Nouveau moment de contemplation artistique, on a découvert Juan Mendizabal et son art tout en couleur, des couleurs qui agissent sur nos émotions guidées par la magie de artiste espagnol. sans plus attendre, découvrez Juan Mendizabal en 10 questions, ci-dessous :

1 ) Qui es tu ?
Mon prénom c’est Juan, mon nom de famille c’est Mendizabal. Je suis ici aujourd’hui pour présenter
mon travail de peintre, d’artiste, je suis né à la ville de Bilbao, j’habite à Paris depuis assez longtemps
et j’ai vécu à Londres pour un court période, court mais important. Je cherche quelque chose que je
ne trouve pas, je pense même que je ne la trouverais jamais mais il me faut, pourtant, continuer à la
chercher.
2 ) Quel est ton parcours ?
Je cherche quelque chose que je ne trouve pas, cela dure depuis longtemps, depuis les années quatrevingt. J’ai eu une formation académique, j’ai fait les Beaux-arts à l’Université du Pays Basque, en Espagne, j’ai fait la Faculté d’Arts Plastiques à Paris 8 Saint -Denis, j’ai participé à des expositions et bénéficié des bourses et d’aides, mais il y a eu toujours -en parallèle- d’autres sollicitations, d’autres expériences, des boulots à peine alimentaires et indispensables et d’autres emplois qui sont devenus
intéressants, qui ont établi un rapport de vases communicants avec la pratique de la peinture, je pense
notamment en disant cela, à l’enseignement.
3 ) Que peux-tu nous dire sur ton art en quelques mots ?
Je préfère parler de mon travail ou de ma pratique, plutôt que de mon art. Mon travail se fait dans le
temps, comme si les pièces seront entassées les unes sur les autres. Autour de 1994, beaucoup de
paramètres se sont fixés dans mon travail, depuis, j’ai parfois l’impression de travailler toujours sur la
même pièce. Il y a, dans mon travail, d’un côté la couleur avec ses deux dimensions parfois en contradiction. La
couleur avec sa façon directe d’agir sur notre système nerveux et la couleur, au même temps, agissant
dans son association avec nos expériences singulières, avec notre mémoire. Il y a, également dans ma
peinture, un rapport à l’organisation des couleurs proche de la musique, avec ses rythmes, colorations,
tons et silences. Pour finir, dans mes peintures, qui semblent presque silencieuses, s’est établi un
rapport grandissant avec les mots, avec les titres et, parfois, avec un récit subjacent qui est enterré par
la forme mais qui lui donne une structure.
4 ) Quelles sont tes inspirations ?
Je serais plus à l’aise en parlant d’éducation, de ce qui a façonné ma sensibilité. J’ai reçu une éducation
qui ne me convient pas et il m’a fallu refaire, inventer une autre éducation pour avoir les outils qui
m’ont permis d’être dans le monde et d’agir. C’est un travail qui a commencé avant, mais la découverte
de l’art moderne, celui de la première moitié du vingtième siècle- jusqu’à la fin de la deuxième guerre
mondiale- les Malevitch, Miondrian, Albers, Sophia Taueber Arp… cette découverte m’a fourni une
forme d’éducation qui consiste à chercher et à conquérir des quotas de liberté. Le vingtième siècle a
été particulièrement meurtrier mais c’est aussi le siècle ou nous avons conquis des quotas de liberté
dans une progression géométrique. Les artistes ont joué un rôle dans cette progression, un rôle que
nous ne pouvons peut-être plus jouer. Mon éducation est débitrice de ces artistes-là.
5 ) Quelle est ta playlist de prédilection quand tu crées ? (Cite quelques noms d’artistes et/ou
chansons)
Je ne travail jamais avec de la musique en toile de fond, car la musique peut me tromper. Il m’est arrivé
de partir de l’atelier avec l’impression d’avoir réussi quelque chose d’intense et de revenir le
lendemain, regarder la même peinture sans musique et me rendre compte que l’intensité ne venait
pas de mon travail. Par contre, je mets la radio, la parlotte, des gens qui discutent, comme une forme
d’interférence qui me pousse à la concentration. Cependant il y a Heaven Stood Still de Willy de Ville,
une chanson que j’ai croissé à un moment de ma vie ou elle me parlait particulièrement, j’ai travaillé
alors sur une série de tableaux avec ce même titre général mais dans laquelle, en plus, chaque tableau
avait pour titre individuel une lignée de la chanson. C’était un geste d’adolescent comme quand, en
écoutant une chanson tu pouvais imaginer tout un monde qui lui était propre et auquel tu voulais
appartenir, alors tu ressentais le besoin de t’approprier la chanson, de faire qu’elle soit un peu à toi.
Quelque part, c’est ce que j’ai fait maintenant avec Heaven Stood Still.

6 ) C’est quoi le plat que tu cuisines le mieux ?
Je suis un monstre en cuisine, j’aime manger et j’aime cuisiner, je sais cuisiner beaucoup de plats
différents, mais j’ai une préférence pour les recettes simples, avec peu d’ingrédients et peu
d’élaboration, mais avec un résultat savoureux, par exemple le Thon à la tomate ou le Maffé de poulet.
7 ) Quels sont tes projets à venir ?
Mon projet d’avenir c’est de tenir, tenir bon, tenir le cap…tenir. Faire tenir en pied ma peinture, conçue
comme un travail d’artiste presque classique, qui l’accompagne tout à longueur de sa vie et lui permets
d’établir une direction. Tenir avec tout le reste, car autour de l’œuvre et au-delà de l’œuvre, la vie est
cimentée par tout ce qui n’appartient pas à notre travail d’artiste mais qui reste indissociable de celuilà, mon projet est donc de tenir, tenir avec tout, tenir face à tout.
8 ) Peux-tu nous raconter une anecdote à ton sujet ?
Je me sens un peu pudique, on a tous nos vies, chacun a la sienne et personne n’a besoin des petites
particularités de la mienne pour remplir sa propre mémoire. Il y aura peut-être quelque chose de drôle
à trouver mais j’ai un peu du mal, je l’avoue, avec la légèreté, alors que c’est quelque chose qui me
reste à apprendre car, la légèreté, me semble indispensable à la survie et à l’épanouissement des êtres
humains.
9 ) Si tu pouvais 48h avec une personne que tu n’as jamais rencontré ce serait qui ?
Françoise Sagan. Je pense que nous aurons le temps d’échanger en me faisant bénéficier de ses points
de vue éclairés et pertinents mais qu’il nous restera, en quarante huit heures, le temps d’aller jouer au
casino et cela me semblerait un bon moyen d’enrichir notre rencontre.
10 ) Un petit mot ou conseil pour la fin ?
Je pense que le meilleur conseil c’est de dire qu’il faut se méfier des conseils et qu’il faut se demander,
toujours, pourquoi telle ou telle personne vous donne tel ou tel conseil. C’est difficile de regarder droit
devant soit et de se demander ce qu’on veut, nous, ce qu’on veut vraiment malgré le prix à payer. Dans
un tel exercice il faut d’éviter les peurs, les conditionnements, les perspectives partielles, les positions
de ceux qui sont, potentiellement, des donneurs de conseils.