cette honnêteté-là résonne longtemps après la dernière note.
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