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Rock
décembre 18, 2025« Ça commence comme une tentation anodine et ça finit comme une obsession qui cogne aux tempes. »
Le sucre, chez ANIMI VOX, n’a rien d’un plaisir coupable mignon. Il ne fond pas doucement sous la langue, il gratte, il irrite, il réclame toujours plus. Sugar s’avance ainsi, sans sourire forcé, avec cette manière très rock de transformer une image quotidienne en métaphore physique. Ici, la pop n’est qu’un point d’entrée. Très vite, le morceau bascule, durcit son discours et s’installe du côté des guitares tendues, des rythmes qui n’acceptent pas la négociation.
Ce qui frappe d’emblée, c’est la densité. Les riffs ne cherchent pas à séduire, ils martèlent. Ils dessinent un décor resserré, presque industriel dans l’intention, où chaque accord semble peser un peu plus lourd que le précédent. La batterie, droite et nerveuse, agit comme un battement cardiaque sous caféine : régulier, pressant, impossible à ignorer. On sent une urgence contenue, une colère calme qui refuse l’explosion spectaculaire mais maintient une pression constante.
Sugar fonctionne comme une montée interne. Rien n’est démonstratif, tout est maîtrisé. La production laisse volontairement transparaître une rugosité qui empêche toute lecture trop pop. Même quand la mélodie s’ouvre, elle reste accrochée à cette tension, comme si le morceau refusait le confort. C’est là que le rock s’impose : dans cette incapacité à relâcher complètement.
La voix, placée au centre du dispositif, ne cherche jamais l’emphase. Elle observe, elle constate, elle avance sans pathos. Cette retenue donne au propos une force particulière. L’obsession évoquée n’est ni glamour ni dramatique, elle est banale, quotidienne, presque acceptée. Et c’est précisément ce qui dérange. Sugar parle d’addiction comme on parlerait d’une habitude ancrée, d’un réflexe socialement toléré, mais intérieurement corrosif.
Plus le morceau progresse, plus il devient clair que l’enjeu n’est pas la douceur promise par le titre, mais ce qu’elle cache. ANIMI VOX joue avec cette ambiguïté, entre accroche immédiate et malaise persistant. Le refrain reste en tête, oui, mais il agit comme un rappel, pas comme un refuge.
Sugar confirme surtout un positionnement : celui d’un groupe qui utilise les codes du pop-rock pour mieux glisser vers quelque chose de plus rugueux, de plus frontal. Un rock moderne, sans nostalgie inutile, qui préfère la tension à l’explosion. Un titre qui ne cherche pas à plaire à tout prix, mais à laisser une trace. Collante. Tenace. Impossible à oublier.
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décembre 18, 2025« Une chanson qui n’explique rien mais accompagne tout, comme une présence muette quand tout vacille. »
Scarlet Mind ne s’écoute pas, il s’éprouve. Dès les premières secondes, quelque chose se met en tension, comme si le morceau refusait la posture confortable de la chanson rock bien alignée. Yardood installe un climat mental avant d’installer une mélodie. Ici, la musique n’est pas décorative : elle agit comme un espace intérieur, un lieu où l’on est obligé de s’asseoir avec soi-même, même quand ça gratte, même quand ça brûle.
Ce qui frappe d’abord, c’est cette sensation de bascule permanente. Rien n’est figé. Les guitares avancent à pas mesurés, parfois rêches, parfois presque méditatives, comme si elles hésitaient entre l’élan et la retenue. Le progressif n’est jamais démonstratif, il est psychologique. Les couches sonores s’empilent comme des pensées contradictoires, créant une impression de spirale douce mais insistante. On n’est pas face à un mur de son, mais face à une architecture mentale en mouvement.
Scarlet Mind parle de transformation, mais sans slogans ni promesses de lumière immédiate. Le morceau assume une vérité rarement abordée avec autant de sobriété : changer, c’est perdre. Pas symboliquement. Réellement. Perdre des repères, des réflexes, parfois même des versions entières de soi. Yardood ne dramatise pas cette idée, il l’accepte. La douleur n’est ni héroïsée ni cachée, elle est présentée comme une force brute, un déclencheur plus qu’un ennemi.
Ce qui rend le morceau profondément touchant, c’est cette manière de laisser respirer le doute. Les éléments électroniques apparaissent comme des éclats de conscience, presque des interférences intimes, rappelant que le chemin intérieur n’est jamais linéaire. Ils ne cherchent pas à moderniser le rock, mais à le fissurer de l’intérieur, à lui injecter une dimension introspective presque cinématographique.
Scarlet Mind donne l’impression d’un dialogue silencieux entre le corps et l’esprit. Un morceau qui n’accompagne pas les moments de certitude, mais ceux où l’on ne sait plus très bien qui l’on est en train de devenir. Yardood signe ici une œuvre qui refuse les réponses faciles, préférant l’honnêteté d’un vertige assumé.
Dans un paysage alternatif souvent pressé de conclure, Scarlet Mind prend le temps de rester suspendu. Il ne ferme aucune porte, n’en ouvre aucune de force. Il rappelle simplement que certaines renaissances commencent par un effondrement discret, presque intime, et que parfois, accepter de se perdre est la forme la plus sincère de courage.
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décembre 18, 2025« Entre la nervosité emo et une ambition presque cinématographique, Searching trace une ligne droite dans le brouillard intérieur. »
Pas de porte d’entrée évidente ici, pas de formule rassurante. Searching s’impose comme un espace mental dans lequel on entre sans enlever ses chaussures, avec ses pensées encore pleines de poussière. ZOCO ne cherche pas à séduire à tout prix, encore moins à consoler. Le morceau préfère observer, poser un cadre, laisser l’inconfort exister. C’est précisément ce refus de la facilité qui lui donne sa densité.
Musicalement, le titre se construit comme une progression maîtrisée. Les guitares ne déboulent pas en meute : elles avancent par blocs, presque géométriques, sculptant un décor où chaque silence compte autant que chaque saturation. On est loin de l’emo lacrymal ou du rock alternatif boursouflé. Ici, la tension est tenue, canalisée, pensée comme une matière noble. Le groupe semble jouer avec l’idée de retenue, comme si chaque montée avait été volontairement freinée pour éviter l’explosion gratuite.
La voix de Marco Zocco agit comme un fil conducteur fragile mais tendu. Elle ne supplie pas, ne s’effondre pas. Elle constate. Elle raconte un état plus qu’une histoire, un mouvement intérieur plutôt qu’un événement précis. Cette posture donne au morceau une portée étrange, presque universelle : Searching parle de quête sans jamais nommer l’objet recherché. Amour, sens, paix, identité — tout est possible, rien n’est imposé.
Ce qui distingue vraiment le morceau, c’est sa manière de concilier une écriture émotionnelle avec une rigueur presque intellectuelle. On sent derrière chaque arrangement une réflexion sur la place du rock aujourd’hui : comment rester viscéral sans être archaïque, comment être intense sans devenir prévisible. ZOCO répond à ces questions non pas par un manifeste, mais par la pratique. Par le son. Par la structure.
Il y a aussi dans Searching une forme d’élégance européenne, une distance qui rappelle que l’émotion peut être puissante sans être exhibitionniste. Les influences sont multiples, mais jamais écrasantes. Le morceau avance avec une assurance tranquille, comme quelqu’un qui doute mais continue d’avancer droit.
Distribué par Z3 Records, Searching s’inscrit dans une vision à long terme. Ce n’est pas un single pensé pour brûler vite, mais une pièce qui gagne en relief à chaque écoute. Plus on y revient, plus les détails apparaissent : une variation rythmique subtile, une guitare en retrait, un souffle dans la voix.
Searching ne prétend pas offrir des réponses. Il fait mieux : il donne une forme au doute, il lui offre un territoire sonore crédible, habitable. Un morceau qui ne panique pas face au vide, mais l’éclaire juste assez pour continuer à avancer.
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décembre 18, 2025“Un chant de fête qui refuse le sucre glace et préfère l’électricité brute d’un ampli poussé trop fort dans le salon.”
Il y a des morceaux de Noël qui cherchent la tendresse universelle, le consensus mou, la larme au coin de l’œil et la cheminée Instagram-ready. Et puis il y a A Wonderful Christmas, où Isaac Koshy décide très consciemment de brancher sa guitare là où d’autres sortent les clochettes. Pas pour provoquer gratuitement, mais pour rappeler une chose simple : la fête peut aussi être physique, nerveuse, traversée d’une énergie rock qui refuse la naphtaline.
Ce qui frappe d’emblée, c’est cette sensation de mouvement. Le morceau ne s’installe pas dans la révérence nostalgique, il avance, il roule, il pulse. Une rythmique directe, presque insolente, soutient une écriture qui ne s’embarrasse pas d’oripeaux saisonniers. Ici, Noël n’est pas un décor figé : c’est un prétexte, un terrain de jeu. La guitare tranche l’air avec une clarté très anglo-saxonne, quelque part entre rock alternatif accessible et héritage classic rock digéré sans lourdeur.
Koshy n’essaie jamais de singer ses influences, même si l’ombre de figures comme Billy Joel ou les Foo Fighters plane en arrière-plan. Il en retient l’essentiel : le sens du refrain qui rassemble, la capacité à faire monter une émotion sans la surligner. Sa voix garde quelque chose de juvénile, presque candide, mais toujours portée par une vraie assurance mélodique. On sent un musicien qui sait exactement ce qu’il veut transmettre : le plaisir brut de jouer, d’embarquer l’auditeur, de faire taper du pied sans demander la permission.
Le plus intéressant reste peut-être ce décalage assumé. Faire un morceau de Noël rock n’a rien de révolutionnaire en soi, mais A Wonderful Christmas évite l’ironie facile ou le clin d’œil appuyé. Le morceau ne se moque pas des traditions, il les traverse autrement. Il injecte une énergie live, presque scénique, comme si la chanson avait été pensée pour faire vibrer un public debout plutôt que pour accompagner un repas trop long.
Que le titre ait été salué par Rolling Stone India ou diffusé sur Radio City n’a finalement rien d’étonnant. Il y a ici une vraie compréhension du format pop-rock : efficace, fédérateur, mais jamais paresseux. Un morceau qui s’écoute autant comme une respiration dans la discographie de Koshy que comme une anomalie réjouissante dans le paysage des chansons de fêtes.
A Wonderful Christmas n’essaie pas de redéfinir Noël. Il rappelle simplement qu’on peut aussi le vivre amplis allumés, sourire en coin, avec cette sensation rare d’un rock qui sait rester chaleureux sans devenir prévisible. Une célébration électrique, libre, et étonnamment sincère.
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décembre 18, 2025“Une chanson qui ne raconte pas l’amour, mais son état de suspension, ce moment où tout peut encore basculer.”
Impossible d’aborder La canzone degli amanti comme un simple morceau d’indie rock italien. Ce serait passer à côté de sa nature profonde : une œuvre poreuse, flottante, presque hors du temps, où la musique semble penser avant même que les mots n’apparaissent. Pierpaolo Marino compose ici une pièce qui ne cherche ni l’efficacité immédiate ni la séduction frontale. Elle s’installe, elle observe, elle laisse l’auditeur entrer lentement dans son espace mental.
Dès les premières mesures, quelque chose se déplace. Les accords n’annoncent pas une chanson au sens classique, mais un climat. On sent l’héritage du rock progressif dans cette façon de refuser la ligne droite, de préférer les détours harmoniques, les micro-tensions, les respirations inattendues. La guitare ne domine jamais vraiment : elle circule, se dédouble, se dissout parfois dans une brume psychédélique qui évoque autant les paysages italiens que les dérives introspectives des années post-psyché.
La voix de Marino agit comme un fil narratif fragile. Elle ne s’impose pas, elle glisse. Chantée en italien, elle conserve une musicalité organique, presque charnelle, même pour qui ne saisit pas chaque mot. Il y a dans cette interprétation une retenue très maîtrisée : rien n’est appuyé, rien n’est surjoué. La chanson avance comme une confidence qu’on n’ose pas totalement formuler, un amour raconté non par ses élans, mais par ses silences.
Ce qui frappe, c’est la manière dont La canzone degli amanti semble toujours au bord de quelque chose. Jamais elle ne bascule complètement dans l’explosion, jamais elle ne s’abandonne au confort mélodique. Le progressif ici n’est pas démonstratif, il est émotionnel. Les changements de structure servent une sensation : celle d’un lien amoureux instable, mouvant, fait de fascination et de distance.
La production, signée sous l’égide de La Vigna Dischi, privilégie une texture presque artisanale. Rien de clinquant, mais une profondeur réelle, une patine qui laisse passer le grain, l’imperfection, le souffle. On a l’impression d’écouter un morceau qui a vécu, qui porte déjà en lui une mémoire.
La canzone degli amanti n’est pas une chanson que l’on consomme. Elle s’apprivoise. Elle accompagne les moments où l’on pense trop, où l’on ressent sans vouloir conclure. Pierpaolo Marino signe ici un morceau qui échappe aux formats, une œuvre suspendue entre rock psychédélique et journal intime sonore.
Un titre qui ne cherche pas à marquer son époque, mais à créer un espace intérieur. Et c’est précisément pour cela qu’il continue de résonner.
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décembre 18, 2025“Une chanson qui ne demande pas la clarté, mais l’éblouissement — quitte à s’y perdre.”
Ilumíname n’avance pas avec prudence. Le morceau surgit comme un appel frontal, presque physique, une demande de lumière formulée non pas depuis le confort, mais depuis l’urgence. The Sand signe ici une pièce plus tranchante que Septiembre, plus tendue aussi, comme si la mélancolie avait cessé de contempler pour commencer à frapper.
Dès l’entame, les guitares installent un climat de friction. Elles ne caressent plus, elles frottent, elles insistent, avec cette saturation contrôlée qui évoque autant l’alternative rock que certaines fulgurances du rock latino des années 90. La rythmique, compacte, presque martiale, pousse le morceau vers l’avant sans lui laisser la possibilité de se reposer. Ilumíname ne cherche pas l’espace, il cherche la percée.
La voix, portée par l’espagnol, agit ici comme un vecteur de tension pure. Le chant n’est pas démonstratif, mais habité. Chaque mot semble chargé d’un poids émotionnel réel, comme s’il avait été prononcé avant d’être chanté. Il y a dans cette interprétation une forme de supplication digne, une demande de lumière qui n’a rien de mystique au sens large, mais tout d’une nécessité intime. Illumine-moi, non pas pour comprendre, mais pour tenir.
Musicalement, The Sand joue avec une dynamique subtile. Les couplets retiennent, compressent, maintiennent une pression sourde, pendant que les refrains ouvrent brièvement les vannes, laissant passer une intensité plus large sans jamais tomber dans l’explosion facile. Ce choix donne au morceau une respiration étrange, presque anxieuse, comme si chaque montée risquait d’être la dernière. On n’est pas dans le grandiose, mais dans le combat intérieur.
Ce qui distingue Ilumíname, c’est sa manière de concilier dureté et vulnérabilité. Les guitares sont épaisses, parfois presque abrasives, mais elles ne masquent jamais l’émotion centrale. Au contraire, elles la soulignent. Le morceau semble constamment tiraillé entre la colère et le besoin d’apaisement, entre la nuit et l’étincelle. Cette dualité donne au titre une profondeur qui dépasse largement le cadre du simple rock alternatif.
Ilumíname s’écoute comme un moment de bascule. Ce n’est pas une chanson d’arrière-plan. Elle demande de l’attention, voire une forme de confrontation. Elle accompagne les instants où l’on cherche une issue sans être certain de vouloir la trouver. Avec ce titre, The Sand confirme une identité sonore plus affirmée, plus dense, capable d’embrasser la rugosité sans renoncer à l’émotion.
Un rock qui ne promet pas le salut, mais qui ose formuler la demande. Et parfois, c’est déjà beaucoup.
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décembre 18, 2025“Une chanson qui avance à tâtons, comme une âme lucide dans un bar encore ouvert, quand tout le reste a déjà fermé.”
La première sensation n’est pas musicale, elle est physique. Lost on the Get-Go donne l’impression d’entrer dans un lieu où l’on ne sait plus très bien si l’on vient d’arriver ou si l’on est là depuis des heures. Le morceau se déploie sans fracas, comme une lumière trop douce pour être honnête. The Buzz Junky ne cherche pas à accrocher, mais à envelopper, à installer une zone grise où les émotions n’ont pas besoin de se nommer pour exister.
La production travaille cette sensation d’entre-deux avec une intelligence rare. Rien n’est frontal. Les synthés flottent comme des vapeurs tièdes, les guitares effleurent plus qu’elles n’attaquent, et la rythmique avance en retenue, presque sur la pointe des pieds. On sent une fascination pour les marges, pour ces moments où tout semble possible précisément parce que rien n’est clair. Lost on the Get-Go n’est pas une chanson de destination, c’est un morceau de trajectoire.
Les voix jouent un rôle central dans cette dérive maîtrisée. Celles de Hope Rangel et de D. Mitchell Sims se croisent sans jamais chercher à s’imposer. Elles semblent parfois se répondre, parfois s’ignorer, comme deux pensées qui cohabitent sans parvenir à se réconcilier. Il y a quelque chose de profondément humain dans cette manière de chanter sans résoudre, de raconter sans conclure. Le texte devient un paysage mental, fait de désirs flous, d’élans avortés et de cette étrange excitation qui naît quand on accepte d’être perdu dès le départ.
Ce qui distingue vraiment Lost on the Get-Go, c’est sa capacité à rendre la nuit crédible. Pas la nuit fantasmée, glamour ou romantique, mais celle des villes secondaires, des bars sans mythologie, des routes mal éclairées. La chanson évoque ces lieux où l’on ne devient pas quelqu’un d’autre, mais où l’on ose enfin être exactement ce que l’on est, même si cela reste bancal. Musicalement, cela se traduit par une tension permanente entre beauté et fatigue, entre rêve et lucidité.
Le morceau ne cherche jamais le climax. Il refuse la montée spectaculaire, préférant une progression subtile, presque sournoise. Cette absence de résolution donne toute sa force à l’écoute : Lost on the Get-Go continue de résonner après la dernière note, comme une conversation interrompue trop tôt ou un souvenir qu’on n’arrive pas à ranger.
Avec ce titre, The Buzz Junky signe une pièce nocturne profondément habitée, un art rock sombre mais chaleureux, qui parle à celles et ceux qui trouvent encore du sens dans les zones floues. Une chanson qui ne promet rien, mais qui tient exactement ce qu’elle suggère : la beauté fragile d’une errance assumée.
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décembre 18, 2025“Une chanson qui sent la poussière chaude, les fins d’été trop longues et les sentiments qu’on n’a jamais vraiment quittés.”
Septiembre ne s’écoute pas, il se traverse. Dès les premières mesures, The Sand installe un climat qui colle à la peau, une chaleur un peu lourde, presque nostalgique, comme ces fins de journée où le soleil refuse de tomber mais où l’on sait déjà que quelque chose s’achève. Le morceau avance avec cette lente assurance propre aux groupes qui n’ont plus besoin de prouver leur intensité : elle est là, contenue, prête à fissurer à tout moment.
La guitare ouvre l’espace avec une retenue presque élégante, jamais démonstrative. Elle ne cherche pas le riff qui écrase, mais la ligne qui obsède, celle qui revient en boucle dans la tête comme un souvenir imprécis. La section rythmique, solide sans être rigide, maintient ce balancement constant entre tension et abandon. On sent l’héritage du rock alternatif, mais aussi quelque chose de plus charnel, de plus sudiste, une manière latine d’aborder la mélancolie sans la figer dans la plainte.
Et puis il y a la langue. L’espagnol ici n’est pas un simple choix esthétique, il est une matière sonore à part entière. Chaque syllabe semble porter son propre poids émotionnel, chaque inflexion de voix dessine une géographie intime. Même sans en saisir toutes les nuances, on comprend l’essentiel : Septiembre parle du temps qui glisse, des choses qu’on croyait stables et qui se déplacent doucement sous nos pieds. Le chant oscille entre fragilité et détermination, comme si l’interprète hésitait sans cesse entre regarder en arrière ou continuer d’avancer.
Ce qui frappe, c’est la capacité du morceau à rester suspendu. The Sand évite soigneusement le piège du crescendo trop attendu. La montée est là, mais elle se fait par accumulation de textures, par épaississement progressif de l’atmosphère. Les guitares deviennent plus rugueuses, presque abrasives par moments, sans jamais perdre cette mélodie sous-jacente qui sert de fil conducteur. On n’est pas dans l’explosion, mais dans l’érosion lente, celle qui façonne les paysages les plus durables.
Septiembre possède cette qualité rare de pouvoir accompagner plusieurs états. On peut l’écouter seul, tard le soir, casque vissé sur les oreilles, ou le laisser résonner en fond sonore d’un trajet sans destination précise. Il y a dans ce titre une forme de maturité émotionnelle, une acceptation du manque, de l’entre-deux, qui le rend profondément humain.
Avec ce morceau, The Sand confirme une identité claire : un rock mélancolique mais jamais figé, nourri de guitares franches et d’émotions contenues, où la tristesse n’est pas une fin mais un passage. Septiembre devient alors plus qu’un titre : une saison intérieure, celle où l’on apprend à vivre avec ce qui s’efface sans chercher à le retenir.
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décembre 18, 2025“Un moment suspendu où l’indie-rock cesse d’être un genre pour devenir un rituel partagé.”
Ce morceau ne donne pas l’impression d’avoir été enregistré. Il semble plutôt avoir été capturé, comme on attrape un souffle rare au vol. Adoring Host n’est pas une simple collaboration : c’est une collision douce entre deux sensibilités qui se reconnaissent sans avoir besoin de se présenter. D’un côté, Slow Karma, architectes d’une musique poreuse, toujours en mouvement. De l’autre, Stillhound, figures discrètes mais essentielles d’un indie-rock émotionnel, profondément incarné. Ensemble, ils ne cherchent pas l’équilibre : ils cherchent la vérité du moment.
Dès l’entame, Adoring Host respire le live. On entend la pièce, l’air, la tension des corps. Les instruments ne sont pas polis, ils sont présents. La batterie avance comme un cœur calme mais déterminé, la basse dessine une trajectoire souple, presque narrative. Les textures électroniques, signatures de Slow Karma, ne surplombent jamais : elles enveloppent, elles écoutent. Et puis la voix arrive, sans emphase, sans posture héroïque. Une voix qui n’explique rien mais qui dit tout.
Ce qui frappe, c’est la manière dont le morceau refuse la dramaturgie facile. Pas de montée artificielle, pas de climax forcé. Adoring Host s’installe dans une forme de confiance rare : celle qui consiste à laisser la musique exister sans la pousser. Le chant semble flotter au-dessus du groupe, comme une pensée qui traverse la pièce, pendant que les arrangements s’ajustent en temps réel, presque organiquement. On sent la scène, la proximité, cette sensation unique d’assister à quelque chose qui n’arrivera qu’une fois.
Il y a dans ce titre une mélancolie lumineuse, typiquement écossaise, qui n’a rien de décoratif. Une tristesse douce, jamais complaisante, qui regarde le monde avec lucidité mais sans cynisme. Indie rock, indie pop, alternative… ces étiquettes glissent rapidement. Adoring Host appartient à cette zone floue où la musique devient un espace commun, un lieu de passage entre introspection et communion.
La force de cette collaboration réside aussi dans ce qu’elle ne fait pas. Elle ne cherche pas à moderniser à tout prix, ni à capitaliser sur la nostalgie. Elle joue avec le temps, l’étire, l’assouplit. Chaque silence compte autant que chaque note. Chaque respiration devient une partie intégrante du morceau.
Adoring Host ressemble à ces fins de concert où personne ne parle tout de suite. Un moment fragile, presque sacré, que l’on garde pour soi avant de le raconter. Slow Karma et Stillhound signent ici bien plus qu’un titre : ils livrent un instant de musique vécue, profondément humaine, qui rappelle pourquoi le live reste l’endroit où tout commence et où tout finit.
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décembre 17, 2025“Un morceau qui éclaire sans aveugler, pensé comme un signal lancé à celles et ceux qui cherchent encore la côte.”
Dès les premières secondes de Lighthouse, quelque chose s’allume. Pas un flash brutal, plutôt une lueur progressive, une pulsation qui s’installe comme un battement régulier contre la poitrine. ANIMI VOX ne cherche pas l’effet immédiat : le groupe préfère la montée, la patience, l’art délicat de laisser l’auditeur entrer dans le morceau à son propre rythme. Cette manière de faire dit déjà beaucoup de leur rapport à la pop et au rock indépendant : ici, l’émotion ne se consomme pas, elle se construit.
Le titre avance porté par une énergie nette, presque cinétique, où l’électro-pop dialogue sans complexe avec un indie rock plus organique. Les synthés vibrent comme des néons fatigués dans une ville nocturne, pendant que les guitares viennent rappeler la matière, le corps, le frottement. Rien n’est décoratif. Chaque couche sonore semble pensée pour servir une idée simple et pourtant vertigineuse : tenir debout dans un monde saturé de signaux contradictoires.
Lighthouse fonctionne comme une métaphore évidente, mais jamais lourde. Le phare n’est pas ici un symbole héroïque, figé sur une carte postale maritime. Il devient un point de repère mouvant, parfois lointain, parfois presque inaccessible, mais toujours nécessaire. Musicalement, cela se traduit par des refrains qui ouvrent l’espace sans tomber dans l’emphase, et par une rythmique qui pousse vers l’avant, comme si rester immobile était devenu impossible.
Ce qui frappe, c’est cette capacité à marier l’élan et le doute. Le morceau respire l’optimisme, mais un optimisme lucide, conscient des failles, des peurs, de la fatigue collective. ANIMI VOX ne chante pas la victoire, mais la persistance. Continuer malgré le bruit ambiant, malgré l’angoisse diffuse, malgré cette impression permanente de naviguer entre monde analogique et réalité numérique sans jamais trouver l’équilibre parfait.
La production, claire sans être lisse, accentue cette tension. Les beats pulsent avec une précision presque mécanique, tandis que les textures plus rugueuses viennent rappeler l’humain derrière la machine. Lighthouse devient alors une chanson de mouvement, faite pour accompagner les transitions : changer de ville, de vie, de regard. C’est un titre qui donne envie de marcher longtemps, casque sur les oreilles, en laissant les pensées dériver.
ANIMI VOX signe ici un morceau fédérateur sans être consensuel, capable de parler à une génération traversée par les mêmes questionnements : comment rester soi sans se dissoudre dans le flux ? Comment avancer sans certitude, mais avec assez de lumière pour ne pas sombrer ? Lighthouse n’apporte pas de réponse définitive. Il propose mieux : un point fixe, une vibration commune, une lumière suffisamment forte pour rappeler qu’on n’est jamais seul à chercher la côte.
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décembre 17, 2025“Un hymne doux-amer pour celles et ceux qui comprennent qu’il faut parfois disparaître pour rester entier.”
Just Go ne cherche pas l’explosion spectaculaire. Le morceau avance plutôt comme une marche intérieure, lente mais déterminée, celle qu’on entreprend quand rester devient plus douloureux que partir. Max Ceddo signe ici une chanson qui ne promet pas de miracle, mais une chose plus précieuse encore : la dignité. Celle qu’on garde quand on décide de quitter la pièce, le groupe, la relation ou le décor sans claquer la porte, simplement parce que l’air y est devenu irrespirable.
Musicalement, Just Go s’inscrit dans une tradition indie rock aux contours familiers mais jamais paresseux. Une base folk-pop-rock chaleureuse, des guitares claires qui préfèrent la caresse à la morsure, un sens mélodique presque power pop dans sa façon d’installer un refrain qui ne force rien mais s’imprime doucement. Rien n’est surjoué. Chaque élément semble placé pour soutenir le propos plutôt que pour voler la vedette. La production respire, laisse de l’espace, comme si la chanson elle-même avait besoin de place pour exister pleinement.
Ce qui frappe surtout, c’est la sincérité presque désarmante de l’ensemble. Just Go n’est pas un manifeste grandiloquent contre la violence du monde, même si celle-ci affleure en filigrane. C’est une chanson de survie ordinaire. Elle parle à ceux qui se sentent à côté, en trop, mal ajustés dans un cadre qui ne leur correspond plus. À ceux qui ont essayé de rester, de s’adapter, de faire bonne figure, avant de comprendre que persister était devenu une forme d’auto-sabotage.
Max Ceddo ne dramatise pas. Il accompagne. Sa voix ne domine pas le morceau, elle s’y fond, comme un ami qui marcherait à côté de vous, sans donner de leçon, sans asséner de vérité définitive. Il y a dans son interprétation une retenue qui rend le message d’autant plus fort. Le courage, ici, n’est pas héroïque. Il est quotidien, presque banal. Il tient dans cette idée simple mais difficile à accepter : partir peut être un acte d’amour envers soi-même.
Just Go fonctionne comme un rappel nécessaire à une époque saturée d’injonctions à tenir bon coûte que coûte. Le morceau propose une autre voie, plus douce, plus lucide. Celle qui consiste à reconnaître ses limites, à accepter la solitude passagère comme le prix d’une paix future. Ce n’est pas une fuite, c’est un déplacement. Un pas de côté. Un refus silencieux de continuer à se faire mal pour correspondre à un cadre imposé.
Sans chercher l’effet, Max Ceddo livre ici une chanson qui accompagne, qui soutient, qui reste. Une chanson qu’on écoute quand on a déjà pris la décision, ou quand on n’ose pas encore. Just Go n’ordonne rien. Il ouvre une porte. Et parfois, c’est exactement ce dont on a besoin.
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décembre 17, 2025“Hot Honey s’insinue lentement, comme une douceur trouble qui devient obsession avant même qu’on ait compris pourquoi.”
Dès les premières secondes, quelque chose accroche. Pas une explosion, pas un effet tape-à-l’œil, mais une tension fine, presque sournoise, qui s’installe dans le creux de l’oreille. Hot Honey avance à pas feutrés, avec cette assurance discrète propre aux morceaux qui savent exactement où ils vont sans jamais lever la voix. high jump joue ici un jeu subtil : séduire sans flatter, intriguer sans expliquer, laisser l’auditeur combler lui-même les silences.
Le morceau repose sur une matière lo-fi volontairement rugueuse. Les guitares grincent légèrement, comme si elles avaient été enregistrées à la lumière d’une ampoule fatiguée, et la batterie, compacte, presque étouffée, impose un groove qui ne cherche pas la démonstration. Ce minimalisme n’a rien d’un exercice de style : il sert une narration diffuse, une sensation de malaise doux, une forme de sensualité un peu bancale qui fait toute la singularité du titre.
Ce qui frappe, c’est la manière dont la voix vient perturber cet équilibre. Elle pique, elle provoque, elle ne cherche pas à caresser. Il y a quelque chose de frontal dans la façon dont les mots sont posés, comme une confidence lancée sans filtre, sans vérification préalable. Cette tension entre une instrumentation retenue et un chant presque insolent crée un frottement permanent, un inconfort délicieux qui empêche le morceau de se dissoudre dans la simple vibe.
On sent chez high jump une filiation évidente avec certaines esthétiques contemporaines, entre les aspérités émotionnelles de MkGee, les détours expérimentaux de ML Buch et cette nonchalance faussement lisse que l’on associe à Men I Trust. Mais Hot Honey n’est jamais une synthèse paresseuse. Le groupe semble plutôt s’amuser à déséquilibrer ces références, à leur retirer toute politesse excessive pour en garder la nervosité.
La construction du morceau mérite qu’on s’y attarde. Rien n’est précipité. high jump prend le temps d’installer son décor, puis de le fissurer lentement. Quand arrive le passage charnière, cette montée vers le pont et le second refrain, le morceau change subtilement de densité. Ce n’est pas un climax spectaculaire, mais une bascule intérieure : quelque chose se resserre, le groove gagne en insistance, et l’on réalise que l’on est déjà pris au piège.
Hot Honey agit comme ces chansons que l’on croit saisir immédiatement, avant de comprendre qu’elles continuent de travailler en sourd. Un titre qui ne cherche pas à séduire les playlists par excès de douceur, mais par une identité claire, assumée, presque abrasive par moments. Dans un paysage indie souvent trop lisse, high jump choisit la texture, l’ambiguïté, le grain.
Un morceau qui colle, qui persiste, qui revient sans prévenir. Et surtout, un signal fort : celui d’un groupe qui préfère laisser des marques plutôt que de simplement remplir l’espace.
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décembre 17, 2025“Get Well Soon scintille comme une cicatrice fraîche : encore sensible, mais déjà en train de devenir une force.”
Une impression étrange se glisse dès les premières secondes de Get Well Soon, comme si Silent Child ouvrait une fenêtre sur un endroit qu’il a longtemps gardé fermé à double tour. Pas un sanctuaire, pas un abîme : un entre-deux où le chaos a fini par apprendre à parler. Cette chanson, dernier souffle du projet Voices in the Dark, ne clôt rien ; elle éclaire un chemin parcouru en boitant, en rugissant, en chutant, mais toujours en avançant. Elle donne l’impression d’assister au moment précis où quelqu’un réalise qu’il a survécu sans vraiment l’avoir remarqué.
La signature Silent Child s’y déploie avec une sincérité brûlante : une collision parfaitement assumée de pop-rap, d’alt-pop et d’un ADN rock qui n’a jamais cessé de vibrer dans son travail. Rodney ne compose jamais depuis la façade ; il compose depuis la membrane, ce tissu sensible où le son touche l’émotion avant qu’on ait eu le temps de se protéger. Dans Get Well Soon, chaque élément semble chargé d’un poids personnel. Les percussions avancent comme un cœur qui repart, les guitares nappent l’espace d’une mélancolie cinétique, les textures électroniques s’infiltrent comme des pensées qui refusent de se taire. Et sa voix… sa voix semble parler à quelqu’un qu’il aurait voulu rassurer plus tôt.
Il y a dans ce morceau une beauté particulière : une gratitude sans maniérisme, quelque chose de presque maladroit mais incroyablement juste. On sent l’artiste mesurer le chemin parcouru, non comme une victoire, mais comme un étonnement. Comme s’il ne s’était pas rendu compte que l’on pouvait sortir de la nuit tout en portant encore son odeur. La production s’ajuste à cette ambivalence : parfois expansive, parfois retenue, oscillant entre murmure et déflagration, comme une respiration qui réapprend son rythme.
Ce qui frappe, surtout, c’est la manière dont Get Well Soon traduit une vérité rarement dite avec autant de finesse : la guérison n’est jamais un moment. C’est un paysage mouvant, un espace où l’on trébuche encore, où l’on doute, où l’on recommence. Silent Child ne cherche pas à rayonner, il cherche à dire vrai. Et ce vrai résonne profondément.
Loin de vouloir inspirer par posture, il laisse transparaître un geste d’humanité brute : regarder ses propres ténèbres sans s’y dissoudre, reconnaître qu’on a été sauvé parfois par des mains qu’on n’a pas vues venir, accepter que même les cicatrices deviennent un langage. Get Well Soon ressemble à une lettre adressée à toutes les versions de soi-même — celles qu’on a aimées, celles qu’on a fuies, celles qu’on tente encore d’accueillir.
Ce titre ne cherche ni l’effet ni l’extase. Il cherche l’équilibre, même instable. Et c’est là que réside sa force. Silent Child continue de prouver qu’il ne cherche pas à appartenir à un genre, mais à une nécessité : donner forme au chaos, offrir du relief à l’indicible, transformer le vacarme intérieur en quelque chose de beau, de palpable, de partageable.
Get Well Soon, c’est l’écho d’un cœur qui repart. Pas parfaitement, mais suffisamment fort pour continuer. Et parfois, c’est tout ce dont on a besoin.
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décembre 17, 2025“How Do We Keep Moving On transforme la fatigue du monde en force intime, un souffle noir qui refuse de s’éteindre.”
Le morceau semble surgir d’une pièce dans laquelle on ne s’était pas encore autorisé à pénétrer : une chambre intérieure dont les murs vibrent au rythme d’une lutte qui ne dit pas son nom. Andy Smith ne propose pas seulement un titre nourri d’influences dark rock des années 80 ; il en dévoile la pulsation viscérale, celle qui continue de battre même lorsque tout paraît se déliter. On entre dans sa musique comme on ouvre une porte sur un orage : on ressent d’abord la densité de l’air, puis la tension, puis ce désir étrange d’y rester.
Impossible d’écouter How Do We Keep Moving On sans sentir ce que Smith transporte sous sa peau : une sorte de détermination cabossée, de résilience qui ne relève pas de la bravoure mais de l’instinct. Les riffs de guitare, enveloppés dans une brume électrique, avancent à la manière d’un animal blessé qui refuse toutefois la position couchée. Le morceau respire dans ses basses, dans son tempo obstiné, dans son architecture qui évoque autant les cathédrales sonores de Depeche Mode que cette modernité abrasive que l’on retrouve chez les artistes qui transforment la mélancolie en étendard.
Au centre, la voix de Smith ne cherche jamais à dominer le décor. Elle s’y inscrit comme une tension continue, un fil d’acier qui s’étire sans rompre. On sent qu’il chante depuis un endroit fragile, mais qu’il en fait un moteur. Cette voix n’éclaire pas : elle ouvre des brèches. Elle fait apparaître ce moment où la douleur devient mouvement, où la question du comment remplace le pourquoi.
Ce qui fascine, c’est cette impression que le morceau ne cherche pas à résoudre quoi que ce soit. Il n’offre ni réparation ni consolation. Il propose autre chose, bien plus rare : la permission d’avancer malgré l’opacité. La production, taillée comme un paysage nocturne, fait circuler des halos, des pulsations, des éclats de lumière qui ressemblent à des tentatives de survie. On y retrouve une manière très contemporaine de sculpter le son : tout est tendu, millimétré, chargé, mais jamais écrasé. La musique paraît vivante, presque consciente de nos fatigues.
How Do We Keep Moving On appartient à cette famille de titres qui ne cherchent pas le réconfort mais l’élan. Qui parlent au corps avant de parler à l’esprit. Qui rappellent que la résilience n’est pas une posture héroïque mais un geste simple, parfois brutal : remettre un pied devant l’autre, même quand la terre se dérobe.
Andy Smith ne signe pas un hymne. Il signe un compagnon de route. Une boussole vacillante mais honnête. Une musique qui embrasse la tempête pour mieux apprendre à la traverser. Une preuve qu’on peut continuer, même quand on ne sait plus très bien comment.
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décembre 17, 2025“BPD Vs Bipolar est un uppercut émotionnel : un grunge ravivé, brut et moderne, qui sonde l’esprit humain là où il brûle le plus.”
Il arrive que certaines chansons portent en elles le poids d’une vie entière — ses fissures, ses colères, ses trop-pleins d’amour. BPD Vs Bipolar, le nouveau single de Reetoxa, appartient à cette lignée rare de titres qui semblent naître directement d’une plaie encore ouverte. Rien de décoratif ici, rien de nostalgique en surface : le morceau réactive le grunge non pas comme un pastiche, mais comme une nécessité vitale. Un besoin primal de remettre du son là où les mots ne suffisent plus.
Reetoxa puise dans son histoire personnelle, dans les éclats d’un mariage qui se délite, dans ces disputes où l’on croit parler d’un sujet et où, en réalité, on se heurte à deux maladies méconnues — deux volcans intérieurs ignorés, deux psychés au bord de l’implosion. Ce n’est pas une chanson sur la rupture, mais sur la découverte soudaine que l’amour ne protège pas de tout, et que certains drames se jouent en souterrain, dans l’invisible. L’artiste transforme ce vécu en une tempête sonore d’une honnêteté glaçante.
Musicalement, BPD Vs Bipolar retrouve cette rugosité que le rock avait presque oubliée : guitares râpeuses, tension permanente, voix qui gronde puis se brise, comme un front orageux qui chercherait une issue. L’esprit grunge est bien là — pas l’esthétique figée d’un musée, mais une manière de respirer, de frapper, de dire le vrai. Ceux qui ont connu la vague originelle y retrouveront une familiarité bouleversante ; ceux qui la découvrent entendront un rock qui refuse l’ironie, qui préfère le nerf et le cœur.
Mais ce qui fait la singularité du morceau tient dans le regard qu’il porte sur la maladie mentale. Reetoxa réussit ce que peu osent : transformer la confusion, la violence émotionnelle, la perte de repères en une narration sonore d’une beauté brute. Le morceau ne romantise rien ; il expose, il dévoile, il montre ce qui se passe dedans quand tout implose dehors.
BPD Vs Bipolar est aussi un acte de renaissance. Après des années d’éloignement de la musique, la rupture devient catalyseur — une chute qui ouvre une porte, un désastre qui réveille la création. On sent dans chaque riff, chaque ligne vocale, cette urgence de quelqu’un qui revient à son art parce que c’est la seule manière de rester entier.
Reetoxa livre un single puissant, authentique, incandescent. Un morceau qui griffe, qui émeut, qui dérange — et qui rappelle que le grunge, lorsqu’il jaillit d’une vérité intime, n’a jamais cessé d’être actuel.
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décembre 12, 2025“Corners fracture l’air comme un cri géométrique, un rock qui refuse la ligne droite et se nourrit des zones où la lumière hésite à entrer.”
Il y a des groupes qui avancent au centre de la pièce, pleine lumière, fiers de leur cohérence. Et puis il y a The Jupiter Effect, qui préfère les recoins — les angles où les sons résonnent différemment, où les émotions se bousculent en heurtant les murs. Corners porte bien son nom : un morceau qui semble rebondir contre les parois, repartir plus fort à chaque impact, une sorte d’émeute contrôlée dans un espace trop étroit pour contenir son énergie.
Dès l’ouverture, une guitare charbonneuse dégringole comme un escalier métallique qu’on descend trop vite. Le son a cette gravité stoner, épaisse, presque terreuse, mais aussi une précision qui rappelle l’alternative moderne, et surtout cette nervosité métallique qui découpe l’air par vagues. La batterie, massive, joue comme si elle cherchait à ouvrir une brèche dans le plafond. On sent la sueur, la poussière, la vibration d’un groupe qui ne triche pas : tout est authentiquement brut, mais jamais brouillon.
Et au milieu de ce cyclone, il y a la voix de Pique, mi-distordue, mi-incendiaire, capable d’un glissement presque psychédélique avant de revenir mordre la rythmique. Il chante les excès, l’étouffement, les prisons intérieures, mais avec ce timbre qui sait faire passer une lueur derrière chaque coup de massue. On dirait un conteur perdu dans un trip acide, mais parfaitement conscient de l’histoire qu’il raconte.
Corners n’est pas seulement un morceau : c’est une collision volontaire entre douceur malmenée et violence sculptée. On y retrouve les fulgurances du rock progressif, les torsions du stoner, les jeux d’ombre hérités des psychédélismes 60’s, mais sublimés par une écriture contemporaine qui refuse de se laisser dompter. Le morceau semble constamment chercher un passage secret, une sortie possible de ce labyrinthe de riffs coupants — et quand il croit l’avoir trouvée, il repart de plus belle, comme si l’errance faisait partie de sa nature profonde.
Ce qui touche, au-delà du fracas, c’est la quête. The Jupiter Effect sonne comme un groupe en recherche permanente : d’une vibration juste, d’un équilibre précaire entre le chaos et la forme, d’une vérité émotionnelle qui n’arrive que lorsqu’on accepte de perdre ses repères. Leur musique n’illustre pas la liberté : elle la réclame, elle la mord, elle la provoque.
Corners est un morceau qui griffe, secoue, questionne — mais surtout, il vit. Et c’est ce qui en fait un rock aussi nécessaire que dangereux.
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décembre 12, 2025“Gravedigger déploie une force tellurique qui creuse en nous là où l’on n’avait jamais osé regarder, et transforme l’obscurité intime en déflagration rock.”
Il y a dans Gravedigger la sensation étrange de pénétrer dans une pièce où l’air n’a pas encore été renouvelé, un espace où quelqu’un a laissé traîner ses peurs, ses cris étouffés, ses silhouettes mal digérées. Tim Gambles ne raconte pas une histoire : il l’érode, la gratte, l’arrache morceau par morceau comme on retirerait la terre d’un fossé creusé trop tôt. Le rock alternatif aime généralement les métaphores faciles sur les ténèbres ; ici, il ne s’agit plus d’ombres symboliques mais d’une chair vive qui se contracte sous les musiques saturées, d’une noirceur qui ne demande qu’à prendre forme.
Ce qui frappe d’abord, c’est cette voix : pas une performance, mais un organisme vivant, trempé dans la rouille et la pluie, avec ce quelque chose de félin et blessé qui rappelle les chanteurs capables de tout avouer en une seule expiration. Gambles ne cherche pas à séduire ; il cherche à survivre. Et cette urgence se ressent dans la manière dont les guitares se déploient, larges, abrasives, évoquant les falaises industrielles où il a façonné son esthétique entre les paysages naturels de Tasmanie et les failles métalliques de son présent britannique.
La chanson avance par strates, comme une descente progressive dans un puits d’émotions mal rangées. Les riffs frappent comme des coups de pelle, les percussions trébuchent volontairement, et l’ensemble ressemble à une bataille qui n’oppose personne sinon soi-même. Gravedigger parle des relations toxiques, bien sûr, mais sans jamais céder au cliché : il évoque ce moment où quelqu’un vous découvre à terre et préfère s’asseoir sur votre poitrine plutôt que de vous tendre la main. Et dans ce geste, Gambles trouve une matière brûlante, une vérité que le rock avait un peu oubliée : la violence intime n’a rien de spectaculaire ; elle est lente, méthodique, presque tendre parfois.
Le morceau s’épanouit dans une tension permanente, une course où l’on sait que rien ne s’arrangera mais où l’on continue malgré tout, parce que c’est ainsi que se vit la musique quand elle ressemble trop à la vie. On perçoit aussi, sous les couches de saturation, une sorte de lumière sale, l’écho d’une possible rédemption, mais jamais totalement saisissable. Comme si Gambles nous invitait à accepter que certaines parts de nous ne seront jamais sauvées, mais qu’elles méritent malgré tout d’être chantées.
Gravedigger, au fond, n’est pas un single : c’est une excavation émotionnelle. Une manière d’entendre résonner ce qu’on a longtemps étouffé. Et Tim Gambles, avec cette sincérité brute qui le rend impossible à oublier, prouve qu’il est l’un de ces artistes capables de transformer le chaos en un morceau de rock incandescent.
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décembre 12, 2025« Avec 6’s to 7’s, Ava Renn transforme la tentation en électricité brute, un cri qui serpente entr
e fièvre, lucidité et désir de dépassement. »
Il y a des morceaux qui naissent dans un éclair, d’autres dans une fissure. 6’s to 7’s appartient à cette seconde catégorie : une faille ouverte dans le désert texan, à la lueur d’un feu, quand un simple titre griffonné sur un carnet déclenche une plongée dans les zones obscures de l’esprit. Ava Renn raconte que le mot venu spontanément fut “greed” — la voracité, l’envie qui déborde, la pulsion qui dévore. Et tout le morceau porte cette fièvre.
Dès l’intro, sombre et sinueuse, on entend la guitare creuser un couloir de tension, un espace où les mots pourront frapper sans détour. La voix d’Ava, rugueuse mais précise, s’avance comme une lame encore chaude. Elle raconte ce moment où l’on veut plus, toujours plus, jusqu’à se heurter à ses propres limites — un thème qui, entre les mains d’une autre, deviendrait moral, mais qui chez elle prend la forme d’une confession sauvage.
Le morceau devient alors une montée en puissance, un rocker lourd et charbonneux qui exhale le parfum du West Texas : poussière, chaleur, ciel immense. Le côté “alternative rock” sert ici de terre fertile à un langage plus viscéral, nourri de personnages, de visions, de phrases qui mordent. Chaque riff ressemble à un pas de plus vers la ligne rouge, chaque break à un rappel que l’avidité peut être aussi un moteur qu’un poison.
On retrouve dans 6’s to 7’s l’énergie qui traverse l’album Lightning Child : un mélange de brutalité contenue et de poésie coupante, un refus total de la tiédeur. On pense à PJ Harvey, aux héroïnes rock qui savent lier le narratif et l’instinct, le danger et le désir. Ava Renn ne s’excuse jamais d’être intense — c’est au contraire ce qui donne cette densité, cette précision émotionnelle.
6’s to 7’s est un track qui avance sans détour, une bête née de la poussière et de l’obsession. Un morceau qui prouve qu’Ava Renn n’écrit pas seulement des chansons : elle déterre des vérités.
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décembre 12, 2025« Avec Santa Cruz (Memory Blues), Blue Tomorrows transforme la nostalgie en mirage ondulant, une chanson qui flotte à la lisière du rêve et du réel. »
Santa Cruz (Memory Blues) s’ouvre comme une carte postale retrouvée dans un vieux carnet, froissée mais encore lumineuse. Sarah Nienaber, sous son alias Blue Tomorrows, tisse un fil entre les paysages intérieurs et les paysages traversés : Portland, le Wisconsin, Santa Cruz, les routes, les saisons — tout se dissout dans une esthétique où l’électronique et l’acoustique se répondent comme des vagues jumelles.
La chanson avance par strates, telle une brume chaude. Les strums de guitare scintillent comme des éclats de soleil sur l’eau, tandis que les synthés profonds déroulent un horizon plus vaste, presque cosmique. Les voix, traitées avec ces effets vocaux chaleureux devenus la signature de ce nouveau chapitre du projet, semblent flotter à quelques centimètres du sol — mi-humaines, mi-éthérées, comme si elles étaient elles aussi passées à travers un vieux magnétophone qui en aurait poli les bords.
Il y a dans Santa Cruz (Memory Blues) un sentiment d’errance paisible, celui qui traverse les Dream Pop les plus enveloppantes : on avance, mais sans urgence. Chaque son ouvre une porte vers un souvenir recomposé, un lieu où l’on n’est jamais vraiment certain d’avoir été mais que l’on reconnaît instinctivement. C’est le blues des souvenirs, pas dans la tristesse, mais dans cette douceur qui ne peut exister qu’après les années.
Le morceau agit comme un prélude au nouvel album Weather Forever, dont il expose le cœur : la fusion patiente des machines trouvées, des pianos fatigués, des bandes magnétiques capricieuses, des lieux qui imprègnent la musique jusqu’à lui donner couleur et respiration. On y ressent les étés confinés, les hivers réverbérés, les pièces trop petites et les horizons soudain immenses.
Santa Cruz (Memory Blues) est une sensation, une lumière d’hiver posée sur la mer, un rêve éveillé qui nous rappelle que la mémoire n’est jamais fixe — elle danse, elle chavire, elle nous échappe pour mieux revenir.
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décembre 12, 2025« Avec La Vague, Gros Coeur érige un océan sonore où chaque courant ouvre un nouveau monde, entre douceur hallucinée et tempête prête à tout renverser. »
Il suffit de ce riff de basse motorique, acéré comme une dent de requin, pour comprendre que La Vague n’est pas une simple chanson : c’est une traversée. Gros Coeur y déploie un voyage maritime sous psychotropes, un mouvement continu qui s’étire, se transforme, revient sur lui-même, comme si les instruments respiraient avec le flux et le reflux d’une mer sauvage. Le morceau, le plus long du groupe à ce jour, s’écoute comme on suit une ligne d’horizon qui ne tient jamais en place.
La basse avance, obstinée, en guise de gouvernail. La guitare, saturée juste ce qu’il faut, mord l’air et déchire la surface, tandis que la batterie pulse comme un train d’ondes prêt à soulever la coque. On devine dans cette structure mouvante la naissance même du concept de Vague Scélérate, l’album dont le single annonce le chaos délicieusement orchestré. Tout ici est liquide, glissant, transformable — un paysage sonore qui se plisse et se tord comme un rêve fiévreux.
Le texte, inspiré par la musique elle-même, fonctionne comme un miroir d’eau renversé : paroles aquatiques, visions tremblantes, invitation à dériver jusqu’à perdre le nord. Gros Coeur joue avec l’instabilité, avec les virages inattendus, mais jamais gratuitement : chaque rupture est rattachée à la précédente, chaque détour fait partie d’une grande dérive narrative où l’auditeur est libre de rêver… avant de couler.
Cette errance possède quelque chose de profondément charnel. On sent le groupe penser la musique comme une matière brute, comme une étendue d’écume à sculpter jusqu’à l’épuisement. Et dans ce sillage, La Vague devient plus qu’un single : un manifeste artistique, une preuve que Gros Coeur maîtrise l’art de la démesure contrôlée.
À la fin, quand la mer se referme, il ne reste qu’une sensation : celle d’avoir été englouti — volontiers, joyeusement — par un groupe qui, décidément, n’a pas peur d’aller loin.
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décembre 12, 2025« Sierra Levesque propulse Run Rudolph Run dans une nouvelle ère, plus électrique, plus vive, où l’esprit de Noël court à toute allure sur un solo incandescent. »
Dès les premières mesures, Sierra Levesque embrase cette reprise comme si elle rallumait le moteur d’une légende. Run Rudolph Run n’est plus seulement un standard facétieux des fêtes : sous ses doigts, il devient une chevauchée rock qui respire la liberté, la vitesse, la fougue adolescente qu’on croyait perdue. Il y a dans sa version une fraîcheur de neige neuve, mais chauffée par l’adrénaline du riff.
Sierra, reconnue comme l’une des figures montantes du rock new gen, ne tombe jamais dans le pastiche. Elle respecte l’héritage de Chuck Berry, mais elle l’habite différemment : voix assurée, grain clair et puissant, guitare qui taille des étincelles à chaque détour. On sent son amour des riffs classiques, mais aussi l’influence pop et metal qui colore discrètement son énergie. Elle joue avec la vitesse comme d’autres avec la lumière, et la chanson devient un sprint festif, un run lancé à pleine puissance sur une route de décembre.
Dans cette relecture, ce n’est plus seulement Rudolph qui court : c’est tout un imaginaire rock qui se remet en mouvement. La batterie martèle un rythme qui évoque les routes verglacées et les nuits trop courtes, tandis que la guitare trace une silhouette brillante derrière le traîneau. La fête y est plus brute, plus réelle, presque rebelle. Noël y retrouve une dimension garage, électrique, loin des sucreries traditionnelles.
Ce qui frappe surtout, c’est la sincérité. Sierra joue comme on respire — avec urgence, avec joie, avec cette intensité des artistes qui veulent prouver que le rock n’est pas un souvenir, mais une promesse. Sa reprise n’est pas une décoration de saison : c’est un manifeste. Une preuve que les classiques continuent d’avancer quand on ose les réinventer.
Run Rudolph Run, dans les mains de Sierra Levesque, devient un hymne qui rallume la mèche du rock pour une nouvelle génération. Une course folle, lumineuse, parfaitement taillée pour vos playlists de Noël.
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décembre 12, 2025« Une chanson qui remet du ciel dans les épaules, comme si l’on retrouvait enfin la permission de brûler sans témoin. »
Je ne sais pas exactement à quel moment Étoile filante a décidé de me dévisser la nuque pour me forcer à lever les yeux, mais j’ai senti ce frisson particulier, celui qui trahit une chanson née d’un vertige plus intime que les autres. Pas une urgence spectaculaire, plutôt un mouvement intérieur, un glissement subtil : l’impression de s’extraire d’un monde où tout doit être prouvé pour exister. Le morceau de Naghmeh se vit comme un antidote à cette tyrannie de la visibilité, un rappel que l’intensité ne demande ni flash, ni témoin, ni capture d’écran pour être vraie.
Son rock, lui, se déploie avec une élégance féroce. Dès les premières secondes, j’ai senti l’électricité couler comme une liane vivante entre la guitare de Naghmeh et mon propre système nerveux. On reconnaît ces artistes qui jouent encore pour sauver quelque chose — d’elles-mêmes, du monde, on ne sait plus. Les frappes de Rebecca Field avancent avec un aplomb presque cinématographique, comme si chaque coup devait rappeler qu’un cœur continue de battre même dans un océan de notifications. Daniela Rivera sculpte une ligne de basse qui respire en contrebande, discrète mais vitale, une sorte de colonne vertébrale nocturne qui maintient le morceau dans sa pulsation organique.
Ce qui me fascine le plus, pourtant, ce n’est pas l’énergie rock en elle-même, mais la façon dont Naghmeh fabrique du sens avec ses virages sonores. Quand le morceau bascule à 3:22, j’ai eu la sensation très nette de tomber dans une autre pièce de la même âme. Le vibraphone de Kevin Britten fait scintiller la pénombre comme un verre abandonné sur un comptoir tardif, tandis que la clarinette d’Arthur Pascau Smith semble ouvrir des fenêtres dans le plafond. Tout devient plus flottant, plus rêveur, presque liturgique. Le rock se dilate, devient vapeur, devient souffle. Et pourtant, l’impulsion initiale — cette volonté de parler du monde qui nous étouffe — reste là, tapie dans chaque recoin du mix.
Naghmeh réussit cette chose rare : transformer un sujet lourd (l’injonction permanente à prouver son existence) en geste de pure grâce. Elle ne dénonce pas, elle dévie. Elle ne hurle pas, elle scintille. Une étoile filante n’argumente pas ; elle brûle puis trace. C’est exactement ce que fait cette chanson.
Il m’est difficile de ne pas penser que ce morceau dit quelque chose de plus vaste sur elle — son histoire d’exil, de langues multiples, de frontières qu’elle traverse comme on traverse un couloir. Dans sa voix, dans son jeu, dans cette fragilité qui n’en est pas vraiment une, j’entends quelqu’un qui a compris que la liberté n’a pas besoin d’être applaudie pour être vraie.
Étoile filante laisse une trace, mais seulement si vous choisissez de regarder au bon moment. Et c’est ça, la beauté : la chanson ne vous court pas après. Elle passe. Elle vous frôle. À vous de décider si vous voulez lever les yeux.
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décembre 12, 2025« Une expérience où le rock devient une force centrifuge, un vertige joyeux, un dérapage esthétique assumé. »
Il y a des EP qui arrivent dans votre vie comme des météores : trop rapides, trop chauds, trop excentriques pour qu’on les saisisse du premier coup. Everytime de Riffindots fait partie de ceux-là, de ces titres qui vous donnent l’impression d’être embarqué dans un vieux manège à moitié démonté, quelque part entre un carnaval perdu dans le Maine et un parc d’attraction psyché au cœur du Pays basque. Britta Pejic, toujours en funambule sonore, y convoque un chaos minutieusement orchestral, un tumulte aussi contrôlé qu’un looping construit par un ingénieur insomniaque.
À chaque rotation, les guitares semblent dégouliner d’un baril de solvants industriels, leurs cordes métalliques frappant comme des couvercles de poubelle chauffés à blanc. Les basses roulent, gargouillent, entraînent tout dans une vibration profonde qui remonte dans les mollets. On pense aux lendemains de fête où les oreilles continuent de bourdonner, aux descentes abruptes d’un wagon lancé trop vite, à la volupté d’avoir peur pour de faux. Pejic chante comme si elle retenait son souffle entre deux secousses, comme si le morceau devait vraiment basculer à chaque mesure.
Et puis arrive ce solo de synthé, improbable, presque comique tant il surgit comme un cri fluorescent à travers la fumée. On dirait un clin d’œil aux dernières minutes débridées de Who’s Next, un écho à ces élans rock où l’on se dit que rien ne tient debout mais que tout fonctionne par pure magie. Everytime est précisément cela : un morceau qui triomphe des lois de la pesanteur par pur culot.
Forced Perspectives, de son côté, resserre l’image, écrase les lignes, transforme la course folle en laboratoire géométrique. Ici, Pejic découpe le monde à l’aide de riffs diagonaux, de coups de batterie qui ressemblent à des photos prises au flash en pleine nuit. Le morceau est plus court, plus acéré, presque nerveusement scientifique dans sa manière de réorganiser le chaos du premier titre. Comme si, après la chute libre, on reprenait conscience dans une pièce blanche, encore tremblant, encore vibrant.
Réunis, les deux titres dessinent une fresque miniature : la fête et l’après-fête, le délire et la récupération, le vertige et la réécriture de ce vertige. On sent une artiste qui sculpte ses chansons comme des objets trouvés, qui les envoie par tube pneumatique dans une autre vie, pour qu’un ingénieur ami les polit à distance. Cette méthode presque mythologique s’inscrit dans la texture même du diptyque : anarchique mais précis, déformé mais limpide dans son intention.
Avec Everytime / Forced Perspectives, Riffindots offre un point de fuite, une mini-épopée où le rock retrouve son caractère incandescent, borderline, délicieusement artisanal. Et quelque part, au milieu de ces secousses, on se sent vivant.
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décembre 12, 2025« Un disque qui ne triche jamais, qui nous parle sans maquillage : un cœur battant enregistré en temps réel. »
Avec Shadowland, Erro ne signe pas un simple second album : elle ouvre une cartographie émotionnelle, une sorte de carte nocturne où les reliefs seraient faits de grooves analogiques, de voix que rien ne retouche, et de mélodies qui frôlent la peau avec la précision d’un souvenir. Strawberry Moon avait déjà mis en lumière cette esthétique organique, ce refus de l’artifice, cette manière de laisser le grain de l’âme précéder le grain du micro. Ici, Nikki Stagel et son collectif élargissent la géométrie : l’ombre n’est plus un décor, c’est un langage.
L’album s’ouvre avec Shadowland, titre-monde, titre-manifeste. Mélodie ample, tension maîtrisée, voix fragile mais ancrée. C’est un morceau qui avance comme quelqu’un qui a appris à ne pas avoir peur de regarder ses propres fissures. Les harmonies s’empilent comme des stèles lumineuses, la production reste volontairement poreuse — et cette porosité est sa force : on entend les mouvements internes, les hésitations, le souffle qui hésite avant de dire la vérité.
Honey Bear Lane renoue avec une douceur trompeuse : une basse qui groove en souterrain, des guitares floridiennes à la Pink Floyd, et une écriture qui fait danser les ténèbres. C’est un morceau qui marche dans la ville au crépuscule, avec l’élégance de quelqu’un qui refuse de céder à la gravité. Sous son vernis solaire, il y a un trouble délicieux : une promesse de beauté qui ne demande rien en retour.
The Watcher marque une rupture de ton, une plongée plus théâtrale, presque mystique. Un piano qui parle mieux que des mots, des cuivres qui surgissent comme des éclats d’un rêve ancien, un refrain taillé pour être murmuré à plusieurs. On sent la présence du collectif ici — TK Mundok, Aparna Nair, Missy Chretien — des voix qui élargissent l’espace émotionnel, qui donnent au morceau son ampleur chorale. C’est l’un des sommets du disque : un moment de suspension totale.
Avec JMS, Erro revient au geste guitaristique pur, celui qui évoque les premiers émois d’un John Mayer avant les stades. La chanson respire l’innocence désarmée, les solos sont ciselés dans une lumière bleutée. C’est un morceau de route, de nuit, de virage émotionnel. Un morceau qui se fout du clinquant et s’en remet au nerf, à la sincérité brute des cordes.
Walls est la section la plus introspective du disque : une architecture de regrets qu’on démolit pierre par pierre. Le morceau regarde les limites qu’on se construit soi-même, puis les traverse. Guitares granuleuses, pulsation contenue, voix qui vacille sans tomber. Une confession qui ne cherche pas l’absolution, juste le geste d’avancer.
Avec Dragonfly, le disque prend son envol. C’est un morceau plus onirique, presque spectral, où les couches instrumentales flottent en suspension. Une libellule, c’est un insecte qui change de direction en un battement : la chanson fait pareil, virevoltant entre douceur et tension. Un moment d’éclat silencieux.
Words About Life est peut-être la pièce la plus vulnérable de l’album. Une folk moderne qui ne s’excuse jamais de ressentir trop fort. Les harmonies s’ouvrent comme une brûlure douce, la production laisse tout l’espace nécessaire pour que chaque mot s’épanouisse. Une chanson-frontière entre la poésie et l’aveu.
The Hollow introduit une profondeur nouvelle : un creux existentiel, une cavité intime où résonnent basse, batterie et un sentiment d’absence qui prend forme. Rien de pesant pourtant : Erro compose ici avec le vide comme un sculpteur avec le marbre.
Enfin, Over Me referme Shadowland comme une porte qu’on laisse entrouverte. Une montée lumineuse, presque redemptive. C’est le morceau le plus proche de la paix — mais une paix fragile, consciente, gagnée à la force de l’honnêteté.
Au final, Shadowland est un album qui refuse l’artifice, qui respire, qui vit. Un disque fait de prises uniques, de gestes irrattrapables, de vérité nue. Un disque qui remet de l’humain dans une pop trop souvent stérilisée. Un disque qui écoute autant qu’il parle.
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décembre 12, 2025« Une ritournelle qui bascule, un sourire qui se fissure, et soudain la pop s’ouvre comme une porte vers un ailleurs impossible. »
Avec I Know Not, Sean MacLeod prouve qu’il existe encore des artistes capables d’empoigner la pop par la racine pour la faire pousser de travers, délicieusement, volontairement. Loin de l’image tranquille de Scarriff dont il vient, MacLeod façonne ici une pièce singulière, presque mutante, où son héritage — des années Cisco à ses expérimentations d’aujourd’hui — prend une tournure résolument cosmique. Cinquième album en vue (That’s When the Earth Becomes a Star), et déjà ce single agit comme un phare : une lumière étrange, mouvante, qui attire pour mieux déstabiliser.
La première sensation, c’est ce parfum rétro qui flotte comme un souvenir filtré : un écho de 50’s doo-wop et de Phil Spector, un mur de sons miniaturisé à échelle lo-fi, bricolé dans une chambre irlandaise avec du matériel minimal. Mais quelque chose cloche — volontairement. Sean glisse dans la structure familière un vertige inattendu : microtonalités qui dérivent, harmonies qui semblent se décaler d’un millimètre, comme si la pop avait bu un peu trop d’encens oriental. Il y a du 70s punk dans la rugosité, du psychédélisme 60s dans la dérive, et une touche presque rituelle dans l’usage initial des lyres, ensuite transposées sur des percussions retunées à la main. Une méthode archaïque, artisanale, presque médiévale, pour un résultat d’une modernité déroutante.
Le morceau devient alors un terrain mouvant : un refrain irrésistiblement mélodique — presque trop beau pour être vrai — que des couplets déstabilisés viennent fissurer. C’est la collision entre commercial pop et exploration bruitiste, entre ce que l’oreille attend et ce que l’artiste choisit de lui refuser. I Know Not n’est pas une provocation, mais une proposition : et si la pop avait encore le droit d’être bizarre ? d’être décentrée ? d’être traversée par l’esprit de l’expérimentation sans perdre sa chaleur ?
Ce qui touche, finalement, c’est cette honnêteté lo-fi. Sean MacLeod n’enrobe rien : sa voix se permet la dissonance, les textures gardent la rugosité du home-studio, et pourtant l’ensemble dégage une cohérence presque hypnotique. On entend un musicien qui n’a rien perdu de son sens de la mélodie, mais qui refuse désormais de choisir entre accessibilité et audace.
I Know Not ressemble à un rêve pop qui aurait glissé d’un cran, un rêve où l’on danse sur un sol légèrement incliné, où l’harmonie devient une question, pas une réponse.Un single qui fait vaciller, sourire, réfléchir — et surtout, qui rappelle qu’un artiste n’est vivant que lorsqu’il ose.
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décembre 11, 2025« Une gifle pop-rock irrésistible, taillée pour danser, rire jaune et libérer toute la frustration qu’on accumule en silence. »
Il existe des chansons qui ne cherchent pas à plaire : elles cherchent à exister, à rétablir une vérité que personne n’osait formuler à voix haute. Insta Life Donna, nouveau single de Reetoxa exhumé du premier album Pines Salad, appartient à cette catégorie rare — celle des morceaux qui prennent feu parce qu’ils ont été écrits sous pression, au contact direct de la vie réelle, de ses intrusions, de ses maladresses, de ses blessures involontaires.
Reetoxa signe ici un titre moderne, nerveux, intensément alternatif, nourri de ce rock indie qui ne tient jamais en place. Une basse rebondit comme un cœur qui cogne trop vite, les guitares claquent comme des portes qu’on s’obstine à refermer, et les synthés injectent une dose sucrée-acide qui donne au morceau son goût signature : une colère lumineuse, dansante, paradoxalement euphorisante.
Car derrière l’énergie dévorante du titre se cache une histoire bien plus terre-à-terre : un membre de la famille fraîchement marié, soudain converti en coach sentimental non sollicité, tentant d’insinuer la discorde dans la relation de la sœur de son partenaire. De quoi déclencher une chanson aussi spontanée qu’explosive, née du besoin de transformer l’ingérence en musique, et l’agacement en hymne libérateur.Là où d’autres auraient juste maugréé, Reetoxa a préféré composer l’un des titres les plus addictifs de Pines Salad.
Insta Life Donna frappe par son efficacité immédiate : un refrain taillé pour être crié au volant, une pulsation qui attrape le corps avant même que la tête n’ait compris ce qui se passe, et une tension électrique qui court sous chaque mesure. Ce n’est pas seulement un morceau fait pour danser : c’est une soupape — un exutoire calibré pour toutes celles et ceux qui en ont assez des conseils toxiques, des intrusions masquées en bienveillance et des “je sais mieux que toi” qu’on balaie d’un mouvement d’épaule.
Ce qui rend le titre réellement unique, c’est ce mélange de fun et de fureur : une joie presque insolente, un humour implicite, une manière désinvolte de brandir ses frustrations comme un étendard. Reetoxa y montre une capacité rare à transformer une situation intime en énergie universelle, à faire d’un irritant familial un tube qui reste en tête, qu’on s’approprie, qu’on renvoie au monde comme un clin d’œil mi-amusé, mi-exaspéré.
Avec ses synthés bien calibrés, ses drums qui martèlent comme un cœur excédé mais vivant, ses guitares denses et sa basse grondante, Insta Life Donna se place sans effort dans cette nouvelle vague alternative où le rock est redevenu un espace de défoulement collectif. Un vrai titre coup de poing, mais qui vous attrape en riant.
Un morceau pour danser, hurler, expulser.Un morceau pour ne plus laisser personne écrire votre vie à votre place.
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décembre 11, 2025« Un EP qui ressemble à une chambre noire où chaque morceau allume une nouvelle lampe : parfois crue, parfois tendre, toujours habitée. »
À 52 ans, Harry Bertora n’a plus rien à prouver, et pourtant, Closer sonne comme un nouveau départ, une mue, un geste de sincérité rare dans un paysage saturé de nostalgies en carton. Ici, la synthwave n’est pas un décor, mais un territoire intime, nourri de trente ans de création, d’heures perdues dans les machines, de rêves 80’s qui continuent de vibrer dans ses doigts de guitariste. On entend David Gilmour planer au-dessus des nappes, Jeff Beck dans les angles plus rugueux, Jan Hammer dans l’électricité romantique qui se tisse entre les notes. Mais Closer est surtout un carnet de bord : celui d’un musicien qui rassemble ses influences pour écrire une nouvelle proposition, plus personnelle, plus organique, plus incarnée.
L’EP, composé de trois titres, avance comme un petit film nocturne où la lumière change à chaque plan. Et chaque piste raconte une facette différente de ce « rapprochement » annoncé par le titre : rapprochement de soi, des autres, ou peut-être juste du point où la musique devient vérité.
Voici comment les trois chapitres se déploient :
Saints and Sinners C’est l’ouverture idéale : une silhouette rythmique avance comme un pas décidé sur l’asphalte, entre pulsation synthwave et éclats de guitare qui scintillent comme des gyrophares lointains. On entend Harry Bertora renouer avec son amour des textures 80’s, mais sans jamais tomber dans le pastiche : ici, tout respire, tout vit. La ligne mélodique s’avance avec une douceur presque fragile et nostalgique, comme si elle cherchait à prendre la main de l’auditeur. Saints and Sinners évoque ces zones grises où chacun navigue : nos vertus, nos manquements, tout ce qui fait de nous des êtres en équilibre. La production, ample mais maîtrisée, a ce parfum de paysages nocturnes traversés en voiture, les néons comme seules balises. Une entrée en matière qui installe l’esthétique et promet une plongée plus profonde.
Hurt (Cover) Choisir de reprendre « Hurt » (version Johnny Cash) est un pari dangereux : trop connue, trop chargée, trop mythique. Mais Bertora ne cherche ni l’imitation, ni la transgression. Il cherche l’émotion juste. Et il la trouve. Sa version est un murmure électronique, une confession tenue dans un souffle synthétique, où chaque note semble retenue avant d’être relâchée. La guitare devient une balafre lumineuse, fine mais brûlante. Les nappes électroniques, elles, enveloppent la mélodie comme un cocon glacé, un écrin futuriste pour une douleur intemporelle. Là où Cash faisait trembler l’os, Bertora explore la cicatrice : comment elle s’illumine encore, comment elle pulse sous la peau. Le morceau gagne en dimension cinématographique, évoquant la synthwave la plus émotionnelle — FM Attack dans le romantisme, Jan Hammer dans le déchirement contenu. C’est bien plus qu’une reprise : c’est un déplacement du mythe dans une autre atmosphère, un autre langage. Un moment suspendu.
Closer Le titre éponyme referme l’EP comme une porte qui se ferme doucement derrière soi. Ici, Bertora se fait plus direct, plus solaire sans abandonner sa mélancolie fondamentale. Le groove s’installe, souple, structuré, porté par un rythme qui évoque les routes d’été et les crescendos lumineux des années 80. Les synthés forment un horizon ouvert, et la guitare, fidèle compagne, trace des lignes tendres mais affirmées. Closer ressemble à ce vers quoi l’EP tendait depuis le début : un point d’équilibre. Ni tout à fait joyeux, ni vraiment sombre — un entre-deux vibrant où tout semble possible. On y entend un artiste parfaitement maître de son univers, capable d’être à la fois narrateur, architecte sonore et voyageur.
Avec Closer, Harry Bertora signe un EP bref mais dense, un triptyque où chaque titre explore une émotion différente tout en gardant ce fil rouge : la beauté des nuances, l’intimité des paysages intérieurs, la puissance discrète d’un musicien qui n’a jamais cessé d’avancer.
C’est un disque qui ne crie pas ; il respire. Il approche. Il se dévoile lentement.Et, comme souvent avec les œuvres les plus sincères, il reste.
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décembre 11, 2025« Trois titres comme trois portes entrouvertes sur un futur qui n’existe pas encore, mais qu’on entend déjà gronder sous les claviers. »
Jaime’s Tone revient avec A New Life, un EP qui a la simplicité apparente des virages décisifs : un bloc de douze minutes qui raconte la fatigue, la fuite, la renaissance et la célébration silencieuse de ceux qui décident enfin de se choisir eux-mêmes. Derrière ses lunettes noires et son élégance old-school, Jacques — l’artisan caché derrière Jaime’s Tone — continue de jouer avec cette matière si particulière : un mélange inattendu de rock 80’s, d’indie pop robuste et de prog-pop granuleuse, un territoire qui n’appartient qu’à lui.
Ce qui frappe ici, c’est à quel point cet EP semble vouloir conjurer le réel. Comme si les chansons avaient été composées dans une pièce où les murs tremblent encore du poids des journées trop longues, mais où un courant d’air frais ouvre déjà la fenêtre sur un ailleurs.
Voici comment les trois titres prennent vie, chacun à sa manière :
A New Life Le morceau-titre est un arrachement, un souffle retenu trop longtemps qui finit par décider de vivre autrement. Jaime’s Tone y raconte un personnage qui court, qui s’épuise, qui se perd dans la mécanique infernale du travail, avant de sentir enfin le besoin de bifurquer. Les guitares se lèvent en spirales, les synthés s’allument comme des néons de fin de nuit, et l’on entend, dans la façon dont le refrain se déploie, une impatience viscérale : celle de tout recommencer sans demander la permission. Le clip, disponible sur YouTube, renforce cette énergie de rupture calme, presque méditative, qui précède les grands basculements.
Today and Tomorrow C’est le cœur battant de l’EP, le titre où l’on sent le plus la patte progressive de Jaime’s Tone. Plus long, plus circulaire, plus introspectif, il semble constamment osciller entre deux temporalités : l’urgence d’aujourd’hui, la promesse de demain. Les lignes de guitare tracent des ombres géométriques, la basse avance comme une marche intérieure, tandis que des éclats électroniques viennent fissurer l’horizon. On y entend un dialogue silencieux : comment vivre dans un monde qui brûle lentement sans renoncer à la douceur ? Comment avancer quand le chemin change chaque jour ? Le morceau ne répond pas — il accompagne, il enveloppe, il porte.
Celebration Un instrumental court, presque une respiration, mais qui dit tout. Ici, Jaime’s Tone prend le temps de célébrer le mouvement, le simple fait d’être en transition. Pas besoin de mots : les claviers scintillent, les guitares s’épaississent, la batterie retient son souffle avant de repartir. C’est une fête intérieure, timide, presque secrète. Une manière de dire que la joie existe aussi dans les interstices, dans les pas encore hésitants vers une vie nouvelle. C’est le générique de fin d’un épisode où, pour une fois, on a envie de croire que tout est encore possible.
A New Life est un EP modeste dans sa forme mais ambitieux dans ses intentions : transformer le quotidien, l’user par la musique jusqu’à ce qu’il révèle ses fissures lumineuses. Jaime’s Tone continue d’avancer dans son couloir esthétique — ce rock 80’s réactualisé, tour à tour rugueux et tendre — mais cette fois, on sent un tournant. Quelque chose s’ouvre. Quelque chose insiste.
Une nouvelle vie, oui — mais une nouvelle écoute, surtout.
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décembre 5, 2025« Un appel d’oxygène, un lever d’alerte intime où chaque note semble chercher la faille par laquelle la lumière pourrait enfin revenir. »
Il y a, dans Emergency, cette vibration très particulière que seuls les artisans obsessionnels savent encore déclencher : une urgence qui n’est pas tant celle des sirènes que celle des âmes, un précipité d’émotions qui se bousculent dans un morceau construit comme un message envoyé au monde — ou peut-être à soi-même — depuis une frontière invisible. Andy Smythe, avec son sens presque ancestral du songwriting, signe ici un retour à la fois incandescent et profondément contemporain.
Écouter Emergency, c’est entrer dans une tradition que l’Angleterre connaît mieux que personne : celle des conteurs qui posent leur cœur sur la table sans jamais renoncer à l’élégance. On pense à Neil Young pour la manière dont les mélodies s’étirent avec un naturel désarmant, aux Beatles pour ces harmonies qui paraissent flotter comme une vapeur dorée sur une route encore humide, mais aussi à un certain esprit Britpop — pas celui de la nostalgie facile, plutôt celui qui revendique encore la noblesse du craft, du détail, de l’arrangement pensé comme un poème.
Le morceau porte d’ailleurs une densité rare : les guitares électriques se serrent contre la voix comme des arbres refusant de plier face au vent, le piano joue les funambules entre douceur et tension, la basse avance en respiration profonde, presque comme un deuxième narrateur. C’est un titre construit avec une précision presque romanesque : chaque éclat, chaque silence, chaque montée semble raconter ce moment suspendu où l’on comprend que quelque chose doit changer — vraiment, maintenant.
Andy Smythe, fidèle à son ADN d’homme-orchestre, s’empare de la plupart des instruments avec une aisance qui laisse deviner des années de recherche intime, comme si chaque instrument lui servait à explorer une pièce différente de la même maison émotionnelle. Paul Challenger, en renfort à la guitare lead, apporte une pulsation plus âpre, une nervure plus rock, comme une ligne rouge traversant le morceau.
On retrouve dans Emergency la singularité que Shindig Magazine pointait déjà : impossible d’enfermer Smythe dans une case. Son écriture est anglaise par essence, mais elle vibre d’accents transatlantiques, d’échos Dylan, Bowie, ou Verve, de cette façon d’être à la fois maître du temps et en permanence en train de le rattraper. Ce n’est pas une citation de ses influences : c’est une manière de les porter, de les incarner, de les réactiver dans une pop actuelle qui refuse l’aplanissement moderne.
Emergency ouvre ainsi la route vers Quiet Revolution, album annoncé comme un tournant. Et si ce premier extrait en est l’indice, on peut imaginer un disque habité par un souffle ample, un désir de renouer avec la force pure de la chanson, celle qui ne s’excuse pas d’être belle, ambitieuse, mélodique, et politique dans l’intime.
Sur scène, on le sait, Andy Smythe déploie une énergie magnétique : quatre octaves comme une falaise, un piano qui respire, une présence qui réconcilie douceur et intensité. Ses concerts londoniens — dont celui à Blackheath Concert Halls à l’été prochain — promettent de transformer Emergency en un moment suspendu, presque rituel.
Un morceau urgent, oui. Mais urgent dans le sens le plus humain du terme : celui qui rappelle que l’art peut encore nous réveiller, nous recentrer, nous ramener à ce que l’on croyait perdu.
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décembre 5, 2025« Un vertige électrique où le doute devient pulsation, et où chaque guitare semble fouiller les fissures du cœur. »
Il y a dans What Makes You Think cette urgence nerveuse, presque fébrile, que possèdent les morceaux écrits quand la tête sait qu’il faut lâcher prise, mais que le cœur continue de rejouer les mêmes scènes en boucle. RIOT SON, depuis les rues boisées de Boone et les longs silences de sa home-studio life, sculpte un single qui ressemble à une décharge d’électricité statique retournée contre soi. Ça vibre, ça gratte, ça pulse — comme un battement trop lucide pour être rassurant.
Le morceau hérite de tout un pan de la nouvelle vague, celle qui ne souriait pas en soirée mais observait le monde à travers la buée des pensées contradictoires. On entend les ombres mobiles de The Cars, les angles nerveux de The Police, le magnétisme anxieux d’Interpol, les abîmes introspectifs de Joy Division. Puis, par-dessus, RIOT SON pose un chant qui refuse la neutralité : mi-sarcastique, mi-fragile, animé d’un feu discret qui rend chaque parole plus coupante qu’elle en a l’air.
What Makes You Think avance avec une tension calculée : guitares qui s’ouvrent comme des mâchoires, batterie qui pulse comme un pas décidé sur un trottoir nocturne, basses qui ramassent les doutes pour les recracher en lignes sombres et élastiques. Le morceau respire la cinématographie d’un monde qui bascule, d’une relation qui se défait sur des mots qu’on n’ose jamais vraiment dire. RIOT SON y dévoile à la fois sa vulnérabilité et ses défenses, comme si la musique était devenue l’unique endroit encore capable de contenir ses contradictions.
Ce qui frappe, c’est la précision émotionnelle. On sent le parc de Blue Ridge dans l’air du morceau : ces promenades en forêt d’automne où tout change sans prévenir, où les couleurs deviennent un rappel brutal que rien ne reste jamais intact. La voix se déploie dans cet espace-là : tendue, stratifiée, habitée par ces influences hybrides allant de Joey Ramone à Elliott Smith, en passant par Lil Peep — trois façons très différentes de dire qu’un cœur peut briller même quand il saigne un peu.
À mesure que le morceau évolue, la tension devient presque palpable : un crescendo qui ne frime pas, un build-up qui ne cherche pas l’explosion artificielle mais le point d’impact juste, celui qui raconte le pic émotionnel de l’EP à venir. Car RIOT SON ne prétend pas seulement révéler un single : il trace le sommet d’un triptyque, l’instant où tout se condense avant de s’effondrer vers quelque chose de plus nu, plus dépouillé, plus vrai.
RIOT SON, c’est déjà une esthétique : froide mais brûlante, distante mais vulnérable, mélancolique mais décidée. Le genre d’artiste dont les fans forment non pas un public, mais une petite constellation fidèle et silencieuse, prête à reconnaître ses propres fissures dans celles qu’il expose. Et What Makes You Think en est la preuve la plus éclatante : un morceau nerveux, sensible, incandescent — qui transforme le doute en matière sonore et l’indécision en beauté brute.
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décembre 5, 2025« Un journal intime mis en musique comme une sortie de route qui finit par devenir une clarté. »
Les premiers EP ont souvent l’allure d’une promesse. I’ll Be Fine, lui, ressemble à un pacte : celui d’un jeune homme qui a décidé d’arrêter de mentir — aux autres, mais surtout à lui-même. On y entre comme on entrerait dans une chambre en désordre après un orage : guitares encore fumantes, synthés qui retiennent leur souffle, voix nouée mais droite, déterminée à fouiller dans la poussière pour retrouver quelque chose de vrai. Jax Fleming y raconte deux années de vie où tout a vacillé : un groupe dissous, une bande d’amis dispersée, une identité musicale à reconstruire depuis les fondations. Et au bout du chaos, cette phrase placardée sur la pochette comme une bravade à peine tenue : I’ll Be Fine.
Ce disque est une mue. On sent encore, affleurant sous la peau, les brûlures du rock colérique d’Atlas of the Dogs, ce passé où l’on criait pour exister. Mais ici, la tension ne s’exprime plus en coups de semonce ; elle coule dans des mélodies qui tâtonnent, s’étirent, se relèvent. Dès Superficial, morceau d’ouverture, Jax plante le décor : une satire douce-amère des masques que l’on porte pour ne pas décevoir, portée par une ligne de guitare solaire et une interprétation qui marche sur un fil entre ironie et confession. C’est le morceau-manifeste de l’EP : celui où l’artiste assume enfin de ne plus écrire pour plaire, mais pour comprendre.
Le titre éponyme, I’ll Be Fine, frappe par sa sincérité sans ornement. C’est une chanson où le refrain agit comme une incantation que l’on répète pour ne pas sombrer. La production, fine sans être fragile, rappelle cette pop alternative américaine qui aime les paysages ouverts : les guitares respirent, la batterie avance avec ce balancement qui mimerait presque une marche nocturne après un coup dur.
Puis vient Macie, ballade spectrale où les arrangements se resserrent autour d’une voix qui semble parler à quelqu’un qui n’est plus là. Il y a du souvenir, du manque, un geste tendre et un renoncement discret. On entend Cage the Elephant dans l’énergie, mais surtout un Jax plus nu que jamais.
3am constitue le cœur battant du projet : écrite dans cette heure où la lucidité et l’excès se confondent, c’est une chanson qui raconte l’abandon, l’alcool comme faux refuge, l’impression de danser seul dans une salle pleine. Une confession d’une honnêteté presque brutale, qui donne à l’EP son centre de gravité émotionnel.
Avec Twilight, Jax laisse entrer une lumière trouble, ce moment entre chien et loup où l’on croit encore à la consolation. La chanson flotte, douce et un peu bancale, comme si elle cherchait elle aussi son chemin. HiLo, enfin, referme le disque en oscillant entre éclats lumineux et lignes brisées, racontant cette vie qui alterne montagnes russes émotionnelles et petits gestes de survie.
L’ensemble forme un projet aussi cohérent qu’instinctif, porté par une écriture diaristique et une production artisanale mais méticuleuse — Jax y joue presque tout : guitares, synthés, batterie, basse, percussions, voix. Cela s’entend : chaque morceau porte sa respiration, sa texture, ses hésitations magnifiques. I’ll Be Fine n’est pas un disque qui cherche à impressionner. C’est un disque qui cherche à dire vrai. Et c’est précisément ce qui le rend si touchant.
Instagram : https://instagram.com/jaxfleming
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décembre 5, 2025« Un requiem pour la démocratie, écrit comme on allume un feu dans une maison qui s’effondre. »
Il arrive que certaines chansons ne commentent pas leur époque : elles la mettent à nu. The Empire Fell Down, sommet crépusculaire du duo Elderly White Man, ressemble à ce genre de morceau qui n’a plus le luxe de la métaphore. Il avance droit dans le noir, porté par une lucidité qui tranche, une douleur qui brûle encore, et une ambition sonore étonnamment vaste pour un projet façonné en duo, dans un studio portugais qui semble vibrer ici comme un bunker. Le titre dit déjà tout : une chute, un effondrement, un verdict sans appel. Mais la musique, elle, raconte l’après. Ce moment suspendu où l’on se tient dans les ruines, contraint de regarder ce qui s’est brisé et ce que l’on a laissé faire.
Elderly White Man, mystérieux binôme anglo-américano-exilé, atteint avec ce morceau une maturité nouvelle. On y entend une écriture qui a quitté la simple indignation pour entrer dans la tragédie politique. La voix — hantée, usée sans jamais être cynique — semble porter en elle des décennies de désillusions accumulées, comme si elle s’était imprégnée de toute la poussière laissée par la chute d’un empire réel ou symbolique. Une voix qui raconte la démocratie comme on raconte un proche disparu : avec colère, sans illusions, mais avec une forme de fidélité désespérée.
La production, ample et presque cinématographique, s’articule autour de nappes sombres et de guitares qui semblent découper l’air à coups de lames émoussées. Par instants, The Empire Fell Down sonne comme la collision improbable entre une folk post-apocalyptique et une cold wave trop lucide pour encore espérer. Le morceau porte une tension sourde, comme un paysage sonore où le passé tonne encore dans les murs. On distingue même un souffle épique qui rappelle ces musiques écrites pour documenter la fuite d’une civilisation — avec cette nuance essentielle : ici, il n’y a pas de héros, seulement des citoyens qui regardent un pouvoir corrompu se déployer jusqu’à étouffer tout ce qu’il touche.
Ce single annonce un album qui s’annonce comme une chronique d’époque, un geste artistique qui dépasse largement la simple réaction politique. Elderly White Man transforme la musique en outil d’observation : un sismographe branché sur les plaques tectoniques de l’histoire contemporaine. Leur réflexion sur la fragilité démocratique n’a rien d’un slogan : elle a la densité d’une œuvre habitée, façonnée par l’exil, les contradictions occidentales, et cette étrange mélancolie de ceux qui ont connu un monde moins instable — ou ont cru le connaître.
La sortie prochaine en vinyle promet d’ancrer encore davantage ce projet dans une esthétique de témoignage : quelque chose que l’on archive, que l’on garde, parce qu’un jour on voudra comprendre comment tout cela a pu glisser.
Avec The Empire Fell Down, Elderly White Man ne signe pas seulement un morceau : ils tirent une flèche. Une chanson-alarme, une chanson-réflexe, une chanson-nécrologie. Et dans sa noirceur, quelque chose qui ressemble étrangement à la vérité.
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décembre 5, 2025« Un hymne irrévérencieux qui rappelle que la magie des fêtes, c’est parfois juste l’art de rire de nos déceptions. »
Il fallait oser affronter Noël frontalement — ses lumières qui clignotent trop fort, ses injonctions au bonheur, ses attentes fabriquées — et Jamie Alimorad le fait avec un panache presque libérateur. Santa Sucks n’est ni un brûlot cynique ni une bluette festive maquillée en satire : c’est un petit joyau rock-pop à l’humour grinçant, qui transforme l’art de ne pas recevoir ce qu’on espère en une célébration décomplexée. Une revanche douce-amère servie par un artiste qui connaît trop bien les coulisses de la déception… et qui préfère en rire plutôt qu’en pleurer dans un eggnog tiède.
Dès les premières mesures, on sent cette jubilation contagieuse, cette envie de détendre tous les muscles crispés par la fin d’année. Le morceau surgit avec un son de full-band généreux, épais, presque théâtral, un rock-pop effervescent qui aurait parfaitement sa place dans un film culte où les héros s’échappent d’un dîner de famille oppressant. Jamie Alimorad, fidèle à sa sensibilité de songwriter, ne se contente pas de jouer la carte du sarcasme : il y injecte un sens du timing mélodique qui donne à cette complainte festive des allures d’hymne alternatif à chanter en chœur quand les cadeaux ne correspondent à rien.
Et ce chœur, justement, existe bel et bien — littéralement. Alimorad s’est entouré de plus de cinquante proches, amis et membres de sa famille pour former un véritable ensemble vocal improbable qui donne au morceau une chaleur irrésistible. On imagine ces voix mêlées se croiser dans une cuisine bondée, entre un four qui chauffe et des rires nerveux : une petite communauté soudée par l’autodérision, transformant l’échec en célébration. C’est cette dimension humaine, presque artisanale, qui rend Santa Sucks aussi attachant. L’instrumentation galope, les guitares scintillent comme des guirlandes mal accrochées, et la production adopte cette esthétique holiday-pop bien léchée, mais avec un grain rock qui la détourne délicieusement.
Il y a finalement, sous l’humour et les guitares, un geste tendre dans ce morceau : celui d’un artiste qui refuse le vernis obligatoire et propose une fête plus honnête, plus vivante, plus drôle. Une fête où l’on peut dire que Noël nous gonfle un peu… puis lever son verre avec ceux qui nous aiment quand même.
Jamie Alimorad fait ici un pied de nez aux standards de saison, un clin d’œil complice aux désillusionnés de décembre, et signe l’un de ces morceaux qui unissent par la dérision plus sûrement qu’un cadeau bien emballé. Un futur classique officieux des playlists de fêtes pas comme les autres — à écouter de préférence quand la magie commence à se fissurer.
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décembre 5, 2025« Une montée d’adrénaline noire, comme si l’on regardait sa propre tempête en accéléré — et qu’au milieu du vacarme, un point fixe vous murmurait : respire. »
Il y a des morceaux qui arrivent comme un orage, d’autres comme une claque, et puis il y a Chemicals — une secousse intérieure qui ressemble à un trop-plein qui déborde d’un coup. Moon Construction Kit n’écrit pas ici une chanson, mais une fissure. Une brèche intime. Une décompression brutale que seul quelqu’un qui a aimé trop fort, ou souffert trop longtemps, peut traduire avec autant de précision émotionnelle. Cette pulsation goth-pop, ancrée dans une indie-rock tendue comme un nerf, sent la nuit blanche, la surcharge sensorielle, le cerveau qui fait des nœuds jusqu’à imploser.
Dès les premières secondes, le morceau donne l’impression d’un couloir étroit où la lumière vacille. Une rythmique tranchante, presque cardiaque, pousse le paysage sonore en avant comme une course qu’on mène sans souffle. Et au milieu de cette cavalcade sombre, Olivier Cornu — l’unique architecte derrière Moon Construction Kit — plante sa voix comme un projecteur qui n’éclaire jamais tout, qui laisse volontairement des angles morts où chacun peut loger ses propres vertiges. On sent la collision assumée : la nervosité mélodique héritée de Nada Surf, le goût de l’ombre et de la tension qui rappelle The Cure, et cette façon très personnelle de faire respirer le chaos par des arrangements méticuleux, presque obsessionnels.
Ce qui trouble dans Chemicals, c’est cette manière ultra-cinématographique de raconter le moment exact où trop sentir devient douloureux, où l’on rêve d’un anesthésiant mental — non pas pour fuir, mais juste pour survivre au trop-plein. On y devine la lutte d’un esprit saturé, tiraillé entre l’envie d’exploser et le besoin de figer le monde autour de soi. Les guitares s’embrasent, les synthés crépitent, la production ajoute des ombres dans les recoins : ça vibre, ça menace, ça pleure presque. Le morceau fonctionne comme un miroir émotionnel : chacun y projette sa propre overdose intérieure.
Olivier Cornu, en artisan du son, travaille la densité comme d’autres sculptent le silence. Son univers de “power-goth-pop” n’est pas un slogan mais une alchimie : un moteur pop sous une cape noire, un cœur indie-rock enveloppé de brume, un goût prononcé pour les textures qui se superposent jusqu’à créer une sorte de catharsis moderne. On retrouve ses obsessions — l’héritage psyché des Beach Boys, le raffinement mélodique du power-pop, ce soin quasi maniaque apporté aux niveaux, aux aspérités, aux contrastes — mais Chemicals ouvre une nouvelle porte : plus incisive, plus urgente, plus charnelle.
Et c’est ça qui frappe : ce morceau n’est pas construit pour plaire. Il est construit pour libérer. Pour exorciser. Pour donner forme au moment où l’on choisit enfin de couper le flux, de désactiver la tempête. Chemicals est un combat mis en musique, un poids qui trouve enfin un contrepoids.
Moon Construction Kit signe ici son geste le plus affirmé, le plus frontal, le plus vibrant. Une catharsis de trois minutes et demie, sombre et lumineuse à la fois, qui prouve qu’on peut être seul dans son studio et bâtir un monde qui engloutit tout.
Site officiel : https://moonconstructionkit.comInstagram : moon_construction_kit
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décembre 5, 2025« Une décharge électrique de rage lucide, taillée pour réveiller les veines d’un pays qui voudrait que tu restes sage, immobile, silencieux. »
La première écoute de PIGS PIGS donne l’impression d’ouvrir une porte qu’on nous supplie de laisser fermée. Une porte qui grince, tremble et déborde. Et derrière — le réel, brut, sans filtre : l’Angleterre qui étouffe, l’État qui resserre ses mâchoires, les corps qui s’assemblent, se chauffent, se protègent. Two Tonne Machete ne cherchent pas à commenter l’époque : ils la martèlent, la griffent, la transforment en cri collectif. PIGS PIGS est un brûlot punk au sens le plus vital du terme, un accélérateur cardiaque pour celles et ceux qui refusent la résignation.
Le morceau est né au cœur d’une ambiance que tout le monde connaît trop bien : manifestations encerclées, arrestations absurdes, surveillances collées comme une seconde peau. La référence à Clapham Common — ces femmes réduites au silence au moment même où elles pleuraient la violence — n’est pas un clin d’œil, mais une balafre. C’est à partir de ce choc que TTM construisent ce chant de résistance, ce mantra : “Lights, gather, remember, to RUN!”. Une formule qui revient comme une bouffée d’air, un ordre de survie, une fuite nécessaire pour ne pas devenir matière première à statistiques policières.
Musicalement, le groupe joue serré, frappe fort, mais laisse toujours respirer une mélodie vicieuse, presque pop, qui se glisse dans les interstices du chaos. Emily crache ses mots avec une précision jubilatoire : rien ne déborde par accident, tout cogne à l’endroit exact où ça fait mal. Son timbre porte l’empreinte des grandes gueules sacrées du punk contemporain — l’urgence d’Amyl and the Sniffers, la sincérité ruisselante de Mannequin Pussy, la puissance presque évangélique d’IDLES — mais avec une texture plus malicieuse, plus fine, plus chantée que criée. Une voix qui tranche, oui, mais qui caresse aussi entre deux uppercuts.
Ro à la basse construit une ossature qui se traîne comme une menace, une vibration lourde qui évoque une foule qui refuse de reculer. Thibaut plaque un rythme martial, nerveux, inspiré du battement sourd d’un cœur en état d’alerte. Mark, lui, envoie des guitares acérées comme des gyrophares : ça clignote, ça pulse, ça signale danger — mais aussi vie, désir, résistance.
Ce qui est bouleversant dans PIGS PIGS, c’est cette intelligence émotionnelle rare : un morceau qui hurle, mais qui sait exactement pourquoi. Un morceau furieux mais jamais gratuit, incendiaire mais jamais confus. Le punk de Two Tonne Machete porte une fibre politique puissante, mais aussi une précision de compositeurs, une attention aux silences, aux reliefs, à la montée lente avant l’explosion. Cette façon de faire claquer un mot, puis laisser un espace — un espace qui dit mille fois plus que le slogan.
PIGS PIGS n’est pas seulement un titre. C’est une posture. Une invitation. Une menace douce et joyeuse adressée à tous ceux qui rêvent d’un pays sans contestation. C’est une chanson qui te dit : « On ne tiendra pas en place. On ne s’excusera plus. Si tu veux nous faire taire, il faudra courir. »
Et au fond, Two Tonne Machete n’écrivent pas la bande-son d’un mouvement : ils écrivent la promesse d’un retour de flamme.
À écouter fort. À chanter trop fort. À vivre ensemble.
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décembre 5, 2025« Un disque comme un séisme intime où chaque rupture devient un territoire nouveau à habiter. »
On entre dans Faultlines comme on poserait le pied sur un sol qui n’a jamais cessé de trembler. Pisgah — l’alter ego musical de Brittney Jenkins — ne cherche pas à rassurer : elle ouvre des brèches. Elle y plante des mots, des images, des ombres, et laisse la lumière s’y infiltrer avec une lenteur presque sacrée. Le disque n’offre pas un simple récit de survie, mais la cartographie poétique de ce moment où l’on comprend que s’effondrer n’est pas un échec, mais une manière radicale d’habiter pleinement sa propre vie.
Ce deuxième album, enregistré dans l’intimité nue de son home studio londonien et sculpté par le mix d’Austin Duszynski, ressemble à une première fois — une mue définitive, un dévoilement. Pisgah y est telle que les disques rares savent l’être : sans filtre, sans défense, mais architecte de son propre chaos. On entend la voix d’une femme qui retourne sa vie comme une carte du ciel, qui accepte que certaines constellations n’existent plus, et qui trace de nouvelles routes dans l’espace noir.
Dans Cumulonimbus, le morceau qui ouvre la marche, la voix de Pisgah se hisse comme un nuage d’orage qui hésite encore entre la pluie et la révélation. Tout y est suspendu, fragile, chargé. Les guitares y respirent comme un animal blessé, les textures s’élargissent en halos, et le morceau semble posséder son propre climat intérieur. On y sent la fascination de Jenkins pour les photographies de Crewdson : des lieux vides, hantés, mais où quelque chose d’indiciblement humain attend de pouvoir se dire.
Favor, plus resserré, plus fiévreux, explore la dynamique étrange entre ce qu’on accepte de porter et ce qu’on laisse tomber. Il y a une tension douce-amère dans le timbre, une colère retenue, un refus élégant de rejouer les mêmes scènes. La production évoque ces disques américains qui savent transformer les regrets en paysages. On y retrouve Jason Molina en filigrane, comme un fantôme discret qui encouragerait Pisgah à suivre ses intuitions jusqu’au bout.
Avec Bone to Pick, l’album prend un tournant plus abrupt : la guitare grince, la batterie presse, et la voix devient presque incisive. Pisgah chante comme quelqu’un qui a trop longtemps cherché à ménager les autres. On y perçoit une forme de libération nerveuse, une façon d’arracher d’anciens fils, de respirer plus violemment. L’influence de Laura Stevenson se devine dans la clarté mélodique, celle de Chelsea Wolfe dans l’ombre qui rôde derrière.
5ft2, petite bombe émotionnelle, s’empare du corps, de la taille, de la présence physique et symbolique. C’est un morceau qui serre la gorge, parce qu’il parle de se sentir minuscule dans un monde qui exige d’être vaste. Pisgah y chante bas, presque à voix cachée, comme si la confession devait rester entre elle et l’auditeur.
Splintering, splendide déflagration contenue, fait entendre le moment précis où l’on se fracture — pas avec la violence d’un cri, mais avec la précision d’un éclat qui se détache. C’est un morceau sculptural, pensé comme un geste artistique autant qu’un geste musical. On y entend Woodman, Mendieta, la poussière des années et le souffle d’une femme qui refuse de disparaître dans l’ombre de son histoire.
Puis vient Bend to Break, sommet fragile, morceau déjà révélé en single, traversé par cette vérité brutale : il arrive un moment où se plier ne suffit plus. La voix y tremble comme une corde tendue, les arrangements s’y font plus larges, presque océaniques. C’est le morceau qui définit peut-être le mieux la philosophie de Faultlines : accepter l’instant où l’on casse, parce qu’il ouvre sur une reconstruction plus juste.
Avec Out of the Gate, Pisgah accélère, respire différemment, laisse entrer une détermination qu’on ne voyait pas venir. Une sorte de galop intérieur, d’urgence calme. Le morceau est court mais tranchant, comme une décision prise dans la bruine.
Enfin, Song for Jason Molina (Cold Rain) referme l’album comme une lettre qu’on n’avait jamais osé poster. C’est un hommage bouleversant, mais aussi une conversation imaginaire entre deux âmes qui ont appris la vulnérabilité à la dure. Les gouttes de pluie du titre semblent tomber directement sur le cœur.
Faultlines n’est pas un disque de consolation. C’est un disque d’arpenteuse de ruines, de reconstruction lente, de courage discret. Un album hanté, habité, levé contre le vide. Pisgah ne cherche pas le spectaculaire ; elle offre l’essentiel : un espace où la fragilité devient une géographie à explorer.
Un disque à écouter seul, tard, quand tout se tait et que le sol tremble encore un peu.
Instagram : https://www.instagram.com/pisgahmusic/Site officiel : https://pisgahmusic.com
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décembre 4, 2025« Une mue totale, un corps neuf façonné dans la tempête, où chaque son devient une preuve que la renaissance n’est jamais un geste doux. »
Il y a des projets qui arrivent comme des sorties d’autoroute, d’autres comme des confidences. NU CREATURE, lui, débarque comme une créature qu’on n’avait pas vue venir, visage ruisselant d’orage, souffle électrique, regard qui a trop vécu pour encore cligner. On sent tout de suite que quelque chose dépasse l’idée d’un EP : quelque chose de l’ordre du basculement, du point de rupture, de cette seconde précise où une personne cesse d’être ce que le monde attend d’elle pour devenir ce qu’elle sait qu’elle doit être.
Écouter JAY CODA, c’est entrer dans le journal intime d’une métamorphose, mais écrit à l’encre acide, sur un papier qui brûle presque entre les doigts. Elle assemble le gospel comme une pulsation ancestrale, le punk comme un réflexe de survie, l’alt-rock comme un souffle urgent, les textures électroniques comme des mirages industriels. On y entend son passé militaire, ses nuits cybernétiques, ses étreintes avec la scène alternative de Los Angeles : une mosaïque d’identités, de fractures, de tentations, toutes fondues dans un alliage sonore qui ne ressemble à personne.
Ce qui frappe dans NU CREATURE, c’est ce cœur—ce cœur lourd, tendu, vibrant—qui cogne derrière chaque mesure. Earthquake se déploie comme un tremblement du dedans, un séisme intime qui fissure l’armure avant de laisser entrer la lumière. Beam, déjà culte dans son énergie dystopique, ressemble à une prière jetée à la face d’un monde qui ne répond plus que par ses bips de machines. Red Pills mord plus fort, danse à la limite entre lucidité et vertige, comme si avaler la vérité, c’était accepter de perdre quelques illusions au passage. Firewall, lui, a ce goût métallique des barrières qu’on érige pour ne plus imploser. Et Word claque comme une dernière déclaration, un souffle debout, un serment.
C’est un disque qui respire la sueur, la poussière, la foi cabossée, la colère sacrée. Rien n’est posé par hasard : les arrangements sont des cicatrices cousues au fil chaud, les voix montent comme des vagues qui hésitent entre bénédiction et menace, les percussions marchent au pas, mais un pas libre, un pas qui refuse qu’on dicte le rythme. JAY CODA compose avec ses ombres, ses souvenirs, son ADN, sa force d’ancienne soldate et sa fragilité d’artiste qui ose enfin dire ce qu’elle n’a plus peur de ressentir.
Ce n’est pas juste une esthétique : c’est une vision intérieure projetée en plein jour. Une noirceur lumineuse, une violence tendre, une colère calme. NU CREATURE est un disque de tensions, mais surtout de résolutions. On comprend rapidement que la créature n’est pas un monstre : c’est une version augmentée, cicatrisée, férocement vivante.
Il y a quelque chose d’émouvant à voir une artiste repousser les murs de sa propre histoire pour créer un espace où elle peut respirer à nouveau — un espace où on respire avec elle. Parce que NU CREATURE, malgré sa rugosité assumée, est profondément humain, traversé de doutes, de déflagrations émotionnelles et de vérités qu’on sent arrachées au forceps.
Certains projets renforcent une trajectoire. Celui-ci en crée une autre. JAY CODA ne signe pas un EP : elle signe un manifeste. Une preuve que la renaissance n’est jamais un murmure, mais une explosion maîtrisée. Et si NU CREATURE annonce un nouvel âge, alors c’est un âge où les éclats, les cicatrices et les emportements deviennent une forme de beauté.
Un âge où survivre ne suffit plus. Il faut se recréer. Et brûler suffisamment fort pour qu’on voie la lumière depuis l’autre côté du chaos.
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décembre 4, 2025« Une chanson qui ne cherche pas le courage : elle cherche la clarté, celle qui arrive quand tout vacille et que rester fait plus mal que partir. »
Il existe des morceaux qui ne s’écrivent pas vraiment : ils s’avouent. Too Drunk To Drive appartient à cette catégorie fragile, ces chansons qui naissent dans un coin de cuisine, dans un silence plus lourd que les mots, là où quelqu’un que l’on aime finit par murmurer une vérité qu’il n’avait jamais osé formuler. Craig McMorrow a tiré ce titre d’une réalité observée de près — un ami englué dans l’ombre douce et toxique d’une relation commencée trop tôt, trop fort, trop jeune. L’âge où l’on confond la loyauté avec la peur de décevoir.
Dès les premières secondes, on est cueilli par un grain de voix qui tremble très légèrement, comme si Craig retenait encore quelque chose derrière chaque note. On entend l’Irlande dans sa gorge, un reste de folk rural qui se mélange à la soul qu’il a respirée enfant, Sinatra et The Four Tops résonnant en arrière-fond de son ADN musical. Sa manière d’articuler la douleur évoque Dermot Kennedy, mais sans l’orage permanent : ici, la tempête est intériorisée, sourde, prête à éclater seulement si on écoute vraiment.
Too Drunk To Drive n’est pas une chanson sur l’alcool. C’est une métaphore limpide : perdre son cap, conduire dans le noir émotionnel, avancer sans visibilité parce que la culpabilité brouille les panneaux. On y entend le poids du temps, le moment exact où l’on réalise que l’amour qu’on porte n’est plus l’amour qu’on vit. Le morceau ne cherche pas l’éclat : il privilégie la vérité nue, celle qui serre la gorge.
En studio à Édimbourg, sous la direction complice de Cathal Murphy, Craig a opté pour une production minimaliste mais incroyablement précise. Une guitare acoustique chaleureuse, un fond d’air presque palpable, quelques percussions qui arrivent comme des pas hésitants dans un couloir trop long. Barry O Connell, au mix, laisse respirer chaque fissure : rien n’est lissé, rien n’est poli. On entend l’être humain, pas le produit.
Cette simplicité fait toute la force du morceau. Quand Craig murmure qu’il faut partir, on comprend qu’il ne parle pas seulement à cette personne — il se parle aussi à lui-même, et à tous ceux qui un jour ont confondu le devoir avec l’amour. Too Drunk To Drive devient alors un rite de passage, une main posée sur l’épaule pour dire : c’est normal d’être perdu. C’est même nécessaire.
Depuis quelques années, Craig McMorrow cultive un songwriting profondément incarné, nourri par la folk irlandaise, la poésie de Damien Rice, la brûlure de Glen Hansard et la soul sudiste de Chris Stapleton. Son précédent titre, Hallway, montrait déjà cette capacité rare à transformer le quotidien en cinéma intime. Avec Too Drunk To Drive, il pousse plus loin encore : la vulnérabilité devient un art, un espace où tout peut être dit sans détour.
Ce titre marque une étape. Une lucidité nouvelle. Une maturité musicale et émotionnelle qui laisse entrevoir un artiste prêt à dévoiler ce qu’il a longtemps gardé sous la peau. Et c’est précisément là que Craig touche juste : il chante comme si personne n’écoutait, mais il écrit comme si tout le monde pouvait s’y reconnaître.
Une chanson pour celles et ceux qui ont déjà quitté quelqu’un plusieurs mois avant de s’en rendre compte. Pour ceux qui n’osaient plus regarder par la fenêtre en rentrant chez eux. Pour ceux qui savent que l’amour n’est pas censé étouffer.
Too Drunk To Drive, c’est la vérité de minuit, celle qu’on finit par accepter au matin.
Écouter et suivre Craig McMorrow :SoundCloud : https://soundcloud.com/craig-mc-morrowInstagram : @craigmcmorrowmusicFacebook : @craigmcmorrowmusicTwitter/X : @craigmcmorrowmusic
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décembre 4, 2025« Ache est ce moment où la douleur ne disparaît pas mais se transforme, et où l’on réalise que sentir encore… c’est déjà une forme de survie. »
Il y a des groupes qui avancent en ligne droite, et puis il y a ceux qui, comme Highroad No. 28, évoluent par secousses, par mues successives, chaque disque étant une mèche craquante qui annonce la suivante. Avec Ache, premier fragment de leur prochain album The Will to Endure, les Australiens signent l’une de leurs métamorphoses les plus saisissantes : un virage vers l’ombre, le grain nocturne, le rock qui pulse comme un souvenir impossible à éteindre.
Le morceau se suspend d’abord dans un souffle : guitare cinématique, presque spectrale, qui déroule un paysage désertique où chaque note semble retenue par une gravité nouvelle. Puis la voix surgit, blessée mais d’une précision chirurgicale, comme si chaque syllabe avait été trempée dans l’acide d’un amour perdu. On y entend cette fatigue si particulière des sentiments qui ne meurent pas, cette brûlure lente qui consume sans bruit. Pas de grand lyrisme, pas d’emphase : juste une honnêteté sèche, presque coupante.
En studio à Sing Sing, le groupe semble avoir trouvé le parfait point d’équilibre entre densité et sobriété. Les guitares ne rugissent jamais pleinement ; elles orbitent, rôdent, chargées d’électricité contenue. La basse, elle, s’enfonce profondément, traçant comme une ligne de faille émotionnelle sous les couplets. James Taplin, au mix, sculpte un espace où tout respire : un rock lourd mais jamais étouffant, tendu sans être théâtral.
On sent Highroad No. 28 chercher quelque chose de plus adulte, de plus dénudé. Là où leurs précédents projets cherchaient l’impact, Ache cherche la résonance. Le groupe renonce aux certitudes de l’alt-rock musclé pour laisser la place à un trouble plus mature, un romantisme abîmé qui tire autant du post-grunge que de la darkwave cinématographique. C’est cette nuance, cette volonté d’habiter le gris plutôt que le noir ou le blanc, qui rend le morceau aussi obsédant.
L’“ache” dont il est question n’est pas une déchirure immédiate : plutôt un fantôme. Quelque chose qui persiste au réveil, dans la lumière d’un matin que l’on voudrait oublier. La manière dont le morceau s’ouvre, respire et retombe rappelle ce moment suspendu après une rupture, quand le monde continue mais que le corps refuse encore d’y croire. Le refrain, lui, n’explose pas : il se fissure. Il tient dans la gorge, à mi-chemin entre aveu et capitulation.
Highroad No. 28 semble ici entrer dans une nouvelle ère : celle où l’endurance devient esthétique, où la vulnérabilité devient moteur, où le poids de l’émotion ne se fuit plus mais se contemple. Si The Will to Endure suit cette direction, il pourrait bien devenir l’un de ces disques charnières, les albums qui marquent un groupe autant qu’une génération d’auditeurs.
Ache ne cherche pas à panser quoi que ce soit. Il accepte. Il regarde en face. Et dans cette lucidité brûlante, dans ce tremblement maîtrisé, Highroad No. 28 atteint une intensité rare : celle des chansons qui mettent du temps à guérir, parce qu’elles touchent exactement là où ça faisait déjà mal.
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décembre 4, 2025« Une pulsation qui grossit, une colère qui gronde, un désir de tout renverser : HEAVY n’arrive pas pour commenter l’époque, mais pour l’ébranler. »
HEAVY ne se contente pas d’être le nouveau single de 9 o’clock Nasty : c’est un avertissement, un grondement, un signe avant-coureur d’une atmosphère qui craque. On dirait le bruit sourd d’une foule qui se resserre, la vague d’un schéma d’insurrection en train de s’écrire, ou peut-être simplement l’écho d’un monde trop pressurisé pour rester silencieux. Chez eux, protestation et plaisir se confondent, rage et groove se mélangent, comme si l’acte de danser pouvait devenir une gifle à l’inertie.
Le trio de Leicester a toujours su tordre les genres, mais ici il joue avec l’épaisseur. Après le dépouillement instinctif de Sonic, voilà qu’HEAVY se présente comme une muraille sonore : couches empilées, lignes abrasives, basse qui écrase, batterie qui martèle, et cette tension permanente qui suinte de chaque interstice. Une charge punk qui sait rester élégante, presque luxuriante dans sa violence maîtrisée, comme si le morceau roulait en montée… sans jamais perdre de vitesse.
Ce qui frappe, c’est cette façon que 9 o’clock Nasty a de manier le chaos comme d’autres écrivent des ballades : avec précision, humour noir et une conscience aiguë de l’état du monde. Leur musique a toujours porté en elle une ironie brûlante, une manière de tourner la satire en scalpel, mais HEAVY laisse filtrer un autre courant, plus direct, plus viscéral. On entend la rue, l’agitation, le besoin physique de faire bouger quelque chose – ou quelqu’un.
Le morceau aurait pu n’être qu’un slogan, un drapeau brandi trop vite. Mais il existe par son double mouvement : celui du corps, plongé dans un groove qui avale tout, et celui de l’esprit, happé par cette urgence qui ne dit pas son nom. Ce n’est pas un hymne à la révolution. C’est la sensation de la révolution avant qu’elle n’éclate, cet instant où la foule se tait d’un coup, où l’air devient lourd, et où tout est possible – le meilleur comme le pire.
Cela fait des années que 9 o’clock Nasty refuse de rentrer dans les cases : garage rock abrasif, hip-hop punkifié, disco détraqué, satire sociale sous amphétamines… Leur prochain album Chaos, annoncé pour mars, promettait déjà de mordre. HEAVY en est la preuve anticipée : une pièce qui avance comme un bulldozer stylé, un titre qui n’a pas besoin de hurler pour prendre toute la place.
Le monde étiquette, aligne, catégorise. Eux montent le volume et renversent la table. Et au passage, rappellent que parfois, danser est l’acte le plus subversif qui soit.
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décembre 3, 2025« Un retour incandescent où l’élégance new wave flirte avec un groove nocturne, porté par une voix qui revient d’un long silence comme on revient d’un exil intérieur. »
Ultralight ondule d’abord comme un mirage en pleine nuit, une silhouette qui se reforme à contre-jour après huit années de retrait scénique. Kristoffer Grip n’écrit pas seulement une nouvelle chanson : il ressuscite une persona qu’il avait laissée sur scène, presque abandonnée comme un masque trop lourd à porter. Et la retrouver aujourd’hui, c’est assister à une réincarnation furieusement moderne : plus sensuelle, plus obscure, mais étrangement plus libre.
Il y a dans la production ce velours électrique qui rappelle les heures les plus funky de Bowie période Let’s Dance, saupoudré de cette décadence très Roxy Music, suave et légèrement toxique. Le morceau avance avec un pas assuré, presque félin, sculpté par un beat alternatif qui pulse comme une artère brillante sous la peau. C’est dans ce mouvement que Grip cherche son équilibre : un point de gravité entre lumière éclatante et obscurité épaisse, entre élégance ironique et douleur retenue.
La voix, elle, porte l’expérience d’un silence long comme un hiver scandinave. Le timbre est plus charnel qu’à l’époque Agent Side Grinder, moins mécanique, plus humain — un organe qui craque, qui doute, mais qui mord encore. On entend la poussière des routes intérieures, celles qu’on traverse seul, et l’élan encore fragile d’un artiste qui s’avoue vivant avec une sincérité rare. Grip chante comme on confesse un secret : sans fracas mais sans détour.
Ultralight n’est jamais nostalgique. Le morceau est imprégné de références — un éclat de Nick Cave dans la façon de s’accrocher au groove, une ombre de Pulp dans le déhanchement presque disco — mais rien ici n’est pastiche. Tout respire la réappropriation. La production, signée dans la continuité de son premier single solo, glisse des textures synthétiques fines, presque liquides, qui enveloppent la guitare dans un halo nocturne. On traverse une ville imaginaire où les néons se reflètent sur les flaques, où chaque pas fait naître une tension délicieuse.
Techniquement, Ultralight joue la retenue. Pas d’explosion inutile : plutôt une montée en intensité qui se construit par strates, par respirations, par nuances. Les arrangements sont maîtrisés, presque cinématographiques, avec ce sens du détail qui trahit un passé dans la scène post-punk européenne. Grip n’a rien perdu de sa capacité à créer un univers en quelques accords : un monde intérieur, mélancolique, mais gorgé de désir.
Au fond, Ultralight est un autoportrait. Celui d’un homme revenu de tout, mais prêt à danser encore. Celui d’un artiste qui renoue avec son propre feu en marchant sur un fil tendu entre deux abîmes. Et dans cette marche, il retrouve une intensité qu’aucun silence ne pourra plus étouffer.
Un retour classe, animal, profondément habité. Kristoffer Grip n’est pas juste revenu : il brille à nouveau, de cette lumière trouble qui appartient aux survivants.
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décembre 3, 2025Une décharge de post-grunge moderne où la douleur devient moteur, la fureur devient lumière, et chaque riff ouvre un passage vers la survie.
Rise Through The Weight ne cherche pas l’élégance : il s’avance d’abord comme une masse, un bloc de granite lancé dans la poitrine, avant de se fissurer pour révéler un cœur incandescent. Beneath The Madness cultive ce genre de tension, ce mélange précis entre rage contenue et mélodie blessée, héritage direct des années où le post-grunge servait de refuge à ceux qui ne trouvaient plus d’air. Mais ici, la formule n’est pas recyclée : elle est actualisée, affûtée, presque cinématographique dans la façon dont le groupe transforme les cicatrices en propulsion.
Le morceau débute comme un réveil brutal. Une guitare lourde, taillée dans l’urgence, avance en larges strates, suivie d’une batterie qui ne frappe pas pour faire joli, mais pour ancrer le corps au sol. À mesure que la voix surgit, rugueuse mais terriblement humaine, un panorama s’ouvre : on entend la lassitude, on entend le poids, mais surtout ce moment fragile où l’on décide de ne plus s’effondrer. La voix porte cette vibration-là, ce frémissement d’un être qui n’était pas censé se relever mais le fait quand même.
La structure du morceau suit une logique d’ascension étouffée. Le couplet retient tout, serre les poings, refuse le débordement. Puis le refrain lâche enfin les vannes — mais sans emphase artificielle. Il ressemble davantage à un souffle retrouvé après trop de temps sous l’eau. C’est dans cette retenue que le groupe trouve sa singularité : la puissance n’est jamais démonstrative, elle est vécue, presque involontaire. On pense à Shinedown ou 3 Doors Down pour l’efficacité mélodique, mais Beneath The Madness ajoute une densité européenne, une âpreté plus froide, plus directe, qui rend le propos encore plus tangible.
Le riff principal avance comme une marche vers quelque chose de plus grand que soi. La basse, discrète mais insistante, renforce cette impression d’élan permanent. Tout semble converger vers un même point : faire sentir la lourdeur du monde, puis le moment où cette lourdeur cesse de gagner.
Rise Through The Weight n’est pas seulement un premier single : c’est une profession de foi. Une déclaration venue de Slovénie mais adressée à quiconque connaît les nuits où la tête tombe trop bas. Le groupe construit un espace où l’on peut être vulnérable sans perdre sa force, où la colère devient carburant plutôt que prison.
Une chose est sûre : sous le poids, Beneath The Madness ne s’écrase pas. Ils sculptent. Ils avancent. Et s’ils continuent à transformer la gravité en montée, Rise Through The Weight ne sera que le premier coup de semonce d’une identité déjà trop claire pour rester dans l’ombre.
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décembre 3, 2025Il y a des chansons qui sonnent comme des portes qu’on claque. Away Away Away n’en fait pas partie. Livingmore, aujourd’hui transplanté du soleil permanent de Los Angeles aux ombres mouvantes de Kyoto, signe un titre qui ne parle pas de partir — mais de s’effacer doucement, comme on se décolle d’un monde trop lourd pour respirer dedans. C’est un morceau-échappée, un rêve lucide qui ne cherche pas la fuite spectaculaire mais la distance nécessaire, ce minuscule interstice où l’on peut enfin se retrouver.
La première seconde dit déjà tout : un riff clair, filaire, presque phosphorescent, qui évoque The Cardigans période power-pop ou les élans cristallins de The New Pornographers. Une énergie lumineuse mais jamais bruyante, un mouvement qui entraîne sans vraiment brusquer. Livingmore maîtrise ce mélange rare : l’élan indie rock doublé d’une douceur presque cinématographique, un sound design qui donne l’impression de marcher dans une ville étrangère au petit matin, encore jetlagué, encore ailleurs.
La batterie avance en battements réguliers, comme une route qui refuse les virages inutiles. La voix — fidèle à l’identité du duo — porte cette nonchalance élégante, cette façon de chanter les blessures en demi-air. Elle s’accroche à des lignes simples mais évocatrices, des mots qui n’en disent jamais trop mais laissent deviner un tumulte intérieur, cette envie de disparaître juste assez pour ne pas sombrer. Escaping reality, comme le dit le groupe, mais avec cette nuance que seul Livingmore sait trouver : la fuite n’est pas un renoncement, plutôt une réinvention.
Et puis il y a Kyoto, même quand elle n’est pas nommée. On entend ses ruelles silencieuses dans les accords suspendus, ses néons discrets dans les synthés pastel, son rythme urbain qui ne ressemble à rien de ce que la West Coast a pu leur offrir. Livingmore a toujours eu un sens instinctif de la nostalgie — mais ici, quelque chose a changé : le passé n’est plus un lieu où l’on retourne, c’est une lumière qu’on laisse derrière soi en avançant.
Away Away Away s’impose comme une carte postale à soi-même, envoyée depuis un lieu où l’on n’a jamais vraiment été, mais que l’on reconnaît pourtant. Une chanson qui danse entre plusieurs époques — l’éclat power-pop des années 90, la douceur indie rock moderne, le grain synthétique presque rétro — et qui trouve sa vérité dans cet entre-deux, à la fois vif et mélancolique.
Livingmore signe ici un titre qui ne fait pas seulement voyager : il déplace. Il décale les émotions, ouvre un sas dans la réalité, offre une respiration longue et chaude. Une chanson pour les nuits où l’on rêve de disparaître sans s’effondrer, pour les matins où l’on veut juste mettre un peu de distance entre soi et le monde. Une pop de fuite, mais une fuite élégante, lumineuse, presque nécessaire.
Un morceau qui ne demande qu’une chose : qu’on le suive — away, away, away.
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décembre 3, 2025« On ne tente pas d’oublier quelqu’un — on tente d’oublier la version de soi qui a aimé trop fort. »
Erase Her Name ressemble à une photographie tremblée retrouvée dans une boîte qu’on avait juré de ne plus ouvrir : un fragment de soi revenu hanter la lumière. Piergiorgio Corallo, artiste italien qui pense la musique comme on sculpte la matière, signe ici un moment de post-alt-rock abrasif et fragile, un morceau qui respire comme une plaie encore tiède.
La première secousse vient des guitares : râpeuses, déterminées, elles avancent en ligne droite, comme si elles poursuivaient une vérité qu’elles ne peuvent plus nier. La basse, elle, répète inlassablement son motif — un battement obstiné, presque rituel, qui évoque la façon dont les souvenirs reviennent, encore et encore, sous les mêmes formes. Autour, les synthés glissent comme une vapeur métallique, un souffle de machine dans un décor humain. Ce n’est pas un morceau qui veut séduire : c’est un morceau qui veut dire la vérité.
Corallo parle d’un « effondrement qui n’arrive jamais vraiment ». Et c’est exactement ce qui s’entend : tout menace de s’écrouler mais se maintient dans un équilibre instable, comme une façade fissurée qui refuse pourtant de céder. Le son n’est pas poli. Il est granuleux, urbain, animé de ce tremblement qui donne l’impression qu’on écoute une confession captée dans un studio trop étroit, trop intime.
Ce qui frappe le plus, c’est la dimension visuelle de sa musique. On sent derrière Erase Her Name l’œil du plasticien : chaque texture est pensée comme un geste de peinture, chaque silence comme un morceau de matière qu’on retire pour mieux laisser affleurer la forme. Le morceau avance par couches : gratter, retirer, resserrer. Un art du minimalisme émotionnel où même la voix semble suspendue dans un paysage de béton et de souvenirs.
Le récit derrière le morceau ajoute une profondeur inattendue. Corallo ne cherche pas à effacer une femme — mais à effacer l’homme qu’il était auprès d’elle. Cette nuance bouleverse tout : Erase Her Name devient alors un rituel d’autodissolution, une tentative d’extraction de soi hors d’un amour qui a laissé trop de traces. On y entend le vertige de vouloir renaître sans renier ce qui nous a façonnés.
Ce morceau n’offre aucune catharsis simple. Il laisse les portes entrouvertes, la tension vivante, le passé encore tiède. Il choisit l’honnêteté plutôt que la consolation. Et c’est précisément cette instabilité, ce refus du confort, qui fait de Erase Her Name un titre aussi puissant : une pièce alt-rock post-industrielle où le cœur bat sous le métal.
Piergiorgio Corallo signe un premier geste d’une rare maîtrise, un morceau qui se tient entre effondrement et renaissance, entre mémoire et disparition — un rappel que les noms ne s’effacent jamais vraiment, mais que la musique peut apprendre à cohabiter avec leurs fantômes.
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décembre 3, 2025« Une danse électrique sous un néon qui clignote, où chaque pulsation devient une question : qu’est-ce qu’on nous vend quand on nous parle d’authenticité ? »
Le nouveau single de Sliims n’a rien d’un pamphlet déguisé : c’est une incision nette, presque chirurgicale, dans le ventre mou d’un système qui préfère ses citoyens dociles, distraits, bien rangés dans leurs flux et contre-flux. Authentic est une claque sonique, mais une claque froide — celle qui ne brûle pas, qui réveille.
Le duo londonien, façonné par l’amitié d’enfance mais animé par deux instincts contraires — l’un fiévreux, presque paranoïaque, l’autre méthodique et scalpel en main — construit ici un morceau où la tension n’est jamais relâchée. On sent la filiation : l’arrogance élégante de New Order, la nervosité de Joy Division, l’indiscipline de Warmduscher, les couches abrasives de Young Fathers. Et pourtant, Authentic n’imite personne. Il avance comme une créature mutante, mi-synthétique mi-humaine, inspirée par la rue, la surveillance, les écrans qui clignotent et les silences lourds des portes fermées.
J’ai ressenti ce morceau comme une marche dans Londres à 3h du matin : trottoirs humides, auberges encore ouvertes, silhouettes qui ne regardent jamais vraiment en face. La basse pulse comme une veine trop tendue, les synthés shoegaze construisent un halo menaçant, et la voix de Louie — nerveuse, presque théâtrale — ressemble à un rapport d’enquête qu’on lirait à voix haute, sans lever les yeux du papier. Sa vie de détective privé se sent dans chaque respiration : ça observe, ça note, ça soupçonne.
Quant à Baz, il tisse un décor sonore où chaque fréquence semble consciente d’un danger latent. Les textures électroniques, jamais totalement propres, flirtent avec une crasse industrielle qui rappelle les nuits trop longues et les vérités trop lourdes. L’ensemble devient une danse mécanique, post-punk dans l’âme, indie-electronic dans la forme, shoegaze dans la façon dont ça enveloppe l’auditeur comme un brouillard toxique.
Ce qui me fascine dans Authentic, c’est sa lecture politique qui n’a rien d’un manifeste. Le morceau parle depuis l’autre côté du pouvoir — le côté des bureaux capitonnés, des décisions prises sans témoins, des stratégies à huis clos. C’est une chanson écrite depuis la voix de ceux qui façonnent le réel et qui nous préfèrent distraits, atomisés, occupés à mesurer notre visibilité comme s’il s’agissait de valeur.
Les lignes dures — « ils ne veulent pas qu’on se connecte », « ils ne nous veulent pas authentiques » — résonnent comme une vérité trop simple qu’on avait cessé de regarder. Le système n’est pas brisé : il opère exactement comme prévu. Et Sliims transforme cette idée en une pulsation qui traverse le corps autant que l’esprit.
Mon impression finale : Authentic agit comme un scanner social. Une chanson-sirène, une alerte qui se danse, une lucidité en 4/4. Elle ne gueule pas — elle persiste. Et c’est peut-être ça, la vraie subversion.
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décembre 3, 2025« Une douceur acidulée pop-rock qui tient sur la langue comme un souvenir qu’on n’arrive pas à laisser filer. »
Il y a des morceaux qui ne cherchent pas à révolutionner le monde : ils le colorent. Sour Candy de Summer School fait partie de ces petites météorites pop qui traversent le gris du quotidien en laissant une traînée pastel derrière elles. Et pourtant, sous les apparences candides, on y sent une mélancolie discrète, presque timide, comme si la chanson souriait tout en sachant très bien qu’elle ne guérit rien — elle apaise juste un peu.
La formation de Seattle, portée par une voix asian-fronted au grain lumineux, semble avoir trouvé dans ce single un terrain d’expression où l’indie-pop danse avec l’indie-rock sans s’excuser de son insouciance. Sour Candy respire l’après-midi qui s’étire, les trottoirs mouillés qui scintillent, l’envie d’être léger même quand le cœur pèse plus que prévu. Il y a ce tempo qui ne presse rien, ces guitares qui scintillent comme des bulles de soda, et ce groove indie-dance qui dépose une vibration dans les côtes, juste assez pour embarquer le corps sans l’arracher à lui-même.
Ce qui frappe, c’est cette façon qu’a Summer School d’articuler la nostalgie avec l’élan. C’est une douceur qui pique un peu — exactement comme le titre l’annonce. Une pop qui assume son éclat sucré tout en laissant filtrer une ombre derrière chaque accord majeur. On pense à Phoenix pour l’élégance, à Two Door Cinema Club pour l’énergie maîtrisée, à The 1975 pour cette manière d’arrondir la douleur dans des refrains qui sourient trop fort.
Mais Sour Candy reste très Summer School : un son façonné dans le garage, poli sur les scènes de SXSW et NXNE, nourri d’une diaspora qui insuffle dans l’écriture une identité vibrante, plurielle, sans jamais l’exhiber. L’alchimie est palpable : une section rythmique qui respire de façon organique, des guitares qui s’illuminent sans saturer, et cette voix — claire, précise, habitée — qui donne à la chanson son centre de gravité sentimental.
Mon impression intime, après plusieurs écoutes : cette track a quelque chose d’immédiatement attachant, comme si elle connaissait déjà les fissures de celui qui l’écoute. Elle n’est ni naïve ni cynique — elle observe les choses de côté, avec une douceur ironique, un humour discret. Une friandise à croquer quand la vie manque un peu de goût, mais qui rappelle subtilement que le sucre n’efface jamais l’acidité — il la rend supportable.
Avec Sour Candy, Summer School confirme sa capacité à écrire des morceaux qui semblent simples mais vibrent longtemps après la dernière note. Une track qui sonne comme un coup de soleil léger sur la peau : ça chauffe, ça pique, et on en redemande.
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décembre 2, 2025« Une image qui refuse de disparaître finit toujours par dicter son propre tempo. »
Drawing From Memory surgit avec l’urgence d’un battement qu’on essaye d’oublier, sans jamais vraiment y parvenir. Un morceau écrit dans la précipitation, enregistré presque par instinct, mais qui porte la force des choses qui s’imposent d’elles-mêmes : celles qu’on ne choisit pas, celles qui nous choisissent. Les Zangwills signent ici l’un de leurs titres les plus vibrants, un uppercut indie-pop où l’émotion fuse aussi vite que les guitares.
Ce qui frappe d’abord, c’est cette énergie nerveuse, presque électrique, qui court dès les premières secondes. La rythmique galope, les accords s’ouvrent comme des fenêtres, et la voix de Jake Vickers — reconnaissable entre toutes — fonctionne comme une déflagration contrôlée : un mélange de fragilité et d’assurance, de souvenir et de désir, de réalisme adolescent et d’intensité adulte. Le groupe ne cherche pas à sonner plus grand, juste plus vrai, et paradoxalement c’est ce qui donne cette ampleur presque cinématographique au morceau.
Drawing From Memory évoque ces moments qui s’impriment dans la mémoire comme des polaroids encore humides : un regard au coin d’une pièce, une sensation d’absence qui traverse la peau, une silhouette qu’on retrouve chaque fois qu’on ferme les yeux. Il y a du Sam Fender dans les coups d’éclat, de l’Inhaler dans la tension mélodique, du Pulp dans l’œil malicieux de l’écriture — mais The Zangwills restent eux-mêmes, profondément. Cette façon de mêler intensité émotionnelle et audace mélodique est leur ADN, leur signature immédiate.
Les guitares s’envolent, mais jamais gratuitement : elles servent le vertige du souvenir qui revient en boucle, comme si le passé devenait un refrain trop fort pour être ignoré. Le morceau se construit comme une montée continue, une cavalcade où l’on sent le groupe jouer avec ce plaisir adolescent, presque insolent, de laisser la musique courir plus vite que les pensées. On y entend une amitié, une spontanéité, cette alchimie rare entre quatre musiciens qui savent quand pousser, quand retenir, quand hurler, quand sourire.
Et puis il y a cette question laissée dans l’air, presque comme un souffle : quand tu fermes les yeux, toi, qui vois-tu ?Le morceau laisse chacun y projeter son propre fantôme, son propre souvenir, son propre vertige. C’est ça la force des Zangwills : transformer une émotion intime en un hymne collectif.
Drawing From Memory n’est pas simplement un titre ajouté à une discographie déjà solide. C’est un morceau qui capture un moment de bascule dans la vie d’un groupe — un éclair de lucidité, un instantané devenu musique, un souvenir qui galope encore.
Un morceau qui ne raconte pas un souvenir : il en devient un.
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décembre 2, 2025Guitare apprise sur un voilier, adolescence entre théâtre et rock de lycée, cerveau d’ingé parti en cavale sonore : SØREN écrit des morceaux qui sentent la route et la sueur du plateau. Son son est lourd et brillant, abrasif sans être opaque : des basses qui perforent, des kicks qui vrillent le ventre et synthés qui font pouic pouic avec un sérieux d’orfèvre. On entend l’ombre de Yungblud et Bring Me The Horizon, des reflux EBM, un amour franc pour les subs de club et les amplis trop forts ; puis des éclats d’indie et d’électro (Gesaffelstein, Fontaines D.C., Boyz Noize) qui laissent des traces lumineuses.
Depuis le studio-van bricolé pour composer seul sur les routes d’Europe jusqu’aux scènes où l’on saute au click sans ears, il avance avec l’énergie du “fait maison” devenu méthode. Paris pour base, production pour d’autres, musique à l’image, un nouvel EP qui claque et des dates qui arrivent vite; l’ensemble tient comme une promesse : ça va tartiner, mais avec précision.
On a parlé saturation qui sourit, club comme cathédrale, voyages qui accordent les refrains et futur à haute intensité. Découvrez son interview, maintenant.
1 ) Qui es tu ? Hello 🙂 moi c’est SØREN, je suis artiste, producteur, et compositeur de musique. Je suis né versSaint Étienne, après on a pas mal bougé quand j’étais petit, mais j’ai grandi en région bordelaise.
2 ) Quel est ton parcours ?J’ai commencé la guitare en 2012, à l’époque on vivait sur un bateau à voile avec ma famille. Onest partis pendant un an faire le tour de l’atlantique et c’est là que mon père m’a appris lespremiers accords à la guitare. En rentrant j’ai fait pas mal de trucs différents, notamment beaucoupde théâtre qui m’a donné goût à la scène puis repris plus sérieusement la guitare en terminaleavec mon groupe de rock du lycée. J’aimais bien les maths donc je suis allé en classe prépa pourentrer en école d’ingénieur, et c’est là que j’ai commencé à produire et écrire mon premier projet« Beside me » qui est sorti en 2021. On a rapidement, avec Tom et Aloïs qui m’accompagnent surscène, commencé à jouer mes chansons un peu partout. On avait fait à l’époque la première partiede Véronique SANSON, le Zénith de Strasbourg et tous les tremplins possibles ahaha. En 2022, j’aiaménagé un van en studio d’enregistrement autonome et je suis partis en solitaire sur les routesd’Europe pour composer de la musique. C’était une expérience complètement dingue autantartistiquement que personnellement, d’ailleurs il y a plusieurs musiques de mon nouvel EP quisont nées dans ce van 🙂 L’année dernière, j’ai été diplômé et je suis monté sur Paris pour meconcentrer sur ma carrière musicale. Depuis j’ai fait une première date parisienne en tête d’affichefin d’année dernière, et on pas mal tourné un peu partout cette année. Maintenant je produis etcompose aussi pour d’autres artistes, je fais également de la musique à l’image notamment dansla pub et un peu d’acting sur différents projets.
3 ) Que peux-tu nous dire sur ton art en quelques mots ?Je dirai que mon son est de manière générale plutôt lourd et brillant. J’ai un style de productionassez abrasif, j’utilise beaucoup de saturation à différents degrés sur les éléments qui composentma musique en essayant de trouver un équilibre subtil pour faire grimacer les gens quand lesrefrains ou les drops arrivent et que la basse et le kick perfore directement le public sur scène.J’aime la puissance des caissons en club, les amplis bien forts sur le plateau et les synthés qui fontpouic pouic 🙂
4 ) Quelles sont tes inspirations ?Sur cet EP, mes inspirations ont été très variées parce qu’il a été créé sur une période de tempsassez longue, et je produisais pendant ce temps pleins de styles de musique différents qui sontvenus enrichir les sonorités que je voulais obtenir. Je dirais qu’en termes de compo, lesprécédents albums de Yungblud m’ont beaucoup inspiré, avec aussi Bring Me The Horizon que j’aiponcé pendant longtemps. Plus récemment, je fais une fixette sur l’EBM et beaucoup de styles demusique électronique qui ont influencé je pense certaines sonorités plus « club » sur les dernièresétapes de production de l’EP qu’on peut entendre sur certains titres.
5 ) Quelle est ta playlist de prédilection quand tu crées ? Aloooors c’est hyper dur comme question parce que ça dépend vraiment des périodes de tempssur lesquelles les musiques ont été créés mais : du côté indie, j’ai énormément écouté un groupequi s’appelle Mercury qui défonce, et comme tout le monde Fontaines DC, côté musiqueélectronique je citerai Gesaffelstein, MADMADMAD et Boyz Noise, côté métal Knocked Loose àfond et sur une partie plus organique bon Radiohead et Groillaz ça c’est matin/midi/soir et sinonSaya Gray aussi grosse grosse claque tant sur la compo que sur la patte sonore, ça donne pleinsd’idées 🙂
6 ) C’est quoi le plat que tu cuisines le mieux ?Je suis trop nul en cuisine, y a plus de place dans mon appart pour les guitares, les synthés etl’apéro que pour cuisiner ahaha donc on est majoritairement sur des pâtes, du fromage et dusaucisson. Mais si vous écoutez à fond mon EP peut-être que je prendrai un appart plus grand etque j’apprendrai à faire des rôtis de sanglier et des tartes aux myrtilles qui sait !
7 ) Quels sont tes projets à venir ?Il y a plusieurs dates de concert qui arrivent début 2026, on a trop hâte avec Tom Aloïs et Luc quim’accompagnent en live de venir jouer ces musiques un peu partout (notamment le 08 janvier auSupersonic à Paris hehe mais y en pleins d’autres qui arrivent très bientôt). Il y a plusieurs projetsd’autres artistes sur lesquels j’ai travaillé qui vont sortir et je bosse sur des nouvelles musiques quisortiront bientôt ! J’ai composé pendant longtemps sans sortir beaucoup de musique mais là ça vatartiner ahaha vous allez avoir de quoi remplir vos playlist avec du SØREN c’est moi qui vous le dit !
8 ) Peux-tu nous raconter une anecdote à ton sujet ?La première fois que je suis monté sur scène un micro à la main pour chanter mes chansonsdevant des gens c’était avant 7000 personnes sur une scène flottante à Agde en première partiede Véronique Sanson. Déjà c’était complètement fou, y avait tous mes potes et ma famille dans lepublic avec une moyenne d’âge de 70 ans, on sautait partout, on jouait au click sans ears doncAloïs (batteur) avait le click dans les retours, bref c’était sport mais un souvenir incroyable, je pensequ’on a fait sauter quelques pacemakers ce soir là ahaha !
9 ) Si tu pouvais passer 48h avec une personne que tu n’as jamais rencontrée ce serait qui ?J’ai énormément d’admiration pour les artistes et les scientifiques qui arrivent à faire changer maperception des choses. Si on reste sur le côté artistique, les personnes qui m’inspirent le plus dansla vie de tous les jours c’est des gars comme Trent Reznor, Thom Yorke, ou Damon Albarn quiarrivent à s’exprimer sans concessions sur leurs projets de groupes et leurs projets perso, et qui enparallèle mènent de carrières créatives dans d’autres industries comme le cinéma qui m’attireénormément ! C’est hyper dur de choisir, mais en ce moment j’ai une grosse grosse phasemusique électronique et musique de film, donc je dirais que pour mon avenir, 48h avec TrentReznor pourraient m’apporter énormément !! Même en France on a des pépites de ce côté-là, jepense notamment à Alexandre Astier qui m’impressionne et m’inspire tellement par ses multicasquettes et la maîtrise de tous les sujets qu’il touche (et sa dimension scientifique aussi je doisdire, le combo musique/science ça me parle particulièrement), ou Gesaffelstein dont le travailm’inspire énormément. Bon après pour le délire, passer 48h avec un Ozzy ou un Tommy Lee çadevait être mémorable ahaha.
10 ) Un petit mot ou conseil pour la fin ?Branchez-vous SØREN les amis, allez écouter mon nouvel EP et venez faire la bringue avec nousen concert ! Il y a pleins de projets zinzins que je suis en train de finaliser pour la suite, c’est lebordel un peu partout dans le monde en ce moment et la musique personnellement ça me faittellement du bien donc allez voir des artistes et groupes sur scène, ça redonne le sourire et on sevoit très vite sur la route ou ailleurs :):
Instagram : sorenmusic_
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novembre 30, 2025« Quand la nuit déraille, la musique devient parfois le seul moyen de raconter ce qu’on préfère oublier. »
Alcohol ouvre l’album de Reetoxa comme une déflagration parfaitement assumée : un morceau qui démarre le cœur avant même que l’on comprenne ce qui nous arrive. Pas de mise en condition, pas d’échauffement — une gifle punk-grunge, sèche, nerveuse, taillée pour réveiller les vivants et ressusciter les morts. Et derrière cette énergie brute, une histoire aussi banale qu’universelle : celle d’un type qui ne parvient à aligner deux mots devant une fille que lorsqu’il a assez bu pour oublier qu’il existe.
Ce n’est pas glamour, pas héroïque, pas romancé. C’est humain. Et c’est précisément ce qui donne au morceau sa force : Alcohol ne mythifie rien, il expose. Jason, frontman et narrateur, transforme une nuit de déroute — un one night stand conclu par un réveil dans la périphérie, sans argent ni téléphone, juste une gueule de bois existentielle — en un récit acéré, drôle malgré lui, presque tendre dans sa lucidité. La honte devient moteur, la maladresse devient rythme, la confusion devient danse.
Musicalement, Reetoxa signe ici l’un de ses titres les plus féroces. Les guitares mordent avec une saturation râpeuse qui rappelle autant la rugosité du grunge originel que l’esprit rentre-dedans du punk britannique. La section rythmique pousse tout droit, sans feinte, comme une course maladroite à travers la ville au lever du jour — celle où l’on cherche un taxi, un abri, un sens. Pourtant, malgré cette densité, le morceau garde cette immédiateté, cette facilité à entraîner le corps. On peut y sauter, y crier, y transpirer : c’est lourd, mais ça danse.
Alcohol fonctionne parce qu’il ne triche pas. C’est un titre sur la fuite en avant, sur les limites qu’on franchit juste pour oser exister un peu plus fort, sur la manière dont l’alcool devient parfois pont, béquille, piège. Reetoxa ne juge pas : ils observent, ils transforment, ils amplifient. Ils prennent un moment minuscule de vie dérisoire pour en faire une porte d’entrée brûlante vers le reste de l’album.
En ouverture, c’est un choix magistral : un avertissement, ou plutôt un pacte. Reetoxa promet ici un disque qui n’arrondira rien, un disque qui parlera des failles autant que des forces, un disque qui assumera toutes ses cicatrices. Alcohol n’explique pas : il jette dans l’arène.
Et honnêtement, on n’aurait pas voulu qu’il fasse autrement.
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novembre 30, 2025« Un souvenir qui refuse de mourir : voilà ce que devient un riff quand il porte encore le battement d’un cœur de 1995. »
Amber n’a rien du simple single ressuscité d’un vieux carnet — c’est un vortex. Une chanson qui réapparaît trente ans plus tard avec la même fièvre qu’au premier jour, comme si l’horloge avait oublié de tourner. Reetoxa la propulse aujourd’hui dans le présent, mais son ADN reste intact : un cri d’adolescent transfiguré par la rudesse du grunge, une déclaration d’amour transformée en uppercut électrique.
Jason McKee la composa à une époque où écrire signifiait survivre. Un poème, trois accords, un vertige : l’impression d’avoir touché du doigt la fille de ses rêves, avant que les ragots, les avis extérieurs et la lâcheté collective ne réduisent cette histoire à un battement manqué. Amber devient alors une supplique, un appel à suivre le cœur plutôt que la foule, à oser l’improbable, à refuser l’extinction sociale qui dicte qui l’on peut ou non aimer. Trente ans ont passé, mais la morsure n’a pas perdu son tranchant.
Le morceau, lui, jaillit immédiatement — brut, sans filtre. L’ossature grunge, très Pacific Northwest, se frictionne à un esprit pub rock australien qui le rend plus dangereux, plus direct, presque insolent. Pas de nostalgie cheap ici : le son claque avec la vigueur d’un groupe qui sait exactement où poser le couteau pour que ça saigne juste ce qu’il faut. La batterie cogne comme une dispute qu’on refuse de laisser retomber, la guitare s’élance en vagues épaisses, saturées, et la voix de Jason s’agrippe à tout cela avec une fragilité rageuse, un mélange rare de fierté et de vulnérabilité.
Ce qui frappe surtout, c’est l’intention : Amber n’est pas revisitée, elle est réanimée. Elle porte encore l’électricité nerveuse de l’époque où elle fut écrite, mais Reetoxa y injecte la maîtrise d’aujourd’hui — une musique qui ne cherche pas à plaire, seulement à dire vrai, mais qui finit par séduire précisément par cette honnêteté farouche.
Sur l’album, elle arrive en troisième position comme une apparition fulgurante, un morceau qui ne demande pas la permission pour exister. Elle ne s’écoute pas, elle se ressent — dans les dents, dans la gorge, dans les souvenirs qu’on croyait rangés.
Amber, c’est la preuve qu’un coup de foudre mal digéré peut devenir une chanson immortelle, à condition d’être assez têtu pour la laisser vivre. Reetoxa, eux, l’ont compris : certaines braises ne s’éteignent jamais.
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novembre 30, 2025« Une chanson qui transforme la vérité d’une vie entière en libération dansante — là où l’aveu devient enfin joie. »
Il fallait l’oser, ce titre. Et il fallait surtout l’assumer avec suffisamment de tendresse, d’intelligence et d’audace pour éviter qu’il ne devienne un gimmick. Reetoxa, décidément incapable de rester dans les rails, signe avec Papa Loves Ladyboys un single qui a l’électricité du rock, la légèreté contagieuse de la pop, et ce supplément d’humanité qui le propulse ailleurs : quelque part entre le rire retenu, le bouleversement intime et la danse qui dérange autant qu’elle libère.
Derrière ce morceau, il y a un homme. Pas un personnage, pas une fiction : un proche âgé, fatigué de jouer un rôle, las de se mentir, et qui décide — enfin — d’annoncer à sa famille qu’il appartient à la communauté LGBTQ+. À son âge, l’aveu n’a rien d’un caprice. C’est un séisme silencieux, un soulagement après des décennies de retenue. Reetoxa transforme ce geste intime en hymne lumineux, un morceau où la vérité se chante fort, se danse fort, se célèbre fort.
Musicalement, le groupe refuse le pathos et choisit l’allégresse. Les guitares glissent plutôt qu’elles n’arrachent, la rythmique porte cette pulsation quasi-disco, ce mouvement naturel qui attrape le corps avant la tête. On y sent la volonté de casser le tabou par la fête : faire de l’aveu une célébration plutôt qu’une confession. Contrairement à beaucoup de chansons engagées, Papa Loves Ladyboys ne moralise pas. Il sourit. Il embrasse. Il accueille. Cette douceur affichée ne cache pourtant rien de la gravité implicite : toute une vie passée à se dissimuler, à performer une version acceptable de soi. Et ce moment où la vraie identité s’invite enfin à table, sans masque, sans excuses.
La voix portée par Jason est d’une limpidité presque juvénile, comme si le groupe choisissait de raconter une histoire lourde avec un souffle neuf. L’ironie tendre du titre n’est jamais moqueuse. Elle désamorce. Elle protège. Elle sert à rappeler que l’amour — celui qu’on se porte, celui qu’on reçoit — peut être joyeux, ridicule, kitsch, mais n’en reste pas moins vital.
Ce single se distingue dans le paysage par sa combinaison rare : un sujet encore trop peu chanté, raconté avec tact, et une production assez addictive pour devenir un earworm immédiat. On danse, on sourit, puis on réalise qu’on vient de célébrer un combat existentiel mené dans le silence pendant des décennies.
Reetoxa signe ici sa chanson la plus universelle : celle où chacun peut reconnaître le moment où l’on cesse d’avoir peur de soi-même. Une libération mise en musique, pétillante, tendre, irrévérencieuse — et éminemment nécessaire.
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novembre 30, 2025« Jody respire comme un souvenir qu’on croyait solidifié, mais qui se remet à battre lorsqu’on ose enfin s’y replonger. »
Il y a des groupes qui se rêvent colosses sonores, toujours dans la tension, le riff, l’impact. Et puis il y a ce moment rare où l’un d’eux accepte de poser les armes, de desserrer l’étau, de révéler ce qu’il retient d’habitude derrière les amplis. Jody est précisément ce moment pour Reetoxa : une faille ouverte dans la cuirasse, une confession tenue du bout des doigts, un morceau qui ne se contente plus de jouer fort mais d’exister vrai.
Ce qui frappe d’abord, c’est la douceur lumineuse qui s’installe comme un souffle inavoué. On sent qu’à l’origine, Jody avait été pensée comme une simple ballade d’amour — le genre d’hommage doux-amer qu’on écrit à vingt ans, persuadé d’y enfermer une éternité. Mais la vie, évidemment, a ses contre-champs. La chanson est revenue des années plus tard, remodelée par la rupture, l’amitié perdue, le recul nécessaire, l’angle légèrement brisé du cœur qui a dû se remettre à battre autrement. À l’écoute, ça se perçoit partout : dans ce mélange de nostalgie et de maturité, dans la façon dont la voix de Jason vacille à peine, comme si elle tirait un fil qu’il hésite encore à lâcher.
Reetoxa a toujours su jouer avec la rugosité, mais Jody offre cette autre face, plus tendre, plus fragile, presque nue. Les guitares n’y grondent pas : elles veillent. Elles enveloppent. Elles tiennent la chanson comme on tient quelqu’un qu’on a longtemps laissé tomber. La production, d’ailleurs, laisse beaucoup d’espace — un espace volontaire, presque pudique — qui permet à chaque note d’exister sans forcer. L’émotion, elle, se glisse dans les interstices : un vibrato retenu, une respiration trop longue, une ligne harmonique qui revient comme un leitmotiv intime.
Ce morceau, écrit en 2001 mais resté comme un talisman dans la poche de Jason, trouve enfin sa place dans Pines Salad, et cela s’entend. Jody est un point d’équilibre : un entre-deux où le groupe cesse de performer pour simplement confier ce qu’il a longtemps tu. Un fragment de vérité, pas culotté mais nécessaire, qui prouve que Reetoxa sait passer de la force brute à la vulnérabilité la plus délicate sans perdre son identité.
Si le groupe espère que le morceau devienne viral, on comprend pourquoi : Jody a ce charme intemporel des ballades qui n’ont besoin d’aucun artifice pour toucher juste. Une simplicité désarmante, presque old school, mais portée par une honnêteté qui, elle, ne vieillit jamais.
C’est peut-être ça, finalement, la réussite : faire d’un chagrin ancien une chanson nouvelle, et laisser la tendresse gagner.
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novembre 30, 2025« Now I’m Wiser respire comme un homme qui pose enfin son sac de pierres au bord de la route et décide de continuer plus léger. »
John Smyths chante comme quelqu’un qui a vécu plusieurs vies — certaines choisies, d’autres subies — et Now I’m Wiser en porte les cicatrices, les illuminations tardives et la tendresse rugueuse. Rien à voir avec les cowboys impeccables de Nashville : Smyths, lui, vient des marges. D’un parcours cabossé entre Nijmegen, l’Allemagne, des années rock’n’roll trop bruyantes pour être sages, et cette lente dérive vers la country, ce continent musical où l’on finit toujours par échouer quand la vie vous a suffisamment bousculé.
Sa voix porte cette histoire : chaude, légèrement fêlée, empreinte d’un réalisme sans chiqué. On y entend Conway Twitty dans la manière d’arrondir le désespoir, Hank Williams dans l’art de transformer la solitude en rituel, Waylon Jennings pour ce goût du franc-parler qui ne cherche pas l’embellie. Now I’m Wiser ne s’écoute pas comme un single, mais comme une confidence à la sortie d’un bar encore éclairé au néon, une heure trop tard pour mentir et juste assez tôt pour dire vrai.
La production garde l’essentiel : une guitare qui pulse doucement, presque timide, comme si elle ne voulait pas prendre trop de place ; un rythme qui avance sans presser, celui d’un homme qui a compris que courir ne change rien au paysage ; quelques éclats de pedal steel qui servent davantage de lampe de poche que d’ornement. Rien ne déborde. Tout respire. L’économie du geste devient une esthétique.
Smyths ne cherche pas l’émotion — il l’habite. À soixante-quatre ans, il ne joue plus. Il raconte. Et même quand il semble s’adresser à quelqu’un d’autre, on devine qu’il parle surtout à celui qu’il fut : un gamin nourri d’AC/DC, un jeune adulte insatiable, un musicien qui a traversé l’Europe et enregistré des morceaux dans des studios anonymes, un homme qui a perdu du temps, gagné de la lucidité, et décidé que chaque chanson serait désormais un fragment de vérité.
Now I’m Wiser fonctionne comme une épiphanie lente : la maturité n’y est ni posture ni résignation, mais une façon de remercier la vie d’avoir été dure, parce que sans elle, la voix ne tremblerait pas comme ça. Il y a quelque chose d’indestructible dans cette fragilité maîtrisée.
Et c’est précisément là, dans cette ligne de crête entre le souvenir et l’avenir, que John Smyths devient précieux : il rappelle qu’il n’est jamais trop tard pour écrire la bonne chanson, celle qui répare un peu, qui rassemble un peu, qui regarde derrière en avançant devant.
Avec Now I’m Wiser, John Smyths prouve que la country la plus authentique ne dépend ni de Nashville ni de l’âge : elle dépend seulement de la vérité qu’on ose enfin chanter.
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novembre 28, 2025« Une montée d’adrénaline urbaine où chaque riff avance comme un pas de trop dans une ruelle qu’on aurait dû éviter. »
Avec City Boy, Boxing Club taille son blason dans l’acier brut : un morceau qui pulse comme un cœur en surcharge, tendu, nerveux, impossible à ignorer. Là où Barbra dévoilait leurs premières griffures, ce second single montre les dents — une montée en intensité, en menace, en ambition. C’est le son d’un groupe qui a cessé de demander la permission.
Dès l’ouverture, la basse arpeggiée installe le décor : une ville qui ne dort jamais, un décor trempé dans la sueur, les néons et les mauvaises décisions. Le post-punk de Boxing Club n’a rien de rétro ou de complaisant — il mord, il insiste, il ne cherche pas la nostalgie mais la friction. On pense à l’aridité de Fontaines D.C. ou à l’urgence d’Idles, mais avec une tension dramatique propre, presque théâtrale, héritée du trajet Glasgow–Londres que le groupe transporte dans ses guitares.
La voix tranche net : sèche, tranchante, débitée comme un témoignage qu’on ne veut pas donner mais qu’on ne peut plus retenir. Elle raconte ce city boy perdu dans la frénésie métropolitaine, avalé par les nuits trop longues, par la vitesse, par la peur de s’arrêter. Le texte dit la colère rentrée, le sentiment d’être un pion dans une ville qui vous dépasse, et cette énergie tourbillonnante que Boxing Club sait traduire en riffs et en syncopes.
Le morceau avance comme une course : le rythme se resserre, les guitares s’électrisent, la batterie frappe plus sec. À mesure que le décor s’éclaire — ou s’effondre — la tension ne relâche jamais. City Boy devient alors ce miroir tendu vers la vie moderne : stressée, politisée, saturée de tentations et de contradictions. Une ville qui ne pardonne rien, mais qui vous façonne à coups de bleus.
Là où beaucoup de nouveaux groupes post-punk s’enferment dans une formule, Boxing Club préfère ouvrir des brèches. Leur interprétation reste ancrée dans la rue, mais portée par une théâtralité nerveuse, presque expressionniste. Ils savent ménager les ombres, faire parler les silences, jouer sur les contrastes entre explosion et retenue. City Boy n’est pas seulement un single : c’est la promesse d’un EP plus large, plus dur, plus riche en angles morts.
Le résultat tient dans ce sentiment rare : celui d’écouter un groupe encore en ascension mais déjà sûr de son monde, de son langage et de sa colère. Boxing Club n’écrit pas des chansons ; ils écrivent des constats. Et City Boy est un constat fulgurant : la ville brûle, mais eux avancent dedans, gorge offerte au vent, prêts à en découdre.
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novembre 28, 2025« Une chanson comme un souffle retenu, là où la tendresse insiste encore malgré les départs. »
Sous le pseudonyme TwentySixth Soul, Mohammed façonne une musique nocturne, fragile, où chaque note semble s’excuser d’exister tout en brûlant d’être entendue. You Couldn’t s’inscrit au cœur de ce geste minimaliste : un morceau qui respire à peine, comme une confession murmurée dans la lumière bleue d’un écran encore allumé trop tard.
Ce qui frappe d’abord, c’est la simplicité désarmante de l’arrangement : une guitare pastel, presque translucide, suspendue dans une reverb qui tient du mirage. La voix, portée sans effort, étire les syllabes comme si elle cherchait à retenir quelque chose qui file entre les doigts. On pense immédiatement à Cigarettes After Sex dans cette manière de faire flotter l’émotion — mais ici, elle est plus sèche, plus intime, moins cinématographique et plus diariste. Un rêve écrit depuis Riyad, tard dans la nuit, par quelqu’un qui ne parle que parce qu’il n’a personne d’autre à qui dire ces choses.
Le cœur battant de You Couldn’t réside dans sa contradiction émotionnelle. Mohammed y navigue les eaux troubles d’une relation longue distance qui promettait sans jamais tenir, un lien où l’autre réclamait la proximité tout en la fuyant. Cette oscillation — venir, partir, revenir, pleurer, céder — se traduit dans la structure même du morceau : les phrases semblent suspendues, comme si elles hésitaient à atterrir. La mélodie s’y abandonne avec une douceur presque résignée.
L’instant le plus bouleversant du titre arrive pourtant sans prévenir : ce mémo vocal en arabe, venu d’un moment de lucidité post-rupture. Un fragment d’intimité brute, laissé tel quel, comme un souvenir capturé avant d’être effacé. Il n’est pas placé là pour faire joli — il incarne exactement ce que la chanson raconte : l’après-coup, la réflexion, l’écho qui persiste quand on croit avoir tourné la page.
You Couldn’t ne tente jamais de romancer la douleur. Il la laisse simplement respirer. Cette retenue, cette économie de moyens, cette façon de faire confiance au silence, donnent au morceau une puissance inattendue. C’est un titre qui ne cherche pas à être plus grand que la vie ; il cherche à être vrai. Et c’est ce qui le rend précieux.
Avec ce single, TwentySixth Soul dessine une esthétique déjà solide : intime sans être exhibitionniste, vaporeuse sans être éthérée, sentimentale sans verser dans le pathos. Une musique d’entre-deux, écrite dans l’air dense des nuits chaudes, faite pour celles et ceux qui connaissent la douleur douce des contradictions affectives.
Et si You Couldn’t n’est qu’une première pierre, alors Mohammed est en train de bâtir quelque chose de rare : une dream-pop qui, derrière ses voiles pastel, regarde droit dans les yeux.
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novembre 28, 2025« Sakura est un mirage lo-fi, une chambre hantée par des synthés brumeux où chaque morceau se désintègre au moment même où il vous touche. »
À écouter Sakura, on a l’impression que West Wickhams — Jon Othello et Elle Flores — ne composent pas vraiment des chansons, mais des visions. Des fragments qu’on attrape en plein vol, juste avant qu’ils ne s’effacent comme les pétales de cerisiers dont l’EP emprunte le nom. Leur univers, post-punk de chambre saturé de mystique et de brouillard, s’alimente autant aux mythes gothiques qu’à la fragilité japonaise du mono no aware. Et pourtant, rien ici n’a le poids du passé : tout scintille, tout tremble, tout fuit.
Le voyage commence avec Up to the Old Tricks, miniature nerveuse où guitares en pointillés et chant fantomatique donnent l’impression d’un groupe qui flotte entre ruelle humide et rêve éveillé. Jon et Elle y soufflent une malice sombre, presque enfantine, comme si revisiter les “vieux tours” revenait à convoquer des esprits familiers. En 2’31, ils posent la signature : rapide, acide, et étrangement doux.
Puis Ice Block surgit, glacé comme son nom mais traversé de micro-fissures émotionnelles. La ligne de basse y avance avec une élégante lassitude, pendant que les synthés suintent une chaleur inattendue. On dirait une chanson écrite pour un film qui n’existe pas : une scène nocturne, une ville qui retient son souffle, deux silhouettes qui se cherchent sans se trouver.
Avec As the Camera Shuts, l’EP se replie sur lui-même. C’est le morceau le plus fragile, un instant suspendu où la voix semble enregistrée à un souffle du micro, presque trop près, presque trop vrai. Le titre dit tout : la fermeture d’un diaphragme, un cliché volé, un souvenir qui se décide à survivre ou s’effacer. West Wickhams maîtrisent l’art du presque-rien qui fend le cœur.
EQ The Viper injecte une nervosité différente. Plus serré, plus anguleux, ce titre a l’énergie d’un poème punk passé sous LSD, une danse venimeuse où le duo joue avec l’idée de métamorphose permanente. Le serpent devient une métaphore du son lui-même : sinueux, imprévisible, prêt à mordre puis se dissoudre dans la fumée.
L’EP se clôt sur Save Yourselves, deux mots qui semblent à la fois un conseil ironique et un constat lucide. Le morceau est une ascension discrète, presque sacrée, où la mélodie avance comme une procession gothique. On y retrouve ce sentiment de fuite — non pas pour échapper au monde, mais pour mieux s’y tenir, dans cette esthétique où tout finit par se déliter. C’est peut-être le titre le plus proche de cette idée centrale de Sakura : la beauté qui se sait fugace.
West Wickhams font de la musique comme on écrit depuis une île brumeuse ou une chambre trop petite pour leurs rêves. Sakura est un geste délicat et ténébreux, un EP-loquet sur une porte entre les vivants et leurs fantômes. Et il faut saluer cette manière d’embrasser la brièveté — pas par manque, mais par choix esthétique.
Un disque qui ne s’écoute pas : il se respire avant de disparaître.
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novembre 28, 2025« Dans Summer is Gone, Anjalts transforme la fin d’une saison en un souvenir incandescent, celui qu’on garde dans la poche même quand l’hiver mord déjà les doigts. »
Il fallait bien qu’une voix ose rendre justice au moment le plus silencieux de l’année, ce minuscule souffle entre la chute des dernières feuilles et la première morsure de l’air froid. Avec Summer is Gone, Anjalts signe un single qui ressemble à une photographie trouvée au fond d’une boîte en métal : un peu jaunie, un peu tremblée, mais encore chaude des doigts qui l’ont tenue autrefois.
Là où d’autres auraient choisi le mélodrame ou le tube calibré, Anjalts avance sur la pointe des pieds, presque en funambule. Sa production joue la retenue, une pudeur quasi cinématographique où chaque élément semble suspendu dans la lumière oblique d’un soleil qui hésite déjà à se coucher. Les synthés, discrets, respirent comme une mer étale ; la guitare acoustique parfume l’air d’un grain de sable oublié ; les percussions, droites et limpides, maintiennent un faux tempo de cœur encore attaché à l’été.
Le chant, lui, ne cherche ni la puissance ni l’éclat. Il flirte avec la fragilité, avec cette douceur solaire qui a fait la signature d’Anjalts depuis Air to Fire, mais qu’elle affine ici avec une précision presque millimétrée. On sent l’artiste se tenir littéralement sur le seuil : entre un amour déjà passé et le début d’un hiver qu’elle n’a pas choisi. Ce n’est pas de la nostalgie pure ; c’est de la nostalgie en mouvement, un souvenir qui refuse de mourir gentiment.
Là se trouve le vrai geste artistique d’Anjalts : faire du minimalisme un refuge émotionnel, et de cette esthétique rétro-pop une zone de friction où la modernité s’invite sans effacer la mémoire. Summer is Gone n’est pas un adieu — c’est une conservation. Celle d’une chaleur, d’une odeur de sel, d’un prénom qu’on ne prononce plus mais qu’on entend encore dans un souffle.
Cette capacité à saisir l’invisible, à retenir l’instant fragile avant qu’il ne bascule, annonce un virage plus large : celui de Northern Lights, son album à venir, où l’on pressent déjà un élargissement, une expansion vers quelque chose de plus vaste, peut-être plus grave, mais toujours porté par ce grain délicat qui fait d’elle une productrice précieuse et singulière.
Si l’été s’en va, Anjalts en garde la braise — et la glisse sous la neige, juste assez pour qu’on puisse encore s’y réchauffer.
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novembre 28, 2025« Cette collection est un miroir brisé où chaque fragment reflète une autre version de Fernando’s Eyes — plus trouble, plus libre, plus hantée. »
Il y a des artistes qui écrivent des chansons, puis il y a ceux qui écrivent des écosystèmes. Fernando Honorato, sous l’alias Fernando’s Eyes, appartient clairement à la seconde catégorie. Bonus Tracks & Remixes ressemble à une salle d’archives entrouverte, où l’on découvrirait les doubles, les ombres, les hésitations et les métamorphoses du très beau Center of Your World. Ce n’est pas un appendice : c’est une constellation parallèle, une cartographie sensible de ce qui gravitait autour de l’album sans y entrer tout à fait — comme ces pensées nocturnes qu’on n’ose pas écrire mais qui finissent par nous définir.
Higher Ground ouvre la marche comme un lever de brume : nappes synthétiques larges, tempo suspendu, respiration étale. Un morceau qui regarde vers le haut mais avance au ralenti, avec cette façon qu’a Fernando d’étirer le temps jusqu’à ce qu’il devienne un paysage. I Can’t Feel Like This Anymore poursuit dans une veine plus intime, presque confessionnelle : guitare crépusculaire, battement retenu, un refus tendre de la stagnation émotionnelle.
Puis vient Change, reprise du titre de White Lies — et c’est l’un des moments les plus forts du disque. Fernando en fait un spectre, une silhouette de cold-wave qui glisse dans une chambre sombre, délaissant le dramatique pour le fragile. Crystal – The Foreign Resort Remix bascule dans une tension post-punk plus musclée : lignes de basse serrées, voix étirée comme un écho dans une ruelle humide, esthétique danoise parfaitement assumée. A Million Times – White Birches Remix ajoute des reflets synth-pop élégiaques : on y entend un cœur battre à travers un verre dépoli.
Le voyage continue avec Center of Your World – Daidalos Mix by Voyna, version labyrinthique et presque liturgique du morceau-titre : ici, le morceau devient architecture, un espace où l’on déambule plus qu’on n’écoute. Crystal – Oplen Remix prend le contrepied : énergique, minimaliste, presque binaire — comme si la chanson s’était vidée de toute chair pour ne garder qu’un squelette rythmique.
Plus chaleureux, A Million Times – Albert Severin Remix transforme le morceau en pulsation feutrée, proche de la dream-pop dansante. Pendant que Center of Your World – (((S))) Remix se vautre dans une noirceur plus électronique, presque spectrale : un murmure dans un tunnel. Crystal – Jaakko Eino Kalevi Remix apporte l’étrangeté lumineuse du Finlandais : synthés liquides, groove doux, une chaleur inattendue qui fissure la mélancolie.
Puis A Million Times – Magic Wands Remix rallume l’étincelle pop, avec un scintillement presque lunaire, un parfum d’euphorie retenue. Le disque se ferme sur Center of Your World – Solemn Youth/Adam Stilson Remix, version plus profonde, vibratoire, où tout semble se dissoudre doucement, comme un souvenir qui refuse de disparaître mais se laisse décaler.
Bonus Tracks & Remixes n’est pas une compilation, mais un prolongement émotionnel. Une façon pour Fernando’s Eyes de dire que les chansons ne meurent jamais : elles se déplacent, mutent, s’étirent, se reflètent ailleurs. Un disque de mi-saison, pour les nuits qui s’étirent, pour ceux qui aiment écouter les coulisses autant que la scène principale.
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novembre 28, 2025« Autour de cette frontière mouvante qu’il trace seul, The7thGatekeeper transforme le poids du monde en éclats sonores, brutaux, tendres, contradictoires — mais vivants. »
Around This Edge Together ressemble moins à un album qu’à un journal extirpé d’une tempête intérieure, griffé de riffs, de silences, de colères rentrées, de rêves qui sentent la sueur froide. Le musicien gallois — seul dans son chaos cupboard, à Barry — fait ici jaillir un rock hybride où la lourdeur de Slipknot, l’obsession rythmique de Tool et les confidences d’un songwriter folk s’imbriquent dans une même respiration. Ce disque est un territoire mouvant : abrasif, fragile, hanté, mais terriblement humain.
L’ouverture, Not to Be Taken, est une déflagration brève, presque un avertissement. Les guitares claquent comme des dents serrées, et l’on comprend immédiatement que rien ne sera lissé, que l’on va traverser un espace où l’artiste ne joue pas à paraître : il s’expose. 5588 poursuit dans une veine plus mécanique, presque industrielle, avec une pulsation qui semble imiter celle d’un homme qui avance malgré les coups, malgré le réel qui cogne.
Puis surgit Amulet, morceau court mais essentiel : une respiration électrique, comme un gri-gri sonore que l’on serre dans la paume pour tenir la journée debout. The Hoard, lui, ouvre une béance plus sombre. On y entend l’accumulation — d’angoisses, de souvenirs, de mondes intérieurs qui s’effritent. C’est lourd, mais jamais écrasant : The7thGatekeeper sait laisser filtrer la lumière.
Avec Baryon II, il change d’échelle. On quitte l’intime pour une sensation presque cosmique. Le morceau est bref, mais il évoque une matière en mutation, un scintillement où l’expérimental se fait narratif. Wrapped arrive alors comme un morceau charnière : mélodie plus sinueuse, tension plus émotionnelle, un repli sur soi où l’artiste semble tenter d’enrouler ses propres démons avant qu’ils n’explosent.
Vient ensuite Inamorata, moment de grâce inattendu. Dédiée à sa femme, cette miniature d’amour tendre tranche avec la rudesse du reste. C’est une confession murmurée, une accalmie fragile, comme si la musique se souvenait soudain qu’elle peut aussi panser. The Garden renoue avec une énergie plus frontale, mais y glisse une mélancolie discrète : un jardin où rien ne pousse sans heurts, où l’on arrache les mauvaises herbes de soi-même.
Et puis tout converge vers le pivot du disque : (Fear) Wet State. Inspiré d’un rêve terrifiant, le morceau condense toutes les obsessions du projet — la peur, la matière sonore qui tourbillonne, une urgence presque viscérale. On y entend la progression d’un artiste qui transforme ses cauchemars en architecture musicale, et qui, dans ce chaos parfaitement contrôlé, trouve une forme de vérité brute.
Around This Edge Together impressionne par sa cohérence malgré sa diversité. Chaque morceau est un fragment d’un même éclat, une facette d’un esprit qui refuse de s’aseptiser. Dans ce second album, The7thGatekeeper avance, un pas après l’autre, sur sa propre arête — celle où l’on vacille, mais où l’on voit plus loin que de l’autre côté.
Un disque rugueux, intranquille, profondément honnête. Une frontière qu’on traverse ensemble.
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novembre 28, 2025« Avec Electro Time, Seven Nation Army signe l’album qu’il rêvait de faire depuis quarante ans — un disque où les années 80 ne sont pas une esthétique, mais une mémoire enfin libérée. »
Il y a des albums qui viennent du présent, et ceux qui viennent de plus loin — d’un passé figé, d’un désir ancien, d’un rêve bloqué par l’histoire. Electro Time appartient à cette deuxième catégorie. Quand Jarek Balsamski, fondateur et âme de Seven Nation Army, imagine cet album au milieu des années 80, la Pologne vit encore sous un communisme étouffant. L’électropop, la synthwave, les riffs futuristes : tout cela appartient alors à un ailleurs inaccessible. Et pourtant, quatre décennies plus tard, Electro Time devient réalité — un disque où les fantômes de Depeche Mode, A Flock of Seagulls, Van Halen et les premiers synthés Roland s’entrelacent avec l’énergie rock brute qui définit 7NA depuis ses débuts.
Accompagné d’Olga Ostrowska, Balsamski signe ici un album profondément personnel : une jonction entre ce qu’il voulait faire et ce qu’il est devenu. Et dans cette rencontre, chaque titre joue un rôle précis — comme des chapitres d’un récit qui parle de résistance, de nostalgie, de lucidité, de colère et de survie intérieure.
1. I Don’t Care – Electro TimeOuverture frondeuse. Un morceau qui frappe comme un retour à la vie. Guitares effilées, synthés qui scintillent, voix déterminée : un “je m’en fous” libérateur, adressé au passé comme à toutes les attentes extérieures.
2. L.S.F – Electro TimePlus sombre, plus nerveux, presque new wave. On y sent les rues mouillées des années 80, les néons, les choix difficiles. Le rythme avance comme une course nocturne.
3. New LifeUn des titres les plus lumineux. On y entend le basculement vers autre chose, vers un souffle neuf. Un morceau simple mais vital : recommencer est parfois un acte de guérison.
4. Power and Money – Electro TimeCritique claire, frontale, du monde contemporain. Les synthés claquent comme des alarmes, la voix mord. Un titre qui rappelle que la pop peut être politique.
5. Get Out of My Life – Electro TimeRupture franche, sans ambiguïté. La mélodie épouse parfaitement l’impulsion d’échapper à une influence toxique. C’est le morceau le plus rock de l’album — abrasif, urgent.
6. You Always Know Better – Electro TimeChanson acide, presque sarcastique. Elle parle de ceux qui jugent, conseillent, imposent — et du plaisir de s’en débarrasser. Production limpide, voix glacée, synthés cinglants.
7. Angel – Electro TimeParenthèse plus tendre. Une montée émotionnelle portée par Olga Ostrowska, dont la voix apporte une douceur inattendue. L’ange, ici, n’est pas naïf : il veille, mais connaît la nuit.
8. Foolish Game – Electro TimeRelecture modernisée d’un des titres marquants de 7NA. Le morceau gagne en éclat synthétique, sans perdre son cœur mélodique. C’est le pont entre l’ancien groupe et le nouveau.
9. Something Changing in Me – Electro TimeTitre charnière. Il parle du changement intérieur, de la lente mue qui transforme sans bruit. L’arrangement minimaliste sert parfaitement ce moment d’introspection.
10. Gone Away – Electro TimeBallade sombre, presque gothique. Elle évoque l’absence, le départ, le renoncement. La production y est ample, atmosphérique — un paysage émotionnel.
11. Future – Electro TimeFinal plein d’espoir. Un morceau qui regarde vers l’avant, enfin. Ici, les synthétiseurs semblent s’ouvrir, respirer, accueillir. La boucle est bouclée : le futur désiré dans les années 80 est devenu présent.
Electro Time n’est pas qu’un hommage aux synthés et aux rythmes rétro. C’est un témoignage, presque un exorcisme. L’album porte la marque d’un homme qui, quarante ans plus tard, réalise un rêve empêché — et en fait une œuvre vibrante, honnête, habitée.
Seven Nation Army ne joue pas les années 80. Il les délivre, comme un souvenir qui avait attendu trop longtemps. Un disque d’accomplissement, mais aussi de recommencement. Le passé transformé en énergie neuve.
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novembre 28, 2025« Jacob Chacko livre avec Over The Top un hymne rock’n’roll pour survivre au tourbillon de décembre — un morceau qui rit avec nous du trop-plein avant qu’il ne nous engloutisse. »
Chaque fin d’année, la même énergie nous rattrape : lumières saturées, files interminables, cadeaux à n’en plus finir, cette espèce de frénésie qui transforme les rues en terrain de jeu légèrement absurde. Jacob Chacko, lui, a décidé d’en faire une chanson. “Over The Top”, déjà sorti l’an dernier mais parfaitement taillé pour revenir hanter nos playlists de Noël, capture ce mélange d’excitation, de pression douce et de folie assumée qui accompagne la saison.
Le titre s’avance porté par un rock à l’ancienne, franc, chaleureux, lustré par l’ADN pop-rock dont Chacko a le secret. Guitares bondissantes, refrain accrocheur, rythme qui avance avec le sourire d’un vieux compagnon de route : c’est le genre de morceau qui transforme la cohue des centres commerciaux en scène de comédie musicale légère. On y entend cette jubilation légèrement ironique — l’envie de se laisser emporter, et l’amusement devant la surenchère qui, chaque année, dépasse la précédente.
Mais Chacko ne joue pas seul. Derrière cette énergie festive, on retrouve l’équipe qui l’accompagne dans sa montée en puissance pour son troisième album Give Me The Good Stuff. Thomas Monaco, à la co-production vocale, apporte cette rondeur pop qui rend les refrains irrésistibles ; Talya Gelfand, en backing vocals, ajoute une touche scintillante, presque gospel ; Les Lovell, à l’ingénierie sonore, donne à l’ensemble un éclat propre et chaleureux, fidèle à la tradition du rock mélodique américain.
Le morceau devient alors plus qu’un “Christmas single”. C’est une petite célébration du folklore moderne : l’excès, les courses folles, les fous rires avec les bras chargés de sacs, l’envie de faire plaisir qui se mélange à la douce panique de n’en faire jamais assez. Chacko transforme ce stress partagé en un moment d’union — un clin d’œil complice, presque un “on est ensemble là-dedans”.
“Over The Top” se faufile ainsi parmi ces titres de fin d’année qui ne cherchent pas à réinventer le monde, mais à rappeler ce qui fait le charme de la saison : l’envie d’aller un peu trop loin, juste pour la joie d’y être.
Un morceau simple, honnête, vibrant — comme un sapin trop chargé mais impossible à ne pas aimer.
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novembre 28, 2025« Avec Last Resort, Luka & the Nightbirds signent un disque où l’on entend tout : la poussière, les cicatrices, les nuits longues et les renaissances. »
“Last Resort” est une halte en bord de vie. Un endroit où l’on pose les valises, où l’on regarde ce qu’il reste quand les lumières s’éteignent et que l’industrie reprend son masque. Enregistré live au studio Angie, dans la rudesse magnifique du Cantal, le disque porte cette vérité-là : Luka, après les sommets de la pop française, a dû tomber pour retrouver une voix qui n’appartient qu’à lui. Autour de lui, les Nightbirds — Marc de Mequenem, Diabolo, Carine Gomez, Griff — deviennent moins un groupe qu’un cercle de confiance. Et cette confiance s’entend. Elle résonne dans chaque titre.
L’album s’ouvre avec “Just Wanna Cry”, un morceau qui ne cherche pas l’effet dramatique : il dit simplement l’effondrement. La voix, fragile, presque chuchotée, annonce d’emblée le ton du disque : ici, on ne triche pas. On s’avoue vaincu pour mieux repartir.
Vient “Vertigo”, la pièce maîtresse. La perte maternelle est le centre émotionnel du disque, et le morceau en porte le poids. L’harmonica de Diabolo halète, le violon de Carine Gomez ouvre une brèche. On ne parle pas ici de deuil ; on le vit en direct. C’est un titre qui ne panse rien — il expose.
“Sonny Boy” déplace ensuite le décor vers un blues poussiéreux, presque cinématographique. On entend l’ombre d’Ennio Morricone, le souffle d’une Amérique intérieure, un western intime qui se joue dans le creux d’une guitare usée. Luka y retrouve l’énergie de ses premiers groupes, celle qui grattait avant de séduire.
Avec “No Sugar”, le disque montre ses dents. Un morceau sec, jeté comme un avertissement. Pas de douceur ici, juste la vérité brute : les illusions tombent plus vite que les masques.
Puis arrive “I Care About You”, moment suspendu, éclaircie fragile. Une chanson qui dit l’amour sans lyrisme, sans maquillage — un amour fatigué mais tenace.
Au centre du disque, “Last Resort” agit comme un manifeste. Le morceau-titre condense la philosophie du projet : faire de la musique non pas pour exister dans l’industrie, mais pour exister tout court. Guitares et Wurlitzer s’y serrent l’un contre l’autre, comme un corps qui refuse de tomber.
Plus loin, “Mister Man” apporte un mouvement plus nerveux, presque ironique, grattant les postures, les faux rôles, la comédie sociale dans laquelle Luka a longtemps dû évoluer.“Moon Is High”, lui, regarde la nuit sans peur : un morceau-lanterne, à peine éclairé, qui avance à pas lents.
Dans la dernière ligne droite, “All for You” déroule une route plus pesante, tandis que “All You Need Is Me” revisite les élans pop d’autrefois avec une maturité nouvelle. Enfin “You’re My Woman” clôt le disque avec une simplicité désarmante : pas de pathos, juste la tendresse, enfin retrouvée.
“Last Resort” est un album qui ne cherche pas l’adhésion : il cherche la vérité. Luka & the Nightbirds signent un disque qui sonne comme une respiration revenue, un cœur remis dans le bon sens. Une œuvre vivante, honnête, et intensément humaine.
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novembre 28, 2025« Une chanson qui s’écoute comme on traverse un rêve lucide : les contours vacillent, le monde s’éloigne, et quelque chose en nous commence enfin à parler. »
“Born On a Train” n’arrive pas comme un single de plus à écouter : il se comporte plutôt comme un souvenir qui remonte sans prévenir. Hallucinophonics y déploie un folk-rock spectral où chaque élément semble flotter dans l’air, détaché de la pesanteur du quotidien. Rien n’est massif, rien n’est démonstratif — mais tout est chargé, intensément chargé. On entre dans le morceau comme dans un wagon désert illuminé par une lumière de fin de nuit, cet espace mental entre la veille et le sommeil où les pensées sont plus franches que d’habitude.
La construction du titre repose sur une sobriété calculée : guitare acoustique qui avance avec la régularité d’un rail, basse souterraine qui pulse comme un second cœur, voix masculine qui s’approche presque chuchotée, comme si elle racontait une vérité qu’elle hésite encore à admettre. La simplicité apparente agit comme un piège : derrière chaque accord, une tension invisible se glisse, un frémissement qui ouvre un couloir introspectif. L’esthétique cinématographique est palpable, mais jamais écrasante — on n’est pas dans la grandiloquence, on est dans la précision émotionnelle.
Ce qui donne au morceau sa force, c’est l’idée centrale : être “né dans un train”. C’est plus qu’une image ; c’est une condition, une fatalité douce-amère. Le personnage n’est jamais vraiment à l’arrêt. Il porte dans ses veines cette accélération perpétuelle, cet héritage d’agitation, cette impossibilité de se poser vraiment quelque part. La métaphore prend des airs de destin familial, comme si chaque membre se transformait en véhicule d’une trajectoire qu’il n’a pas choisie. La mélancolie, ici, n’est pas décorative : elle devient une cartographie intérieure.
Les influences — de Nick Drake à Pink Floyd en passant par The National — s’entendent en transparence, mais Hallucinophonics en tire une matière très personnelle. À mesure que le morceau progresse, on a la sensation étrange que le décor s’élargit, que quelque chose s’ouvre devant nous sans jamais se montrer. La rythmique, régulière mais jamais pressante, agit comme une hypnose subtile. Un filetage psychédélique traverse l’ensemble : presque rien, mais juste assez pour dérégler la perception et créer une immersion totale sous casque.
“Born On a Train” n’est pas fait pour les playlists distraites. C’est une respiration lente, une exploration de l’identité en mouvement, un fragment de cinéma intérieur qui prépare le terrain pour Falling, l’album annoncé pour 2026. Une chanson pour ceux qui marchent vite sans savoir pourquoi, pour ceux qui n’arrivent pas à descendre du train, pour ceux qui ont besoin que la musique leur rappelle que le mouvement aussi peut être une forme de vérité.
Un titre discret, mais redoutablement persistant — comme un paysage qu’on n’oublie pas, même s’il n’a jamais vraiment existé.
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novembre 28, 2025« Un morceau qui arrive sans politesse, sans gants et sans filtre — juste l’électricité brute d’un groupe qui refuse de marcher droit. »
“gentrified!” déboule comme un camion volé lancé à pleine vitesse dans une rue trop propre pour lui. Village Instincts n’est pas là pour décorer les playlists alt-rock : le trio veut frictionner, bousculer, salir un peu les murs, parce que la vie elle-même ne sonne pas comme une production lissée. Trois types du Sud, bien conscients de l’image qu’on pourrait leur coller, qui choisissent au contraire d’assumer l’attitude sans l’arrogance, le chaos sans la connerie gratuite. Et ça s’entend immédiatement.
Le morceau mélange l’urgence du garage rock, la tchatche nerveuse du punk et une touche rétro qui rappelle l’époque où les amplis crachaient avant même qu’on pose un doigt dessus. Les guitares débordent, roulent dans la poussière, cherchent l’accroche en se cognant au rythme. On sent un besoin physique de jouer plus fort que les compromis qu’on nous impose au quotidien. Le titre bat au rythme de l’exaspération moderne : villes aseptisées, vies standardisées, identités réduites à des miettes. Village Instincts répond avec une grande claque sonore.
La voix, elle, mord autant qu’elle raconte. Pas de posture, pas de pose : juste ce grain râpeux de quelqu’un qui a passé trop de nuits à jouer dans des bars où personne n’écoute vraiment, mais où la transpiration finit toujours par convaincre. Le groupe parle d’authenticité avec une franchise presque démodée — mais surtout nécessaire. Leur credo est clair : s’indigner sans devenir des salauds, aimer sans rendre les armes, exister dans un monde qui préfère les personnages aux personnes.
“gentrified!” est une protest song sans discours, un cri sans drapeau. Un rappel que la colère peut rester tendre, que l’attitude peut rimer avec décence, et qu’on peut dire « merde » à la société sans en faire une performance cynique.
Village Instincts ne cherche pas à plaire : ils cherchent à réveiller. Et ce single, rugueux jusque dans ses recoins, y parvient avec une insolence salvatrice.
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novembre 28, 2025« Une chanson qui ne romantise rien, qui ne cache rien, qui ne cherche rien d’autre qu’à dire la vérité quand elle brûle encore. »
Il y a chez Chloe Hawes cette façon rare de marcher sur une ligne de crête : entre la tendresse qui tremble et la colère qui gronde, entre le folk qui chuchote et le punk qui mord. Avec “James Dean”, l’artiste née dans l’Essex et basée à Manchester signe l’un de ses titres les plus viscéraux, un morceau qui dissèque les mirages de la rébellion glamour pour y déceler ce qu’il reste vraiment : l’épuisement, le vertige, et un besoin presque animal d’exister autrement.
“James Dean” n’est pas un hommage — c’est un antidote. Chloe y démonte l’image du rebelle romantique, celui qu’on imite pour “faire du bruit”, pour alimenter le récit, pour remplir le vide du quotidien avec un semblant de destin. La chanson s’attaque à ce réflexe de vivre “for the plot”, d’écrire sa vie comme un film, en oubliant les blessures qu’on accumule en coulisses. Ce que Chloe propose ici est plus brut, plus humain : un regard sans filtre sur les spirales qu’on alimente soi-même, sur les fantômes qu’on transporte, sur les nuits qui nous coûtent plus qu’elles ne libèrent.
La production, enregistrée avec Dan Kiener, garde l’essentiel : la voix rauque, légèrement fumée, qui porte tout. Chloe joue chaque instrument à l’exception des batteries, confiées à Anna Reed, dont le jeu tend la chanson comme une veine prête à éclater. Les guitares grondent sans s’éparpiller, les arrangements restent serrés, intimes, comme si la musique avait été sculptée dans un studio exigu, le souffle retenu. Le mastering de Sam Cook laisse respirer chaque aspérité, chaque menace contenue.
L’imagerie se prolonge jusque dans l’artwork signé pigskinmayhem, tatoueur manchestérien, qui capture parfaitement le mélange de vulnérabilité et de défiance qui traverse le morceau. C’est une esthétique de cicatrices assumées, de vérités qui refusent de rester sous la peau.
“James Dean” s’inscrit dans une trajectoire déjà dense : quatre EPs, un album — Remains/Reminders — et des tournées qui ont mené Chloe du Royaume-Uni aux États-Unis en passant par l’Europe, avec des passages à Manchester Pride, The Fest, Puzza, et bientôt les dates nordiennes en support de Will Varley.
Avec ce single, Chloe Hawes rappelle ce qui fait la force de son écriture : une honnêteté presque dangereuse, une capacité à transformer les fissures en chansons qui respirent encore, longtemps après la dernière note.
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novembre 28, 2025« Ce titre qui bat comme un cœur collectif, une secousse métallique conçue pour réveiller ce qu’on croyait endormi sous la peau. »
Avec “The Beat”, Baby and the Beats frappe en plein centre nerveux. Le groupe belge, qui avance avec une ambition frontale — être entendu, vu, ressenti — signe un single pensé comme un électrochoc vital. Ici, le métal n’est pas seulement un genre : c’est un outil biologique, une pulsation amplifiée, un rappel que notre corps est une machine rythmique depuis le premier jour. Le morceau puise dans les battements naturels, les syncopes du vivant, et en fait un carburant sonore qui soulève, secoue, galvanise.
Ce deuxième single — entre heavy metal musculaire, éclats industriels et mélodies vocales ciselées — se construit autour d’un motif simple : la pulsation. Un beat primitif, presque tribal, qui s’enrichit de couches de guitares saturées pour devenir un moteur en fusion. Patrick, au chant et à la guitare, donne le ton avec une énergie viscérale, presque frontale, vite rejointe par la voix de Cassandra, dont la puissance mélodique sert de contrepoids émotionnel à la rugosité des riffs. Stefano, lui, découpe l’espace avec des phrases de guitare qui semblent chercher la frontière entre tension et libération.
“The Beat” porte en lui une dimension collective rare dans le métal moderne. Baby and the Beats compose des morceaux faits pour être chantés avec le public, pensés pour fondre les voix en une seule harmonie brute. On imagine déjà la foule reprendre le refrain, poing levé, comme si la chanson était un pacte sonore plus qu’un simple single.
Ce titre marque également le lancement d’une stratégie claire : un clip prévu en décembre 2025, puis une sortie régulière d’un single toutes les six semaines jusqu’en mars 2026, moment où leur premier EP verra le jour avant un album programmé pour l’été. Une cadence qui dit tout : Baby and the Beats n’est pas là pour garnir la scène, mais pour l’occuper pleinement, intensément, physiquement.
“The Beat” est une déclaration. Une invitation à revenir au battement premier, celui qui unit, qui alimente, qui fait vibrer même les pierres. Un morceau conçu pour être vécu autant qu’écouté — un cri métallique qui rallume le moteur intérieur.
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novembre 28, 2025« Une chanson comme un miroir brisé tendu à notre génération : coupant, ironique, impossible à ignorer. »
Il y a chez Lana Crow cette manière de transformer l’air du temps en arme blanche. Avec “Orwellian Times”, la pop-rockeuse signe un brûlot qui ressemble moins à un single qu’à une alarme — celle qui se déclenche quand on réalise qu’on est devenu complice du vacarme qu’on dénonce. Le morceau s’avance avec la précision d’un scalpel : riffs acérés, synthés qui claquent comme des néons surchauffés, et cette voix qui semble constamment hésiter entre la tendresse et l’émeute.
Lana interroge notre époque saturée de morale instantanée, de jugements en flux continu, de postures vertueuses recyclées à l’infini. Elle capture cette fatigue morale, ce sursaut de lucidité qui traverse parfois le chaos digital. “Self-righteousness is killing all sense,” lance-t-elle — un vers qui résonne comme un constat clinique. Le morceau se construit autour de cette tension : l’envie de croire encore en quelque chose, et le vertige d’un monde où tout se transforme en score social, en indignation performée.
Musicalement, “Orwellian Times” refuse d’être rangé. C’est pop, mais ça grince ; rock, mais ça scintille ; cinématographique, mais jamais décoratif. Les guitares vibrent comme si elles cherchaient à percer un brouillard idéologique, tandis que les synthés étirent une atmosphère électrique, presque dystopique. La voix de Lana, elle, frappe juste : vulnérable au début, puis de plus en plus incisive au fur et à mesure que la chanson s’emballe.
Le message n’est pas une condamnation mais une provocation douce-amère. Lana Crow n’accuse pas le monde : elle pointe ce qu’on y apporte, volontairement ou non. « On a invité tout ça chez nous juste pour se sentir meilleurs », dit-elle en filigrane. Le morceau devient alors une invitation à remettre en question nos automatismes, nos impulsions, nos colères trop faciles.
“Orwellian Times” installe Lana Crow comme l’une des voix les plus franches et les plus téméraires du pop-rock émergent. Une artiste qui n’a pas peur de gratter là où ça fait mal, tout en offrant un refrain assez puissant pour rassembler ceux qui ont encore envie d’y voir clair dans le vacarme.
Un titre qui ne cherche pas à plaire — mais qui risque, justement pour cela, de marquer durablement.
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novembre 28, 2025« Une chanson qui avance comme un mirage chaud, un rêve traversé de guitares liquides où chaque seconde semble respirer pour elle-même. »
“Every Time” a cette lumière un peu clandestine qui n’appartient qu’à ceux qui créent loin du bruit, dans un coin de pièce, sans témoin. Samuel Campoli, installé à Brooklyn mais manifestement de nulle part et de partout à la fois, signe ici un titre qui rayonne d’une douceur volontaire, presque têtue. C’est un morceau qui ne court pas après son époque : il la regarde passer depuis un balcon rempli de plantes, une guitare en main, un sourire fatigué aux lèvres.
La chanson scintille grâce à un jeu de textures qui évoque une psyché tropicale, presque humidifiée par le soleil. On y devine les fantômes d’un rock jangly qui aurait dormi trop longtemps au bord de l’eau, réveillé par ces harmonies vocales superposées comme des voiles translucides. “Every Time” semble glisser naturellement là où il doit aller, sans forcer, sans chercher le hook facile. On sent la patte d’un artiste qui s’écoute plus qu’il n’écoute les tendances, et cette liberté respire dans chaque mesure.
Campoli enregistre, joue, mixe presque tout lui-même. Cette solitude créative, loin d’être un geste d’isolement, devient ici un moteur. Il suit les indications de sa guitare comme on suit une intuition nocturne : sans savoir pourquoi, mais avec cette certitude intime que c’est la seule direction possible. C’est d’ailleurs cette défiance assumée envers l’industrie, les attentes, les fads, qui confère au morceau son caractère indompté. Campoli compose pour survivre, pour rester entier. Et ça s’entend — profondément.
On perçoit aussi, en filigrane, son expérience de compositeur pour le cinéma. Le morceau évolue comme une scène filmée en un seul plan : sans coupure, sans couture visible, porté par ce sens du mood qui semble être son fil d’Ariane artistique. “Every Time” avance comme une ambiance qui prend forme sous nos yeux, plus que comme une chanson qui cherche un climax.
Ce single ouvre la porte à un EP qui promet d’élargir encore son univers sonore : un territoire où l’honnêteté brute se mêle à un grain de bizarrerie parfaitement assumé, où chaque vibration semble dire la même chose — Campoli ne joue pas pour plaire, il joue pour être.
Et dans un monde saturé par le besoin de séduire, c’est précisément ce geste-là qui brille le plus.
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novembre 28, 2025« Chaque titre de cet EP est une pièce arrachée au réel, un fragment brûlant qui prouve que la vulnérabilité peut encore faire trembler les murs. »
Il y a chez Ceyeo cette manière d’avancer comme un funambule sur un fil saturé d’émotions, une façon de transformer l’effondrement intérieur en architecture musicale. Together They Were Nothing n’est pas un simple EP : c’est une autopsie sentimentale, un geste lucide, un miroir tendu sans maquillage. Sept titres, sept fissures, sept vérités qu’on préfère souvent ne pas regarder en face.
Confession ouvre le bal comme une plaie encore chaude. Ceyeo y sème un aveu qu’on refuse de formuler, cette peur d’aimer trop, ou pas assez, ou mal — on ne sait jamais vraiment. Sa voix tremble mais avance, portée par un piano qui semble hésiter à chaque mesure, comme si le morceau cherchait lui-même comment survivre à ce qu’il raconte. C’est court, tranchant, presque trop honnête pour respirer.
Dans I Can Tell, les cordes de Maga Clavijo viennent froncer le paysage musical. Le morceau se déploie comme une capsule d’intuition — ce moment où l’on comprend avant même d’entendre. Ceyeo y cisèle un climat inquiet, presque télépathique, où chaque instrument semble deviner la suite avant l’auditeur. C’est une dramaturgie en tension permanente.
Love Is Angry fait basculer l’EP dans un territoire quasi mythologique. Le morceau s’enflamme autour d’un constat brutal : l’amour n’est pas doux, il frappe, il réclame, il blesse comme un orage qui ne s’excuse pas. On y entend Neruda en écho, on y sent l’orage sous la peau, on y croit à une poésie qui sait encore mordre.
Bedlam est peut-être la pièce la plus politique. Ceyeo y décrit une humanité qui boite, un monde qui s’effondre dans un sabbat de contradictions. Le texte griffe, interroge, refuse les réponses faciles. On traverse des couloirs mentaux où Van Gogh, Kipling et les fantômes de nos propres décisions se croisent sans prévenir.
Avec Contact, Ceyeo désamorce le tumulte pour plonger dans une sorte de trance introspective. Le morceau ressemble à un rituel nocturne, un passage initiatique. On y traverse la mémoire comme on traverse un brouillard dense, chaque image qui revient agit comme un battement de cœur qui refuse d’être oublié. C’est un morceau qui marche droit au centre du vertige.
Colossus poursuit cette plongée intime : un face-à-face avec l’absence, avec ce qu’on perd sans jamais le dire, avec ce qui nous poursuit dans les angles morts. Ceyeo y cherche un paradis introuvable et finit par comprendre que le vrai terrain sacré est celui où l’on accepte enfin de ne plus savoir.
Enfin, This Is How You Win clôt l’EP comme un coup de poing froid, un pamphlet contre le cynisme du monde moderne. C’est mécanique, tranchant, implacable — on dirait presque un manuel de survie dicté par une voix fatiguée d’espérer. Ceyeo y désosse la logique du pouvoir et laisse l’auditeur face à une question terrifiante : gagner, oui, mais contre quoi, et à quel prix ?
Together They Were Nothing est un portrait du chaos intérieur, une œuvre qui refuse les illusions, qui touche là où on détourne le regard. Un disque qui ne cherche pas à plaire, mais à dire — et qui, dans cette sincérité radicale, devient indispensable.
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novembre 26, 2025« On a senti X-Ray de The Notwist s’ouvrir sous nos pas comme une plaque chauffée à blanc, prête à nous avaler tout entiers. »
À partir de là, quelque chose bascule. On entre dans un territoire où le rock indé, cette vieille bête fatiguée, retrouve un éclat presque animal. Avec X-Ray, The Notwist fait exactement ce que très peu de groupes osent encore : nous remettre en circulation. Pas nous réconforter. Pas nous alourdir. Non — nous relancer, comme si la musique redevenait un souffle qui passe dans les veines plutôt qu’un simple signal compressé sur Spotify.
On se retrouve aspirés par cette rythmique qui claque sec, comme un cœur qui décide brusquement de courir plus vite que la pensée. La guitare n’essaie pas de séduire : elle racle, elle insiste, elle cherche l’étincelle. Les synthés, eux, ne font pas de chorégraphie — ils glissent, s’incrustent, s’évaporent comme des halos de chaleur sur du bitume après l’orage. Et pourtant, rien n’est chaotique. Tout fonctionne comme une créature vivante, imprévisible mais cohérente, qui nous parle dans une langue qu’on comprend instinctivement.
X-Ray semble enregistré avec la fenêtre ouverte, laissant entrer le vent, les accidents, le vivant. On entend presque les corps, les regards échangés, les décisions prises en une fraction de seconde. Le morceau garde ses aspérités, ses minuscules grains de poussière collés au son — cette manière de laisser la matière respirer, de ne pas la cerner. C’est cette respiration qui donne l’impression que le morceau bouge encore même une fois terminé, comme un animal qui refuse de s’éteindre.
On pourrait dire que The Notwist signe un retour. Mais ça sonnerait faux : ils ne reviennent pas, ils réapparaissent. Ils surgissent d’un intervalle, d’une faille temporelle où ils ont passé du temps à chercher des nouvelles couleurs, des nouvelles tensions. Et dans X-Ray, on croise cette dualité qui les caractérise depuis toujours : une mélancolie qui ne s’effondre jamais, une énergie qui ne fanfaronne pas.
La voix, presque effacée, n’essaie pas de prendre le dessus. Elle flotte, elle observe, elle veille sur le chaos ordonné qu’elle traverse. Comme si elle disait : “On ne crie pas, on avance.” Et nous, on avance avec elle, balayés par la tempête mais étrangement lucides, presque apaisés.
Ce qui frappe surtout, c’est ce sentiment que le groupe ne cherche plus à produire des chansons : il cherche à produire des états. X-Ray ne nous raconte rien — il nous place quelque part, dans un espace mental précis, un endroit où les choses bougent à la fois trop vite et pas assez, où tout se reconstruit sous nos yeux.
On ressort de là un peu secoué, un peu plus vivant. The Notwist ne nous propose pas un simple morceau : ils nous offrent une secousse. Une onde. Une manière de se laisser traverser. Une preuve que, même en 2025, certains groupes savent encore modeler la musique comme une force qui déplace, qui dépoussière, qui révèle.
Comme un rayon X, justement. Qui ne montre pas la surface, mais ce qui palpite dessous.
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novembre 26, 2025« Antichrist est cette vague noire qui s’abat sans prévenir, un mur de guitares qui t’engloutit et te force à regarder en face ce que tu préférais laisser dans l’ombre. »
Avec Antichrist, le collectif emmené par Waves_On_Waves signe un retour frontal aux racines du grunge, celui qui sent la pluie sur le bitume, la sueur, l’électricité, et les doutes qui ne veulent pas se taire. Inspiré par l’arbre généalogique de Seattle — Alice in Chains, Pearl Jam, Soundgarden — le morceau embrasse l’esthétique post-grunge avec une densité moderne, presque cinématographique. C’est sale, rugueux, déchiré : exactement ce que ce style réclame pour respirer à nouveau.
Dès la première mesure, le riff s’abat comme une déflagration. Lourdeur, réverbération, tension. Les guitares tournent en spirale, épaisses comme un ciel d’orage, soutenues par une section rythmique qui avance à pas lourds, déterminés, presque menaçants. La voix, rauque, granuleuse, oscille entre murmure fiévreux et cri retenu, capturant cette fragilité aggressive propre au grunge originel : l’envie de hurler, mais la fatigue de le faire trop souvent.
Antichrist explore ces zones où l’âme se fissure — les luttes intérieures, l’impression d’être tiré vers le bas par des forces invisibles, les moments où la colère devient un refuge aussi dangereux que nécessaire. C’est un morceau qui transpire le conflit, la dualité, le besoin viscéral de repousser quelque chose qui nous colle à la peau. Le grunge, dans sa forme la plus pure.
La production, bien que massive, garde cette imperfection volontaire qui fait tout le charme du style. Pas de poli, pas d’arrondis : chaque aspérité semble laissée là exprès, comme un rappel que ce genre n’a jamais été conçu pour plaire, mais pour dire vrai. L’énergie brute des collaborateurs — Sonic Shades Of Blue, Orange Crush — ajoute une épaisseur sonore qui renforce l’immersion : on se retrouve littéralement aspiré dans une pièce sombre, saturée de vibrations, plongé au cœur d’un rituel électrique.
Antichrist, deuxième single de l’album Bipolar Sunshine, montre à quel point Waves_On_Waves sait naviguer entre les époques et les univers. Après des projets synthwave et darkwave denses et foisonnants, cet élan grunge prouve une fois de plus la polyvalence du projet : un artiste capable de changer de peau sans jamais perdre l’intensité émotionnelle qui fait sa marque.
Un morceau qui brûle, qui gronde, qui avale tout ce qui passe — et qui, comme les meilleures offrandes grunge, t’en ressort un peu différent. Une vague noire, un exorcisme, un cri.
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novembre 26, 2025« Mr Dinosaur est cette déferlante lumineuse qui t’attrape par la main comme un pote hyper-sensible et te dit : on part, maintenant, avant que la vie nous rattrape. »
Pour leur tout premier single, les Italiens de Gee Whiz! arrivent avec la spontanéité des groupes qui n’ont rien à prouver sauf leur joie de jouer. Mr Dinosaur déborde d’infectious melodies, de refrains solaires, de guitares qui se répondent comme deux mômes qui se tirent par la manche, et d’une section rythmique qui avance avec cette puissance imperturbable qui donne envie d’accélérer sur n’importe quelle route.
Né d’un coup de foudre collectif — un mélange de Get Back et d’un bus interminable après un concert de Blur — le groupe porte déjà les couleurs d’une mini supernova de la scène de Bologne. Michele “Mike” Giuliani, Mariagiulia Degli Amori, Paul Pieretto et Giacomo Gelati, tous issus de formations marquantes du paysage indie italien, ont embarqué leur énergie commune dans une formule simple : tout jouer avec l’enthousiasme volcanique des débuts, mais avec l’expérience et la finesse accumulées au fil des années.
Mr Dinosaur en est la preuve éclatante. Le morceau démarre comme un clin d’œil à la vague indie rock early 2000s, mais sans nostalgie forcée : c’est un track qui respire le présent. La production de Bruno Germano garde le tout brut, aéré, presque live. Les guitares lancent des motifs en miroir, parfois en call-and-response, parfois en chevauchée parallèle, toujours avec ce sourire sonore qui rappelle que le rock peut encore être pur plaisir.
La mélancolie de Dinosaur Jr. plane en arrière-fond — l’ombre de Feel the Pain, le spleen de ceux qui ressentent trop — mais Gee Whiz! répond à cette lourdeur par un éclat de lumière. Le refrain se déplie comme une étreinte, un encouragement tendre à sortir de sa carapace et à retrouver une vibration plus haute. L’esprit est psyché-pop, presque technicolor, mais toujours ancré dans l’efficacité indie.
Le solo animé qui traverse la vidéo de Pafo Gallieri (entre province italienne, réseaux sociaux et chaos tendre) amplifie encore ce sentiment d’aventure douce, de quête un peu absurde mais profondément humaine.
Avec Mr Dinosaur, Gee Whiz! signe un premier single qui ne s’excuse pas : chaleureux, charmant, débordant de vie. Un appel au mouvement, à l’amitié, à l’exploration. Bref : une aventure, comme promis.
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novembre 26, 2025« enemies est ce coup de vent brutal qui te fouette le visage, te secoue jusqu’à l’os, et te laisse avec un sourire que tu n’avais pas prévu. »
Jeffg surgit avec un track qui sent la poussière des parkings au crépuscule, la sueur des concerts trop serrés et la liberté adolescente qui refuse obstinément de s’éteindre. enemies convoque l’énergie brute du post-punk, l’urgence garage et l’esprit turbulent de la scène skate-punk des années 2000. Un titre court, nerveux, vivant, qui semble courir devant lui-même pour ne pas perdre son élan.
Le morceau démarre au quart de tour : guitare rugueuse, batterie qui claque comme un moteur froid qu’on force à démarrer, voix lo-fi qui semble sortie d’un magnétophone fatigué — un grain volontairement imparfait qui donne au tout une authenticité immédiate. On y retrouve ce goût pour l’esthétique DIY, ce charme crade et vibrant des premières maquettes qu’on écoute trop fort depuis la banquette arrière d’une voiture en cavale.
Puis vient le solo, à 1:23 — minute sacrée, effraction totale. Jeffg déploie une ligne de guitare qui n’a rien de calculé : c’est une montée instinctive, un cri électrique qui fend le morceau en deux, un souffle incandescent qui rappelle les groupes de garage qui jouaient comme si le plafond allait leur tomber sur la tête. Ce solo, c’est la porte qu’on ouvre en courant, c’est la libération pure.
L’écriture de enemies s’inscrit dans une tradition rock où la tension émotionnelle se transforme en propulsion. Les paroles, portées par une voix légèrement râpeuse, déroulent le thème classique mais toujours urgent de l’affrontement — avec soi-même, avec les autres, avec ces ombres qu’on préfère ignorer. Le morceau fonctionne comme une échappée, une fuite volontaire, un besoin de brûler le trop-plein.
Jeffg signe ici un titre qui a l’odeur des débuts mais la conviction des grands. enemies n’est pas seulement un morceau : c’est une décharge, un ride, un rappel que le rock indé, quand il refuse de se lisser, peut encore électriser les veines.
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novembre 25, 2025Whip de Garb’0 arrive comme une gifle électrique : un hybride club-trap et rock ténébreux, affûté pour les nuits qui ne pardonnent pas.
Dès les premières secondes, on entend cette pointe de danger, ce grain minéral qui rappelle que le duo vient aussi du côté des amplis chauffés à blanc. Sous le beat bass-house qui vrombit comme un moteur affamé, une pulsation rock se glisse, presque sous-cutanée : une guitare compressée qui tranche l’air, des textures qui fument encore, une attitude qui refuse le poli clinique. Ici, chaque coup de batterie synthétique semble alimenté par un cœur qui bat trop vite, trop fort.
La voix de Désirée joue à la frontière : mi-pop, mi-punk, mi-sorcière. Elle lance les mots comme on lance des étincelles, avec cette façon de mordre les syllabes qui transforme la moindre phrase en ordre implicite. On sent l’héritage rock dans sa manière d’incarner le morceau, de le charger de rage maîtrisée sans jamais sacrifier la sensualité. Elle ne chante pas sur le beat — elle l’affronte.
Les drops, courts mais brutaux, explosent comme des éclats de verre sous un stroboscope. Titi sculpte une production dense, presque industrielle, où les guitares se distordent dans l’ombre, où les basses roulent comme un tonnerre noir. Ce mélange de club, de trap et d’esprit rock rappelle ces tracks qui allument les foules à minuit, quand l’énergie devient animale.
Ce qui rend Whip si addictif, c’est sa façon de rester minimal tout en dégageant une puissance quasi physique. Pas de fioritures, pas de décor superflu : juste une montée d’adrénaline pure, un mélange d’organique et de synthétique qui claque comme un fouet dans l’obscurité.
Whip, c’est le moment où l’électro sort les crocs et où le rock met les pieds dans le club. Une collision parfaitement dosée, un coup de sang, un coup de rein, un coup de fouet.
Prêt pour la playlist, prêt pour la sueur, prêt pour l’impact.
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novembre 24, 2025S’il y a bien un Girls Band Rock qui respire la liqueur et le fun, c’est Panic Shack. On a adoré leur énergie sur scène et lors de notre interview pendant le festival Cabaret Vert ✨
Et sinon vous connaissiez la « Peeball » ? C’est clairement une solution inclusive pour les festivals 👏
@panicshack
@cabaretvert
👋🏽 Interview by @iamalexcliatt 👋🏽
#festival #cabaretvert #musique #interview #itw #musiquedumoment #peeball #ecofestival
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novembre 21, 2025« Certains disques ne cherchent pas votre amour : ils veulent votre abandon, votre disponibilité totale à l’inconnu — et celui-ci vous hypnotise avant même que vous compreniez ce qu’il vous fait. »
Il y a quelque chose d’éminemment rare dans la manière dont Sugar Scars façonne l’étrangeté : une façon presque spirituelle d’embrasser les accidents, les difformités sonores, les utopies contrariées. Dark Spark – White Light n’est pas un album : c’est une faille lumineuse d’où s’échappe un souffle sombre, un vertige électronique, une émotion contaminée par le psychisme frontalier d’El Paso et Juarez. Le duo compose comme on allume un incendie dans une pièce fermée : chaque idée cherche l’air, chaque pulsation dévore tout autour.
Le voyage s’ouvre avec Sad Rain, ballade brumeuse qui n’a rien d’une intro : c’est déjà un adieu, une supplique pour la rédemption, murmurée à travers une pluie acide. On comprend très vite que ce disque est hanté : par ce qui aurait pu être, par ce qui ne reviendra pas. Puis Dark Charm surgit comme un sortilège inversé — une montée hypnotique, narcotique, féline, qui déroule ses couches synthétiques comme si Beach House s’était enfermé dans un bunker industriel pour prier face à une lampe stroboscopique. C’est une révélation, un morceau-totem.
Deathtiny change de gravité : un clin d’œil pixiesque, nerveux, jubilatoire, qui se demande si la fatalité et le libre arbitre ne sont pas juste deux manières différentes de s’effondrer. Mermaid, plus agressive, ressemble à une nage vers le fond — les guitares s’y débattent comme des corps en chute libre, et l’on pense à Built to Spill perdus dans une mer sans surface.
Au centre du disque, Hum fracture totalement l’écoute : percussion tribale, chœurs quasi chamaniques, drones qui vibrent comme un souffle venu d’une autre dimension. C’est le morceau qui fait basculer le disque dans une transe étrange, presque rituelle. Mantra, dans son prolongement, serpente entre extase et menace : c’est une invocation qui ne vous lâche plus.
Viennent ensuite des pièces plus mouvantes : Hedonistika, sonorité déliée, quasi perverse, comme un sourire trop large dans un bar mal éclairé ; Check Yo Self, petite furie électro qui cogne dur ; With Me, splendide moment suspendu, presque tendre dans ce chaos ; Burnett Sedition, brûlot minimaliste, à la fois sec et obsédant.
Et puis il y a Just Go, final bouleversant, conclusion résignée d’un album qui ne cesse pourtant de combattre le monde. C’est un morceau de départ, mais aussi un morceau de lucidité — un adieu qui n’a rien de doux, juste la vérité nue.
Dark Spark – White Light impressionne par sa cohérence paradoxale : chaque titre semble venir d’un monde différent, mais tous se retrouvent dans cette tension entre noirceur et éblouissement. Sugar Scars signe un disque puissamment dérangeant, hypnotique, presque addictif — un album qui ne demande pas d’être compris mais senti, jusqu’à transformer l’auditeur lui-même en étincelle dans le noir.
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novembre 21, 2025« Parfois, la survie n’a rien d’héroïque : c’est juste la façon la plus féroce que la vie trouve pour continuer à respirer à travers nous. »
En écoutant Plight Goes On, j’ai l’impression que cet album ressemble à un bâtiment éventré où la vie refuse pourtant de s’éteindre. Tout y crépite : les guitares comme des nerfs à vif, la voix comme un fil tendu au-dessus du vide, la rythmique comme une marche obstinée dans un paysage en ruines.Ce disque raconte ce qui arrive après l’effondrement et non la catastrophe elle-même, mais les minutes, les semaines, les années où l’on apprend à respirer dans la poussière, à recoller des morceaux qu’on n’a jamais choisis de briser, à devenir quelqu’un d’autre sans savoir à quel moment la transformation a commencé. C’est la chronique d’un cœur qui bat mal, mais qui bat encore. Un disque où l’on avance en touchant les murs, où l’on tombe souvent, où l’on se relève toujours. En somme, un album qui fait ce que la vie fait parfois : continuer, même quand rien ne ressemble à un miracle.
Il suffit d’appuyer sur For What May Never Come pour sentir le sol se dérober. Pas une intro, pas une mise en scène : juste la sensation d’entrer dans une pièce où quelqu’un a laissé une ampoule nue pendre au plafond, et où les riffs de guitares électriques vous accueillent comme une gifle qui aurait attendu trop longtemps pour tomber. Ce titre ressemble à une porte qu’on ouvre en pleine tempête, et derrière, rien n’est rangé, mais tout est vrai.
Puis Lost Not Gone surgit comme un souvenir qui refuse de cicatriser. Les guitares y tournent en rond comme un animal en cage qui cherche sa sortie, tandis que la voix se hisse au-dessus du chaos avec cette manière de trembler vers l’avant, jamais en arrière. Tout sonne comme une chambre où l’on aurait repeint les murs trop tard : un lieu encore imbibé de ce qui s’est cassé et qui vous poursuit jusque dans vos cauchemars et vous réveille la sueur au front.
Losing You appuie sur un autre organe. Un organe qu’on ne connaissait pas. Quelque chose entre le plexus et la mémoire mais qui touche aussi au plus profond du cœur. Les guitares y ont cette façon de s’étirer comme des draps défaits au petit matin, tandis que la rythmique pulse à la vitesse exacte d’un manque qu’on n’a pas fini de comprendre et qui vous plonge dans une profonde mélancolie à chaque montée d’adrénaline.
Puis Away arrive, bousculant l’espace comme un vent brutal, presque sec, qui rappelle ces moments où l’on marche vite pour ne pas sentir la douleur remonter. Le morceau suit une trajectoire d’ombre qui se déplie vers le haut comme une prière qu’on aurait rédigée en diagonale.
Avec Promises, le disque évolue en puissance pour devenir un organisme sonore. Les changements de mesure y ouvrent des failles dans le temps, des fenêtres qui ne donnent plus sur le dehors mais sur une réflexion interne où le cœur qui réfléchit trop fort. Chaque battement semble pousser quelqu’un au bord de l’aveu, pas l’aveu tendre, mais le genre qui fait passer un courant électrique sous la peau et vous rend morose.
Shame avance comme une silhouette vacillante dans un couloir sans lumière, un morceau qui ne cherche ni l’explosion ni l’exorcisme, mais la vérité nue du malaise qui s’accroche dans les remords. Les guitares y suintent une tension presque maladive, la batterie retient ses tempêtes comme quelqu’un qui serre les dents pour ne pas hurler, et la voix glisse sur un fil tranchant entre confession et vertige. Rien ne se résout, rien ne s’apaise : Shame laisse flotter ce silence lourd des choses qu’on n’a jamais dites, une émotion rugueuse qui reste coincée dans la gorge longtemps après la dernière note. C’est la brûlure la plus intime de l’album, celle qui ne cicatrise pas, celle qui continue de marcher à côté de nous dans l’obscurité.
No Way of Healing, lui, ne ment pas. C’est un constat qu’on prononce en murmurant, le genre de vérité qu’on dit tout bas, comme pour ne pas affronter l’évidence du profond besoin de renouveau. La voix se fait plus fragile, plus intime, comme confronté à une décision finale qui peut tout changer mais qu’on préfère nier.
Puis What I’ve Become, où le groupe semble se regarder dans un miroir froid. Le morceau se tient à la frontière entre confession intime et cri étouffé, laissant les guitares s’élever comme des épines qu’on aurait arrachées trop tard. L’ambiance est moins électrique que les précédentes énoncées, on assiste à une vraie prise de conscience, il y a dans le chaos une évidence, celle de se faire face pour avancer dans un corps nouveau et accepter la fatalité passée.
En ce qui concerne Another Fire, le morceau porte bien son nom. C’est un incendie discret, une braise obstinée, la pulsation qui cherche à tout prix une zone d’air respirable. Il y a là une beauté presque féroce, le genre qui refuse la consolation mais laisse entrer l’humanité par les fissures. Le corps et l’esprit recommencent à ressentir le feu intérieur et les perspectives d’espoir. La production est moins sombre bien que toujours aussi mélancolique, mais ici on voit la lumière au bout du tunnel.
Le morceau Shining Star quant, à lui, sonne comme un séisme intérieur, une explosion digne d’un phenix qui renaît de ses cendres. La batterie y frappe comme un cœur qui s’est résigné à briller à nouveau, comme si chaque frappe testait jusqu’où la douleur peut se transformer en propulsion libératrice. Les guitares grondent de résilience, ouvrant la porte à la bénédiction divine.
Puis, vient My Rebirth, explose avec une puissance incarnée par un cri métallique qui pulse dès les premières secondes, c’est l’heure de l’acceptation totale, la renaissance de l’être qui a traversé les tumultes avec brio malgré les épreuves. Il n’y a plus de peur à être soi-même, le groupe célèbre ici la délivrance.
Enfin, All The Same referme ce voyage en spirale d’une noirceur que l’on a dépassé mais qui laissent encore l’âme cabossé et pleine de doutes sur ce qui nous entoure. Le morceau s’ouvre comme un souffle retenu, une respiration qui hésite entre abandon et sursaut, tandis que les guitares tissent une brume dense où chaque note semble chercher un visage qu’elle ne retrouve plus. Rien ne suit la ligne droite : la structure se contorsionne, se replie, se déplie, comme si la chanson refusait d’admettre qu’une seule trajectoire puisse raconter ce qu’elle porte.
On y sent un vertige étrange, presque cinématographique : la sensation d’observer sa propre vie se dissoudre derrière une vitre embuée. La voix y flotte, détachée mais brûlante, comme si elle tentait de dire l’indicible sans jamais le nommer directement. Et puis vient cette montée finale, pas une explosion, plutôt une ouverture silencieuse, un espace qui s’élargit soudain; un peu comme lorsque l’on réalise que la vérité n’arrive jamais en un éclair, mais par strates, ou par fragments, tels des éclats qui finissent par former une silhouette. Ce titre laisse une porte entrouverte, un parfum de question suspendue. Celui qui accepte que la reconstruction n’a rien d’un triomphe, mais ressemble plutôt à un lent glissement vers un soi encore en friche.
« Plight Goes On » est un album qui marque, qui blesse, qui abîme et qui recoud en même temps. C’est un projet musical qui ne met pas de pansement : il montre la plaie pour la rendre vivable.
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novembre 21, 2025« Il existe des musiciens qui écrivent avec leurs doigts ce que d’autres passent une vie à tenter de formuler : l’instant précis où l’on recommence à respirer. »
Learning to Breathe est un battement de cœur réappris à la force du médiator. Filip Dahl, vétéran norvégien des années rock, revient ici avec une pièce qui tient autant de la confession que du manifeste artistique : une guitare qui refuse d’oublier d’où elle vient, et qui avance pourtant, note après note, vers un futur encore incandescent.
Sous ses dehors de classic rock humble et mélodique, la chanson libère une émotion beaucoup plus vaste. Elle respire au rythme de ces artistes qui ont traversé plusieurs vies musicales — les scènes enfumées des années 70, la précision glacée des studios des années 80, puis le silence volontaire d’une pause longue comme un hiver scandinave — avant de revenir au premier plan avec une lucidité presque troublante. Dahl est de ceux-là : un artisan dont la sensibilité s’est aiguisée avec le temps, jusqu’à devenir un langage.
Learning to Breathe Again, c’est sa manière de dire : je suis vivant, encore, et je sonne comme ça.
Ce qui frappe d’abord, c’est la signature de sa guitare. Une luminosité presque liquide, héritée de Pink Floyd et des grandes heures du rock symphonique. On retrouve dans son jeu cette façon très nordique d’étirer le temps, d’installer l’émotion sans forcer, de préférer la profondeur à la performance. Une clarté mélodique qui n’appartient qu’à lui, reconnaissable en quelques mesures.
La construction du morceau avance comme un voyage intérieur : un arpège qui tâtonne, une ligne mélodique qui s’affirme, puis une montée progressive où les guitares se superposent comme des pensées qu’on remet enfin en ordre. Rien n’est gratuit : la batterie soutient sans écraser, les synthés émergent par touches, et au centre, il y a ce lead guitar qui raconte une renaissance sans mots.
On sent l’ombre des influences — Kansas pour l’élan, Deep Purple pour l’ossature, Marillion pour la dramaturgie — mais Dahl ne se contente jamais de citer. Il distille. Il transforme. Il prolonge une tradition sans la figer.
Ce single a aussi quelque chose d’éminemment personnel. On connaît l’histoire : l’ingénieur devenu producteur, le producteur devenu solitaire, puis l’homme qui décide un jour que la musique peut encore lui offrir un souffle neuf. Learning to Breathe Again est la trace sonore de cette résolution intime. Une respiration retrouvée sous la forme d’un solo.
Dans un paysage saturé, ce morceau rappelle que le rock peut encore être une affaire de vérité, d’humanité, d’artisanat pur. Filip Dahl n’essaye pas d’être moderne : il essaye d’être juste.
Et c’est précisément pour ça qu’il touche juste.
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novembre 21, 2025« Parfois, un simple refrain peut ranimer une pièce entière — et rappeler qu’au milieu du froid, on a encore le droit de danser comme si le monde tenait grâce à notre bonne humeur. »
Mick J. Clark ne cherche pas la nuance : It’s Christmas Party Time est un coup de coude, un clin d’œil, une entrée de batterie qui dit « l’année a été longue, viens, on souffle ». Dans l’océan infini des sorties de Noël, il réussit pourtant à renouer avec l’essence oubliée du genre : un rock lumineux, à l’ancienne, où l’énergie prime sur le second degré et où la fête n’est pas un décor, mais une urgence presque morale.
Cette nouvelle chanson, sortie des ateliers qu’on imagine confortables d’un songwriter chevronné, sent le savoir-faire d’un homme qui a traversé trop de saisons pour se contenter d’un jingling opportuniste. On retrouve ce grain 80’s qu’il affectionne — une guitare qui claque comme un sourire forcé mais sincère, des chœurs en technicolor, des progressions harmoniques qui convoquent à la fois les Beach Boys et l’héritage pop des Beatles. Clark ne masque rien : il revendique ce classicisme comme d’autres brandissent un drapeau. Chez lui, Noël appartient aux mélodies simples, aux vibrations rétro, à ce petit déhanché instinctif qu’on a oublié de faire.
Et il y a sa voix, toujours un peu rugueuse, un peu déterminée, comme s’il chantait contre le temps lui-même. Elle porte une joie sans naïveté, une joie presque militante. Car Clark n’a rien d’un chanteur de saison : c’est un survivant de la scène rock britannique, un artisan de la persévérance, un songwriter qui a trimballé ses refrains du studio à la scène jusqu’aux portes des Grammy Nominations. On sent dans son interprétation l’élan de quelqu’un qui a trop perdu pour ne pas célébrer chaque étincelle.
It’s Christmas Party Time fonctionne car il ne ment jamais sur ce qu’il est : un hymne festif, oui, mais porté par un musicien qui croit réellement en la mission du divertissement. Un morceau pensé pour lever les verres, rallumer les guirlandes, et rappeler que la fête a encore un rôle spirituel dans un monde fatigué. Ce n’est pas juste « la chanson de Noël d’un artiste établi » : c’est un manifeste de joie, presque un service public.
Avec la sortie de son EP Mick’s Christmas Mix sous Universal, et une tournée déjà dans les tuyaux, Mick J. Clark prouve qu’il sait naviguer entre héritage et vitalité. Il fait partie de ces derniers irréductibles pour qui la fête n’est pas un décor marketing, mais un refuge.
Un refuge où l’on entre en riant, en secouant la neige de ses épaules, et où l’on crie sans retenue : It’s Christmas Party Time.
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novembre 21, 2025« Dans le grondement des guitares, on entend autre chose qu’un riff : on entend ceux qui ne reviennent pas raconter leur propre chanson. »
Il y a des morceaux qui n’essaient pas de séduire. Unknown Soldiers (Veterans Edition), lui, cherche à honorer — et c’est une nuance rare dans un paysage rock trop habitué à n’embrasser que sa propre fureur. The Higher Desires signe ici une pièce alternative tendue et vibrante, mais qui garde au cœur une pudeur presque sacrée : un rock qui regarde droit dans les yeux le silence des absents.
Dès les premières mesures, un grondement grunge à la Seattle, nerveux mais contenu, installe une tension presque cinématographique. On sent la ville qui hoquette sous la pluie, les souvenirs qui s’effritent sous les néons, les fantômes qui marchent encore dans les marges de la société. William Walbaum, maître d’œuvre du projet, mène la charge avec une voix qui semble frémir entre rage retenue et compassion inquiète. Ce n’est pas une rage de destruction ; c’est une rage de lucidité.
Et puis arrive le geste le plus bouleversant : l’apparition de Taps, cet appel militaire funèbre, repris ici à la guitare électrique. Non pas un gimmick, mais une déchirure. Le son, étiré comme une cicatrice, mêle la solennité militaire à la vulnérabilité du rock. On a l’impression d’être face à un hommage artisanal, sincère, fabriqué à mains nues — un hommage qui sait que l’on ne comble jamais vraiment les absences, on apprend juste à leur parler autrement.
Le texte, sans détour, nomme ce que la société oublie trop vite : le poids invisible des sacrifices, les noms que plus personne ne murmure, les héros que l’on croise parfois sans savoir qu’ils portent une guerre sur le dos. The Higher Desires ne romantise rien ; le groupe observe, témoigne, remercie. Il inscrit ses mots comme un acte de réparation symbolique.
Musicalement, la production ouvre des espaces, laisse respirer le temps. Le morceau avance dans une atmosphère tendue, puis se fige volontairement, comme pour permettre — enfin — à l’auditeur de ressentir, de réfléchir, de porter avec lui l’histoire qui lui est confiée. Cette édition longue n’est pas là pour rallonger le plaisir : elle est là pour accompagner la mémoire.
Et au-delà de l’esthétique, il y a un geste : 100 % des royalties reversées aux associations pour la santé des vétérans. Dans un monde musical où les intentions sont souvent floues, ce morceau a une direction, une colonne vertébrale, une mission.
Avec Unknown Soldiers (Veterans Edition), The Higher Desires ne signe pas un énième morceau engagé. Ils lèvent un drapeau pour ceux qui ne peuvent plus le faire. Et dans cette guitare qui pleure, dans cette voix qui tremble, dans ce rock qui s’évade du simple bruit pour devenir message, on trouve peut-être ce que le rock a toujours cherché : la vérité, même lorsqu’elle fait mal.
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novembre 21, 2025« Il existe des chansons qui ne grandissent pas avec le temps : ce sont elles qui nous font grandir. Step by Step est de celles-là — un souffle clair dans un monde qui attend trop, trop vite. »
Il y a, dans la trajectoire d’Amelina, quelque chose qui dépasse largement son âge. À 12 ans, elle ne chante pas pour faire joli : elle témoigne. Elle raconte ce passage fragile entre l’enfance et l’élan, cet espace où la peur devient apprentissage, où chaque difficulté est une marche qu’on gravira malgré tout. Step by Step, c’est sa manière de poser ses baskets au bord du vide — et d’avancer quand même, avec l’audace lumineuse de ceux qui ont encore tout à inventer.
Dès les premières secondes, on sent cette ferveur intérieure : un piano clair, presque timide, qui ouvre une brèche. Puis la batterie arrive, ronde, déterminée, comme pour donner au cœur le tempo qu’il n’osait pas suivre seul. Amelina déploie alors sa voix — fraîche mais décidée, vibrante sans jamais chercher à impressionner. Elle chante comme on respire après une longue retenue. Son phrasé a cette innocence qui bouleverse car elle n’est jamais naïve : elle est vraie.
On pense parfois à l’énergie adolescente d’Olivia Rodrigo, parfois à la spontanéité rock d’une toute jeune Avril Lavigne — mais Amelina ne copie personne. Elle avance dans son propre cinéma intérieur, celui d’une enfant qui a dû déménager, changer de langue, réapprendre à exister dans un pays inconnu. Dans Step by Step, chaque couplet porte la trace de cette transition : les petits vertiges, les maladresses, les rencontres qui sauvent un peu. Puis arrive le refrain, grand ouvert, lumineux comme une cour d’école où l’on vient enfin de comprendre une phrase entière dans une langue étrangère. Ça déborde d’optimisme, mais d’un optimisme qui a lutté, pas celui des posters motivants.
Le morceau a cette double nature qui fait les hymnes : intime et universel. On entend la gamine qui raconte son histoire, mais on entend aussi l’adolescente, la femme en devenir, l’artiste qui a déjà compris que la musique n’est pas un simple refuge mais une force. La production pop-rock, sans poudre aux yeux, laisse respirer sa personnalité : ça pulse, ça étincelle, ça accroche sans jamais étouffer.
Avec Step by Step, Amelina signe l’un de ces titres qui deviennent des compagnons de route. Une chanson pour les jours où on doute, pour les matins où l’on recommence, pour ces instants où l’on se surprend à croire encore en soi malgré tout.
Une promesse tenue : pas celle d’arriver, mais celle de continuer. Toujours, pas à pas.
Instagram : amelinalife
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novembre 21, 2025« On ne se sauve jamais vraiment tout seul. Parfois, on écrit une chanson pour éviter de sombrer davantage — et c’est elle qui vous ramène à la surface. »
Save Me From Myself n’a pas la politesse des morceaux trop polis : il entre comme un aveu lâché trop vite, trop fort, avec cette voix rocailleuse que Clinton Belcher traîne comme une cicatrice. Sa signature Grit & Guitars, héritée autant des saloons fantômes que des autoroutes interminables, prend ici des allures d’exorcisme. On sent qu’il joue non pas pour impressionner, mais pour survivre, comme si chaque accord était un coup de volant pour éviter le ravin.
La production, née dans son home studio en Oklahoma, garde cette rugosité qui fait tout le charme du morceau. Rien n’est lisse, rien n’est maquillé — c’est justement cette absence de vernis qui donne au titre sa puissance. Clinton ne triche pas : sa voix porte le poids d’un homme qui s’est relevé trop de fois, mais qui garde encore le souffle nécessaire pour dire la vérité sans trembler.
Musicalement, Save Me From Myself marche sur une ligne ténue entre rock, country et gospel. Une instrumentation dense, organique, cousue de riffs qui sentent la poussière et les kilomètres, sur laquelle sa voix trouve un espace presque confessionnel. Les influences qu’il revendique — Blake Shelton, Reba McEntire, Jason Crabb — résonnent effectivement, mais ce qui marque le plus, c’est l’esprit Cash/Presley qui plane autour de Belcher : ce mélange hypnotique d’autorité et de vulnérabilité, de gravité et de chaleur.
Le texte avance comme un journal intime dont on n’aurait arraché aucune page : l’aveu des erreurs, la lassitude des illusions, l’espoir encore accroché quelque part dans une poche. On entend la lutte intérieure, la peur de soi-même, la quête de rédemption — ce besoin de trouver un refuge avant que la nuit ne retombe trop lourdement. Le refrain, lui, n’implore pas. Il constate, il s’offre nu, il dit : je suis le premier danger que je dois affronter.
Et c’est là que Clinton Belcher devient plus qu’un storyteller du cœur amer : il rejoint cette tradition américaine du songwriter qui transforme ses failles en route ouverte. Save Me From Myself est un moment de vérité brute, un morceau qui ne cherche pas la perfection mais l’humanité — et c’est exactement pour cela qu’il frappe juste.
Un titre à écouter comme on écoute quelqu’un qu’on aime quand il dit enfin ce qu’il n’avait jamais osé dire. Une confession amplifiée par des guitares qui brûlent, un cri retenu qui trouve enfin de l’air. Un morceau qui ne sauve peut-être pas Clinton, mais qui sauvera sans doute ceux qui s’y reconnaîtront.
Instagram : cebelchermusic
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novembre 21, 2025« Parfois, il suffit d’une guitare qui s’égrène dans un garage pour que la vie cesse enfin de crier. »
Il y a des morceaux qui ressemblent à des lettres qu’on s’envoie à soi-même, avec l’encre un peu tremblée mais la vérité intacte. Come Back (When You Feel Like), nouveau single d’Every Other Weekend, appartient précisément à cette famille-là : une chanson qui n’a rien à prouver, qui n’essaie pas d’impressionner, mais qui touche parce qu’elle avance les mains nues.
On imagine Chris Bull, ex-frontman de City Reign, dans le garage de sa mère, entouré du vieux matériel de son père — cette ruine magnifique d’une époque où l’on enregistrait comme on respirait, sans filtre ni calcul. Cette image, loin d’être un cliché romantique, se ressent dans chaque fibre du morceau : les guitares sonnent comme si elles avaient été accordées entre deux éclats de rire, les tambours portent la poussière des jours où l’on cherche encore comment tenir debout. Même la production, volontairement brute, a le charme d’un Polaroid qui n’a pas eu besoin d’être parfait pour devenir essentiel.
Musicalement, Come Back… s’inscrit dans cette tradition britpop tardive, lumineuse mais cabossée, avec des refrains qui donnent l’impression de prendre une grande bouffée d’air frais dans une ruelle pluvieuse. On y entend des échos de Teenage Fanclub, un soupçon de The Coral, et cette honnêteté mancunienne qu’on reconnaît immédiatement : pas de posture, pas de posture… juste un cœur qui essaie de se remettre en marche.
Le texte, lui, touche droit. Chris Bull parle ici d’auto-pardon, de ces moments où l’on s’est perdu sans oser l’admettre. Ce “when you feel like” n’est pas un reproche : c’est une porte ouverte. Une manière de dire à soi-même — ou à quelqu’un de très proche — “tu peux revenir quand tu seras prêt, rien n’a été brisé pour de bon.” Il y a là une maturité nouvelle dans l’écriture, une vulnérabilité assumée qui n’appuie jamais, qui laisse vivre.
Et quand le dernier accord résonne, on comprend ce qu’Every Other Weekend veut vraiment nous dire : la joie, même tenue par un fil, revient toujours. Qu’on l’attende ou non. Qu’on sache l’accueillir ou pas encore.
Come Back (When You Feel Like) n’est pas seulement l’ouverture du futur album All Present and Inept ; c’est le genre de morceau qui remet le monde à une taille humaine. Une chanson qui tombe au bon moment — même si, justement, elle nous apprend que ce n’est jamais vraiment une question de timing.
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novembre 21, 2025« Certaines chansons ressemblent à des clairières dans la nuit : on y entre persuadé de connaître le chemin, et soudain le temps se plie, respire autrement, comme s’il avait attendu qu’on revienne. »
Il existe des collaborations qui n’arrivent jamais par hasard, des rencontres musicales où chaque détail semble écrit dans une encre invisible depuis des années. Bird of Time, où Factheory convie Michel Sordinia (The Names) à briser le silence, appartient indéniablement à cette catégorie. Dès les premières secondes, quelque chose se passe — un frémissement presque physique — comme si la cold-wave bruxelloise, dans ce qu’elle a de plus noble et de plus fragile, reprenait son vol au-dessus de nos certitudes.
Factheory n’a jamais été un groupe qui force les portes. Leur science vient d’ailleurs : une capacité rare à faire vibrer l’ombre sans la caricaturer, à raconter l’intime comme on trace une ligne lumineuse au couteau. Et Bird of Time cristallise ce talent avec une précision presque troublante. La basse de Dominique Nuydt pulse comme une horloge organique, une mécanique qui hésite entre l’obsession et le lâcher-prise. Les guitares de Stefan Weidemann se déploient en arcs de tension, tantôt crissantes, tantôt presque aériennes, comme si elles tentaient d’attraper un souvenir qui se dérobe. Au centre, Bruno Uyttersprot chante avec une retenue déchirante, sa voix serrée comme s’il marchait sur une ligne ténue entre aveu et effacement.
Puis arrive Michel Sordinia.Et tout bascule.
La voix du chanteur de The Names n’est pas un simple ajout : c’est une faille ouverte dans la structure du morceau, une fracture où circulent les fantômes de la Factory, de Manchester, du Plan K, de toutes ces nuits où les guitares réinventaient la géométrie du monde. Sordinia ne surjoue jamais — il incarne. Son timbre, à la fois sage et inquiet, semble parler depuis un autre plan temporel, comme si le personnage qui chante Bird of Time avait déjà vécu la scène mille fois et revenait en témoin de sa propre disparition.
Cette cohabitation vocale donne au morceau un caractère profondément cinématographique : un duel tendre, une respiration à deux, une manière de dire le passage du temps sans jamais céder au pathos. On y perçoit un apaisement inquiet, une douceur qui sait qu’elle est mortelle.
Musicalement, Factheory signe ici l’un de ses titres les plus aboutis : la production est nerveuse mais jamais agressive, élégante sans devenir lisse. On ressent la filiation avec la darkwave européenne, mais aussi un instinct mélodique presque pop, un sens du détail qui refuse de choisir entre l’émotion brute et la sophistication sonore. Bird of Time donne l’impression de tenir dans la main un oiseau blessé qui voudrait encore voler — et qui finit par le faire, à la dernière seconde.
Dans cette jonction entre deux générations, deux écritures, deux sensibilités, se joue quelque chose de rare : une réconciliation avec le passage du temps. Comme si Factheory et Michel Sordinia, chacun à leur manière, nous rappelaient que la musique n’arrête pas la course des heures — elle l’habille, elle la trouble, elle lui donne un visage.
Bird of Time n’est pas seulement un titre marquant dans la discographie de Factheory.C’est un pont.Un souffle.Une preuve que certaines nuits ne meurent jamais vraiment.
Instagram : factheory_theband
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novembre 21, 2025“On dirait un album écrit en marchant au bord d’un précipice, une main dans les braises du passé et l’autre tendue vers un avenir qui hésite encore à répondre.”
Il suffit d’une oreille, d’un souffle, d’un soupir accroché au bois d’une guitare pour comprendre que Neo Brightwell ne joue pas à l’Americana : il en renverse la table, la nettoie avec ses cicatrices, puis la reconstruit dans un angle que personne n’avait encore osé tracer. An American Reckoning ressemble à ces disques qui ne se contentent pas d’exister ; ils hantent, ils fissurent, ils réveillent une conscience politique intime, presque viscérale. On n’y entend pas seulement un songwriter : on y perçoit un témoin, un survivant, un conteur qui refuse que l’histoire continue sans lui.
La première gifle mentale, c’est The Joke’s on the Devil, un morceau qui ouvre l’album comme une confession de veillée funèbre. Brightwell y déroule une ironie presque biblique, un rire noir qui résonne contre les parois d’un pays fracturé. On y sent déjà la tension cardinale du disque : la lutte entre la chair et le mythe, entre les fantômes du Sud et les nouvelles formes de grâce queer que l’artiste fait surgir de la poussière.
Puis vient The Silence Broke Its Spine, moment de bascule où Neo transforme le silence — cet héritage forcé des voix marginalisées — en arme de rébellion. Le morceau avance comme une marche funèbre devenue danse, avec une lenteur rageuse qui finit par se tordre en éclat lumineux. C’est là qu’on comprend que tout l’album fonctionne comme un rituel de réappropriation : reprendre sa place dans un récit national qui n’a jamais su quoi faire des corps dissidents.
Encore plus foudroyant, The Church I Built from Fire dresse un autel aux survivances, une cathédrale de ruines et de braises où Brightwell inscrit sa propre mythologie. Le morceau ressemble à une prière brûlée vive, un geste mystique où l’artiste transforme ses blessures en architecture. C’est l’un des sommets émotionnels du disque, l’endroit où l’Américana se fait incantatoire, queer, incandescente.
Entre ces titres, l’album respire, tremble, raconte. Chaque chanson est une marche du pèlerinage intime de Neo Brightwell, dont la voix — calme, grave, presque incendiée de l’intérieur — porte la sagesse des poètes qui savent que le monde ne se change qu’en racontant mieux ses fractures. L’héritage Folk Rock s’y mêle à des éclats de cinémas intérieurs, les arrangements sentent la poussière, le vent sec, les nuits où l’on pleure sans témoin.
An American Reckoning n’est pas un disque qui cherche l’universalité. Il s’adresse à celles et ceux qui vivent au bord, dans l’angle mort, dans les marges qu’on ne visite que pour y trouver les vérités qu’on ne veut pas entendre. C’est un album qui témoigne, qui dénonce, qui soigne — parfois malgré lui. Un disque qui transforme la douleur en lucidité et la lucidité en lumière. Neo Brightwell n’écrit pas pour plaire : il écrit pour survivre, et en chemin, il nous offre un des récits les plus nécessaires de cette Américana moderne qui refuse d’oublier ses morts et ses miracles.
Un album à écouter comme on ouvre une lettre scellée depuis trop longtemps : avec respect, avec fébrilité, avec le sentiment que quelque chose va changer. Et peut-être, enfin, avec la certitude que certaines voix ne demandent pas l’autorisation pour exister.
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novembre 21, 2025« On croit chercher un cœur, mais c’est un système qui nous scrute. Dans Pixelated Perfidy, Áyal transforme la fatigue numérique en électricité émotionnelle, comme si une âme se mettait soudain à vibrer derrière un écran trop froid. »
Écouter Pixelated Perfidy, c’est avoir la sensation d’apercevoir un visage derrière une vitre embuée : on sait qu’il est là, mais quelque chose — une interface, une logique, un calcul — empêche le contact. Áyal, qui signe ici l’une de ses œuvres les plus viscérales, s’empare de cette obstruction moderne pour en faire un cri queer, beau comme une faille dans le système. Le morceau n’est pas seulement une critique des apps de rencontre ; c’est une autopsie douce-amère de l’intimité contemporaine, une manière de demander au monde : que reste-t-il de nous quand l’amour lui-même est mis en équation ?
Le titre s’ouvre comme un nocturne blessé. Les voix funèbres qui flottent au-dessus du silence évoquent une cérémonie intime, une veillée pour les amours qui n’ont jamais pu naître ailleurs que dans une boîte lumineuse tenue au creux de la main. Et puis arrive ce motif d’arpèges, inspiré de la Sonate au clair de lune : un clair-obscur sonore, un ruban mélancolique qui semble hésiter entre résignation et élan vital. Dans cette intro se dévoile la fatigue accumulée en dix ans de swipes, de micro-espoirs, de micro-blessures — une existence passée à tendre la main vers une présence qui n’arrive jamais vraiment.
Mais Pixelated Perfidy n’est pas un requiem : c’est un sursaut. Quand le morceau bascule vers son refrain, on entend l’influence de 10,000 Maniacs et cette puissance quasi-rituelle qui donne aux chansons la capacité de réveiller les corps. Le rock surgit comme une gifle dans la nuit, une poussée de sang neuf pour balayer la paralysie numérique. Áyal chante depuis un lieu où s’opposent deux forces : l’algorithme qui réduit, classe, trie — et le désir humain qui déborde, brûle, refuse d’être domestiqué. C’est ce frottement qui fait vibrer chaque mesure.
La production, dense et cinématographique, n’a rien d’illustratif : elle accompagne l’état d’esprit d’une génération queer élevée dans l’espoir d’un amour libérateur mais piégée dans des interfaces qui ont transformé l’intime en marché. Áyal ne condamne pas seulement les apps ; iel raconte la solitude qu’elles ont laissée derrière elles, cette impression de se perdre dans une salle des miroirs où chaque reflet est trop lisse pour être vrai. Et pourtant, au cœur du morceau, une lueur : la volonté de reprendre possession de son histoire, de revendiquer une forme d’amour qui n’a pas besoin d’un identifiant, ni d’une validation en temps réel.
Pixelated Perfidy est un morceau d’exorcisme autant qu’un acte d’amour envers soi-même. Un titre qui rappelle que derrière chaque swipe, il y a un être qui attend encore que quelqu’un le regarde vraiment. Et Áyal, avec sa voix habitée, sa dramaturgie instinctive et cette façon unique de transformer la lassitude en catharsis, signe peut-être là l’un des hymnes queer les plus nécessaires de l’ère post-algorithme.
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novembre 21, 2025« La musique de REPTYLE ressemble à ces ombres qui s’étirent juste avant l’aube : trop vivantes pour disparaître, trop anciennes pour vraiment rassurer. On n’écoute pas Blazed Shades & Thorned Veils, on y entre comme dans une cathédrale oubliée où chaque pierre vibre encore d’un souvenir. »
Il suffit de quelques minutes dans Blazed Shades & Thorned Veils pour sentir que REPTYLE n’est plus seulement un groupe gothique vétéran. Ils reviennent comme on brandit une relique encore chaude : avec la gravité de ceux qui savent exactement d’où ils viennent, et l’élan vital de ceux qui refusent que le genre devienne un mausolée. L’âme de Bielefeld s’y déploie en nuances incandescentes, transportée par le retour de Kufi aux claviers, qui ouvre dans ces morceaux des fenêtres où la lumière filtre à travers les ténèbres, comme si quelqu’un venait de tirer doucement les rideaux d’un monde en ruine.
Le disque s’ouvre comme une tempête retenue : Spectre of Decline n’annonce rien, il prophétise. Une guitare qui gratte la pierre, un souffle spectral, et soudain cette impression d’être pris dans un vent qui porterait les fantômes d’un siècle entier. REPTYLE travaille ici une dramaturgie d’ombres mouvantes, tout en tension lente, presque ritualisée.
Vient ensuite Never Complain, leur cheval de bataille, déjà taillé pour les nuits sans fin. Le morceau pulse comme une marche déterminée, l’une de ces mélodies dont on ne sait jamais si elle veut consoler ou crucifier. C’est un hymne de survie, un poing serré dans la pénombre, où le refrain semble se pencher sur vous pour murmurer une vérité que vous n’aviez pas demandé à entendre.
Souls Damnation creuse plus profondément. On y sent une colère froide, une lucidité presque trop tranchante. Le groupe y retrouve cette manière très old-school de faire du goth : une basse qui avance comme un animal blessé, un chant qui n’implore rien, mais constate l’irrémédiable. L’écriture devient plus désolée, mais étrangement belle, comme un vitrail sombre traversé par une lumière malade.
Puis Raging Somberness porte bien son nom : une furie retenue, un cœur qui frappe contre une cage d’acier. Le morceau avance avec une urgence sèche, presque post-punk, comme si REPTYLE rappelait soudain que le romantisme noir peut aussi devenir arme blanche. Cette piste coupe, lacère, puis laisse un sillage brûlant.
Damascene, de son côté, opère une mue. Le titre sonne comme une révélation triste, une conversion intérieure. On dirait un morceau qui marche dans ses propres ruines, trouvant dans la poussière quelque chose de précieux, presque sacré. Les claviers de Kufi y déploient un souffle cérémoniel qui élève le morceau jusqu’au seuil du mystique.
Avec Gallow Watcher, REPTYLE se fait conteur funèbre. Le morceau semble veiller sur quelque chose — un passé, une faute, un revenant — sans jamais dire quoi. Les guitares y tracent des silhouettes mouvantes, rappelant la noblesse gothique des premiers temps, mais avec une précision et une densité de production qui prouvent que le groupe n’est pas revenu pour rejouer l’histoire : ils l’étirent, la refondent.
Silence and the Cold respire le givre. C’est un titre qui serre la gorge, un poème d’hiver où la solitude prend la forme d’un paysage gelé. On y ressent la lenteur, la retenue, la beauté fragile des morceaux qui n’ont pas honte de leur vulnérabilité.
Arrive ensuite Ultimate Negation, plus tranchant, presque martial. Une mécanique sombre et hypnotique, comme si le groupe avait décidé d’enlever tout le gras pour ne garder que l’os : la pure force motrice. C’est peut-être l’un des titres les plus radicaux du disque, un pied de nez aux temps modernes, une affirmation que le goth n’est pas décoratif : c’est un état d’être.
En bonus, le remix Never Complain signé Whispers in the Shadow offre un autre visage au morceau phare : plus spectral, plus désarticulé, comme une version qui flotte au-dessus de son propre cadavre. Reptile, reprise des Church, devient quant à elle une déclaration de filiation parfaitement assumée. REPTYLE ne copie pas : ils s’inscrivent dans une lignée, et la prolongent avec respect mais sans révérence excessive.
Enfin, ceux qui exploreront les archives — Remix the Dead, Into Her Desert (Live), Anyway Grateful — découvriront ce qui fait l’essence du groupe : une manière de transformer chaque chanson en rituel, chaque son en trace, chaque silence en présence.
Blazed Shades & Thorned Veils n’est pas un simple retour. C’est un rappel : REPTYLE reste l’un des rares groupes capables de faire du goth une matière vivante, mouvante, encore dangereuse. Un souffle sombre, mais brûlant. Une preuve que certaines nuits ne meurent jamais — elles changent seulement de couleur.
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novembre 21, 2025« On croit parfois avoir déjà tout entendu dans l’indie rock… puis un artiste surgit avec une chanson qui semble nous suivre longtemps après, comme une ombre lumineuse, un aveu qui refuse de disparaître. »
Sentimental Magic Cape possède cette aura étrange des morceaux qui ne se contentent pas d’exister : ils semblent exhaler quelque chose de l’intimité même de leur créateur. À travers cette session live captée au Levontin, Eyal Erlich se dévoile avec une sincérité presque désarmante, débarrassé de tout artifice, comme si chaque vibration de sa guitare venait directement de l’endroit où les émotions se forment avant de trouver les mots.
La force du morceau réside dans la manière dont il danse entre fragilité et aplomb. Rien n’y est forcé : la voix, légèrement râpeuse, n’essaie jamais de séduire ; elle raconte. Le grain d’Eyal semble porter l’empreinte d’une vie qui ne s’est pas écrite dans la précipitation mais dans l’épaisseur du réel, là où l’amour, les peurs, les petites défaites et les grands recommencements creusent des sillons que seule la musique sait vraiment lire. On retrouve dans son interprétation cette authenticité dont les grandes figures du rock avaient fait une forme de noblesse : laisser traîner un tremblement, accepter la fragilité comme une vérité plutôt qu’un défaut.
Dans Sentimental Magic Cape, l’instant se dilate. Les guitares enveloppent la mélodie d’un halo doux-amer, oscillant entre un romantisme presque désuet et une lucidité contemporaine. La chanson surprend par sa capacité à évoquer les états transitoires — ces moments où l’on quitte une version de soi pour devenir quelqu’un d’autre sans avoir encore trouvé la forme finale. Eyal y glisse une touche d’humour, une distance tendre, l’élégance de ceux qui savent que l’auto-dérision est parfois la seule manière de toucher juste.
Ce qui frappe, surtout, c’est la maturité de sa présence. Eyal Erlich n’a rien à prouver : il raconte, il assume, il dépose. Son geste musical renoue avec une forme de classicisme rock sans jamais verser dans la nostalgie, comme si la tradition devenait un tremplin plutôt qu’un refuge. Cette session live révèle un artiste qui sait créer de l’intime même dans l’espace public, un songwriter dont la simplicité apparente dissimule une profondeur rare.
Avec Sentimental Magic Cape, Eyal confirme qu’il fait partie de ces voix qui ne cherchent pas la tendance mais la vérité. Celles qui ne s’éteignent pas après l’écoute. Celles qui rappellent que la musique la plus puissante est souvent la plus humaine, la plus vulnérable — celle qui ose simplement dire : voilà comment je me tiens au monde.
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novembre 20, 2025« Parfois, on tombe sur un morceau qui ne parle pas d’une fête mais de la façon dont on voudrait s’y sentir. Une chanson qui ne décrit pas un moment : elle le fabrique. “A New Year’s Wish” d’AMELINA appartient à cette rare catégorie — celle qui nous redonne envie de croire en ce que la vie invente quand on baisse la garde. »
Le premier choc en écoutant “A New Year’s Wish”, ce n’est pas l’énergie lumineuse du refrain ou les éclats pop-rock que l’on sent taillés pour un générique de coming-of-age. C’est la sensation très précise qu’AMELINA ne chante pas pour la foule : elle chante avec elle. Comme si chaque ligne était adressée à quelqu’un de réel, quelqu’un qu’elle voudrait pousser gentiment vers l’avant, vers une version de soi qu’on a toujours un peu peur d’habiter.
La production, brillante sans être clinquante, déploie ce mélange de guitare étincelante et de pulsations pop qui rappellent l’insolence adolescente d’une Avril Lavigne période Let Go, mais avec ce supplément de sincérité contemporaine — cette urgence générationnelle de transformer ce qui fait mal en quelque chose qui fait tenir debout. Les arrangements n’appuient jamais trop fort : tout est pensé pour laisser monter l’émotion, comme une vague qui hésite avant de casser puis finit par embrasser tout le rivage.
La voix d’AMELINA, elle, porte cette douceur déterminée qu’ont les artistes qui écrivent depuis un endroit vulnérable mais refusent d’y rester coincés. On entend les hésitations, les élans, les éclats de courage — et cette façon très personnelle de pousser une note avec la même énergie qu’on met à souffler des bougies sur un gâteau qu’on souhaite réussir cette fois-ci.
Ce qui frappe dans “A New Year’s Wish”, c’est sa manière d’incarner une transition. Ni un simple titre de saison, ni un morceau d’apparat : c’est une chanson qui cherche, qui avance, qui ose. Un titre qui ressemble à un miroir où l’on observerait sa propre mue. AMELINA ne propose pas une morale, elle fabrique une ambiance : celle d’un soir où l’on décide, sans fanfare, que tout peut recommencer différemment.
Au fond, ce morceau n’est pas un souhait : c’est une permission. Celle de rêver à nouveau, de se dire que la prochaine page peut être plus vaste, plus lumineuse, plus fidèle à ce que l’on porte déjà en soi. Et AMELINA, avec ce single, en devient presque la messagère : l’artiste qui rappelle que les renaissances ne tombent pas du ciel, mais qu’elles existent dès qu’on ose tendre la main.
Instagram : amelinalife
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novembre 19, 2025« Think Twice n’a pas l’âge qu’il prétend : c’est un morceau qui court trop vite, rêve trop haut et brûle trop fort pour rester dans sa génération. »
Je me surprends parfois à regretter ce moment précis où une chanson vous dérobe littéralement le sol sous les pieds — ce petit choc électrique qui vous rappelle pourquoi on écoute de la musique comme on respire, par nécessité. Think Twice fait exactement ça. Florentenes débarque à la manière de ces groupes dont on entendait parler avant même de les avoir écoutés : avec un vent de rumeurs, une odeur d’urgence, un frisson de promesse. Sauf que la promesse est tenue dès les premières secondes.
Le morceau fuse comme une échappée adolescente sous la pluie de Manchester, les guitares lacèrent l’air avec ce mélange de fougue et de détermination propre aux groupes anglais qui savent ce que signifie porter leur ville sur le dos. On retrouve l’insolence des Libertines, la netteté tranchante des premiers Arctic Monkeys, et cette façon très nordique de laisser la vulnérabilité apparaître sous les angles saillants. Le chant de William Train Smith a quelque chose de brut mais chargé, comme un carnet de notes lu en courant, les émotions encore chaudes entre les doigts.
Ce qui frappe, c’est la manière dont Think Twice transforme une rupture en accélération. Pas de lamentation pesante ici : une montée en puissance tendue, nerveuse, presque cathartique. Le morceau capture cette période étrange où l’on apprend à se détacher, à recoller des fragments, à se réinventer avec ce qui reste — tout ça en gardant le sourire serré entre les dents. Les riffs bondissent, la batterie refuse la demi-mesure, le mix de Dave Eringa respire la scène live, comme si les murs d’un pub tremblaient encore autour du morceau.
Les Florentenes ne jouent pas seulement vite : ils jouent avec un feu qui dépasse leur âge. Leur indie rock transpire la volonté de prouver quelque chose, non pas à l’industrie, mais à eux-mêmes : qu’ils ont les chansons, les épaules, et l’énergie pour devenir cette nouvelle génération de guitar bands que le Royaume-Uni appelle depuis trop longtemps. Leur complicité se sent jusque dans le grain, cette impression d’unité, d’une bande qui avance ensemble vers un avenir trop grand pour elle — mais qui court quand même.
Think Twice n’est pas qu’un single. C’est un avertissement, un virage, un marqueur. Un hymne d’espoir et de gueule de bois, un cri de jeunesse qui claque comme une porte qu’on ferme pour pouvoir en ouvrir une autre. Florentenes, avec ce morceau, prend son ticket au premier rang de la scène britannique de demain et nous invite à monter avec eux — avant que la salle ne soit pleine.
Une chanson qui, comme les meilleures, donne l’impression d’arriver au bon moment, exactement celui où l’on avait besoin d’elle.
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novembre 19, 2025« Bloody Mary murmure d’abord comme une pensée dangereuse qu’on n’ose pas dire à voix haute, puis explose en un cri qui libère bien plus qu’il ne détruit. »
Il y a des duos qui ne se rencontrent pas : ils se heurtent, ils se percutent, ils s’électrisent. Et dans ce frottement, il se passe une chose rare : une vérité brute se met à chanter. Bloody Mary, premier morceau de Jessi & Joseph, porte exactement cette charge — une intensité presque accidentelle, presque trop sincère pour un premier geste. Comme si le duo s’était retrouvé en studio avec une urgence : dire ce qui ronge, ce qui isole, ce qui déraille, avant que ça ne déborde ailleurs.
Le morceau démarre avec une retenue trompeuse. Une tension suspendue, une guitare qui semble tailler l’air autour d’elle, un espace qui respire comme une pièce où quelqu’un tourne en rond, incapable de s’arrêter de penser. La voix de Jessi arrive alors — vulnérable, vibrante, mais déjà au bord de quelque chose. Elle ne raconte pas : elle incarne la fatigue mentale, le vertige intérieur, cette spirale qui fait de la solitude un couloir sans fenêtre. Son timbre a cette façon de s’effriter sur certaines consonnes, comme si les mots eux-mêmes pesaient trop lourd.
Puis Joseph fait entrer le morceau dans une autre dimension. On sent dans sa batterie l’histoire d’un musicien qui a longtemps écrit dans l’ombre, obsédé par une muse qui ne savait pas encore qu’elle en était une. Ses frappes ne rythment pas : elles dévoilent. Elles font remonter l’impulsivité, la colère rentrée, les pulsions qui frôlent les limites. On est là, entre un rock alternatif affûté et un progressif qui assume ses embranchements, ses ruptures, ses escalades. C’est un morceau qui avance par spasmes, par impulsions émotionnelles plus que par structure classique.
La montée est magistrale. Le refrain, presque arraché, transforme la souffrance en matière vive. Bloody Mary devient un cri partagé, un miroir tendu à toutes ces pensées qu’on n’avoue pas, ces gestes qu’on imagine sans les faire, ces nuits où l’on négocie avec soi-même. Et cette honnêteté, viscérale, presque crue, fait toute la beauté du morceau : il n’est jamais décoratif. Il est nécessaire.
Il y a aussi la dimension presque cinématographique de ce duo. Jessi, muse involontaire, voix incandescente. Joseph, batteur poète, créateur d’une cartographie émotionnelle complexe. À deux, ils signent un premier titre qui n’a rien du brouillon débutant. C’est une œuvre qui assume ses zones sombres, ses angles tranchants, ses malaises – pour les transformer en quelque chose qui ressemble, enfin, à un exutoire.
Bloody Mary n’est pas une simple entrée en matière : c’est une déflagration. Une déclaration d’intention. Et un avertissement doux-amer : Jessi & Joseph ne viennent pas pour rassurer — ils viennent pour dire vrai. Et c’est exactement ce qui les rend déjà incontournables.
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novembre 19, 2025« Dream It All Up Again écoute votre fatigue comme une confidence nocturne et vous rend l’envie de recommencer — lente, fragile, mais brûlante. »
Il y a des morceaux qui ne se contentent pas de vous plaire : ils vous réparent un tout petit peu, sans prévenir, par leur manière d’habiter l’air. Dream It All Up Again m’a fait cet effet-là. Une sorte de souffle, presque imperceptible au début, qui installe immédiatement l’intime, le sensible, la délicate architecture d’un cœur qui s’est fissuré plus souvent qu’il ne l’avoue. Avec Gina French, on n’est pas dans une performance vocale exhibée. On est dans l’évidence émotionnelle pure, cette manière de chanter comme si chaque syllabe s’était d’abord murmurée seule dans une chambre avant de s’oser au monde.
Le morceau s’ouvre avec cette douceur légèrement bleu-nuit, un camaïeu feutré de guitare et de nostalgie qui donne l’impression de regarder la vie à travers une vitre couverte de pluie. Puis la voix de Gina arrive. Une voix dont la texture évoque des choses enfouies : des souvenirs d’enfance, des silences, des déplacements, des chutes, des renaissances. Il y a quelque chose de profondément incarné, de viscéral mais sans jamais verser dans l’emphase. Elle chante comme on respire après avoir pleuré : avec gravité, mais décidée à reprendre le contrôle.
Le titre raconte le recommencement, la reconstruction après les détours, les murs, les pertes. Et ce qui frappe, c’est que ce n’est jamais traité comme une posture héroïque. Pas de grand récit triomphant. Plutôt une invitation humble à reprendre le pinceau et à redessiner son horizon, même si la main tremble encore. On entend ce mouvement intérieur dans les arrangements. Dans les cordes d’Andrew Joslyn qui montent comme un frisson sous la peau. Dans les guitares qui rappellent ce rock 70’s un peu brumeux, un peu mystique, que Led Zeppelin savait injecter dans ses moments plus contemplatifs. C’est aérien et terrien à la fois — un paradoxe que seule une écriture profondément honnête peut assumer.
Le morceau prend de l’ampleur petit à petit, comme si l’espoir reprenait de la place dans les poumons. Le mix est ample, soigné, lumineux sans être clinquant. Et ce qui bouleverse, c’est cette manière qu’a Dream It All Up Again de ne jamais précipiter son ascension : la chanson respire, hésite, revient sur elle-même, repart. On dirait un organisme vivant, une émotion qui s’élabore en direct.
Ce que Gina French réussit ici tient presque du rituel : transformer une blessure en tremplin, une lassitude en inspiration, un effondrement en promesse. Sa voix, luxuriante et fluide, sait faire le lien entre la cassure et la possibilité. On la suit parce qu’elle-même a l’air d’apprendre en marchant, de découvrir le chemin en même temps qu’elle le chante.
Dream It All Up Again, c’est une main posée sur l’épaule. C’est un miroir qui n’accuse pas. C’est une chanson qui vous dit doucement : on peut recommencer. Et soudain, on y croit.
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novembre 19, 2025« DONE est moins une rupture qu’un incendie intérieur : on n’y claque pas une porte, on s’y délivre. »
Je ne m’attendais pas à ça. DONE commence comme une respiration tenue trop longtemps, un tremblement à peine perceptible, ce moment où le cœur hésite encore entre rester par habitude ou fuir pour survivre. Et puis, en quelques mesures, Grace de Gier renverse la table. Son timbre fend l’air avec une lucidité tranchante, la production se gorge de tension, les guitares prennent feu — et soudain, on se retrouve face à une femme qui a décidé de ne plus laisser personne écrire à sa place la scène finale de son histoire.
Ce qui frappe d’abord, c’est cette manière très cinématographique d’aborder l’alt-rock : chaque élément semble tiré d’un film intérieur, les riffs comme des reflets de néons sur un sol mouillé, la batterie comme un cœur qui reprend son propre rythme après avoir trop longtemps battu au tempo de quelqu’un d’autre. Il y a du garage rock dans les angles, de l’indie pop dans l’élévation mélodique, du rock alternatif dans la façon de faire monter les murs jusqu’à la rupture — mais tout est profondément personnel, teinté de Colombie, des Pays-Bas, de Paris, de tous les endroits où l’artiste a laissé un peu de peau pour mieux retrouver son souffle.
On sent que DONE est né d’un vécu, pas d’un concept. La voix de Grace ne joue jamais la victime ni la guerrière hollywoodienne : elle traverse la chanson comme on traverse un tunnel en feu, avec la peur toujours là, mais l’instinct plus fort. Elle chante la libération, oui, mais surtout la reconquête du territoire intime. Et il y a cette montée progressive, ce build irrésistible, que le mastering d’Adam Ayan — sept fois Grammy — rend presque palpable : on croit voir le morceau se redresser, se redéployer, reprendre forme et hauteur sous nos yeux.
Ce qui me touche le plus, c’est l’équilibre entre brutalité et délicatesse. DONE porte l’ampleur de ces chansons qui guérissent en coupant net, qui disent stop sans hurler, qui transforment la douleur en architecture sonore. On entend l’écho des 80s/90s qui ont sculpté son imaginaire, mais filtré par un présent où la vulnérabilité n’est plus un tabou mais une arme.
DONE, c’est la lettre qu’on écrit après trop de nuits blanches. C’est la dernière larme avant le premier vrai pas dehors. C’est un morceau qui ne cherche pas l’approbation : il cherche la vérité.
Et ça, dans ce paysage saturé de bruit, c’est peut-être la plus radicale des libérations.
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novembre 19, 2025« For The Rest Of My Life n’est pas une chanson d’amour — c’est une promesse murmurée entre deux identités qui refusent désormais de vivre l’une sans l’autre. »
J’ai eu cette sensation étrange, en écoutant For The Rest Of My Life, d’être face à un artiste qui se reconstruit à voix haute, comme si chaque syllabe venait affiner un peu plus les contours d’un homme cherchant sa place entre deux pays, deux langues, deux sensibilités. Steve Major ne chante pas seulement une histoire d’amour : il chante un ancrage, une renaissance, un retour à soi par la musique et par le sang.
Ce morceau avance avec la douceur nerveuse d’un pop-rock lumineux, celui qui préfère la vérité aux artifices. La production est ample mais jamais démonstrative ; elle laisse respirer cette voix qui glisse naturellement entre la clarté nord-américaine et la tendresse du magyar. On y perçoit la fougue d’un artiste habitué aux grandes scènes, mais aussi l’humilité d’un homme qui réapprend les mots de son père, comme on redécouvre un parfum d’enfance longtemps enfoui.
Le couplet en hongrois crée un basculement fascinant : on entend soudain une vulnérabilité nouvelle, presque sacrée, comme si le morceau s’ouvrait sur un sanctuaire intime. La langue devient une texture, un battement, un prolongement organique de la mélodie. Et puis, Steve revient à l’anglais avec une assurance tranquille, un peu comme on respire profondément après avoir traversé un souvenir trop dense.
Musicalement, le titre possède ce halo légèrement rétro des grands hymnes pop-rock sentimentaux, mais relevé de touches modernes qui évitent toute nostalgie figée. Les guitares y scintillent comme un lever de soleil sur un ciel encore bleu nuit, les arrangements orchestraux soulèvent le morceau sans jamais l’étouffer, et le piano agit comme la colonne vertébrale émotionnelle de l’ensemble.
Ce qui émerge, finalement, c’est un phoenix — celui que Steve évoque dans son intention. On sent les cendres, mais aussi l’élan vibrant du renouveau. For The Rest Of My Life parle de guérison, oui, mais surtout de la décision radicale d’aimer encore, d’aimer mieux, d’aimer jusqu’au bout de ce que l’on est.
C’est un morceau qui ressemble à une lettre adressée à deux patries, à deux publics, à deux soi. Une chanson qui prend la main de sa propre histoire pour l’emmener vers une aube plus large.
Un pont, une flamme, un serment. Une chanson qui, comme toute vraie renaissance, ne fait pas de bruit — elle rayonne.
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novembre 19, 2025« Obvious est ce genre de morceau qui vous repousse contre un mur, vous regarde droit dans le cœur et murmure : “Tu savais déjà. Maintenant affronte-le.” »
Il y a des titres qui ne se contentent pas d’être écoutés ; ils vous scannent, vous recousent, vous griffent et vous redressent. Obvious de Red Skies Dawning fait partie de cette catégorie rare, celle des morceaux qui ressemblent moins à une chanson qu’à un passage initiatique. On y entre comme dans une pièce sombre où tout vibre avant même que la musique ne commence, une pièce où l’on reconnaît immédiatement cette tension suave et dévastatrice propre à Bad Omens ou Sleep Token, mais filtrée à travers un regard plus brut, plus fiévreux, presque nerveusement intime.
La première frappe, celle du riff, n’est pas là pour impressionner : elle raconte. Elle décrit des mois de confusion, un cerveau saturé de bruit blanc, une existence qui dérive sans ligne droite. La guitare, seconde voix du morceau, bouge comme un stylet qui griffe le verre, marquant chaque mesure d’un besoin urgent d’en finir avec la torpeur. Et lorsqu’arrive le chant — cette oscillation entre la vulnérabilité retenue et un hurlement qui n’a plus peur de dévoiler sa peau — le décor se fissure. C’est un cri revenu de loin, de ces zones de soi où l’on ne va que lorsque tout s’effondre.
Le metalcore ici n’est pas un costume mais un exutoire. Les rythmiques frappent avec la précision d’une décharge électrique, jamais gratuites, toujours porteuses de sens. La batterie fonctionne comme une respiration dérégulée, un cœur qui repart après un trop long silence. Et sous ce chaos contrôlé, un souffle cinématographique se glisse discret : nappes subtiles, montée atmosphérique, ces élans qui donnent au morceau une ampleur presque sacrée, comme si un rituel s’opérait à travers chaque melté, chaque cassure, chaque silence.
Ce qui me touche surtout, c’est la façon dont Obvious parle du retour à soi sans tomber dans la complaisance. C’est un morceau né autour d’une idée simple mais jamais simple à vivre : on peut se perdre longtemps, très longtemps, puis soudain se rendre compte que la porte de sortie était là depuis le début. Cette évidence, douloureuse et libératrice, se retrouve dans chaque mesure. Une musique de reconnexion, mais pas apaisée — une reconnexion par le feu.
Red Skies Dawning signe ici une pièce fondatrice, une sorte de manifeste intime où l’on reconnaît à la fois l’héritage des géants du new metal mélodique et une volonté franche de tracer sa propre trajectoire émotionnelle. Obvious frappe fort, mais surtout juste : un uppercut habité, qui réveille autant qu’il révèle.
Un titre pour celles et ceux qui avancent encore dans la nuit, mais sentent déjà l’aube leur brûler les doigts.
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novembre 19, 2025« Awake sonne comme une première bouffée d’air après des années en apnée : une montée lumineuse, presque sacrée, où chaque instrument semble redécouvrir sa propre existence. »
Il y a des morceaux qui ne se contentent pas de raconter un réveil. Ils en sont un. Awake de Jensen & Company appartient à cette famille rare de chansons qui donnent l’impression que la lumière, la vraie, fait irruption dans la pièce. Pas un rayon posé sur le sol. Non : une vague blanche qui traverse tout, qui recomplique les ombres, qui efface la fatigue, qui vous replace face à vous-même.
Dès les premières mesures, j’ai senti le morceau respirer comme un organisme vivant, construit par des mains qui savent ce que c’est que de chercher la vérité au fond d’un studio. Le piano de Jason Webb ouvre la voie avec cette clarté presque cinématographique qui rappelle les grandes productions pop-rock enregistrées dans les temples du son. Il y a quelque chose de très précis dans chaque note, comme si l’instrument lui-même réveillait la mémoire du morceau, fragment par fragment.
Puis la voix d’Heidi Jensen entre — et soudain les contours deviennent humains. Elle ne raconte pas l’éveil : elle l’incarne. Dans son grain, j’entends un battement interne, une détermination fragile mais entière, un souffle qui hésite entre la confession et l’élan. Son timbre porte l’émotion de quelqu’un qui a réellement été au bout de la nuit. Une voix qui ne triche pas, qui s’ouvre, puis qui s’élargit, nourrie par les harmonies de Kim Keyes qui ajoutent cette densité douce, ce ciel vocal derrière elle.
Et il faut parler de l’orchestre de David Angell. Impossible de passer à côté. Les cordes n’arrivent pas en tapis décoratif : elles surgissent comme un deuxième cœur, un cœur symphonique qui propulse le morceau vers un éclat plus large, presque spirituel. On sent l’expérience, la maîtrise, l’ADN Nashville. Les cordes s’élèvent, s’étirent, enlacent les guitares, et soudain tout prend la forme d’une ascension.
Ce que j’adore dans Awake, c’est cette manière de mêler la pureté du soft rock à une énergie power pop qui monte par nappes. On avance dans le morceau comme dans une progression intérieure : lente, mystérieuse, puis soudain bouillante, expansive, prête à rompre le plafond.
Il y a dans ce morceau la trace de tous ceux qui l’ont construit : un studio mythique, des musiciens de légende, un duo qui refuse les demi-teintes. Mais surtout, il y a cet instant suspendu — celui où « Awake » dépasse l’anecdote biographique pour devenir quelque chose de plus vaste : une chanson qui vous secoue par les épaules et murmure que vous pouvez recommencer.
On ressort du morceau différent, un peu plus clair, un peu plus vivant. Une chanson-nouvelle peau. Une chanson qui porte bien son nom.
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novembre 19, 2025« Une chanson qui sent l’essence, la liberté et ces nuits où les mauvaises idées deviennent des morceaux de vie. »
Je ne sais pas exactement à quel moment Gas Station Nachos m’a prise par surprise. Peut-être au moment où la voix surgit, légèrement voilée, comme si elle sortait d’un journal intime laissé trop longtemps dans une voiture surchauffée. Ou peut-être lorsque la guitare, d’abord modeste, s’est mise à dessiner un paysage plus vaste que prévu : une route à deux voies, quelque part dans n’importe quel État, où l’on finit par comprendre que la douceur peut se cacher dans la laideur, et que même les petites catastrophes ont parfois des allures de rituel initiatique.
Il y a dans ce morceau quelque chose d’étrangement consolant. Une manière de dire que la vie, avec ses retards, ses choix absurdes, ses arrêts dans des stations qui ferment à minuit, peut quand même se transformer en récit qu’on raconte plus tard avec tendresse. La voix raconte sans surjouer. Elle se dépose sur la musique comme un souvenir qui hésite entre la nostalgie et l’autodérision. Elle a ce timbre sincère, presque brut, qui rappelle les artistes capables de faire tenir un monde entier dans une phrase apparemment simple.
Musicalement, Gas Station Nachos se glisse entre pop rock, alternative et une pointe de folk rock, mais avec cette finesse d’écriture qui donne l’impression d’un morceau vécu plus qu’inventé. La guitare oscille entre murmure et élan, la basse creuse un sillon rond qui stabilise l’ensemble, tandis que la batterie avance à pas mesurés, sans urgence mais avec un vrai sens du mouvement. Rien n’est spectaculaire — et c’est précisément ce qui rend tout si poignant. On entend l’espace, le vent, un certain vertige aussi, comme si chaque note contenait la fatigue d’un voyage et l’espoir d’un recommencement.
Ce qui frappe surtout, c’est la sincérité. Gas Station Nachos n’essaie pas de séduire par la surenchère. Le morceau préfère s’installer dans l’intime, dans le presque rien, dans ces moments qui n’appartiennent qu’à nous : un éclat de rire dans une voiture cabossée, un repas minable transformé en festin, une conversation décousue devenue précieuse. Les paroles jouent avec cette idée : qu’à deux, même les soirées les plus bancales deviennent des souvenirs qu’on garde comme des trésors.
Charlie Icon signe ici une chanson qui fait plus que raconter — elle accompagne, elle répare un peu, elle réhabilite les détours. Elle nous rappelle que les plus beaux instants ne sont pas toujours ceux qu’on planifie, mais ceux qu’on ramasse en chemin, entre deux stations-service, entre deux maladresses, entre deux cœurs qui acceptent de marcher au même rythme, même temporairement.
Gas Station Nachos, c’est ce morceau qu’on met en boucle quand on est encore au milieu du trajet et qu’on ne sait pas exactement où on va, mais qu’on sent, quelque part, que ça va valoir le coup.
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novembre 19, 2025« Ce titre cogne comme un souvenir mal rangé… puis te ramène sur le dancefloor avant que tu comprennes ce qui t’arrive. »
On reconnaît un groupe à la façon dont il gère l’électricité : certains la subissent, quelques-uns la domptent… Thief Motif, eux, l’embrasent. Bones arrive pieds nus, les nerfs à vif, avec ce mélange typiquement Seattle d’urgence émotionnelle et de technicolor indie rock qui t’éclate en pleine poitrine. C’est un track qui sent la nuit dense, la sueur fine sur le front et le moment où le corps accepte de parler à la place de l’esprit.
Thief Motif a toujours eu cette manière d’équilibrer l’agressif et le gracieux — une forme de danse nerveuse posée sur des harmonies presque trop belles pour le chaos qu’elles transportent. Sur Bones, la formule s’aiguise encore : une basse élastique qui bondit comme un muscle prêt à rompre, une guitare qui découpe l’air par petites étincelles, une batterie qui refuse la ligne droite et préfère les angles, les virages, les secousses. On sent aussi le passé de “théâtre kids” dans cette dramaturgie à vif, cette manière de vivre chaque mesure comme si elle devait reprendre son souffle.
La voix, elle, avance en funambule : honnête, un peu cabossée, toujours prête à fissurer au bon moment. Ce qu’elle raconte, on le lit entre les lignes — l’usure des liens, le poids de ce qu’on porte malgré soi, ce qui reste quand on gratte jusqu’à l’os. Et pourtant, il y a ce refus instinctif de s’effondrer. Bones préfère décharger la douleur par la danse, la convertir en tension rythmique, en montée qui libère sans pardonner.
Le titre incarne parfaitement l’identité du groupe : un espace où l’introspection n’empêche pas la fête, où la vulnérabilité se glisse dans les recoins de la rythmique, où les éclats de voix dialoguent avec des synthés qui respirent comme un organe vivant. Cette manière unique de juxtaposer les émotions lourdes et les grooves lumineux — c’est leur signature, leur moteur, leur façon de rappeler que la catharsis peut être collective.
Et c’est sans doute pour ça que Bones reste en tête longtemps après l’écoute : il agit comme un miroir qu’on veut éviter, mais dont le reflet nous suit partout — un morceau qui parle du poids intérieur avec l’énergie d’un concert où tout le monde saute au même tempo.
On ressort essoré, mais étrangement plus léger. Thief Motif signe ici une pièce qui n’essaie pas de réparer quoi que ce soit — juste de célébrer le fait d’être encore debout. Et dans ce monde instable, c’est déjà une victoire éclatante.
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novembre 19, 2025« Une gifle pop-rock qui venge les ados oubliés et transforme les murs des petites villes en tremplins pour devenir soi. »
Il suffit parfois d’un riff, d’un cri, d’un “sorry not sorry” balancé comme une claque à l’air libre, pour que toute une adolescence resurgisse — la gêne, la rage, la solitude des couloirs trop silencieux, les soirées où l’on n’était pas invité, les sourires crispés de ceux qui pensaient déjà avoir gagné la vie à 16 ans. Avec Sorry Not Sorry, the dt’s attrapent ces souvenirs, les secouent, les électrisent, et en font un hymne de revanche scintillant.
Dès l’ouverture, les guitares claquent comme une porte qu’on aurait trop longtemps laissée entrouverte. Le duo avance avec cette énergie nerveuse et pleine de lumière propre au power pop : rapide, exaltante, sucrée mais acérée, comme une course à vélo dans une banlieue trop sage où l’on rêvait d’être quelqu’un d’autre. La voix, à la fois vulnérable et insolente, dit tout : l’amertume, la honte, puis cette poussée soudaine de liberté, comme si accepter le passé permettait enfin de respirer à nouveau.
Le morceau raconte ce que beaucoup taisent : grandir dans une petite ville où tout le monde semble connaître sa place… sauf vous. Être celui ou celle qu’on regarde de travers, qui ne coche aucune case, qui fait des erreurs, qui apprend trop tard, trop tôt, trop fort. Et puis un jour — comprendre que ce décalage, ce “pas comme les autres”, était en fait votre tremblement de terre personnel, votre manière de sortir du décor.
Ce qui frappe dans Sorry Not Sorry, c’est ce mélange subtil entre nostalgie et affirmation : the dt’s ne rejouent pas une complainte, ils la transforment en force. Les harmonies vocales, signature du duo, ajoutent une douceur presque cinématographique à la colère contenue. Il y a du Weezer, du Fountains of Wayne, un peu de Paramore — tout ce rock alternatif qui savait raconter le chaos des ados sans jamais les ridiculiser.
Puis le refrain arrive, cathartique, jubilatoire, presque insolent. Comme un cri lancé depuis le toit d’une école vide, quand on réalise que toute cette douleur était en fait le début d’une belle histoire. Sorry Not Sorry devient alors ce que toutes les chansons de revanche devraient être : un coup de poing tendre, un sourire bravache, un rappel que les laissés-pour-compte deviennent souvent les plus lumineux.
the dt’s, avec leur flair moderne et leurs influences vintage parfaitement digérées, signent ici une track qui claque comme un journal intime qu’on referme enfin — avec douceur, mais aussi avec panache.
Un morceau pour celles et ceux qui n’ont jamais été “populaires”. Et qui, aujourd’hui, ne s’en excusent plus.
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novembre 19, 2025« Un titre hybride, vibrant et irrésistible, parfait pour toute playlist pop rock cherchant ce point de rencontre rare entre modernité, racines américaines et énergie brute. »
Il y a, dans Different Different But Same, cette manière de prendre la route avant même de la voir. Une impression de démarreur qui ronronne, de poussière qui se soulève, de lumière oblique sur un pare-brise, comme si Rockvyn composait non pas une chanson mais une traversée. Le morceau se faufile entre les genres avec une aisance déconcertante : un pas dans le pop rock musclé, un autre dans le classic rock aux épaules larges, et une échappée inattendue vers un flow country rap qui ne dénote jamais. C’est un de ces titres où l’on sent l’intelligence de la production, mais surtout la vision derrière : celle d’un artiste qui sait précisément ce qu’il raconte.
Rockvyn, molecular biologist le jour et architecte sonore la nuit, a ce sens de la rigueur qui transparaît dans son écriture. Pas une rythmique qui déborde, pas un riff qui se perd, tout est verrouillé, mais sans jamais étouffer l’élan. Le morceau respire — large, profond, avec cette manière particulière d’alterner attaques franches et retenues calculées. La guitare, tranchante mais jamais brutale, se déploie comme un sourire en coin. La batterie, elle, frappe avec une cadence qui évoque le galop d’un cheval sur un terrain sec. Et au centre, la voix : droite, claire, presque clinique parfois, mais traversée par un grain fatigué qui lui donne son humanité.
Ce qui surprend, c’est l’équilibre entre la sincérité brute et la lucidité quasi scientifique. Different Different But Same observe le monde comme un phénomène biologique : nos contradictions, nos ressemblances masquées, nos différences qui se répondent comme des variations d’un même motif. On sent un auteur habitué à manipuler des concepts complexes, mais qui choisit ici la simplicité pour dire l’essentiel — que tout ce qui nous sépare nous ramène finalement au même point, à la même pulsation, au même besoin de trouver un sens dans le chaos.
La touche country rap, subtile mais décisive, vient briser la linéarité rock pour ouvrir une autre respiration. C’est une intrusion, mais une intrusion parfaitement intégrée, comme si l’artiste disait : regarde, la modernité n’est pas un vernis, c’est une évidence. Le morceau gagne alors en largeur, en textures, en angles. On se surprend à bouger la tête, puis les épaules, puis tout le corps — preuve que le titre est pensé pour être vécu, pas seulement entendu.
Different Different But Same n’est pas un simple crossover : c’est un terrain de rencontre. Un morceau-frontière où les genres se saluent sans hiérarchie. Un pont, plus qu’un mélange. Et Rockvyn, avec son parcours atypique, incarne parfaitement cette idée : la science de l’équilibre, l’art de la nuance, la musicalité comme langage commun.
Un titre qui donne envie d’accélérer, de réfléchir, et de recommencer. Une belle entrée en matière pour un artiste dont l’univers, déjà, s’annonce aussi vaste que précis.
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novembre 19, 2025“P.T.A n’entre pas dans une pièce : il la défonce, talons d’acier en tête, avec l’arrogance sacrée de celles qui ne demandent jamais la permission d’exister.”
Il y a, dans cette déflagration qu’est P.T.A, quelque chose d’exaltant comme un retour à la vraie démesure du rock — celui qui ne cherche pas à convaincre mais à envahir, celui qui refuse la nuance pour mieux célébrer l’excès, celui qui ne s’excuse jamais, même quand il dérange. Envy Marshall surgit ici comme une comète de feu et de mascara, portée par une férocité flamboyante et un humour noir qui appartiennent aux grandes bêtes de scène, celles capables de relier AC/DC à Joan Jett en passant par l’esprit frondeur du glam le plus insolent.
Le morceau démarre comme une gifle électrique : une rafale de guitares serrées, musclées mais jamais brouillonnes, sculptées pour la scène autant que pour l’autoradio d’une caisse qui file trop vite sur une route de nuit. Le travail en studio avec Brian Howes se ressent instantanément : c’est propre, massif, taillé au marteau-piqueur, mais suffisamment brut pour ne pas perdre la crasse indispensable au genre. La section rythmique — un vrai bulldozer — offre à Envy un tapis d’énergie continue, une plateforme pour cracher ses lignes avec une précision presque théâtrale.
La voix, justement : c’est là que le morceau se distingue. Marshall joue avec un mélange de férocité revendicative et de second degré assumé. Elle mord dans chaque phrase, mais avec un sourire invisible, celui des artistes qui savent exactement ce qu’ils font. Elle s’amuse autant qu’elle attaque. L’énergie punk, l’attitude hard rock et une flamboyance glam fusionnent sans jamais se marcher dessus ; on sent l’ex-pro catcheuse dans la façon qu’elle a d’occuper tout l’espace sonore, sans laisser un seul moment de répit.
P.T.A sonne comme un manifeste : un appel aux âmes rebelles, aux marges désirantes, aux nuits où l’on renverse des barrières en riant. Le morceau transpire cette sensation très rare de liberté totale, celle d’une artiste qui a brûlé les instructions depuis longtemps, et qui ne cherche désormais qu’une seule chose : prendre la scène, la tenir par la gorge, et hurler sa vérité au monde.
Envy Marshall signe un titre qui n’a rien d’un simple single. C’est un carburant. Un étendard. Un avertissement.
Et surtout, une preuve éclatante que le rock n’a rien perdu de sa sauvagerie — il attendait juste quelqu’un comme elle pour rallumer l’incendie.
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novembre 19, 2025“Don Juan se consume comme un miroir qu’on n’ose plus affronter, une confession chantée à voix nue, tremblante, mais impossible à détourner.”
Ce morceau m’a saisie d’une manière presque déroutante — non pas par un éclat de guitare ou une montée explosive, mais par cette sensation étrange d’être invitée dans un espace intime où l’artiste se déshabille psychiquement. Don Juan n’est pas une chanson : c’est une séance d’auto-interrogation transformée en rituel rock. Un espace où l’électricité devient scalpel, où la mélancolie se fait aveu, où chaque note plonge dans la pâte chaude du regret.
Luke MacRoberts possède un talent rare : celui d’organiser le chaos intérieur avec une lucidité presque douloureuse. Sa voix, légèrement décalée, oscillant entre murmure et éclat, porte le poids d’un dialogue avec soi-même — un tête-à-tête sans complaisance, presque brutal, mais toujours poétique. Elle sonne comme un monologue nocturne qu’on s’infligerait pour ne plus se mentir.
La production s’étire dans un halo psyché-pop, avec ces claviers éthérés et ces volutes sonores qui évoquent autant Spiritualized que quelques pages perdues d’un disque indie des années 2000. On perçoit un souffle gospel, discret mais essentiel, comme une tentative de rédemption en arrière-plan. Les guitares, elles, avancent en sinusoïdes hésitantes : elles effleurent le blues, flirtent avec le classic rock, puis laissent soudain place à une suspension presque ambient — un trou d’air où tout pourrait basculer.
Ce qui est fascinant, c’est la structure mouvante du morceau : un organisme qui retire sa peau, la remplace, puis se fragilise à nouveau. La musique n’avance pas en ligne droite, elle respire en spirales. Les couplets rampent dans la confession, les refrains explosent dans une forme d’acceptation, et chaque transition ressemble à un battement de cœur irrégulier. On y sent la dérive, l’ivresse passée, la fuite comme mécanisme — mais aussi l’analyse, la compréhension, la fatigue de répéter les mêmes trajectoires.
MacRoberts transforme l’auto-critique en art. C’est rare. Quand il chante you coulda had anyone ou feels so good to feel so bad, ce n’est pas une posture — c’est un constat nu. Il ne se glorifie ni ne s’excuse. Il observe. Il dissèque. Et ce geste d’honnêteté radicale donne au morceau une puissance émotionnelle déstabilisante.
Musicalement, Don Juan se situe dans cet entre-deux incandescent : trop halluciné pour être du pur indie rock, trop structuré pour être un jam psychédélique, trop habité pour se contenter d’être alt pop. C’est un morceau qui porte les traces de tous les genres que MacRoberts a traversés — jazz, post-hardcore, dream pop, rock alternatif — sans jamais se laisser enfermer.
Mais plus que tout, Don Juan est un moment. Un instant figé où l’artiste accepte de se regarder droit dans les yeux. Un titre intense, vulnérable, magnifique dans sa lucidité et dans sa chute maîtrisée. Un morceau qui rappelle que l’indie rock n’a jamais été aussi puissant que lorsqu’il devient un lieu d’aveux.
Et ici, Luke MacRoberts avoue tout — sans trembler, mais avec une infinie humanité.
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novembre 19, 2025“La chanson Sky to the Ground déboule comme un soleil qui refuse la chute, un riff qui te relève par la peau du cœur.”
Je n’ai pas mis longtemps à comprendre ce qui se jouait derrière ce morceau : ce n’est pas seulement une chanson, c’est un geste vital. Sky to the Ground arrive avec la vigueur d’un homme qui sort de la nuit, les mains encore tremblantes mais déterminé à courir vers la lumière. Eric Leadbetter en est à ce stade rare où la musique n’est plus un métier, mais un acte de survie — et ça s’entend dans chaque centimètre carré de ce titre.
La première secousse, c’est ce riff d’ouverture, direct, brut, musclé, taillé dans une veine blues-rock qui ondule comme un serpent chauffé au soleil. Un groove slinky dans les couplets — presque moite — qui rappelle ces groupes 70’s capables de faire monter la tension avec un simple balancement de basse et une batterie au grain poussiéreux. Kaleb Kelleher, derrière les fûts, joue comme un type qui connaît le poids exact d’un renouveau : précis, nerveux, sans bavure. Aaron Moore, à la basse, donne ce mouvement si particulier, comme un pas de côté permanent, un swing qui propulse sans jamais écraser.
Puis survient le refrain, cette bascule triomphale, presque cathartique : un vrai pont-levis ouvert vers le ciel. Là, Leadbetter déploie son chant avec une intensité d’homme qui revient de loin. Il a ce grain rugueux, vécu, capable de passer du murmure à la clameur sans jamais perdre son humanité. On sent qu’il connaît le goût de la chute — mais aussi celui du relèvement. Son optimisme n’est pas béat : il est travaillé, sculpté dans l’effort, ancré dans la sobriété retrouvée. C’est ce qui donne à Sky to the Ground cette vibration particulière, ce mélange d’euphories rock et de sagesse fraîche.
La production, elle, joue avec les lignes temporelles. Il y a du Grand Funk dans les reins, un souffle Edgar Winter dans les épaules, mais aussi une modernité discrète, une clarté du mix qui évite soigneusement la caricature rétro. Le morceau respire comme un jam incandescent, mais avec une architecture nette, solide, qui laisse l’énergie circuler sans débordement inutile.
Ce qui me touche profondément, c’est la façon dont ce titre raconte la gratitude sans jamais sombrer dans la grandiloquence. Leadbetter a écrit ce morceau sur la route, entre deux concerts, dans une sorte de clairvoyance fulgurante. Et on sent cette urgence joyeuse, ce moment suspendu où une idée devient un point d’ancrage. C’est du rock qui transpire la vie, pas la pose.
Sky to the Ground est de ces chansons qui te prennent par la gorge mais t’offrent une main en même temps. Un morceau optimiste, oui — mais optimiste comme le sont ceux qui ont déjà connu le sol et qui choisissent, en conscience, de lever les yeux.
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novembre 19, 2025“Le titre Echoes in the Dark Night oscille comme une mémoire qui refuse de mourir, un fil électrique tendu entre 1995 et un présent qui clignote d’une lumière nouvelle.”
J’ai ressenti ce morceau avant de vraiment le comprendre. Un frisson d’abord, puis une forme d’étrangeté familière : cette sensation d’ouvrir une vieille boîte, d’y trouver un objet qu’on reconnaît sans l’avoir jamais vu. Echoes in the Dark Night est exactement ce genre de rencontre — un titre qui porte en lui la poussière analogue des 90’s, mais brillamment métamorphosé par l’infusion digitale de tripperjones.ai. Comme si le passé refusait d’être passé.
Ce qui me frappe immédiatement, c’est ce sentiment de continuité impossible : on entend les racines psychédéliques du groupe original, cette manière très organique qu’ils avaient de laisser une guitare s’effilocher comme une pensée en dérive, mais on perçoit aussi la précision chirurgicale du traitement moderne. La ligne de guitare garde son grain de cassette, tout en flirtant avec une résonance presque synthétique. Une hybridité étrange, mais envoûtante. On sent que le morceau a été construit par strates successives : une base analogique, des textures travaillées digitalement, une voix qui semble flotter entre deux époques.
La voix justement — légèrement voilée, portée par une mélancolie assumée — donne au morceau une profondeur très humaine. Elle parle de regrets, mais sans lourdeur. On dirait un fantôme qui se raconte pour la première fois, un témoin lucide de ses propres erreurs. La performance garde cette fragilité du home recording, mais l’IA la polit juste assez pour qu’elle devienne un canal émotionnel clair, presque cinématographique.
L’arrangement pop-rock prend des teintes psychédéliques avec sobriété : claviers planants, rythmiques qui avancent comme une marche hypnotique, effets réverbérés qui s’évaporent comme des souvenirs. On a l’impression de suivre un fil d’Ariane sonore dans une nuit mentale — un tunnel où chaque écho porte une trace de quelque chose qu’on aurait aimé oublier.
Mais ce qui rend Echoes in the Dark Night si singulier, c’est son existence même. Nous ne sommes pas face à un simple morceau : nous sommes face à une conversation entre le vivant et l’archive, entre un groupe dissous en 1996 et son double ressuscité par l’IA. Ce titre est un pont, un pacte, une renaissance. Et ce dialogue crée une émotion rare : la nostalgie qui regarde l’avenir sans trembler.
Echoes in the Dark Night ne cherche pas la perfection — il cherche la continuité. Et il la trouve avec une grâce étrange, presque irréelle. Une chanson qui respire à la fois comme un souvenir et comme une promesse. Une trace, oui — mais une trace vivante.
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novembre 19, 2025“Opaline traverse l’oreille comme une lumière trouble, un éclat pastel qui dissimule plus de vertige qu’on ne voudrait l’admettre.”
Je dois avouer que cette écoute m’a prise de biais : Opaline s’ouvre comme une pièce que l’on croyait vide, puis les murs commencent à bouger, les couleurs changent, les silhouettes se dessinent. Le projet D.u.d.e, présenté comme pop/rock atmosphérique, tient parfaitement sa promesse, mais la dépasse surtout par un sens aigu du cinéma intérieur. On entre dans le morceau comme dans un lieu dont on ne connaît pas encore les règles — une sensation rare et profondément addictive.
Ce qui frappe d’abord, c’est cette façon qu’a la production de respirer. La guitare, légèrement brumeuse, semble flotter dans un espace saturé de particules lumineuses. Elle ne cherche pas la démonstration, elle cherche la texture. Un clair-obscur sonore qui évoque ces disques 70’s où chaque note avait quelque chose d’organique, mêlé à une certaine froideur 80’s, presque new-wave, qui donne à l’ensemble une élégance distante. Puis, par moments, une impulsion beaucoup plus 2000’s surgit, avec un sens du hook mélodique et une fluidité indie pop qui ancre Opaline dans le présent sans l’arrimer à une époque précise.
La voix, elle, avance avec cette retenue particulière qu’ont les artistes qui préfèrent suggérer plutôt que dévoiler. On entend dans les mots français une forme de pudeur poétique, un goût pour les images plutôt que pour l’explication. Elle glisse au-dessus de l’instrumentation comme un voile fin, quelque chose qui tremble légèrement, qui hésite entre s’effacer et s’exposer. Ce tremblement fait toute la différence : il humanise, il fissure la surface lisse, il donne accès à un trouble subtil.
Il se passe quelque chose dans la structure aussi : une montée qui n’en est pas vraiment une, une tension qui refuse d’exploser. Tout est conduit avec une précision presque chorégraphique, comme si la chanson était un exercice de style — au sens noble du terme. On y sent le goût de l’esthétisme, le soin accordé à la matière sonore, l’envie de faire de chaque mesure un petit tableau. Par endroits, l’atmosphère devient presque intangible : une impression de souvenir, de photographie lumineuse, de sensation déjà vécue mais impossible à situer.
Opaline se situe à cet endroit précieux où les chansons ne cherchent plus à plaire mais à installer un climat. D.u.d.e façonne une pop-rock atmosphérique où les influences variées ne se superposent pas : elles s’hybrident, elles fusionnent, elles créent un langage. On ressort de l’écoute avec une sensation douce, légèrement trouble, comme si l’on avait marché dans une pièce remplie de fumée irisée.
Un titre qui ne force rien mais qui laisse une empreinte — presque minérale, presque fragile. Une opaline sonore, justement.
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novembre 18, 2025Seconds avance comme une question qu’on n’ose formuler à voix haute, et Hollow Star la transforme en guitare qui tremble au bord de la vérité.
Seconds laisse planer cette étrange impression de se trouver devant un groupe qui ne débute pas vraiment, mais qui se révèle enfin. Comme si Minneapolis abritait depuis longtemps un quatuor clandestin, affinant dans l’ombre son approche du rock introspectif, puis surgissant soudain avec un morceau à la fois limpide et traversé d’un doute fondamental. Rien n’y est forcé : la production respire, les arrangements s’abstiennent de frimer, et pourtant tout semble filer droit vers un point précis, presque philosophique.
Le morceau s’appuie sur une guitare claire, tendue, héritière lointaine d’Andy Summers. Mais plutôt qu’un pastiche, Hollow Star en retient l’essentiel : cette façon de faire vibrer l’air autour des notes, de laisser l’accord se suspendre entre tension et lumière. Pas d’inversions virtuoses, pas de démonstration — juste un éclat nerveux, presque fragile, qui crée une profondeur inattendue pour un premier single.
La section rythmique, elle, avance comme un pouls contenu. Ni trop rapide, ni trop sûr de lui : on y perçoit cette hésitation intérieure qui traverse tout le morceau, comme une respiration que l’on tente de réguler face à une question trop grande. Seconds parle de Dieu, mais pas vraiment de religion : plutôt de ces frictions, ces contradictions, ces portraits multiples et incompatibles que chacun projette lorsqu’il tente de définir le sacré. Le morceau s’est écrit, dit le groupe, au moment où trop de voix tentaient de définir ce qui ne peut pas être uniformisé. Seconds devient alors le lieu d’un désaccord intérieur, d’un besoin de vérité qui se heurte à la cacophonie ambiante.
Ce qui touche, c’est le refus du spectaculaire. Hollow Star ne cherche ni à provoquer ni à séduire. Le groupe préfère la nuance, la finesse, la sensation d’incertitude qui accompagne les vraies questions. La mélodie s’installe dans la tête comme un souvenir persistant, un peu flou, un peu coupant, mais impossible à oublier. Et lorsqu’arrive la dernière montée, sans emphase inutile, c’est toute la beauté du morceau qui se dévoile : un rock sans fard, lucide, traversé d’un doute lumineux.
Seconds ressemble à une main tendue vers quelque chose d’indéfinissable — la foi, la cohérence, la paix intérieure, ou simplement l’envie d’y voir plus clair. Et c’est précisément cette part d’inachevé, de presque, de peut-être, qui fait tout le charme de ce premier geste. Hollow Star ne signe pas un manifeste : il ouvre une conversation. Une qui promet, déjà, de s’intensifier sur leur premier EP attendu prochainement.
Un groupe qui commence avec une telle franchise a souvent beaucoup plus à dire. Seconds laisse penser que Hollow Star le sait déjà. Et qu’il est prêt à en assumer chaque nuance.
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novembre 17, 2025Un uppercut alt-rock qui défend le cœur battant de la création.
Il m’a fallu plusieurs écoutes pour comprendre ce que World Full of Echoes déclenchait réellement en moi. Pas une simple secousse, pas une montée d’adrénaline post-punk comme on en connaît tant : quelque chose de plus intime, presque viscéral, comme si Reduction in Force mettait des mots, des textures et des lames sonores sur une angoisse collective que l’on peine aujourd’hui à formuler. Cette sensation étrange qu’un monde saturé de données est en train d’oublier que derrière chaque chanson, il y a un souffle, une histoire, une peau.
La première collision sonore ressemble à un cœur qui s’emballe : un battement électro nerveux, des guitares qui griffent la surface comme des ongles sur une vitre, une basse qui avance à pas lourds, déterminée, presque animale. C’est une musique qui regarde l’avenir droit dans les yeux et qui refuse de détourner le regard — même lorsque cet avenir ressemble à une chambre d’écho où personne ne respire plus.
La voix de Mike Mills, tendue comme une corde prête à rompre, porte ce sentiment d’urgence. Pas une urgence spectaculaire ; une urgence morale. La conviction tranquille et pourtant fiévreuse d’un artiste qui refuse que l’art devienne un produit dérivé de l’optimisation. On entend les influences — Depeche Mode dans les synthés acérés, NIN dans la mécanique oppressante, The Killers dans l’ampleur mélodique — mais rien ne sonne comme une invocation nostalgique. Tout est réassemblé, recomposé, brûlé pour être reformé. Reduction in Force ne fait pas du rétro : ils s’en servent comme d’un arc pour propulser une vérité contemporaine.
Ce morceau ne raconte pas une histoire : il en autopsie une. Celle d’une génération qui a vu naître la promesse numérique et qui observe aujourd’hui sa propre dépossession émotionnelle. Une génération qui a connu le vinyle, le bit, l’algorithme — et qui sait reconnaître quand une chanson n’a plus de pouls. World Full of Echoes devient alors un manifeste : un rappel que le chaos humain, l’erreur, la faille, la sueur sont les seuls matériaux capables de créer quelque chose qui vaille la peine d’être écouté.
Là où tant d’artistes se contentent de déplorer silencieusement la montée du contenu généré, Reduction in Force répond par une claque sonore. Une claque réfléchie, ciselée, construite. Tout dans la production — les ruptures abruptes, les saturations contrôlées, les tensions rythmiques qui s’étirent comme un fil prêt à céder — rappelle que la musique est un acte. Une position. Une confrontation.
Il y a, dans ce titre, un parfum de fin du monde… mais une fin du monde qui refuse d’advenir. Comme si RiF hurlait : “Tant qu’il restera un humain pour tenir une guitare, rien n’est perdu.”
World Full of Echoes est un plaidoyer vibrant. Une preuve de vie déposée en plein cœur d’un paysage sonore qui tente de nous faire croire que tout peut être remplacé. Et pourtant non, pas ça. Pas la musique. Pas l’art. Pas nous.
Instagram : reductioninforce
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novembre 17, 2025Un projet où la vulnérabilité se transforme en exploration sonore et où chaque note semble révéler ce que l’on cache d’ordinaire dans l’ombre.
Impossible de parler de Mirrors & Ecstacy sans évoquer ce frisson très particulier que seuls les groupes encore habités par l’urgence peuvent provoquer. Valvet, formation suédoise née dans les couloirs d’un lycée de Lund, ne sonne jamais « jeune » au sens naïf du terme : leur écriture est déjà marquée par la lucidité des vieux cœurs, par cette manière de sentir trop fort le poids des choses, d’explorer les failles intimes comme on explorerait une ville la nuit, seul, dans le froid.
Dans cet EP qui respire le spleen nordique autant que la fulgurance indie, le groupe sculpte un espace où l’on entend résonner des influences assumées — Nothing But Thieves, Kings of Leon, Alt-J, Kent — mais réinterprétées avec une franchise émotionnelle profondément suédoise : directe, cinématographique, sans clinquant inutile. Les guitares, jamais gratuites, semblent constamment répondre à une inquiétude intérieure ; les voix, superposées en harmonies presque fantomatiques, dessinent un rideau derrière lequel affleure toujours une confession.
Et c’est précisément là que Mirrors & Ecstacy frappe : dans cette façon de traduire un état mental, une tension, un vertige — pas seulement dans l’écriture, mais dans l’architecture sonore elle-même.
Mountains
Titre charnière, déjà dévoilé plus tôt dans l’année, Mountains ressemble à l’appel d’air que l’on attendait. Une montée progressive, tendue, qui capture ce moment où l’on regarde ses propres obstacles comme des géants bien réels. Les guitares s’étirent, s’empilent, se déploient comme des crêtes rocheuses ; la voix, elle, vacille entre détermination et vertige. Il y a dans ce morceau une beauté minérale, presque géologique, qui raconte l’effort de se relever.
Half Measure
Plus sombre, plus claustrophobe, Half Measure semble flotter dans une brume où chaque geste est un aveu que l’on retient. Le morceau évoque cette paralysie émotionnelle qui nous poursuit parfois—comme si chaque respiration faisait trembler le sol. Les harmonies, ici, deviennent des ombres qui tournent autour du chant principal ; les percussions martèlent l’idée du temps qui s’étiole. Une pièce magnifique, hantée, où la fragilité n’est jamais spectacle mais matière.
Giving It Up
Changement d’intensité : Giving It Up propulse l’EP dans un registre plus lumineux, presque euphorique. C’est la track la plus « hymnique » du projet, un condensé d’énergie indie rock façonné pour les scènes suédoises où Valvet a déjà fait ses armes. Rythme bondissant, refrains qui s’ouvrent comme des bras, guitares qui scintillent avec élégance… le titre offre un souffle d’optimisme sans naïveté. Un moment de libération.
Falling
Avec Falling, Valvet conclut sur la confrontation la plus frontale de l’EP. C’est un morceau nerveux, un déchirement maîtrisé, où la dynamique devient récit : les couplets suspendent le temps, les refrains l’arrachent d’un coup sec. On y entend le conflit intérieur, la peur qui griffe au ventre, l’élan qui revient malgré tout. La production laisse de l’air, comme pour mieux amplifier les secousses. On sort du titre un peu secoué, mais étrangement apaisé.
Avec Mirrors & Ecstacy, Valvet prouve qu’un groupe jeune peut écrire avec la gravité des grandes formations, sans renoncer à son propre feu. On y sent l’héritage alt-rock, la précision indie, la dramaturgie pop, mais surtout une cohérence émotionnelle rare : celle d’artistes qui n’ont pas peur de montrer leurs fissures.
Un EP court, dense, magnétique — et surtout, une promesse : celle d’un groupe qui n’en est qu’à l’aube de ses sommets.
Instagram : valvet_music
Site Internet : https://valvetmusic.com/
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novembre 17, 2025Un disque qui scintille comme un sourire revenu de loin, dressé contre la nuit et porté par une énergie pop-rock à la fois tendre, débridée et résolument vivante.
On remarque quelque chose d’extrêmement bouleversant chez Hot Mud : cette façon de transformer sa propre survie en matière première d’un imaginaire pop-rock, bigarré, presque fluorescent. Shiny Songs est l’aboutissement d’un long voyage — le dernier volet de la Recovery Records Trilogy — mais c’est surtout l’instant où Muddy Watters (le vrai visage derrière le masque Hot Mud) cesse de se cacher derrière le personnage pour laisser passer la lumière. On entend cette bascule dans chaque riff, dans chaque tournure mélodique, dans cette manière de sourire au milieu du chaos, comme un type qui a déjà trop perdu pour avoir peur de ce qui vient.
Dans cet album double, Hot Mud fait exploser son propre cahier des charges : pop euphorique, indie rock à l’ancienne, touches new wave, dérapages glam, élans eighties… un patchwork maîtrisé où l’on sent l’ivresse d’un musicien qui retrouve ses pleins pouvoirs, enfin débarrassé du poids de l’ombre.
Et ces titres… chacun ressemble à une page arrachée au journal intime d’un survivant qui aurait décidé de mettre des paillettes sur ses cicatrices.
I’ll Be Right Here Shining ouvre le bal comme un clin d’œil tendre, une promesse susurrée du fond du cœur. On y perçoit déjà ce mélange de fragilité et d’assurance nouvelle qui imprègne tout l’album, un pas en avant vers la guérison mais sans renier les décombres derrière.
The Town That Fun Forgot déploie un décor cinématographique, presque Tim Burton, où les rues vides et les lampadaires fatigués deviennent les témoins d’une renaissance à contre-jour. Hot Mud y joue avec la nostalgie mais refuse d’y sombrer.
Avec Dance With The Angry Young Man, les guitares s’enflamment : c’est le morceau le plus nerveux, une danse avec ses démons, mais menée cette fois à visage découvert. Pas pour les exorciser… pour enfin les reconnaître.
Lonely Neon Nights capture l’essence du Hot Mud le plus doux-amer : une balade électrique où la solitude devient une ville entière, vibrante et colorée. Une splendeur mélancolique.
Puis arrive Life Is Moving Way Too Fast, parfait synopsis de sa dernière année : la lucidité des anciens naufragés, le souffle court mais l’envie féroce de suivre le tempo malgré tout.
Dans Heaven Or Hell, il pose frontalement la question qui traverse toute la trilogie : dans quelle direction penche la vie quand on décide de rester parmi les vivants ? La production, ample et presque théâtrale, lui donne une résonance quasi mythologique.
Live In A Dream remet de la douceur et du fun dans l’équation : un morceau qui donne envie de croire à la joie même quand elle ne tient que par un fil.
Party Like You Don’t Care est un banger lumineux, l’une des preuves que Hot Mud sait encore faire danser le burn-out.
Kiss Me On The Apocalypse offre l’un des refrains les plus irrésistibles du projet, un slow-radioactif où l’amour flirte avec le chaos d’une fin du monde en technicolor.
Hurt My Feelings, lui, opte pour une vulnérabilité désarmante — la pop la plus franche de l’album, comme un aveu sans filtre.
Avec Taller Than The Stars, Hot Mud s’élève : une montée crescendo, un hymne intime qui donne l’impression de se tenir légèrement au-dessus du sol.
Puis vient All Messed Up And Nowhere To Go, une capsule punk-pop taillée pour crier sous la douche ou dans un parking désert.
The Music Made Me Do It raconte tout : la survie, la déraison, la vocation. Une confession qui groove.
Five Seconds Of Fame dynamite la culture du buzz dans un flash de satire étincelante, alors que Digital World délivre un constat lucide sur la déréalisation contemporaine.
Avec Ordinary, Hot Mud ose la simplicité, un mot qu’il n’a jamais su apprivoiser… jusqu’ici. C’est l’un des morceaux les plus humains.
Nowhere Town s’aventure dans un folk-rock brumeux, presque cinématographique, comme un retour aux racines.
When The Night Falls plonge dans une nuit épaisse, presque spirituelle — grand morceau, grande interprétation.
Dans Don’t Panic, il canalise ses crises passées pour en faire un mantra — lumineux malgré l’urgence.
Et Sober, évidemment, pièce maîtresse, où il abandonne complètement le personnage pour parler à visage découvert : c’est la pierre angulaire de tout le projet.
Enfin Still Here Shining clôture l’album comme on referme un chapitre immense : avec gratitude, humilité, et un éclat nouveau qui ne demande qu’à se propager.
Pour résumer, Shiny Songs est une délivrance. L’histoire d’un homme qui a cessé de survivre pour commencer à vivre. Une œuvre qui scintille autant par son audace que par son humanité — et qui annonce, sans équivoque, que Hot Mud n’a pas fini de réinventer sa lumière.
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novembre 10, 2025« Un cri de liberté gravé dans la chair du rock, entre rugissements électriques et ferveur mystique.«
On pensait le blues rock trop poli, figé dans sa nostalgie. The Bateleurs, eux, viennent le salir à nouveau — de sueur, de sang et de vérité. Avec A Light in the Darkness, leur second album, le quatuor portugais rallume la flamme d’un genre qu’on croyait dompté. Ce disque n’est pas seulement un retour : c’est une résurrection, le rugissement d’un groupe qui a connu la perte, le doute, et qui en ressort plus vivant que jamais.
Le départ du guitariste Marco Reis aurait pu sonner la fin d’un cycle. Il devient au contraire la mue d’un groupe en pleine possession de ses moyens. L’arrivée de Ricardo Galrão apporte un souffle neuf, plus sauvage, plus terrien. Et cette énergie traverse chaque piste du disque comme une secousse. L’album, enregistré dans trois studios sans recours à l’auto-tune ni au polissage numérique, transpire la matière brute : on y entend la peau des doigts sur les cordes, les cymbales qui tremblent, la voix qui se brise au bord de l’émotion.
Tout commence avec A Price for My Soul, prière bluesy au groove poussiéreux, où les guitares grondent comme un orage sur le Mississipi. Widow Queen suit, plus viscéral encore : un riff charbonneux, une ligne de chant qui serpente entre le sacré et le profane, comme si Janis Joplin ressuscitait dans un pub de Lisbonne. For All to See s’élève ensuite, portée par une lumière intérieure, presque gospel, avant que Dancing on a String ne réinjecte la fureur : un morceau à la croisée de Led Zeppelin et Rival Sons, taillé pour la scène.
Never Back Down sonne comme un manifeste : celui d’un groupe qui refuse la reddition. Le titre avance, massif, avec ses chœurs de cathédrale et ses riffs telluriques. Puis vient The Lighthouse, joyau du disque, long de sept minutes, oscillant entre transe mystique et naufrage émotionnel. C’est ici que The Bateleurs se révèlent dans toute leur ampleur : la guitare pleure, la batterie tonne, la voix implore — un rituel plus qu’une chanson.
Le second souffle arrive avec Best of Days et Gardens of Babylon, deux morceaux plus lumineux, baignés de soul et d’humanité. Le premier caresse, le second enivre, fusionnant folk psychédélique et groove oriental. Down the Garden Path nous ramène ensuite dans les ombres, blues poisseux et halluciné, avant que Before the Morning Is Done ne clôture le voyage, lentement, comme un dernier exorcisme avant le jour.
A Light in the Darkness est un disque à la fois archaïque et visionnaire, enregistré sans artifices mais chargé d’une tension spirituelle rare. C’est le genre d’album qui refuse la tiédeur — tout y est excessif, viscéral, incandescent. The Bateleurs y célèbrent la douleur comme une renaissance et rappellent que le blues, avant d’être un style, est un rite. Un cri, une sueur, une lumière dans le noir.
Instagram : thebateleurs
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novembre 10, 2025« Un corps à corps entre guitares spectrales et machines battant la chamade, où l’on tombe pour mieux s’élever.«
Sous le nom de Jasio, le guitariste et producteur canadien Jasio Kulakowski signe Fantasy, un premier album solo qui bouscule les frontières entre rock, électro et introspection. Connu pour avoir enflammé les scènes du monde entier au sein de Kobra and the Lotus, l’artiste s’affranchit ici de tout carcan pour inventer un langage sonore qui n’appartient qu’à lui : une fusion sensuelle et inquiétante, née de l’isolement, du chaos intérieur et d’une quête de lumière.
Dans Fantasy, Jasio ne cherche plus à impressionner — il cherche à comprendre. Sa guitare n’est plus un outil de puissance, mais une voix humaine, tantôt tendre, tantôt fracturée. Les synthés bruissent comme des océans numériques où l’on se noie avec volupté. Tout l’album est traversé d’un souffle cinématique, presque spirituel, où la tension du rock rencontre la sensibilité d’un producteur moderne.
Le voyage s’ouvre avec Fall, tourbillon de textures électroniques et de guitares éthérées : la voix s’y installe dans un entre-deux, fragile mais sûre d’elle, comme un premier pas dans le vide. Cloudline élève le propos : tout semble suspendu, les sons se dilatent jusqu’à devenir respiration pure — moment de grâce, halo au-dessus de la tempête. Last One Standing, propulsé par la frappe sèche de Dylan Wissing, remet le corps en mouvement : un hymne à la résistance, taillé pour les nuits d’orage.
Au centre, Fantasy — morceau-titre et cœur battant — condense la promesse du disque : basses grondantes, refrains hallucinés, mélodies en clair-obscur où l’artiste affronte ses mirages et les transfigure. Okay désarme par son dépouillement : ballade lumineuse, presque intime, où la technologie s’efface au profit de la chair et du souffle. Dear Future Me referme la boucle avec douceur, lettre à soi-même pleine d’espoir et de lucidité, comme un lever de jour après l’insomnie.
Ce qui frappe, c’est la précision du geste. Chaque son est pensé sans stérilité, chaque silence cadre l’émotion. Jasio compose comme un cinéaste : il éclaire ses ombres, met en scène ses vertiges, laisse affleurer l’aveu. Fantasy n’est pas une démonstration — c’est une libération. Un autoportrait en néon et en cicatrices, où le rock se réinvente moins par la force que par la fièvre intérieure. La bande-son d’un homme qui, après avoir tout vu, choisit enfin de se trouver.
Instagram : jasiomusic
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novembre 10, 2025« Une chanson née d’un rêve, enregistrée dans le calme d’une tempête intérieure qui crée un moment supendu dont nos tympans ne peuvent se lasser. »
Dans sa chambre d’Edmonton, Scott’s Tees enregistre seul un rêve — un souffle fragile devenu chanson. We Move As Fast As Storms Allow est une philosophie : avancer à la vitesse du vent, accepter la lenteur, les pauses, les averses. Sorti le 15 septembre dernier, ce morceau incarne la beauté du fait maison, celle qui ne cherche pas la perfection, mais la vérité du moment capturé.
Inspiré par les géants des années 90 tels que Pearl Jam, Soundgarden, Alice in Chains, mais aussi par la douceur introspective de Iron & Wine, Scott’s Tees tisse une passerelle entre le grunge et le folk. Le résultat : une chanson nocturne, contemplative, hantée par des harmonies qui scintillent au milieu du lo-fi.
Un folk grunge sous tempête
We Move As Fast As Storms Allow naît dans l’intimité d’un rêve. Tout y est épuré : une guitare qui respire, une voix qui tremble, une ambiance suspendue. Les harmonies, multiples et subtiles, se répondent comme des éclats de conscience — des pensées qui se croisent dans la pénombre avant de s’effacer.
L’enregistrement, réalisé sur un vieux Tascam recorder et peaufiné sur Audacity, garde les cicatrices du réel : un souffle, un grésillement, une hésitation. Mais c’est justement ce qui rend le morceau si sincère. On y entend le cœur battre derrière le micro.
Le refrain, porté par des voix qui s’enlacent comme dans un rêve fiévreux, semble dire :
“We move as fast as storms allow — and that’s enough for now.”Un mantra discret pour les jours où tout semble figé.
La beauté de la lenteur
Il y a dans la musique de Scott’s Tees quelque chose d’infiniment humain : l’acceptation de ses propres limites, la quête d’une lumière dans le brouillard. Pas de production luxueuse, pas d’effet spectaculaire — juste la mélancolie pure d’une chanson née dans le silence.
Ce single marque peut-être un point de départ : celui d’un musicien autodidacte en train de comprendre que la fragilité peut être sa force. On sent l’envie d’apprendre, de grandir, mais sans renier la sincérité du présent.
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novembre 10, 2025« Une tempête de metal et d’humanité, où la rage devient prière.«
Avec Into The Ether, le groupe de Leeds ALL I LIVE FOR explose les murs du metal alternatif pour livrer un disque à la fois furieux et spirituel. Piloté par Mike Pearson, auteur, producteur, mixeur et âme du projet, ce deuxième album est une traversée du chaos contemporain — un cri lucide contre la peur, l’apathie et la décadence du pouvoir. Là où la rage brute se mêle à une quête presque mystique, l’album fait du vacarme un acte de foi. Enregistré dans le home studio de Pearson, et soutenu par Dave Williams à la batterie, Into The Ether porte haut les thématiques de son époque : l’effondrement politique, la destruction écologique, la nécessité de se relever, ensemble. Chaque morceau est construit comme une étape de guérison : colère, perte, résistance, renaissance.
1. All Your Pain
Le disque s’ouvre sur un grondement viscéral : riffs acérés, batterie martiale, voix tendue entre rage et compassion. Pearson y promet de “porter la douleur du monde” sans renoncer à la tendresse — un exorcisme d’ouverture.
2. Tethered
Chanson magnétique, toute en tension contenue. Les guitares y tournent comme des lianes autour d’une voix multipliée à l’infini. On y parle de liens — ceux qui retiennent, ceux qui sauvent.
3. Retain You
Titre plus intime, presque radiophonique dans sa forme : entre refrains cathartiques et couplets retenus, un équilibre fragile entre possession et perte. On pense à Muse ou Breaking Benjamin, mais avec une chaleur humaine rare.
4. Embers of the Fallen
Moment d’élévation. La voix se fait incantation, les harmonies s’empilent comme une prière métallique. Pearson y invoque les figures du passé — les ancêtres, les vaincus, les héros oubliés — pour rappeler que le feu brûle encore sous les cendres.
5. Make a Start
Une respiration, une promesse. La guitare s’ouvre sur un ciel clair, le texte invite à recommencer malgré tout : “We don’t wait for peace — we make a start.” Hymne lumineux au courage ordinaire.
6. Give Me a Reason
Le coup de poing politique du disque. Entre colère contenue et refrains démesurés, Pearson s’en prend frontalement aux “leaders ineptes” et à la manipulation collective. Un metal à la fois intellectuel et viscéral, tendu comme une corde d’arc.
7. Leave Behind
Balade spectrale et mélodique. Une chanson d’adieu douce comme une bruine d’hiver, où la voix s’efface lentement derrière un mur de guitares éthérées.
8. Into The Ether
Titre central et sommet émotionnel. Un voyage sonore entre les mondes, où la mort n’est plus une fin mais une dissolution. Les huit couches vocales créent un effet choral presque sacré — une ascension vers la lumière.
9. Anodyne
Trois minutes de pure furie. Un cri contre l’indifférence et la fatigue émotionnelle. Pearson répète comme un mantra : “Numbness isn’t peace.” Court, brut, nécessaire.
10. Never Stand Alone
Clôture en fraternité : une montée collective, presque communautaire, où chaque voix devient un fragment du même souffle. Une fin ouverte, lumineuse, tournée vers les autres.
Into The Ether sonne comme une résistance sonore. Un disque qui refuse la résignation et rappelle, sans artifice, que le rock reste une force vitale — surtout quand il parle de compassion et de courage.
Instagram : allilivefor
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novembre 10, 2025Un hymne à la déraison collective, un groove de fin du monde chanté la clope au bec : avec “Bring Back the Good Ol’ Boys”, Tom Minor signe un pamphlet ironique sur nos vieux réflexes de soumission — ceux qui transforment les promesses en désastres et les héros en clowns autoritaires.
Sous ses airs de pub-rock jovial, le morceau est un piège brillant. Une satire pop déguisée en tube britrock, quelque part entre The Kinks, Elvis Costello et Pulp période cynique. Derrière le swing nerveux et les cuivres goguenards, Minor dresse un portrait sans filtre de l’époque : celle où l’on “ramène les bons vieux garçons” au pouvoir, les poings sur la table et la morale sous le tapis.
Les paroles sont un jeu de miroirs : “Now if your luck’s being a lad and the lad’s a tramp / Bring back the good ol’ boys.” Chaque couplet fonctionne comme une punchline déguisée en refrain de stade, une tirade goguenarde sur le cycle absurde des révoltes qui finissent en soumission. C’est là tout le génie de Minor : transformer la lucidité en satire dansante, la colère en cabaret politique.
Musicalement, Bring Back the Good Ol’ Boys groove sec. Les guitares claquent comme des slogans, la batterie martèle un tempo digne d’une fanfare en marche vers la défaite, et la voix de Minor – rocailleuse, désinvolte, pleine de second degré – joue les chefs d’orchestre d’une parade tragique. On y sent l’influence du Britpop classique, du garage 60s, et ce goût pour les mélodies élégantes qui grincent sous la dent.
Produit par Teaboy Palmer, “le Shadow Morton de Muswell Hill”, le titre conserve cette patine vintage qui fait le charme des meilleures satires anglaises. Un son rétro, mais un propos affreusement contemporain : la facilité avec laquelle on applaudit nos propres bourreaux.
Tom Minor, ce dandy désabusé de Londres N1, signe ici un hymne pour notre ère de régression dorée. Après avoir écrit pour d’autres, il s’affirme désormais comme l’un des conteurs les plus piquants de la scène indie britannique — quelque part entre la plume d’un poète pubrock et le sarcasme d’un moraliste post-brexitien.
Alors oui, “bring back the good ol’ boys”… mais seulement pour mieux les congédier.
Instagram : @tom.minor.misdemeanours
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novembre 9, 2025Un souffle d’électricité dans le brouillard. Une transmission anonyme sortie d’une cave de Minneapolis. “You All Will See” est autant une vidéo qu’une apparition brute, dérangée et fascinante.
Personne ne sait vraiment qui se cache derrière YOU ALL WILL SEE, et c’est sans doute le cœur du projet : une entité plus qu’un artiste, un fantôme qui s’exprime à travers les pulsations d’un rock alternatif à la fois sale et métaphysique. Cette première sortie — une vidéo d’à peine une minute trente — fonctionne comme une déclaration d’intention, un flash, un signal codé destiné à réveiller ceux qui écoutent encore avec les tripes.
Tourné dans une esthétique post-VHS, granuleuse, saturée, le clip semble tout droit sorti d’un cauchemar poétique : riffs distordus, visuels vacillants, voix noyée dans la reverb comme un cri enregistré sur une bande oubliée. On pense à Radiohead période Amnesiac, aux fragments lo-fi de Beck, aux visions apocalyptiques de Godspeed You! Black Emperor — un art-rock du crépuscule, viscéral, radicalement libre.
Le projet, né hors des circuits traditionnels, revendique une filiation directe avec les années 90 et 2000 : l’époque des fanzines, des K7 gravées à la main, des musiciens qui fabriquaient leurs mondes à coups de distorsion et de solitude. Derrière le chaos apparent, il y a une cohérence sonore et visuelle qui intrigue — celle d’un artiste qui transforme l’anonymat en arme esthétique.
“You All Will See” agit comme le prologue d’un manifeste : une première pièce d’un puzzle qui comptera douze sorties étalées sur 2026. C’est une expérience à suivre, un cri à moitié chuchoté qui donne envie d’en savoir plus.
Minneapolis n’avait pas engendré quelque chose d’aussi insaisissable depuis longtemps. Et si le mystère est la meilleure des publicités, YOU ALL WILL SEE le comprend parfaitement : on regarde, on écoute, on ne comprend pas tout — mais on ressent. Fort.
→ Instagram : @youallwillseerecords→ Bandcamp : youallwillseerecords.bandcamp.com
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novembre 9, 2025Sous les lumières mouillées de Metz, une mélodie s’élève, entre rêve et souvenir. “Smile of Beauty” est le genre de chanson qui te prend par la main, te parle d’amour, de hasard, de perte — et te laisse avec un écho doux-amer dans la poitrine.
Dans ce nouveau single, Dan Szyller nous offre une ballade au charme intemporel, où le rock progressif flirte avec la poésie d’un film en noir et blanc. On y retrouve cette patte singulière qui traverse toute son œuvre : des harmonies riches, des arrangements soyeux, et une voix habitée, légèrement rauque, comme usée par la tendresse et les années.
Composé et enregistré en Moselle, dans le studio de Yannick Horner, Smile of Beauty est né dans l’urgence — un enregistrement rapide, instinctif, presque brut, où tout semble avoir été capturé dans un élan. Et c’est précisément cette spontanéité qui fait battre le morceau : chaque note sonne juste, chaque mot résonne vrai.
Les influences sont là, bien sûr — The Doors, Pink Floyd, Iron Maiden dans leur versant contemplatif — mais Szyller n’imite pas, il hérite. Il transforme ces références en un langage personnel, empreint de nostalgie et d’élégance. Sa guitare, tantôt légère, tantôt mélancolique, déroule une histoire d’amour suspendue entre la rue et le souvenir, entre la pluie et la lumière d’un café.
“Hey baby, it’s been a long time / Since that beautiful day…” chante-t-il, comme une lettre envoyée trop tard. On y sent la tendresse d’un homme qui regarde derrière lui, avec gratitude et douleur mêlées. C’est une chanson sur ce moment précis où l’amour naît — puis s’efface — mais laisse une trace indélébile : un sourire, un geste, un éclat d’âme.
Smile of Beauty parle du besoin universel de connexion, de cette solitude partagée que la musique seule semble pouvoir apaiser. Dan Szyller y met tout : sa voix, sa poésie, sa mémoire. Et le résultat est d’une sincérité rare — un rock sensible, habité, où la fragilité devient force.
Instagram : danielszyller
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novembre 9, 2025Un souffle mythologique traverse cet album comme un vent venu du Nord : entre la mort et la renaissance, la douleur et la lumière, Bastion’s Wake tisse un métal symphonique à la fois brut, spirituel et infiniment humain.
Né de l’imaginaire fertile du duo Sami et Ray, rejoints depuis par Rob Westbrook et Ben, Go Tell the Bees s’impose comme une fresque métallo-cinématique à part. Inspiré par la tradition païenne de “parler aux abeilles” — leur annoncer les naissances, les deuils, les amours —, l’album devient ici un rituel sonore : une façon d’apprivoiser la perte et de célébrer la vie.
Le voyage commence par “Motanka”, courte ouverture instrumentale, presque chamanique, où les guitares montent comme un brouillard. Une minute de recueillement avant la tempête. Elle s’abat avec “Willow’s Ruse”, pièce maîtresse du disque : un choc de puissance et de mélancolie, où la voix aérienne de Sami fend la densité instrumentale comme une prière en pleine bataille. C’est là que Bastion’s Wake trouve son équilibre parfait entre la tendresse et le chaos.
Vient ensuite “(Don’t) Tell the Bees”, incantation au double visage : à la fois chant funèbre et acte de résistance. La guitare de Ray y tisse des arabesques tranchantes tandis que la section rythmique pulse comme un cœur endeuillé. “Tiny Box” poursuit dans un registre plus introspectif — un morceau suspendu entre doom et folk, presque cinématographique, où chaque note semble peser son poids d’âme.
Sur “This is Home”, le groupe offre une respiration lumineuse, un hymne à l’ancrage au milieu du deuil. La production d’Øystein G. Brun (Borknagar) magnifie la dimension symphonique du titre : on y sent la Norvège dans chaque réverbération, chaque écho. “Pathos”, quant à lui, s’enfonce dans un clair-obscur plus viscéral — les guitares grondent, les voix s’élèvent, et l’on touche du doigt cette douleur universelle qui précède la guérison.
Le sommet de l’album se joue avec “Lighthouse” : un phare dans la tempête, un morceau qui monte lentement en intensité avant d’exploser dans un final libérateur. Puis “Run Away” ramène la tension, une fuite vers soi-même, taillée dans l’urgence et la nostalgie. “Nimue”, plus mystique, convoque l’imaginaire arthurien : les harmonies s’y déploient comme des incantations dans la brume. Enfin, “Sunflower” ferme le cycle sur une note d’espoir — un dernier regard vers la lumière, celle qui persiste après la perte.
Tout dans Go Tell the Bees respire la sincérité et la métamorphose. La voix de Sami, aussi limpide qu’une flamme dans la nuit, porte des textes qui touchent au sacré ; la guitare de Ray cisaille l’air comme une lame forgée à la main. L’ensemble, mixé et masterisé par Brun en Norvège, déploie un son massif, à la fois moderne et hanté.
Cet album est une cérémonie, un espace où la colère et la douceur cohabitent, où le chagrin devient énergie. Go Tell the Bees rappelle que dans chaque perte, il y a un chant — et dans chaque silence, un bourdonnement de vie.
→ Instagram de Bastion’s Wake
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novembre 9, 2025Il y a des débuts qui claquent comme une portière au petit matin, l’air frais qui entre, la route encore vide. “Opening Song” de CAR287, c’est ce moment-là : la première goulée d’essence dans le moteur du rêve, le vent du Manitoba qui traverse la peau, et cette impression étrange que quelque chose commence pour de bon.
On ne parle pas ici d’un simple titre d’ouverture, mais d’un rite de passage. CAR287, formation originaire de Winnipeg, réussit le tour de force de réancrer le rock canadien dans son territoire émotionnel : le froid, les paysages immenses, la solitude comme carburant. Leur son, à la croisée du lyrisme brut de The Tragically Hip et de la modernité d’un indie-rock à la Sam Roberts Band, respire la route, les stations-service et les lumières qui défilent.
“Opening Song” se déploie lentement, comme un lever de soleil sur l’asphalte. La guitare s’étire, pas pressée, juste là pour réchauffer la brume. Le riff se transforme en ligne d’horizon, la basse pulse comme une tension intérieure qu’on refuse d’éteindre. Puis viennent les mots — Jay Yarmey chante avec une sincérité presque nerveuse, ce mélange de peur et de foi qui précède tous les départs. Sa voix n’impose rien : elle invite. On entend la fatigue du quotidien, la douceur des défaites et cette obstination fragile qui pousse à recommencer malgré tout.
Ce morceau a quelque chose d’éminemment cinématographique, comme une scène de road movie figée dans le temps. La production de Derek Benjamin, tout en clarté et densité, joue sur les contrastes : la rythmique est charnue, la guitare presque aqueuse, le tout porté par une chaleur analogique qui évoque les studios des années 90, mais sans nostalgie gratuite. C’est du classicisme revisité, taillé dans la sincérité, l’élan et la poussière.
Ce qui frappe surtout, c’est la façon dont le groupe donne au banal une dimension mythologique. L’attente avant de monter sur scène, les kilomètres avalés, le doute avant le premier accord deviennent ici des métaphores de survie. “Opening Song” parle de recommencer quand on n’a plus rien à prouver, de s’élancer alors qu’on sait déjà tomber. C’est une chanson sur la vulnérabilité qui choisit la lumière plutôt que le cynisme.
On ressort de cette écoute avec le sentiment d’avoir roulé toute la nuit, fenêtres ouvertes, le cœur un peu serré mais vivant. CAR287 ne signe pas juste l’ouverture d’un album, mais le manifeste d’une humanité tenace — celle qui préfère toujours la route à la destination.
Un premier morceau comme un battement de cœur collectif, prêt à relancer la flamme du rock canadien là où on l’avait laissée : sur le bord d’une autoroute, guitare sur le siège passager, moteur encore chaud.
Instagram : @car287theband
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novembre 9, 2025« Alison Martino murmure une autre manière d’exister : celle de ralentir, respirer, déposer le poids. “Put It All Down” est un geste de douceur radicale — une main posée sur l’épaule d’un cœur trop plein. »
Depuis Los Angeles, où elle s’est installée après avoir traîné ses guitares entre le New Jersey et Baltimore, Alison Martino compose avec la délicatesse d’une confidente. Sa musique ne cherche pas l’effet, mais la sincérité — quelque part entre indie folk, soft rock et Americana vaporeuse. Sa voix, fine et solaire, semble flotter sur les guitares comme une pensée qui s’accroche à la lumière avant de retomber doucement.
Dans “Put It All Down”, Alison raconte ce moment de répit où l’on se permet enfin d’abandonner la lutte. Elle chante la fatigue des jours trop pleins, mais aussi la beauté de l’amitié qui reste, solide et vraie. C’est un morceau qui parle du présent comme d’un refuge, de cette paix fragile qu’on construit avec les autres, avec soi. “It’s about being the friend you wish you had,” confie-t-elle — une phrase qui résume tout son art : simple, désarmante, essentielle.
Musicalement, la production respire la clarté. Les arrangements — tissés avec son collaborateur Yan Clermont — enveloppent la chanson d’une chaleur organique, quelque part entre Phoebe Bridgers et The Paper Kites. Les cordes s’étirent avec pudeur, la batterie s’efface pour laisser place aux harmonies vocales, et tout semble conçu pour accompagner la voix, jamais la dominer. C’est un folk urbain, feutré, aux accents pastel, où la mélancolie se transforme en lumière.
Mais ce qui frappe, c’est cette intelligence émotionnelle rare : Alison Martino ne chante pas la douleur, elle la traverse. Chaque mot semble écrit avec une gratitude tranquille, une maturité presque méditative. Derrière la douceur, on devine une force — celle de quelqu’un qui a appris à se relever sans fracas, simplement en continuant à aimer.
“Put It All Down” est de ces chansons qui s’écoutent le matin, café à la main, quand on a encore la tête pleine de rêves et les yeux un peu lourds. Une chanson qui ne promet pas la guérison, mais la présence. Et dans ce monde épuisé, c’est déjà énorme.
→ Instagram d’Alison Martino
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novembre 9, 2025Ce n’est pas un cri, ni un riff de guerre. C’est un souffle. Un battement retenu dans la gorge. “Wasteland Whispers” murmure comme un rêve qui s’effondre au ralenti, un morceau qui regarde le vide droit dans les yeux et décide d’y planter un peu de beauté.
Sous ses airs d’incantation feutrée, Pentrilox livre avec Wasteland Whispers l’une de ces pièces suspendues où la lenteur devient vertige. Le groupe d’Indianapolis y distille un rock atmosphérique à la croisée de l’alternatif et du cinématique, où chaque silence semble peser plus lourd que les mots. Pas de déluge de guitares, pas de cris — juste cette tension, parfaitement contrôlée, entre la tentation d’abandonner et le besoin vital de continuer à respirer.
Dès les premières secondes, tout est clair : le morceau ne cherche pas à séduire, il cherche à retenir. Une guitare réverbérée trace l’horizon d’un désert mental, la batterie respire lentement, et la voix — à la fois tendre et menaçante — s’adresse à cette part de nous qui voudrait se taire. “The whispers,” comme l’appelle le groupe, ces voix intérieures qui susurrent qu’il serait plus doux de renoncer. La chanson devient alors un combat sans arme, une guerre de l’intérieur, menée dans le demi-sommeil d’un monde en cendres.
Mais au fil des minutes, quelque chose s’allume. Un frémissement, un sursaut discret. La voix s’épaissit, les cordes s’ouvrent, le souffle se fait plus ferme. Le refrain n’explose pas, il s’élève lentement, comme une flamme dans un paysage glacé soufflé comme une promesse poignante.
On pense à Deftones pour la tension contenue, à Radiohead pour la fragilité des textures, à A Perfect Circle pour la gravité spirituelle. Pourtant, Pentrilox n’imite personne : il déchire sa propre toile, tissant une forme de post-rock de survie, intime et lucide. Wasteland Whispers ne raconte pas la chute, mais ce qu’il reste après — la fatigue, la peur, et la beauté du geste de rester debout malgré tout.
Ce single est un refuge discret, presque sacré, pour ceux qui connaissent le vertige du doute et la douceur paradoxale du désespoir. Une chanson à écouter seul, dans la lumière grise du matin, quand on hésite encore à se lever.
Le murmure n’a jamais été aussi fort.
→ Instagram de Pentrilox
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novembre 9, 2025Un murmure contre l’aveuglement collectif, une prière laïque pour la lucidité. Dans “When Freedom Dies”, Audren allume un feu tranquille au cœur du mensonge : un chant de résistance, feutré mais incandescent.
Sous son apparente quiétude, Audren cache une révolte — élégante, spirituelle, viscérale. Son nouveau titre When Freedom Dies ne se contente pas d’interroger la liberté : il la dissèque, la soigne, l’incarne. Cette chanson d’indie pop/rock teintée de jazz et de néo-soul s’élève comme un souffle — à la fois protestation et caresse — face à un monde saturé de contrôle, de désinformation et d’angoisses aseptisées.
Audren chante l’éveil intérieur comme d’autres mènent un combat politique. Atteinte depuis des années par la maladie de Lyme, elle a appris à écouter ce que le corps, la douleur et l’instinct révèlent quand tout le reste ment. When Freedom Dies puise dans cette expérience : une métaphore des chaînes invisibles qu’on accepte sans les voir. “We are being spied on through our phones… Free speech is disappearing,” confie-t-elle — mais jamais le désespoir ne prend le dessus. Sa voix, chaude et diaphane, devient un refuge, un baume contre la peur.
Musicalement, le morceau hypnotise dès les premières mesures : un piano vaporeux, une basse sinueuse, des guitares comme des halos de lumière dans le brouillard. Une ligne de jazz inquiet serpente, rappelant les heures les plus introspectives de Pink Floyd ou Morcheeba. Puis vient la montée : un cri retenu, un “Tell me where is freedom!” lancé comme une déchirure dans le calme. Le solo de guitare, poignant et libre, scelle le tout dans une clarté presque mystique.
Mais derrière l’élégance sonore, c’est la philosophie d’Audren qui frappe : la liberté ne s’achète pas, elle s’écoute. “You should listen to your insights, ‘cause you know what’s good for you…” répète-t-elle, mantra libérateur d’une artiste qui préfère la conscience à la conformité.
When Freedom Dies n’est pas un simple single : c’est une respiration partagée, un miroir tendu à ceux qui refusent de dormir debout. En attendant son nouvel album Think Freedom, cette chanson agit comme un avant-goût lumineux — un rappel que la vraie rébellion commence souvent dans le silence intérieur.
Instagram : @audren.in.wonderland
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novembre 9, 2025« Sous les néons froids du nord, Killing Kind revient hanter le présent avec “Being Human”, un album où le post-punk scandinave retrouve sa noirceur première — celle des hommes perdus entre la chair, la peur et la machine. »
Il y a dans la musique de Killing Kind quelque chose d’irréductiblement humain, au sens le plus désespéré du terme. Une vibration glacée qui vient de loin — des caves gothiques de Göteborg, des rêves cabossés des années 80 — et qui, en 2025, résonne avec une acuité presque prophétique. Being Human, leur second album, est un miroir fissuré de notre époque : onze morceaux comme autant d’exorcismes, où la mélodie et la menace se mêlent jusqu’à se confondre.
Enregistré au mythique Sunlight Studio avec Tomas Skogsberg (Entombed, The Hellacopters), le disque prolonge la tension sonore du premier album tout en l’assombrissant. La production est dense, presque suffocante — entre les guitares spectrales de Björn Norberg, les synthés inquiétants de Mats Wigerdal et la batterie tellurique de Mats Molund. Les collaborations — notamment Cecilia Germain, Lidija Radmilac et Ernst Erlanson — apportent des nuances spectrales, des respirations ténues dans un monde qui s’effondre.
Le disque s’ouvre sur “Humanity”, sorte de litanie glaciale, où le chant se heurte à des lignes synthétiques comme un cri étouffé sous la neige. Puis vient “Desperately Holding On”, premier single et cœur battant du projet — une mélodie suspendue entre l’espoir et la ruine, Depeche Mode revisité par un cauchemar industriel. “The Wall” renverse les codes du goth-rock classique : basse vrombissante, refrains murmurés, tension permanente.
Plus loin, “Dance” fait danser les ruines sur un beat martial, pendant que “Go Away” déroule un spleen quasi glam, une élégance vénéneuse qui évoque Bowie période Outside. “Warriors and Carpenters”, morceau pivot, s’élève comme une prière funèbre — synthés ascendants, voix chamanique — un hymne pour un monde au bord du gouffre.
Le trip s’assombrit avec “Choking”, pulsation suffocante aux accents industriels, et “Let the Demons Take the Win”, moment de grâce noire où la mélodie épouse la résignation. Puis vient “The Nature of Fear”, synthèse parfaite du propos de l’album : une ballade post-apocalyptique, où la peur devient presque belle. “Never So Cold” creuse cette même veine, lent, presque liturgique, avant que “Distant World” ne ferme la porte — un dernier regard vers un ailleurs impossible, bercé de drones et de violons désaccordés.
Killing Kind signe ici un disque total — enraciné dans la tradition post-punk suédoise (on pense à Blue for Two, Cortex, Kitchen & the Plastic Spoons), mais animé d’une urgence nouvelle. Les influences se devinent (Joy Division, Fad Gadget, Bowie), sans jamais dominer. Ce qui frappe, c’est la cohérence : tout, du son aux textes, semble graviter autour d’une idée centrale — survivre à l’effondrement sans renoncer à la beauté.
À l’heure où l’humanité se cherche un sens entre apocalypse et algorithmes, Being Human agit comme une catharsis électrique : un cri venu du froid, lucide et déchirant. Un disque de chair et de fer, de désespoir et d’éclat.
Une œuvre nécessaire, à écouter la nuit, seul, quand tout paraît trop bruyant.Parce que parfois, il faut se souvenir que être humain, c’est aussi accepter de sombrer un peu.
https://www.instagram.com/killingkindband
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novembre 9, 2025« Un album pour celles et ceux qui n’ont jamais su où appartenir. Une traversée de l’ombre, du désir et de la différence — où la normalité se fissure et laisse entrer la lumière noire. »
Sous le nom Shadow Antlers, Jakob — déjà membre du groupe noise rock/post-punk suédois RAMN — explore ici une zone grise, celle où le corps pulse au rythme des machines et où la mélancolie devient énergie. Outside Belongings n’est pas simplement un disque : c’est un manifeste, une expérience existentielle vécue à travers le son, une célébration de l’altérité. Jakob y sculpte une darkwave animale, viscérale, entre EBM détraquée, post-punk spectral et croon électronique en apnée.
On y sent la collision entre le sauvage et le synthétique, entre la chair et l’électricité. Les lignes de basse cognent comme un cœur trop rapide, les guitares suintent des halos argentés, et la voix — râpeuse, presque osseuse — semble venue d’un monde parallèle, celui des corps qui refusent de s’ajuster à la norme. Tout, dans cet album, parle d’évasion : fuir la conformité, s’abandonner à l’étrange, embrasser l’excès.
Jakob raconte d’ailleurs que Outside Belongings est né d’un moment de tension intérieure : un médecin lui propose de “redevenir normal” à coups de pilules. Il refuse le calme, choisit le tumulte. Ce refus fonde toute l’esthétique du disque — un cri doux-amer pour la liberté intérieure, une quête de soi dans la dérive.
Le voyage commence avec Trails, morceau d’ouverture hypnotique, où un battement sourd trace le chemin d’une marche vers l’inconnu. The Bay suit comme une rêverie industrielle : un port noyé de brouillard, des silhouettes sans visage, un écho maritime qui hante l’esprit. Puis vient You Leave Some Sky In Your Hair, ballade surréelle à la poésie désincarnée — un titre qui évoque à lui seul l’idée de liberté, d’inachevé, de beauté bancale.
Sur I Am Feline, le ton devient plus féroce : rythmes martiaux, pulsation animale, chant incantatoire. Le morceau incarne cette idée de l’humain qui s’effrite pour laisser surgir autre chose — un être hybride, félin, libre. Blanck Metal, avec ses nappes sombres et son beat saturé, flirte avec une EBM poétique, tandis que Dim Carcosa et What Is Petrichor plongent dans une noirceur introspective digne des meilleurs disques de The Cure ou de Clan of Xymox.
Le sommet arrive avec Witches et Second Bridges, deux morceaux qui mêlent mysticisme et romantisme décadent. Les percussions y battent comme des tambours de rituel, les synthés s’étirent en halos magnétiques. Enfin, Cellar Door clôt le disque comme une prière inversée : lente, solennelle, elle s’enfonce dans le silence avec la grâce d’une dernière respiration.
Jakob cite ses influences — DAF, Skinny Puppy, Siouxsie, Wire, Minimal Compact — non pas comme modèles, mais comme esprits-guides. On retrouve chez lui la même tension entre le cérébral et le charnel, entre l’instinct et la technique. L’ombre y devient refuge, non menace.
Outside Belongings est un disque pour les êtres en marge, pour ceux qui ne veulent pas “guérir” de leur différence. C’est une musique qui refuse le calme plat, préférant le tumulte d’une liberté rugueuse.Dans son chaos magnifiquement orchestré, Shadow Antlers rappelle que parfois, le seul endroit où l’on appartient vraiment, c’est à l’extérieur.
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novembre 9, 2025Dans “Swept Away”, For You Brother signe un requiem moderne pour les vies emportées — un hymne bouleversant où la beauté du deuil se mêle à la force du souvenir.
Il y a des chansons qui ne racontent pas une histoire : elles la portent, comme un poids sacré, une onde persistante qui continue de vibrer longtemps après le silence. Swept Away, le nouveau single du duo For You Brother, est de celles-là. Inspirée par l’ouragan Helene et les tragédies qu’il a laissées derrière lui, la chanson transcende la simple chronique de catastrophe naturelle pour devenir une méditation universelle sur la perte et la mémoire.
D’un côté, il y a Azoughn, voix habitée, profonde, d’une humanité sans fioritures. De l’autre, Jon Dash, multi-instrumentiste formé à Berklee, qui tisse un écrin de son pour ce chagrin collectif. Ensemble, ils bâtissent un paysage sonore à la fois fragile et grandiose, où chaque note semble retenue avant de se briser. C’est la première fois que le duo incorpore le piano à son processus de création, et l’instrument devient ici un fil conducteur : une pulsation simple, presque religieuse, qui traverse la tempête.
Là où d’autres auraient sombré dans la grandiloquence, For You Brother choisit la pudeur. Swept Away n’est pas une plainte, c’est une prière — pour ceux qu’on a perdus, mais aussi pour ceux qui restent. Le morceau s’élève lentement, porté par la voix d’Azoughn, tour à tour vulnérable et indomptable. On y entend le vent, la mer, mais surtout le silence après. Ce silence où le manque devient lumière.
L’enregistrement, réalisé à Dizzle Land USA et peaufiné par Bizzo à Columbia (SC), capture cette tension délicate entre l’intime et le monumental. Chaque instrument respire, chaque espace sonore raconte l’absence. Et dans ce dépouillement, la musique trouve une beauté brute, comme une étreinte dans le chaos.
Formé en 2006 et marqué par la disparition de leur ami et collaborateur Melvin (“Deep Soul School”) en 2015, For You Brother a toujours écrit depuis la cicatrice. Ce nouveau titre, plus qu’un hommage, sonne comme une continuité — la preuve que certaines connexions, musicales ou humaines, ne meurent jamais vraiment.
Swept Away touche là où peu osent aller : dans la zone trouble où la douleur devient art. C’est une chanson qui ne cherche ni à consoler ni à expliquer, mais simplement à exister — comme un souffle dans la tempête, fragile et obstiné.Et quand Azoughn murmure les derniers mots, on comprend : chanter, c’est survivre.
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novembre 9, 2025“Hallucinations” de Stray Planets est un trip halluciné où la beauté se tord, où la voix humaine lutte contre la machine, et où la pop psyché renaît dans un éclat d’angoisse digitale. »
John Butler, alias Stray Planets, avance comme un illusionniste perdu dans son propre labyrinthe. Sous ses airs de doux savant, il façonne un psychédélisme du XXIᵉ siècle, quelque part entre rêve et bug logiciel. Hallucinations, extrait de son nouvel EP Are You Real, Cristobal Leedy?, est une plongée en apnée dans une faille temporelle où les guitares fondent comme des souvenirs et où les voix semblent venir d’un ailleurs troublant.
La présence de Dara Kiely (Gilla Band) y ajoute une tension vibrante : son timbre presque spectral se mêle à la narration d’une femme piégée dans le regard d’une IA défaillante. L’image est forte — une humanité déformée par ses propres reflets, un amour rendu toxique par le pixel et la mémoire artificielle. La chanson ne décrit pas ce vertige : elle le provoque. Les sons s’étirent, se désaccordent, se brisent, mais jamais ne s’effondrent.
Ce chaos parfaitement maîtrisé trouve un équilibre rare dans la production de Rían Trench (Solar Bears), qui sculpte chaque texture comme un souvenir fragmenté. On passe d’un fuzz abrasif à des nappes de synthés quasi religieuses, comme si Kevin Shields avait croisé Brian Eno dans un simulateur de rêves.
Sur le reste de l’EP, Butler étire la même question existentielle : qu’est-ce qui reste d’humain quand tout devient simulacre ? Your Revolution répond par une déferlante shoegaze, Cristobal Leedy par une pause métaphysique — un dialogue avec un auditeur imaginaire, “le seul vrai fan de YouTube”. Puis vient Salvia, vision fiévreuse d’un trip mal digéré, avant Artificial Love, sommet d’une ironie mélancolique : et si l’amour programmé valait mieux que rien du tout ?
Are You Real, Cristobal Leedy? est une œuvre d’équilibriste, à la fois drôle et désespérée, lysergique et lucide. Butler ne cherche pas à séduire : il expose ses hallucinations avec une franchise déroutante, presque candide. C’est une musique qui avance à contre-courant — comme si la pop rêvée des années 60 avait pris conscience d’elle-même à l’ère du bug permanent.
Dans Hallucinations, tout semble instable, mais c’est dans ce désordre que naît la clarté. Et si Stray Planets nous parle depuis un autre monde, c’est peut-être simplement parce qu’il a compris que le nôtre n’était plus tout à fait réel.
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novembre 9, 2025En dévoilant “Old is New”, The Muster Point Project prouve qu’on peut vieillir sans jamais devenir sage : un album d’indie rock incandescent où le temps passe, mais la flamme ne faiblit jamais.
Il y a dans la musique de The Muster Point Project quelque chose de profondément humain, une sorte de lucidité tendre face au désordre de la vie. Leur nouvel album Old is New s’ouvre comme un journal intime en treize fragments : des histoires d’amour et de désamour, de perte et de renaissance, de routes interminables et de stations-service fantômes. Kevin Franco, chanteur et songwriter du groupe, y dévoile une écriture ciselée et pudique, servie par une production qui respire la chaleur organique d’un studio où la poussière du folk rencontre la nervosité de l’indie rock.
Le disque flirte avec les frontières : Americana, folk-rock, alt-country et pop s’entremêlent sans complexe. Produit et mixé par Darryll McFadyen (Belle & Sebastian, Simple Minds), Old is New est de ces albums qu’on écoute d’une traite, porté par la cohérence d’un univers et la diversité de ses reliefs.
L’ouverture, Stuck in Transit, donne le ton : un riff mélancolique, un rythme battant comme un cœur en retard, et cette voix de Franco, fatiguée mais sincère, qui sonne comme une confession de bord de route. Plus loin, You Lose and You Gain joue la carte du réalisme tendre — accepter que la vie nous prenne autant qu’elle nous donne. Believe in Yourself et You Are My Breeze distillent une énergie lumineuse, presque naïve, comme un rappel à l’ordre du cœur après les tempêtes.
Mais le groupe ne craint pas les ombres. I Can Only Cry revisite les codes de la country avec un cynisme doux-amer, pendant que Alone Again évoque la trahison et la solitude avec une intensité feutrée. Tell it to the Night nous plonge dans un rock plus atmosphérique, presque contemplatif, où les guitares se dissolvent dans l’espace. Et puis il y a Darlin’, courte et percutante, une ballade dénudée qui touche à la pureté.
À travers tout l’album, The Muster Point Project questionne les rapports humains — ceux qu’on entretient avec les autres, mais aussi avec soi-même. “Old is New” n’est pas un album nostalgique : c’est une célébration des contradictions, de cette maturité qui n’en est jamais vraiment une. Franco chante comme s’il se souvenait de tout et pardonnait quand même.
Et derrière l’humour du titre, il y a une vérité : dans un monde où la musique vieillit à la vitesse des algorithmes, The Muster Point Project choisit la lenteur, la sincérité et la patine du vrai. Old is New n’est pas un slogan, c’est une philosophie. Le son d’un groupe qui n’a pas peur de rester fidèle à ce qu’il est, quitte à sonner “out of time”.
Parce que certaines choses, comme les cicatrices ou les bonnes chansons, ne vieillissent pas : elles se patinent, elles se gravent. Et elles finissent par briller autrement.
Instagram : @music_by_tmpp
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novembre 9, 2025Naomi Neva balance tout. “This Is Over” est un cri lucide, fiévreux, viscéral — une claque d’indie rock entre fêlure et libération, où les guitares saignent et les mots coupent net.
Naomi Neva n’écrit pas des chansons d’amour. Elle écrit les séquelles. Celles qu’on garde dans la gorge longtemps après que le cœur a explosé, celles qui collent aux doigts, aux souvenirs, à la peau. This Is Over n’est pas seulement un morceau : c’est un exorcisme électrique, une confession sans filtre où l’intimité devient une arme.
Née à Oakland, façonnée par la scène indépendante californienne, Naomi Neva a toujours manié la guitare comme on manie une vérité : sans trembler. Avec ce nouveau single, elle atteint un point d’incandescence rare. Produit par une équipe 100 % féminine au Hear Me Roar Studio, le titre s’impose d’emblée comme un hymne d’empowerment autant qu’un constat brutal. On y entend les guitares saturer, la batterie s’emballer, et cette voix — rauque, vibrante, presque fêlée — qui navigue entre colère et tendresse.
Naomi a écrit This Is Over en plein vol, coincée entre un couple qui se passait des snacks au-dessus d’elle. C’est dans cet entre-deux dérisoire, presque absurde, qu’elle a trouvé la matière brute du morceau : le décalage entre l’amour qu’on voudrait éternel et celui qu’on regarde s’effondrer sans bruit. “It’s also a lie,” dit-elle, avec cette ironie désarmante. “I’m still friends with both of the people who inspired it — and that is still a mistake.”
Musicalement, This Is Over se situe quelque part entre PJ Harvey et Olivia Rodrigo, dans cette zone où l’émotion devient granuleuse, où la mélodie se cabre sous le poids du vécu. La production, minimaliste mais dense, laisse la voix respirer au centre du chaos. À mesure que le morceau avance, la rage se transforme en quelque chose d’autre : une lucidité, un apaisement sale mais sincère.
Naomi Neva ne cherche pas la catharsis parfaite. Elle préfère le tremblement, la faille, l’instant avant la chute. This Is Over est le genre de morceau qu’on écoute seul, très fort, à 3h du matin, en se disant qu’on vient de comprendre quelque chose — sans trop savoir quoi.
Parce qu’au fond, ce n’est pas vraiment “over”. Pas encore. Et c’est peut-être ça, la beauté du désastre.
https://www.instagram.com/naominevamusic/
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novembre 9, 2025WHOLES nous écrase sans prévenir sur “Poids Lourd”: un dérapage sonique entre alternative rock, noise punk et trash spirituel, c’est une odyssée poussiéreuse où les amplis grincent comme des bêtes blessées et les nerfs claquent à vif.
C’est une gifle sèche, un morceau qui n’a pas peur de s’écraser tête la première contre le mur. WHOLES revient avec Poids Lourd, un titre taillé dans la rouille et la fureur, une pièce de métal chauffée à blanc, jetée dans le vide. Il y a dans ce son quelque chose d’archaïque, presque viscéral — comme si les amplis vomissaient la colère d’une génération qui a trop serré les dents.
Le morceau s’ouvre sur un chaos organisé : une basse distordue, des guitares déglinguées, une batterie qui claque comme un moteur au bord de la panne. C’est du rock alternatif dans sa forme la plus brute, du noise rock qui s’échappe du garage pour finir dans le désert, une décharge de slacker rock qui sent le bitume chaud et la bière éventée. On pense à Sonic Youth, à METZ, à Cloud Nothings, à IDLES — mais ici, tout est plus sale, plus chaotique, plus instinctif. WHOLES ne cherche pas à plaire, il s’abandonne à la transe, à la friction, à la dérive.
Les voix, mi-hurlées mi-soufflées, traversent la tempête comme des spectres. Elles parlent d’héritage, de destruction, d’hommes qui “partent dans un bang, le sourire aux lèvres”. L’autodestruction n’est pas ici une posture : c’est une cérémonie. Poids Lourd devient une procession vers le vide, une manière de célébrer la fin en y trouvant une forme de beauté.
Ce single annonce A Mass in the Water, premier album du groupe — un titre qui dit tout : la masse, le poids, l’eau, la noyade, la foi. WHOLES n’a pas peur de creuser dans la crasse pour y chercher le sacré. Poids Lourd est leur premier coup de massue : un crash d’alternative rock en slow motion, un exorcisme noise et trash, un uppercut sonique qu’on prend en pleine face.
https://www.instagram.com/wholes.theband
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novembre 8, 2025Sous les guitares nerveuses de Nematode, Max Ceddo dissèque la toxicité d’un amour comme on observerait un organisme au microscope — une étude clinique du désenchantement où chaque riff saigne de lucidité.
C’est un morceau qui te prend à revers, pas par la violence d’un cri mais par le froid méthodique d’un constat. Nematode ne raconte pas une rupture : il l’analyse. Max Ceddo signe ici un morceau qui tient autant du scalpel que de la confession — une dissection sonore d’un amour devenu parasite, d’une relation où l’autre s’accroche comme une ombre, sans lumière ni chaleur.
La guitare, sèche et coupante, avance comme un instrument chirurgical. Les premiers accords semblent hésiter entre l’urgence post-punk et la langueur d’un rock désabusé — on pense à Interpol, parfois à Fontaines D.C., dans cette manière de transformer le désarroi en pulsation élégante. La batterie, elle, frappe en décalé, légèrement disloquée, accentuant cette impression d’instabilité affective : rien n’est jamais vraiment à sa place, tout menace de basculer.
La voix, presque monocorde, traverse le morceau comme un fil tendu entre résignation et lucidité. Max Ceddo ne cherche pas l’émotion spectaculaire, il préfère le malaise feutré. Il parle d’une femme comme d’un symptôme, d’un amour comme d’une infection lente. Le « nematode » devient alors plus qu’une métaphore biologique : c’est la figure d’un lien vampirique, d’une dépendance invisible mais corrosive. Ce ton clinique, presque détaché, donne au texte une froide beauté — une poésie de la corrosion.
Ce qui rend Nematode fascinant, c’est cette tension entre l’organique et le mécanique. La basse grouille, comme si elle cherchait à remonter à la surface. Les guitares, elles, tracent des cercles autour du vide, hypnotiques, répétitives, épuisantes. C’est une boucle mentale mise en musique — celle des amours où l’on reste malgré tout, par habitude, par peur, par fatigue.
Le morceau ne s’achève pas, il s’éteint. Comme un corps qui renonce à lutter. Max Ceddo réussit là où beaucoup échouent : rendre audible la lente décomposition du lien, sans pathos, sans posture. Nematode n’est pas une chanson d’amour, c’est une autopsie. Et pourtant, dans ce désastre froid, quelque chose palpite encore — la preuve que même au cœur du pourrissement, la musique reste un instinct de survie.
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novembre 8, 2025C’est un morceau qui donne envie de baisser la vitre, d’avancer sans destination, d’écouter le monde à travers le vent. Happy to be with you, le nouveau single de This is A Low, a cette douceur rare des chansons qui ne cherchent pas à briller, mais à tenir compagnie. Une pop-rock atmosphérique, ciselée dans un écrin de sincérité, où chaque accord respire comme un souvenir qu’on refuse d’effacer.
Il y a dans ce morceau quelque chose d’assez britannique — cette façon de mêler mélancolie et éclat, un peu à la manière des premiers Coldplay ou d’un Travis réincarné en 2025. Les guitares, cristallines et tendues, tracent une ligne d’horizon claire, tandis que la batterie avance avec un cœur battant régulier, presque rassurant. Mais c’est la voix, fragile et pleine de vérité, qui retient l’attention : elle n’explose jamais, elle éclaire doucement, comme si elle murmurait à quelqu’un dans la lumière du matin.
This is A Low ne tombe pas dans la nostalgie gratuite. Leur écriture respire la pudeur d’un groupe qui préfère suggérer plutôt qu’imposer. Happy to be with you n’est pas un cri d’amour, c’est une respiration partagée, un sourire timide au détour d’un couloir, le genre de moment où tout semble suspendu.
Sous sa simplicité apparente, le morceau dissimule une architecture subtile : des nappes de reverb qui s’étirent comme des nuages, un pont aérien qui frôle le post-rock, des harmonies qui s’ouvrent lentement jusqu’à l’ultime note — celle qui ne veut pas partir.
C’est une chanson qui réconcilie le présent et le passé, l’élan et la retenue, la peine et la joie. Une pop de l’intime, lumineuse sans naïveté, qui rappelle qu’il existe encore des groupes capables de faire de la douceur un acte de résistance. This is A Low signe ici un hymne à la gratitude, à cette forme d’amour simple qu’on oublie trop souvent : être heureux, simplement, d’être là.
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novembre 8, 2025Avec Hawk Circling, Jonathon Penn transforme le deuil en renaissance : une ballade d’altitude, suspendue entre ciel et terre, où le folk devient une forme de rédemption.
On sent dans la voix de Jonathon Penn cette poussière de route qu’on n’invente pas. Ce timbre un peu éraillé, façonné par les silences, les renoncements, les retours à soi. Hawk Circling n’est pas une chanson au sens ordinaire : c’est un passage, un geste d’abandon et de reconstruction. On y entre comme dans une prière, ou comme on regarde un oiseau s’élever, lentement, jusqu’à n’être plus qu’un point dans la lumière.
Penn, ancien financier reconverti en troubadour californien, signe ici un morceau d’une honnêteté presque déconcertante. On y entend la sagesse fatiguée de ceux qui ont tout perdu, puis choisi de recommencer. Le banjo trace des cercles autour d’accords folk dépouillés, les guitares respirent avec une clarté de montagne, et chaque note semble porter une mémoire, un souffle d’air chaud venu du désert. La production, naturelle et pure, laisse vivre les imperfections : on devine le bois, la corde, le souffle.
Dans Hawk Circling, le faucon devient métaphore — celle d’une conscience qui s’élève au-dessus du tumulte, observant sa propre mue. Il y a du Tom Petty dans cette façon de dire l’Amérique intime, du Springsteen dans la foi tranquille de la deuxième chance, et quelque chose d’infiniment personnel dans la manière dont Penn relie la perte à la beauté. La chanson ne se contente pas d’évoquer la mort du père ou la fuite du temps : elle s’attarde sur le moment précis où la douleur cesse d’être un poids pour devenir un moteur.
Écouter Hawk Circling, c’est accepter le vertige. C’est contempler, depuis un porche imaginaire, le ciel tourner au ralenti. C’est sentir que la jeunesse n’est peut-être pas un âge, mais un état d’âme retrouvé. Jonathon Penn signe ici un hymne discret à la transformation, une folk de l’âme mûre — lucide, apaisée, et terriblement vivante.
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novembre 8, 2025Le morceau ne commence pas, il s’élève — lentement, lourdement, comme un souffle revenu d’entre les morts. “Rise” est une déflagration contenue, une lente combustion d’émotions brutes et d’électricité noire.
Sous le nom de Revvnant, Elias Schutzman (ancien batteur de The Flying Eyes et Black Lung) transforme la douleur en matière sonore, sculptant un rock hybride où les guitares se dissolvent dans la fumée des synthés analogiques et des machines. Ce qui frappe d’emblée dans “Rise”, c’est cette impression d’un chaos ralenti, d’un drame observé au ralenti, un slow-motion car crash comme il le décrit lui-même. Une collision entre rage et beauté, entre fer et chair.
Les premières secondes rampent, sinueuses, entre un beat oppressant et des nappes de fuzz qui saturent l’espace. Puis la voix surgit, grave, quasi spectrale, chargée d’une tension contenue. On pense à Trent Reznor, à Massive Attack, à ces artistes capables de faire naître la sensualité dans la désolation. Revvnant, lui, semble dialoguer avec ses propres fantômes — ceux d’un monde qui s’effondre et d’un être qui tente de s’en extraire.
“Rise” s’écoute comme une montée inexorable, un rituel de réanimation. La mélodie, d’abord lente et désincarnée, s’étire, se densifie, jusqu’à exploser dans un cri muet. On ressent physiquement le poids du morceau — ses basses grondent comme un moteur sous la peau, ses synthés vibrent comme une prière inversée. Tout semble sur le point de se désintégrer, et pourtant, il y a ce fragment de lumière, cette persistance du vivant dans la machine.
L’écriture d’Elias est d’une lucidité glacée : le désespoir y devient sublime, la ruine, presque romantique. Derrière chaque saturation, une fragilité ; derrière chaque coup de batterie, un cœur qui refuse de se taire.
“Rise” est une apocalypse intime, une renaissance qui s’accomplit dans la poussière. Une œuvre d’une intensité rare, où la noirceur se fait lumineuse et la chute, transcendante. Revvnant ne chante pas le monde qui brûle — il en est la flamme qui danse encore.
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novembre 8, 2025Sous un ciel en VHS, entre néons qui clignotent et mélodies d’un autre temps, “I’ll Always Be In Love With You” ressuscite la romance d’une ère où les refrains étaient faits pour guérir les nuits blanches.
Avec ce single, Waves_On_Waves et ses acolytes signent l’un de leurs morceaux les plus lumineux et viscéraux à ce jour. Tout y respire l’amour — pas celui qui se dit, mais celui qui persiste, celui qui refuse de mourir même après la dernière danse. Porté par une production à la frontière du pop rock et de l’alternative, le morceau distille ce mélange rare de nostalgie 80’s et de modernité cinématique, cette tension entre le rêve et la mémoire qui fait la signature du projet.
La voix de Chris Sevier s’y déploie comme une confession retenue trop longtemps. Elle a cette chaleur un peu éraillée des chanteurs qui ont aimé trop fort, et la sincérité des poètes qui n’ont jamais cessé d’espérer. On pense parfois à Bryan Adams pour l’intensité romantique, à The War On Drugs pour la profondeur instrumentale, à M83 pour cette manière de rendre le passé futuriste. Guitares en delay, percussions aériennes, claviers enveloppants — tout ici donne l’impression de flotter entre deux mondes : celui de la chair et celui du souvenir.
“I’ll Always Be In Love With You” ne cherche pas à innover par la rupture, mais par la pureté du sentiment. C’est une déclaration sans ironie, presque naïve dans son honnêteté, et c’est précisément là que réside sa force. Le morceau s’élève progressivement jusqu’à un climax radiant, une catharsis pop où la voix devient cri d’âme et les guitares, vagues qui submergent. On sent le goût du studio, la recherche du son juste, mais surtout une foi absolue dans la beauté des émotions simples.
Ce titre, extrait de Emotions In Every Color, résume à lui seul la philosophie de Waves_On_Waves : faire de la musique comme on peint un ciel au crépuscule, avec toutes les nuances possibles du sentiment humain. C’est un morceau qui aurait pu naître dans les studios de Sunset Strip en 1987 — mais qui résonne aujourd’hui, à une époque où la sincérité est devenue un acte presque punk.
“I’ll Always Be In Love With You” est un hymne à l’amour intemporel, un slow moderne pour cœurs incandescents. Une chanson à écouter les yeux fermés, casque vissé, pendant que la ville dort et que la nostalgie, une fois encore, trouve le moyen de nous sauver.
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novembre 8, 2025Une chanson qui gronde, qui fume, qui brûle à ciel ouvert, comme un cœur qu’on aurait oublié d’éteindre.
Dennis Hauck écrit comme il filme : avec une caméra dans la gorge et une tempête dans la poitrine. Dans Natural Heart, il sculpte une Amérique hantée par la foudre et la faute, un territoire à mi-chemin entre le désert de Bukowski et les visions mystiques de Leonard Cohen. Chaque mot semble pesé dans la poussière, chaque image résonne comme un plan fixe sur une vérité trop lourde pour être dite d’un seul souffle.
Musicalement, c’est un folk-rock aux contours sauvages, ancré dans la tradition mais secoué de soubresauts modernes. Les guitares y crépitent comme des éclairs dans un ciel d’orage, les percussions avancent en grondant, et la voix de Hauck — rauque, presque théâtrale — raconte la tempête intérieure d’un homme qui refuse de s’adoucir. Il y a dans cette interprétation une intensité rare, celle d’un narrateur qui ne cherche ni la rédemption ni le pardon, mais simplement à témoigner : voilà ce que c’est, vivre avec un cœur naturel, indompté, effrayant.
Ce morceau, c’est la collision entre la poésie et la matière brute. Hauck utilise les éléments comme un lexique émotionnel — la pluie, le vent, la terre, le feu — pour dire l’amour, la filiation, la peur de la transmission. “My heart is like a thunderstorm,” chante-t-il, et l’image claque comme une vérité absolue : l’amour, ici, n’est pas une douceur, c’est une force météorologique. Et quand, dans les derniers vers, il découvre le reflet de son propre chaos dans les yeux d’une fille qui pourrait être la sienne, la chanson atteint une gravité quasi biblique.
On pense à Nick Cave pour la noirceur majestueuse, à Lou Reed pour la nonchalance tragique, mais Hauck trace sa propre route : celle d’un conteur du désastre ordinaire, qui trouve encore de la beauté dans la cendre.
Natural Heart est une scène. Un film sans image où l’on sent la poussière, l’électricité, la peur du destin et le courage d’aimer quand même. Et au fond, c’est peut-être ça, la nature d’un cœur : frapper, même sous la pluie.
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novembre 8, 2025Ce morceau s’avance comme une tempête lente, un cri lucide dans la brume d’un monde qui s’effondre — à la fois rageur, fragile et étrangement apaisé.
Avec Phantasmagoria, Anthony Ruptak transforme le désenchantement contemporain en fresque sonore. Loin du simple constat politique, il compose un poème apocalyptique où l’indignation devient art et la mélancolie, résistance. C’est un morceau qui vous prend à la gorge dès les premières mesures, non par sa colère, mais par sa lucidité. On y entend le désarroi d’un homme qui observe l’incendie de la planète depuis la fenêtre de son propre cœur — un témoin, pas un prophète.
Musicalement, Phantasmagoria oscille entre l’ampleur du folk-rock orchestral et l’intimité d’un indie rock contemplatif. La guitare d’ouverture sonne comme une mèche lente, bientôt rejointe par des percussions lourdes et des cordes qui s’élèvent en vagues successives. Ruptak construit sa tension avec la patience d’un cinéaste : tout s’étire, tout s’alourdit, jusqu’à cette montée finale — deux minutes d’apothéose lyrique qui laissent le souffle court. C’est dans ce climax que la chanson se déploie pleinement : une prière, un hurlement, un dernier appel à la tendresse avant la chute.
Sa voix, pleine de grain et de fatigue, porte une gravité à la Springsteen, mais sans grandiloquence. Elle tremble, se fissure parfois, et c’est justement là que réside sa force : dans cette humanité nue, sans vernis. Les paroles ne cherchent pas la consolation ; elles nomment le chaos, l’épuisement, la peur du vide. Et pourtant, sous la poussière, on perçoit la flamme : l’amour du monde malgré lui, la compassion obstinée pour ceux qui restent debout.
Phantasmagoria est une chanson pour notre époque de vertige permanent — une ballade sur les ruines, mais aussi un rappel que même au cœur du désastre, quelque chose en nous continue de chanter. Ruptak ne propose pas une échappatoire : il nous tend un miroir, et ce qu’on y voit, c’est notre propre fatigue, mais aussi notre refus de renoncer à la beauté.
Dans ce mélange de douleur et de lumière, Anthony Ruptak touche à l’essentiel : Phantasmagoria n’est pas seulement un hymne pour la fin, c’est une promesse — celle qu’on peut encore sentir, vibrer, espérer, même quand tout s’effrite.
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novembre 8, 2025Ce titre est une brûlure sous la peau — une collision entre la tendresse et la guerre, entre le désir et les ruines. “It’s Too Late” n’apaise pas, il exhume.
Dès les premières secondes, tout est clair : Jeremy Sprung n’est pas là pour rejouer les codes du pop rock, il veut les fissurer. It’s Too Late surgit comme un cri d’après-coup, le genre de morceau où la rage et la nostalgie s’enlacent jusqu’à se confondre. Un tempo nerveux, une guitare qui tranche l’air, et cette voix à vif, pleine de fêlures assumées. On pense à un croisement entre le lyrisme de Sam Fender et la hargne de Yungblud, mais avec une sensibilité plus instinctive, plus charnelle, presque européenne dans sa pudeur tragique.
Le morceau raconte une histoire d’amour au milieu du chaos, mais ici, la métaphore de la guerre n’a rien d’artificiel. Les riffs claquent comme des tirs perdus, la batterie cavale sans relâche, et au cœur de ce tumulte, la mélodie trouve paradoxalement la paix. C’est cette tension entre la beauté et la destruction qui rend It’s Too Late si captivant : on y danse sur des décombres, mais la lumière persiste.
Sprung a cette manière de faire du désespoir un carburant mélodique. Ses arrangements, simples mais viscéraux, refusent la surproduction : tout semble taillé à la main, brut, urgent, sincère. Il joue avec la dissonance — entre l’euphorie des accords et la gravité du texte — comme un funambule entre deux mondes. Cette honnêteté désarmante donne au morceau une chaleur paradoxale, celle d’un cri lucide.
Mais au fond, It’s Too Late n’est pas une chanson de rupture : c’est une chanson de survie. L’histoire d’un homme qui chante depuis les ruines d’un amour, encore couvert de poussière, mais debout. Jeremy Sprung y prouve qu’on peut faire du rock avec les nerfs à vif, sans jamais sacrifier la mélodie.
Un titre incandescent, qui rappelle que même dans la guerre intime, le cœur trouve toujours un rythme — et que parfois, chanter “trop tard” revient simplement à dire “je suis encore là.”
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novembre 7, 2025Le morceau débute comme un pressentiment. Quelques secondes suffisent pour que la tension s’installe, sourde, presque animale — on sent la tempête avant même qu’elle n’éclate. Wind Before the Storm, signé par le compositeur brésilien Samuel Yuri, n’est pas une chanson au sens traditionnel : c’est un rituel sonore, un grondement intérieur qui se mue en extase électrique.
Yuri façonne la matière sonore avec la précision d’un sculpteur et l’instinct d’un prophète. Son rock n’appartient à aucune époque. Il convoque le grunge d’Alice in Chains, la brume gothique de Bauhaus, la ferveur mystique de Type O Negative, et l’énergie tellurique du metal mélodique de Metallica — mais il ne copie personne. Il compose des paysages. Des ruines baignées de lumière, où la lourdeur des riffs dialogue avec la gravité du silence.
La guitare est rugueuse, râpeuse, presque organique. Elle respire, elle saigne. Les accords, volontairement dépouillés, avancent comme une marée lente, avalant tout sur leur passage. Puis la batterie entre — sèche, charnue, d’une précision presque militaire — et tout bascule. Le morceau se dresse alors comme une cathédrale sonore : austère mais vibrante, massive mais pleine d’air. On y sent la main d’un artisan obsédé par la justesse, un musicien qui joue autant avec la matière qu’avec le vide.
Le plus fascinant, c’est cette lumière brésilienne, discrète mais persistante, qui traverse les ombres. On devine São Paulo dans les recoins du son, cette chaleur urbaine, moite, qui s’infiltre jusque dans le spleen du morceau. Car Wind Before the Storm n’est pas qu’une déflagration gothique : c’est une collision entre la moiteur tropicale et la froideur industrielle, entre le cœur et la machine.
Samuel Yuri transforme l’orage en état d’âme. Il ne cherche ni la mélodie facile ni la catharsis spectaculaire — il explore ce moment suspendu avant le chaos, cette minute où tout peut basculer. C’est là que réside la beauté du morceau : dans l’attente, dans le souffle, dans le vent avant la foudre.
Wind Before the Storm s’écoute comme on contemple le ciel avant qu’il ne craque — fasciné, immobile, les nerfs à vif. Un morceau qui rappelle que le rock peut encore être mystique, viscéral et libre. Un orage à lui seul.
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novembre 7, 2025Il y a dans Silverlinings ce goût de poussière et de lumière, cette sensation rare d’un groupe qui s’est enfin arrêté de fuir. Verticoli, ces trois gars venus de Tasmanie, ont longtemps carburé à la nervosité, à cette énergie brute de scène qui sentait la bière renversée et les amplis brûlants. Aujourd’hui, ils nous livrent un disque de calme après la tempête, un disque de gratitude, de beauté simple, de lumière sur la peau.
Dès les premières secondes, on sent que Verticoli n’est plus là pour prouver quoi que ce soit. Les guitares s’étirent comme des vagues lentes, les voix s’approchent sans forcer, et l’air devient presque liquide. Le groupe, autrefois bouillonnant (Kick in the Teeth, Trash King, Birds of Prey), semble s’être trouvé un nouveau langage — celui des respirations. Silverlinings n’est plus le cri d’un jeune groupe assoiffé, mais le souffle d’hommes qui ont appris à aimer le silence entre deux notes.
La production, d’une sobriété lumineuse, frôle le spirituel. Les morceaux avancent comme des souvenirs qu’on feuillette un dimanche d’hiver, entre nostalgie et paix retrouvée. Il y a du The War on Drugs dans cette façon de laisser les guitares raconter l’espace, du Tom Petty dans cette honnêteté désarmante, du Kurt Vile dans ce groove nonchalant. Mais Verticoli ne copie personne — ils se décantent. Leur son est devenu minéral, patiné par le temps et les tournées, par l’odeur des motels et des retours de nuit.
Ce disque, on le reçoit comme une lettre qu’on ne s’attendait plus à recevoir. See You Around en est la clé : une chanson d’adieu chantée sans rancune, comme un merci à celles et ceux qui ont compté. Tout l’album tourne autour de cette idée : il faut parfois se perdre pour apprendre à dire au revoir sans amertume.
Ce qui frappe, c’est la justesse. Aucun effet gratuit, aucune emphase inutile. Verticoli joue avec la retenue d’un groupe qui a déjà connu la frénésie et préfère désormais le frisson. La batterie caresse plutôt qu’elle ne frappe, la basse respire entre les accords, et les voix, un brin voilées, semblent flotter dans une clarté d’aube.
Silverlinings est un album de renaissance, mais sans drame. Une œuvre de mi-parcours, comme un autoportrait fait à la lumière naturelle. Un disque qui te regarde sans te juger, te dit que tout ira bien, même si tout n’est pas parfait.
Verticoli signe ici un album qu’on n’écoute pas pour se défouler, mais pour se retrouver. Le genre de disque qui fait du bien sans jamais chercher à consoler. Une caresse dans un monde qui crie. Une épiphanie tranquille, jouée à trois.
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novembre 7, 2025C’est une collision euphorique, un carnaval de sons, une décharge d’ironie pop emballée dans des riffs qui dansent de travers. Shopping Around de Reptile Tile, c’est le genre de morceau qui déborde du cadre, comme si la folie douce de la scène art-rock new-yorkaise des années 80 avait trouvé refuge dans un studio de Virginie, sous LSD et lumière néon.
À la manœuvre, Roderick Edens (alias Terry Cloth), cerveau excentrique de Reptile Tile, et Camila Alvarez de Period Bomb, forment un duo qui jongle entre chaos et harmonie avec un naturel désarmant. Lui aux guitares, basses, synthés et à la voix — elle, contrepoint volcanique, souffle punk et sensualité désinvolte. Ensemble, ils signent un titre qui sent la peinture fraîche, les nuits moites de DIY shows et les vieux cassettes de Cleaners from Venus.
Le morceau démarre comme une promenade — un groove léger, une ligne de basse qui cligne de l’œil — avant de se tordre sur lui-même dans un tourbillon d’arrangements délirants : saxophone débridé (Zac Plastic), tambourins insolents (Mikah Beale-Scott), guitares tranchantes (Chase Evers Cochran) et, cerise sur le gâteau, des kazoos passés dans des synthétiseurs qui deviennent de véritables créatures sonores. C’est bancal, volontairement mal poli, presque dadaïste, mais étrangement addictif.
L’esprit du morceau rappelle The B-52’s pour sa théâtralité, Gary Wilson pour son freakisme poétique, et The Velvet Underground pour ce sentiment d’urgence contenue. On y retrouve aussi une écriture à la fois ludique et corrosive — sous la légèreté pop, Shopping Around cache une satire du consumérisme sentimental, une critique de la superficialité moderne emballée dans une fête sous acide.
Techniquement, le travail de production montre une maturité nouvelle pour Reptile Tile : tout reste lo-fi dans l’âme, mais chaque son est ciselé pour renforcer la tension entre le kitsch et le génie. En studio, entre RTT Lab à Virginia Beach, l’appartement de Camila à Los Angeles et le mix final au Dragonship Studio de Smithfield, on sent que l’énergie du morceau a voyagé, absorbé des couleurs et des accidents heureux.
Shopping Around n’est pas une chanson qu’on consomme — c’est une expérience à habiter. Elle rappelle qu’il existe encore des artistes capables de rire du chaos tout en y trouvant de la beauté. Reptile Tile ne cherche pas à séduire, il cherche à contaminer. Et il réussit : après trois minutes de ce déluge de sons, on a l’impression d’avoir assisté à la naissance d’un nouveau microcosme sonore — absurde, libre, et follement humain.
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novembre 3, 2025Ce morceau m’a d’abord frappé par sa sincérité brute. “Home” n’est pas une simple chanson de rock alternatif : c’est une catharsis, une plongée au cœur d’une tempête intérieure qui finit par s’éclaircir. Fighting in the Dark ne cherche pas la perfection du son, mais la vérité du geste — celle qui tremble, qui s’arrache, qui se bat. Et ce combat, justement, traverse chaque mesure : c’est celui de l’âme qui veut retrouver sa maison, non pas un lieu, mais un état.
Dès les premières secondes, les guitares imposent un climat dense, presque cinématographique. Les accords progressifs s’étirent, se tordent, montent en intensité comme une respiration haletante. On sent le poids du Hard Rock dans la frappe des cymbales, l’écho des grandes heures du prog dans les structures mouvantes. Mais au lieu de se réfugier dans la technique, Fighting in the Dark joue sur l’émotion pure, sur le relief du son, sur cette tension permanente entre effondrement et élévation.
La voix, éraillée mais vibrante, incarne cette quête du “home” comme un retour à soi. Elle oscille entre cri et prière, entre fatigue et foi. Par moments, on croirait entendre une confession arrachée à la nuit — une voix qui cherche un ancrage, qui refuse la résignation. Et c’est là toute la beauté du morceau : cette manière de transformer la douleur en énergie, la mélancolie en propulsion.
“Home” semble construit comme un voyage intérieur : les couplets rampent dans la pénombre, les refrains explosent dans une clarté saturée. Les guitares s’élèvent comme des murs de lumière, la batterie cogne comme un cœur sous adrénaline, et l’ensemble finit par tout emporter. Ce n’est pas un retour triomphal, c’est une réconciliation.
Dans un paysage rock souvent formaté, Fighting in the Dark impose une écriture émotionnelle, presque spirituelle. Leur son rappelle à la fois les envolées de Muse, les tourments de Karnivool et la sincérité d’un rock américain sans artifices. “Home” parle de reconnexion, mais surtout d’abandon — celui qu’on accepte quand on comprend que la paix n’est pas dans la fuite, mais dans l’acceptation du tumulte.
Un morceau incandescent, viscéral, humain. Le genre de chanson qu’on ne consomme pas, mais qu’on traverse — comme un retour à soi, justement.
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novembre 3, 2025Il y a des chansons qu’on écoute, et d’autres qu’on traverse. Is It Love? de Jay Denton appartient à la seconde catégorie — une confession d’après la tempête, le moment exact où le doute s’installe entre deux battements de cœur. Ce n’est pas une ballade douce, ni une explosion rock classique : c’est un morceau qui respire comme une cicatrice encore chaude.
Denton, musicien aux mille casquettes (auteur, producteur, multi-instrumentiste, mixeur), a façonné cette pièce entièrement seul — et ça s’entend. On sent la solitude jusque dans les textures du son, dans la réverbération du piano, dans le bourdonnement des guitares qui tremblent comme un souvenir qu’on essaie d’étouffer. Il parle d’un amour qui s’effondre, mais surtout de cette sensation physique de perte, celle qui fait trembler la réalité autour de soi. Alors il a voulu que tout, du premier accord à la dernière note, porte cette vibration.
Le morceau s’ouvre sur une mélancolie fragile — un piano intime, presque timide — avant que tout ne bascule dans un chaos organisé. Les refrains, monumentaux, déploient un mur sonore qui évoque le rock alternatif des années 2000 : un mélange de Muse, Coldplay période A Rush of Blood to the Head, et de cette tension viscérale propre à Nothing But Thieves. Les guitares saturent, la batterie explose, la voix s’étire jusqu’à la limite, et pourtant, tout semble contenir une forme d’élégance tragique.
Mais au-delà de la production impressionnante, ce qui bouleverse dans Is It Love?, c’est la sincérité nue de Denton. On sent le combat intérieur — celui d’un homme qui cherche à comprendre si la douleur qu’il ressent prouve l’amour ou la fin de celui-ci. Il n’y a pas de réponses dans le morceau, seulement une quête : celle de transformer la confusion en beauté.
Jay Denton compose comme un cinéaste. Chaque couche de son est un plan, chaque crescendo un travelling émotionnel. Son écriture, à la croisée du rock, de la pop et du lyrisme introspectif, dessine les contours d’une musique de résistance émotionnelle. Il ne demande pas qu’on le comprenne, il demande qu’on ressente — et c’est précisément ce que ce titre réussit à provoquer.
Is It Love? est une secousse intime, un cri lucide enveloppé d’électricité. Un morceau qui ne cherche pas à plaire, mais à rester — dans la poitrine, dans la mémoire, dans ce coin du cœur où le doute et la beauté se tiennent la main.
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novembre 3, 2025Il y a quelque chose de violemment nostalgique dans Zombie, comme une madeleine électrique trempée dans la distorsion. Ce n’est pas un cri, c’est un vertige. Un shoot d’indie rock comme on n’en fait plus vraiment — nerveux, mélodique, lumineux jusqu’à l’ivresse. Le genre de morceau qui pourrait tourner en boucle sur une radio d’autoroute à trois heures du matin, quand la fatigue transforme les néons en mirages.
Color Palette joue ici avec les ombres et les miroirs : des guitares affûtées qui claquent comme des lames, une batterie qui pulse comme un cœur épuisé, et cette voix de Jay Nemeyer, à la fois détachée et brûlante, qui flotte entre arrogance et abandon. L’influence des Strokes est évidente — ces riffs tendus, ces refrains qui sonnent comme des slogans désabusés — mais Zombie ne se contente pas d’imiter : il amplifie. Là où le garage new-yorkais flirtait avec la nonchalance, Color Palette injecte une intensité presque cinématographique, un souffle shoegaze qui transforme le chaos en halo.
Tout, dans cette chanson, parle de survie. D’un monde où l’on avance en somnambule, le sourire figé, les yeux noyés dans la lumière bleue des écrans. Le zombie n’est pas un monstre ici — c’est nous, les rêveurs fatigués, les cœurs trop connectés pour encore battre à plein. Et sous les couches de fuzz, on devine la mélancolie : celle d’une génération qui danse pour ne pas penser, qui accélère pour ne pas tomber.
Techniquement, le morceau est une réussite. Les guitares saturées se superposent en vagues successives, l’équilibre entre mélodie pop et rugosité rock est d’une précision chirurgicale. Le mixage respire, laisse chaque instrument exister — un chaos parfaitement ordonné, comme si le désordre avait trouvé sa rythmique idéale.
Mais ce qui rend Zombie inoubliable, c’est sa sincérité brute. Derrière les refrains accrocheurs et l’énergie effervescente, il y a une vulnérabilité palpable : celle d’un groupe qui croit encore à la puissance de la guitare, à la poésie de la mélodie, à la beauté des chansons qui saignent sous les amplis.
Color Palette signe ici une pièce d’indie rock qui ne se contente pas de ressusciter un son : elle réinvente un état d’esprit. Zombie est une transe lucide, un hymne pour ceux qui errent dans la nuit, vivants mais perdus, toujours en quête d’une étincelle.
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novembre 3, 2025Sweet October s’ouvre comme un souvenir qu’on aurait laissé traîner dans un grenier, entre la poussière et les regrets. Cliff Root y dépose sa voix nue, éraflée par la vie, sur une guitare qui semble jouer à la fois pour l’amour perdu et pour la survie. C’est une chanson d’automne au sens le plus pur du terme : tout y chute avec grâce — les feuilles, les illusions, les certitudes. Mais dans la chute, il y a cette beauté inévitable qu’on ne retrouve qu’à travers la douleur honnête.
Root écrit comme on se confie dans la nuit, à mi-chemin entre le murmure et le cri. Sa plume évoque ces lendemains d’addiction et d’absence, quand on tente de réapprendre à respirer dans un monde qui semble s’être contracté autour du manque. Le morceau oscille entre indie rock et ballade folk, avec des effluves de reggae discrets, presque fantomatiques, qui rappellent que la lumière n’est jamais tout à fait éteinte, même dans la mélancolie la plus dense.
Il y a dans Sweet October quelque chose de très humain, presque fragile : cette façon de tenir le cap entre désespoir et espoir, entre la brûlure et le pardon. Les guitares alternent entre arpèges soyeux et grondement électrique, comme deux états d’une même âme — la résignation et la rage de s’en sortir. Et la voix de Root, vibrante, légèrement fêlée, s’accroche aux mots comme à une planche de salut.
Techniquement, le morceau ne cherche pas la perfection : il préfère l’émotion brute. Le mix laisse de l’air autour des instruments, une respiration qui permet d’entendre les silences, les hésitations, les tremblements. Ce refus du vernis donne au titre une authenticité rare, celle des disques qui ne trichent pas.
Mais Sweet October n’est pas seulement une confession intime : c’est une main tendue. Une chanson qui parle à ceux qui ont connu l’abîme et qui en reviennent, un peu cabossés mais debout. Cliff Root réussit le pari de transformer la douleur en lumière, la perte en poésie.
Écouter Sweet October, c’est accepter d’être vulnérable. C’est se souvenir qu’il existe des artistes pour qui la musique n’est pas un divertissement, mais un acte de survie. Et dans ce mois d’octobre doux-amer, Cliff Root nous rappelle qu’il n’y a rien de plus beau que de tomber — et de continuer à chanter en tombant.
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novembre 3, 2025Il y a dans I’m A Spirit quelque chose d’à la fois éthéré et viscéral, une manière d’habiter le son comme un fantôme hante un souvenir. Animal Scream — trio de Pittsburgh mené par Chad Monticue et Josh Sickels — signe ici un morceau hanté par l’idée même du passage, coincé entre la matière et le mirage, entre la pulsation d’un monde encore chaud et la froideur du néant.
Le titre se déroule comme un songe lucide : une guitare voilée, trempée dans un écho lo-fi, une basse qui traîne les pieds dans les brumes, une voix qui semble venir d’un ailleurs sans temps. Tout respire la lente désintégration. On pense à Sparklehorse, à Radiohead période Amnesiac, à ces chansons qui ne cherchent pas la lumière mais se contentent de l’évoquer à distance, comme une brûlure.
Mais là où I’m A Spirit se distingue, c’est dans sa mise en scène sonore — ce travail de texture, de grain, de réverbérations qui ne sert jamais d’effet, mais de narration. Chaque souffle de cymbale, chaque résonance de delay raconte la dérive d’une âme qui ne sait plus très bien à quel monde elle appartient. C’est du rock spectral, du psyché en apnée, une messe profane pour les vivants fatigués et les morts qui refusent de se taire.
La face B, Red Spiders, enfonce le clou dans une direction plus expérimentale : une étude sonore inspirée par Wendy Carlos et ses expérimentations synthétiques sur The Shining. Ce n’est pas une simple curiosité — c’est une plongée dans le subconscient du projet, une exploration du son comme architecture mentale. Là où I’m A Spirit chantait la frontière, Red Spiders la franchit, en pure abstraction, comme si le groupe disséquait le bruit pour en extraire l’émotion brute.
Animal Scream n’appartient à aucune scène, à aucun moment. Leur musique évoque les caves d’un club désert, les néons d’un rêve lynchien, les vestiges d’un amour ou d’une vie passée. Ils travaillent la mélancolie comme d’autres travaillent le rythme : à la main, avec patience, en laissant les imperfections devenir des portes d’entrée vers autre chose.
I’m A Spirit n’est pas seulement une chanson — c’est une incantation. Un miroir tendu à ceux qui dérivent entre deux mondes : celui de la nostalgie et celui de la réinvention. Dans ce brouillard sonore, Animal Scream nous rappelle que même les esprits, parfois, ont besoin de danser un peu avant de disparaître.
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octobre 31, 2025L’album Billy Wakes Up sonne comme dans un rêve à moitié effacé. Une lumière pâle traverse les rideaux, un piano murmure, les voix se frôlent — quelque chose s’ouvre, mais on ne sait pas encore quoi. Ce disque, c’est l’histoire d’un réveil au monde : celui d’un jeune homme qui quitte l’apesanteur de l’adolescence pour affronter la gravité de la vie adulte. Et dans ce passage, Billy Bobak écrit comme on respire : avec urgence, grâce et désordre.
L’album s’ouvre sur Intro (Breakfast?), une minute suspendue, presque cinématographique. L’orchestre de Reading y tisse une aube fragile, un instant de flottement où tout semble possible. Puis surgit Saving Grace, vif et étincelant, porté par une batterie claquante et un refrain lumineux. C’est la première gifle : l’éveil comme moment de panique et de beauté.
Most Nights se glisse ensuite comme une confession au creux de l’oreille. Les guitares s’étirent, la voix vacille, et soudain tout devient intime, presque douloureux. On y entend la fatigue douce des nuits sans sommeil, la solitude qui rôde au fond des fêtes. Billy y chante l’incertitude avec une élégance désarmante, entre Blur et Jeff Buckley.
Avec Wakey Wakey, l’album se secoue : groove nerveux, basse chaude, énergie de garage londonien. On y sent le besoin de bouger, de s’arracher à soi-même, de danser pour oublier. Puis vient He’s Not There, plus contemplatif, presque spectral : les cordes se mêlent à des guitares tremblantes, la production de Dae Lee transforme la mélancolie en vertige.
Le cœur du disque bat fort dans Rush & Touch, morceau né d’un enregistrement expérimental de percussions de cuisine. Le son est organique, vivant, accidenté. C’est la pulsation du quotidien, la sensualité d’un monde en mouvement. Respite prend alors le relais, majestueux, avec les chœurs du Reading University Choir qui s’élèvent comme un souffle d’air frais après la tempête. Ce morceau, c’est la respiration nécessaire entre deux vertiges.
Vient ensuite Indo Girls, pièce d’une sensualité presque cinématographique, traversée d’arômes d’Asie du Sud-Est et de nostalgie tropicale. On y voyage dans des souvenirs brûlants, entre fascination et désillusion. Puis Make Me a Jess réintroduit l’électricité : la guitare de Nick Fitch y crépite comme une étincelle dans la nuit. C’est un hymne à la jeunesse sauvage, à la maladresse des élans amoureux, aux blessures qu’on chérit presque.
Floor Six redescend, plus intime, presque minimaliste. Une chanson d’ascenseur intérieur, où l’on croise ses propres fantômes en silence. Billy y parle sans mots d’une solitude qu’on apprivoise.
Et enfin Soi Cowboy clôt l’album comme on referme un carnet de voyage. On y entend les échos des bars de Bangkok, les néons, la chaleur, la dérive. Mais derrière l’exotisme, il y a le réel : celui d’un homme qui découvre que la liberté a parfois le goût amer du désenchantement.
Billy Wakes Up est un disque de passages, d’équilibres instables, de beauté maladroite. Chaque titre y est une pièce du puzzle, une étape dans le long apprentissage de soi. Ce premier volet d’une trilogie autobiographique n’est pas une œuvre de posture, mais de nécessité. Et dans ce monde saturé de certitudes, il a la rare décence de douter.
C’est peut-être ça, la grâce de Billy Bobak : chanter la confusion avec lucidité, et le désordre avec tendresse.
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octobre 31, 2025C’est une claque de sincérité et de rugosité. Un retour à l’essence même du rock’n’roll — ce moment où la musique ne cherche pas à séduire, mais à vivre. Somebody’s Always Doin’ Something 2 Somebody de DownTown Mystic a ce parfum d’authenticité qui flotte entre deux époques : celle des vinyles usés par le temps et celle des machines impeccablement huilées. Un pont jeté entre la mémoire et le présent.
Le titre, déjà, sonne comme une maxime gravée sur une guitare de bar : il y a toujours quelqu’un qui fait quelque chose à quelqu’un d’autre. C’est du Springsteen sous amphétamines, du Petty dopé à la colère douce. La voix de Robert Allen a cette patine des types qui ont tout vu — les nuits sans sommeil, les routes poussiéreuses, les promesses de gloire et les lendemains amers. Elle n’essaie pas d’impressionner : elle raconte. Et derrière elle, la guitare grogne, vibre, griffe.
Les riffs se répondent, portés par une section rythmique d’une élégance brute : Steve Holley et Paul Page y posent un groove si organique qu’on pourrait croire à une prise live, quelque part dans un studio enfumé de New York. Et puis il y a Jeff Levine, clavier magicien passé chez Hall & Oates et Joe Cocker, qui fait couler son Moog et son orgue comme du miel brûlant entre les cordes.
Mais ce qui fascine dans ce morceau, c’est cette alchimie entre classicisme et insoumission. DownTown Mystic ne pastiche pas le rock des seventies — il le réactive, l’étire, le polit, sans jamais en trahir l’âme. Le son est ample, presque cinématographique, et pourtant chaque note garde la rugosité d’un club de route, quelque part sur une « Mystic Highway » imaginaire.
Ce single est aussi un manifeste, une déclaration de fidélité à une époque où la musique servait à quelque chose — à résister, à exister. La production, léchée sans être froide, dégage une chaleur quasi analogique. On sent la main d’artisans, de musiciens qui jouent encore « pour de vrai », qui croient encore que trois accords peuvent changer la nuit.
Et derrière cette énergie électrique, il y a une ironie douce : le titre nous rappelle qu’au fond, le monde tourne toujours sur les mêmes mécaniques — le désir, la trahison, la revanche. Mais DownTown Mystic en fait une célébration plutôt qu’une plainte. « Somebody’s Always Doin’ Something 2 Somebody » groove comme une vérité universelle : imparfaite, humaine, et foutrement vivante.
Sur ce morceau, le groupe réussit un petit miracle : faire du neuf avec l’éternel, du mordant avec du vintage, de la rage avec de la tendresse. Ce n’est pas un simple retour du rock, c’est son battement de cœur — celui qui, malgré les décennies et les algorithmes, continue de pulser au fond de nos poitrines.
Un disque à écouter fort, fenêtre ouverte, direction l’inconnu. Parce que tant qu’il y aura des guitares qui crient, quelqu’un, quelque part, fera toujours quelque chose à quelqu’un d’autre.
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octobre 31, 2025Il y a dans You Know Me quelque chose de presque sacré. Une forme d’intimité rare, qu’on ne trouve plus guère dans la musique contemporaine — cette impression que la chanson n’a pas été écrite pour être entendue, mais simplement pour exister. NBP Human, alias le projet du musicien hongrois basé à Budapest, y livre un morceau d’une douceur bouleversante, un souffle d’honnêteté dans un monde saturé de faux-semblants.
Dès les premières mesures, on sent le poids du vécu. Une guitare à la texture chaude, comme un vieux vinyle qu’on ressort d’une étagère, une voix grave et patiente, qui ne cherche pas à séduire mais à dire vrai. L’influence de Leonard Cohen flotte dans l’air — cette manière d’apprivoiser le silence, de murmurer plutôt que de proclamer. Mais là où Cohen sculptait la douleur, NBP Human façonne la tendresse. You Know Me n’est pas un chant d’errance, c’est un retour au foyer.
Il raconte, avec une simplicité désarmante, ce que c’est que d’aimer sans fioriture. On sent que la chanson a été enregistrée d’un souffle, presque par accident — ce que confirme son histoire : un premier enregistrement à l’iPhone, jamais remplacé, conservé pour sa sincérité brute. Et c’est précisément cette imperfection maîtrisée qui en fait sa beauté. Le grain légèrement effrité de la voix, les microsillons numériques de la production, tout participe à une vérité sensible, celle de l’instant capturé.
Zsolt Gyulai, fidèle collaborateur de NBP Human, signe un travail d’orfèvre invisible : le mixage est d’une précision feutrée, préservant la fragilité de la prise originale tout en lui offrant la clarté d’un enregistrement professionnel. C’est du minimalisme au service de l’émotion, pas du style.
Visuellement, le clip — dirigé par l’artiste lui-même — renforce cette atmosphère d’intimité lumineuse. Tourné avec le regard d’un peintre plus que d’un cinéaste, il semble glisser sur le fil du souvenir, entre tendresse et contemplation. Les couleurs sont subtiles, presque sépia, comme un rêve ancien dont on se souviendrait à demi.
Ce qui impressionne le plus, c’est cette capacité à faire du dépouillement une force. Là où tant d’artistes cherchent à orner, NBP Human retire. Il polit le silence jusqu’à le rendre habitable. You Know Me est une confession sans excès, une déclaration d’amour qui ne crie pas son nom, mais qui s’infiltre lentement sous la peau.
C’est un morceau d’humanité pure, au sens noble du terme — celui d’un artiste qui ne triche pas, qui enregistre sa voix comme on écrit une lettre à quelqu’un qu’on aime. Dans un monde où tout se revendique instantanément, You Know Me prend le temps de respirer, d’exister, d’être.
On en ressort apaisé, presque reconnaissant. Comme si, pendant quelques minutes, quelqu’un nous avait murmuré que la beauté, finalement, réside dans la simplicité du vrai.
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octobre 31, 2025Je me souviens du moment exact où Done m’a happé : cette montée de guitare, à la fois lumineuse et rageuse, comme une porte qu’on défonce à mains nues. Ce n’est pas une chanson qu’on écoute, c’est un point de rupture. Grace de Gier y dépose tout — la colère, la peur, la délivrance — et quand le refrain éclate, on sent presque le goût du métal qu’on a mordu trop longtemps.
Grace écrit comme on respire après l’asphyxie. Done n’est pas un simple single pop-rock, c’est un cri de reconquête, un souffle après des années à se taire. Le morceau, porté par la production précise et organique d’Edgar Grimaldos, avance comme une tempête qui se déploie lentement : d’abord un murmure blessé, puis une déclaration de guerre intérieure. Les guitares saturées tracent un champ de bataille, la batterie martèle le rythme d’une délivrance annoncée, et la voix — cette voix, habitée, fiévreuse — traverse le morceau comme une lame chaude dans la glace.
Ce qui frappe, c’est la sincérité. Pas celle, propre, de la pop calibrée, mais celle, brute, d’une artiste qui a trop vécu pour jouer la comédie. On y sent la rage d’une femme qui s’arrache à l’ombre, qui se reconstruit sur ses ruines et refuse désormais toute compromission. “Done” devient alors plus qu’un titre : un mot-monde, un exorcisme.
Grace de Gier ne chante pas pour séduire, mais pour survivre. Sa musique, taillée dans la roche des émotions, porte encore les cicatrices de ses origines : la passion latine, la mélancolie européenne, et cette tension universelle entre la douceur et la déflagration. Elle sait d’où elle vient — de Bogotá, de l’exil, de la solitude — et elle transforme ce poids en force.
Sous les apparats du rock mélodique, Done cache une architecture émotionnelle d’une rare justesse. Chaque son respire, chaque silence pèse. On entend la main d’un artisan derrière le chaos, celle d’un ingénieur du sentiment : Adam Ayan, maître du mastering, qui polit ici le feu sans jamais l’éteindre.
Mais ce n’est pas la technique qui emporte, c’est le courage. Cette façon qu’a Grace de transformer sa vulnérabilité en pouvoir, sa douleur en pulsation. Done parle à toutes celles et ceux qui ont dû dire stop — à une histoire, à un amour, à une version d’eux-mêmes. Et dans son éclat de guitare finale, on croit entendre le bruit discret d’une chaîne qui tombe.
Ce morceau, c’est la catharsis devenue hymne. Un adieu furieux au passé, mais aussi un début : celui d’une artiste qui, enfin, ne demande plus la permission d’exister.
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octobre 31, 2025Atlanta. Une ville moite, traversée par les fantômes du blues et les néons fatigués du rock sudiste. C’est là que Blackfox a façonné Blackfox4, un disque incandescent, épais, gorgé de tension et de fièvre. Le genre d’album qui ne cherche pas à être moderne, mais vivant — viscéralement, nerveusement vivant.
Il y a dans ces morceaux quelque chose de primal et de cérébral à la fois : une guitare qui griffe l’air, une basse qui halète, une batterie qui ne suit pas le rythme mais le provoque. Et au centre, une meute de voix — Stacey Cargal, Andy Gish, Monica Arrington — trois timbres, trois visages, trois manières de raconter la même chose : la lutte entre la lumière et la rouille.
Le disque s’ouvre avec Beaming, morceau d’initiation écrit par Andy Gish. C’est un uppercut lumineux, une morsure sucrée : guitares en survol, voix en lévitation, et cette sensation étrange d’un sourire qui brûle les lèvres. C’est la joie comme une claque — celle d’être encore debout après l’orage. Puis Bring Your Fire surgit, nerveuse et punk, comme un cri qu’on aurait trop longtemps retenu. Les riffs y sont tranchants, presque percussifs, et Monica Arrington y déverse une rage élégante, celle qui précède l’absolution.
Jump accélère encore : new wave aux articulations punk, énergie d’urgence, tension libératrice. On croirait entendre un vieux 45 tours ressuscité dans une ruelle de Detroit. Et puis Goodbye This Time vient ralentir le cœur. Ballade brisée, mélodie splendide, la voix de Monica flotte entre la résignation et le désir, fragile comme une cigarette fumée au bord du vide.
Mais le cœur battant de Blackfox4, c’est Running Out of Danger — une pièce qui se déploie comme une épopée miniature. La batterie y avance à pas de loup, la guitare s’ouvre comme un couloir vers l’inconnu. On y sent l’ombre de Bowie, l’élégance de Nick Cave, la chaleur du sud et la distance des étoiles. Le morceau bascule sans prévenir entre désordre et maîtrise, prouvant que Blackfox n’imite pas ses influences — il les absorbe.
Difficult fait honneur à son nom : long, dense, traversé de crescendos émotionnels, il pourrait sortir d’une session perdue entre Springsteen et Spiritualized. La chanson déploie un dialogue intérieur entre deux êtres ou deux parts de soi, cherchant à se rejoindre sans savoir comment. C’est beau, lent, presque sacré.
Puis vient She Died Inside, bijou d’ironie pop, proche d’un Costello sous amphétamines. Le titre balance entre noirceur et mélodie addictive, entre éclat et fatigue — un de ces morceaux qu’on sifflote en ignorant pourquoi il fait mal. Strangers plonge dans une gravité pink-floydienne, nappes de synthés, guitares spectrales, basse liquide : le morceau s’étire, se suspend, invite à contempler ce qui reste quand tout s’efface.
Et comme pour refermer la boucle, Sacred — le morceau le plus ambitieux du disque. Six minutes d’ascension spirituelle, alternant les signatures rythmiques comme on traverse des états de conscience. Les voix de Monica et Stacey s’y entremêlent jusqu’à ne plus former qu’un seul souffle, fragile, immense. C’est le moment où la matière devient lumière.
Blackfox4 n’est pas un album qui se résume — c’est une expérience. Une tension entre les époques, un dialogue entre la mélancolie des années 80 et la sueur brute du rock organique. C’est un disque plein de cicatrices, mais où chaque entaille laisse passer la lumière.
On pourrait dire que c’est du rock indé, du punk poétique ou du psychédélisme nerveux. Mais en vérité, c’est autre chose : une cartographie du manque, une géologie du feu intérieur.Et dans ce monde où tant de groupes jouent sans brûler, Blackfox rappelle une évidence : le rock, quand il est vrai, ne se joue pas. Il se vit.
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octobre 31, 2025Je me souviens du moment précis où Dark Matter m’a happé. Ce n’était pas une écoute distraite, mais une chute lente, une immersion sans résistance dans une matière sonore dense, presque liquide. Ce disque ne commence pas, il apparaît — comme si Jessi Robertson ouvrait une porte dans le silence et nous invitait à flotter dans son obscurité.
Elle ne raconte pas une histoire : elle s’y dissout. Spooky Action at a Distance donne le ton, ou plutôt la température — celle d’un cœur en suspension. On croit d’abord à une chanson d’amour, mais c’est une théorie physique travestie en confession intime : deux âmes, séparées par l’espace, continuent de se sentir, de vibrer ensemble. Les guitares s’étirent comme des lignes de champ magnétique, la voix s’évapore dans un écho presque animal. On ne sait plus si l’on écoute un morceau ou si l’on traverse une onde.
Puis surgit Shadow War, un duel intérieur mené à voix nue. Il y a quelque chose d’infiniment humain dans cette lutte entre façade et vérité — cette envie d’être comprise sans oser se montrer vraiment. On entend la fatigue, la colère, mais aussi une étrange tendresse envers soi-même. Robertson chante comme on se parle dans le noir, quand plus rien ne nous protège du réel.
In Dreams Awake est un rêve qui a refusé de mourir au réveil. Le morceau plane, suspendu, entre la lucidité et l’abandon. Chaque accord semble respirer à la place de celle qui chante. On y devine une délivrance, discrète mais irréversible : l’artiste cesse d’imiter le monde et commence enfin à l’habiter.
Arrive ensuite The First Law of Thermodynamics, un titre que seul un esprit scientifique et poétique à la fois pouvait concevoir. Rien ne se perd, tout se transforme — même la douleur, surtout la douleur. Elle devient lumière, chaleur, matière. On la sent vibrer dans la guitare nue, dans la voix qui tremble, dans cette pudeur qui ne cache rien.
Avec Einstein-Rosen Bridge, Jessi explore les trous de ver intérieurs — ces raccourcis entre passé et présent, entre peur et compréhension. C’est un morceau d’une beauté clinique, précis et déchirant, où la voix semble surgir de l’autre côté d’un espace-temps intérieur.
Persistent Memory touche à la mémoire, non comme nostalgie, mais comme empreinte : ce qui reste gravé dans la chair quand tout le reste s’efface. Elle chante bas, comme si elle craignait de réveiller ses fantômes. Et pourtant, ils chantent avec elle.
Le virage arrive avec Rogue Star, plus libre, plus affirmé. On la sent sortir du brouillard, prête à s’échapper de son propre système solaire. Sa voix s’affirme, le rythme accélère : ce n’est plus la fuite, c’est la propulsion.
Et quand Object of Desire vient refermer le disque, ce n’est pas une fin, mais une orbite complète. Le désir, ici, n’est plus un manque : c’est une force de gravité. Une façon de tenir encore au monde.
Dark Matter est un album de renaissance par la science et le silence. Jessi Robertson ne chante pas pour séduire ni pour plaire : elle chante pour se recomposer, pour retrouver une cohérence entre le chaos et la clarté. Ce disque est un organisme vivant, plein d’erreurs magnifiques, de tremblements humains, d’intelligence émotionnelle pure.
Écouter Dark Matter, c’est comprendre que la lumière ne vient jamais seule — qu’elle ne prend tout son sens qu’en frôlant l’obscurité. Et dans cet espace intermédiaire, quelque part entre Kate Bush et une étoile mourante, Jessi Robertson vient de créer sa propre galaxie.
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octobre 31, 2025On entre dans Carpe Diem comme dans un cabaret halluciné, mi-route 66, mi-cauchemars bohèmes. Chellcy Reitsma, artiste totale, y distille une poésie sonore où se frôlent le blues, l’alt-rock, la folk et le rêve éveillé. L’album est une traversée, un autoportrait à ciel ouvert, où chaque titre devient un chapitre de survie.
Tout commence avec Chemicals, un morceau fiévreux et magnétique, où la voix de Chellcy caresse et griffe à la fois. Derrière ses accents trip-hop et ses riffs hypnotiques, on entend la dépendance à la vie moderne, ses excès, ses poisons. Elle y chante la confusion douce-amère de nos existences sous perfusion d’émotions, d’écrans, d’adrénaline. Puis vient Happy New Year, un titre qui s’écoute comme une gueule de bois du cœur. Ce n’est pas une célébration, mais une tentative de renaissance : la nouvelle année comme une promesse fragile, une bouteille lancée à la mer.
Avec Artist’s Plight, Chellcy s’adresse à la solitude de la création. Sa voix, trempée dans le whisky et la poussière, plane au-dessus d’un rock minimal, presque confessionnel. On pense à Patti Smith pour la ferveur, à Leonard Cohen pour la gravité. Le morceau titre, Carpe Diem, condense l’esprit de l’album : une invitation à mordre dans la vie, même quand elle a le goût du fer. C’est une chanson de lutte contre la torpeur, un poème debout, aux arpèges lumineux comme un lever de soleil sur les ruines.
Puis vient Rock ’n’ Roll Soul, véritable déflagration d’énergie et d’âme, où les racines rockabilly de Reitsma explosent dans une cavalcade presque spirituelle. Le morceau sonne comme une déclaration d’identité : “Je suis ici pour danser avec mes fantômes.” Every Time et I Ran Away ramènent la tension dans un registre plus intime. La première, remasterisée, déroule une tendresse douloureuse, un amour perdu qu’on fredonne encore en marchant sous la pluie. La seconde, plus sèche, parle de fuite, d’instinct, d’auto-défense émotionnelle.
Rock ’n’ Roll Lover vient refermer la première boucle : la passion comme acte de foi, la scène comme confession. Et parce que Chellcy est autant une peintre qu’une musicienne, elle revisite elle-même ses œuvres — Chemicals, Happy New Year et Carpe Diem reviennent en versions remixées, plus éthérées, presque cosmiques, comme si le temps les avait dissoutes dans un rêve.
Dans Carpe Diem, chaque mot pèse comme une cicatrice, chaque note brille comme un éclat de verre. Chellcy Reitsma ne chante pas pour séduire : elle témoigne. Elle transforme la vulnérabilité en matière première, l’instabilité en art. Sa voix — rugueuse, vivante, charnelle — ne cherche pas la perfection, elle cherche la vérité.
Ce disque est une œuvre rare : à la fois brut et cinématographique, archaïque et futuriste. Il sent la terre et la fumée, mais il regarde vers le ciel. On en sort comme d’un roman de route ou d’une confession sur un vieux canapé : un peu plus lucide, un peu plus libre, un peu plus vivant. Chellcy Reitsma, avec Carpe Diem, ne nous dit pas de profiter de la vie — elle nous apprend à l’habiter.
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octobre 31, 2025Ce n’est pas un morceau qui cherche à briller. Control My Pride avance tête basse, le regard tourné vers l’intérieur, comme un homme qui s’interroge plus qu’il ne s’affirme. Jacob Chacko signe ici une chanson d’introspection, un souffle de lucidité dans un monde saturé d’égo et de faux miroirs. Il ne s’agit pas de se juger, mais de se corriger, de comprendre cette ligne fine entre confiance et vanité — celle qu’on franchit sans même s’en rendre compte.
Dès les premières secondes, le morceau se déploie comme une conversation entre soi et soi. La guitare électrique, feutrée mais nerveuse, pulse avec cette mélancolie contenue propre au rock mélodique. Les percussions, nettes et organiques, gardent la tension au plus juste, tandis que quelques textures électroniques viennent effleurer la composition comme des pensées parasites — celles qu’on chasse d’un revers de main pour continuer à avancer. Il y a là une dualité assumée, une fusion subtile entre l’humain et la machine, entre la rigueur et le lâcher-prise.
La voix de Chacko, elle, porte le morceau comme une confession. Elle n’explose jamais, mais elle gronde doucement, emplie de sincérité et d’humilité. On sent l’homme derrière le micro, celui qui doute mais continue, celui qui cherche le bon mot pour apaiser ses contradictions. Le refrain agit comme un mantra discret, une main posée sur l’épaule : contrôle ton orgueil, reviens sur terre, apprends à écouter.
Ce titre, à première écoute modeste, révèle toute sa richesse à mesure qu’on s’y enfonce. L’arrangement est précis sans être figé — on sent le travail d’un artisan plus que celui d’un ingénieur. Thomas Monaco à la co-production vocale, Talya Gelfand aux chœurs, Les Lovell à la console : tous contribuent à construire cette matière sonore à la fois limpide et dense, à l’image du propos.
Control My Pride n’est pas qu’une chanson sur la sagesse, c’est un exercice d’équilibre entre le cœur et la raison. Chacko ne cherche pas à prêcher, il se questionne avec élégance, et c’est précisément ce doute qui le rend touchant. Dans une époque où le narcissisme s’exhibe en 4K, il ose la retenue, la transparence, la nuance.
C’est peut-être ça, la vraie modernité du rock indépendant aujourd’hui : non pas hurler plus fort que les autres, mais savoir se taire au bon moment, pour mieux laisser la musique parler. Et dans le silence entre deux refrains, Jacob Chacko semble nous rappeler que la grandeur ne se mesure pas à la hauteur du son, mais à la profondeur de la sincérité.
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octobre 31, 2025On entre dans Velvet Bite comme dans un songe électrifié. Pas celui qu’on traverse avec insouciance, mais celui qu’on redoute et qu’on désire à la fois : un rêve où chaque note est une ombre, chaque souffle un doute. Lawrence Timoni, artisan insomniaque du studio berlinois, signe ici un morceau qui ne cherche ni la séduction immédiate ni la facilité — mais la morsure lente, celle qui s’installe, qu’on sent longtemps après.
Sous ses airs de ballade spectrale, Velvet Bite est une protest song en costume de velours, un manifeste contre les fantômes du pouvoir et de la résignation. Timoni s’y érige en conteur lucide d’un monde sous emprise, où les mensonges se glissent dans les câbles et où les écrans remplacent les miroirs. Sa voix, mi-humaine, mi-mécanique, flotte au-dessus d’un tapis d’acoustiques écorchées et de textures digitales fissurées. Chaque son semble provenir d’un espace entre deux mondes : celui des vivants et celui des machines.
On y entend le Berlin des sous-sols — celui des clubs aux murs suintants et des poètes perdus — respirer sous la surface. La guitare y dialogue avec des glitchs électroniques, les chœurs se dissolvent dans des nappes froides, et la rythmique avance à pas feutrés, comme une procession funèbre sous néons. Il y a quelque chose de Radiohead période Amnesiac dans la tension feutrée, de Foals dans l’urgence rythmique, et de Ben Howard dans la manière de laisser les silences parler à la place des mots. Mais Timoni, loin de copier, distille une langue à lui : un mélange de chair et de circuit imprimé, de poésie en apnée et de critique sociale chuchotée.
Ce qu’il appelle lui-même son “ghost protest” n’a rien de métaphorique : dans Velvet Bite, les spectres sont bien réels. Ce sont ceux de la manipulation douce, de la servitude invisible, du capitalisme numérique qui infiltre les âmes. Pourtant, malgré la noirceur du propos, la musique garde une beauté lumineuse, presque mystique. Timoni parvient à faire cohabiter la douleur et la grâce, la résistance et la contemplation. Le titre, enregistré dans la solitude habitée de son studio, semble chargé de la mémoire de Berlin — une ville faite de cicatrices et de renaissances, de luttes et d’utopies.
La production, d’une précision quasi chirurgicale, ne cherche jamais l’effet. Les guitares sont organiques, presque palpables, les basses s’enfoncent comme des racines dans la terre, tandis que les textures électroniques se déploient telles des aurores industrielles. C’est une œuvre qui vit dans les interstices : entre la lumière et l’ombre, entre la peur et la fascination, entre l’humain et le synthétique.
Dans un monde saturé d’images et de faux-semblants, Lawrence Timoni choisit la voie la plus risquée — celle de la lenteur, de l’écoute, de la beauté inquiète. Velvet Bite est à la fois un exorcisme et une caresse : une chanson qui mord sans violence, qui hante sans effrayer, et qui finit par nous laisser face à notre propre reflet.
Dans le miroir sonore qu’il tend, on distingue notre époque — maquillée, connectée, perdue — et cette question qu’il murmure entre deux accords : “Et si les vrais monstres n’étaient pas ceux qu’on croit ?”
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octobre 31, 2025People Just Float est un rituel. Une conversation à voix basse avec les morts, une prière adressée à ceux qui continuent de chanter dans les failles du temps. Steel & Velvet y tisse un dialogue entre passé et présent, entre la ferveur du folk américain et la pudeur d’un artisanat breton, où chaque note devient souffle, chaque silence une confession. On sort de l’écoute comme d’une étreinte un peu trop longue — un peu glacée aussi, mais nécessaire.
Dès Orphan’s Lament, le ton est donné. Reprendre Robbie Basho, c’est oser s’aventurer sur une crête où la musique devient presque mystique. Johann Le Roux chante comme on prie : sans fioritures, avec cette humilité de ceux qui savent que la beauté naît du dépouillement. La guitare de Romuald Ballet-Baz ne l’accompagne pas, elle l’enveloppe, la soutient, la recadre — un fil de lumière tendu au-dessus du vide. C’est une ouverture qui évoque les landes, le vent, la solitude — et déjà, l’ombre du spirituel plane sur le reste du disque.
Puis vient Ring of Fire, que tout le monde croit connaître. Steel & Velvet en fait un tombeau vibrant : le feu n’est plus une passion, mais une braise qui couve dans la gorge. Le duo de guitares, Ballet-Baz et Larreur, déroule une tension feutrée, presque menaçante. Le Roux ne brûle pas, il se consume lentement. Là où Cash rugissait, lui chuchote. C’est un feu intérieur, contenu, presque religieux.
Avec Man in the Long Black Coat, le groupe flirte avec l’ombre. La chanson de Dylan devient ici un film nocturne, un poème d’errance. La voix de Le Roux s’y fait cendre, grave, suspendue entre menace et abandon. La guitare, minimaliste, découpe le silence avec précision. On pense à un western existentialiste, à une route qui ne mène nulle part sinon à soi-même.
Puis Silver — moment de grâce. La fille rejoint le père, et soudain le disque respire autrement. La voix de Jade Le Roux est translucide, presque irréelle, une vibration qui réchauffe le bois froid des guitares. À deux, ils réinventent le morceau des Pixies comme une berceuse fantomatique. Le temps se dilate, le réel s’efface : il ne reste que deux voix suspendues dans un entre-deux poétique. C’est le cœur battant de People Just Float, la jonction entre le charnel et le spirituel, entre le sang et l’éther.
Lake of Fire, lui, rouvre les plaies. C’est la pièce la plus terrienne, la plus rugueuse. On y sent la poussière, la sueur, le feu. La voix de Le Roux, écorchée, se mêle aux guitares comme un cri refoulé. Cette reprise de Curt Kirkwood devient une descente lente, une confrontation avec la chair et le mal. Le titre évoque un enfer tranquille, celui des regrets, des vies brûlées à petit feu.
Enfin In Heaven referme le disque comme un soupir. La chanson de Lynch et Ivers, dans la bouche de Jade Le Roux, se transforme en murmure d’après-monde. Sa voix flotte au-dessus de la guitare de Ballet-Baz comme un souvenir qui ne veut pas mourir. C’est la fin et le recommencement — le moment où la musique cesse d’être un son pour redevenir une sensation, une matière flottante.
Ce qui bouleverse dans People Just Float, c’est cette maîtrise de l’équilibre entre intimité et transcendance. Steel & Velvet ne joue pas la carte du dépouillement pour le style : c’est un geste existentiel, un refus de la surenchère, une quête d’essence. La musique devient ici refuge, seuil, miroir.
On sort de l’écoute un peu tremblant, les sens saturés de silence. Ce disque n’élève pas : il dépose. Il vous laisse sur la rive, un peu plus léger, un peu plus vrai. Les gens, après tout, flottent. Mais Steel & Velvet leur rend une gravité.
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octobre 31, 2025Il y a dans Sjögräs vol.1 quelque chose d’archaïque et de futuriste à la fois, comme si la mémoire elle-même s’était mise à chanter à travers un vieux poste de radio sous-marin. Peter Hägerstrand n’écrit pas des chansons : il reconstitue des fragments d’âme, des paysages oubliés, des visages en noir et blanc qui reprennent couleur à la lumière d’un archet ou d’un accord mineur. Sjögräs — littéralement “algue marine” — s’enroule autour de nous avec la lenteur d’une marée, et l’élégance d’un souvenir qu’on ne veut pas tout à fait comprendre.
L’EP ouvre sur « En björn och en svan », ballade de chambre où les cordes se frottent à une guitare feutrée comme un vieux carnet qu’on feuillette. On y sent la forêt et la nuit, la tendresse du folklore scandinave, mais aussi l’étrangeté d’un monde intérieur. La voix d’Hägerstrand, grave et retenue, agit comme un narrateur à la limite du songe : tout y semble réel et pourtant à demi effacé.
« Aurora », plus lumineux, déploie son éclat comme une aurore boréale électronique. Les arrangements, entre folk orchestral et pop de chambre, rappellent The Divine Comedy ou les envolées raffinées de Nick Drake. Mais il y a surtout ce souffle cinématographique, cette manière d’orchestrer le silence — un art qu’Hägerstrand maîtrise comme un réalisateur du sensible.
Puis vient « Varvsvägen », morceau de route, de terre et de mélancolie. Le rythme s’y fait plus circulaire, presque tribal, porté par des pizzicatos et une basse discrète. C’est un voyage intérieur, celui d’un homme qui rentre chez lui après plusieurs décennies d’exil émotionnel. Le morceau s’épanouit lentement, à la manière d’un film de Tarkovski transposé en musique.
Enfin, « Troll » clôt ce premier volume dans un esprit plus ludique, presque cabaret nordique. On y retrouve la veine narrative chère à Hägerstrand — les contes, les ombres, les visages grotesques des légendes scandinaves. Mais sous la fantaisie, on perçoit la même gravité : celle de l’enfance, du mystère, du sacré.
Ce Sjögräs vol.1 est bien plus qu’un simple avant-goût de la grande œuvre multimédia à venir. C’est un laboratoire de sensations où les racines caréliennes et ålandaises s’enlacent dans un tissage sonore d’une précision incroyable. Entre folk et musique de chambre, entre passé et technologie (cette fibre Nimbror qui reliera deux scènes en simultané), Hägerstrand réinvente la notion de “projet total” — un opéra de la mémoire et du territoire.
Il ne cherche pas à plaire. Il construit des mondes, délicats, presque secrets, où chaque note semble porter la trace d’un hiver ancien. Sjögräs n’est pas un disque à écouter distraitement : c’est une traversée. Une immersion lente, poétique, où la chanson devient un lieu. Et dans ce lieu, quelque part entre la mer et le silence, Hägerstrand nous attend, avec sa guitare, son mystère et la douceur grave de ceux qui savent que la beauté ne fait pas de bruit.
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octobre 31, 2025Joe Brewer revient d’un long hiver intérieur, et ça s’entend. Face For Radio, son deuxième album sous le nom One Man Boycott, déborde de cette tension propre aux survivants : le besoin de crier sans hurler, de transformer la honte en hymne, la chute en refrain. Ce disque, enregistré seul dans un home studio du Devon et sorti sur Super Sick Records, n’a rien d’une renaissance policée — c’est un journal de bord brut, vibrant, pop-punk jusqu’à l’os mais gonflé à la lucidité d’un adulte qui a cessé de se mentir.
Tout commence par Boycott Fans Saved My Life, And Not For The First Time (Intro), une mise en bouche à la fois ironique et tendre — une confession murmurée avant la déflagration. Puis Imposter Syndrome surgit, nerveuse, presque pressée de remettre les pendules à l’heure : guitares à vif, batterie qui pique, et ce refrain qui taille droit dans la poitrine. Brewer n’a pas perdu le sens du hook, mais il l’a chargé d’une urgence nouvelle, celle de quelqu’un qui a vu le fond et s’en sert comme tremplin.
Les titres s’enchaînent comme des chapitres de convalescence : Confidence, adressée à une version de soi restée bloquée dans la peur, sonne comme un SOS déguisé en hymne de stade ; Self Help Pt.2 assume la dérision d’un mec qui sait que les mantras ne suffisent pas, mais continue quand même à se répéter les bons mensonges pour tenir debout. Sur Nevergenetics, on sent l’étincelle — ce moment où le pop-punk se fait thérapeutique, où casser ce qu’on croit inscrit dans son ADN devient un acte de résistance.
La suite s’assombrit. The Alchemist s’enfonce dans les ombres de la dépendance, sans posture, avec une franchise désarmante. Puis Empathy Is Overrated fait claquer des accords 80s sur un ton mi-cynique, mi-sincère — parce qu’il faut bien rire de ce qu’on ne comprend plus.
Et soudain, Optimist Prime. Clôture parfaite. Un titre à la fois naïf et lumineux, comme une main tendue à ceux qui restent dans la tempête. On y entend l’écho d’un homme qui a appris à sourire autrement — pas plus fort, juste mieux.
Brewer a ce talent rare : écrire des chansons à pogo qui parlent d’introspection. Face For Radio est à la fois un exutoire et un retour à la maison. Loin des clichés du pop-punk à casquette, il y injecte une sincérité presque folk, un sens du détail mélodique qui rappelle les premiers Jimmy Eat World, mais aussi l’humilité d’un type qui a passé assez de nuits à douter pour savoir que la victoire, c’est simplement d’être encore là.
Ce disque, c’est le son d’un homme qui recommence à respirer. Et s’il porte le visage d’une radio sans filtre, c’est peut-être parce que, pour la première fois depuis longtemps, Joe Brewer s’écoute vraiment.
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octobre 31, 2025Dans Still A Stranger Here, le nouvel album des Postindustrial Poets, on entend la fatigue d’un homme qui a trop voyagé, trop vu, trop porté. Pete, le capitaine de ce vaisseau luxembourgeois à équipage mouvant, y signe une œuvre qui tient à la fois du carnet de route et du journal de bord intérieur. Le disque n’a rien d’un manifeste, plutôt la confession d’un étranger perpétuel — celui qui, même après des années, reste en transit.
Dès le titre éponyme, le décor est posé : guitare râpeuse, basse moelleuse, voix éraillée, presque usée par le sel du vécu. Le morceau avance à pas feutrés, habité par un groove bluesy que l’on croirait échappé d’un vieux club londonien ou d’un bar paumé de Hambourg. Et pourtant, tout y sonne moderne. L’accident heureux d’un branchement mal fait — une basse passée dans un ampli guitare, saturée par erreur — devient ici la trouvaille d’un son unique, à la fois rugueux et spectral. Une texture qui donne au morceau cette patine “modern retro” si particulière : le grain du passé dans le corps du présent.
On retrouve dans Still A Stranger Here cette tension qui a toujours nourri les grands artisans de la mélancolie : Nick Cave, Tom Waits, Solomon Burke. Mais les Poets ne se contentent pas d’en hériter ; ils en réécrivent les codes à la manière d’un groupe européen qui regarde le blues à travers le prisme du déracinement. La nostalgie n’est plus ici un fardeau, mais une langue — celle de ceux qui ont aimé, perdu, quitté, recommencé.
Le disque navigue entre ombre et lumière : Weeping for the World s’enfonce dans une tristesse presque cinématographique, tandis que I Guess This Thing is Over a la douceur résignée d’un adieu qu’on ne sait pas formuler. Mais ailleurs, la vie reprend. Quelques titres plus légers rappellent que même l’errance peut danser, que l’exil n’exclut pas la joie.
Il y a dans la voix de Pete cette humanité brute qu’on n’entend plus beaucoup. Chaque syllabe pèse son poids de mémoire, chaque silence respire l’entre-deux — ni d’ici, ni de là-bas. Still A Stranger Here parle de frontières invisibles, celles qu’on porte en soi. Et c’est sans doute pour cela que cet album résonne autant : parce qu’il dit avec pudeur ce que beaucoup ressentent sans savoir le nommer.
Un disque d’exil moderne, lucide et plein de cœur, qui fait de l’errance une matière poétique. Les Postindustrial Poets rappellent que le sentiment d’être étranger n’est pas une malédiction, mais un miroir tendu vers notre humanité commune.
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octobre 31, 2025Dans Instead of Making Love (Say Hello), Less rejoue les paradoxes de sa génération avec une lucidité qui tranche sous la surface d’une pop solaire. Derrière ses accords clairs, ses rythmes aux reflets early 2000’s et sa mélodie faussement légère, la jeune artiste napolitaine raconte ce moment où l’amour se retire, mais où la tendresse refuse encore de mourir. Ce n’est pas une rupture, c’est un salut — un dernier éclat de lumière dans le brouillard d’un lien qui se défait.
Il y a dans cette chanson un mélange d’ironie et de pudeur, un sourire qui cache les larmes. Less chante sans surjeu, avec cette voix qui ne cherche pas la perfection mais la justesse, cette diction intime, presque chuchotée, qui semble s’adresser à soi-même autant qu’à l’autre. On sent l’expérience d’une artiste qui a grandi dans le mouvement — de Naples à Fano, de la douleur à la découverte — et qui a transformé chaque détour de vie en matière poétique.
La production, soignée mais sans fioritures, flirte avec la pop introspective des années 2000 : guitares légères, percussions sobres, reverb discrète, tout semble calibré pour faire respirer la voix. On y entend des échos de Michelle Branch, d’une Norah Jones sous Valium, d’une Avril Lavigne apaisée par le temps. Mais Less, elle, ne copie personne : elle joue avec la nostalgie sans s’y perdre, faisant de chaque accord un acte d’émancipation.
L’ironie du titre — Instead of Making Love (Say Hello) — résume à elle seule l’état d’esprit de l’artiste : une lucidité désarmante face à l’érosion du désir, mais aussi la tendresse de celles et ceux qui choisissent la distance sans rancune. Le morceau parle moins d’un adieu que d’un renouveau : dire “hello” au vide, à soi-même, à la prochaine version de l’amour.
On perçoit, derrière la simplicité du texte, une écriture qui s’affine : chaque mot a le poids d’une expérience vécue. Less n’écrit pas pour plaire, mais pour comprendre — et c’est ce qui rend son univers si captivant. La jeune chanteuse confirme ici ce que ses précédents titres laissaient entrevoir : un art en pleine mutation, entre fragilité assumée et conscience grandissante.
Instead of Making Love (Say Hello) est un petit bijou d’équilibre : mélancolique mais lumineux, pop mais sincère, intime mais universel. Une chanson qui parle du désenchantement moderne avec douceur, et qui prouve que parfois, la vraie force consiste simplement à oser dire bonjour au manque.
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octobre 31, 2025Écouter The Journey de Rupert Träxler, c’est comme flotter dans un rêve qui refuse de finir. Un rêve lent, brumeux, tissé de voix humaines et artificielles, de murmures et de silences. Le musicien viennois, seul dans son home studio, s’est offert une odyssée immobile : un voyage vers l’intérieur, là où la mémoire et le désir s’enlacent comme deux ombres.
Ce n’est pas une chanson, c’est un passage — un instant suspendu entre le souffle et l’écho. Träxler, inspiré autant par la grandiloquence émotionnelle de Lady Gaga que par la chaleur d’un rock mélodique, détourne ici ses influences vers un ailleurs plus spectral. The Journey avance sans rythme imposé, porté par une narration à mi-chemin entre la poésie parlée et la méditation sonore. On y entend une voix qui n’est pas tout à fait humaine, doublée de celle du musicien, comme si son esprit dialoguait avec sa propre conscience numérique.
Ce mélange de chair et de code crée une étrangeté fascinante : la tendresse d’un souffle humain contrée par la froide perfection d’une IA. Et dans cet entre-deux, quelque chose se passe — un trouble, une beauté fragile. La musique flotte comme une nappe de brume, ponctuée de cordes discrètes, de réverbérations lumineuses, d’accords de guitare suspendus dans le vide. Rien ne cherche à séduire, tout cherche à exister.
Träxler nous parle du manque, mais sans plainte. Il évoque la nostalgie comme une force tranquille, un appel à ralentir dans un monde saturé de bruit. Le morceau invite à la rêverie, à la dérive volontaire — à cette écoute lente qu’on oublie trop souvent de s’accorder. C’est un morceau qui respire, qui laisse place à l’air, à la distance, à l’invisible.
Ce qui émeut, c’est la sincérité silencieuse du geste. Dans son studio, Träxler a créé un espace de liberté totale, où l’intime devient universel. The Journey est une carte postale envoyée depuis un état d’âme, une lettre adressée à soi-même. Ce n’est pas une destination, mais un élan — celui d’un artiste qui, plutôt que d’expliquer, préfère simplement sentir.
À l’heure où la musique se consomme à toute vitesse, Rupert Träxler propose une œuvre qui se contemple plus qu’elle ne s’écoute. Une traversée lente, méditative, comme une mer intérieure. Et quand le dernier souffle s’éteint, on se surprend à rester immobile, à vouloir encore flotter un peu dans son sillage.
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octobre 31, 2025Virtuose discret mais redoutablement précis, Rupert Träxler navigue entre les styles avec la liberté d’un explorateur sonore. Guitariste, compositeur, chanteur et multi-instrumentiste autrichien, il incarne cette nouvelle génération de musiciens qui ne veulent plus choisir entre la technique et l’instinct, entre la scène et le studio. Après des années à arpenter les clubs et les tournées avec différents groupes, Rupert signe enfin sous son propre nom, porté par un fil conducteur clair : la guitare comme point d’ancrage, le rock comme énergie vitale, et la curiosité comme boussole.
Dans cet entretien, il revient sur ses débuts classiques, son amour pour la fusion des genres — du drum’n’bass heavy rock aux textures jazz —, et son approche sans compromis de la création. Entre humilité et passion, il livre une philosophie de vie aussi simple que percutante : « À la fin, personne ne te remerciera d’avoir fait plaisir aux autres. Fais-toi plaisir d’abord. »
Qui es-tu ?Je m’appelle Rupert Träxler — guitariste, musicien, professeur de guitare et, si l’on veut, multi-instrumentiste. Je chante, je joue du piano, parfois même du violon 😉 — et je fais toute la programmation moi-même. Le tout forme un bel équilibre.
Quel est ton parcours ?J’ai grandi entouré d’instruments — piano, guitare, puis violon. Tout a commencé par la musique classique, mais j’ai toujours voulu jouer de la guitare électrique. Les autres instruments ne m’ont pas freiné, au contraire 😊. Plus tard, j’ai étudié la guitare jazz et exploré de nombreux styles, en jouant et en tournant avec différents groupes.
Comment décrirais-tu ta musique en quelques mots ?Pas facile ! Je voulais sortir quelque chose sous mon propre nom pour la première fois — et m’assurer que tout ne sonne pas pareil. Mais il y a quand même un fil rouge évident : le rock. Qu’il s’agisse du morceau lourd “Darkness”, de la ballade pop-rock “The Journey” ou de ma prochaine sortie “Atmospheres”, il y a toujours des guitares puissantes. J’adore expérimenter avec les grooves — en décembre, je vais même combiner Drum’n’Bass et Heavy Rock. Je suis fasciné par ce type de fusion sonore et par le mélange de voix masculines et féminines.
Quelles sont tes inspirations ?Elles changent sans cesse. Parfois ce sont des rythmes fous ou des sons issus de groupes puissants, parfois des morceaux plus funky ou jazzy qui me poussent à évoluer créativement.
Quelle est ta playlist du moment ?En ce moment, j’écoute Sleep Token, Spiritbox, et quelques titres jazz avec guitare ou trompette — je travaille justement sur ce type de son. Et bien sûr, j’écoute beaucoup ce sur quoi je prépare mes prochaines sorties…
Quel est le plat que tu cuisines le mieux ?Tout ce qui me fait envie ! Mais je suis particulièrement doué pour le grill et le fumage.
Quels sont tes projets à venir ?Je prépare de nouveaux morceaux pour 2026, et en novembre, il y aura enfin une réédition numérique de l’album “Vortex” de mon groupe de fusion QUADRANT4, pour célébrer ses 20 ans.
Peux-tu nous raconter une anecdote sur toi ?Voici une phrase qui me reste toujours en tête : Tu n’es jamais trop vieux pour faire ce qui te rend heureux. À la fin de ta vie, personne ne te remerciera d’avoir fait plaisir aux autres — alors commence par te faire plaisir à toi-même.
Si tu pouvais passer 48 heures avec quelqu’un que tu n’as jamais rencontré, qui serait-ce ?Allan Holdsworth — un véritable génie pour tout guitariste, mais qui n’a jamais vraiment atteint la renommée mondiale qu’il méritait. C’est triste, et révélateur du fonctionnement de l’industrie musicale.C’est l’un de mes héros absolus. J’ai entendu dire qu’il brassait sa propre bière — j’aurais adoré en partager quelques-unes avec lui s’il était encore parmi nous.
Un dernier mot ou conseil ?Ne te plie jamais trop. Un petit compromis, pourquoi pas — mais reste toujours fidèle à toi-même.
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octobre 31, 2025C’est une chanson qui commence comme un compte à rebours. Someday, ouverture du premier album d’Elderly White Man, résonne comme une fissure dans le béton, une lueur tremblante au milieu des ruines. Pas d’espoir naïf, pas de slogan creux — juste cette phrase qui flotte entre résignation et défi, comme un murmure obstiné : un jour. Le morceau semble respirer le dernier air libre d’une démocratie à l’agonie, tout en cherchant dans sa propre ruine un reste de beauté, une vérité qui ne s’efface pas.
Le duo anglo-américain, exilé volontaire au Portugal, signe ici un manifeste sonore d’une précision chirurgicale. Someday s’avance sur des pas lourds, presque militaires : une batterie sèche, des basses grondantes, un riff de guitare qui refuse le confort de la mélodie. Tout semble verrouillé, contrôlé, asphyxié. Et puis, peu à peu, la voix s’élève, fatiguée mais lucide, comme un témoin revenu des ruines. Elle parle moins d’avenir que de survie. Elle chante avec cette retenue qui dit tout, ce ton de ceux qui ont vu le monde basculer sans jamais tout à fait perdre foi en l’humain.
Ce qui fascine dans Someday, c’est sa tension constante entre la rage et la clarté. La production — dense, métallique, presque industrielle — rappelle Nine Inch Nails ou les heures sombres de Depeche Mode, mais l’écriture garde une pudeur typiquement britannique, une élégance du désastre. Elderly White Man ne hurle pas : il observe, il décrit, il sculpte le malaise dans la pierre froide du son. C’est une chanson qui refuse la catharsis, préférant la précision du scalpel à l’explosion du cri.
Mais dans cette rigueur, une émotion affleure. Someday ne se contente pas de dénoncer, il espère — à sa manière. Pas en rêvant de lendemains qui chantent, mais en rappelant que même dans l’effondrement, il reste des gestes de lumière. Un regard, une mémoire, une note tenue plus longtemps qu’elle ne devrait. C’est là, dans ces interstices, que réside sa beauté : une résistance discrète, presque spirituelle.
Le morceau s’achève comme il a commencé, sur une tension suspendue. Rien n’est résolu, rien n’est sauvé. Mais quelque chose persiste — une pulsation, une humanité têtue. Dans ce monde où les empires tombent en silence, Someday agit comme un rappel : le jour viendra peut-être, oui, mais seulement si quelqu’un continue de chanter dans le noir.
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octobre 27, 2025J’ai dansé sur Contre-Corps comme on titube dans une fête trop longue — quand le corps continue malgré l’esprit déjà ailleurs. Gros Cœur signe ici un morceau d’apesanteur électrique, une spirale sonore où la transe psyché s’acoquine avec une pop francophone charnelle et dérangée. C’est moite, dense, irrésistiblement humain. Le groupe a cette manière de faire sonner le chaos comme une fête et la solitude comme une transe partagée.
Tout commence dans une moiteur rêveuse : des guitares liquides, des synthés qui s’étirent comme des mirages, une voix qui semble flotter entre la chair et le vide. Et puis la vague s’élève. La rythmique s’épaissit, les sons s’enlacent, s’entrechoquent. On ne sait plus s’il faut danser, fuir ou se laisser happer. Contre-Corps s’écoute comme un mirage sous stroboscope, une expérience sensorielle où chaque note transperce la peau.
Ce qui fascine chez Gros Cœur, c’est ce don pour la collision : entre le festif et le viscéral, la légèreté pop et la densité psychédélique. On sent l’écho d’un rock français libéré de ses chaînes, quelque part entre La Femme, Moodoïd et les ombres plus hallucinées de Feu! Chatterton. Mais ici, le psyché ne sert pas à décorer — il sert à dévier, à perturber, à explorer la zone trouble où le plaisir se mêle au vertige.
“Contre-Corps” porte bien son nom : c’est une lutte entre la tête et la pulsation, entre la volonté de suivre le rythme et celle de s’en détacher. Un morceau de désynchronisation, au sens noble. On y perçoit cette sensation universelle d’être présent sans l’être vraiment, d’habiter un instant sans s’y reconnaître. C’est cette étrangeté-là que Gros Cœur capture avec une justesse bouleversante.
Le mix d’Adrien Chappelle accentue cette tension entre euphorie et flou. Chaque son semble glisser sous le précédent, créant une texture presque organique, comme une jungle sonore où tout pousse, s’enlace et s’étrangle à la fois. À la fin, la saturation devient libération : le morceau s’effondre sur lui-même en apothéose, entre extase et épuisement.
Gros Cœur signe là une pièce rare, à la fois physique et métaphysique. Contre-Corps n’est pas une chanson, c’est un état : celui d’un monde qui tangue, d’une âme qui vacille, d’un cœur trop grand qui bat à contretemps. Et dans ce déséquilibre somptueux, on retrouve quelque chose d’essentiel : la beauté du vacillement.
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octobre 27, 2025Il y a chez OLAN une façon rare de parler sans mots, de faire vibrer le silence jusqu’à ce qu’il devienne vérité. Passing ne se contente pas d’être un morceau : c’est un souffle, une respiration tenue entre deux mondes — celui des vivants, et celui des souvenirs qui refusent de mourir. Écouter OLAN, c’est entrer dans une chambre où l’air semble plus dense, où la tristesse danse au ralenti, presque belle dans son inachèvement.
La productrice américaine, quelque part entre Björk et Jlin, entre les nappes diaphanes d’une Mira Calix et la transe retenue d’une FKA Twigs, signe ici une méditation électronique sur le passage — au sens le plus brut et spirituel du terme. Le morceau se déploie lentement, comme une prière digitale, une onde en expansion. On sent que chaque son est posé avec une intention fragile, presque rituelle : le battement régulier des basses évoque le cœur qui s’accroche, les textures synthétiques s’élèvent comme des vapeurs d’encens, et la voix, fantomatique, s’infiltre entre les brèches.
Ce qui bouleverse dans Passing, ce n’est pas la mélodie — c’est le vide qu’elle sculpte. OLAN ne cherche pas la catharsis ; elle documente la lente digestion du chagrin. Il y a dans son écriture sonore un geste quasi mystique, une volonté d’explorer le deuil non pas comme une fin, mais comme une forme d’ouverture. Chaque fréquence semble chargée d’un souvenir, chaque vibration une tentative d’atteindre le divin par le biais de la machine.
Son approche évoque une sorte de “liturgie électronique” : un mélange de douceur analogique et de tension cosmique, où les oscillations deviennent des prières codées. On pourrait presque imaginer que Passing a été enregistré dans un temple vide, entre deux battements du monde. Loin de la virtuosité spectaculaire, OLAN offre un minimalisme incandescent, une épure qui dit tout ce que les mots trahiraient.
Il reste, après l’écoute, une étrange sensation de suspension — comme si l’on sortait d’une transe douce, encore enveloppé d’une brume lumineuse. Dans cette liminalité, OLAN confirme ce qu’elle est depuis ses débuts : une architecte du sensible, une tisseuse de sons qui relient le terrestre à l’éthéré. Passing n’est pas un adieu. C’est un passage. Une promesse que la douleur peut, elle aussi, devenir musique.
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octobre 27, 2025Ce morceau sent la pluie, la bière renversée et le bitume encore chaud après minuit. Lost & Found de Psych-O-Positive n’est pas une simple chanson : c’est une errance, une déambulation électrique à travers la gueule de bois émotionnelle qu’on appelle parfois la vie moderne. Tout y est crasseux, saturé, magnifique.
Les guitares entrent comme des néons défectueux : ça grésille, ça claque, ça vacille. Puis la voix surgit, rauque, un peu floue dans sa reverb, comme si elle venait de loin — ou d’un souvenir qu’on essaye d’oublier. On pense aux premiers Arctic Monkeys pour le cynisme urbain, à Nirvana pour le grain du cri, à Fontaines D.C. pour la tension viscérale, mais Psych-O-Positive a cette folie maîtrisée, cette faculté à transformer la dissonance en transcendance.
Techniquement, le morceau repose sur un équilibre périlleux : la guitare sale et tranchante s’oppose à une basse qui rampe, lourde, presque collante, pendant que la batterie pulse comme un cœur malmené par la nicotine et les regrets. Le mixage laisse respirer les imperfections : on entend le souffle, les frottements, la vie. C’est ce genre de rock qui ne cherche pas à être beau — il cherche à être vrai.
Ce qui fascine, c’est le contraste. D’un côté, la rugosité du son, brute, quasi punk dans son refus du poli ; de l’autre, une structure mélodique qui trahit une réelle sensibilité, presque pop, un sens de l’hymne caché derrière le chaos. Lost & Found parle de perdre pied, mais de continuer à danser sur la corde raide.
Le titre résume parfaitement l’essence du morceau : on s’y perd, puis on s’y retrouve, mais jamais tout à fait le même. Psych-O-Positive joue avec cette dualité entre perte et illumination, entre destruction et renaissance. C’est un morceau de bord de gouffre, un cri lucide, un dérapage contrôlé.
Et quand la dernière note s’éteint, il reste ce frisson, ce vide familier qu’on n’éprouve qu’après une nuit trop longue ou un amour trop court. Lost & Found n’essaie pas de nous consoler — il nous tend juste un miroir, sale, tremblant, et nous dit : “regarde, t’es encore debout.”
Psych-O-Positive signe ici une leçon de rock à l’état brut : pas un genre, pas une époque, juste une énergie — celle d’un groupe qui ne joue pas pour plaire, mais pour survivre.
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octobre 27, 2025On ne fait plus beaucoup de morceaux comme Rock and Roll Show. Pas parce que le rock est mort — mais parce que peu osent encore l’aimer sans cynisme. La Need Machine, eux, s’en foutent. Ils rallument l’ampli, posent une bière sur le bord du caisson, et rejouent le mythe sans filtre : celui du riff qui cogne, du refrain qui s’incruste dans le crâne, du public qui transpire sous les spots. C’est brut, c’est généreux, et ça sent la scène plus que le studio.
Le titre démarre avec l’énergie d’un groupe qui a grandi dans les garages trempés de pluie de Seattle. Une guitare crache un motif clair comme une gifle, la batterie entre à la volée, et tout le reste s’embrase. Il y a dans la voix ce grain un peu râpeux, ce sourire à moitié brûlé, qui rappelle les figures du punk mélodique des 90s — un écho à Social Distortion, à The Clash, à tout ce rock de conviction qui ne craignait pas de chanter à la fois la révolte et la fraternité.
Mais derrière l’hommage, La Need Machine injecte une sincérité rare. On sent que Rock and Roll Show n’est pas une posture : c’est une déclaration d’amour. Une façon de dire que le rock, avant d’être un genre, est une manière d’être au monde — bruyante, solidaire, imparfaite. Le morceau est construit comme une montée d’adrénaline : couplets tranchants, break flamboyant, puis ce refrain si simple, si évident, qu’on se surprend à le reprendre sans même s’en rendre compte.
Techniquement, c’est impeccable sans être lisse. Les guitares s’entrechoquent avec un équilibre maîtrisé, la batterie claque avec ce grain de salle live qui manque tant aux productions modernes. L’ensemble respire la sueur, la camaraderie, le plaisir de jouer. Et surtout, il garde cette urgence, cette flamme adolescente que les plus grands groupes ont toujours su préserver, même après la gloire.
Ce que La Need Machine réussit ici, c’est à faire sonner la nostalgie comme une promesse. Rock and Roll Show n’essaie pas de sauver le rock — il le célèbre, le réinvente à l’échelle humaine, à hauteur de guitare. C’est un morceau qui rappelle que le rock, finalement, ne meurt jamais tant qu’il y a quelqu’un pour le jouer fort, le cœur ouvert et les amplis à fond. Et qu’à Seattle, cette vieille magie a encore de beaux soirs devant elle.
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octobre 27, 2025Ce morceau, c’est une claque vernie de rouge. Un doigt d’honneur brandi sous un vitrail. Sister Mary Catherine n’est pas seulement une chanson : c’est une exorcisation mise en guitare, un cri jubilatoire dans la chapelle des bien-pensants. Sarah Durbin, elle, n’écrit pas des chansons : elle déterre des fantômes avec une Telecaster et les fait danser sur leurs tombes.
Tout commence par une tension. Ce riff sec, presque grinçant, qui s’invite comme une gifle dans le silence. On croit d’abord à une blague — un pastiche punk aux airs de Teen Movie — et puis la voix arrive. Claire, acide, pleine de ce charme des filles qui n’ont plus peur d’être en colère. Sarah Durbin chante comme on fume après l’orage : avec un mélange d’épuisement et de jouissance. Derrière la légèreté apparente, il y a cette charge émotionnelle, cette envie furieuse de brûler ce qui reste du carcan.
“Sister Mary Catherine” — cette nonne imaginaire devenue déesse des enfers — n’est qu’un prétexte pour parler du vrai sujet : la culpabilité qu’on nous colle sur la peau quand on est femme, croyante, ou simplement humaine dans une société qui adore punir la liberté. Sarah retourne cette honte comme une mitre à l’envers, fait du blasphème un hymne à la vie. Sa musique respire la colère joyeuse, celle qui libère plus qu’elle ne détruit.
La production évoque le meilleur de l’alt-rock des années 2000 — un croisement entre Garbage, Paramore et la rage théâtrale de St. Vincent. Les guitares se cognent aux murs, la batterie éclate comme un fouet, et la voix, au centre, garde toujours ce fil mélodique impeccable, entre confession et sarcasme. On sent la formation musicale classique sous le vernis punk : Durbin sait composer, elle sait doser. Tout est millimétré pour sembler spontané.
Et puis il y a l’humour. Ce second degré ravageur, ce plaisir de jouer avec les clichés — l’imagerie religieuse, la nonne diabolique, les chœurs gothiques qui semblent sortir d’un vieux film d’horreur des 90s. Mais derrière la parodie, il y a du vrai, du viscéral : l’envie de se réapproprier la narration, de rire de ce qui faisait peur.
Sarah Durbin, avec Sister Mary Catherine, réussit là où beaucoup échouent : transformer la colère en esthétisme, le trauma en pop culture. Ce morceau, c’est la messe noire du désenchantement moderne. Et au fond, c’est peut-être ça, le miracle : danser sur les ruines de son éducation et trouver ça beau.
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octobre 27, 2025Il y a dans Wait a Minute ce genre de rage suspendue qui ne cherche pas à exploser, mais à résonner. Cosmic Madness, alias Mateo, réussit à faire tenir dans trois minutes et des poussières tout le vertige d’une époque qui se regarde en face et ne sait plus très bien si elle doit en rire ou en pleurer. C’est du rock alternatif qui suinte la lucidité, un cri contenu dans une gorge fatiguée, entre le nihilisme et la tendresse.
Le morceau s’ouvre sur une basse grasse, presque organique, qui pulse comme un cœur nerveux. Les guitares entrent ensuite, distordues, oscillant entre le shoegaze et la tension industrielle — un chaos élégant qui évoque autant Nine Inch Nails que Placebo. Mateo y pose sa voix avec une désinvolture mélancolique : non pas un cri, mais une exhalation. On dirait un homme qui parle à haute voix pour ne pas devenir fou.
L’écriture de Wait a Minute n’a rien d’un slogan adolescent. C’est une dissection, un constat lucide sur ce que ça fait de vivre dans une société qui avance plus vite que sa propre conscience. L’ironie du titre — « attends une minute » — résume tout : cette incapacité collective à ralentir, à réfléchir, à simplement respirer dans un monde qui défile sans pause. On y entend le désenchantement doux-amer d’une génération qui, faute de mieux, choisit d’être spectatrice de sa propre absurdité.
Mais Cosmic Madness ne se complaît pas dans le cynisme. Derrière la noirceur, il y a une chaleur, une humanité presque candide. Les breaks de batterie, les textures électroniques qui s’invitent vers la fin du morceau, cette montée industrielle presque apocalyptique — tout cela donne à la chanson une forme d’espoir paradoxal. Comme si dans la confusion, il restait encore un battement, une lumière, un « encore » avant la fin.
Là où d’autres crient leur désespoir, Mateo choisit la subtilité : un rock qui ne joue pas les héros, mais les témoins. Wait a Minute n’essaie pas de sauver le monde ; il le contemple, fasciné et fatigué à la fois. Et cette sincérité-là, nue, presque désabusée, fait toute la beauté du projet Cosmic Madness : un miroir tendu vers notre époque, où le vacarme des guitares se confond avec celui du réel.
Un morceau à écouter seul, la nuit, avec cette impression étrange qu’au fond, la folie cosmique dont il parle, c’est un peu la nôtre.
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octobre 24, 2025My Xmas Song a quelque chose d’aussi fragile qu’un flocon prêt à fondre sur la peau. MYMØSA a eu l’audace d’écrire un chant de Noël sans guirlandes, sans sucre, sans miracle — une chanson pour celles et ceux qui regardent les vitrines sans y voir leur reflet. Un morceau comme un soupir, un geste de tendresse pour les solitaires du mois de décembre.
La voix, presque timide, s’avance sur des arpèges de guitare qui semblent hésiter entre le froid et la chaleur. Ce n’est pas la solitude qu’elle chante, mais l’épuisement d’un cœur qui n’arrive plus à suivre la cadence imposée des fêtes. Tout autour, le décor sonore se tisse dans une lumière trouble : un mélange de reverb neigeuse, de guitares post-rock voilées et de textures électroniques qui s’effritent doucement. MYMØSA sculpte un paysage mental où l’intime devient cathédrale, où chaque silence pèse autant qu’un cri.
Ce qui frappe, c’est l’économie des moyens : pas d’explosion, pas de climax — seulement cette tension sourde, comme un battement qu’on retient. Le morceau s’ouvre comme un souvenir, se déploie en lente dérive, et s’éteint sur une note suspendue. On pense à The National pour la pudeur, à Phoebe Bridgers pour la lucidité, à Cigarettes After Sex pour la texture de la nostalgie. Mais MYMØSA ne copie personne : elle écrit dans une langue du clair-obscur, où la mélancolie devient presque un art de vivre.
Il faut l’écouter tard, quand la ville dort et que les lumières de Noël clignotent dans le vide. My Xmas Song parle de ce moment précis où la fête se dissout, où les rires enregistrés se taisent, et où l’on réalise qu’on n’a pas forcément besoin d’être heureux pour être vivant.
Dans un monde saturé de refrains festifs et de joies plastifiées, MYMØSA offre l’autre versant du miroir : une chanson de Noël pour les âmes en veilleuse, un antidote doux et sincère à la comédie de la joie. Une bulle suspendue entre spleen et grâce, où l’on apprend que la tristesse aussi peut briller.
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octobre 24, 2025On dirait le souvenir d’un jeu vidéo rêvé par un philosophe. Magus Truth n’est pas qu’un morceau — c’est une invocation, une prière cybernétique adressée à l’enfance et à la transcendance. Neural Pantheon, dans son monde de synthèses épiques et de riffs électriques, réussit l’improbable : transformer la nostalgie en tempête.
Dès l’ouverture, on sent le souffle d’un univers en expansion. Les nappes synthétiques s’élèvent comme une brume sur un champ de bataille oublié, et la batterie, sèche et haletante, pose un tempo de marche céleste. Le morceau, inspiré par Chrono Trigger — jeu mythique, légende du pixel et du temps —, emprunte à la narration vidéoludique son sens du drame et de la catharsis. Mais Neural Pantheon ne se contente pas de l’évoquer : il en traduit la charge émotionnelle en matière sonore brute, entre dance-pop dystopique et rock alternatif sous tension.
Les guitares, elles, rugissent comme des portails qui s’ouvrent : saturées, métalliques, presque incandescentes. Elles taillent dans la masse des synthés comme un sabre dans l’éther, dessinant un relief où la mélodie se fait tantôt imploration, tantôt conquête. Et puis il y a cette voix — mi-humaine, mi-machine —, qui récite plus qu’elle ne chante, comme si elle lisait une prophétie oubliée à travers un filtre digital. Elle ne cherche pas la beauté, mais la vérité, celle du titre : Magus Truth.
Le morceau avance comme une transe cosmique, entre les éclats d’un solo spectral et le battement obstiné d’un cœur cybernétique. Ce n’est pas de la nostalgie douce : c’est une mémoire radioactive, une résurrection des émotions de 16 bits à l’ère de la 5G. Neural Pantheon fait dialoguer les époques — le passé pixelisé, le présent saturé, le futur en ruine — dans un seul cri.
On ressort de Magus Truth comme d’un rêve trop intense : le souffle court, le regard un peu ailleurs, avec cette impression étrange que le temps n’est pas une ligne, mais une boucle. Et dans cette boucle, la musique de Neural Pantheon brille comme un glitch sacré — la preuve que même dans le bruit des machines, il reste un peu d’âme.
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octobre 24, 2025Ce morceau a le goût du sang et du vernis. Perfect Skin sonne comme une gifle donnée dans un miroir, un hymne punk à la chirurgie émotionnelle, à ce besoin presque maladif de devenir quelqu’un d’autre pour supporter le reflet qu’on renvoie. Ian McFarland transforme cette obsession moderne en un uppercut sonore, fun, féroce, et un brin pervers — une satire du culte de la perfection, mais jouée avec un tel panache qu’on s’y abandonne, sourire aux lèvres.
Dès les premières secondes, la guitare crache sa vérité. Le fuzz se déploie comme une couche de maquillage mal étalée sur une cicatrice encore vive. La batterie, sèche et nerveuse, pulse à la manière d’un cœur sous adrénaline. On pense aux Wavves ou à FIDLAR, à cette jeunesse désenchantée qui danse sur sa propre fatigue. Mais là où d’autres sombrent dans le chaos, McFarland garde le contrôle : il orchestre le désordre. Chaque riff semble taillé au scalpel, précis dans sa sauvagerie.
Sous le vernis punk, on sent l’ombre d’un artisan méticuleux. Formé à Berklee, nourri à la sueur des clubs new-yorkais, McFarland a ce sens du montage sonore qui trahit son œil de cinéaste. Il ne compose pas une chanson, il met en scène une crise identitaire. Perfect Skin pourrait être le générique d’un film intérieur où le protagoniste s’arrache la peau pour en trouver une meilleure — une métaphore à la fois grotesque et sublime de notre époque obsédée par la surface.
Et puis, il y a l’humour. Ce ton ironique, presque cabotin, qui empêche la noirceur de tout avaler. McFarland rit de sa propre névrose, comme un clown conscient que son maquillage coule. Le morceau danse sur cette frontière : entre lucidité et délire, entre colère et auto-dérision. Ce n’est pas une posture, c’est une pulsion — un exorcisme en trois accords majeurs.
À la fin, il ne reste que l’écho des guitares, comme un bourdonnement dans le crâne après une nuit trop bruyante. Perfect Skin n’essaie pas de réparer quoi que ce soit : il célèbre le chaos, la dissonance, l’imperfection revendiquée comme un acte de liberté. Ian McFarland signe ici un titre viscéral, tranchant, et diablement contagieux — la preuve qu’on peut parler d’identité sans perdre la sueur ni le groove.
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octobre 24, 2025Il y a dans Inside Out ce genre de tension électrique qui précède la métamorphose. On sent que quelque chose s’arrache, que la peau craque pour laisser sortir une version plus brute, plus éclatante de soi. Silent Child signe ici une catharsis moderne, un cri digital et incandescent où le rock, le rap et l’électro fusionnent en un seul organisme — vibrant, instable, magnifique.
Le morceau s’ouvre comme une déclaration de guerre à l’ancien soi : riffs saturés, batterie tonitruante, voix en fusion. Ce n’est pas une simple chanson d’empowerment, c’est une mue sonique. Rodney, alias Silent Child, ne cherche plus à séduire, il cherche à survivre à lui-même. Et cette rage qu’il distille avec une précision chirurgicale, on la sent venir du fond des os — là où se logent les silences qu’on ne sait plus contenir.
Ce qui frappe, c’est l’équilibre fragile qu’il tisse entre chaos et contrôle. Les guitares explosent mais ne débordent jamais, les nappes électroniques se glissent sous les refrains comme des veines de lumière, et la voix, tantôt rageuse, tantôt tremblante, incarne à elle seule cette lutte entre ombre et clarté. On retrouve l’énergie des années 2000 — celle de My Chemical Romance ou de Pierce The Veil — mais projetée dans une dimension cybernétique, nourrie par les ruines du dubstep et la fièvre de l’alternatif contemporain.
Silent Child n’appartient plus à un genre. Il les avale. Il passe de la confession à la combustion, de la fragilité à la fureur. Il parle de se dépouiller, mais tout dans Inside Out évoque la reconstruction : celle d’un être qui refuse le camouflage et embrasse ses fractures. Le morceau devient alors un manifeste — celui des marginaux, des inadaptés, de ceux qui ont longtemps dû se taire avant d’exploser.
On ressort de Inside Out lessivé mais grandi, comme après une tempête intérieure. C’est un titre qui libère autant qu’il blesse, un hymne à la sincérité brutale, à la beauté des cicatrices. Silent Child ne chante pas seulement la renaissance — il la fabrique, note après note, dans un feu qu’on sent encore crépiter après le silence.
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octobre 24, 2025Il existe des morceaux qui ne s’écoutent pas, mais qui s’invoquent. Who But I appartient à cette catégorie rare — celle des chansons qui semblent surgir d’un rituel oublié, entre deux mondes, où le psychédélisme flirte avec la magie noire et où chaque guitare résonne comme un sortilège prononcé sous la lune. Psych-O-Positive ne joue pas du rock : ils convoquent les forces anciennes du son.
Dès les premières secondes, le titre tisse une atmosphère de transe électrique. Une basse hypnotique trace le cercle, la batterie invoque les esprits du tempo, et la voix, incantatoire, s’élève comme un prêche venu d’un autre âge. Tout ici semble appartenir à une mythologie parallèle : celle où Aleister Crowley aurait troqué ses grimoires pour une Telecaster. La production, volontairement brute, capture la tension du moment précis où la folie devient illumination.
Ce qui fascine, c’est cette collision temporelle : Who But I sonne à la fois comme un cri de garage de 1971 et comme une méditation post-moderne sur la transe sonore. Les guitares sont sales, saturées, presque païennes, et pourtant d’une précision mathématique. On pense aux ombres de Led Zeppelin, aux pulsations mystiques de King Gizzard, mais Psych-O-Positive ne copie rien — ils réactivent le feu primitif du rock avec la dévotion d’un ordre secret.
Il y a quelque chose d’ésotérique dans leur manière de construire la tension : ça monte, ça brûle, mais ça ne casse jamais. On frôle le chaos, mais on reste en suspension, sur cette corde tendue entre le sacré et le profane. Et quand le refrain s’ouvre enfin, c’est un déferlement — un mantra incandescent qui explose sans prévenir, avant de retomber dans le silence comme une braise consumée.
Who But I n’est pas une chanson qu’on comprend. C’est une expérience sensorielle, presque mystique, qui rappelle que le rock, dans ses meilleurs jours, n’est pas qu’une affaire de notes : c’est un acte de foi. Psych-O-Positive signe ici une incantation moderne, un pont entre Stonehenge et l’ampli Marshall, entre les dieux anciens et le vacarme du présent.
On en sort un peu étourdi, comme après une cérémonie dont on ne se souvient pas les mots — seulement la vibration.
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octobre 24, 2025Il y a quelque chose d’immensément poétique dans le geste de THE BOY : sortir, des années plus tard, un morceau enregistré seul dans une chambre, comme on exhume un souvenir qui brûle encore. PLAY LOUDER n’est pas seulement une chanson — c’est une relique d’adolescence, un manifeste d’indépendance, un cri discret lancé à travers le temps.
Dans un Japon souvent fasciné par la perfection sonore, THE BOY fait l’inverse. Il célèbre la poussière, l’imperfection, la vibration brute du lo-fi. Tout ici sent la sincérité d’un artisan : guitare qui craque, synthé un peu éraillé, voix captée de trop près. Et pourtant, dans ce chaos assumé, chaque détail est pensé. Le groove à 120 BPM pulse avec une énergie solaire, presque naïve, comme si Beck avait perdu son sampler dans une chambre de Nagoya.
On sent l’ombre d’Odelay dans la texture du morceau, cette manière de mélanger rock, pop et un soupçon de reggae sans jamais s’excuser. Les influences se bousculent — Sting dans la ligne vocale, les Beatles dans la clarté mélodique, un peu de Dylan dans la désinvolture poétique. Mais sous ces couches de références, il y a un ton personnel, celui d’un jeune homme qui s’obstine à croire que la musique doit d’abord être un geste de survie.
THE BOY chante en japonais, mais la langue importe peu : ce qu’il exprime dépasse les mots. PLAY LOUDER devient une philosophie — celle de continuer à jouer, même quand le monde se tait, même quand les portes se ferment. Il transforme sa solitude en moteur, son isolement en signature sonore.
Il y a dans cette chanson la lumière des après-midis passés à bricoler un rêve, casque vissé sur les oreilles, le cœur trop plein pour se taire. C’est le son de quelqu’un qui refuse de se résigner. Un morceau sans cynisme, sans artifice, où le “fait maison” devient une arme de vérité.
Alors oui, PLAY LOUDER — parce qu’à l’heure des algorithmes, jouer plus fort, c’est parfois la seule façon de rester vivant.
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octobre 24, 2025T.I.M. n’entre pas en scène. Il déboule, chemise ouverte, sourire carnassier, riff prêt à éventrer la monotonie du rock trop poli. What Is Wrong & What Is Right n’est pas un titre : c’est une gifle, une secousse d’énergie brute enregistrée dans un garage où la sueur colle encore aux murs. Ce morceau, c’est l’enfant illégitime des Beastie Boys et de No Doubt, nourri à la bière tiède, à la rébellion, et à ce groove de dinosaure que plus personne n’ose assumer.
Adrian Young, batteur légendaire de No Doubt, plaque ici une rythmique d’une efficacité chirurgicale. Ses coups tombent avec la précision d’un métronome qui aurait pris feu : sec, puissant, irrésistible. Le son est organique, rugueux, presque sale — une batterie qui claque comme un fouet sur une route brûlante. Autour, la guitare de John Hayes (Mother’s Finest) injecte des éclats funk dans un mur de son saturé. C’est dans cette tension entre rage et sensualité que T.I.M. trouve sa couleur.
Et puis il y a cette voix. TJ chante comme on provoque, entre désinvolture et arrogance. Il ne raconte pas une histoire : il l’impose, avec un charisme instinctif, brut, presque animal. On croit entendre un type qui n’a rien à prouver mais tout à balancer — un cri contre la tiédeur, contre les formats, contre les refrains en carton. Le morceau pulse comme un cœur en manque de dopamine, nourri à la nostalgie des années 90 mais propulsé par une énergie parfaitement actuelle.
What Is Wrong & What Is Right rappelle que le rock n’est pas mort : il a juste pris le temps de se recharger avant de revenir plus affûté, plus charnel, plus libre. Ce n’est pas un revival, c’est une réinvention. Une collision entre funk, punk et pop, un groove animal empaqueté dans une production redoutablement moderne.
Dans un monde où tout sonne pareil, T.I.M. ne cherche pas à plaire. Il secoue, il mord, il réveille. Et c’est exactement ce qu’on attendait sans le savoir : un rappel que le rock, quand il est fait avec tripes, sueur et instinct, n’a pas besoin d’être expliqué. Il suffit de l’écouter fort. Très fort.
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octobre 24, 2025Chez Paul Schalda, tout semble venir d’un autre temps, mais rien n’y sonne nostalgique. Sa voix, râpeuse et lumineuse à la fois, convoque les fantômes du soul des années 70 tout en les glissant dans un costume moderne, bien taillé, un peu élimé sur les bords. « Can You See Yourself With Me » ne cherche pas à impressionner : il préfère caresser, doucement, avec la sincérité d’un homme qui a beaucoup aimé, beaucoup perdu, et qui continue pourtant d’y croire.
Le morceau s’ouvre comme une promesse. Quelques accords chauds, une batterie qui respire, des cuivres discrets mais pleins de tendresse. On imagine déjà la scène : fin d’après-midi à Dallas, lumière dorée sur les vitres, un air de Allen Toussaint dans les oreilles et ce petit sourire mélancolique qu’on n’explique pas. Schalda chante l’attente, l’espoir un peu timide, la vulnérabilité d’un homme qui demande « et toi, tu me vois aussi ? ». Sa voix — celle d’un type qui a vécu — fend le silence comme un rayon de soleil sur un vieux parquet.
Ce qui frappe, c’est la justesse émotionnelle. Rien d’appuyé, tout coule avec une fluidité désarmante : la soul et le folk s’y enlacent, la mélodie s’épanouit sans forcer. On retrouve l’ADN de Staten Island, ce goût du vrai, du rugueux, allié à la douceur texane qu’il a adoptée. Derrière la simplicité du refrain, il y a l’art de celui qui a compris que les grandes chansons tiennent souvent à une ligne, un souffle, une vérité murmurée.
« Can You See Yourself With Me » flotte comme un souvenir heureux qui refuse de s’éteindre. Une chanson d’amour, oui, mais sans fioritures, sans éclats de vitrine — juste la beauté nue d’un sentiment qu’on ose encore formuler. Schalda y livre un morceau de lui-même, brut, sincère, habité par cette humanité qu’on croyait disparue des radios.
Un slow pour les cœurs cabossés, les rêveurs lucides et les nostalgiques du vrai.
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octobre 24, 2025On entre dans « Fog of War » comme dans une pièce enfumée où la tension flotte plus épaisse que l’air. M. Woodroe, enfant illégitime du noise et du post-rock, livre ici un morceau qui sent la rouille, la sueur et l’électricité statique. Rien d’aimable. Rien de tiède. Seulement cette matière grise et brûlante que les quatre de Brighton transforment en une tempête contrôlée — une rage tenue au bord du cri, comme un poing qui tremble sans se fermer.
Le morceau se déploie lentement, presque à reculons. Une basse râpeuse rampe sous un mur de guitares distordues, des frappes de batterie sèches, claquantes, résonnent comme des coups de matraque dans un tunnel. Et puis cette voix — défaite, haletante, à la fois distante et désespérée — crache des images de guerre mentale, de paranoïa ordinaire, de bruit blanc qui ronge la pensée. On ne sait plus si le conflit est intérieur ou collectif, et c’est tout le génie de M. Woodroe : brouiller les lignes jusqu’à ce qu’on ne distingue plus le monde extérieur de nos propres fractures.
Il y a du Slint dans la lenteur suspendue, du Sonic Youth dans les dissonances assumées, du METZ dans cette urgence presque physique. Mais « Fog of War » ne copie rien : il incarne un climat. Celui d’une génération au bord de l’explosion, coincée entre l’apathie et la révolte, entre le bruit et le silence. Loin d’un simple défouloir, le morceau agit comme une transe — une méditation violente, poisseuse, d’une beauté noire.
On ressort de là sonné, le souffle court, mais étrangement lucide. Comme si, au milieu du vacarme, M. Woodroe avait réussi à mettre en musique ce brouillard mental qui recouvre nos jours : ce mélange de peur, de colère et de lucidité tardive. Un titre qui ne console pas — il réveille.
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octobre 24, 2025Il y a des morceaux qui n’avertissent pas avant de t’écraser. « 地狱高速路 » (“Hell Highway”) du groupe chinois 交易子, c’est une collision frontale entre la rage et la beauté, entre l’urgence punk et l’apesanteur post-rock. Imagine un carambolage entre les Strokes, les early Muse et les guitares cosmiques de Mono, filmé au ralenti, sous la lumière blafarde d’une autoroute nocturne.
Dès l’ouverture, le titre fonce sans frein — les guitares jaillissent comme des phares dans le brouillard, la batterie martèle un tempo cardiaque et la voix, tendue entre colère et extase, déchire le ciel avec la même intensité qu’un cri d’alarme. Ce n’est pas du rock à poser sur une playlist “feel good” : c’est une traversée, un tunnel sonore où chaque note semble chercher la sortie vers la lumière.
À mi-parcours, le morceau bascule — les textures électroniques s’invitent, le chaos s’organise, les riffs deviennent un mur de son presque orchestral. Et puis, vers 3:30, ce solo — un déferlement incandescent, un moment suspendu où tout s’élève avant de retomber dans un fracas sublime. C’est là que 交易子 prouve sa maîtrise : leur violence est pensée, leur désordre, savamment construit.
« 地狱高速路 » parle d’un monde qui file trop vite, d’une jeunesse brûlée par son propre mouvement, d’un enfer pavé d’adrénaline et de néons. Mais sous la fureur, il y a une tendresse cachée — celle de ceux qui continuent à rouler, même quand la route s’effondre.
交易子 n’essaie pas de ressembler à qui que ce soit. Leur son est brut, hybride, viscéral. C’est le bruit du métal qui se tord, mais aussi celui du cœur qui bat trop fort. Une course perdue d’avance, mais magnifique tant qu’elle dure.
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octobre 24, 2025“Time To Party” mord la nuque, plante le tempo dans la colonne, puis refaçonne la pièce comme une manif qui aurait appris la chorégraphie. Pas un simple banger : un dispositif. Le trio londonien mixe électrochocs electro, nerf post-punk, dents d’industrial metal et propulsion DnB pour fabriquer un accélérateur de particules humaines. À l’écoute, le corps comprend avant la tête ; une seconde plus tard, tout le monde court dans la même direction.
La mécanique est redoutable. Grosse caisse au marteau-piqueur, caisse claire chicotée en double-time, charleys pressés façon huile sur tôle chaude : la charpente Drum & Bass ne sert pas de décor, c’est l’ossature. Dessus, un reese grondant strié de phasing racle le bas-médium, pendant que les guitares saturées — harmoniques parasites, palm-mutes qui fument — dressent un mur mouvant quelque part entre la scie de rave et la ferraille indus. Les synthés rasent le cadre, filtres agressifs ouverts/fermés au millimètre, sidechain en apnée maîtrisée ; dans les creux, des amens coupés au scalpel relancent la battue juste quand la sueur menace de réfléchir. Mix lisible malgré la masse : chaque impact tombe compté, chaque silence sert d’élastique.
Au micro, la voix ne quémande pas l’adhésion ; elle l’ordonne avec un grain légèrement cisaillé, compressé serré, delays courts taillés pour la rampe. Les slogans deviennent des gestes, les gestes deviennent des sections : couplets en chasse, pré-refrain qui aspire l’air, drop guillotine, relance au plafond. L’écriture pense le club comme agora : la fête ne camoufle pas, elle catalyse. Héritages assumés (Prodigy pour l’insurrection hédoniste, Pendulum pour la cinétique, Chemical Brothers pour l’art de la texture) mais digérés : pas d’hommage cosplay, une digestion fonctionnelle, utile à la dramaturgie montée/rupture/rebond.
Le morceau tient surtout par son architecture sociale. Ce n’est pas “lève les mains” par réflexe ; c’est “reprends la main” comme protocole. La production maison renforce l’impression de contrôle total : choix de timbres précis, compression parallèle qui serre le torse, sub propre qui reste sage mais implacable, coupe franche dans les fréquences graisseuses. À volume scène, la sensation est quasi cinématographique : travelling sur la foule, plan serré sur l’étincelle, flash de noir, retour plein feu.
Dans l’album Noise Against Tyranny, “Time To Party” coche la case déclencheur : morceau-charnière, calibré pour transformer une salle tiède en bloc conducteur. Pour curateurs : cartouche imparable en ouverture de set ou en reprise d’oxygène nerveux à mi-parcours. Pour clubbers : promesse tenue d’une sueur avec thèse. Londres signe ici un rappel utile : danser reste un acte politique quand le kick tape au bon endroit. Et là, il tape exactement où il faut.
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octobre 24, 2025Pas d’esbroufe ici : une lumière basse, des voix qui s’effritent avec élégance, des guitares comme des veines ouvertes — My Only Fear Remains Unseen se présente en recueil de lettres qu’on n’aurait jamais osé envoyer. Projet conceptuel porté par Hugo Piquer Branco et Ricardo Filipe Bóia, Letters From a Dead Man n’a jamais joué la posture ; il cultive la persistance rétinienne de l’émotion. Cette fois, la trajectoire est assumée jusqu’à l’os : mémoire, mélancolie, échos d’amour — un disque écrit depuis le bord, au moment exact où l’existence se récapitule d’elle-même.
La continuité biographique n’est pas un décor, c’est la colonne vertébrale. Chapter I: Somewhere I Was Lost installait une aridité noble ; Chapter II: The Fear of Letting You Go affinait la tension en balades menaçantes ; Acoustic Sessions révélait l’armature mélodique sous la peau électrique. My Only Fear Remains Unseen condense ces strates en un langage nu, précis, cinématographique : on y entend le folk spectral des débuts, une sensibilité post-rock en apesanteur, un romanticisme sombre qui préfère l’aveu à la grandiloquence.
Deux phares orientent l’écoute. D’abord « Lay Down, My Love », titre qui tient l’équilibre rare entre gravité et apaisement. Guitares en arpèges ciselés, caisse claire parcimonieuse, basse qui respire — le chant avance sans vibrato décoratif, charriant des images plutôt que des slogans. Le refrain ne cherche pas l’explosion : il s’ouvre comme une fenêtre dans une pièce trop longtemps close. Tout est question de proportion, de place laissée au silence, de réverbération courte qui colle au cœur de la phrase.
Puis « Many Days, Many Ways », pièce plus expansive, presque liturgique. Le motif harmonique se déploie par petites variations, la dynamique croît en spirale, des chœurs s’installent comme une houle lente. Le morceau a le sens de la dramaturgie : une montée, un resserrement, un dernier battement — et cette trace qui demeure, exactement là où la plupart des chansons s’éteignent sans mémoire. Le clip prolonge ce souffle (on le devine, tant la musique semble déjà écrite pour l’image), mais le titre se suffit à lui-même : un rituel d’adieu qui garde la tête droite.
Le disque s’écoute comme un journal de fin de jour. Chaque titre fonctionne en « lettre » : confession d’amour, souvenir froissé, rémission fragile. L’écriture choisit la ligne claire plutôt que l’emphase, la précision lexicale plutôt que l’effet. Production au cordeau : grain organique, guitares légèrement râpeuses, pianos en contrechant discret, pads qui ne saturent jamais l’espace. Les influences éventuelles — folk noir, indie à l’os, ombre dream-pop — n’écrasent rien ; elles servent d’horizon de lecture.
On retrouve, par instants, des réminiscences des singles plus anciens : l’élégance désolée de « Goodnight, My Dear (Part I) », la retenue fiévreuse de « Wait for Me », les contours abrasifs d’« Unsafe Shores », la clarté crépusculaire de « When the Lights Go Out ». Ici, tout converge. La rythmique tient l’économie du récit ; les guitares composent un théâtre d’ombres ; les voix racontent sans hurler. L’album honore une intuition : la vulnérabilité gagne toujours à parler doucement.
Ce qui frappe, c’est la façon dont Letters From a Dead Man transforme la mélancolie en architecture. Pas de pathos, une discipline du sensible. La peur « qui demeure invisible » dans le titre n’est pas un gadget poétique ; c’est la donnée métaphysique d’un disque qui regarde la fin — non pour se complaire dans la noirceur, mais pour sauver ce qui peut l’être : l’empreinte du geste, la dignité du souvenir, la beauté de ce qui a brûlé.
Verdict : un album-lettre qui s’adresse à quiconque a déjà aimé jusqu’à perdre la carte. My Only Fear Remains Unseen ne cherche ni l’absolution ni le fracas ; il choisit l’exactitude. Entre la braise et la neige, Letters From a Dead Man signe son disque le plus abouti — un recueil de derniers mots qui, paradoxalement, redonne envie de continuer.
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octobre 24, 2025Rideau tendu, gratte qui gronde en low-tune, caisse claire claque comme une gifle bien placée : “Not Today” débarque en chiens de garde. Pas d’intro complaisante, juste la morsure. Autonym — Leeds/Wakefield, accent acier, cœur braise — signe un court-métrage en stéréo morale : deux voix, deux angles, une seule montée d’adrénaline. Côté “Hunted”, souffle court, riffs en couloir, battue cardiaque programmée par la grosse caisse ; le personnage s’agrippe, veut uniquement sortir vivant du cadre. Côté “Hunter”, même motif, miroir noir : faim d’ordre, lucidité glacée, pulsion qui refuse la rédemption. La chanson ne tranche pas : elle ouvre une blessure narrative et laisse l’auditeur tenir la gaze.
Production serrée et musculeuse. Guitares en empilement granuleux, palm-mutes qui cognent sous la peau, mid-gain strié façon Alter Bridge en sprint, ombre sabbathienne sur les graves, mélodic sense hérité d’un Shinedown buté ; la basse, large, scelle le plancher. Batterie en rouleau compresseur—tom runs qui avalent l’espace, charley serré pour l’étincelle, crashs placés comme des coupures de montage. Le chant avance au couteau : lead rugueux, grain calcaire qui sait passer du croon menaçant à l’écorchure, choeurs compacts en renfort sur les portes d’entrée du refrain. Pas d’over-design : un mix qui respire juste assez pour faire lever le poil.
Le vrai tour de force tient à l’architecture. “Not Today” est écrit comme un duel : couplets en respiration prédateur/proie, pré-refrains qui chargent, refrain-pivot où l’on change de point de vue sans prévenir. Le pont ne sert pas d’ornement, c’est la bascule : syncopes, feu de toms, glissando de lead qui coupe net l’oxygène avant de relancer. Résultat : tension continue, zéro gras, accroche immédiate. Au casque, l’illusion cinématographique est totale — on court, on se retourne, on réagit ; à volume salle, on encaisse.
Pour les programmateurs, c’est une cartouche à rotation évidente : storytelling lisible, énergie “on air”, signature assez personnelle pour sortir du lot face aux clones de grunge tiède. Pour les fans de Black Stone Cherry et Pearl Jam côté colonne vertébrale, pour les enfants de Black Sabbath côté gravité, pour les fidèles d’Alter Bridge côté vélocité mélodique. Et surtout pour celles et ceux qui aiment quand le rock raconte quelque chose avec autre chose que des muscles.
Autonym ne promet pas la victoire ; le groupe promet l’instant où l’on décide de ne pas s’effondrer. “Not Today” n’est pas qu’un titre, c’est une posture. Et quand la dernière coda retombe, une évidence persiste : on vient d’entendre un groupe qui sait transformer le danger en refrain.
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octobre 24, 2025Une tension plane avant même la première attaque de corde : comme un souffle retenu dans le couloir entre la chambre et la porte d’entrée. “Last Ditch Effort” ne cherche pas l’éclat — il installe un clair-obscur, une persistance rétinienne du doute. Au cœur, un riff ouvert baptisé en secret “Joni’s Song”, accordages qui laissent traîner des harmoniques à la manière de Mitchell, cette façon d’ouvrir des fenêtres dans le bois. Autour, Kevin Driscoll bâtit un paysage de fin de cycle où la mélancolie n’est pas une posture mais un moteur.
Le morceau s’avance en strates. D’abord la guitare nylon électrique, grain velouté, attaque souple qui arrondit les transitoires ; puis les drums programmés posent un balancement hypnotique, pas clinquant, terriblement humain — fantômes de caisses claires, charleys chuchotés, kick mat qui creuse un sillon dans le bas du spectre. La voix, traitée avec des effets vocaux signés Jeremiah Johnson, reste frontale sans écraser : doublages feutrés, delay court qui colle au phrasé, micro-saturation sur les crêtes pour faire frissonner la confession. L’ingénierie de Richard Dudley capture la proximité, la table de mixage de Johnson sculpte l’espace : une chambre à taille d’oreille.
Le véritable twist tient dans la section de cuivres. Pas d’emphase big band ; quelques traits graves, une tenue qui sert de colonne vertébrale émotionnelle, des réponses en contrechant qui épaississent la plainte. Résultat : une solennité douce, presque cinématographique, qui fait basculer la chanson du journal intime vers le plan large. La production demeure pourtant minimaliste dans son intention : tout ce qui n’aide pas à raconter est retiré. Ce refus du superflu confère au titre une précision rare — chaque élément devient signifiant.
Sur le plan narratif, “Last Ditch Effort” documente l’instant où l’on est “à court de corde, à court d’espoir, à court d’esprit”, mais où le corps insiste pour une dernière tentative. Le groove épouse cette logique : progression en paliers, refrains qui ne flambent jamais totalement — ils s’ouvrent, gagnent quelques millibars d’air, puis reviennent au point de départ, un peu plus usés, un peu plus vrais. Les accords en open tuning laissent traîner des notes-fantômes, comme si le passé refusait de quitter la pièce.
Références assumées, identité intacte : l’hommage à Joni Mitchell informe l’harmonie, mais Driscoll demeure Driscoll — un artisan du détail, un collectionneur de textures honnêtes. Blues, folk, alternative : les étiquettes s’effleurent sans s’enfermer. Ce qui reste, c’est une sensation : la pulsation d’une âme qui refuse l’ultimatum. “Last Ditch Effort” ne promet pas la réconciliation ; il offre mieux, un cadre pour la tentative. Et parfois, c’est exactement ce qui sauve.
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octobre 24, 2025Une porte grince, l’air se cale, la première corde respire : le titre “Orphan’s Lament” n’entre pas, il s’installe dans vos tympans. La chanson choisit la voie étroite — celle où la tension ne se crie pas, elle se maintient. Pas de grand geste théâtral ; plutôt un fil tendu entre deux silences, et au milieu, cette écriture qui sait faire beaucoup avec presque rien.
Le morceau capte d’abord par l’architecture sonore. Guitare acoustique en relief, bois à nu, attaque au pouce qui arrondit le bas du spectre et laisse courir les harmoniques. Tout indique un accordage ouvert pensé pour la résonance : les cordes frères-sœurs se répondent comme des lucioles. La prise de son colle au corps ; on perçoit le grain de la pièce, un souffle contrôlé, l’espace laissé volontairement aux transitoires. À l’oreille, un travail de ruban ou une émulation chaude efface l’acidité des aigus, tandis qu’une réverb’ courte à chambre sculpte la profondeur sans noyer les contours. Résultat : un plan rapproché permanent, intime, presque tactile.
Au centre, la voix joue le clair-obscur. Timbre franc, vibrato à peine suggéré, diction nette et légrement lyrique : ici on ne joue pas la démonstration, mais la présence. Le placement dans le haut-médium est millimétré : assez d’accroche pour traverser, jamais de dureté. La ligne mélodique préfère l’osmose à l’esbroufe ; pas de hook criard, mais un motif capillaire qui s’infiltre, se répète avec justesse, jusqu’à devenir évident. La dynamique respire en paliers : couplets comme des paliers de décompression, refrains qui n’explosent pas mais s’ouvrent, pareils à une marée qui gagne du terrain sans fracas.
Côté écriture, on retrouve la fidélité de Steel & Velvet à une grammaire folk épurée, héritière d’un classicisme Cash/Lanegan mais actualisée par une discipline du vide. Chaque élément porte un sens : la ligne de guitare de Romuald Ballet-Baz, elle commente ; un contre-chant surgit, repart, laisse un fantôme harmonique ; une note tenue devient colonne vertébrale. L’émotion n’est pas plaquée, elle est organisée. Et c’est précisément cette organisation qui donne son poids à la gravité du titre : pas de pathos, une mélancolie tenue, élégante, qui sait se coucher à même la peau sans mordre à sang.
Écouter “Orphan’s Lament”, c’est accepter une autre vitesse. Ton monde défile à 200 notifications/minute ; ici, une pulsation humaine réapprend le temps long. On ressort avec l’impression qu’un cœur a parlé à hauteur d’oreille — sans hurler, sans mendier l’attention. La folk gagne alors ce qui lui manque souvent aujourd’hui : du nerf, de la nuance, un réel. Steel & Velvet signe un morceau de nuit claire, un lamento sans larmoiement, taillé pour durer longtemps après le dernier souffle de corde.
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octobre 24, 2025Ce morceau m’a attrapé sans prévenir. Une onde douce, presque timide, qui d’abord se faufile, puis t’enveloppe sans que tu saches vraiment comment. Your Way de 1POINT5 n’est pas un cri, ni une promesse. C’est un soupir qui refuse la résignation, un battement de cœur rendu audible sous une peau d’électricité légère.
Le trio belge ne joue pas au groupe de stade. Il joue pour les vivants discrets, ceux qui n’affichent pas leur douleur sur des affiches lumineuses. Mathieu à la guitare, Tatiana à la batterie et Victor au clavier : trois âmes qui semblent s’être trouvées par hasard pour faire naître une musique d’équilibre et d’honnêteté. Le son respire la proximité — cette chaleur imparfaite du home studio où chaque note semble effleurer le plafond avant de retomber sur le plancher. Rien n’est poli, tout est vécu.
Sur le plan sonore, le morceau navigue entre le romantisme spatial de Muse et la lucidité tendre de The Killers, mais avec cette touche de retenue qui appartient aux groupes encore capables de se taire. Le clavier de Victor dessine des halos, la guitare de Mathieu avance en spirales lumineuses, et Tatiana maintient un tempo qui bat comme un cœur rassurant. Le résultat n’a rien d’explosif, c’est au contraire une montée intérieure — un feu lent, un embrasement du dedans.
Ce qui me frappe, c’est la façon dont Your Way redonne un sens au mot « confiance ». Pas une confiance naïve, mais celle qui se construit après la chute, après la fatigue, quand on n’a plus d’autre choix que de s’ouvrir. 1POINT5 ne chante pas la victoire, mais la possibilité d’un appui. La chanson devient presque un geste d’amitié, un espace où la vulnérabilité est non seulement permise, mais célébrée.
Et c’est peut-être ça, la vraie force de 1POINT5 : faire de la pop-rock sans chercher à séduire, en choisissant la justesse plutôt que la performance
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octobre 24, 2025Il y a chez BruceBAn$hee quelque chose d’incontrôlé, d’instinctif — un besoin de casser le cadre, de gratter la peinture jusqu’à ce qu’on voie la chair en dessous. Son nouvel EP, 4th Wall, porte bien son nom : il fait exploser la frontière entre l’artiste et l’auditeur, entre la performance et la confession. Huit morceaux comme des éclats de verre, pris entre trap industrielle, punk électronique et spleen lo-fi. C’est brut, saturé, indomptable — le genre de disque qu’on écoute à 3h du matin, casque vissé, en se demandant si tout ça n’est pas un peu trop vrai.
1. MO$hpit!
Ouverture violente, quasi performative. La basse tremble, les kicks cognent, la voix de BruceBAn$hee surgit comme un cri noyé dans l’écho. C’est un titre de pure énergie : rage, sueur, chaos. Le morceau sonne comme un concert dans une cave où les néons clignotent au rythme des pulsations cardiaques. Il y a du JPEGMAFIA et du XXXTentacion là-dedans — ce rap qui ne cherche pas à séduire mais à déranger.
2. BadLove
Le tempo ralentit, mais la douleur reste. “BadLove” explore la toxicité des relations, entre mélodie triste et 808 étouffés. BruceBAn$hee chante autant qu’il rappe, voix distordue, vulnérable. L’émotion perce à travers l’auto-tune : c’est un cri sous morphine, un amour qui s’effondre au ralenti. L’influence d’emo rap y est claire — on pense à Lil Peep ou à Juice WRLD, mais en plus abrasif, plus punk.
3. CtrlAltDel
Court et nerveux. Une sorte de reboot existentiel. BruceBAn$hee efface tout — souvenirs, erreurs, identité — pour redémarrer sur un fond noir. Les synthés claquent comme des lames numériques, les drums glitchent. C’est la bande-son d’un système émotionnel qui plante. “I had to delete myself to feel again.” Brutal et poétique.
4. Stillsadcobain.
Le titre le plus fort du projet. Une prière murmurée à travers la douleur. BruceBAn$hee invoque Kurt Cobain non pas comme une icône, mais comme un frère d’âme. Les guitares grésillent dans le fond, presque grunge, tandis que la rythmique reste trap. L’artiste parle de désillusion, de dépression, d’un monde où la sincérité devient une arme. “I’m still sad, Cobain — but I’m loud now.” Une confession magnifique et dérangeante.
5. CrazyRaps!
Retour à la folie. Le flow saccadé, les beats chaotiques, l’énergie proche du freestyle. BruceBAn$hee rappe comme s’il exorcisait des démons. Il se moque des codes, des puristes, des haters : “They said I’m crazy — good.” C’est un manifeste pour l’expérimentation, un doigt d’honneur au conformisme.
6. Ride or Die
Une accalmie relative. Le ton devient plus intime, presque romantique. Derrière les distorsions, une vraie tendresse se devine. Le refrain, entêtant, flotte entre trap mélancolique et ballade cyberpunk. Le morceau parle d’attachement, mais aussi de loyauté dans un monde où tout se décompose.
7. SuperGod
L’ego trip comme rituel mystique. BruceBAn$hee s’y érige en divinité glitchée, mi-humain, mi-donnée numérique. “I’m the glitch they tried to worship,” lance-t-il sur un beat brutal. Le morceau, saturé de basses, évoque Death Grips ou Yeezus — un cri de toute-puissance métaphysique, nihiliste et transcendant.
8. PullUp
Clôture incendiaire. Retour à la rue, aux réflexes bruts, aux instincts. Un morceau court, nerveux, qui claque comme un revers. C’est la sortie de scène sans salut : BruceBAn$hee quitte le studio comme on quitte un ring, en laissant derrière lui l’écho de sa colère.
4th Wall est un projet schizophrène, magnifique, incandescent — un cri coincé entre le punk, le trap et la poésie. BruceBAn$hee y déconstruit la persona du rappeur pour en révéler la chair, les failles, la fièvre.Un EP qui ne veut pas plaire : il veut exister. Et ça, c’est déjà révolutionnaire.
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octobre 24, 2025Depuis les hauteurs ocres du Nouveau-Mexique, Blackout Transmission trace une route que peu osent emprunter. Leur nouvel album Twilight & Resonance, sorti le 10 octobre 2025 sur le label Etxe Records, est une odyssée sensorielle : huit morceaux pour arpenter un paysage aride où chaque note semble sculptée par le vent et le silence. Le groupe, désormais loin de la frénésie urbaine de Los Angeles, s’offre un voyage au cœur du désert et de lui-même, entre post-punk atmosphérique et shoegaze halluciné. Ici, la guitare devient mirage, la basse une boussole, et la voix de Christopher Goett agit comme une prière murmurée au crépuscule. La lumière, la poussière, le doute — tout est matière sonore. Le disque entier flotte entre deux états : le rêve et la conscience.
La Tierra Drift
Le disque s’ouvre sur un souffle. Des guitares réverbérées se déploient comme une nappe de chaleur au-dessus du sable. Goett chante “urban murmurs and side-eyes” qui s’effacent derrière “southern bound birdsong”. L’image est belle : l’homme quitte la ville pour retrouver la terre. Tout est lent, hypnotique, et pourtant chargé d’une tension souterraine. On pense à Ocean Rain d’Echo & the Bunnymen, à ces paysages sonores où la mélancolie se dilue dans la lumière.
Ultra Azul
Le morceau le plus psychédélique du disque. Les guitares tournent, se fondent, se renversent dans des tourbillons de delay analogique. La voix se perd dans la réverbération, comme si elle sortait d’une cathédrale engloutie. À mi-parcours, la chanson s’effondre dans un bain de distorsion bleue — un écho marin dans un désert de poussière. C’est le cœur battant de l’album, celui qui fait chavirer le temps.
Ascension (Sangre Skies)
La tension monte. Ici, le groupe retrouve la nervosité post-punk de ses débuts : batterie droite, basse magnétique, guitares qui coupent comme des éclats de verre. Mais au lieu de la colère, c’est une forme d’élévation qui domine. “Rise above the tree-line” répète Goett — un mantra presque politique, un appel à s’extraire de la peur et de la division. La coda finale, lumineuse, évoque un lever de soleil sur les montagnes Sangre de Cristo.
Calantha Dawn
Une accalmie. Tout devient plus aérien, presque ambient. Le morceau se déploie sur des nappes de synthés diaphanes, des guitares en suspension et une batterie à peine perceptible. On y respire. Le titre évoque une floraison à l’aube, fragile et éphémère. Un instant suspendu avant la reprise du voyage.
When the Aspens Turn
L’un des sommets de Twilight & Resonance. La chanson se bâtit sur une mélodie circulaire de guitare, d’une beauté déchirante, traversée de reflets d’or. Tout y parle du changement, de la fin des saisons, de la vie qui continue malgré tout. La production, ample et organique, rappelle le Souvlaki de Slowdive — un espace infini où chaque son respire.
Las Estrellas en Alta
La face la plus mécanique du groupe. Boîtes à rythmes et guitares modulées s’entrelacent dans un mouvement perpétuel, presque krautrock. On pense à Neu! filtré à travers le rêve de Mazzy Star. Les percussions d’Ivey tracent une route hypnotique pendant que les synthés s’étirent vers l’horizon. C’est une chanson de nuit, constellée d’étoiles et d’ombres.
Beyond the Sight Lines (Nubes Oscuras)
Une traversée vers l’invisible. Le morceau flotte entre post-rock et ambient, chaque instrument semblant se dissoudre dans la distance. Les “nubes oscuras” — ces “nuages sombres” — deviennent métaphore : celles des pensées, du doute, du deuil. L’émotion y est brute, contenue dans des silences presque sacrés.
Kairos
Le final parfait. “Kairos”, mot grec pour désigner “le moment juste”, conclut le disque comme une épiphanie. Le rythme, lent et mécanique, évoque le battement d’une machine cosmique. Les guitares s’empilent, la voix double se fait spectrale, et tout finit par se fondre dans un écho infini — celui d’un monde où chaque résonance compte.
Twilight & Resonance est un disque de passage : entre le monde concret et le rêve, entre l’humain et le paysage. Blackout Transmission y fait le pari rare du silence et de la lenteur dans une époque saturée. Un album à écouter les yeux mi-clos, quelque part entre la terre et le ciel, quand le jour s’éteint et que tout devient bleu.
Un disque pour les errants, les contemplatifs, les insomniaques.Un disque où chaque son est une trace de pas sur le sable chaud du crépuscule.
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octobre 24, 2025Il y a des morceaux qu’on sort pour plaire, et d’autres qu’on balance comme une gifle en riant. Canadian Whiskey, le nouveau single de Wattmore, appartient sans conteste à la deuxième catégorie. Sorti le 26 septembre dernier, ce titre est une ode déglinguée à la désinvolture, un hymne country qui s’arme d’ironie et de whisky pour dynamiter le conformisme ambiant.
Le duo australien — deux frères unis par les guitares, les vannes sèches et une allergie chronique à la bienséance — signe ici son morceau le plus provocateur à ce jour. Sur le papier, Canadian Whiskey est une “conventional country drinking song”. En pratique, c’est un cocktail explosif : sarcasme, second degré et riffs qu’on croirait sortis d’un bar de Nashville en plein incendie. Wattmore rit de tout — surtout d’eux-mêmes — et transforme la dérision en art de vivre.
Coécrit avec Allan Caswell, vieux briscard de la scène et autoproclamé hippie gauchiste, le titre se place là où on ne l’attend pas : entre le patriotisme revisité et l’ironie politique. “Ce n’est pas anti-américain”, préviennent-ils, “juste pro tout le reste.” Et effectivement, dans cette liste d’amours liquides — Canada, Mexique, Ukraine, France, Australie — Wattmore invente une géopolitique de comptoir aussi absurde que réjouissante.
Sous la houlette du producteur Lindsay Waddington (LWM House Studios), le groupe transforme la cacophonie en dynamite radiophonique. Les guitares sont maltraitées, les rythmiques débordent, les voix grincent avec cette fausse nonchalance qui n’appartient qu’aux groupes réellement dangereux. Le résultat ? Une chanson qui sent la sciure, la bière renversée et l’insolence assumée.
Wattmore, c’est ce pays imaginaire où le punk enfile des bottes de cowboy et où chaque solo de guitare est une insulte à la bienséance. Depuis Circus Life jusqu’à Romantic Side (classé #3 en radio australienne), les frères ont peaufiné leur formule : un humour noir trempé dans le bourbon, un sens du chaos parfaitement calculé.
Canadian Whiskey est donc un bras d’honneur en trois accords, un rire qui résonne entre les murs d’un bar après la fermeture. Wattmore y célèbre la faute comme un art, l’excès comme une vérité, et l’ivresse comme une philosophie. Bref, “brash, irreverent, fresh, smartarse” comme ils le disent eux-mêmes.
Un shot de Wattmore, ça ne se sirote pas : ça se prend d’un trait, avec un sourire en coin et une étincelle dans le regard.
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octobre 24, 2025Il y a chez Phantom Wave quelque chose d’étrangement familier, comme un souvenir diffus d’un rêve qu’on aurait oublié au réveil. Avec Echoes Unknown, leur troisième album sorti chez Shore Dive Records, le trio new-yorkais — Ian Carpenter, Yanek Che et Rachel Fischer — signe un disque de brume et de lumière, de réverbérations infinies et de mélodies qui se dissolvent dans l’air comme de la poussière dorée. C’est du shoegaze, oui, mais pas celui de la nostalgie : plutôt celui de l’expansion, d’un son qui respire, se tord, se fissure pour mieux s’ouvrir à d’autres horizons.
Enregistré à The Building à Marlboro avec Ryan Dieringer et mixé par Elliott Frazier de Ringo Deathstarr, Echoes Unknown s’impose comme une relecture contemporaine du mur de son. On y entend des fantômes familiers — MBV, Slowdive, Ride — mais traversés par une sensibilité très actuelle, presque cinétique. La voix d’Ian Carpenter flotte à la surface du mix comme une silhouette à travers le brouillard, tandis que la basse de Yanek Che agit comme une ligne de gravité au milieu de la dérive. Rachel Fischer, elle, ne bat pas le rythme : elle sculpte le temps.
L’album s’ouvre sur Echos Unknown, pièce titre et véritable manifeste. Une onde de guitares saturées qui s’élève lentement, gonflée par une tension presque cosmique, avant de s’effondrer dans un halo de distorsion. Splashed enchaîne avec une urgence mélodique presque pop, comme si le groupe cherchait à percer la surface du rêve pour respirer un instant. Puis vient Hologrammer, un morceau d’une beauté abstraite, suspendu entre l’organique et le digital — une balade dans un monde fait de reflets et de souvenirs pixelisés.
Sur Woozy, les textures s’épaississent, les guitares ondulent comme une mer de verre. Breakaway explore la chute libre, la sensation de flotter entre deux dimensions sonores. Collider, lui, joue la collision des mondes : un mélange de pulsations électroniques et de riffs abrasifs, l’équilibre parfait entre chaos et clarté.
Et puis, il y a Wanton — ce morceau que Frazier voulait faire sonner “comme un camion de glace hanté”. Une image qui dit tout : la beauté glacée, la douceur malsaine, le vertige d’un son qui grince mais caresse. Viennent ensuite High Halcyon, rêve suspendu au-dessus d’une ville silencieuse, et Memory Swerver, où la nostalgie se dilate jusqu’à devenir presque physique. Enfin, Sirens ferme le disque sur une note d’éternité : une montée lente, presque céleste, avant la disparition dans le bruit blanc.
Echoes Unknown est une traversée hypnotique. Un paysage sonore mouvant, hanté par les échos d’un passé qu’on ne reconnaît plus. Phantom Wave ne fait pas que regarder ses chaussures : il regarde à travers elles, vers un ailleurs où le bruit devient beauté, et où chaque réverbération semble murmurer le nom d’un souvenir perdu.
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octobre 24, 2025Pulse kick. Pulse kick. Pulse kick. Le battement cardiaque de SONIC, le nouveau single de 9 o’clock Nasty, résonne comme un cri dans la brume. Trois coups de pied dans la monotonie, trois battements pour réveiller les corps ankylosés et rappeler que, dans un monde qui tourne en rond, certains choisissent de courir à contre-courant — jusqu’à se perdre, jusqu’à hurler avec les loups.
Depuis Leicester, le trio le plus féroce du punk anglais revient avec une morsure sonique plus nue, plus viscérale, plus animale que jamais. Pete Brock, Ted Pepper et Sydd Spudd n’ont plus besoin de camouflage : SONIC arrache la peau, dissout les artifices, et expose la chair tendue de leur musique — chaque tendons, chaque nerf, chaque silence vibrant d’une rage contenue.
C’est un titre qui respire l’urgence. La basse claque comme un battement de cœur, la guitare racle le béton, la batterie cogne jusqu’à faire trembler les os. Mais au milieu du vacarme, un espace : un vide où le silence devient presque spirituel. “Sometimes the silence makes the loudest sound,” préviennent-ils — et ici, ce n’est pas une figure de style, c’est une vérité physique.
SONIC est le cinquième extrait de leur prochain album Chaos, un disque dont le nom dit déjà tout. 9 o’clock Nasty y célèbre la dissonance, l’instinct, la désobéissance à tout ce qui rassure. Là où d’autres construisent des refrains, eux bâtissent des secousses. Leur punk n’a plus besoin de colère pour exister : il danse entre les coups, il respire entre les cris, il transforme la laideur en énergie pure.
Et pourtant, sous la crasse et le bruit, il y a une beauté perverse : celle du refus, celle de l’humain qui décide de s’arracher à la routine pour se brûler les ailes. SONIC parle de cette fuite vers le sauvage, du prix de la liberté quand elle rime avec solitude. “The freedom of going feral carries a heavy price,” annoncent-ils — comme une morale inversée, ou peut-être juste une confession lucide.
Sur YouTube, le clip est déjà d’être une claque visuelle : brut, sans filtre, comme un miroir tendu à notre époque saturée. Ce nouveau 9 o’clock Nasty n’a plus besoin de se cacher derrière la provocation : il la transforme en art. SONIC, c’est l’électrochoc du mois d’octobre. Une pulsation primitive dans un monde trop poli. Un cri punk qui danse dans le vide — libre, sauvage, vivant.
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octobre 24, 2025E.G. Phillips ne chante pas les voyages comme les autres. Il les tord, les rêve, les décompose jusqu’à en faire des paraboles poétiques — un peu comme si Tom Waits s’était perdu dans un carnet de mythologie américaine. Dans Nashville Recordings Vol. 3: Travelogues, ce troisième chapitre d’une série déjà culte pour les amateurs de songwriting oblique, le musicien de San Francisco transforme chaque lieu en mirage, chaque souvenir en fable.
Quatre titres seulement, mais chacun comme une escale dans une dimension parallèle. Nevada, d’abord — un désert intérieur plus qu’un État sur la carte. Les accords tournent en boucle, presque rituels, pendant que Phillips murmure sa fuite comme une prière. On imagine un motel vide, un ciel sans fin, une silhouette qui s’efface à mesure qu’elle avance. C’est court, hypnotique, et bouleversant dans son dépouillement.
Puis surgit The Evil Pooh Bear of San Felipe, délire surréaliste et jazzifié où les trompettes évoquent Mingus et les mirages mexicains. Un voyage hallucinatoire entre Baja California et un cartoon cauchemardesque — quelque part entre un rêve de fièvre et un sketch de David Lynch. Phillips y joue avec le grotesque comme un peintre qui sabote volontairement sa toile pour mieux révéler le vrai.
Au centre du disque trône Further Than I’ve Ever Been Before, une sorte d’épopée miniature, ample et contemplative. Le texte évoque un itinéraire mythologique — de la Patagonie à la Mésopotamie — mais la géographie, ici, n’est qu’un prétexte pour sonder l’absence, la perte, la dérive. Les voix s’y fondent dans les guitares, la mélodie s’étire comme une ligne d’horizon incertaine. On pense à un Leonard Cohen de passage dans un aéroport sans nom.
Enfin, Half My Age referme l’album comme on plie une carte après le dernier détour. Un diner du New Hampshire, deux inconnus, du café tiède, un moment suspendu avant de reprendre la route. C’est le morceau le plus long, le plus tendre aussi — celui où l’ironie se tait enfin, laissant place à une douceur fragile, presque timide.
Avec ses Travelogues, E.G. Phillips signe un carnet de voyage mental, un road trip entre la lucidité et la dérision. Le disque n’a rien d’une simple collection de chansons : c’est une traversée du réel par la fiction, un art de l’errance qui transforme les lieux en états d’âme. À mi-chemin entre le jazz d’un cabaret de minuit et la folk des grands espaces, Phillips continue de bâtir, morceau après morceau, un univers à part — quelque part entre la poésie, le cinéma et le surréalisme tendre d’un rêveur américain.
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octobre 24, 2025On dirait que la chanson flotte. Comme un souvenir qu’on n’arrive pas à attraper, un matin de brume sur la côte anglaise. Cotton Wool, le nouveau single de Cal Lynn, ne cherche pas à impressionner. Il se contente de respirer lentement, de se lover dans ses guitares cotonneuses, dans cette douce ivresse où le temps semble s’être arrêté quelque part entre 1973 et une playlist lo-fi d’aujourd’hui.
Originaire du Nord mais installé à Brighton, Cal Lynn a cette manière rare d’écrire le passé comme s’il ne l’avait jamais quitté. Son timbre, légèrement voilé, rappelle les larmes contenues de Lennon, les rêveries fatiguées de Mac DeMarco, les éclats lunaires de T. Rex. Mais chez lui, la nostalgie n’a rien de décoratif : c’est un état d’âme, presque une philosophie. Cotton Wool parle de ces moments où l’on s’enveloppe de douceur pour ne plus rien sentir. Où l’on préfère la chaleur du coton à la brûlure de la vérité.
Le morceau avance comme un somnambule. Une guitare claire, des accords suspendus, un rythme discret, presque fragile. On entend la poussière des seventies mêlée à la mélancolie d’une ère saturée d’écrans. Lynn y sculpte le silence avec la tendresse d’un artisan : il ne plaque pas les sons, il les caresse. La production lo-fi, volontairement texturée, semble trembler sous le poids de ses propres émotions — chaque souffle, chaque frottement de corde devient un battement de cœur.
Mais derrière la douceur, il y a cette tension sourde. Cette impression que tout pourrait s’effondrer à tout moment. Cotton Wool n’est pas seulement une ballade nostalgique : c’est un aveu de fuite. Fuite du réel, des sentiments trop lourds, des visages qu’on préfère ne plus affronter. Et pourtant, en se perdant dans cette ouate sonore, Cal Lynn dit quelque chose de profondément vrai sur notre époque : cette incapacité à vivre pleinement sans s’anesthésier un peu.
Ce titre, c’est la bande-son d’un retour en voiture à 2 h du matin, les phares déchirant la brume, la radio crachotant un vieux vinyle. Entre spleen, douceur et lucidité, Cal Lynn signe un morceau suspendu, aussi fragile qu’un rêve qu’on voudrait retenir au réveil. Un de ces instants rares où la musique ne raconte pas seulement le passé — elle le ressuscite.
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octobre 24, 2025Dans Bend to Break, Brittney Jenkins, alias Pisgah, chante l’instant précis où tout s’effondre — et où, paradoxalement, quelque chose renaît. Ce troisième single, prélude à son prochain album Faultlines, s’écoute comme une tempête retenue trop longtemps : les guitares grondent, les cymbales éclatent, la voix tremble avant d’exploser. C’est une chanson de rupture, bien sûr, mais aussi une chanson de délivrance — celle qu’on ne trouve qu’en renonçant à plaire, à tenir, à se plier.
Originaire du Sud des États-Unis mais installée à Londres depuis presque une décennie, Jenkins transforme son exil en matière première. Son rock a le parfum poussiéreux des routes américaines, mais les contours mélancoliques d’un crépuscule britannique. Elle cite Ryan Adams, Aimee Mann ou Emma Ruth Rundle parmi ses influences — on entend un peu des trois : la tendresse folk, la lucidité acide, et cette noirceur suspendue qui rôde dans les recoins de sa production.
Sur Bend to Break, tout se joue dans la tension. Les guitares s’étirent comme un ciel avant l’orage, prêtes à éclater. Les paroles, elles, oscillent entre la désolation et une forme de soulagement viscéral : “How light the leaving feels and how much heavier the weight that finally pushed you out the door.” Ce n’est pas seulement une chanson sur une séparation, mais sur la lucidité brutale de devoir partir — quitte à briser ce qu’on pensait être soi.
Pisgah écrit avec le regard de quelqu’un qui a longtemps observé le désastre avant d’en comprendre la nécessité. Elle évoque les fractures familiales, la distance qu’on s’impose pour se reconstruire, les silences qu’on apprend à aimer. Derrière sa douceur vocale se cache une forme de courage : celui de regarder la faille et d’y voir, enfin, une sortie.
Produit et masterisé par Dan Duszynski (Jess Williamson, Loma), le morceau sonne comme une confession intime capturée dans une cathédrale d’écho. Chaque accord y respire, chaque frappe de batterie semble résonner dans les os.
Avec Bend to Break, Pisgah confirme ce que son précédent disque laissait déjà entrevoir : une écriture d’une précision émotionnelle rare, quelque part entre le désespoir et la lumière. C’est un morceau pour ceux qui ont déjà tout perdu — et qui savent que c’est parfois le seul moyen de se retrouver.
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octobre 24, 2025Neuf ans ont passé, et pourtant Fools n’a pas pris une ride. Le morceau renaît aujourd’hui dans un monde qui n’a visiblement rien appris — les visages changent, les costumes aussi, mais la corruption reste la même. Social Gravy, groupe californien au romantisme rugueux, ressort cette chanson comme on déterre une preuve. Pas un cri de guerre, mais un soupir lucide : les “fous” ne sont pas ceux qu’on croit.
Né en 2016, au cœur d’une Amérique fiévreuse, Fools est un protest song sans slogan. Le duo — formé autour de Brad Kohn et Vee Bordukov — préfère le désenchantement au pamphlet. Leur rock n’est pas frontal : il avance à pas feutrés, entre la mélancolie des Beatles et la tension électrique de Queens of the Stone Age. Le riff, granuleux mais précis, s’accroche à une basse ronde qui semble contenir toute la frustration du monde moderne.
Ce qui frappe, c’est cette façon qu’a Social Gravy de transformer la colère en élégance. On sent l’amertume, oui, mais aussi une certaine beauté dans le constat — comme si les musiciens avaient troqué la rage punk pour la lucidité d’un vieux sage qui regarde la société tourner en boucle. “Les escrocs sont toujours là”, annoncent-ils dans le communiqué. Et la guitare, elle, grince comme une sonnette d’alarme fatiguée, déjà trop souvent tirée.
Le chant, chaud et détaché, flotte au-dessus d’un décor cinématique : ce n’est plus seulement une chanson, mais presque un travelling sur l’état du monde. On imagine une lumière orangée sur Los Angeles, les reflets d’un coucher de soleil sur les buildings du pouvoir, et dans le fond, ce refrain ironique qui sonne comme une prière désabusée.
Depuis leurs débuts, Social Gravy cultive cet art de la justesse — un pied dans le mainstream, l’autre dans la marge. Leur son est mélodique, accessible, mais jamais complaisant. Fools en est la preuve éclatante : un titre qui tape là où ça fait mal, sans crier. Un morceau à la fois politique et poétique, ancré dans le réel mais tendu vers la lumière, porté par la conviction que la musique, elle, reste peut-être la dernière forme de vérité.
En 2025, Fools sonne comme un miroir : celui d’une humanité qui répète ses erreurs, mais qui continue, malgré tout, à chanter.
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octobre 24, 2025Il faut imaginer Prokofiev, guitare électrique en main, en train de dialoguer avec Steven Pinker sous une lumière blanche de néons. C’est un peu ce que provoque The Great Escape: Famine, le nouveau chapitre du duo polonais Transgalactica — un projet à mi-chemin entre l’expérience de pensée et le manifeste rock, entre la raison et la fièvre.
Composé par Tomasz Bieroń et son fils Filip à Kraków, Famine est la seconde pièce du triptyque The Great Escape, extrait de l’album à venir Onwards and Upwards. Et s’il faut chercher un fil conducteur, c’est celui de la survie humaine : comment, après des millénaires de famine, d’angoisse et de pénurie, l’humanité a fini par s’extraire de la peur du manque. Une idée directement empruntée à Steven Pinker, que le groupe cite presque comme un texte sacré : “Hunger today has been decimated in most of the world…”
Mais Transgalactica n’est pas là pour réciter une thèse. Ils transforment les concepts en sons, les courbes statistiques en mélodies. Tout Famine repose sur quatre motifs issus des concertos pour violon de Prokofiev — des fragments classiques réassemblés comme des circuits neuronaux dans une structure rock progressive. Les guitares se font scalpel, les claviers découpent le silence comme un cortex analytique, tandis que la voix de Lukky Sparxx flotte entre le sermon et la transe.
On sent dans cette musique une ambition rare : celle de faire cohabiter le rationnel et l’émotion brute, la science et la chair. Là où d’autres jouent au rock cérébral, Transgalactica prêche une forme de mysticisme de la raison. Le morceau avance par mouvements — intro, strophes, pont, coda — comme une démonstration d’axiomes en tension. Le solo de guitare final, seul moment totalement original, agit comme une libération : la catharsis après la contrainte, la poésie après le théorème.
Il faut dire que le groupe ne s’inspire pas seulement de Pinker : on retrouve l’écho d’une tradition plus européenne, celle de King Crimson, Camel, Genesis première époque — ces groupes qui voyaient dans la complexité un vecteur d’émotion. Sauf qu’ici, la démesure intellectuelle se double d’un calme méditatif : pas de batterie tonitruante, mais des espaces ouverts, des nappes harmoniques qui invitent à la réflexion autant qu’à l’évasion.
The Great Escape: Famine n’est pas un morceau pour se distraire, c’est une œuvre pour penser en rythme. Transgalactica y rappelle que la musique peut encore dialoguer avec les idées, et que la beauté n’est pas incompatible avec la raison. Dans un monde saturé d’instantanéité, ce duo père-fils fait figure d’exception : un laboratoire sonique où la philosophie se joue à volume fort.
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octobre 24, 2025C’est un morceau qui semble flotter entre deux mondes — entre hier et demain, entre la poussière des routes californiennes et les néons froids d’un futur numérique. Avec James Dean, Satellite Train signe une ode vertigineuse à la liberté, à cette élégance indomptable qui survit à la vitesse, au temps, aux modes. Mais surtout, ils redéfinissent la manière même d’entendre une chanson.
James Dean est un fragment d’univers parallèle. Leur projet The Melbourne Sessions: Multiverse Experience pousse la notion de “mix” à un niveau quasi philosophique — plusieurs versions du même morceau existent, selon la plateforme, selon le casque, selon le monde d’écoute que l’on habite. Apple Music et Spotify deviennent ainsi deux réalités distinctes d’une même œuvre, comme si chaque oreille recevait un James Dean différent : plus rêveur ici, plus viscéral là. Un concept à la fois simple et vertigineux, où la technologie s’incline devant l’émotion.
Et dans ce multivers, James Dean rayonne. La guitare, nappée de reverb, semble tracer des halos de lumière autour d’une batterie qui respire le classic rock à la Tom Petty. La voix, elle, oscille entre la confession et le mythe : un murmure adressé à l’icône, un écho à tous ceux qui brûlent pour ne pas s’éteindre. On croit sentir l’ombre de Dean lui-même glisser sur la route, un fantôme jeune à jamais, moteur au ralenti, cigarette entre les lèvres.
Ce qui frappe ici, c’est l’équilibre entre nostalgie et audace. Satellite Train revisite la légende sans la figer : ils la propulsent dans le futur, la plongent dans une spatialisation Dolby où les sons tournent, vibrent, se déplacent autour de nous comme des souvenirs qui refusent de mourir. La chanson devient expérience — intime, mouvante, vivante.
James Dean n’est pas qu’un hommage ; c’est un miroir. Celui d’une génération qui regarde l’âge d’or du rock avec tendresse, mais qui refuse la muséification. Satellite Train, eux, foncent plein phare dans la modernité, et dans ce mouvement-là, quelque part entre la nostalgie et la déflagration, le mythe respire à nouveau.
Une chanson pour tous ceux qui ont déjà voulu traverser la nuit à toute allure, juste pour sentir que la vie brûle encore.
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octobre 24, 2025Dans la grisaille de Belfast, entre les ruelles trempées de pluie et les studios improvisés au fond des vieilles briques, Serotone dépose une confession électrique. Leur nouveau single, Breathe, arrive comme un soupir retenu trop longtemps, un morceau qui n’exorcise pas la douleur — il l’habite, la traverse, la sublime jusqu’à la rendre presque belle.
Là où leur premier titre Fool’s Paradise crachait son venin grunge avec une colère contenue, Breathe s’ouvre avec une fragilité désarmante. Une guitare claire fend le silence, presque timide, avant que la voix d’Eamon Donnelly ne vienne se poser, entre la retenue et l’effondrement. Il y a dans ce timbre quelque chose de profondément humain, une fissure où l’on reconnaît nos propres vertiges. Puis, tout explose : la batterie s’élance, les riffs s’étirent, et soudain l’air devient respirable à nouveau — comme si la douleur, une fois nommée, trouvait son exutoire dans le vacarme.
Breathe n’est pas seulement une chanson sur la survie : c’est une manière de la pratiquer. La mélancolie se mêle à la ferveur, la peur à la liberté, et l’ensemble trouve une justesse rare. On pense à Nothing But Thieves pour la tension dramatique, à The Smashing Pumpkins pour la densité des guitares, ou à Sam Fender pour cette manière d’écrire la solitude avec la dignité d’un cri.
Ce qui touche profondément, c’est la sincérité du geste. Eamon Donnelly le dit lui-même : ce morceau est un aveu qu’il n’aurait jamais su formuler autrement qu’en musique. Et c’est précisément cette pudeur mise à nu qui rend Breathe si viscéral. On sent le combat intérieur, le poids du silence, mais aussi cette minuscule lueur — cette promesse qu’au bout de la nuit, il y a l’air, le vrai.
Avec Breathe, Serotone s’affirme comme l’un des groupes les plus émotionnellement lucides de la scène alternative irlandaise. Un trio qui ne triche pas, qui transforme le plomb du mal-être en or incandescent, qui compose comme on se confesse.
Le titre s’appelle Breathe, mais c’est bien plus qu’un souffle : c’est un cri retenu depuis des années, un acte de foi envers la vie, même quand elle étouffe.
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octobre 21, 2025Il faut parfois peu de choses pour ranimer la flamme — une mélodie qui s’accroche à l’oreille comme un souvenir d’été, une guitare qui grésille un peu trop fort, une voix qui s’élance vers la lumière sans craindre le ridicule du bonheur. Avec Sun Shines Down, the dt’s réussissent ce tour de force rare : rendre la joie crédible.
Le morceau décolle dès les premières secondes, porté par une batterie vive et des guitares qui scintillent comme des étincelles sur l’asphalte. On pense à la naïveté mélodique de The Lemonheads, à la nervosité pop de Weezer, ou à la clarté euphorique de The Beths. Pourtant, le duo ne joue jamais la carte du revival : il y a dans leur son quelque chose de sincèrement actuel, une lumière sans nostalgie, presque militante. Sun Shines Down n’est pas un simple hymne feel-good — c’est une déclaration de résistance face à la lassitude, un rappel que danser, c’est encore croire à demain.
Ce qui frappe chez the dt’s, c’est cette capacité à mêler la maîtrise et l’instinct. Les harmonies vocales sont millimétrées, les breaks mesurés, les riffs surgissent comme des éclairs précisément placés, mais rien ne sonne calculé. Leur musique respire l’urgence de deux musiciens qui, quelque part dans un garage ou un studio du New Jersey, ont retrouvé la fièvre originelle du rock : jouer fort, jouer vrai, jouer pour tenir debout.
Sous ses allures lumineuses, le morceau porte pourtant une gravité subtile. La ligne “the sun shines down on me again” résonne comme une rémission — un aveu de fatigue déguisé en mantra. Ce n’est pas la fête perpétuelle du rock radio : c’est la clarté après la tempête, la légèreté gagnée à la sueur du doute.
En trois minutes à peine, Sun Shines Down réussit à condenser tout ce que le rock indépendant a de plus nécessaire aujourd’hui : l’optimisme lucide, la tendresse électrique, et cette énergie adolescente qu’on croyait perdue.
Chez the dt’s, le soleil ne brille pas par naïveté, mais parce qu’ils ont appris à survivre dans l’ombre. Et c’est justement ce qui rend leur lumière si rare.
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octobre 21, 2025Il y a dans Every Day’s a Saturday une ironie lumineuse, ce genre de mélancolie sucrée que seuls les bons faiseurs d’indie rock savent rendre dansante. Ian McFarland transforme la routine en hymne, le burn-out en ballade estivale, le désenchantement en feu d’artifice lo-fi. C’est un morceau qui donne envie de rouler sans destination, vitres ouvertes, en chantant trop fort pour oublier qu’on tourne en rond.
Sous son vernis solaire et son refrain de stade (“Every day’s a Saturday when the world’s on fire again”), le morceau cache un regard lucide sur le monde moderne : la joie factice des scrolls infinis, l’épuisement tranquille des corps jeunes, l’envie de se sentir vivant dans un décor qui brûle. McFarland s’amuse à tordre le cliché du cool pour en faire une confession douce-amère. Ses guitares claquent comme des photos Polaroid, ses lignes de basse avancent en pas feutrés, et sa voix — entre le sourire et la lassitude — navigue dans cette zone grise où l’ivresse et la lucidité se frôlent sans se confondre.
Il y a du Strokes dans la désinvolture, du Mac DeMarco dans la nonchalance, mais Ian McFarland garde sa propre touche : un sens du storytelling presque cinématographique. On le sent plus auteur que poseur. Every Day’s a Saturday ne cherche pas à séduire, il capture. L’instant, la répétition, le goût du banal élevé au rang d’émotion.
Ce qu’on retient surtout, c’est cette impression de familiarité troublante : la chanson semble déjà exister quelque part dans nos souvenirs — une soirée d’été, un bar en sous-sol, une cigarette qui s’éteint dans un verre de bière tiède. Et pourtant, tout sonne neuf.
McFarland signe ici une pièce de pop garage déguisée en hymne générationnel, où la fatigue devient groove, et la lucidité, un moteur. Un titre qui se fredonne en boucle, comme un mantra pour survivre à l’époque : si tout s’écroule, autant danser dessus.
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octobre 21, 2025SOUL sonne comme une collision d’époques et d’énergies, une claque à la frontière du rap et du rock, de la rage et de la rédemption. Ce n’est pas une simple collaboration — c’est un carambolage de légendes et d’ascendants, un feu d’artifice de générations qui refusent de choisir entre les riffs d’arène et le flow de bitume.
Le morceau se déploie dans un clair-obscur fascinant : des guitares électriques montent comme une prière hurlée, des batteries cognent avec la précision d’un coup de poing dans la poitrine, pendant que les voix alternent entre fureur et foi. Kevin Rudolf, figure quasi mythologique de l’ère Let It Rock, réinjecte son ADN rock-pop dans un hip-hop contemporain qui n’a rien perdu de son appétit de grandeur. Face à lui, Merkules s’impose en titan d’authenticité : son grain de voix râpe la surface du morceau comme une cicatrice encore chaude. On l’imagine debout dans un halo de fumée, entre les fantômes de Death Row et les refrains d’arène.
Mais SOUL, c’est aussi une affaire de transmission. Di$tinct et 5 Fires y apportent la fraîcheur nerveuse du Canada d’aujourd’hui, ce hip-hop de l’hiver, froid et lucide, mais porté par une chaleur intérieure presque mystique. Leurs interventions sont comme des coups d’accélérateur : elles redessinent les contours d’un morceau déjà immense. On y sent la puissance de la scène indépendante, l’arrogance nécessaire à ceux qui refusent de plier sous le poids des majors.
Ce qui frappe, c’est la précision de la production. Chaque élément a son souffle, sa place. Le morceau semble respirer, se contracter, puis exploser — comme si la basse et les guitares dialoguaient autour d’un même secret : celui de rendre le hip-hop de nouveau charnel. Rien ici ne sonne opportuniste. SOUL ne cherche pas à fusionner les genres, il les réconcilie.
On pense à Post Malone pour le goût de l’épopée, à Kid Cudi pour la noirceur lumineuse, à Eminem pour la théâtralité. Mais Di$tinct et sa clique font mieux : ils construisent un pont entre les icônes et l’avenir, un territoire où l’émotion est brute, sans calcul.
Au fond, SOUL n’est pas un single — c’est une proclamation. Le cri d’une génération qui refuse de choisir entre le feu et la foi. Un morceau qui ne cherche pas à séduire, mais à hanter. Le genre d’hymne qui te suit même après le silence, quand la dernière note s’éteint et qu’il ne reste plus qu’une évidence : la soul, ce n’est pas un genre. C’est un moteur.
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octobre 20, 2025Dans The Feast, Mary Middlefield ne chante pas l’amour — elle le dévore, lentement, avec l’élégance d’un sacrifice consenti. Son morceau a l’allure d’une prière qui s’égare, d’un banquet intérieur où se mêlent la ferveur et la honte, la beauté et la morsure. On y entre comme dans une cathédrale éclairée à la bougie : tout y brûle doucement, jusqu’à la voix elle-même, pure et tremblante, qui se consume sans crier.
Le morceau se déploie dans un clair-obscur saisissant : un piano spectral, des cordes qui frémissent comme un souffle dans une église vide, et cette batterie discrète, presque liturgique, qui rythme l’agonie du désir. Mary ne cherche pas la perfection sonore, mais la justesse émotionnelle — chaque silence semble pesé, chaque crescendo appelle une chute. La production, signée Gwen Buord et magnifiée par le mix d’Alexis Sudan, entoure sa voix d’une aura quasi mystique, à la frontière du sacré et du charnel.
Ce qui frappe, c’est la sincérité brute de sa poésie. “The Feast” évoque cette faim d’être choisie, reconnue, avalée par le regard de l’autre. On y entend la vulnérabilité la plus crue, celle de ceux qui se livrent entièrement, quitte à disparaître dans le processus. Mary Middlefield chante le moment précis où l’amour devient dévotion, où la passion frôle la dépersonnalisation. C’est à la fois romantique et tragique, une offrande et une damnation.
On pense à Weyes Blood pour l’ampleur mystique, à PJ Harvey pour la tension viscérale, à Florence Welch pour l’héroïsme fragile. Mais Mary, elle, sculpte son propre espace, quelque part entre l’éther et le réel, entre la scène et l’intime. On sent dans sa voix la mémoire du théâtre, du silence avant la note, du geste juste avant la chute.
The Feast n’est pas une simple chanson d’amour — c’est une cérémonie. Une liturgie de la perte, une eucharistie profane où la tendresse devient une arme blanche. Mary Middlefield ne supplie pas, elle offre. Et quand la dernière note s’éteint, on reste là, hébété, pris dans le vertige de sa sincérité. Rarement une artiste aura si bien transformé la douleur en beauté, la soumission en transcendance.
Avec The Feast, Mary signe un chef-d’œuvre suspendu, un requiem pour les cœurs affamés — et prouve, une fois encore, qu’on peut écrire sur l’amour comme on écrirait sur la foi : avec le sang encore chaud.
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octobre 20, 2025Ce morceau donne l’impression d’assister à une métamorphose en direct — une coulée de lumière qui se tord dans la matière sonore avant d’éclater en cascade. Waterfalls n’est pas une chanson, c’est un lâcher-prise, une prière murmurée à l’eau qui nettoie tout sans jamais s’excuser. Blooming Fire y signe une œuvre hybride, entre transe psychédélique et manifeste spirituel, quelque part entre les élans d’un Alt-J mystique et les pulsations telluriques d’un Massive Attack sous acide doux.
La première écoute est trompeuse : tout semble simple, fluide, comme une respiration en apnée. Mais à mesure que les nappes s’épaississent, une tension affleure, un frisson souterrain qui rappelle que la pureté est toujours violente à atteindre. Les voix, mi-charnelles mi-célestes, glissent sur une production dense, chargée d’éléments organiques et électroniques. C’est comme si la nature s’invitait dans la machine, un peu comme si Björk avait laissé tomber son volcan pour nager dans une rivière de néons.
Le texte, sans donner de leçon, fait l’effet d’un mantra : “let it go” — mais ici, l’abandon n’a rien d’un renoncement. Il s’agit d’un retour, d’une réconciliation avec le chaos. On sent que le groupe — éco-conscient jusque dans sa fibre sonore — ne prêche pas un idéal mystique, mais une guérison terrestre. La musique devient alors un écosystème à part entière : percussions tribales, basse pulsée comme un cœur en méditation, guitares liquides, synthés qui scintillent comme des insectes au crépuscule.
Ce qui impressionne, c’est la maîtrise du contraste : tout est à la fois minimal et foisonnant, introspectif et collectif. Waterfalls respire la communauté, le rituel partagé, la transe douce des corps en éveil. Et pourtant, au centre de cette effervescence, subsiste une solitude lumineuse — celle de celui qui apprend enfin à ne plus lutter contre le courant.
Blooming Fire, avec cette pièce, ne cherche pas à faire danser le monde : il le réaccorde. Waterfalls n’est pas un single à écouter, c’est une expérience à traverser — une immersion dans la matière sonore de la résilience. À la fin, on ressort plus calme, un peu changé, comme après une pluie d’été : trempé, mais vivant.
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octobre 16, 2025Il y a dans TeenageAngst cette fureur adolescente qu’on croyait disparue, cette brûlure que rien n’apaise, pas même les années ou la lucidité. BruceBan$hee en fait son carburant, son poison et sa délivrance. Ce n’est pas un EP, c’est une décharge électrique, une montée d’adrénaline pure, un cri coincé entre les dents. On y retrouve l’énergie d’un gamin enfermé dans sa chambre, qui balance son cœur contre les murs pour voir s’il bat encore.
Dès Finger Food, tout explose. Deux minutes d’uppercuts sonores où les riffs déchirent l’air comme des lames. Ce n’est pas poli, pas mixé pour la radio : c’est brut, nerveux, sauvage. BruceBan$hee rappe et hurle à la fois, comme si chaque syllabe devait lui coûter un morceau d’âme. La tension ne redescend jamais, elle se transforme. WooHoo! surgit ensuite, pur chaos euphorique, pogo digital entre punk et trap. On a envie de sauter partout, de rire, de pleurer, de tout casser avec lui.
Mais c’est dans Dark Woods que le vernis craque : les ombres s’épaississent, le tempo ralentit, la voix devient spectrale. On dirait un cauchemar raconté les yeux ouverts, un moment suspendu entre rage et effondrement. BruceBan$hee y étire le silence, le malaxe, le rend presque beau.
Et puis, sans prévenir, Snow California éclaire l’horizon : un paradoxe givre et soleil, un mirage de jeunesse dorée qui se fissure sous la réalité. L’artiste y peint le rêve américain comme une plage en plastique, magnifique et fausse. FML (Blunts n Gold) relance la tempête, mélange d’hédonisme et de désenchantement : le genre de morceau qu’on écoute à fond à 3h du matin, en jurant qu’on s’en fout alors qu’on meurt un peu.
Puis arrive StrawBerry Blues, plus tendre, presque sucré. L’angoisse s’y dissout dans une langueur douce, un spleen rose bonbon. On sent l’influence de Mac Miller, mais dans une version plus lo-fi, plus punk sentimental. KIDS! reprend les armes : un hymne à la survie, à la désinvolture tragique. “On est jeunes, on est paumés, mais au moins on brûle ensemble”, semble dire chaque note.
La dernière pièce, Without You, laisse un goût de sel sur la langue. C’est la gueule de bois de l’âme, le moment où la fête s’éteint et qu’on se retrouve seul avec ses fantômes.
BruceBan$hee recrée la bande-son d’une génération qui avance dans la nuit avec le feu dans les veines. Teenage Angst est une œuvre courte mais totale, un car crash émotionnel entre Nirvana et Lil Peep, entre l’envie de mourir et celle de vivre trop fort. C’est une morsure, une chute libre, un baiser sur le bitume.
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octobre 16, 2025Le morceau débute comme une confession à mi-voix dans un bar à moitié vide, un soir de pluie où même le comptoir semble fatigué. Une guitare râpe le silence, une batterie secoue la poussière du quotidien, et la voix de Phil Roman entre, rugueuse, humaine, sans fard. Piggy Bank Blues n’est pas un cri de colère ni un chant de lamentation. C’est un blues de survie, un souffle chaud dans le froid du mois, une manière de dire “je tiens encore debout” quand tout autour vacille.
Blues Corner n’imite pas le blues, il le ressuscite dans le présent. Le duo formé par Phil et Seb Oroval ne joue pas pour le prestige ni la nostalgie : il joue pour le besoin vital de dire, pour cette nécessité instinctive de traduire la vie en sons. Leur musique vient du ventre, pas du musée. Elle parle de dettes qu’on ne remboursera jamais, d’usines intérieures qui tournent en continu, d’amitiés solides comme les riffs qui les portent. Piggy Bank Blues, avec son tempo fauve et ses guitares qui grincent comme des nerfs à vif, trace une ligne droite entre la tradition de Chicago et le chaos contemporain des existences modernes.
Dans cette chanson, tout respire la vérité du studio : la chaleur du bois, la sueur du jeu, la tension du micro qui capture plus que des notes — un état d’âme. Fred Chapellier et Marco Cinelli y déposent leur savoir-faire sans jamais trahir l’essence : un blues nu, vibrant, presque animal. On pourrait presque voir les musiciens jouer, serrés dans une pièce trop petite, les regards croisés, les doigts trempés de sincérité.
Roman, revenu d’une carrière rangée pour plonger dans la déraison du son, chante comme un homme qui a vu passer la tempête et qui en garde le goût sur la langue. Oroval, lui, joue comme s’il cherchait à apprivoiser le tonnerre. Ensemble, ils font du blues une matière vivante, brûlante, qui n’appartient à personne mais parle à tous.
Piggy Bank Blues ne cherche pas à consoler. Il accompagne, il porte, il rappelle que même au fond du trou, le rythme continue, que le corps trouve toujours une façon de battre la mesure. Le blues de Blues Corner ne regarde pas le passé avec nostalgie : il marche vers l’avenir, les mains sales et le cœur ouvert, persuadé que tant qu’on a un groove, on n’est jamais tout à fait perdu.
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octobre 16, 2025Il y a dans Arm Wrestling Jesus cette urgence animale, cette jubilation brute qu’on retrouve rarement aujourd’hui, quand la musique ne cherche pas à plaire mais à vivre. Nashville Phil ne compose pas des chansons, il crache des éclats de vie. Son nouveau morceau est un fragment incandescent de rockabilly halluciné, à la croisée du punk et de la prière, un duel en sueur entre la chair et le sacré. Cent secondes seulement, mais un siècle condensé d’énergie, de désillusion et d’ironie céleste.
Tout commence dans un grondement. Une batterie qui claque comme un portail de grange, une contrebasse qui galope, une pedal steel qui brûle au soleil, et cette guitare télécaster – nerveuse, tranchante, comme si elle voulait ouvrir le ciel à coups d’accords. Phil entre en scène non pas pour chanter mais pour éructer, déclamer, trahir l’idée même de mesure. Il y a dans sa voix un éclat de rire qui a vu la mort, une sincérité qui ne cherche plus la beauté mais la vérité nue, même quand elle gratte, même quand elle pue le cambouis.
Le morceau parle d’un homme – ou peut-être de tous les hommes – qui ose défier Dieu. Pas pour le renier, non. Pour voir s’il est encore là, quelque part, dans le vacarme. Ce bras de fer avec le divin n’est pas une provocation, mais une danse. Une danse avec la foi, avec le doute, avec le ridicule même. Et c’est précisément là que réside la grandeur du titre : dans ce mélange improbable de rage, d’humour et de lucidité.
On sent l’ombre des Ramones, l’esprit d’Eddie Cochran, la poussière d’Oklahoma. Mais Phil n’imite personne. Il s’en fout des genres, des catégories, des algorithmes. Son rock, c’est celui des marges, des cabarets poisseux et des cœurs cabossés. Un rock d’après la fin du monde, où la seule vérité qu’il reste, c’est celle qu’on hurle les yeux fermés.
Et quand le morceau s’achève, abruptement, comme s’il s’était lui-même épuisé, il laisse un silence épais derrière lui. Un silence plein de rires, de doutes, de ciel et de poussière. Arm Wrestling Jesus n’est pas un single, c’est une morsure, un ex-voto électrique pour les vivants. Nashville Phil n’a pas besoin de couronne ni de royaume. Il a trouvé son salut dans le vacarme — et bordel, ça fait du bien.
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octobre 15, 2025On imagine Dave Macleod, quelque part dans un appartement londonien aux murs trop proches, gratouillant une guitare usée sous la lumière bleutée d’un après-midi pluvieux. Stay Inside, le premier EP de son projet trainboy, sonne comme une chambre qui respire encore la fumée froide des nuits blanches et le parfum tenace des souvenirs qui refusent de partir. Tout ici semble né d’un désordre beau, celui des émotions mal rangées, des amours trop tendres pour être dites, des jours qui s’effilochent dans la lumière grise de Kentish Town.
La chanson titre, Stay Inside, est une miniature parfaite. Deux minutes et vingt secondes de fragilité maîtrisée, où la voix de Dave flotte comme une buée sur une vitre. Ce n’est pas une injonction mais une confession : rester à l’intérieur, c’est peut-être la seule façon de ne pas se dissoudre dans la foule. L’intimité y devient une forme de résistance douce, un cocon contre la vitesse du monde.
Puis vient Handbags, chanson faussement anodine, à la manière des Velvet Underground époque Sunday Morning, qui transforme les gestes banals du quotidien en métaphores d’un désenchantement élégant. Green Tea, plus vaporeuse, glisse sur une ligne de basse nonchalante et un riff cyclique, évoquant les rêveries brumeuses d’un matin sans urgence. C’est la chanson qui te donne envie d’ouvrir la fenêtre juste pour écouter la pluie tomber sur les toits, cigarette à la main, sans rien attendre.
Rollercoaster change de ton : un up-tempo délicatement désaccordé, l’énergie d’un cœur qui bat plus fort qu’il ne le devrait. On y retrouve cette vibe 90’s à la Lemonheads, entre euphorie et lucidité, comme si trainboy nous rappelait que la mélancolie peut aussi danser. Next To Me ramène la lumière : un morceau suspendu, presque amoureux, où la voix s’effrite en même temps qu’elle caresse.
Et puis Rescue You ferme le rideau comme une berceuse post-rock minimaliste, un adieu sans drame, où la guitare semble murmurer « c’est bon, on peut s’aimer doucement maintenant ». On y sent l’écho de DIIV, Wet Leg, voire English Teacher, ces groupes qui savent habiller l’ennui de velours sonore et faire de la simplicité un manifeste.
Stay Inside n’essaie jamais d’en mettre plein la vue — et c’est précisément ce qui le rend précieux. Trainboy s’y tient à hauteur d’homme, sans effets de manche ni promesses tapageuses. C’est un disque de proximité, qui parle bas pour qu’on tende l’oreille, qui n’offre pas de certitudes mais des paysages intérieurs où se perdre un peu.
Un premier EP comme un carnet oublié sur une table de café, couvert de ratures et de fulgurances. Trainboy ne cherche pas à séduire : il observe, il confesse, il se tait. Et dans ce silence-là, tout devient musique.
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octobre 15, 2025Certains artistes écrivent pour exorciser. Fiona Amaka, elle, écrit pour exister — pleinement, sans détour, comme si chaque mot devait la réconcilier avec le monde. Honesty (Psalm 139) est un éclat d’âme, un geste de foi rendu presque charnel. On y entend la voix d’une femme qui n’a plus peur de se regarder dans le miroir, d’y voir ses failles et ses fulgurances, d’y lire ce lien mystérieux entre le doute et la grâce.
La chanson, d’une limpidité désarmante, s’ouvre comme une respiration. Guitare acoustique, cordes suspendues, espace autour de la voix : tout est pensé pour laisser l’émotion se déployer sans filtre. Fiona ne chante pas Dieu comme une entité lointaine, mais comme une présence intime, celle qui chuchote quand tout s’effondre. Et derrière cette sérénité, il y a une architecture subtile, une précision de l’écriture mélodique qui trahit une oreille exigeante. Le travail du producteur Andy Zanini, tout en nuances, épouse la clarté de sa voix sans jamais la dominer, tandis que le mixage de Los Angeles par Eric Sanicola lui offre cet éclat fragile, presque diaphane, qui flotte entre folk et soft rock.
Mais ce qui fascine surtout, c’est cette capacité à faire cohabiter la transcendance et le quotidien. Fiona Amaka chante la foi avec la même langue qu’elle utilise pour parler d’amour, de trahison ou de solitude — comme si l’intime et le spirituel étaient deux rivières qui finissaient toujours par se rejoindre. Dans ses inflexions, dans la manière dont sa voix tremble puis se redresse, on devine la mémoire de ses précédents morceaux : la blessure de No Daylight, la tendresse maladroite de Wingman, la lucidité de Different. Ici, tout semble avoir trouvé son point d’équilibre.
Honesty (Psalm 139), c’est un psaume moderne, écrit non pas pour le ciel mais pour l’humain, pour celui ou celle qui vacille. Un titre lumineux sans être naïf, qui préfère l’aveu à la perfection. En écoutant Fiona, on comprend que la foi — qu’elle soit religieuse, amoureuse ou artistique — n’est pas une réponse, mais une question à laquelle on accepte enfin de ne plus mentir.
Ce morceau est une offrande à la fois douce et radicale : une chanson qui ne cherche pas à convertir, mais à consoler. Et dans sa sincérité, dans cette manière d’allier humilité et intensité, Fiona Amaka atteint ce que bien des artistes poursuivent toute leur vie — une forme de vérité nue, chantée avec la voix tremblante d’une lumière qui sait d’où elle vient.
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octobre 15, 2025C’est un disque qui sent le sel, la rouille et le larsen. Homeworks de RedLight n’a pas été conçu dans un laboratoire numérique ou une cabine aseptisée. On devine les murs qui transpirent, la table de mixage qui grésille, la guitare qu’on réaccorde entre deux prises. C’est un album qui respire l’huile de coude et la sincérité — une œuvre artisanale, née dans les collines du Rove, quelque part entre la mer et la fureur.
RedLight, c’est un quatuor marseillais qui avance à contre-courant depuis près de vingt ans. Dapé, Londres, Guy et Seb ne cherchent pas la modernité : ils la réinventent à partir des éclats du passé. Leur musique porte les stigmates d’une adolescence bercée par Pearl Jam et The Cure, mais ils la tordent, la dépoussièrent, la saturent jusqu’à lui rendre sa chair. Dans Homeworks, on entend le rock se débattre avec lui-même, tiraillé entre la mélodie et la rage, l’intime et le collectif, l’élan et le souvenir.
Hold On ouvre le disque comme une gifle bienveillante — un cri d’endurance, une morsure de guitare qui plante le décor : celui d’un rock qui ne lâche pas, même quand le monde s’effondre autour. Puis As Always s’invite avec sa nostalgie dorée, presque amoureuse, un refrain qui semble flotter au-dessus des toits d’une ville endormie. Idea of Mine, plus court, pulse comme une étincelle, brutale et sans détour, un morceau d’instinct pur qui rappelle que le groupe sait encore écrire des hymnes.
Mais la beauté du disque, elle, se niche dans les interstices : Like the Poet où Londres chante avec la fragilité d’un type qui n’a plus peur d’être tendre, Lonely Dog qui rampe dans la mélancolie sans jamais s’y noyer, ou Spiderbed and a Crime, morceau-monstre où la guitare semble saigner sous le poids du silence. Et puis, soudain, Les dérives, en français — une claque douce, presque chuchotée, comme si RedLight osait enfin se regarder dans le miroir.
L’album se clôt sur Turn Around, ballade de sortie au goût de réconciliation, comme si le groupe signait un pacte avec lui-même : continuer, encore, parce que le feu brûle toujours.
Homeworks n’est pas un simple retour du rock, c’est une réappropriation. Une façon de prouver que ce genre, souvent jugé moribond, peut encore battre s’il est fait avec des mains calleuses et des cœurs vulnérables. Chez RedLight, l’électricité n’est pas une posture : c’est une pulsation vitale, une manière de rester debout face au vacarme du monde. Ce disque, c’est du travail à la main, à la foi, au souffle. Et il nous rappelle une vérité essentielle : le rock n’a jamais eu besoin d’artifice, seulement d’âmes qui osent se brûler.
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octobre 12, 2025Tout se joue dans un souffle, celui qui précède la rupture et qu’on retient par peur d’entendre le mot de trop. A Young Girl’s Heart, c’est ce moment suspendu, la dernière confession avant le silence. Max Ceddo y met tout ce qu’il reste d’amour dans la gorge d’un homme qui s’apprête à laisser partir ce qu’il chérit le plus. C’est une chanson écrite à la frontière entre tendresse et désespoir, là où les guitares deviennent des nerfs à vif et la voix, une main qui tremble encore d’avoir trop tenu.
Dès les premières secondes, le morceau s’impose par une élégance fragile. Une ligne de guitare claire, presque timide, trace la mélodie comme une cicatrice lumineuse sur fond de crépuscule. Puis la batterie s’invite doucement, soutenant un tempo qui semble battre au rythme du cœur de celui qui parle. La voix, elle, est pure, sans fioriture, oscillant entre le murmure et la confession, comme si Max Ceddo refusait d’enjoliver la douleur. On y sent l’influence du songwriting anglais des années 90 – un peu de Travis, un soupçon de The Sundays – mais avec la sincérité contemporaine d’un groupe new-yorkais qui a cessé de vouloir impressionner pour simplement ressentir.
Ce qui bouleverse, c’est cette pudeur. Rien n’est crié, tout est contenu. L’émotion circule à travers les interstices : le souffle du chanteur entre deux phrases, le glissement du médiator sur une corde, les secondes suspendues avant le dernier refrain. A Young Girl’s Heart ne cherche pas à réparer. Elle contemple les ruines, avec douceur. On y sent le poids du regret, mais aussi la promesse d’un après – une forme de lumière discrète, comme un matin d’hiver après une nuit trop longue.
Max Ceddo signe ici une ballade d’une honnêteté rare, à contre-courant des démonstrations émotionnelles formatées. C’est la simplicité qui frappe : pas d’arrangements grandiloquents, pas de climax artificiel. Juste une vérité nue, portée par un son qui se tient sur la crête fragile entre indie pop et rock confessionnel. Dans cette retenue, le groupe touche à quelque chose de profondément humain : la beauté de laisser partir sans effacer, d’aimer encore un peu, même quand tout est déjà fini.
A Young Girl’s Heart n’est pas une chanson d’amour — c’est une épitaphe murmurée à deux voix : celle du passé et celle, timide mais sincère, de l’avenir.
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octobre 12, 2025C’est une chanson qui semble respirer par ses propres cicatrices. Cindy Jane n’essaie pas de consoler, elle ressuscite. Elle tire sur les fils d’une histoire éteinte, non pour en guérir, mais pour en extraire la beauté – celle, rare, des désirs inachevés. On sent tout de suite que Leph ne cherche pas à séduire ici : il se livre, et ce dépouillement émeut bien plus que les effets spectaculaires de la pop qu’il tutoie d’habitude.
Le morceau s’ouvre sur un son de guitare qui a le goût d’un souvenir. Le genre de note qu’on croit avoir déjà entendue dans un rêve, ou un vieux film où la pluie tombe sur un pare-brise embué. Puis la batterie entre comme une pulsation cardiaque, un battement irrégulier qui réveille les fantômes du passé. Le chant, lui, avance à pas feutrés, d’abord presque pudique, puis s’embrase, comme s’il refusait d’accepter la fin d’une conversation. Cindy Jane devient ce dialogue manqué entre un musicien et celle qu’il n’a pas su retenir.
Leph a toujours eu cette manière de naviguer entre les styles sans jamais perdre son identité : ici, le rock s’assouplit, le pop se densifie, et tout respire une forme d’équilibre fragile. On entend la sueur du studio, la chaleur d’un ampli trop vieux, la sincérité d’un groupe qui préfère les tremblements à la perfection. Ce refus du contrôle fait toute la différence. À travers cette chanson, le groupe prouve qu’il comprend l’essence même du soft rock : dire l’intime sans spectacle, faire danser la nostalgie avec élégance.
Mais ce qui touche le plus dans Cindy Jane, c’est la sensation d’assister à une réminiscence. On voit presque la scène : le musicien seul après le concert, guitare encore chaude, rejouant cette mélodie pour se convaincre que tout cela a existé. Il n’y a pas de pathos, seulement une tendresse lucide – celle de ceux qui savent que l’amour se termine toujours un peu trop tôt, mais qui choisissent quand même d’en faire une chanson.
Leph signe ici un morceau qui agit comme une pellicule : chaque écoute développe une nouvelle nuance, une nouvelle ombre, une nouvelle lumière. Et quelque part, dans le sillon d’un refrain murmuré, on devine que Cindy Jane n’était peut-être pas qu’une femme – mais l’incarnation même de ce que la musique cherche depuis toujours : une façon d’aimer encore, même quand tout s’est déjà enfui.
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octobre 11, 2025Montréal de Gros Cœur est une déferlante sensuelle qui vous attrape par la taille pour vous entraîner dans une danse moite entre les pavés du Plateau et les mirages sonores d’un rêve fiévreux. Ce groupe-là joue comme on respire trop vite : sans filtre, sans pause, avec la sueur du live incrustée dans chaque note. Le rock n’a pas disparu, il a juste pris un accent solaire et un goût de fièvre.
Dès les premières secondes, la basse chaloupe comme un battement de cœur qui aurait trop aimé, trop longtemps. Les guitares, elles, tracent des spirales, à la manière d’un serpent fluorescent glissant dans une ruelle humide. La voix surgit — chaude, pleine de sable et de lumière sale — et c’est tout le paradoxe de Gros Cœur : mêler la tendresse à la transe, le chaos à la clarté. Montréal résonne comme une traversée intérieure, un exil intime où l’on avance les yeux fermés, porté par une pulsation hypnotique, mi-psyché, mi-tropicale.
On retrouve ici cette identité propre au quatuor : une musique à la fois tellurique et céleste, quelque part entre les guitares hallucinées de Tame Impala et la verve poétique d’un Bashung sous LSD. Le morceau respire l’urgence de ceux qui ne savent pas tricher, qui jouent pour vivre, pour transpirer, pour sentir quelque chose de vrai. C’est un rock de débrouille et d’instinct, taillé dans la matière brute de l’émotion.
Sous le vernis psychédélique se cache un vrai récit : celui du déplacement, du doute, de cette envie de recommencer ailleurs, autrement. “Montréal” devient un lieu imaginaire, un refuge, une utopie sonore où l’on guérit de soi à coups de riffs et de reverb. On y danse pour oublier, on y crie pour exister.
Avec Montréal, Gros Cœur prouve qu’on peut être sauvage et sincère, fiévreux et précis, lyrique sans s’écouter. C’est un morceau qui monte à la tête comme un trop-plein de lumière, un vertige de liberté. Une tempête tropicale passée par le filtre d’un ampli trop chaud. Et au milieu de tout ça, un seul mot d’ordre : vivre, à fond, ensemble.
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octobre 11, 2025Ce morceau sent la sueur, le désordre et la sincérité. Pick Me Up (When I Fall), c’est le genre de chanson qu’on n’écrit qu’à seize ans, quand le monde semble à la fois minuscule et infini, quand la peur et l’euphorie s’enlacent dans la même pulsation électrique. Friday Project ne joue pas du rock : ils l’incarnent. Trois gosses d’Oakville qui transforment une cave en cathédrale sonore et qui, sans le savoir, signent un hymne de résilience pour toute une génération qui apprend à tomber sans se briser.
Jack Galloway, le chanteur-guitariste, a cette voix un peu trop grande pour son âge, éraillée par la fougue, mais traversée d’une clarté désarmante. On dirait qu’il chante pour exorciser la gravité, pour remettre du souffle là où le monde s’étrangle. Sa guitare s’accroche à lui comme une seconde peau, tantôt acide, tantôt lumineuse. À ses côtés, Aidan Girardo frappe la batterie comme s’il voulait ouvrir une brèche dans le ciel, pendant que Noah King, à la basse, tisse ce groove souterrain qui empêche le morceau de s’envoler trop loin.
Mais Pick Me Up (When I Fall) n’est pas qu’un simple déchaînement d’énergie juvénile. Il y a quelque chose de profondément tendre derrière cette intensité : un cri d’amitié, de reconnaissance, d’amour maladroit pour ceux qui ramassent nos morceaux quand tout s’effondre. La chanson s’élève, littéralement, dans un refrain qui prend aux tripes, un mur de son qui vous laisse le cœur ouvert et le souffle court. Ce n’est pas une plainte, c’est une renaissance.
On sent la spontanéité dans chaque riff, cette absence de cynisme qu’aucun label ne peut fabriquer. L’enregistrement n’a rien de poli, mais tout sonne juste — comme si le groupe avait compris que la sincérité est le seul luxe encore possible dans la musique. C’est brut, c’est imparfait, c’est vibrant. On croit aux trois, parce qu’ils croient encore en quelque chose.
Friday Project réveille le rock là où il dormait : dans les garages, les regards incertains et les rires trop forts. Pick Me Up (When I Fall), c’est ce moment suspendu où, même en tombant, on apprend à voler ensemble.
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octobre 11, 2025Il y a chez Тарас Мирний une gravité qui ne cherche pas le pathos. Un rock qui respire la poussière, le vent et la mémoire — un son d’homme enraciné dans la terre ukrainienne, mais qui regarde vers le cosmos. Колоски et Вічне коло forment les deux faces d’un même corps : la première est la peau brûlée par le soleil, la seconde, le souffle intérieur qui ne cesse de tourner.
Колоски commence comme un cri retenu. Une guitare rugueuse, presque sablonneuse, gratte à vif avant que la voix n’entre — rauque, pleine de fêlures, mais droite comme une colonne. On sent dans cette chanson une nostalgie rurale, une sorte de folk-rock tellurique, entre les champs et les ruines. C’est une prière d’homme simple, mais livrée avec la tension d’un cœur en guerre. Le morceau évoque les blés, les racines, la survivance. On y entend le sol parler. Et quand la batterie s’épaissit, que les guitares se chargent d’électricité, on comprend que ce n’est pas seulement une chanson : c’est un souvenir mis en flammes.
À l’inverse, Вічне коло (“le cercle éternel”) s’élève comme un mantra cosmique. Le son y est plus ample, plus alternatif, presque spirituel. Тарас y sculpte une boucle infinie où les guitares tournent autour d’un motif obsédant, pendant que la voix s’étire, comme pour défier la finitude. C’est un morceau de cycle et de résonance : la vie, la mort, la renaissance — tout s’y mêle dans un même flux incandescent. Le riff, nerveux et planant, rappelle parfois les envolées de Muse, mais avec une gravité plus brute, sans grandiloquence.
Entre ces deux titres, un même fil se tend : la tension entre la chair et l’éternité. Колоски parle du monde qui s’effrite sous nos pas, Вічне коло du souffle qui continue malgré tout. Tарас Мирний navigue entre le rock dur et la poésie mystique, entre cri et contemplation. On sent l’héritage des plaines, des vents, des ancêtres — mais aussi la modernité d’un musicien qui cherche dans la saturation non pas la puissance, mais la vérité.
Dans ces deux morceaux, rien n’est décoratif. Chaque note porte la fatigue du réel, chaque silence respire la foi. Тарас Мирний ne chante pas pour séduire, il chante pour témoigner — de la beauté du combat, de la douleur d’aimer, de l’infini qu’il devine dans la poussière. Колоски et Вічне коло ne sont pas de simples chansons : ce sont deux prières électriques adressées à un monde qui chancelle, mais qui refuse encore de tomber.
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octobre 11, 2025Cougar Town, c’est ce moment où le country-rock lâche la bride, sort du saloon et fonce sur l’autoroute avec un sourire en coin et une envie furieuse de s’amuser. Marc Daniels, ce cowboy des temps modernes qu’on imagine plus volontiers avec une guitare râpée qu’un stetson bien propre, signe ici un hymne à la maturité désinhibée — un titre aussi irrévérencieux qu’attachant, à la croisée de la satire et de la tendresse.
Le morceau démarre comme un clin d’œil — une ligne de guitare grasse, un groove southern qu’on sent venir du ventre, et cette voix rauque, familière, pleine de ce grain d’ironie typique de Daniels. L’homme n’écrit pas des chansons, il balance des scènes de vie. Et ici, il peint son tableau avec des teintes de rouge à lèvres, de Chardonnay et de cuir usé : des femmes sûres d’elles, solaires, qui ont troqué les bars bondés pour des clubs de Pilates et des SUV climatisés. Daniels les célèbre, non pas avec condescendance, mais avec l’adoration amusée d’un type qui sait reconnaître la beauté quand elle a de l’expérience et du répondant.
“Let my 401k keep you warm at night” — la phrase résume tout le génie du morceau : une écriture drôle, piquante, qui flirte avec la parodie sans jamais tomber dedans. Derrière le rire, il y a le respect. Derrière le second degré, une vraie fascination pour ces femmes libres et fières qui n’ont plus rien à prouver. Cougar Town joue sur ce double ton : l’ironie du titre se dissout peu à peu dans une sincérité inattendue, et c’est là que le morceau prend toute sa force.
Musicalement, c’est du pur country-core : guitares mordantes, batterie à la limite du rock sudiste, basse qui gronde comme un moteur de Harley. On pense à Hardy pour la rugosité, à Wheeler Walker Jr. pour le culot, à Kid Rock pour la démesure. Mais Marc Daniels garde son propre ADN : un sens du rythme décomplexé, une écriture visuelle, et cette façon unique de rendre ses refrains immédiatement fédérateurs. On les imagine déjà hurlés dans un bar de Nashville, verres levés, rires gras et clins d’œil complices.
Ce que Daniels réussit ici, c’est une pirouette rare : parler de désir, d’âge et d’attirance sans jamais sombrer dans le cliché. Son humour sert de scalpel, découpant les attentes et les tabous du country traditionnel pour en extraire quelque chose de plus humain, de plus vrai. Cougar Town devient alors une célébration, une danse entre satire et sincérité, entre les rides et le rock’n’roll.
Et puis il y a cette énergie brute — celle d’un artiste qui refuse de vieillir autrement qu’en s’amusant. Marc Daniels ne chante pas la nostalgie, il chante la vitalité, la vie après 40 ans, l’envie intacte de flirter avec le danger. “Forget the club — let’s be in bed by nine,” lance-t-il, et c’est peut-être la punchline la plus lucide du country contemporain.
Au fond, Cougar Town est une chanson de liberté. Celle de vivre selon ses règles, d’aimer sans âge et de rire de tout, surtout de soi-même. C’est sale, drôle, touchant, et diablement efficace. Un titre qui sent le cuir, le bourbon et la sincérité. Bref : du Marc Daniels pur jus, avec juste assez de provocation pour qu’on en redemande.
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octobre 11, 2025J’ai écouté Seven Cities of Gold un soir d’automne, les volets à demi clos, la pluie martelant les vitres comme une batterie lointaine. Le morceau a commencé comme une aurore qui s’invite dans une pièce sombre : une guitare claire, presque timide, puis la voix de Julie July, limpide, diaphane, et soudain tout s’ouvre. Le monde intérieur se déplie lentement, et on se retrouve projeté dans une carte ancienne — celle des légendes d’El Dorado, des promesses d’horizons dorés et des routes sans retour.
Ce que j’aime chez Julie July, c’est cette manière de faire chanter la mémoire sans jamais l’empailler. Elle ne copie pas ses héros — elle les ranime. La chaleur folk de Sandy Denny, la précision narrative de Dire Straits, la fluidité mélodique d’un Fleetwood Mac en pleine tempête émotionnelle… tout cela résonne, oui, mais jamais comme un pastiche. Seven Cities of Gold s’écrit au présent, dans une respiration moderne, vibrante, presque cinématographique.
La guitare, fine et souple, a ce timbre “Knopflerien” que les amateurs reconnaîtront entre mille : un toucher précis, un son clair qui scintille à la surface de la mélodie, comme une lame sous le soleil. Autour, le groupe tisse un écrin mouvant — la basse pulse doucement, la batterie respire, le tout soutenu par des harmonies vocales qui se déploient comme des voiles gonflées par le vent. C’est à la fois soyeux et ample, d’une élégance presque rare aujourd’hui, où tant de folk se perd dans la pâleur de la reconstitution. Ici, tout vit, tout respire.
Julie chante comme on marche vers un mirage : avec la foi de ceux qui savent que la quête compte plus que la trouvaille. Sa voix, claire comme l’eau d’une rivière, porte une mélancolie lumineuse — ce mélange de douceur et de distance qu’on retrouve dans les plus grandes chansons anglaises, celles où l’émotion se cache derrière la pudeur. À mesure que le morceau avance, on sent les paysages se transformer : les sables deviennent océans, les promesses se font échos, et la voix, elle, devient boussole.
Mais Seven Cities of Gold n’est pas qu’une balade spirituelle. C’est aussi une leçon de son. Une maîtrise du détail, de l’espace, de l’équilibre entre acoustique et électrique. Chaque instrument est à sa place, chaque silence compte, chaque montée semble contenue par un fil invisible. La production — d’une clarté presque tactile — amplifie ce sentiment d’apesanteur : on flotte entre le réel et l’imaginaire, pris dans un vertige doré.
En vérité, peu de groupes actuels manient le folk-rock avec autant de finesse. Là où d’autres s’enferment dans la nostalgie, The Julie July Band avance. Ils ravivent les couleurs d’un genre sans jamais le figer. Seven Cities of Gold devient alors plus qu’un morceau : une traversée. Celle d’un groupe qui, au lieu de chercher les cités d’or, les construit, patiemment, à coups d’accords et de souffle.
Quand la dernière note s’éteint, il reste une impression étrange — celle d’avoir voyagé sans avoir bougé, d’avoir rêvé avec les yeux ouverts. Et peut-être est-ce ça, le vrai pouvoir du folk : transformer la route en poésie, et la musique en horizon.
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octobre 11, 2025J’ai écouté Red Poem comme on entre dans un rêve qu’on n’a pas choisi. D’abord un souffle, une voix qui semble surgir d’un lieu où le temps ne circule plus. Puis les guitares qui s’élèvent, lentes, poussiéreuses, pleines de fantômes. Ce n’est pas une chanson, c’est un rituel. On y sent la terre rouge de l’Oklahoma, les battements lointains d’un tambour oublié, les vibrations d’un peuple qu’on a voulu réduire au silence mais qui parle encore, à travers lui.
Dead Feather est un paradoxe vivant : un artiste sourd qui fait résonner le monde mieux que la plupart des entendants. Sa surdité n’est pas une limite, c’est un prisme. Elle aiguise l’écoute intérieure, celle qui perçoit non pas les sons, mais les fréquences invisibles : la colère, la mémoire, le sacré. Red Poem, troisième extrait de son projet Cate Heleswv (Red Medicine), est une éruption de cette écoute-là — brute, sans filtre, habitée.
J’entends dans cette pièce le poids des siècles, mais aussi la modernité d’un cri lucide. Dead Feather y raconte son histoire, mais surtout celle de tous les enfants coupés de leurs racines, condamnés à apprendre leur propre langue à travers les ruines. Le texte, écrit dans les années 2000, puise dans la rage de Malcolm X, la spiritualité de Bob Marley, la pensée politique de Vine Deloria Jr. Ce n’est pas un manifeste, c’est une cicatrice parlante. Une parole qui se relève, vacillante mais indestructible.
L’alliage entre poésie et rock fonctionne comme un choc. Adam Stanley et Isaac Nelson (du groupe Stanley Hotel) enveloppent la voix de Dead Feather dans une matière organique : un rock charnel, presque tribal, qui rappelle par moments la tension mystique de The Doors ou les élans prophétiques de Patti Smith. Mais là où Morrison prêchait la transe et Smith l’extase urbaine, Dead Feather invoque la terre — la poussière, la pluie, les os. Son spoken word claque comme une incantation dans le vent, un langage venu d’avant la civilisation.
Ce qui me bouleverse, c’est la sincérité nue du geste. Pas de pose, pas de calcul. Juste un homme, son passé, et cette rage tranquille d’en faire une œuvre. Dans Red Poem, la musique n’est pas une distraction : c’est un acte de guérison. Une manière de recoudre l’histoire déchirée de la culture Mvskoke-Creek avec des fils de son et de mots. Chaque note devient une trace, chaque silence une mémoire.
Le morceau, enregistré à Wellston dans une ambiance presque familiale, garde la texture du vrai : on y entend la respiration du studio, la fragilité des prises, la chaleur humaine. On imagine Dead Feather au centre, debout dans le silence, et autour de lui, ses collaborateurs tissant cette fresque sonore avec respect et intensité. Le résultat, c’est une transe contenue, une fièvre apaisée, une beauté rugueuse.
Red Poem n’a rien d’un produit. C’est un fragment d’histoire, un poème incandescent sur la désassimilation, sur la reconquête du corps et de la voix. Et quand tout s’éteint, il reste ce sentiment étrange d’avoir entendu quelque chose de rare — une vérité sans décor, une musique qui vient d’en dessous du monde.
Écouter Dead Feather, c’est accepter d’être dérangé. C’est se laisser traverser par ce que l’Occident a oublié : que le son n’est pas toujours fait pour plaire, mais parfois pour guérir.
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octobre 11, 2025On sent chez Brian Mullins cette voix d’homme qui n’a pas juste chanté la vie, mais qui l’a traversée, poussiéreuse et cabossée, guitare à la main. Son album Dirt Road Diaries, résonne comme un journal intime gravé sur des cordes de guitare et porté par une sincérité désarmante. Plus qu’un simple projet musical, c’est une traversée biographique, une cartographie de l’âme d’un homme du Sud marqué par ses racines, ses blessures et une foi tranquille en la rédemption.
Mullins n’est pas un chanteur façonné en studio : c’est un conteur forgé par la route, les bars de campagne, les chœurs d’église et la nostalgie des amours manquées. On retrouve dans sa plume le parfum des grands classiques du country-rock américain, quelque part entre Conway Twitty, George Strait et Bryan Adams, mais avec cette touche d’authenticité brute qui ne s’invente pas.
Chaque morceau ici est une page arrachée à sa vie. Cowtown Road ouvre l’album comme une photographie sépia : un retour sur l’enfance à Meadow Bridge, en Virginie-Occidentale, un décor de poussière, de champs et de souvenirs. Ce titre concentre l’essence même du country : la simplicité, le foyer, les routes familières où tout a commencé.
Puis vient I Miss You Still, ballade poignante dédiée à sa mère disparue. La voix y tremble, nue, sans artifice, sur un lit de guitares acoustiques et de batterie feutrée. On y entend le deuil mais aussi l’amour, cette chaleur persistante que la mort ne parvient pas à éteindre. À l’inverse, Why Didn’t You Want Me frappe comme une cicatrice mise en musique : un cri d’enfant devenu homme, adressé au père biologique absent. Le morceau, d’une honnêteté bouleversante, expose sans détour la quête de reconnaissance et de paix intérieure qui traverse tout l’album.
Mais Brian ne se limite pas à la nostalgie. Tight Jeans and Country Dreams ramène un souffle d’humour et de sensualité country, un clin d’œil aux amours d’été et à la légèreté du désir. Slave to the Dollar plonge dans une réflexion sociale, dénonçant la fatigue des travailleurs qui s’épuisent dans un monde obsédé par l’argent. Ces contrastes entre intime et collectif donnent au disque une densité rare, chaque chanson répondant à une autre comme les chapitres d’un même roman.
Avec The Man in the Mirror, Brian se confronte à lui-même, guitare et conscience mêlées. Ce morceau, d’une intensité presque spirituelle, incarne la quête du pardon et l’acceptation de ses propres failles. Puis God Is Good referme l’album sur une prière, un souffle de gratitude et de foi après la tempête. C’est la chanson d’un homme qui a tout vécu — la perte, la douleur, l’amour, la rédemption — et qui choisit encore la lumière.
Georgia Bulldog agit comme un emblème : celui de la ténacité, du courage et de la fierté d’appartenir à une terre où les valeurs de travail, de famille et de loyauté n’ont pas encore disparu.
Enregistré sous son propre label, Hillbilly Records, avec des outils simples mais une âme immense, Dirt Road Diaries n’a rien du produit calibré pour la radio. C’est un disque humain, imparfait, profondément vrai. Le genre d’album qu’on écoute en silence, fenêtre ouverte sur la nuit, pendant que les étoiles se mêlent aux souvenirs.
Brian Mullins y signe plus qu’un retour à la musique : il y signe un testament de sincérité, un hommage à la vie dans tout ce qu’elle a de dur, de beau et de vrai. Un songwriter à l’ancienne, comme on en fait trop peu.
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octobre 7, 2025Il y a dans Afraid cette tension qu’on reconnaît tout de suite : la peur du monde, oui, mais surtout celle de soi. La peur de perdre ce feu créatif, ce vertige adolescent qu’on ressentait quand la musique n’était pas encore un métier, mais un refuge. Cotton Caves signe ici un morceau qui ne cherche pas à plaire — il cherche à toucher, à respirer, à exorciser l’angoisse collective d’une époque suspendue entre anxiété et résilience.
Tout commence par une ligne de guitare presque timide, comme un murmure dans une pièce vide. Puis viennent les percussions, discrètes mais déterminées, qui installent une pulsation humaine, presque cardiaque. On sent que le compositeur derrière Cotton Caves connaît trop bien la grammaire du son — son passé de musicien de film se devine dans chaque respiration du morceau. Rien n’est laissé au hasard : chaque silence, chaque écho, chaque reverb semble pesé pour faire vibrer cette impression d’instabilité douce, comme si la chanson elle-même hésitait à se livrer complètement.
Mais ce qui emporte, c’est la voix. Fragile, tremblée, sincère jusqu’à la faille. Elle ne cherche pas à briller, elle cherche à survivre. On y entend la lassitude d’un monde en dérive, la peur sourde de ne plus reconnaître le ciel au-dessus de soi. Pourtant, malgré la gravité du thème, Afraid n’est jamais lourd. C’est une chanson lumineuse sur la peur, une prière pour continuer à avancer même quand tout semble foutu.
Cotton Caves réinvente ici un certain romantisme indie — celui des grands solitaires, de ceux qui bricolent la beauté avec trois accords et un cœur qui bat trop fort. On pense à Thom Yorke dans ses moments les plus humains, à The National pour la gravité, à Phoenix pour la clarté mélodique. Mais Afraid garde une identité propre, profondément introspective et délicatement cinématographique.
Ce morceau, c’est le retour d’un musicien vers lui-même. Après des années passées à écrire pour les images des autres, Cotton Caves compose enfin la bande-son de ses propres peurs. Et le résultat, c’est une œuvre à la fois intime et universelle, un cri feutré pour ceux qui n’osent plus crier.
Dans un monde saturé de certitudes, Afraid a la décence de douter. Et c’est peut-être pour ça qu’il sonne si juste : parce qu’il nous rappelle que la peur, parfois, c’est aussi une forme de lucidité.
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octobre 7, 2025Je ne sais pas si This Place parle d’un lieu réel ou d’un état d’esprit. Peut-être un peu des deux. Ce morceau a la texture d’un départ qu’on n’a pas eu le courage de prendre — ou d’un retour qu’on n’a jamais vraiment voulu faire. Jbryan y dépose une émotion d’une simplicité désarmante : celle de vouloir fuir sans disparaître, d’espérer sans croire vraiment.
Sa voix, d’abord fragile, se redresse avec une sincérité brute. Elle ne cherche pas la perfection, elle cherche la justesse — cette faille lumineuse où le rock devient intime. La production, à la croisée du pop rock et de l’indie, construit un espace ample, presque cinématographique. Les guitares y respirent comme des paysages, les percussions frappent comme des pas dans la poussière, et tout semble avancer vers un horizon qu’on ne verra jamais tout à fait.
Il y a quelque chose du spleen américain dans This Place, une mélancolie dorée, à mi-chemin entre la nostalgie des routes sans fin et la lucidité des amours qui s’étiolent. On pense à Coldplay dans ses moments les plus humains, à The War on Drugs dans ses élans contemplatifs, à la candeur d’un Jeff Buckley sous morphine. Mais ce serait réducteur : Jbryan ne copie personne. Il respire à son propre rythme, celui d’un artiste qui préfère murmurer plutôt que crier, mais dont chaque mot pèse, chaque note frappe juste.
Le refrain, cathartique, déploie une énergie presque viscérale. On sent que This Place n’est pas un simple titre — c’est une confession, un besoin de lumière dans le brouillard. L’écriture, minimaliste mais pleine d’images, agit comme un miroir : on y voit nos propres blessures, nos départs manqués, nos silences accumulés.
Ce qui fascine, c’est la maîtrise de l’équilibre. Le morceau tient entre le rêve et la désillusion, la douceur et la tension, la pop et la mélancolie pure. C’est de la musique qui ne cherche pas à plaire — elle cherche à rester. Et c’est peut-être ça, la marque des vrais auteurs : cette façon de transformer une émotion personnelle en lieu commun, de faire de This Place un refuge sonore pour quiconque a déjà voulu tout quitter, mais n’a fait qu’allumer une cigarette au bord du monde.
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octobre 7, 2025Ça commence comme un film Super 8 projeté sur un mur décrépi de Kreuzberg : un riff clair, légèrement désaccordé, qui semble suinter la pluie berlinoise. Berlin Blues n’a rien d’un blues académique. C’est une virée indie-rock trempée dans la mélancolie et les néons, une danse lente entre euphorie et désillusion. Blanket Approval y capture cette sensation typique des grandes villes : le vertige d’être libre, mais un peu perdu.
La première écoute donne envie de bouger. La deuxième, de réfléchir. Le groove a quelque chose de contagieux, presque funky, mais derrière cette légèreté se cache une lucidité tranchante. Le chant de Jack Matteucci a ce ton faussement nonchalant, un peu cassé, à la frontière entre ironie et confession. On dirait un type qui sourit au comptoir pour ne pas qu’on voie qu’il est à bout. Le texte, lui, déroule comme un carnet de route intime : errances nocturnes, solitude collective, et cette façon de chercher la chaleur dans la foule.
Musicalement, Berlin Blues respire la scène new-yorkaise, mais regarde vers l’Europe — une hybridation qui rappelle le groove suave de Parcels, les élans pop de The Kooks, et l’énergie punk subtilement contenue d’Iggy Pop. Les guitares se répondent comme des néons dans une ruelle, la basse trace des lignes de fuite et la batterie claque, nerveuse, urgente. Tout est précis, organique, vivant.
Ce qui frappe surtout, c’est cette maîtrise du contraste : un son solaire porté par des paroles grises, une joie feinte pour habiller la fatigue d’exister. Blanket Approval joue avec la dualité comme avec une vieille compagne. Leur musique a le sourire en coin de ceux qui ont trop vu, trop senti, mais continuent à danser quand même.
Berlin Blues n’est pas seulement une chanson — c’est une carte postale écrite à l’encre d’un spleen moderne. Elle sent la bière tiède, la sueur et les rêves abîmés. Une énergie électrique, authentique, où le groove devient une thérapie et la nostalgie, une complice. Blanket Approval signe ici un morceau qui groove comme un samedi soir mais pense comme un dimanche matin.
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octobre 7, 2025Il y a quelque chose d’éminemment humain dans cette ironie : vouloir écrire une chanson heureuse, et sentir malgré tout que la mélancolie rôde au coin de chaque mesure. Happy Song (Not a Sad Song), c’est exactement ça — une tentative sincère, presque maladroite, de retenir la lumière alors qu’elle s’échappe entre les doigts. Jay Crafton y déploie une écriture limpide, sans artifice, et c’est justement cette simplicité qui touche.
Derrière son titre faussement naïf, le morceau avance comme une conversation intérieure. Les guitares claquent avec cette chaleur indie qu’on associe à Death Cab For Cutie ou à The Shins, mais la voix de Crafton — un brin rauque, un brin fatiguée — raconte autre chose : la fragilité du sourire, le courage discret de ceux qui continuent à chanter quand tout semble s’effondrer. L’arrangement reste lumineux, presque solaire, mais on sent dans les recoins un écho de pluie, un doute suspendu.
Il ne cherche pas à convaincre, Jay Crafton. Il chante comme on se confie à quelqu’un qu’on aime bien, tard le soir, autour d’un café froid. Le refrain, lui, fait office de mantra : “It’s a happy song, not a sad song” — comme si le répéter suffisait à le rendre vrai. Ce qu’il parvient à créer ici, c’est ce paradoxe rare entre l’élan et le vertige, entre le besoin d’espoir et la conscience de sa fragilité.
Musicalement, Happy Song s’appuie sur une progression classique mais diablement efficace : un groove discret, une batterie au balancement souple, une guitare claire qui scintille, et une basse qui enveloppe tout ça d’un souffle feutré. La production reste sobre, presque artisanale, mais d’une justesse totale. On entend un musicien qui n’a rien à prouver, seulement à partager.
Ce qui rend le titre beau, c’est qu’il n’essaie pas de masquer la tristesse derrière un vernis de positivité. Il l’accueille, la transforme, la dompte un instant. Crafton ne chante pas pour être heureux — il chante malgré tout. Et dans cette nuance réside toute la force du morceau : une joie lucide, sans illusion, mais profondément sincère.
Happy Song (Not a Sad Song) n’a rien d’un mensonge. C’est une vérité imparfaite, portée par une mélodie qui réchauffe doucement les coins froids du cœur. Une chanson heureuse, oui — parce qu’elle accepte, enfin, d’être un peu triste.
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octobre 7, 2025On croyait connaître You Are My Sunshine, cette berceuse d’une douceur trompeuse, un refrain que tout le monde a déjà fredonné sans y prêter vraiment attention. The7thGatekeeper, lui, en a retourné chaque syllabe pour en faire un cri. Un cri sourd, métallique, hanté. Comme si le morceau, arraché à son vernis naïf, révélait enfin la douleur qu’il cachait depuis toujours.
Depuis Barry, au sud du Pays de Galles, The7thGatekeeper tord les classiques pour mieux leur rendre leur vérité. Ici, il transforme la lumière en ombre, la tendresse en menace. Ce You Are My Sunshine ne brille pas — il brûle lentement, sous des couches de distorsion et de rage contenue. On y sent l’influence de Korn, de Slipknot, ce goût du chaos organisé, cette façon d’enrober la mélancolie dans un mur de son abrasif. L’arrangement, dense et viscéral, évoque autant un cri dans le vide qu’une prière étouffée.
Ce qui frappe d’abord, c’est la tension. Une lourdeur presque physique, où chaque accord semble chargé d’électricité statique. The7thGatekeeper enregistre seul, dans ce qu’il appelle son chaos room studio — un laboratoire intime où le désordre devient méthode. Il n’a pas besoin de grandes machines : juste de la liberté, et du courage d’aller chercher la noirceur là où d’autres s’arrêtent à la mélodie.
Ce You Are My Sunshine revisité fonctionne comme une catharsis. Ce n’est plus une chanson d’amour, c’est un exorcisme. On y entend l’envers du décor : l’obsession, la perte, la dépendance affective que la chanson originale ne faisait qu’effleurer. Sous la voix déformée, entre les nappes de guitares saturées, c’est l’âme d’un homme qui se débat avec son propre soleil — trop brûlant pour réchauffer, trop lointain pour éclairer.
Romesh Dodangoda, qui a masterisé le titre, parle de dualité. C’est exactement ça. La lumière et l’ombre, l’amour et la peur, la douceur et la violence — tout coexiste, sans hiérarchie. The7thGatekeeper ne cherche pas à plaire, il cherche à dire vrai. Et dans ce vacarme maîtrisé, il touche une corde profondément humaine : celle qui tremble entre la tendresse et la destruction.
Un morceau à écouter seul, casque vissé sur les tempes, volume au bord de la rupture. Parce qu’ici, le soleil ne brille plus — il hurle.
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octobre 7, 2025On imagine d’abord la mer, vaste et grise, engloutissant ce qu’il reste d’un navire en ruine. Puis, lentement, une voix s’élève, éraillée mais droite, comme un cri d’homme revenu du fond. C’est là que Shipwrecked commence — pas comme une chanson, mais comme une résurrection. Red Skies Dawning, nouvelle incarnation de Chris Aleshire, rejoue le naufrage pour mieux écrire la renaissance.
Ce morceau, c’est une tempête contenue. Le grondement d’une vie qu’on a failli perdre, puis retrouvée. Les guitares taillent l’air comme des vents contraires, la batterie frappe avec la précision d’un cœur qui refuse d’abandonner, et la voix d’Aleshire — vibrante, presque blessée — tient debout au milieu du tumulte. On sent dans chaque mot la fatigue du combat, mais aussi cette lumière qu’on aperçoit quand on comprend que le chaos n’est pas la fin, mais le début d’autre chose.
Le morceau vient de loin. Né à l’époque de Red Skies Mourning, il portait encore les habits d’un morceau alt-pop fragile. Puis le titre a pris feu, reconstruit par Chris Dawson et Jimmie Beattie, deux artisans du son capables de transformer la douleur en matière sonore. Ensemble, ils ont décortiqué le titre, réimaginé les textures, injecté du métal là où il n’y avait que mélancolie. Ce travail d’alchimie a donné naissance à une pièce plus rugueuse, plus dense, où chaque son respire la détermination et l’instinct.
Ce qui frappe, c’est la sincérité brute de la performance. Shipwrecked ne se cache pas derrière le vernis des grandes productions : il garde le grain du vécu, le souffle du studio maison, cette tension entre le propre et le sale qui fait le vrai rock. Le morceau raconte l’échec, mais sans misérabilisme — plutôt avec une forme d’honneur. C’est le cri d’un homme qui a tout perdu, puis reconstruit à la main, morceau après morceau, ce qu’il croyait détruit.
Aleshire ne joue pas le héros, il joue l’humain. Et dans cette sincérité, il retrouve ce que le rock a parfois oublié : la beauté du désordre, la noblesse de l’imperfection. Shipwrecked est un hymne à la survie, à la reconquête de soi, à la brutalité du réel. C’est une chanson qui parle de naufrage, mais qui donne furieusement envie de lever la tête vers l’horizon.
Un retour aux racines, oui, mais avec la maturité de ceux qui savent que la tempête, parfois, est le seul moyen de revenir à la vie.
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octobre 3, 2025La première chose que l’on entend dans Captivity, c’est une rengaine arrachée au folklore américain : « Down in the valley, the valley so low ». Mais au lieu d’évoquer la nostalgie des veillées d’autrefois, la voix d’Exzenya la tord en un écho spectral, comme si elle filtrait à travers un vieux poste de radio oublié dans une cellule sans fenêtres. Quelques souffles de vent s’y glissent, et soudain on y est : dans la chambre close, dans l’espace psychologique de l’isolement, là où le temps n’a plus de contour.
Là réside l’audace d’Exzenya : utiliser le langage pop pour dire autre chose que l’amour déçu ou les drames attendus. Captivity n’est pas une ballade de cœur brisé, c’est une plongée glaciale dans la mécanique du contrôle. Chaque ligne vocale, chaque silence, chaque frottement sonore y devient l’équivalent d’une serrure qui claque, d’une clé qui disparaît. Le morceau évolue en mode mineur, lent, presque cérémoniel, comme un rituel de conditionnement où les gestes se répètent jusqu’à abolir l’individu.
Mais si la chanson fascine, c’est d’abord par cette voix qui refuse de se travestir. Exzenya possède une tessiture rare — capable d’aller chercher un grave abyssal (jusqu’au D2) puis de jaillir vers des aigus plaintifs — et elle choisit de l’assumer sans artifices. Pas d’auto-tune, pas de corrections plastifiées : seulement le grain, le souffle, l’imperfection comme force expressive. On sent dans ses graves une pesanteur presque masculine, tenue avec une maîtrise qui coupe le souffle, puis dans ses envolées une fragilité qui fend le ciel. Cet aller-retour constant entre ancrage et déchirure traduit à merveille l’ambivalence du captif : s’abandonner ou résister.
Au-delà de l’esthétique sonore, Captivity s’ancre dans un réalisme psychologique rarement exploré en musique. Exzenya convoque la théorie du trauma, le syndrome de Stockholm, la logique de l’ABA (Applied Behavior Analysis) : autant de concepts qui dépassent le registre métaphorique habituel des “relations toxiques”. Ici, le lien à l’oppresseur n’est pas une image : il est analysé, incarné, chanté. On entend la voix d’une femme qui sait que la liberté peut sembler plus terrifiante que l’enfermement, et qui ose poser les questions que l’on tait : Si je pars, suis-je détruite ? Si je reste, suis-je encore moi ?
L’architecture musicale est volontairement dépouillée, presque ascétique. Quelques percussions, des nappes cinématographiques, une spatialisation pensée comme un décor de film. On pense à Billie Eilish pour le minimalisme anxiogène, à Aurora pour l’élan éthéré, à Fiona Apple pour le refus de lisser les arêtes. Mais Captivity ne copie personne : elle s’inscrit dans une tradition plus vaste, celle des artistes qui transforment la douleur en paysage sonore.
Inséré comme le quatrième chapitre de son album-concept Story of My Life, le morceau agit comme un point de non-retour : l’instant où l’isolement devient total et où l’évasion paraît impensable. C’est une césure, une cicatrice musicale dans la narration. Et au fond, c’est ce qui rend Captivity inoubliable : il ne s’agit pas seulement d’une chanson, mais d’une expérience. Une traversée inconfortable, nécessaire, qui nous force à regarder dans le miroir sombre de ce que le contrôle peut faire à une âme.
Avec ce single, Exzenya s’affirme comme l’une des voix les plus courageuses et atypiques de la scène dark pop. Plus qu’un morceau, Captivity est une mise en abîme : on en sort secoué, mais étrangement lucide, comme si, l’espace de quelques minutes, on avait partagé l’intérieur de la cage.
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octobre 3, 2025Un titre comme Shipwrecked ne laisse aucun doute : il s’agit d’un morceau qui parle de chute, de perte, de ce moment où tout s’effondre et où l’on se retrouve seul, ballotté par la houle. Mais chez Red Skies Dawning, le naufrage n’est jamais une fin. C’est une scène primitive, un chaos à partir duquel on peut renaître. Et ce premier single frappe comme un manifeste : le groupe veut transformer les épaves en cathédrales sonores.
Chris Aleshire, frontman déjà connu pour ses aventures plus mélodiques avec Red Skies Mourning, choisit ici la rupture. Là où l’ancienne version de Shipwrecked flirtait avec l’emo-pop et la ballade alt, cette réinvention orchestrée avec Chris Dawson et Jimmie Beattie embrasse le hard rock moderne avec un appétit vorace. Les guitares sont massives, saturées à l’excès, portées par une section rythmique qui cogne comme une mer démontée. La voix, rugueuse mais mélodique, navigue entre confession intime et cri de survie.
Ce qui fascine, c’est la dramaturgie du morceau : un début qui porte encore les cicatrices de l’ancienne peau pop, fragile et mélodieuse, puis une montée en tension, une déflagration où tout explose — batterie syncopée, riffs tranchants, refrains conçus pour remplir des stades. L’arrangement ne cherche pas la subtilité : il vise le cathartique, cette impression que le morceau entier pourrait s’effondrer à tout moment, mais choisit toujours le rebond, la résilience.
L’image du naufrage est partout. On entend les vagues dans les nappes de guitares, les brisures dans la voix, et ce désir obstiné de remonter à la surface. Shipwrecked est à la fois une chanson de désespoir et un hymne à la renaissance, un morceau qui traduit la violence de l’effondrement mais aussi la beauté brute de ce qui suit : reconstruire sur les débris.
Avec ce single, Red Skies Dawning impose d’emblée une identité : plus sombre, plus lourde, mais paradoxalement plus claire dans sa vision. C’est un retour aux racines hardcore et grunge de Chris Aleshire, mais remis au goût du jour par une production moderne, ample, presque cinématographique. Un passage de témoin entre deux vies musicales, un cri qui dit à la fois : je me suis noyé, mais je chante encore.
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octobre 3, 2025Il y a dans la musique de Jorge Natalin une sincérité rare, une gravité douce qui ne cherche ni l’effet ni l’artifice. Avec Shaman Album, l’artiste prolonge le travail amorcé dans Lament for the Shaman EP : un hommage à une amie disparue, musicienne, figure libre et insaisissable, qui choisit sa propre sortie comme le papillon qui s’éteint après sa métamorphose. Mais cette fois, Natalin y ajoute des mots, des voix, des fragments de récit, comme pour refermer un livre qu’on ne pouvait laisser à demi ouvert.
Le voyage débute avec « Introducing the Physical » (2:30), piste d’ouverture instrumentale qui agit comme une clé de seuil. Un thème cristallin, presque fragile, qui fait office de préambule à une traversée intérieure. Vient ensuite « Release Now » (4:14) : plus tendue, plus dramatique, avec une ligne rythmique contenue et des nappes de synthé qui rappellent les cérémonies de libération. Le titre agit comme une injonction à lâcher prise, à céder au flux.
« Silent Incantation » (2:55) joue la carte du minimalisme : quelques notes répétées, un motif hypnotique, comme un chant sans mots qui flotterait dans l’air. « Teardrop » (3:15) prend alors le relais : mélodie délicate, piano et textures électroniques qui s’effritent doucement. C’est le morceau du chagrin pur, simple et sans détour, un instant suspendu qui traduit l’empreinte d’une perte.
Le disque bascule dans l’introspection la plus profonde avec « The Very Last Journey » (3:47), pièce mélancolique aux harmonies plus sombres, qui sonne comme un adieu en musique. Dans « Dedoodvandevlinder » (3:29) — littéralement « la mort du papillon » — Natalin ose une écriture plus expérimentale : pulsations graves, dissonances légères, et ce sentiment d’inéluctable qui traverse la pièce.
Les deux nouveaux morceaux donnent à l’album sa véritable clôture. « Anima Solar » (1:48), instrumental inspiré d’une chanson du Shaman elle-même, est court mais lumineux : une étincelle solaire qui contrebalance la noirceur des adieux, comme un rappel que l’énergie d’une vie ne s’éteint pas vraiment. Enfin, « Under the Current », seule piste vocale du disque, prend une dimension manifeste. Inspirée par les mots mêmes du communiqué initial, elle superpose chant et texte parlé, échos aquatiques et instrumentation sobre. C’est la pièce la plus directe, celle où Natalin dit ce qu’il n’avait pas osé dire dans le silence des instrumentaux : un au revoir, mais aussi une transmission.
En tout, Shaman Album ne se contente pas d’être un recueil de morceaux. C’est une œuvre de mémoire, une liturgie intime transformée en geste artistique. Natalin convoque le folk, l’électronique, l’ambient, sans jamais s’y enfermer. Chaque piste est une pierre posée sur le cairn de la Shaman, une façon de dire : je me souviens, et je transmets.
On ressort de cet album avec la sensation rare d’avoir partagé un deuil rendu audible. Une musique qui parle moins de la mort que de la persistance — celle d’une amitié, d’une présence, d’une lumière fragile qui refuse de s’éteindre.
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octobre 3, 2025Il y a dans Let It Roll une joie contagieuse, presque naïve, qui rappelle pourquoi on tombe amoureux du rock en premier lieu. Pas besoin d’artifices ou de grands effets de manche : un riff qui accroche, un refrain qui donne envie de lever son verre, et cette certitude que la musique doit se vivre dans le corps avant de se réfléchir dans la tête. Avec ce nouveau single, GAZ ne réinvente pas la roue, ils la font tourner — et elle roule avec panache.
Tout respire le classicisme assumé : guitare nerveuse qui flirte avec Chuck Berry, harmonies vocales qui s’entrelacent dans une chaleur presque beatlesienne, section rythmique implacable qui pousse le morceau vers l’avant. Et puis, détail irrésistible, ce piano honky-tonk qui surgit comme un invité surprise, donnant au morceau une couleur cabaret rock’n’roll, festive et rétro. À cela s’ajoute une touche de cuivres, qui ajoute du souffle, du clinquant, comme si le morceau lui-même voulait se déguiser en parade de rue.
On pense aux Stones des débuts, à l’énergie brute des Faces, à cette époque où la musique rock se prenait moins au sérieux et vibrait avant tout pour la fête. Mais GAZ n’est pas qu’un groupe revival : il y a dans leur son une sincérité, une fraîcheur qui empêche le morceau de tomber dans la reconstitution muséale. Let It Roll fonctionne parce qu’il sonne comme une invitation : arrêter de résister, lâcher prise, et se laisser porter.
Formés il y a vingt ans à Barcelone, ces trois amis ont gardé intacte leur flamme : Josep Antoni Lopez, voix claire et basse solide, signe des textes qui puisent dans sa vie, tandis que Jordi Perdigo (guitare) et Albert Perdigo (batterie) tissent ce groove intemporel. Leur album Watergazed (2020), déjà mixé par le légendaire George Shilling, avait montré leur capacité à conjuguer nostalgie et spontanéité. Let It Roll poursuit le geste avec encore plus de légèreté et d’entrain.
C’est une chanson simple, peut-être, mais terriblement efficace : le genre de titre qui réveille la mémoire du rock tout en la transmettant à une nouvelle génération. Une chanson qui ne prétend rien d’autre que d’accompagner vos pas, vos rires et vos nuits d’été.
Comme une maxime, le refrain résonne encore après l’écoute : laisser rouler. Et si le rock’n’roll n’avait jamais eu besoin d’autre philosophie ?
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octobre 3, 2025La première fois qu’on écoute Love Redacted, on a cette impression étrange d’entrer dans une archive sonore d’un temps révolu — et pourtant, tout sonne actuel, urgent, viscéral. La chanson, née sur l’île d’Anglesey et signée Colin M Potter seul aux commandes, pourrait sortir tout droit d’un vinyle trouvé au fond d’un grenier mancunien des années 90, et pourtant, elle porte dans son ADN quelque chose de profondément contemporain : une rage de s’affranchir.
Ce sixième morceau de l’album I Dreamt I Had Insomnia se construit autour d’une tension simple mais implacable. Les guitares, cristallines mais nerveuses, se croisent et se heurtent dans une dynamique qui rappelle The Smiths, mais sans leur ironie distante. Ici, tout est frontal, chargé d’une sincérité brute. La basse roule comme un moteur en sous-terrain, la batterie frappe avec retenue mais ne laisse aucun répit : un rythme de marche en avant, sans retour possible.
Le chant de Colin M Potter, grave, presque détaché, joue le rôle de confession à demi murmurée, à demi crachée. Les paroles parlent de compromission, de ces moments où l’on s’est trop tordu pour plaire, pour entrer dans les cases, avant de retrouver la force de se redresser et de tourner le dos. « Love Redacted », c’est l’acte d’effacer les cicatrices qu’on a laissées écrire à notre place, une réécriture de soi par la musique.
L’indépendance revendiquée du collectif Blindness & Light transpire dans chaque seconde : pas d’arrangements inutiles, pas de vernis radiophonique. On entend la liberté brute de musiciens qui refusent de se plier à une tendance. Le morceau ne cherche pas à séduire immédiatement, il exige d’être apprivoisé, comme ces disques cultes qu’on apprend à aimer pour leur honnêteté rugueuse.
Il faut aussi mentionner la dimension presque artisanale de l’objet : une vidéo tournée dans un jardin autour d’un feu improvisé, un lettrage rouge peint sur une vieille poubelle, qui finit par s’effacer jusqu’au noir. Une image parfaite de la chanson : brûler ce qui nous retient, effacer ce qui nous a déformés, et laisser les cendres dessiner un nouvel avenir.
@blindness_and_light Next Friday (3rd Oct ’25) we’ll release ‘Love Redacted’ as a single. This single shot video worked out better than I expected as red burns out to black and then fades out almost completely. T-shirts available on Amazon, vinyl album on Bandcamp. 🔥🔥🔥 ♬ original sound – Blindness & Light – Blindness & Light
Avec Love Redacted, Blindness & Light confirme que leur place n’est pas dans les classements éphémères mais dans la lignée des projets indépendants qui creusent leur sillon à contre-courant. Une chanson pour celles et ceux qui ont déjà trop cédé, et qui décident, enfin, de se redresser.
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octobre 3, 2025Un battement synthétique, nocturne, s’installe comme le souffle mécanique d’une ville endormie. Une voix s’y faufile, douce et inquiétante à la fois, et bientôt l’ombre de David Lynch plane au-dessus de la mélodie : un échantillon de sa série Number of the Day, répété comme un mantra, comme si le cinéaste lui-même avait ouvert la porte de ce morceau. Avec Look Alike, le duo Cupid Spell signe une entrée fracassante dans l’imaginaire dark synthpop teintée de rock : une plongée dans le double, la duplicité, le reflet déformé que chacun abrite en soi.
Ce n’est pas un hasard si le morceau convoque immédiatement Twin Peaks et ses fantômes. On retrouve la même inquiétante étrangeté que dans les compositions d’Angelo Badalamenti et les murmures éthérés de Julee Cruise : ces mélodies qui paraissent lumineuses mais qui, dans leur douceur même, cachent une menace latente. Look Alike fonctionne comme un rêve éveillé : nappes synthétiques qui s’étirent comme un voile de fumée, voix qui glissent sans jamais se livrer totalement, et cette impression de basculer d’un instant à l’autre du merveilleux vers le cauchemar.
L’idée du double, au cœur du morceau, est subtilement incarnée par la production. Les couches sonores se répondent comme des miroirs décalés, chaque motif semblant avoir son jumeau inversé. La voix joue elle aussi de cette tension : à la fois caressante et spectrale, humaine mais presque désincarnée, comme si elle n’appartenait pas tout à fait à celui ou celle qui la chante. C’est une esthétique du masque, du dédoublement, qui colle parfaitement à l’univers lynchien.
Fondé en 2025 à Bloomington par Josh Kreuzman (alias Twice Dark, figure de la scène darkwave) et Mandy Buffington, Cupid Spell naît d’un désir de travailler ensemble sur les thèmes de l’amour, de la perte et du mystère. Mais avec Look Alike, ils dépassent le simple hommage : ils construisent une pièce qui pourrait parfaitement s’inscrire dans un bal étrange à la Roadhouse, où le temps se suspend et où l’on doute soudain de qui l’on est vraiment.
En surface, Look Alike est une balade synthpop hypnotique. Mais en dessous, c’est une réflexion sonore sur la duplicité, sur la façon dont chacun peut porter son jumeau sombre. Lynchien dans l’âme, contemporain dans le son, ce premier geste de Cupid Spell promet une série de sortilèges à venir — et on rêve déjà d’y replonger.
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octobre 3, 2025Le morceau ne se contente pas d’exister, il s’efface sous nos yeux. Disappear, nouveau single de Tropigloom, agit comme une coulée lente, une brume sonore où chaque note semble vouloir se dissoudre dans la suivante. Derrière ce projet solo, le Canadien Andrew Roy met à nu ce qu’on cache derrière les écrans de fumée, ces tentatives maladroites de masquer la douleur par l’ivresse ou l’oubli, avant que la lucidité ne revienne frapper, trop fort, trop tard.
Ce qui frappe dans cette chanson, c’est la façon dont Roy joue de la dualité entre beauté et malaise. Les guitares, héritières directes de My Bloody Valentine et Slowdive, saturent l’espace comme un voile de brouillard, un cocon dans lequel on se laisse glisser. Mais sous cette tendresse texturée, les basses traînent une lourdeur presque suffocante, une gravité qui rappelle Interpol ou même certains titres plus sombres de The Cure. C’est un son à la fois intime et expansif, fragile et massif, où l’on sent toujours le risque de basculer.
La voix, mixée à demi ensevelie, porte une confession plus qu’un chant. Elle n’exhibe rien, elle chuchote, comme si les mots eux-mêmes avaient peur de se montrer trop clairement. Et pourtant, dans ce retrait, une vérité brute surgit : l’aveu d’une spirale, la peur de ne plus savoir comment revenir en arrière. Le titre est bien choisi : « disparaître », non pas comme une disparition spectaculaire, mais comme une lente évaporation de soi.
Ce deuxième extrait de l’EP Everything Now But In Reverse (à paraître le 9 novembre 2025) confirme que Tropigloom est un projet qui regarde l’ombre en face sans chercher à la maquiller. Andrew Roy, qu’on a déjà vu sur les routes avec Hannah Georgas et parmi divers collectifs torontois, s’autorise ici un geste personnel, débarrassé des compromis de groupe. Sa musique est à la fois lo-fi et ample, nostalgique et contemporaine : l’écho d’un passé réinventé au présent.
Écouter Disappear, c’est accepter de se laisser avaler par une mélancolie sans issue, mais où subsistent, par instants, des éclats de lumière. Comme une main tremblante qui se tend, encore, au milieu du vertige.
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octobre 3, 2025Le morceau s’ouvre comme un charme discret, un riff qui serpente, presque innocent, avant que tout ne bascule. La séduction première de Bloodsucker est trompeuse : ce n’est pas une chanson qui s’offre immédiatement, c’est une créature qui attire, enlace et finit par mordre. Paula Laubach, sous son alias Daph Veil, tisse un espace sonore où le blues devient une porte d’entrée, mais jamais un refuge.
Ce qui me frappe, c’est la manière dont le morceau raconte une relation toxique sans jamais tomber dans le cliché narratif. Le récit est dans la musique elle-même : les guitares flottent comme une promesse, les nappes électroniques insinuent un vertige, et quand les batteries de Joe Valadez surgissent, tout s’écroule, tout éclate. On ne parle pas ici de simple crescendo : on assiste à une implosion. L’édifice sonore s’effondre sur lui-même pour révéler le chaos qui couvait.
Les voix, démultipliées, deviennent le vrai champ de bataille. Une couche caresse, l’autre grince, une troisième hurle en silence. Laubach expose cette fracture entre le masque que l’on arbore et la tempête que l’on cache, et ce contraste, parfaitement produit par Matt Parmenter, donne à la chanson une intensité viscérale. Rien n’est gratuit : la texture des guitares, le grain du chant, la tension des silences — tout respire l’obsession de sculpter une émotion brute.
Les paroles, signées Rebecca Price, viennent parachever ce travail de sape : des images de sang, de dépendance, d’attachement vampirique. Mais ce n’est jamais grandiloquent. C’est précis, presque clinique. Ce vampirisme-là n’est pas gothique ou romantisé : il est affectif, quotidien, insidieux.
Écouter Bloodsucker, c’est se confronter à une œuvre qui ne cherche pas à plaire mais à marquer. Une morsure lente qui traverse le corps, entre plaisir et douleur. Et ce qui rend le morceau inoubliable, c’est qu’il réussit à conjuguer la sophistication d’une construction shoegaze-électronique avec l’âpreté brute du blues originel.
Daph Veil ne se contente pas d’écrire une chanson : elle met en scène une vérité inconfortable, magnifiée par le chaos. Le résultat, c’est une pièce hybride, sensuelle et dévastatrice, qui ne s’oublie pas — comme ces passions qui laissent des cicatrices plus belles que des souvenirs heureux.
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octobre 3, 2025On entre dans Tales of the Dark Forest comme on franchit une grille rouillée donnant sur un cimetière de pierre et de brume. Rien de brutal, pas de peur frontale. Plutôt une main glacée posée sur l’épaule, une invitation à marcher dans la pénombre et à se laisser happer. Gothic Aesthetic ne cherche pas l’effet facile : ils bâtissent un théâtre d’ombres, une dramaturgie sonore où chaque morceau joue le rôle d’un acte tragique.
Witch ouvre le bal comme une invocation. Le chant, mi-chuchoté mi-crié, porte la mémoire des bûchers et la revanche des flammes. C’est la naissance d’une héroïne mythologique que l’on voit déjà danser au milieu des éclairs. The Raven embraye avec une puissance presque symphonique, clin d’œil évident à Poe, mais réinventé : riffs cinglants, percussions martiales, un corbeau qui n’annonce pas la mort mais la révolte.
Dans Cursed Forest, le duo déploie son sens du cinéma : les guitares deviennent racines et spectres, les synthés bruissent comme des branches, et l’on s’égare dans cette forêt sonore qui semble respirer par elle-même. L’impression est immersive, presque tactile. Iron Mask, lui, renverse la perspective : un titre pesant, tragique, comme un opéra de métal gothique. Derrière ce masque de fer, on entend surtout l’impossibilité de dire, le silence de siècles condensé en une mélodie douloureuse.
La beauté se fait sanglante dans Blood of the Moon. Ici, tout est rituel : la guitare se tord en litanie, la voix caresse et griffe à la fois. On pense à une messe rouge, un désir sacrificiel transfiguré en danse. Puis vient The Marionette, morceau qui glace par son atmosphère de cauchemar théâtral. Qui manipule qui ? Les voix se superposent comme autant de fils invisibles, et l’on ressent physiquement cette perte de contrôle.
Avec Bride of Shadows, le disque bascule vers le romantisme pur. Une ballade funèbre, sublime, où l’on croit assister à un mariage impossible entre la vie et la mort. Et lorsque The Damned King surgit, les guitares tranchent net, portées par des vocaux d’une brutalité souveraine. Le trône est de glace, la folie royale palpable.
Gothic Feast surprend, presque ludique : banquet macabre, ambiance cabaret punk, éclats de rire venus des tombes. Un moment de respiration, grotesque et jouissif. Puis tout s’éteint dans Final Bell, véritable épilogue où chaque titre semble revenir hanter nos oreilles, comme si la forêt engloutissait ses propres histoires pour mieux les garder.
La force de Gothic Aesthetic est là : ne jamais sombrer dans le cliché. Leur gothisme est élégant, viscéral, nourri de Ghost, HIM ou Type O Negative, mais transcendé par une volonté de bâtir un univers total. Tales of the Dark Forest n’est pas seulement un disque, c’est une scène, un mausolée vivant où chaque écho, chaque riff, chaque souffle participe à une liturgie sombre.
On en ressort marqué, comme après une pièce de théâtre qui aurait mêlé Poe, Mary Shelley et un live de Sisters of Mercy sous acide. L’album n’essaie pas de terrifier. Il hante, doucement, longtemps. Et ce genre de hantise est beaucoup plus rare — et beaucoup plus précieuse.
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octobre 3, 2025J’enfile un masque imaginaire avant d’appuyer sur play : ici, l’amour se célèbre en zone rouge, et la tendresse apprend à respirer dans un nuage de fumée. Gas Mask Wedding n’empile pas des genres, il les frictionne jusqu’à l’étincelle — alt-rock, trap, pop-punk, ballade piano — pour raconter des romances qui coupent, qui recousent, qui laissent des marques et de la lumière.
La collision inaugure tout : Car Crash est un piano-voix à nu, enregistré “au souffle”, où chaque résonance de marteau devient souvenir. Pas d’esbroufe, juste l’onde de choc. Puis Scrapbook (avec The Skinner Brothers) colle des bouts de vies comme on assemble un carnet au scotch : batterie sèche, guitares britanniques, mélodies qui font tenir le chaos. À contre-courant, Fucked Up Feelings fusionne RnB et grunge : 808 bodybuildée, guitares détunées, saturation velours — l’intime vibre en low-fi de velours sombre.
La gifle pop-punk arrive avec Left on Read (Love Ghost x Wiplash). Tempo brûlant, caisse claire claquante, refrains fédérateurs : le ghosting devient hymne cathartique, taillé pour la scène. Hair Dye sert d’interlude narratif, comme un Polaroid parlé qui recadre l’histoire. Scar Tissue plonge, elle, dans une trap ténébreuse : sub qui tremble au plexus, hi-hats glacés, voix mitraillée d’échos — la psyché parle en stroboscope.
Retour soleil couchant : Sandcastles (avec Zach Goode) marie le sel californien et un spleen pop-punk, chanson à embrasser trop fort avant que la vague ne l’emporte. Hallucinations (avec Reverie) cruise cap à l’ouest : guitares en apesanteur, basse qui marche, nonchalance psyché entre héritage Sublime et modernité à la Jean Dawson. Minimaliste et désarmante, Angelic suspend le temps : silences éloquents, grain fragile, cicatrice belle.
Troisième passe avec The Skinner Brothers sur Worth It : couplets en clair-obscur, montée progressive, solo de guitare qui tranche comme une décision salvatrice. Spirit Box joue littéralement avec l’au-delà : statiques radio, reverbs inversées, voix comme captée derrière le voile — jolie réussite de sound design au service du thème. A Message from Finn fait office de note d’intention, confiant la genèse et l’obstination derrière le disque.
Le versant 90’s gronde sur Falling Down : guitares fuzz, dynamique “quiet/loud”, basse élastique — une descente qui s’écoute les phares allumés. Heartbreak City (avec Demario SB et Matt Kali) déroule un triptyque voix/mélodie/rap où la métropole devient désert affectif, beat trap brillant sous un refrain entêtant. Avec Soviet Ghost (prod. Seth Bishop), le groupe convoque l’imaginaire industriel : percussions martiales, synthés au froid métallique, progression en mineur qui raconte l’Histoire en frisson. Clôture en clair-obscur : The Masochist bat sur une rythmique hypnotique, cordes synthétiques qui serrent l’étau, chant qui assume la dépendance pour mieux l’exorciser.
Au fil de ces pistes, Love Ghost réussit un paradoxe précieux : raconter l’intime sans mièvrerie, l’époque sans slogans. L’album tient du rituel — on entre abîmé, on ressort cabossé mais vivant, avec l’impression d’avoir trouvé un pouls commun dans le vacarme. Mariage en atmosphère toxique, peut-être ; mais bande-son hautement respirable.
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octobre 1, 2025Il existe des morceaux qui sentent la poussière laissée par un déménagement trop hâtif, la clef rendue sans se retourner, l’écho d’une pièce vide où résonne encore une dispute qu’on n’a jamais su clore. We Don’t Live Here Anymore de Violet Palms est de ceux-là. Pas une ballade plaintive, mais une fresque indie rock hantée par les fantômes d’un passé qui colle au sol comme des polaroids oubliés.
La guitare, ici, ne cherche pas à briller mais à fissurer : saturée d’effets, noyée dans un grain “tape nostalgia” que le guitariste Ben Feiner décrit comme une « bombe à souvenirs instantanés », elle installe cette atmosphère de mélancolie suspendue, de mémoire fabriquée. Le solo qu’il déroule, qu’il revendique comme l’un de ses plus beaux, n’est pas un déluge de notes : c’est une ligne fragile, bancale, comme si chaque bend cherchait à retenir une larme.
Le chant de Marcus Truschinski, lui, ne crie jamais : il effleure. Sa voix caresse l’ombre des phrases qu’on ne se dit pas, comme un aveu qui refuse le pathos mais s’ancre dans la sincérité brute. On entend les tensions du vécu, les blessures qui se superposent aux accords. La basse et la batterie, plus feutrées, jouent la retenue — elles contiennent l’explosion, comme si l’effondrement devait rester intérieur.
Et puis il y a ces chœurs de Grace, déposés presque par hasard, qui transforment le morceau en un instant spectral. Des “ooohs” aériens qui planent au-dessus du champ de ruines et offrent une forme de consolation, fragile mais nécessaire.
We Don’t Live Here Anymore n’est pas seulement une chanson de rupture. C’est une peinture sonore de ce moment précis où l’on comprend que ce n’est plus chez soi, que la tendresse ne réside plus là, et que ce constat, aussi brutal soit-il, mérite d’être célébré dans sa beauté tragique. Violet Palms y déploie tout son savoir-faire : un rock alternatif à la fois ample et intime, capable d’éclairer les zones sombres de nos vies avec une élégance désarmante.
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octobre 1, 2025Dans le brouhaha des histoires avortées et des désirs trop pressés, Michellar choisit la retenue, la confession douce-amère. Son nouveau single Never Say Sorry, né à San Francisco puis façonné en Angleterre par le producteur Tobias Wilson, s’inscrit comme une ballade pop intime où l’écriture prend le pas sur les artifices. L’artiste compose, raconte et s’expose dans un registre où la sincérité devient le seul véritable instrument.
À l’origine, un sentiment : celui d’avoir quitté des amours trop vite, d’avoir cherché ailleurs ce qui, peut-être, se trouvait déjà là. De cette tension entre fuite et fidélité naît une chanson qui s’articule autour d’une idée simple mais bouleversante — lorsque l’amour est réel, il revient, et il n’y a plus de place pour les excuses. La voix de Michellar, sans emphase, trouve sa force dans la vulnérabilité, glissant sur une production sobre, presque transparente, qui laisse respirer chaque mot.
Au-delà du titre, Never Say Sorry marque un jalon personnel : un an que Michellar se consacre pleinement à la musique produite, peaufinant sa plume de songwriter comme d’autres perfectionnent un geste pictural. Et justement, l’artiste ne se limite pas aux notes : à San Francisco, une exposition imminente présentera quinze toiles inspirées des pochettes de ses morceaux, chacune connectée à la musique par QR code. Une manière de lier ses univers — peinture et chanson — pour offrir une expérience sensorielle totale.
Le morceau, dans sa simplicité mélodique, s’éloigne des tendances surproduites pour mieux coller à son propos : l’introspection, l’honnêteté, le refus de travestir l’émotion brute. Michellar ne cherche pas à séduire à tout prix mais à tracer son chemin, comme on écrit dans un carnet secret. Never Say Sorry ne crie pas, il murmure avec assez de force pour résonner longtemps après l’écoute.
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octobre 1, 2025Il y a des morceaux qui ressemblent à un éclat de verre : ils coupent, mais reflètent aussi la lumière. Best Day Ever de Cornelis Gerard appartient à cette lignée. Derrière son titre trompeusement euphorique, le morceau déploie une énergie nerveuse héritée de la New Wave et du Post-Punk, une cavalcade de guitares carillonnantes et de rythmes tendus qui rappellent R.E.M, The Cure ou Echo & the Bunnymen. Mais loin de la simple nostalgie, Gerard réussit à faire de cette esthétique un véhicule contemporain pour raconter la gueule de bois émotionnelle d’une rupture.
Ce qui frappe, c’est ce mélange de mélancolie et de catharsis. Les riffs brillants se cognent à une basse obstinée, les percussions entraînent presque malgré elles le corps à se lever, à bouger, comme si la seule issue au naufrage sentimental était de transformer le désarroi en danse. La voix, elle, garde ce grain sincère, fragile mais ferme, qui traduit l’urgence d’un cœur qui s’accroche à la lucidité.
Cornelis Gerard excelle dans ce registre hybride, capable de tendre un fil entre la douleur intime et la fête collective. C’est cette tension qui rend Best Day Ever si saisissant : un morceau qui se vit autant en club qu’en solitaire avec des écouteurs, une bande-son pour pleurer en souriant ou sourire en pleurant, selon l’angle.
Dans la tradition des conteurs urbains, Gerard prend la banalité du quotidien – l’éclatement d’une relation, l’écho des regrets, la fuite en avant – et en fait une fresque où tout le monde peut se reconnaître. Mais là où d’autres sombreraient dans le pathos, lui choisit le mouvement, l’élan, la transfiguration.
Best Day Ever est donc bien plus qu’un hymne post-rupture. C’est une déclaration d’indépendance émotionnelle, un pied de nez à la douleur, une façon d’affirmer que, même au cœur du chaos, le corps peut encore trouver une pulsation pour avancer. Un titre qui prouve que la joie n’est pas toujours l’opposé de la tristesse, mais parfois son prolongement électrique.
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septembre 30, 2025Sous ses airs de slackeur hédoniste, Scoobert Doobert cache une vraie science du détail, cette manière de transformer une mélodie anodine en petit vertige de joie simple. Avec best. day. ever., il sort de sa chambre — ce berceau du lo-fi — pour offrir une cartographie sonore de l’ivresse estivale, celle où chaque rayon de soleil semble un riff et chaque vague une ligne de basse.
Le morceau s’inscrit dans la continuité de son univers, ce qu’il aime appeler du lofi hifi wifi : une esthétique artisanale qui respire la sincérité, mais qui se pare d’arrangements assez malins pour flirter avec la pop la plus addictive. Ici, les guitares claquent comme des bulles de soda, la rythmique s’étire dans une nonchalance californienne, et les textures électroniques viennent tapisser l’ensemble d’un voile rétrofuturiste. Le résultat évoque autant le slacker rock des années 90 que l’insouciance colorée de la bedroom pop contemporaine.
Si le titre semble léger, presque anecdotique dans sa célébration d’un moment parfait, il révèle surtout une capacité rare à condenser des sensations fugaces en paysages sonores. On entend dans best. day. ever. les échos d’un été qui refuse de mourir, un refus de laisser l’ordinaire étouffer le sublime du banal. C’est ce paradoxe que Scoobert maîtrise : transformer une journée quelconque en une parenthèse enchantée, presque cinématographique.
L’artiste n’en est pas à son coup d’essai. Entre ses collaborations avec CHAI, ses LPs aux allures de cycles méditatifs (Big Hug, KŌAN, Moonlight Beach), et son rôle de producteur touche-à-tout, Scoobert a su bâtir une réputation de caméléon sonore. Mais c’est dans ces morceaux faussement simples, écrits depuis sa chambre, que son génie éclate : un sens du groove décontracté, une oreille d’arrangeur minutieux, et surtout, une voix qui ne cherche jamais à dominer mais à se fondre dans la texture.
Avec best. day. ever., Scoobert Doobert ne signe pas seulement une chanson : il capture un état d’esprit. Celui d’un monde où la nostalgie devient carburant, où l’instant présent se cristallise dans un beat paresseux, et où l’on comprend que la musique peut être, tout simplement, le filtre rose que l’on met sur une réalité trop grise.
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septembre 29, 2025On croyait connaître la silhouette : chapeau vissé, mâchoire carrée, bottes poussiéreuses et solitude alcoolisée au comptoir. Mais Leo Brawdy aime tordre les clichés comme on dévisse une enseigne de saloon. Avec Shy Guy, deuxième extrait de son album Neon Rodeo, il renverse le mythe : son cowboy ne court pas les jupons, il se frotte au doute, à l’humour, à la tendresse, et finit par tracer sa route autrement. Un virage à gauche, inattendu, presque cinématographique.
Ce qui frappe d’abord, c’est l’atmosphère : une Americana qui a troqué ses grands espaces solaires pour une lumière crépusculaire. La voix de Brawdy se déploie rugueuse et vulnérable, comme un carnet de bord griffonné au clair-obscur, soutenue par des arrangements amples, presque ciné. Pas de chevauchée héroïque, mais une errance intérieure où l’homme se regarde enfin sans armure. On entend dans cette lente combustion l’envie de se libérer du carcan macho du genre pour lui offrir d’autres nuances – drôles, intimes, parfois auto-dérisoires.
Là où Line Dancing Alone était pensé pour soulever la poussière du dancefloor, Shy Guy préfère faire lever un sourire en coin, ou un sourcil surpris. Chaque ligne mordille les stéréotypes country tout en les embrassant de biais. La tendresse n’exclut pas la malice : Brawdy écrit comme un réalisateur filme, entre punchlines désarmantes et travelling sur des paysages intérieurs où le cow-boy se découvre enfin faillible.
Derrière Leo Brawdy, il y a François Domain, artisan d’un projet hybride où l’intelligence artificielle bâtit des structures et où l’humain reprend la plume pour injecter chair et esprit. Le résultat, loin d’être gadget, trace une route neuve : celle d’une Americana qui ose se moquer d’elle-même, qui sait rire de ses cowboys solitaires pour mieux les réinventer.
Shy Guy est un clin d’œil envoyé à Nashville et à Hollywood, une invitation à voir que le Far West peut encore surprendre – surtout quand le cowboy, au lieu de foncer tout droit, choisit la bifurcation.
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septembre 29, 2025La première impression n’est pas un riff, ni même une mélodie : c’est une sensation de retour. Comme si Eddie Cohn, après des détours dans la vie réelle, avait retrouvé la seule boussole qui compte – celle du son. Get Back My Way n’est pas une réinvention spectaculaire mais une réappropriation intime, une façon de dire : « voilà où je me sens juste ».
La chanson s’ouvre avec une guitare acoustique qui n’a rien de décoratif. Elle agit comme un fil conducteur, presque fragile, auquel viennent se greffer des couches qui épaississent le souffle : les cordes graves du violoncelle de Phil Peterson, les basses solides de Dan Lutz, les éclats électriques de Brett Farkas, et cette batterie ample, terrienne, de Jake Reed. Ensemble, ils construisent une montée progressive, une vague sonore qui ne s’écrase jamais vraiment mais qui vous emporte.
On perçoit l’héritage grunge des années 90 – Vedder, Cornell – mais Eddie Cohn préfère l’intimisme à la colère brute. L’écriture épouse une logique de crescendo : partir d’un arpège presque nu pour atteindre des sommets où l’organique se marie à l’amplifié. La production, loin des excès contemporains, respire. Elle laisse de l’air aux instruments, comme si chaque silence comptait autant que chaque note.
Ce morceau a la patine des chansons qui naissent d’une nécessité plus que d’un calcul. Eddie Cohn revient d’une pause consacrée à l’immobilier, mais sa voix prouve qu’on ne « range » pas la musique. Il chante avec une intensité contenue, jamais démonstrative, mais toujours traversée d’une vérité brute. Ce qu’il raconte, au fond, n’est pas la réussite ni l’échec : c’est la gratitude des gestes simples, l’importance de rester créatif quand tout pousse au contraire.
Get Back My Way est une chanson-passerelle, une respiration entre passé et présent, un rappel que le rock le plus authentique n’a pas besoin d’effets pyrotechniques pour toucher. Juste une conviction : celle de reprendre son chemin, sans fard.
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septembre 25, 2025J’ai mis le casque, j’ai fermé les yeux, et tout de suite la sensation d’une vitre qui se fissure, d’un miroir qui m’avale. Ce nouveau single de Murder Sermon, Through the Eyes of the Mirror, n’est pas un titre qu’on écoute distraitement : c’est une expérience sensorielle, auditive et visuelle, un combat entre le chaos et la précision, un éclat de verre planté dans la peau.
Le morceau se déploie comme une tempête soigneusement chorégraphiée. Les guitares, furieuses, tracent des arabesques de feu, capables de passer d’une rafale death metal à des cassures de rythme si lourdes qu’on croit entendre une cathédrale s’écrouler. La batterie, elle, n’accompagne pas : elle prophétise. Chaque roulement résonne comme un verdict, chaque accélération comme une mise à mort. Et puis, au milieu de cette brutalité, surgissent des respirations, des suspensions qui ressemblent à des halètements — comme si le morceau lui-même prenait le temps de se regarder en face dans son miroir fêlé avant de replonger dans la rage.
L’intelligence de Murder Sermon, c’est de ne jamais confondre vitesse avec précipitation. Leur écriture est collective, organique, mais guidée par une obsession : repousser les limites sans perdre la cohérence. Jérémie, le guitariste, plante les graines, mais c’est l’alchimie du groupe qui fait pousser cette forêt sonore, noire et dense. On sent qu’ils enregistrent dans un lieu familier, Avatar Productions près de Rouen, non pas comme dans un studio impersonnel, mais dans une maison hantée qu’ils connaissent par cœur. Cela leur donne la liberté d’expérimenter, de creuser chaque riff jusqu’à ce qu’il devienne un cri.
Ce qui me fascine, c’est la manière dont ce single annonce déjà un album plus ambitieux. On pressent que Through the Eyes of the Mirror n’est pas qu’une mise en bouche : c’est une porte d’entrée vers un monde plus vaste, un univers où le métal ne se contente plus d’être brutal, mais devient une sorte de miroir brisé tendu à l’époque. En l’écoutant, je n’entends pas seulement la rage de Rouen : j’entends un groupe qui veut écrire une nouvelle grammaire pour son genre, où la violence brute se mue en langage, et où le chaos devient, paradoxalement, un ordre supérieur.
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septembre 25, 2025Parfois, un morceau est une énigme vêtue de lumière tamisée. Avec Buy sunnies on a gloomy day, Carl HS transforme un geste dérisoire — enfiler des lunettes de soleil par temps gris — en manifeste existentiel. Derrière l’ironie, c’est tout un art de la survie psychique qui se dessine : comment avancer dans un monde saturé de nuages intérieurs sans fabriquer soi-même un halo de clarté artificielle ?
Le morceau s’ouvre sur un souffle acoustique chaleureux, presque fragile, qui n’est pas sans rappeler les fulgurances les plus douces de la Britpop des années 90. Puis, comme un voile qui se déchire, le refrain surgit avec une intensité mantraïque : un appel à se relever, à “rocker ses ailes” pour s’élever, à chercher la lumière même quand le soleil refuse de briller. La production, volontairement sobre, laisse l’espace à la voix de HS — ce mélange de murmure et de morsure, capable d’osciller entre confidence et prêche intérieur.
Carl HS est un personnage façonné par la collision des mondes. Ancien mannequin devenu musicien “sérieux”, il connaît mieux que quiconque la tyrannie des images et des étiquettes. Trop rock pour la mode, trop mode pour la musique : il choisit ici de brouiller les frontières, en clown triste ou dandy mourant, comme pour dire que son art est justement dans cette fracture. Buy sunnies on a gloomy day est le prolongement sonore de cette identité éclatée, une chanson à la fois limpide et opaque, claire comme l’eau qui brûle, abstraite comme une confession sur papier glacé.
Premier aperçu de l’album Dirt Bike Meditations, ce single annonce un disque où la vitesse et la mélancolie feront tandem, comme une motocross lancée dans le brouillard. HS, avec sa plume de littéraire et son instinct de performeur, y promet une musique de contrastes : grandiose et fragile, théâtrale et intime.
Ce titre est une philosophie en trois minutes trente. Porter des lunettes de soleil sur un ciel bas, c’est peut-être accepter que la clarté ne vienne pas du dehors, mais de l’intérieur. Carl HS le dit en musique, et soudain le gris paraît moins lourd.
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septembre 25, 2025On dirait un cauchemar baroque sorti d’un cerveau en fièvre : un patient schizophrène imagine s’échapper de son unité psychiatrique, traverser un cirque halluciné, et voir les lions dévorer les clowns. Voilà le décor que Powers of the Monk plante dans Bread & Circuses, morceau délirant, théâtral et pourtant terriblement lucide sur nos sociétés qui préfèrent l’anesthésie spectaculaire à la vérité crue.
David S. Monk et CasSondra “Pontiac” Powers, le duo au cœur du projet, n’ont pas peur de transformer le chaos mental en fresque sonore. Leur musique oscille entre un rock rugueux aux guitares charbonneuses et des nappes plus atmosphériques, où les sons de couloirs d’hôpital, de moniteurs cardiaques ou d’avion au décollage viennent se greffer comme des parasites auditifs. Ce n’est pas un simple morceau : c’est une expérience sensorielle, un passage dans la tête d’un narrateur fissuré.
Le travail de production, épaulé par le batteur invité John O’Reilly Jr., est d’une richesse obsessionnelle. Quinze pistes de batterie, couches de voix désespérées ou sarcastiques, samples de rugissements de lions et gongs finaux : chaque détail contribue à transformer le délire en un opéra rock miniature. La voix de Monk, volontairement éraillée et “imparfaite”, colle à la peau de ce personnage schizophrène, entre murmure inquiétant et cri de révolte. À ses côtés, CasSondra injecte un contrepoint vocal spectral, presque liturgique, qui donne une dimension sacrée à l’absurde.
La force du titre ne réside pas uniquement dans son étrangeté narrative. Derrière le spectacle grotesque — des clowns dévorés, des plans ourdis par des hallucinations numérotées — se cache une métaphore politique grinçante. Rome est sur le point de tomber, dit le texte, et nous, spectateurs modernes, nous contentons de “pain et de jeux”, anesthésiés par nos écrans et nos distractions, incapables de voir les barreaux de nos propres cages.
Bread & Circuses est une chanson sur la schizophrénie, mais aussi sur la nôtre : celle d’un monde qui se gave de divertissements pendant que le feu gronde. Un morceau dérangeant, inventif, fascinant, où Powers of the Monk prouve qu’ils savent transformer l’ombre en un cirque flamboyant — et que parfois, la folie dit la vérité mieux que la raison.
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septembre 25, 2025Découvrir KIBAIZKI, c’est comme voir débarquer un vieil ami qu’on pensait assagi par les années, et le retrouver plus féroce, plus insolent que jamais. Nobotox, c’est Jean-Christophe Marchal qui, seul dans son antre bruxellois, recrée l’électricité brute des 70’s et 80’s. On entend dans ses guitares l’ombre d’AC/DC, l’insolence de Trust, mais aussi ce petit parfum punk qui empêche la machine de sombrer dans la simple nostalgie. Ce n’est pas du rock sous vitrine, c’est du rock qui transpire, qui brûle, qui se débat.
KIBAIZKI, chanté en français, frappe là où ça fait mal : les luttes de pouvoir, ces jeux minables qui gangrènent nos existences. La métaphore du flingue n’est pas gratuite : chaque riff agit comme un doigt accusateur, chaque ligne vocale comme un coup de semonce. La voix de Marchal n’a rien d’une caresse — c’est une morsure, une voix qui ne cherche pas à séduire mais à déranger, comme si elle voulait nous rappeler que le rock n’est pas censé rassurer mais bousculer.
Ce qui fascine, c’est la dynamique du morceau. Ça démarre presque en retenant sa respiration : une basse râpeuse, une batterie sèche qui se cale sur un tempo militaire, et puis soudain les guitares déboulent, acérées, pour relâcher toute la tension accumulée. Le refrain arrive comme une décharge électrique : brutal mais jubilatoire, fait pour être hurlé plus que chanté. On sent que Marchal a pensé le morceau comme une suite de vagues, un ressac constant qui colle au sujet — domination, écrasement, révolte.
Et puis, détail non négligeable : le choix du français. Dans un monde où l’anglais s’est imposé comme la langue par défaut du rock, Nobotox ose la clarté tranchante de sa langue maternelle. Ça donne au morceau une épaisseur supplémentaire, une rugosité qui ne se dilue pas. On comprend chaque mot, chaque pique, et ça résonne d’autant plus fort.
KIBAIZKI n’est pas une chanson de plus dans le paysage saturé du rock indépendant. C’est une déclaration de guerre en trois minutes : rugueuse, tendue, mais étrangement jubilatoire. On sort de l’écoute un peu sonné, un peu excité, avec l’impression qu’on vient de croiser un de ces morceaux qui vous collent à la peau et qui, à leur manière, vous rappellent pourquoi on a un jour aimé le rock.
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septembre 24, 2025Écouter GAME FIT revient à enfiler des gants de boxe sans savoir si on va cogner ou être cogné. Le morceau ne se contente pas d’exister, il se jette sur vous, comme un chien de combat lâché dans une ruelle obscure. Ce n’est pas une chanson, c’est une alarme intérieure. Trois minutes où l’air se fait rare, où chaque battement de caisse claire claque comme une gifle de réalité.
9 o’clock Nasty n’a jamais fait dans la dentelle, mais ici, l’urgence est distillée à l’état pur. La basse n’est plus un simple instrument, elle devient pouls, une artère prête à éclater sous la pression. La guitare taille dans le silence comme une lame industrielle, sans fioritures ni illusions. La voix, elle, sonne comme un mégaphone bricolé sur une barricade, un ordre crié dans la cohue. Tout est pensé pour vous mettre face au mur : es-tu prêt ? Pas demain, pas après-demain. Maintenant.
Ce qui fascine chez le trio de Leicester, c’est cette façon de manier la brutalité comme un art conceptuel. Là où beaucoup se contentent d’enfiler des clichés punk comme des épinglettes, 9 o’clock Nasty prend le chaos au sérieux. Leur punk n’est pas nostalgique, il est contemporain, saturé des angoisses modernes : l’impatience, la colère sourde, la sensation que la catastrophe est un état permanent. GAME FIT ne romantise pas l’effondrement, il l’habille d’un groove minimaliste et martial, une danse sur la cendre.
Le titre s’inscrit dans la continuité de leur prochaine galette, Chaos, mais s’écoute déjà comme une pièce autonome : un mantra pour citadins fatigués, coincés entre métro et anxiété collective, un hymne pour ceux qui savent que tout peut exploser mais qui choisissent, malgré tout, de sourire aux flammes.
Écrire sur ce morceau, c’est presque superflu : il suffit de le vivre à plein volume pour comprendre que 9 o’clock Nasty ne joue pas seulement avec des riffs. Ils fabriquent un langage de survie, une esthétique du danger, une musique qui prend à la gorge avant de vous laisser haletant, prêt, ou du moins persuadé de l’être.
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septembre 24, 2025On pourrait croire que la célébration de la féminité se ferait sur des arpèges de piano ou des ballades sucrées. Fierbinteanu, eux, préfèrent la dynamite. Avec Women of the World, le duo bruxellois — Gabriela et Cristian Fierbinteanu, deux électrons libres passés par Bucarest, Paris, Berlin et Reykjavik — transforme le chaos en énergie pure, et la voix en arme de contagion collective. Ici, la joie n’est pas douce, elle est rugissante, frondeuse, presque anarchique.
La pulsation frappe d’abord comme un uppercut, une rythmique qui se déchaîne sans prévenir et vous oblige à abandonner toute inhibition. On pense à l’hyper-pop dans sa forme la plus théâtrale, à l’électro-punk quand il se veut irrévérencieux, mais Women of the World réussit surtout à ne ressembler à personne. C’est une transe délibérément excessive, qui oscille entre cabaret futuriste et rave débraillée, le tout porté par une performance vocale qui se situe quelque part entre l’incantation et la provocation.
Visuellement, le clip, tourné à Lokeren avec Jennifer Gee et Els Verwilgen, pousse encore plus loin cette esthétique dionysiaque : un tourbillon de corps, de couleurs, de gestes qui exagèrent la fête jusqu’au vertige. On n’assiste pas à un simple hommage aux femmes mais à une déflagration d’énergie vitale.
Ce qui frappe, c’est l’intelligence sous-jacente de la mise en scène. Derrière le délire apparent se cache un travail de design sonore méticuleux : chaque saturation est pensée, chaque brisure dans le rythme sert à créer un déséquilibre voulu, chaque montée hystérique prépare un lâcher-prise cathartique. On retrouve cette patte déjà saluée dans leurs performances scéniques (Perfect World of Love) ou dans leur audio-drama (The Political Music Show), mais ici, le duo concentre sa folie en une seule capsule : trois minutes de chaos jubilatoire.
Avec Women of the World, Fierbinteanu signe une déclaration d’indépendance artistique. Pas de compromis, pas de demi-mesure. Juste la preuve éclatante qu’on peut célébrer la féminité par le tumulte, l’excès, la danse désordonnée et une sincérité brute. Ce n’est pas un morceau, c’est une claque.
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septembre 24, 2025Certains disques sentent la poussière des routes, d’autres gardent la lumière des studios comme une seconde peau. On the Ball de Rootiger – alias de Mark Dunford – a ce parfum hybride, celui d’une chanson forgée à mains nues, entre rock rêche et folk intime, mais polie avec le soin de quelqu’un qui connaît la valeur de chaque note. C’est une carte de visite et déjà une confidence : on entre dans l’univers d’un homme qui a vécu plusieurs vies, et qui les rassemble dans une seule voix.
La force de ce titre tient dans sa simplicité maîtrisée. Rootiger joue presque tout : guitares nerveuses mais jamais arrogantes, batterie qui garde l’élan sans écraser l’émotion, harmonies vocales qui rappellent que le folk est d’abord une question de proximité. Seul le bassiste Micah Lucas, ami de toujours, complète le tableau, ajoutant une ligne qui pulse comme une respiration parallèle. On sent la main de quelqu’un qui a choisi l’indépendance, non par orgueil mais par nécessité : pour garder le contrôle sur l’émotion brute, ne pas la diluer dans trop de filtres.
Le morceau, extrait de Rewinder, son premier album, reflète une trajectoire singulière : ancien militaire devenu musicien-thérapeute, Rootiger a appris que la musique peut autant soigner que secouer. Et c’est exactement ce que fait On the Ball. Il soigne dans ses détails folk, ses guitares twangy, ses textures réconfortantes. Il secoue dans sa tension rock, dans cette impression de toujours vouloir avancer, d’être “on the ball”, au bord du rebond.
Là où d’autres cherchent à séduire par l’esbroufe sonore, Rootiger préfère la franchise. Son morceau n’est pas une vitrine mais un miroir, parfois cabossé, toujours vrai. En à peine quelques minutes, il installe un monde où le folk et le rock cessent de se regarder en chiens de faïence pour s’unir dans une seule nécessité : dire ce qui compte.
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septembre 24, 2025La première écoute de Bordeline : Chaos at the Border laisse une impression de feu contenu, de colère qui gronde et refuse de se dissiper. Plus qu’une chanson, c’est une cicatrice mise en musique, une mémoire ravivée au moment où certains voudraient la gommer. Patrick Costello et son Knabokov Collective ne cherchent pas à séduire, encore moins à enjoliver. Ils tendent un miroir, brutal, sans fard, à un monde qui préfère détourner le regard quand les barbelés remplacent les horizons.
Ce qui frappe d’abord, c’est cette manière de sculpter la matière sonore comme on érige une barricade. Les guitares tranchent l’air avec la même dureté qu’un projecteur de frontière dans la nuit, les percussions roulent comme un pas cadencé de militaires, et la voix, tendue, se cabre à la limite de la rupture. On n’entend pas une performance : on assiste à une déflagration. Tout est pensé pour que l’auditeur ressente physiquement la violence dénoncée – les coups d’État téléguidés, les familles arrachées à leurs terres, les migrants repoussés à coups de gaz et de murs.
La force de ce morceau réside aussi dans sa capacité à conjuguer mémoire et présent. En convoquant le Honduras de 2009, Bordeline : Chaos at the Border refuse la lecture superficielle des drames migratoires, ces récits réduits à des chiffres et à des clichés. La chanson recontextualise : si des milliers de personnes prennent la route vers le Nord, c’est aussi parce que les grandes puissances ont semé, décennie après décennie, des graines de violence et d’instabilité. L’Amérique se construit sur les immigrants, mais ferme ses portes dès qu’ils rappellent le prix de son empire.
Et puis, au-delà du discours, il y a ce paradoxe esthétique : une musique rugueuse mais étrangement galvanisante, un clip multi-récompensé qui mêle poésie visuelle et brutalité documentaire. On en sort lessivé, mais avec l’impression que quelque chose d’indispensable vient d’être dit.
Bordeline : Chaos at the Border est moins une chanson qu’un manifeste incandescent. Un rappel que l’art, quand il s’ancre dans la vérité des luttes, peut encore être une arme. Une arme qui ne tue pas, mais qui force à écouter.
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septembre 24, 2025Il y a des chansons qui avancent comme un train lancé trop vite, brinquebalant mais irrésistible, et Next Stop Brixton de Tom Minor en fait partie. Ce single sent le ballast chaud, la bière renversée dans le métro, la nostalgie d’un Londres qui n’existe plus vraiment mais qui revient hanter chaque note. Minor y convoque ses fantômes — ceux des potes d’enfance égarés, de la liberté naïve, mais aussi du poids du système carcéral qui transforme les errances adolescentes en cicatrices durables.
La narration est cinématographique : on visualise presque le wagon crade, les stations qui défilent comme autant d’épisodes de vie. C’est une balade punk-pop en trois temporalités imbriquées — l’enfance turbulente, le temps de la correction, puis le retour sur les mêmes pavés, libéré mais lesté de souvenirs. L’ombre de The Clash plane partout, et pas seulement parce que Minor cite une de leurs chansons comme inspiration. Dans la rythmique nerveuse, la guitare tranchante de Johnny Dalston ou l’énergie crue des refrains, on entend cette même urgence de raconter la ville comme elle est : sale, vibrante, pleine de contradictions.
La production de Teaboy Palmer, surnommé à juste titre le Guy Stevens de Golders Green, donne au morceau une patine brute, sans fioritures. On sent que ça a été conçu pour être joué fort, pour transpirer sur scène, pour coller au mur d’un pub sous les cris. Minor n’essaie pas de lisser son propos : son indie rock reste indocile, saturé de références au punk, au power pop et à cette tradition anglaise de raconter la survie urbaine avec une ironie rageuse.
Avec Next Stop Brixton, Tom Minor signe un hymne à la fois personnel et universel. C’est un morceau qui ne romantise pas l’échec mais l’absorbe pour en faire un moteur. Comme si chaque station de métro était une leçon, chaque erreur un riff, chaque perte une montée d’énergie. Brixton devient ici plus qu’une destination : un symbole de résilience, un terminus qui est aussi un départ.
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septembre 24, 2025Rarement un groupe aura osé un geste aussi frontal : tordre l’hymne national irlandais pour en extraire un miroir sombre, y glisser une réflexion sur le capitalisme triomphant et bâtir, à travers la musique, une fresque parallèle entre l’Irlande et la Pologne. Joyce Of The Market, le nouveau titre de Transgalactica, ne se contente pas d’être une chanson. C’est une petite pièce de théâtre sonore, un conte politique où l’ironie se dispute à la mélancolie.
Le morceau s’ouvre sur deux thèmes de l’hymne irlandais, basculés du majeur au mineur comme pour dire que derrière la fierté nationale, l’ombre des souffrances persiste. Puis viennent les clins d’œil érudits : un passage de quintes emprunté à Genesis (The Lamia), une tension rock empruntant à Perfect Strangers de Deep Purple. L’ensemble dessine une architecture musicale volontairement composite, à la fois hommage et détournement.
Mais c’est dans la collision texte-image que Joyce Of The Market trouve sa singularité. Le clip déroule une iconographie volontairement stéréotypée – exils, oppression étrangère, rôle écrasant de l’Église, émancipation économique – comme pour rappeler que l’Histoire, souvent, se raconte en clichés. La punchline finale claque comme un slogan publicitaire détourné : « corporate horns are blaring resurrection ». L’Irlande contemporaine se célèbre autant qu’elle s’interroge.
Il y a dans ce morceau une audace presque anachronique : celle de penser la chanson pop-rock comme outil de commentaire historique, de faire dialoguer Joyce avec le marché, le folklore avec le néolibéralisme, l’identité nationale avec les mirages de la prospérité. On peut sourire de cette imagerie un peu scolaire, mais on ne peut nier la sincérité : derrière la satire se cache une véritable tendresse pour l’Irlande moderne, pour ce pays qui a « durci » ses blessures en réussite économique.
Transgalactica assume son goût pour l’expérimentation conceptuelle, quitte à dérouter. Joyce Of The Market ne cherche pas à plaire mais à provoquer – un geste artistique qui, qu’on l’aime ou qu’on le rejette, impose une chose : la chanson peut encore être un espace de pensée, et pas seulement de consommation.
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septembre 24, 2025On sent immédiatement, en appuyant sur lecture, que SACRIFICE n’est pas un simple morceau mais un exorcisme. The Mess:Age, projet de Glen Brandon alias Ziggy, musicien londonien passé par les sphères mythiques de Bowie et Duran Duran, signe ici une pièce habitée, forgée dans l’isolement du confinement, entre rage spirituelle et urgence existentielle. Le titre, extrait de l’album Age of Mess, s’érige comme une croix de son et de chair, plantée dans le sol instable d’une époque qui vacille.
La force de SACRIFICE repose sur son atmosphère : une mélodie lancinante, tendue comme un fil entre ciel et terre, et des arrangements qui refusent les oripeaux du rock standardisé pour toucher à quelque chose de brut, presque mystique. On perçoit derrière la voix de Ziggy non pas seulement un chant, mais une incantation, une tentative de repousser les ténèbres par la lumière d’un refrain taillé pour durer. La production, façonnée au Phoenix Studio de Londres, conserve ce grain âpre, cette patine volontairement rugueuse qui empêche toute complaisance.
Ce qui fascine, c’est la manière dont Ziggy parvient à tordre les codes du rock chrétien ou spirituel pour en faire une arme esthétique. Pas de slogans naïfs ici : plutôt un travail de sculpture sonore où la foi devient un motif de résistance, et où l’intime rencontre le politique. On retrouve les traces d’un héritage post-Bowie — une dramaturgie vocale, une théâtralité maîtrisée — mais aussi l’ombre des années post-punk, dans ce refus du confort et dans cette volonté de heurter autant que de séduire.
Avec SACRIFICE, The Mess:Age ne cherche pas l’adhésion facile. Le morceau agit comme une énigme à décrypter, un manifeste d’artiste convaincu que les mots et la musique peuvent fissurer le réel. Et si ce n’était pas qu’une chanson, mais une prière électrique adressée à un monde trop souvent sourd à ses propres révolutions intérieures ?
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septembre 24, 2025La frontière entre obscurité et lumière n’a jamais été aussi fine que dans la musique de Sugar Scars. Le duo, né entre El Paso et Juarez, revient avec Dark Spark White Light, un album qui promet de confirmer l’aura étrange et fascinante qu’ils avaient esquissée sur Rhythmic Body Reflexes. Ici, rien de linéaire, tout est friction, collision, fusion : l’électronique se marie au shoegaze, le psychédélisme se frotte aux pulsations indie dance, et le tout respire une noirceur gothique qui ne renonce pourtant jamais à la volupté du groove.
Le premier single, Dark Charm, résume cette esthétique mouvante. Une ligne de batterie quasi martiale, bientôt avalée par une basse hypnotique, installe un climat de transe. La voix réverbérée flotte comme un spectre au-dessus du mix, captivante, fragile et mystique à la fois. On croit d’abord plonger dans les ténèbres, mais la mélodie, subtilement lumineuse, nous tire vers un ailleurs paradoxal : celui d’une joie sombre, d’une euphorie mélancolique. C’est ce vertige-là qui rend Sugar Scars si singuliers, cette capacité à transformer un paradoxe en expérience sensorielle cohérente.
L’album s’annonce comme un parcours labyrinthique. Chaque morceau pousse plus loin la logique du croisement des genres, passant de nappes rêveuses dignes de la dream pop à des sursauts percussifs hérités de la culture club. L’équilibre se trouve dans leur écriture millimétrée : un soin extrême apporté à la construction des textures, à la progression des rythmes, à l’introduction d’accidents sonores qui brisent la linéarité pour provoquer l’écoute.
Sugar Scars refusent de jouer le jeu de l’image, préférant l’anonymat au narcissisme visuel. Leur stratégie est claire : laisser la musique porter le mystère. Dans un monde saturé de poses, cette discrétion est un manifeste. Dark Spark White Light n’est pas seulement un disque : c’est une chambre noire où chacun projette ses lumières intérieures, une alchimie rare qui capture l’instant tout en le déformant.
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septembre 24, 2025On n’attendait pas de Belgrade une telle décharge électrique, et pourtant Bones in Butter enfonce la porte avec Persona Non Grata, morceau noir et incandescent extrait de leur album concept Cosmopolis. Ce qui frappe d’emblée, c’est cette manière de convoquer l’esprit des années 80 sans tomber dans le pastiche. On pense à Magazine, à Bauhaus, au Lou Reed des nuits blêmes, mais ici les ombres se déplacent dans un décor bien réel : celui d’une Serbie fracturée, où chaque rue semble porter le poids des contradictions.
Milutin Krasevic, maître d’orchestre et voix magnétique, n’écrit pas de simples chansons : il compose des fragments de chroniques. Sa diction en clair-obscur se frotte aux guitares tranchantes de Todor Zivkovic, aux basses charnelles de Dejan Skopelja, aux frappes sèches de Tom Fedja Franklin. La présence de Luna Skopelja, en contrepoint vocal, ajoute cette brèche fragile dans la rugosité, comme une fissure lumineuse dans un mur de béton.
Persona Non Grata se déploie comme une marche funèbre accélérée, un pas cadencé entre colère et ironie. Chaque riff semble mordre, chaque ligne de basse pulse comme une alarme sourde. Le morceau n’offre pas d’issue : il expose, frontal, l’exil intérieur de ceux que l’on rejette, les invisibles, les indésirables.
En filigrane, c’est tout un héritage européen qui ressurgit : les atmosphères froides de Berlin-Ouest, les expérimentations baroques d’un Franco Battiato, les visions cinématographiques d’une Electric Light Orchestra passée au filtre du nihilisme. Mais Bones in Butter transcende ses références : ce n’est pas une nostalgie, c’est un présent fiévreux mis en sons.
Avec Persona Non Grata, le groupe impose une esthétique sans concessions, où le post-punk n’est plus seulement une réminiscence, mais une arme critique pour regarder le monde droit dans les yeux. Belgrade devient le centre d’un maelström sonore qui pourrait bien déborder largement ses frontières.
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septembre 24, 2025Un morceau peut parfois ressembler à une photo retrouvée par hasard au fond d’une boîte à chaussures. Pas de couleurs saturées ni de filtres numériques, juste un éclat de passé qui résiste au temps. Jonny Swift signe avec I’m Losing Track Of My Friends une chanson de trois minutes à peine, mais d’une densité émotionnelle rare, où les guitares carillonnent comme des souvenirs qui refusent de mourir.
On entend dans ce titre le parfum d’une époque où l’indie pop-rock savait être mélancolique sans sombrer, lumineuse sans naïveté. Les tambourins claquent comme des promesses d’éternité adolescentes, les guitares scintillent à la manière des Byrds, et la ligne mélodique pourrait presque se glisser sur une compilation oubliée de R.E.M. La production, signée Matt Kassell, ne cherche pas l’esbroufe : elle laisse respirer le morceau, le rend presque fragile, comme si le moindre effet trop appuyé risquait de trahir la sincérité du propos.
Ce qui frappe, c’est cette tension permanente entre la nostalgie du texte et l’énergie de l’arrangement. Swift évoque les liens perdus, l’éloignement inévitable que la vie impose, mais il choisit la lumière pour le dire. L’auditeur est invité à revivre ces amitiés effacées avec un sourire mélancolique, presque reconnaissant d’avoir connu ces instants.
Ce contraste – tristesse au fond, éclat en surface – révèle l’essence même de l’artiste : un songwriter qui sait que la beauté naît de la faille. Après cinq albums, Swift atteint ici une forme de maturité subtile : écrire la disparition tout en célébrant la trace. I’m Losing Track Of My Friends est un polaroïd sonore d’une rare justesse, où l’intime devient universel, et où chaque note semble nous rappeler que l’amitié, comme la musique, ne meurt jamais vraiment.
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septembre 21, 2025Certains morceaux n’ont pas besoin d’artifices pour exister : ils débarquent, bruts, comme une étincelle qui tombe dans une cuve d’essence. Boom Bap Burn de Knot You appartient à cette lignée. Le titre est une promesse tenue : brûler le bitume à coups de rimes aiguisées, réveiller le squelette du hip-hop à l’ancienne et lui injecter une énergie capable d’embraser une génération entière.
Ce qui frappe d’abord, c’est la production, volontairement rugueuse, granuleuse, comme une cassette qu’on aurait trop fait tourner mais qui, paradoxalement, sonne plus vivante que jamais. La batterie claque sec, la basse roule en arrière-plan et un sample poussiéreux hante le tout, créant cette atmosphère à la fois old school et intemporelle. Pas de gadgets électroniques ou d’effets clinquants : Knot You s’appuie sur l’essence même du boom bap, ce battement primal qui rappelle les cyphers enfumés et les freestyles improvisés sur des coins de trottoir.
Mais là où Boom Bap Burn dépasse la simple nostalgie, c’est dans l’urgence avec laquelle Knot You livre son flow. On sent dans sa diction une tension, une ardeur presque militante : chaque mot est lancé comme une arme, chaque pause est calculée comme un silence lourd de sens. Il ne cherche pas à enjoliver son discours, mais à rallumer une flamme que beaucoup pensaient éteinte.
Dans un monde où le rap se disperse entre trap clinquante et expérimentations digitales, ce morceau agit comme une piqûre de rappel : le feu sacré existe encore. Écouté dans un casque ou sur des enceintes de fortune, Boom Bap Burn a le même effet : il remet les pendules à l’heure et fait battre le cœur un peu plus vite. Knot You n’a pas besoin de crier qu’il est authentique, il le prouve en laissant ses rimes crépiter sur une toile de beats incandescent.
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septembre 21, 2025Un morceau peut parfois ressembler à une photographie voilée : l’instant est net, mais les contours tremblent, laissant filtrer une émotion que l’on n’arrive pas à cerner. When She Says My Name appartient à cette catégorie rare de chansons qui ne se contentent pas de se laisser écouter : elles habitent, elles s’infiltrent. Mo Troper revient avec une écriture plus affirmée, presque cinématographique, mais garde ce goût du déséquilibre qui fait toute la singularité de sa discographie.
Enregistré au New Monkey Studio, espace rendu mythique par Elliott Smith, le morceau porte en lui cette atmosphère de sanctuaire abîmé. On croit entendre, dans les réverbérations de la guitare et la texture volontairement rugueuse du mix, une forme de dialogue avec les spectres qui ont traversé ces murs. Pourtant, Troper refuse la simple imitation nostalgique. Sa pop s’ouvre vers un horizon plus ample, flirtant avec le psychédélisme doux de la scène Elephant 6 autant qu’avec l’élégance trouble des ballades de Laurel Canyon.
La force du titre réside dans sa retenue. Les arrangements semblent simples, presque évidents, mais chaque détail — une ligne de basse en contrepoint, une guitare qui crisse à l’arrière-plan — agit comme une déchirure discrète dans le tissu sonore. Le chant, lui, garde cette fragilité désarmante : une diction où l’on entend à la fois la confession intime et le besoin urgent de transcendance.
When She Says My Name n’est pas qu’une chanson d’amour blessée. C’est une réflexion sur ce qui reste, sur le poids d’un mot prononcé par l’autre, capable de nous ramener à la vie ou de nous enfoncer dans la perte. Mo Troper, en artisan minutieux du doute et du sublime, signe ici un retour qui sonne moins comme une réapparition que comme un rappel : la pop la plus belle est toujours un peu hantée.
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septembre 21, 2025On croyait connaître Kula Shaker par cœur, les avoir rangés avec les autres reliques de la grande arche Britpop, entre souvenirs de sitars électriques et hymnes à demi-mystiques. Et pourtant, Good Money arrive comme une gifle chamarrée, une nouvelle transe où le groupe déterre l’esprit des sixties pour mieux le tordre dans son propre miroir baroque. C’est moins une chanson qu’un vortex – un tourbillon de soul psychédélique, de funk débridé et de freak show pop où tout scintille et tout déraille à la fois.
Derrière les guitares colorées et les orgues cosmiques, Crispian Mills joue toujours au conteur démiurge. Ici, il raconte un pacte faustien à travers l’histoire d’un gamin qui se réveille un matin avec des ailes. Prodigieux ou monstrueux ? La communauté hésite, certains y voient un ange, d’autres un signe de profit. Métaphore du business musical ? Mills tranche avec ironie : “c’est une métaphore de la vie”. Et il n’a pas tort : Good Money danse en équilibre entre fascination et cynisme, innocence et exploitation, comme un opéra psychédélique en miniature.
Musicalement, le morceau s’ouvre comme une grande roue de fête foraine psychotrope. La basse groove, charnue, sert de colonne vertébrale à un décor halluciné où les riffs de guitare serpentent, où l’orgue ressuscite l’ivresse de The Doors et où la voix de Mills prend des allures de prêcheur allumé. C’est à la fois luxuriant et décadent, brillant comme une vitrine et poisseux comme l’arrière-salle où l’on compte les billets.
Et que dire de la vidéo, entièrement générée par deux “singes IA” selon la légende inventée par le groupe ? Fidèle à l’esprit Kula Shaker, on ne sait plus où finit le gag et où commence la métaphysique. Le résultat est une fresque délirante qui colle parfaitement à l’excès du morceau.
Good Money rappelle surtout que Kula Shaker n’a jamais été un simple vestige britpop, mais une troupe d’alchimistes sonores capables de transformer un vieux vinyle poussiéreux en trip visionnaire. Avec ce single extrait de leur futur album Wormslayer, le quatuor signe non pas un retour nostalgique, mais une réinvention flamboyante : celle d’un groupe qui, trente ans plus tard, continue d’oser l’improbable.
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septembre 17, 2025On imagine la scène : un musicien enfermé dans la chambre d’ami de sa mère, à Bullhead City, Arizona, entre un ordinateur qui crache Logic pour la première fois et les interruptions familières de la cuisine. C’est dans ce décor presque banal, saturé de souvenirs d’adolescence et de chaleur du désert, que see you next year a pris forme. Ce qui aurait pu ressembler à une parenthèse domestique s’est transformé en acte de rébellion intime : quitter un job de bureau, tourner le dos à l’inertie, et renouer avec la seule vérité qui vaille – la musique.
L’EP transpire cette urgence. Dès too late too bad, on est happé par une énergie brute qui rappelle les éclats du post-punk revival, une nervosité électrique héritée des premières nuits passées à écouter Bloc Party au casque, allongé sur un futon trop étroit. La guitare taille des lignes sèches, la rythmique cogne comme un cœur sous adrénaline, et la voix semble toujours sur le point de basculer entre la rage et le désespoir.
Puis vient good goals, condensé d’ironie douce-amère : derrière son allure d’hymne indie se cache un constat lucide sur les ambitions déçues, les promesses non tenues. C’est une chanson qui sonne comme une conversation avortée avec son moi de 16 ans, celui qui rêvait de gloire avant que la vie ne vienne mettre des bâtons dans les cordes de guitare.
Plus loin, opportunities foreclosed déploie une atmosphère plus sombre, un mantra répétitif où chaque riff ressemble à une porte claquée au visage. leaves au contraire s’offre comme un souffle mélancolique, presque contemplatif, où l’ombre du désert et l’odeur des souvenirs de petite ville filtrent entre les notes. La pièce maîtresse, see you next year, agit comme un miroir tendu : titre-programme et aveu d’errance, il cristallise cette idée de recommencement perpétuel, d’un futur toujours remis à demain. Enfin, slang for drugs lâche son venin : abrasif, caustique, à la frontière entre confession et satire, comme si l’EP refusait de se clore sur une note conciliante.
Ce disque n’a rien de poli ni d’aseptisé. Il respire l’autoproduction, avec ses rugosités et ses fulgurances, et c’est précisément ce qui le rend si nécessaire. The Manor Born signe ici non seulement un retour après onze ans de silence, mais une déclaration de survie artistique : enregistrer dans la chambre d’ami, c’est aussi prouver qu’on peut construire un monde sonore entier avec une mémoire, une guitare et l’entêtement de ne pas lâcher.
see you next year n’est pas seulement un EP, c’est un testament de persistance. Une poignée de morceaux tendus comme des nerfs, où chaque note dit : j’ai refusé la résignation, et j’ai choisi de transformer l’ordinaire en cri.
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septembre 17, 2025Le choc de Timber se vit comme un coup de vent dans une pièce fermée depuis trop longtemps : brutal, nécessaire, presque libérateur. Dès les premières secondes, on comprend que The Takeoff n’est pas là pour polir une esthétique rétro, mais pour réinjecter de la sève dans un rock qu’on croyait anesthésié par les filtres modernes.
La guitare s’avance comme un animal indompté, grinçante et sauvage, portant en elle autant le blues de route poussiéreuse que l’ivresse psychédélique des seventies. La section rythmique, basse et batterie soudées dans une transe martiale, entraîne l’ensemble dans une course effrénée où rien n’est laissé au hasard, mais où tout garde la fougue du live. On sent la prise directe, l’urgence de musiciens qui jouent comme si chaque riff pouvait être le dernier.
Puis surgit la voix de Dor Nagar : râpeuse, intense, parfois sur le fil. Elle ne raconte pas, elle arrache les mots, comme si chaque syllabe avait été arrachée à la gorge à coups de griffes. On pense à Dylan pour la dimension poétique, mais c’est une poésie tordue, incandescente, qui n’a pas peur de se salir les mains. Timber devient alors plus qu’une chanson : un manifeste existentiel, une lutte entre la lucidité et le vertige.
Ce qui frappe, c’est l’équilibre entre la sauvagerie et la précision. The Takeoff ne cherche pas à reproduire un héritage : ils le bousculent, le triturent, le confrontent à une écriture moderne. Le morceau parle de se libérer des faux-semblants, d’oser regarder le vide en face, mais le fait dans l’énergie d’une fête électrique. Loin de la nostalgie, Timber se déploie comme une renaissance : celle d’un rock qui retrouve sa raison d’être, brut, transpirant, incandescent.
Avec ce second single, The Takeoff s’impose déjà comme un groupe à suivre de près. Timber n’est pas une simple étape vers leur album Hit n’ Fly : c’est une preuve, une secousse, une piqûre de rappel que le rock, quand il ose redevenir indiscipliné, peut encore brûler.
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septembre 17, 2025Sous le nom déjà programmatique de Cosmic Madness, Mateo, Barcelonais d’adoption, signe avec Domain Change une entrée fracassante dans le champ de l’alternative rock. Le morceau, premier extrait de son futur album prévu pour février 2026, ne se contente pas d’aligner riffs et refrains : il expose un état d’âme, une secousse intime, la tentative de transformer le chaos intérieur en matière sonore.
Ce qui frappe d’abord, c’est l’architecture brute du morceau. Les guitares jaillissent comme des vagues de lave, saturées, brûlantes, mais jamais gratuites : elles dessinent une tension continue, une ligne de fuite vers l’inconnu. La batterie, sèche et martiale, agit comme un métronome intérieur, rappelant le battement d’un cœur en déséquilibre. La basse, dense, vient cimenter l’ensemble, lui donnant cette profondeur qui évoque autant les abysses que le plafond bas d’un club enfumé.
La voix de Mateo, rugueuse et vibrante, porte un lyrisme existentiel qui ne tombe pas dans le pathos. Elle ne supplie pas, elle constate, avec une lucidité presque douloureuse, l’étrangeté de vivre dans un monde où tout semble à la fois trop vaste et trop étroit. On y entend l’écho des désillusions personnelles – une rupture, un déracinement, des nuits à servir des verres dans des bars où la musique est la seule lumière – mais sublimées par une énergie rock qui transcende le simple journal intime.
Ce qui rend Domain Change fascinant, c’est justement cette alchimie : l’hybridation entre la confession intime et le rugissement collectif du rock alternatif. On y retrouve des bribes de grunge, une âpreté post-hardcore par instants, mais toujours enveloppées d’une dimension philosophique : la musique comme instrument pour questionner, sinon dompter, le vide.
On sort de l’écoute bousculé, mais étrangement galvanisé. Domain Change n’est pas une chanson de consolation, c’est une invitation à traverser le vertige. Cosmic Madness y impose déjà une signature : celle d’un artiste qui transforme la confusion en clairvoyance sonore, et qui fait de chaque note une passerelle entre l’intime et le cosmique.
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septembre 17, 2025Impossible de rester indifférent face à Aniseed. Le morceau colle à la peau comme une sueur acide, s’infiltre dans les tempes et dans l’estomac, jusqu’à donner la sensation d’un vertige. C’est une chanson qui se vit avec le corps avant même d’être comprise par l’esprit. Les Sick-Days n’écrivent pas de jolies mélodies polies : ils fabriquent des secousses. Et c’est précisément cette intensité brute, presque maladive, qui rend leur son si nécessaire.
Dès l’attaque, la guitare plante le décor : une distorsion rugueuse, râpeuse comme un goût métallique sur la langue. La batterie ne se contente pas d’accompagner, elle martèle avec la violence d’un cœur trop pressé, comme si chaque battement voulait forcer la sortie. La basse, elle, ne cherche pas l’élégance : elle grouille dans les entrailles du morceau, le rend poisseux, dense, impossible à digérer. Ce n’est pas une architecture sonore équilibrée : c’est une carcasse branlante mais vivante, où chaque craquement devient vital.
La voix, oscillant entre fragilité et rage contenue, est peut-être le plus beau paradoxe de Aniseed. Elle tremble, se brise, repart plus haut encore, comme une tentative désespérée de transformer la nausée en cri libérateur. On sent dans ce chant une mélancolie romantique, mais jamais posée ou contemplative : ici, la douleur est frontale, presque agressive. Elle ne demande pas à être comprise, elle exige d’être ressentie.
Écouter Aniseed, c’est accepter d’être bousculé. Le morceau agit comme un shot d’alcool fort pris à jeun : ça brûle, ça pique, ça retourne, mais au fond, ça réveille. Et dans ce chaos grunge, dans cette rugosité post-new wave, les Sick-Days dessinent une identité singulière : un rock de Brighton qui n’a pas peur de salir ses mains, ni de transformer l’inconfort en beauté.
Leur inclusion dans la compilation Emerging Volume V de Small Pond n’est pas seulement une étape : c’est la preuve que cette rage maîtrisée mérite une scène plus large. Car Aniseed n’est pas une simple chanson de malaise : c’est un manifeste sonore, un rappel que le rock le plus puissant naît souvent là où le corps vacille.
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septembre 15, 2025Sweet Foxhound n’avance pas frontalement : il s’insinue. Le nouveau single de The House Flies ne cherche pas l’effet immédiat, mais préfère tisser ses ombres lentement, jusqu’à envelopper l’auditeur dans une tension sourde. C’est une chanson d’atmosphère plus que d’apparat, une errance nocturne où la mélodie se noie dans la brume des guitares, et où la pulsation du rythme agit comme une marche forcée vers un ailleurs plus sombre.
L’entrée de Burnie Eckardt à la guitare enrichit ce climat déjà lourd de réverbérations. Les strates se superposent et se déchirent, formant un mur sonore dense mais jamais opaque. On pense aux héritiers les plus élégiaques du post-punk gothique, quelque part entre les déambulations brumeuses de Bauhaus et la rigueur d’Interpol. Mais The House Flies refusent le pastiche : leur force tient à ce mélange de noirceur et de lumière vacillante, de densité pesante et de mélodie persistante.
Le morceau, écrit à l’époque de Mannequin Deposit mais mûri jusqu’à aujourd’hui, agit comme un pont entre les époques du groupe. Il garde la rugosité de leurs premiers élans, tout en annonçant une écriture plus ample, plus habité par une forme de lyrisme spectral. Les voix planent comme des silhouettes translucides, spectrales mais étrangement familières, renforçant cette impression d’un chant funèbre moderne.
Ce qui frappe, c’est l’équilibre entre urgence et contemplation. La basse pulse comme une artère, la batterie pousse en avant avec une détermination presque militaire, et pourtant la chanson n’écrase pas : elle hypnotise. Elle tient dans ce paradoxe — être à la fois agitation et suspension — sa puissance la plus singulière.
Avec Sweet Foxhound, The House Flies confirment qu’ils ne veulent pas simplement jouer du post-punk gothique : ils veulent en écrire une nouvelle page, plus longue, plus lourde, plus immersive. C’est un retour qui ne flatte pas la nostalgie mais qui l’enfonce dans le présent, pour en extraire une musique à la fois charnelle et spectrale, profondément américaine dans sa mélancolie.
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septembre 15, 2025Le premier choc, ce n’est pas la guitare ni la voix : c’est le silence avant. Celui qui précède American Dreams et qui le rend encore plus dense, comme une porte qu’on ouvre sur une pièce où résonnent des siècles d’effacement. Dead Feather, sourd et autodidacte, transforme cette absence en arme. Le morceau n’avance pas comme un produit poli, mais comme une respiration haletante, un cri arraché aux entrailles d’une histoire trop longtemps niée.
Les guitares taillent dans l’air comme des lames. Pas de virtuosité gratuite, mais un tranchant presque documentaire, brut, chargé de mémoire. La batterie avance en pas lourds, mécanique et martiale, rappelant les marches forcées imposées aux ancêtres. Puis surgissent les chœurs, voix féminines qui enveloppent et hantent, comme si elles incarnaient celles qu’on a réduites au silence. L’intervention du saxophone, inattendue, fend le mur sonore d’une chaleur désespérée : ce souffle singulier agit comme une veine rouge dans le béton.
American Dreams raconte, mais ne raconte pas avec des mots. Il impose un climat, un corps sonore qui porte en lui la tension entre l’intime et le collectif. On sent la main de Dead Feather derrière chaque choix : l’irrégularité d’un accord qui grince, la rugosité préservée dans la prise de son, cette manière de ne pas lisser, de laisser la cicatrice visible. C’est une esthétique volontaire : pas question d’adoucir le réel, il s’agit d’affronter.
Ce qui rend le morceau bouleversant, c’est la position même de son créateur. Sourd, il a dû apprendre les structures musicales par l’observation et la déduction, jusqu’à trouver son propre langage. Ce paradoxe nourrit la force du titre : on entend la musique comme si elle avait été conçue à partir de vibrations, de textures, plus que de notes. On ressent, plus qu’on écoute.
Dans le cadre de Cate Heleswv (Red Medicine) Vol. 1, ce single agit comme un portail. Il ne propose pas une version enjolivée du rêve américain, mais son envers brûlant : assimilation, vol des terres, effacement des traditions. Pourtant, dans cette colère, une lumière persiste. American Dreams est autant une plainte qu’une renaissance. Un morceau qui ne flatte pas, qui ne rassure pas, mais qui oblige à entendre autrement : avec la peau, avec la mémoire, avec l’inconfort nécessaire des vérités longtemps étouffées.
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septembre 15, 2025Turn All The Lights On donne d’abord l’impression d’un morceau pensé pour embraser la radio, mais au fil des écoutes, on comprend que Morrison a glissé bien plus qu’un simple tube dans sa partition. On y trouve une urgence presque adolescente, une manière de jouer comme si chaque accord pouvait sauver la peau. La guitare n’est pas là en décoration, elle avance comme un fauve dompté, tranchante, saturée, puis soudain docile quand la mélodie réclame de respirer. Elle gronde sous le vernis pop, prête à exploser à tout instant.
Ce qui fascine, c’est la tension permanente entre l’intime et le spectaculaire. Morrison écrit avec le détail d’un diariste, mais il arrange comme s’il devait remplir un stade. Dans Turn All The Lights On, chaque élément du morceau – la batterie sèche qui propulse, les chœurs en arrière-plan qui ouvrent l’espace, le pont qui se disloque en tempête de guitare – raconte le désir de se libérer de la torpeur. L’électricité circule comme une nécessité biologique, pas comme un artifice de production.
Le clip amplifie ce sentiment d’urgence. On y voit défiler une humanité bigarrée – anciens soldats, drag queens, anonymes lumineux – rassemblée dans une transe lumineuse. Pas de star-system surplombant le reste : Morrison se place au milieu, chef d’orchestre d’une communion où la fête devient manifeste. On est loin des vidéos lisses qui inondent aujourd’hui les réseaux : ici, chaque visage est une revendication, une preuve vivante que la musique peut rallumer ce qu’on croyait éteint.
Turn All The Lights On s’inscrit dans une tradition pop-rock qui ne se cache pas d’aimer les refrains fédérateurs, mais il le fait avec une sincérité désarmante. Il convoque l’héritage des années 90 sans tomber dans le pastiche, retrouve la flamboyance des hymnes power-pop et y ajoute une nervosité contemporaine. C’est à la fois un exorcisme et une célébration.
En refermant le morceau, il reste cette impression étrange : comme si Morrison venait de réussir à transformer un simple geste musical en acte vital. Un morceau qui donne envie de croire, au moins le temps de quatre minutes, que rallumer toutes les lumières du monde est encore possible.
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septembre 15, 2025Scott Yoder revient avec Lover, Let Me In, un album qui sonne comme une lettre ouverte griffonnée sur papier jauni, saturée de mélancolie et de scintillements glam. Derrière son allure de dandy halluciné, quelque part entre les paillettes de T-Rex et la mélancolie de Big Star, Yoder dévoile une œuvre entièrement façonnée dans la solitude d’une petite maison de Seattle. Dix morceaux écrits, joués et produits par lui seul, dix portes entrouvertes sur ses obsessions et ses fractures intimes.
Winter’s End ouvre l’album comme une aurore pâle, une ballade psyché-folk qui dilue l’hiver dans une promesse de recommencement. Déjà, l’atmosphère est celle d’un journal intime : fragile, mais traversé d’une lumière baroque. Vient ensuite Portrait of Anneliese, inspiré par la chute de l’URSS. Les cordes en suspension et les claviers délicats peignent une fresque presque cinématographique, une âme oubliée qui cherche à être vue, entendue, embrassée.
Plus charnel, Never Be Another Day pulse d’un désir incandescent. Moins un simple morceau qu’une intoxication, un vertige glam-punk où l’infatuation se consume en quelques minutes brûlées. Nobody’s Fault s’installe dans un registre plus retenu, presque confessionnel, comme une respiration après la transe. Puis surgit Lover, Let Me In, pièce centrale de l’album : une supplique, un cri feutré contre la barrière invisible qui sépare toujours deux êtres. Sa progression lente, quasi hypnotique, en fait un sommet de tension et de douceur mêlées.
Feather Light déploie alors un souffle solaire, porté par l’influence de Kahlil Gibran. Le morceau scintille entre extase et perte, fragile équilibre où la joie se dissout déjà dans le souvenir. Girl in the Picture Frame, plus fantasque, semble tirer ses couleurs d’un tableau qui s’anime, entre folk doré et flamboyance glam. Share a Whisper, lui, plonge dans une intimité troublante : un murmure au creux de l’oreille, fragile, qu’on ose à peine écouter trop fort.
Nocturne agit comme une parenthèse spectrale, enveloppant l’auditeur dans une nuit dense et rêveuse. Puis Bound in Leather referme l’album sur une note provocatrice, troublante, où le jeu théâtral de Yoder atteint son paroxysme : un mélange de sensualité brute et d’élan punk, comme si Marc Bolan rencontrait Bauhaus dans une arrière-salle enfumée.
Avec Lover, Let Me In, Scott Yoder compose bien plus qu’un disque : une cathédrale intime où se croisent ses démons et ses inspirations, ses lectures et ses élans, ses travestissements et ses vérités. Une œuvre à la fois romanesque et charnelle, qui rappelle que derrière chaque fard et chaque costume se cache une vulnérabilité universelle.
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septembre 15, 2025Sous un ciel de plomb à Sofia, Rage Unfold assemble les éclats d’une lutte intérieure dans My Division comme un peintre barbouille ses émotions les plus sombres hésitant entre chaos et clarté. Ce morceau, dense, abrasif, est moins une simple chanson qu’un rite où chaque mesure révèle une fissure qui résonne comme la mémoire d’un combat.
La guitare de Bozhidar Popov déborde d’arêtes : riffs mordants, harmoniques qui grincent, changements de gamme inattendus. Pas de confort ici : la technicité sert l’intensité. On passe d’un tempo assuré à des ruptures qui dérangent, laissant place à un moment suspendu avant de replonger dans le tumulte. C’est dans cette oscillation que se joue le drame : le temps signature change, le métal prog lorgne vers une forme presque lyrique, et pourtant jamais mollassonne.
La voix de Siegfried Schüßler prend le chant du canon. Elle fend l’air comme une lame, dense, puissante, parfois tremblée mais toujours souveraine. Elle colle aux guitares, se réverbère dans les crescendos, se perd dans les interludes calmes avant les assauts. Marie-Louise Anastas, dans l’ombre brillante de ce décor sonore, glisse ses mots avec justesse : pas de pathos gratuit, mais une narration serrée qui creuse le thème de la division interne — cette entité à multiples facettes que chacun porte et dont l’écho nous hante.
My Division captive par ses passages mélodiques qui agissent comme des îlots de lumière dans une mer de bruits. Le solo, plus qu’un simple moment d’orgueil technique, fonctionne comme une respiration après l’effort, une claire exposition de ce que le groupe maîtrise : les enchaînements dissonants, les modulations, les signatures qui changent comme des visages qu’on découvre successivement. L’équilibre entre le rugueux et le harmonique est remarquable : Rage Unfold ne cède jamais au spectaculaire stérile, mais cherche toujours le souffle qui donne sens.
Ce single se hisse au-dessus de la mêlée non pas par son amoncellement de décibels, mais par sa capacité à créer une architecture sonore qui agit comme un miroir : on y voit ses propres failles, ses colères, ses espérances. Rage Unfold trace ici la carte d’un métal conscienceux, sculpté, habité. My Division ne fait pas que rugir : il questionne, exorcise, libère. Une promesse lancée en écho : que le combat soit musicalement épique et humainement vrai.
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septembre 15, 2025Parfois, la musique ressemble à un carnet oublié sur le comptoir d’un saloon : tâché de bière, annoté à la hâte, plein de visages et de voix qu’on a croisés en passant. Will Rainier écrit comme ça. Ses chansons ne sont pas des confessions frontales mais des portraits voilés, des personnages croisés dans les marges, entre vérité crue et invention poétique. Avec Shapes in the Clouds, il transforme l’Americana en cinéma intérieur, où chaque instrument — de la pedal steel au xylophone — devient un pinceau pour dessiner ces fresques fragiles.
Rainier n’est pas un novice. Vétéran de la scène de Seattle, il a traîné ses guitares dans des groupes punk, indie et alt-country avant de trouver sa voix solitaire. Et cette voix, dans Shapes in the Clouds, sonne comme une caresse rugueuse : imparfaite, terriblement humaine, saturée d’une tendresse cabossée. Là où certains auraient choisi de polir les contours, lui laisse volontairement les échardes, comme pour rappeler que la beauté ne se sépare jamais du désordre.
Le morceau-titre en est le cœur battant. Une ballade suspendue qui pose la question du sens, de ce qu’on cache derrière nos sourires, de ce qu’on tait sous les mensonges. Rainier y écrit comme un poète désabusé, mais sans cynisme : on sent toujours, derrière ses mots, la croyance naïve que la musique peut éclairer les zones grises. Dance with the Dead, plus léger, déploie une insouciance feutrée, tandis qu’I’ll Show You What Too Much to Drink Looks Like, avec son humour noir, dessine une scène de chaos amoureux digne d’un court-métrage country.
Et puis, il y a l’audace inattendue d’une reprise de Whitney Houston, I Wanna Dance With Somebody, transfigurée en ballade country au premier degré. Là se loge tout l’art de Rainier : détourner les évidences, redonner une gravité à la légèreté, rappeler que même les tubes les plus clinquants cachent une solitude universelle.
Avec Shapes in the Clouds, Will Rainier compose un atlas de l’intime, un journal d’ivresse et de rédemption, un témoignage de ce que c’est que de continuer à jouer, coûte que coûte, quand le monde autour chancelle. C’est peut-être ça, son outlaw spirit : rester fidèle à la guitare comme on s’accroche à un phare dans la tempête.
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septembre 15, 2025Avec Peter Litvin, il est toujours difficile de savoir où finit la musique et où commence la performance. Personnage borderline, héritier punk des pranksters et des freaks arty new-yorkais, il s’invite aujourd’hui dans le terrain du rock alternatif et de l’alt pop avec Don’t Break It, premier extrait d’un nouvel album qui promet déjà plus de chaos que de confort.
Ce qui intrigue, c’est le décalage constant entre la densité de sa discographie — une vingtaine d’albums sous divers pseudos — et la sensation qu’il recommence à zéro à chaque sortie. Don’t Break It joue exactement de ça : un titre à la fois carré et dissonant, où l’ossature pop se voit bousculée par des structures accidentées, des éclats noise et des respirations électroniques. C’est une chanson qui refuse de s’aplatir pour séduire, préférant laisser la tension intacte, jusqu’à l’obsession.
Litvin n’est pas qu’un musicien : il est aussi acteur et réalisateur (on se souvient de son rôle dans le nanar culte Hectic Knife de Troma Entertainment). Son univers reste traversé par cette esthétique du bricolage extrême, du mauvais goût assumé et de la subversion malicieuse. Son anecdote la plus récente — une perquisition des flics venus vérifier s’il n’avait pas volé 22 000 dollars d’or — aurait pu être un sketch. Chez lui, la vie et l’art se confondent, et Don’t Break It reflète cette porosité : un morceau à la fois sérieux et absurde, fragile et abrasif.
Entre alt-pop et rock distordu, Litvin mélange ses obsessions de producteur (il a déjà bossé avec James Arthur ou Lauv) à son ADN d’agitateur. Le résultat n’est pas un simple single, mais une porte d’entrée vers un disque qui s’annonce comme une œuvre-monde, aussi bancale que fascinante. Avec Peter Litvin, il ne s’agit jamais seulement d’écouter : il faut plonger, quitte à s’y perdre.
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septembre 15, 2025Il y a des groupes qu’on pensait relégués aux marges poussiéreuses des 90’s, des noms qui circulaient dans les fanzines et qu’on évoquait avec ce mélange de tendresse et de fatalisme réservé aux « presque-grands ». Too Much Joy fait partie de cette caste. Eux qui, à la fin des années 80, s’imaginaient destinés aux stades, soutenus par Rolling Stone, le New York Times ou même Penthouse (!), se retrouvent aujourd’hui à rejouer leur propre histoire avec My Past Lives, comme des fantômes goguenards venus hanter leur jeunesse.
Mais ce qui frappe, ce n’est pas la nostalgie. C’est la vitalité. Ces types n’ont pas renoncé. Leurs morceaux d’alors, qui mixaient l’urgence punk des Clash, les refrains pop des Descendents et l’ironie acide de Randy Newman, sonnent toujours comme des cocktails Molotov mal ajustés, prêts à exploser à contretemps. On parle de chansons où l’humanité cabossée de John Prine pouvait cohabiter avec un riff bastonné à la Ramones. Et dans My Past Lives, cette énergie ne s’évapore pas, elle se condense, elle se réincarne.
Le projet ressemble à une rébellion contre l’oubli : trente-quatre titres entre remasters, bonus tracks et archives déterrées, comme si le groupe refusait de choisir, de hiérarchiser, de « faire propre ». On sent l’envie d’en donner trop, encore une fois, comme pour dire : « Nous n’avons pas décroché la lune, mais elle reste à nous. »
Alors évidemment, Too Much Joy ne deviendra jamais un nom gravé au Panthéon du rock. Mais ce disque, massif, généreux, drôle et parfois bancal, rappelle qu’il y a une beauté particulière dans les carrières contrariées. Celles qui continuent, coûte que coûte, soutenues par quelques centaines de fidèles. Ce sont ces vies-là — passées, présentes, futures — que My Past Lives célèbre avec une sincérité désarmante.
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septembre 15, 2025On tombe parfois sur une chanson comme on déterre un vieux journal intime oublié sous un plancher. Right To End de Thomas Midfield a ce parfum-là : brut, poussiéreux, mais brûlant de vie. Rien d’un artefact figé — plutôt l’écho d’un cri qui traverse encore les murs.
Né à la fin des années 90 dans la banlieue hollandaise de Purmerend, le groupe avait tout du projet éphémère : une poignée de concerts, quelques enregistrements, puis l’explosion. Pourtant, dans ce court laps de temps, Chris Dieffenbach (chant), Arno et Menno Tijnagel (guitare et batterie), Tjerk de Graas (basse) et plus tard Bart ter Steege ont laissé une empreinte indélébile. Right To End en est la preuve la plus éclatante. C’est du grunge rêche, saturé de poussière et d’orage, où la voix déchirée de Chris flotte entre la rage et l’imploration.
On y entend le poids du stoner, l’héritage des années 90, les ombres de Soundgarden et Kyuss, mais sans calcul ni nostalgie. Le morceau dégage ce magnétisme propre aux groupes qui ne trichent pas, qui enregistrent comme on crache le feu. Les guitares grincent, la basse enroule, la batterie cogne — et tout semble prêt à s’effondrer d’un coup, comme si le groupe jouait en équilibre sur un fil tendu.
Deux décennies plus tard, Thomas Midfield renaît partiellement, Chris et Arno ayant décidé de reprendre les armes. Leur retour n’a rien d’un coup marketing : c’est le prolongement d’une histoire restée suspendue. Écouter Right To End aujourd’hui, c’est mesurer la puissance intacte de ce cri inachevé. Un rappel que certaines braises ne demandent qu’un souffle pour redevenir incendie.
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septembre 12, 2025Un ami m’a dit un jour que les plus beaux étés sont ceux qu’on n’arrive pas à raconter. Ils se coincent dans les silences, dans l’éclat d’un rire oublié ou l’odeur d’une serviette de plage séchée au soleil. Holidays, le nouveau single de Books Of Moods, fonctionne exactement comme ça : une sensation qui échappe, qui se faufile entre la joie immédiate et la nostalgie qui rôde déjà.
On connaît tous ce moment précis : la fin d’un été, quand les rires s’estompent mais restent suspendus dans l’air chaud comme des échos qu’on n’arrive pas à retenir. Holidays, le nouveau single de Books Of Moods, a cette capacité étrange à condenser ce vertige dans trois minutes de pop-rock rêveuse. Ce n’est pas un titre qui cherche à plaire, c’est un titre qui saisit de biais, comme une photo surexposée où les silhouettes deviennent des fantômes de vacances.
Hugo Sailer, derrière ce projet parisien, s’impose ici comme un alchimiste de la mémoire. Ses guitares semblent tremper dans une lumière trop vive, ses rythmes oscillent entre la nonchalance et la fièvre, et ses mélodies naviguent dans cette zone trouble où la joie pure se mélange à une nostalgie impossible à définir. L’ombre de Bowie, l’élan des Arcade Fire et le spleen des Strokes affleurent sans jamais étouffer cette patte singulière, artisanale, qui fait de Holidays une chanson à la fois intime et universelle.
Écrit après une échappée estivale entre amis, le morceau ne raconte pas des vacances idéalisées : il capte l’imperfection, le chaos, les routes qui se perdent et les conversations qu’on oubliera le lendemain. Mais c’est précisément ce désordre qui en fait la beauté. Holidays n’est pas un hymne festif, c’est un polaroïd en train de se décomposer dans la lumière, un souvenir qui s’échappe en même temps qu’il se fixe.
En moins de quatre minutes, Books Of Moods réussit à faire ressentir la chaleur d’un été et le frisson de sa disparition. Une chanson qui agit comme une Madeleine sonore : on y revient, encore et encore, parce qu’elle réveille en nous des images que nous pensions perdues.
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septembre 12, 2025Un simple riff de guitare trouvé au bord de l’océan, et voilà qu’un morceau se met à respirer comme les vagues qu’il invoque. The Maine Thing, le nouveau single de Kevin Driscoll, n’est pas seulement une chanson : c’est une halte. Une respiration offerte à ceux qui, étouffés par le bruit permanent, cherchent à se recentrer sur l’essentiel.
L’auteur-compositeur de Jacksonville signe ici une pièce d’une sobriété désarmante, mais dont chaque note est taillée comme une pierre de granit battue par le vent. Driscoll joue tout lui-même, entre drones de banjo et arpèges de guitare, laissant une place précieuse à la lumière d’un invité de marque : le violon de Damien Bolotin, enregistré à Buenos Aires. Ce dialogue entre cordes, rugueuses et aériennes à la fois, donne au morceau sa dimension cinématographique — un minimalisme riche en détails, presque tactile.
L’influence de Paul Simon ou de Bruce Cockburn se devine dans la façon de tresser le texte et l’arrangement, tandis qu’on retrouve chez Driscoll l’âpreté douce d’un Tom Waits apaisé. Rien n’est forcé : le mixage, confié à Jeremiah Johnson, conserve l’impression d’un live joué à même le salon, intime et fragile, comme une confession improvisée.
Mais au-delà des textures, The Maine Thing frappe par son axe : un appel à “garder en vue ce qui compte vraiment”. La chanson porte le poids d’un monde saturé d’écrans et d’urgences fictives, mais refuse le désespoir. Elle choisit la clarté, la simplicité, l’attention portée à l’instant — et cette lucidité devient sa force.
Kevin Driscoll, dont la trajectoire musicale traverse folk, rock alternatif, blues et éclats de world music, n’écrit jamais pour illustrer. Il écrit pour habiter les émotions, les laisser s’infiltrer dans la voix, dans les silences. The Maine Thing s’impose comme une boussole discrète mais inébranlable : un rappel que parfois, la vérité tient dans un souffle, un accord, un rivage.
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septembre 12, 2025Quatre ans de mutisme, puis soudain l’explosion. Mike Masser revient avec 5, un album qui ne sonne pas comme un retour mais comme un déferlement. Plus qu’une collection de riffs massifs et de cris éraillés, ce disque est une catharsis : une manière de hurler ce qui n’avait pas encore trouvé les mots. De l’ombre à la lumière crue des amplis, Masser transforme ses blessures personnelles en étendard sonore.
Dès Wolves in the Whiskey, le ton est donné : riffs râpeux, voix qui roule comme une bête blessée, et une atmosphère de bar enfumé où chaque gorgée brûle autant que chaque mesure. No Sin resserre la formule : direct, sans compromis, un uppercut qui parle de rédemption impossible.
Puis vient Silence Speaks, pièce maîtresse où Masser évoque ses fantômes – le deuil, la perte, l’absence – sur des guitares lourdes qui grondent comme des souvenirs trop présents. À l’opposé, Run condense toute l’énergie du disque en trois minutes de fuite en avant, tandis que Redline s’impose comme l’hymne d’adrénaline pure, parfait pour les routes nocturnes où la vitesse devient confession.
Le disque ose aussi les relectures. Abacab de Genesis se voit réimaginé en monolithe hard rock, rugueux, métallique. Twilight Zone retrouve une intensité crue, entre hommage et appropriation. Et sur Don’t Follow, en duo avec Megan Masser, la voix se fissure enfin, laissant apparaître la tendresse dans la rugosité.
Omen et Morning After You referment le disque comme des contrepoints : l’un, inquiétant et sombre, l’autre plus mélodique, presque fragile, comme un lendemain d’orage où l’on reprend son souffle.
5 n’est pas une simple suite dans la carrière de Mike Masser. C’est un disque de survie, un album qui se vit comme un poing sur la table et un cri dans le noir. Entre les hommages à ses proches disparus, l’ombre de la maladie de son père, et sa rage intacte de performer, Masser livre ici son disque le plus dense, le plus vrai. Et surtout le plus humain derrière le fracas.
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septembre 12, 2025Une guitare qui bat la mesure comme un cœur régulier. Une voix chaude, grave, qui semble sortir autant d’un salon de Kalmar que d’un studio improvisé à Trenchtown. Heart of a Lion, nouvel album de Zimzalabim, alias Patrik Byström, n’est pas une simple révérence à Bob Marley — c’est un disque fait maison, à hauteur d’homme, qui cherche à panser les solitudes contemporaines avec des chansons simples, solides, et profondément humaines.
Chaque morceau porte une facette de ce projet universel et intime à la fois. Hymn for the Lonely s’installe comme une prière douce adressée à celles et ceux qui traversent le vide. À l’inverse, Coming Our Way sonne comme un appel au courage collectif, une pulsation reggae qui relève les corps autant que les esprits. La chanson-titre, Heart of a Lion, enfonce le clou : ne jamais courber l’échine, même quand la tendresse manque et que le monde paraît rongé par le cynisme.
Angelica « Zionessa » Svensson apporte, par ses chœurs aériens, une grâce supplémentaire, comme une lueur qui perce dans l’obscurité. Et quand arrive Everyone’s a Winner, le disque prend un virage lumineux, célébrant les petites victoires du quotidien comme si elles étaient déjà révolutionnaires. Zimzalabim ne s’interdit pas non plus l’allègement : Suburbia Night tranche avec son tempo plus rapide, comme un contrepoint festif au climat introspectif du reste de l’album.
Enregistré dans son propre home studio, l’album conserve cette chaleur artisanale : pas de fioritures, juste une musique qui respire la sincérité et la conviction que le reggae peut encore servir de refuge et de phare.
Heart of a Lion n’est pas là pour réinventer le genre, mais pour rappeler son essence : une musique de résistance et de consolation. Dans une époque saturée de bruits et de fractures, Patrik Byström parvient à tendre un miroir où l’on devine encore un horizon d’humanité.
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septembre 12, 2025Un rire qui sonne faux dans un bar trop bruyant. Un sourire qu’on garde en vitrine alors que le cœur tombe en miettes. C’est dans ce décalage que naît Castles, le premier single de Lara Harris : une chanson qui fait danser la douleur comme si elle portait des baskets fluos et un mascara qui coule.
Plutôt que de pleurer doucement dans l’ombre, Lara choisit la voie pop-punk : guitares qui cognent, mélodie euphorique, mais texte en forme de confession à vif. La chanson avance avec l’allant d’un hymne adolescent, et pourtant chaque mot résonne comme une lucidité adulte : celle de comprendre qu’on s’était trompé, qu’on avait cru bâtir du solide alors qu’on dessinait dans l’air.
Ce mélange de clair et d’obscur n’est pas anodin. Harris, surnommée the Singing Librarian pour ses vidéos virales, écrit avec la précision d’une universitaire (elle est doctorante à Cambridge en culture médiévale) et la fragilité d’une jeune femme qui met sa vie en vitrine sonore. Son EP à venir prolonge cette métaphore du château : Silence, Morphine, What Would I Do? et All That Glistens deviennent autant de pièces dans un édifice hanté par l’amour et ses ruines.
Mais Castles reste la clef de voûte : une chanson qui s’écoute comme un exorcisme lumineux, où l’on danse pour ne pas sombrer. Un paradoxe assumé, et une entrée en matière qui pourrait bien placer Lara Harris dans la lignée des conteuses pop capables de faire tenir l’intime dans un refrain qui donne envie de crier à plein poumons.
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septembre 12, 2025On ne sort pas indemne d’un disque qui porte un titre aussi frontal : Highs & Lows. Chez Eoin Shannon, les sommets et les creux ne sont pas de simples métaphores : ils s’incarnent dans chaque morceau, comme des stations d’un chemin spirituel et intime. Ce deuxième album, né à Cork mais nourri de racines qui vont de Bobby Blue Bland à Leonard Cohen, est moins une collection de chansons qu’un carnet de bord où le blues flirte avec la prière, la soul avec la confession.
L’ouverture, Going Through Hell, pose le décor sans détour : voix grave, vibrante, qui dit la lutte comme une évidence. La guitare et l’arrangement soutenu par Tom Savage dessinent un espace à mi-chemin entre folk noir et blues rugueux. Puis surgit Fall Into Your Arms Again, où la tendresse reprend le dessus : un morceau plus fragile, porté par la voix de Gaby Duboisjoli, qui se fait refuge après la tempête.
Sur God Only Knows, Makeda Rose amène une intensité brûlante, une ferveur quasi gospel qui contraste avec la sobriété de One Crazy Day, ballade inspirée par Bobby Blue Bland où la mélodie cache un désarroi amer. À l’opposé, Happiness Has Come To Town, enrichi par les cordes d’Artem Litovchenko et le piano de Malte Hortsmann, se déploie comme un instant suspendu, lumineux, preuve que Shannon sait aussi écrire la joie sans la naïveté.
L’album se durcit avec Demon Lady : sombre, charnelle, presque menaçante, où la voix d’Eoin se fait caverneuse. Puis vient The Closer You Are To God, cœur battant du disque. « Plus tu t’approches de Dieu, plus le Diable te voit », dit Shannon. On y entend à la fois la foi et le doute, la lumière et son prix. C’est un morceau qui pourrait aussi bien être lu comme une parabole qu’un aveu intime.
Les ballades comme When I Look Into Your Eyes et I Could Fall In Love Again réaffirment le versant romantique de Shannon, pendant que Captain My Captain (Lord and Savior) glisse vers une forme de prière rock, hymnique et habitée. Enfin, le remix de Pull The Plug/Pull The Curtain par Zhoca et Romacoolguy ferme le disque en contrepoint moderne : une relecture plus électronique, qui rappelle que Shannon n’est pas figé dans le passé, mais cherche encore.
Avec Highs & Lows, Eoin Shannon signe une œuvre ample, exigeante, parfois déroutante, mais toujours habitée. C’est un disque qui sent la sincérité brute, nourri par les fantômes de Dean Martin et de Cohen, mais qui s’affirme surtout comme une cartographie très personnelle des tempêtes et des rédemptions possibles. Une odyssée où chaque titre est une marche entre l’ombre et la lumière.
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septembre 12, 2025On l’imagine seul, lumière blafarde sur les murs de sa chambre à Patras, une Stratocaster trop lourde pour ses épaules mais branchée à bloc. Johnny B gratte comme on frappe dans un sac de sable, parce qu’il n’a rien d’autre pour canaliser ce qui cogne à l’intérieur. De cette urgence naît My Darkest Times, morceau de rock adolescent, imparfait, nerveux, mais incroyablement sincère.
À 18 ans, Johnny n’a pas besoin de polir les contours. Les riffs sont épais, hérités de Zakk Wylde et d’Ozzy Osbourne, la rythmique roule avec ce parfum de Black Sabbath, et sa voix, un peu tremblée, dit plus de vérité que n’importe quel cri maîtrisé. On sent l’influence des 80’s et 90’s, mais il ne s’agit pas d’un exercice de style : c’est un gosse qui joue trop fort pour couvrir ses propres pensées.
Enregistré au Noisebox Studio avec ses potes et son producteur, le morceau garde ce grain humain, cette chaleur du local de répète. Rien de glacé ou d’usiné : on entend presque la sueur, les regards complices, les hésitations qu’on laisse passer pour ne pas étouffer l’énergie brute. My Darkest Times raconte une lutte — pour aimer, pour respirer, pour être libre — mais ce qu’il transmet surtout, c’est un refus de se taire.
Johnny B n’invente pas le rock, il s’y jette à corps perdu. Ce n’est pas un produit, c’est un cri, et c’est exactement ce qui rend ce premier single attachant. Comme une première cicatrice qu’on choisit de montrer au monde, guitare en main, amplis à fond.
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septembre 12, 2025On imagine un ciel chargé, noir d’électricité, juste avant l’éclatement de la pluie. Cumulonimbus, premier single du nouvel album de Pisgah, naît dans cette tension-là : l’attente, le vertige, la beauté menaçante. Brittney Jenkins, qui signe ici sous son alias londonien, réussit à transformer le langage météorologique en métaphore de ses propres failles — entre les ombres du passé et le désir d’une euphorie fragile.
Les guitares électriques scintillent comme des éclairs, aériennes mais saturées d’émotion. Elles ouvrent un espace où se glisse une voix claire, presque vulnérable, qui parle de blessures héréditaires et de fissures intérieures. Pas de pathos appuyé : Pisgah chante le trauma avec pudeur, préférant la suggestion poétique aux aveux crus. Le morceau se construit comme une montée atmosphérique, chaque couche instrumentale ajoutant du volume à l’orage. Quand la batterie s’élance, c’est comme si la tempête éclatait enfin — cathartique, mais jamais écrasante.
Le travail de Dan Duszynski au mixage accentue cette dualité entre fragilité et intensité. On y sent autant les racines alt-country de Brittney Jenkins que les héritages plus sombres d’Emma Ruth Rundle ou de The Cure. Mais là où ses influences pourraient tirer vers le gothique, Pisgah choisit un horizon plus lumineux : Cumulonimbus n’est pas une lamentation, c’est une libération, presque un hymne.
Ce single annonce l’arrivée de Faultlines, prévu pour novembre. Et si l’on se fie à cette première pièce, l’album devrait creuser encore davantage ce territoire rare où le rock indépendant se fait à la fois intimiste et grandiose, confession et exorcisme.
Avec Cumulonimbus, Pisgah prouve que les tempêtes ne sont pas seulement destructrices : elles peuvent aussi révéler une beauté suspendue, une clarté nouvelle après le chaos. Un premier extrait qui donne envie de se laisser traverser par l’orage.
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septembre 12, 2025Un claquement de caisse claire, un frisson synthétique, et tout à coup l’air semble chargé d’électricité. Your Smile Got Me surgit comme une carte postale froissée retrouvée au fond d’un sac, l’image d’un sourire qui hante encore mais qu’on préfère transformer en fête. Sdante ne raconte pas une histoire d’amour ratée, il la métamorphose : il peint l’échec avec des couleurs saturées, il colle des guitares flamboyantes sur les blessures et maquille la douleur de nappes électroniques qui scintillent comme des néons en pleine nuit.
Ce titre, à la croisée de la dream pop et du rock mélodique, a quelque chose de trompeur. On croit d’abord entendre une chanson euphorique, calibrée pour les playlists qui carburent à l’énergie solaire. Mais derrière la brillance, il y a cette gravité, cette noirceur douce, qui vient se loger dans les interstices du refrain. Sdante, qui puise autant dans The Kooks que dans Fyfe ou The Wombats, connaît la mécanique : l’obsession mélodique sert de masque, le rythme entraînant agit comme une anesthésie, mais tout est construit pour que la mélancolie finisse par transpercer.
La réussite de Your Smile Got Me réside dans cette dualité. Ce n’est ni une ballade plaintive ni un banger pop-rock opportuniste : c’est un morceau bancal, volontairement contradictoire, qui parle avec justesse de ce que c’est que d’aimer, de perdre, et de vouloir danser malgré tout. On y entend la trace d’un adolescent façonné par le rock des années 2000, mais aussi l’adulte qui a apprivoisé les machines pour sculpter ses fantômes en mélodies dansantes.
Avec ce single, Sdante signe une chanson-mirage : elle brille, elle séduit, mais elle trouble aussi. Une musique qui donne envie de lever les bras tout en serrant les dents, comme si la joie et la douleur avaient enfin trouvé un terrain d’entente.
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septembre 12, 2025On a tous ce manque étrange, ce petit vide quotidien qu’on comble comme on peut – café brûlant, scroll infini, amour bancal, cigarette volée dans la nuit. Vitamin, le nouveau single de Dude Safari, se branche directement sur cette faille-là et la transforme en déflagration. Un hymne sous stéroïdes, plein de guitares saturées et de refrains taillés pour être criés les bras levés, mais qui garde la lucidité d’un texte né de l’attente, du doute, de l’obsession.
Avec ce titre, les quatre de Surrey n’inventent pas la poudre, mais ils la font exploser à leur manière. Leur recette ? La rugosité grunge héritée des 90’s, mais remise au goût du jour avec une immédiateté pop qui les rapproche des poids lourds de l’alt-rock sans jamais sombrer dans le pastiche. La basse claque, les guitares se déchaînent en mur de son, et la voix de Jamie Tipson, tendue comme une corde, vient incarner ce besoin vital de secousse, de frisson, de quelque chose qui maintient debout.
Ce qui rend Vitamin si efficace, c’est son refus du cynisme. Là où d’autres auraient saturé le morceau de second degré, Dude Safari assume le côté hymne sans honte, presque naïf dans sa recherche d’énergie brute. Le refrain, accrocheur jusqu’à l’obsession, agit comme un shoot d’adrénaline : on l’entend une fois, on a envie de le hurler à nouveau, comme pour repousser le monde extérieur.
Depuis leur premier album YUSSUS et son documentaire compagnon, le quatuor s’est imposé comme l’un des noms à surveiller de la scène britannique. Mais avec Vitamin, ils franchissent un palier : un titre qui n’est pas seulement un single, mais un manifeste, une déclaration de survie en pleine ère de fatigue généralisée.
En clair, Dude Safari vient de livrer sa pilule grunge-pop : addictive, bruyante, indispensable.
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septembre 12, 2025Un disque peut parfois ressembler à une boîte noire : on l’écoute comme on déchiffre les restes d’un crash, à la recherche de ce qui a brûlé, de ce qui persiste. Extinction Burst de Matare a cette densité-là, celle d’un témoignage intime transformé en fresque sonore, comme si l’on passait en accéléré toutes les nuances d’une vie à travers douze morceaux. Ce n’est pas de la nostalgie gratuite, mais une manière de convoquer les fantômes des années 80 pour mieux parler du présent.
L’album se déploie comme une succession de miroirs. Attach Your Memories ouvre le bal avec des guitares cristallines, presque fragiles, qui fixent le ton : la mémoire est ici le terrain de jeu et de combat. Puis viennent les coups de sang, I Could Kill You But I Love You ou Slicing Knives, où la rage intime se heurte à la volupté mélodique, condensant l’essence de Matare : écrire avec la colère mais chanter avec l’élégance. Plus loin, Learned Helplessness s’enfonce dans une torpeur cold wave, quand Forever Light ou Revolution cherchent à rallumer la flamme, comme si l’album avançait en oscillant entre résignation et sursaut.
Le morceau-titre, Extinction Burst, fonctionne comme un climax : tension shoegaze, batterie martiale, voix noyée sous la réverbération, explosion contenue qui traduit l’urgence d’un monde en bout de course. Ici, les influences – The Chameleons, The Cure, New Order – ne sont pas des citations mais des outils pour construire une cathédrale sonore personnelle, taillée dans la mélancolie mais tournée vers l’avant.
Avec Extinction Burst, Matare signe un disque qui refuse la superficialité. Un album qui respire la fin de quelque chose, mais qui trouve dans ce sentiment la matière pour inventer. Ce n’est pas un hommage figé à la new wave ou au post-punk : c’est une réinvention, un cri discret mais nécessaire, une preuve que l’on peut encore transformer la mémoire en arme esthétique.
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septembre 12, 2025Il y a des disques qui s’écoutent comme des produits finis, polis et emballés pour convenir à l’air du temps. Incomplete Puzzle de Trip Dawkins n’est pas de ceux-là. C’est un cabinet de curiosités, un journal sonore tenu par un musicien insatiable qui refuse de choisir entre ses obsessions et qui nous en livre 32 d’un coup. On pourrait s’y perdre, mais c’est justement le plaisir : se laisser engloutir dans un labyrinthe où chaque morceau est une pièce manquante et où l’ensemble raconte, par son excès même, l’histoire d’un artiste qui ne rentre dans aucune case.
Dawkins s’amuse dès l’ouverture à brouiller les pistes : un chien qui rêve de disco (Everyday), un chat transformé en muse reggae (Don’t Wanna Go), un monologue intérieur sur fond de synth-rock (What Am I Thinking). Ces chansons, absurdes en surface, disent quelque chose de plus profond : la musique comme espace de jeu total, où même le quotidien le plus banal peut devenir matériau de création.
Mais au milieu de cette mosaïque, un titre attire irrésistiblement la lumière : Solution Balnéaire. Composé pour les marchés francophones, le morceau tranche par son audace et sa singularité. On y retrouve un rap en français, rétro dans ses sonorités mais ancré dans une thématique universelle : la santé mentale. Là où d’autres auraient sombré dans le didactisme, Dawkins choisit l’ironie douce, l’élégance d’un groove décalé, presque lounge, qui fait passer le message sans lourdeur. Le français y sonne comme une langue étrangère mais sensuelle, un voile qui donne au texte une force poétique supplémentaire. C’est une chanson qui respire l’internationalisme, une passerelle entre cultures, comme si Gainsbourg rencontrait Gorillaz au bord d’une plage méditerranéenne.
La réussite de Solution Balnéaire tient à sa capacité à condenser, en quelques minutes, l’esprit entier d’Incomplete Puzzle. À la fois hybride, ludique et grave, elle révèle la profondeur cachée derrière la fantaisie. C’est un morceau qui interroge, qui amuse, qui dérange aussi, parce qu’il ose sortir du cadre tout en abordant un sujet brûlant.
Avec Incomplete Puzzle, Trip Dawkins signe un album-fleuve, un chantier à ciel ouvert où les genres se télescopent sans filtre. Mais c’est précisément cette dispersion qui en fait la richesse : derrière l’apparente incohérence, une vision s’esquisse, celle d’un musicien qui refuse de hiérarchiser ses idées, qui les embrasse toutes, du stoner rock au rap francophone. Et si le puzzle reste incomplet, c’est qu’il est vivant.
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septembre 12, 2025Dans l’imaginaire, on pourrait placer deux silhouettes sur un toit de ville, au milieu de la nuit, les lumières en contrebas et le sentiment que l’aube sera la fin. Until the Sunlight Dies sonne comme ce moment suspendu : un instant de grâce et de drame, où l’on sait que le temps est compté mais où l’intensité l’emporte sur tout le reste. A Thousand Reasons ne compose pas une chanson, mais une scène entière, portée par des voix qui s’affrontent et s’étreignent à la fois.
La force du morceau tient à son orchestration. Les cordes venues de Grèce – enregistrées à distance par Ally Rozario et Nikos Mavridis – apportent une densité quasi cinématographique. Elles ne décorent pas, elles alourdissent l’air, comme un poids dramatique sur les épaules des guitares saturées. La rythmique, massive et martiale, vient alors donner à la chanson une stature d’hymne, entre l’héritage des ballades emo des années 2000 et la flamboyance orchestrale de Skillet.
Mais le cœur du morceau, ce sont ces voix. Masculine et féminine, elles ne cherchent pas l’harmonie immédiate. Elles s’opposent, se frottent, se déchirent, comme si chaque phrase était un bras de fer entre désir et renoncement. Ce contraste, brut et fiévreux, fait naître une émotion rare, bien plus vraie que les duos aseptisés qui pullulent dans le rock grand public.
Until the Sunlight Dies est une tragédie amoureuse mise en musique, une fresque où l’excès devient beauté. A Thousand Reasons rappelle que le rock n’a pas besoin de se contenir pour rester pertinent : il peut encore se faire théâtre, cinéma et vertige, tout à la fois.
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septembre 11, 2025Le titre seul suffit à éveiller l’imaginaire. Black Dress sonne comme une apparition : celle d’une silhouette obsédante, à la fois élégante et dangereuse, muse et menace. Adam Earl, avec ce morceau, plonge dans l’ADN du rock alternatif le plus viscéral : guitares saturées qui s’enflamment en vagues successives, batterie martiale, et un chant qui joue la carte de la tension sensuelle autant que de la douleur contenue.
Le morceau frappe par son énergie frontale. Pas de détour, pas d’arrangements superflus : une montée en intensité qui ressemble à une course haletante derrière une obsession. La voix d’Earl, éraillée par moments, plane entre vulnérabilité et rage, donnant à Black Dress un caractère presque cinématographique. On y retrouve l’esprit sombre et incandescent des grands hymnes alternatifs, quelque part entre l’urgence grunge et la fougue post-punk.
Ce qui rend le titre captivant, c’est sa capacité à transformer une image simple — une robe noire — en un symbole chargé : attraction, perte de contrôle, vertige amoureux, danger magnétique. Derrière cette métaphore, c’est la mécanique des désirs irrépressibles qui est racontée, avec tout ce qu’elle peut avoir de fascinant et de destructeur.
Black Dress fonctionne autant comme une chanson qu’on hurle en concert, les poings levés, que comme une confession intime, criée à huis clos dans une chambre plongée dans le noir. Adam Earl signe un morceau brut, sensuel et universel, qui rappelle que le rock alternatif garde toute sa force lorsqu’il se nourrit de l’excès et de l’ambiguïté des passions humaines.
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septembre 11, 2025Une guitare râpeuse s’ouvre comme une cicatrice, la batterie suit d’un pas lourd mais décidé, et Lipgloss démarre. Max Ceddo n’écrit pas une énième love song : il raconte une fuite, une relation consommée comme une cigarette de fin de soirée, dont la banalité apparente finit par se fissurer. Derrière le nom léger de “Lipgloss” se cache une femme fuyante, insaisissable, que le narrateur croit d’abord superficielle avant de réaliser – trop tard – qu’elle portait une vérité qu’il n’a pas su voir.
Musicalement, le morceau puise dans les racines indie rock et alternative tout en flirtant avec le folk rock. Les guitares dessinent des lignes tantôt abrasives, tantôt lumineuses, comme pour illustrer la contradiction entre désinvolture et profondeur. Le refrain s’élève avec cette intensité brute qui rappelle les grands disques de confession rock : une montée en tension qui n’explose pas dans la grandiloquence, mais dans une sincérité nue.
Ce qui rend Lipgloss percutant, c’est sa manière de capter l’ambiguïté des relations modernes. On s’y attache sans y croire, on s’y perd sans s’avouer qu’on en a besoin, et l’on comprend la valeur de l’autre seulement au moment où il disparaît. Max Ceddo, par son écriture, déjoue le piège du cliché : il transforme une histoire de désenchantement amoureux en parabole plus vaste sur la fragilité des liens et la paresse émotionnelle d’une époque.
À travers Lipgloss, Max Ceddo montre une plume capable de combiner narration intime et charge universelle. Ce n’est pas un simple récit d’amour raté, mais un miroir tendu : celui de nos propres négligences, de ces instants où l’on croit jouer la désinvolture alors qu’on passe à côté de l’essentiel. Une chanson qui, derrière ses guitares nerveuses et ses accents folk, garde le goût amer des occasions perdues.
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septembre 11, 2025Il existe des morceaux qui ne naissent pas dans un plan marketing millimétré ni dans l’attente d’un tube, mais dans le chaos d’une nuit trop arrosée. Come Over de VERCI est de ceux-là : une chanson surgie de l’instant, écrite et enregistrée ivre, sans filtre ni stratégie, et c’est justement cette spontanéité qui en fait la force. C’est brut, bancal par endroits, mais vibrant de cette vérité que l’industrie oublie trop souvent : la musique peut être un geste immédiat, sans autre prétention que d’exister.
Le titre s’inscrit dans une hybridation séduisante entre alternative hip-hop et pop-rock. Les guitares tracent des riffs nerveux, presque garage dans leur texture, tandis que la rythmique garde l’efficacité d’un beat hip-hop moderne. La voix de VERCI, un peu éraillée, légèrement désaccordée par l’alcool mais incroyablement vivante, donne au morceau un parfum de confession nocturne. On y entend la maladresse mais aussi la liberté, comme si l’ivresse avait permis de désarmer toute posture pour ne laisser qu’une énergie crue.
Ce qui rend Come Over attachant, c’est ce côté accident heureux : une chanson qui n’aurait peut-être jamais dû exister, mais qui, une fois partagée, fait écho à ceux qui connaissent ces nuits où l’on parle trop, où l’on ose trop, et où l’on crée sans réfléchir. VERCI capture cette magie fugace et la transforme en un hymne imparfait mais addictif, déjà validé par ses proches et prêt à séduire un public plus large.
Avec Come Over, VERCI prouve qu’il n’a pas besoin d’artifices pour exister. C’est un morceau fait de désinvolture et de vérité, qui tient autant du freestyle de garage que de l’hymne indie pour la génération qui transforme ses excès en matière artistique. Une carte de visite spontanée, rugueuse et magnétique, qui donne envie d’attendre la suite.
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septembre 11, 2025Il y a des morceaux qui avancent comme une vieille moto sur une route de campagne au crépuscule : cabossés, vibrants, un peu sauvages, mais portés par une force irrésistible. Momentum (Blanker’s Version) de Blanker a ce parfum-là. Un titre qui ne cherche pas l’éclat pop ni la séduction immédiate, mais qui s’installe dans la durée, dans cette poussée souterraine que seul le rock sait transformer en évidence.
La structure du morceau est taillée dans l’étoffe de l’indie et de l’alternatif, mais on y sent une veine blues, presque organique, qui donne de la profondeur aux riffs. Les guitares traînent leurs cordes comme des cicatrices, la batterie cogne avec une sécheresse qui rappelle les grands disques de garage, et la voix de Blanker, légèrement voilée, s’élève à mi-chemin entre confession et révolte. On est loin du rock surproduit : ici, chaque aspérité est volontaire, chaque grain sonore raconte quelque chose de vécu.
Ce qui rend Momentum si singulier, c’est cette impression de mouvement contenu. On sent une tension permanente, comme si le morceau allait déborder à tout moment, mais il reste toujours retenu par une ligne de basse grave, presque hypnotique, qui agit comme un fil d’Ariane. Cette dualité – urgence et retenue, chaos et contrôle – donne au titre sa puissance.
Dans une époque où l’indie rock se dilue parfois dans la facilité, Blanker choisit l’authenticité brute. Momentum (Blanker’s Version) ne cherche pas à plaire à tout le monde : il trace une route sinueuse, intime, à la fois ancrée dans l’héritage du blues et tournée vers les reliefs plus abrasifs de l’alternative. C’est un morceau qui se vit plus qu’il ne s’écoute, un cri discret mais entêtant qui s’installe longtemps après la dernière note.
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septembre 11, 2025Say Hi n’est pas qu’un simple morceau hybride, c’est une confrontation à deux voix, un duel tendre et rageur où Brian O’Donnell, alias oduck, trouve son contrepoint dans une voix féminine qui éclaire l’ombre et nuance la colère. Ensemble, ils transforment une chanson de pop-rock rap en véritable scène de vie : une tension palpable entre l’envie de se fermer et le besoin de tendre la main, entre le cri et le murmure.
Dès l’intro, les guitares saturées installent une urgence rock, épaulées par une batterie sèche, presque punk dans l’énergie. Oduck entre avec un flow brut, direct, qui porte la rage des non-dits. Puis surgit cette voix féminine, claire, aérienne, qui fend la densité comme un rayon inattendu. Elle n’apaise pas vraiment : elle trouble, elle relance, elle oppose une douceur inquiète à la rugosité du rap. Ce va-et-vient donne au morceau un relief théâtral, comme une dispute mise en musique, où chaque timbre dévoile une part du même chaos intérieur.
Le refrain, pop et fédérateur, agit comme un exutoire : les deux voix s’y rejoignent, se mêlent et se frottent, créant une sorte de catharsis collective. Le morceau parle d’un geste simple – dire bonjour, briser le mur du silence – mais derrière, il y a toute une réflexion sur la solitude moderne, sur la peur d’aller vers l’autre et la nécessité de se reconnecter.
Ce qui rend Say Hi si singulier, c’est ce mélange d’électricité rock, de lucidité rap et d’élan pop porté par deux voix qui se complètent autant qu’elles s’opposent. Oduck ne livre pas une chanson, mais une scène : celle d’un monde fracturé où un homme et une femme choisissent encore de se parler, de s’appeler, d’exister ensemble.
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septembre 11, 2025On croit toujours que l’amour se vit dans l’éclat, dans les gestes spectaculaires, mais parfois il se niche ailleurs : dans la décision fragile de ne pas bouger, de ne pas troubler un silence qui pourrait se briser au moindre souffle. Don’t Wake, le nouveau titre de Honeysucker, est de cette trempe-là. Une chanson qui crée un abri, une bulle de respiration dans un monde trop bruyant. Écouter ce morceau, c’est accepter de rester suspendu, comme si le temps lui-même avait consenti à ralentir.
La structure musicale s’impose avec une élégance quasi insidieuse. La batterie, portée par une pulsation douce, rappelle l’écho d’une samba mais sans la ferveur festive : ici, le rythme bat pour deux seulement. Les guitares dessinent des arabesques délicates, presque timides, qui caressent plus qu’elles ne tracent. Les nappes synthétiques, elles, enveloppent l’espace de leur halo diffus, donnant au morceau une densité cotonneuse. Au milieu, une basse ferme agit comme un ancrage, évitant à la chanson de se dissoudre complètement dans l’air.
Mais c’est dans l’écriture que Honeysucker touche au cœur. Chaque ligne semble écrite dans une chambre close, à la lumière vacillante d’une veilleuse. Les mots expriment la peur de voir la réalité s’inviter trop tôt, le désir de prolonger l’illusion d’un monde réduit à deux êtres. Ce n’est pas de l’évasion gratuite, mais une réponse intime à la brutalité du quotidien : faire de l’amour un dernier bastion, un lieu qu’aucune tempête n’atteint.
Don’t Wake est une déclaration politique en creux : préserver l’intime comme acte de résistance. Dans une époque saturée de vacarme et de vitesse, Honeysucker propose l’inverse, et c’est bouleversant.
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septembre 1, 2025Avec un titre qui sonne comme un bonbon acidulé et un arrière-goût de spleen, Jared Bond signe avec Sugar Rush une pièce hybride, aussi accrocheuse qu’inquiétante. Originaire de Kansas City, l’artiste s’inscrit dans une tradition américaine de rock introspectif, quelque part entre la verve ironique de Father John Misty et les guitares épiques de My Morning Jacket, tout en lorgnant vers l’efficacité mélodique de Jimmy Eat World. Mais sous les refrains immédiats, il cache un propos beaucoup plus sombre : une réflexion existentielle sur ce besoin insatiable d’être distraits alors que le monde brûle.
Enregistré à Element Studios, ce morceau est le fruit d’une alchimie rare. On y retrouve Jim Embry (Root and Stem) à la basse, dont les lignes rondes et subtiles viennent tempérer l’électricité des guitares. Joel Nanos, fidèle ingénieur et vieux complice, insuffle une texture organique à l’ensemble, recréant cette chaleur brute qu’on associe aux grands disques indie-rock des années 90 et 2000. Le détail qui tue : un vocoder sur le dernier couplet, bricolé par Bond chez lui après avoir emprunté la machine du studio. Ce geste artisanal, un peu punk dans l’esprit, donne au morceau une étrangeté synthétique qui déstabilise l’auditeur juste assez pour qu’il ne le consomme pas d’une seule gorgée.
Ce contraste est la force de Sugar Rush. Derrière la façade euphorique, c’est un miroir de notre époque : des refrains faits pour danser et fredonner, tout en parlant de fracture, de chaos, de contradictions. Une chanson qui donne envie de lever les bras dans une salle bondée tout en murmurant intérieurement : et si tout ça n’était qu’une fuite en avant ? Jared Bond réussit ce que peu d’artistes osent encore : rendre la réflexion contagieuse, comme une sucrerie qu’on ne peut s’empêcher de croquer, quitte à se brûler les dents.
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septembre 1, 2025On pourrait croire que l’identité, au XXIe siècle, se réduit à une suite de reflets dans des écrans — selfies, avatars, stories jetables. Allan Jamisen, lui, choisit de la réinventer en groove et en tension, avec All I Am Is You, morceau hybride où la moiteur du funk se frotte aux nerfs à vif de l’électronique et du rock. La chanson est moins une confession qu’un miroir déformant : elle attrape les obsessions contemporaines, les détourne et les redonne sous forme de tableau sonore, cinématographique et fiévreux.
Le morceau s’ouvre comme une hallucination : nappes synthétiques inquiétantes, cordes quasi orchestrales, puis une voix qui surgit, élégante et spectrale. Très vite, la pulsation s’installe, dense, contaminée par une basse grasse et des percussions électrisées. Jamisen chante la soif de reconnaissance et les mirages de l’excitation comme on décrirait un vertige collectif. C’est à la fois intime et politique, viscéral et réflexif. Le refrain, irrésistible, mélange pop immédiate et textures abrasives, comme si Sly Stone rencontrait Trent Reznor dans un club hanté de Phoenix.
La production, signée en partie par John X Volaitis (Rolling Stones, Tracy Chapman), est à la hauteur des ambitions : ample, brillante, jamais figée. Chaque détail — le slide guitar spaghetti-western, les chœurs féminins soyeux, la profondeur des reverbs — contribue à cette impression de fresque sonore où l’analogique et le digital dialoguent sans jamais se neutraliser.
Ce qui frappe, au-delà du son, c’est la dimension conceptuelle. Jamisen interroge la dissolution de l’individu dans l’image collective : ce que nous croyons être nous-mêmes n’est souvent qu’un écho façonné par d’autres. À travers cette réflexion, All I Am Is You ne se contente pas d’être une chanson : c’est une parabole en groove, une critique de notre époque saturée de miroirs, mais aussi un appel à danser au milieu du chaos.
Avec ce titre, Allan Jamisen poursuit son chantier d’explorateur sonore entamé avec Rock & Roll American. Sauf qu’ici, il pousse encore plus loin le mélange des genres, s’imposant comme un artisan de l’hybride, un peintre sonore qui brouille les frontières pour mieux dessiner notre époque.
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septembre 1, 2025Certains groupes semblent avoir été aspirés par le temps, comme figés dans une cassette VHS des années 90. Puis soudain, une porte s’ouvre et leurs chansons réapparaissent, intactes, vibrantes, presque plus pertinentes qu’hier. Avec Unhidden Gems, Bounce the Ocean ne se contente pas de ressusciter sa pop ciselée : ils la réinventent, entre archives redécouvertes et morceaux flambant neufs. L’album résonne comme une boîte secrète de souvenirs jamais vraiment éteints, où la douceur acoustique se frotte au souffle solaire du power pop.
Les inédits frappent d’abord par leur fraîcheur. Show Me Your Love déroule ses harmonies vocales comme un coucher de soleil sur la côte ouest, tout en portant ce parfum irrésistible de naïveté sophistiquée. I Wish You Were Mine bascule dans la tendresse immédiate, fragile sans être mièvre, une chanson qui semble sortie d’un carnet intime jauni. Avec Life’s Too Short, le duo renoue avec une écriture plus affirmée : un hymne mélodique au carpe diem, porté par un groove rétro qui rappelle les grandes heures de Glen Ballard. Each Time I Pray pousse plus loin la fibre spirituelle, une ballade à la frontière du gospel et du folk, intime et presque solennelle.
Puis viennent les perles restaurées. Wasting My Time (Original Mix) révèle enfin sa première incarnation, brute, vibrante, moins polie mais plus émotive. Dry Your Eyes (Unplugged Mix) et When She Turned Away (Acoustic Mix) mettent en avant l’ADN du duo : des voix qui s’entrelacent jusqu’à faire disparaître toute frontière entre mélancolie et consolation. Crooked Heart (Wicked Mix), plus rugueux, prouve que Bounce the Ocean pouvait aussi se frotter aux aspérités sans perdre leur grâce mélodique. Et comment ne pas s’attarder sur Don’t Believe in Love Anymore (Magness Mix), presque prophétique dans son désenchantement, un titre qui capture cette tension permanente entre romantisme assumé et lucidité désabusée.
Avec Unhidden Gems, Hawk Björn et John Utter offrent un disque qui n’est ni compilation ni simple retour nostalgique. C’est une réconciliation avec le temps, une démonstration que les chansons, quand elles sont portées par une écriture solide et des harmonies intemporelles, ne vieillissent pas : elles attendent, silencieuses, que quelqu’un vienne les réveiller. Bounce the Ocean n’a peut-être jamais été un nom qui brille au firmament des légendes pop, mais cet album prouve qu’ils possèdent cette rare qualité : écrire des morceaux qui semblent avoir toujours existé, quelque part, dans la mémoire collective.
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septembre 1, 2025On écoute The Agoraphobia Files comme on feuillette les carnets d’un naufragé revenu de tout : chaque morceau est une page tachée de sueur, de sarcasme et de tendresse brute. Purbeck Temple, alias Paul Gill, a traversé l’indicible — le corps fracassé, les os brisés, la mémoire vacillante — et pourtant, de cette nuit noire est née une œuvre étonnamment vivante, presque romanesque. Loin des studios clinquants, enregistrée dans le cocon d’un home-studio improvisé, cette collection de treize titres ne cherche pas la perfection : elle vise l’intime, l’honnête, le vital.
Le voyage commence avec Not Everybody Looks For A Reason to Run, ballade écorchée qui refuse l’échappatoire. Pas besoin de fuite : ici, c’est la confrontation frontale avec ses propres démons. Puis No Hard Feelings balance un humour acide, presque punk dans son ironie, comme un doigt d’honneur à la fatalité. Poor As I Am creuse l’âme en mode confession, un blues de la survie où la pauvreté est autant matérielle qu’affective.
Avec Almost Feels Like, la douceur se fait paradoxale : on croit toucher un apaisement mais c’est une illusion fragile. Always Be On My Own se déploie comme une confession nocturne, minimale et terriblement juste. Plus loin, Live For The Weekend casse la gravité, un cri hédoniste et lucide : danser malgré tout, boire malgré les cicatrices.
La force du disque réside dans son alternance entre éclats sombres et petites éclaircies. 20 fonctionne comme un flashback adolescent, un autoportrait fantasmé d’un âge où tout reste possible. Emptiness In Paradise est une gifle : décor idyllique vidé de sens, carte postale froissée par la mélancolie. Hey God réintroduit la spiritualité, mais sans religion figée — plutôt un monologue grinçant adressé au ciel, mi-prière mi-reproche.
Strange Lies renvoie aux trahisons intimes, celles qui fracturent plus sûrement qu’un coup. Anger And Religion libère une fureur contrôlée, un titre brûlant où l’on entend l’homme qui refuse les dogmes et choisit sa propre voix. L’album se clôt sur Feeling Better Now et Dream Back, deux pièces de réconciliation : la première fragile, comme un souffle d’air après l’orage, la seconde nostalgique, mais tournée vers une mémoire qu’on réinvente pour survivre.
On sort de The Agoraphobia Files sonné, mais étrangement réchauffé. Ce disque ne brille pas par des artifices sonores mais par son humanité nue. Purbeck Temple signe moins un album qu’un testament en devenir : un rappel brutal et poétique que la musique peut être un acte de survie, un miroir tendu à toutes nos fêlures.
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septembre 1, 2025À l’écoute de Mind At Ease, on croirait presque voir une vieille Cadillac filer sur une route ensoleillée de Californie. Sauf que Phil Woloch ne vient pas de L.A., mais de Vienne. Et c’est justement là toute la force de ce morceau : injecter dans le présent l’énergie flamboyante des années 70 sans jamais sombrer dans le pastiche.
Dès les premières notes de piano, impossible de ne pas penser aux grandes heures de Billy Joel ou d’Elton John. Mais Phil ne cherche pas à copier ses idoles : il s’en sert comme tremplin. Sa voix claire, portée par une instrumentation qui groove avec une élégance rétro, installe une atmosphère où l’honnêteté prime sur l’esbroufe. On entend l’étudiant en musique classique, mais aussi le gamin de 14 ans qui remportait le Joe Zawinul Award et qui rêvait déjà d’Amérique.
Ce qui frappe, c’est la sincérité brute du morceau. Mind At Ease n’est pas une chanson de façade : c’est un hymne à l’équilibre précaire entre l’insouciance de la jeunesse et la gravité de l’âge adulte. Les guitares vibrantes donnent de l’élan, le piano trace la route, et la rythmique serre la main de l’auditeur comme pour lui dire : avance, même si ça fait peur.
Il y a une fraîcheur pop évidente, taillée pour les playlists actuelles, mais sous la surface affleure une nostalgie universelle, celle de la fin d’un été, d’une époque, d’un âge. Phil réussit à transformer son introspection en carburant collectif. On ne sort pas seulement avec l’air en tête, mais avec ce sentiment rare d’avoir partagé un instant de vérité.
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septembre 1, 2025Rarement un disque indie rock récent aura su convoquer autant de paysages intérieurs et extérieurs que This Place. Le second album de Reeya Banerjee est une cartographie intime où chaque chanson est un point sur la carte, un souvenir inscrit dans la topographie d’une vie, comme si les routes, les maisons ou les villes avaient absorbé les échos de l’âme. Portée par une écriture littéraire qui rappelle Fiona Apple et une puissance vocale digne de Springsteen ou Peter Gabriel, Banerjee ne se contente pas de raconter : elle érige un théâtre sonore où la douleur, le deuil et la résilience se rejouent dans un flux de guitares alt-rock et de mélodies pop tendues vers l’universel.
L’album s’ouvre sur Picture Perfect, un trompe-l’œil mélancolique où l’image figée des souvenirs s’effrite sous la rugosité des riffs. Puis Snow déroule une nappe glacée, chanson de dérive hivernale où la blancheur recouvre les plaies sans les effacer. Blue and Gray joue avec les couleurs de l’ennui et de la nostalgie, un morceau de grisaille lumineuse qui pourrait évoquer les errances de R.E.M.
Le cœur battant du disque se trouve dans Misery of Place, morceau manifeste qui condense le thème central : la souffrance inscrite dans un lieu, comme une cicatrice dans la pierre. Avec For the First Time, Banerjee dessine la fragile renaissance, une ballade de résilience où les harmonies vocales s’ouvrent comme une fenêtre après une longue nuit. Runner accélère le tempo, incarnation d’une fuite nécessaire, entre rage contenue et libération.
Dans Sink In, le temps ralentit, l’écoute devient immersion dans un abîme de guitares et de réverbérations. Good Company oppose à la solitude la chaleur d’un cercle protecteur, comme une respiration au milieu des secousses. Enfin, Upstate Rust — déjà hymne underground avec son clip viral — condense toute la philosophie de l’album : transformer la rouille en beauté, les ruines en paysage, l’abandon en renaissance.
Avec This Place, Reeya Banerjee signe un disque-somme, à la fois intime et panoramique, qui regarde la douleur en face mais choisit la vie, la musique et la mémoire comme remparts. Un album qui se lit comme un roman de formation, mais se vit comme une tempête rock traversée à pleins poumons.
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septembre 1, 2025On entre dans Transhumanity comme on pousserait la porte d’un planétarium secret, illuminé de fresques scientifiques et de fantômes historiques. Andrea Pizzo et son collectif The Purple Mice n’écrivent pas seulement des chansons, ils tissent une mythologie moderne où Lovelace, Turing ou Tesla deviennent les saints et les martyrs d’un évangile électro-rock. L’album, ample et kaléidoscopique, joue à la fois comme un concept-album progressif et comme une série de nouvelles musicales, chaque titre apportant sa teinte, sa respiration, son fragment de légende.
Ada s’ouvre comme une épiphanie romantico-mathématique, Silvia Criscenzo illuminant le morceau de sa voix cristalline, donnant chair à l’abstraction d’une pionnière que l’histoire avait longtemps confinée dans l’ombre. Goodbye, beaucoup plus dépouillé, est un poème fragile posé sur un fil, Andrea et Riccardo Morello choisissant l’intimité du dépouillement pour dire l’adieu au monde ou à soi-même.
Puis surgit The Current War, où l’électricité se fait percussion et tension, miniature tendue qui rejoue la guerre des courants comme un riff incandescent. The Ballad Of Alan Mathison se hisse en ballade tragique, hommage à Turing où la douceur mélodique s’entrechoque avec la mémoire d’un destin brisé par l’Histoire.
Avec Bombshell, l’ironie s’invite : Andrea revisite Hedy Lamarr dans un groove rétro-futuriste qui flirte avec l’humour et l’admiration. Hidden Figures se fait hymne solaire, hommage aux femmes de la NASA dont la grandeur éclate en chœurs portés vers le ciel.
Le ton se durcit sur The Boys From Silicon Valley, satire acerbe d’un monde saturé d’ego et de mirages numériques. L’ironie atteint son apogée dans We Are All Bots, dance macabre électro qui nous renvoie le reflet grotesque de nos avatars.
The Machine, massif, dramatique, rappelle Muse dans ses moments les plus apocalyptiques : ici, la machine respire, gronde, menace. Puis To The Space And Beyond nous emporte dans une odyssée cosmique où guitare et synthés dialoguent comme s’ils voulaient repousser la gravité. L’album se clôt avec Eternità, porté par la voix d’Antonella Suella, moment opératique où le projet prend soudain l’ampleur d’un requiem futuriste.
Transhumanity est une fiction musicale, un pont tendu entre l’humain et la machine, entre le passé des génies oubliés et les promesses incertaines du futur. On en sort troublé, ébloui, presque convaincu que le rock a encore un rôle à jouer dans l’écriture des épopées de demain.
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septembre 1, 2025Un live n’est jamais seulement une reprise d’un morceau enregistré. C’est un pari, une prise de risque, une façon de laisser la chanson respirer jusqu’à ce qu’elle prenne une forme nouvelle, parfois imprévisible. Avec Jenny (Live Version), Eyal Erlich transforme une ballade intime en un moment de vérité brute, une sorte de confession partagée entre lui, son groupe, et l’auditeur happé dans la même atmosphère. Le titre se déploie avec cette chaleur fragile qui appartient aux grandes heures du soft rock : rien de tapageur, rien d’imposé, simplement une voix qui grésille de sincérité et un groupe qui s’efface autant qu’il éclaire.
Là où d’autres polissent, Erlich expose. Le souffle de sa voix fend l’air comme une cicatrice encore rouge, chaque imperfection devenant le sel du morceau. La guitare se tisse en nappes claires, les percussions battent le tempo d’un cœur qui hésite, la basse soutient sans jamais prendre le dessus : tout concourt à créer un équilibre délicat entre vulnérabilité et intensité. On pense à ces instants suspendus dans un concert où le silence de la salle devient presque plus sonore que la musique elle-même, parce que chacun retient son souffle, happé par l’authenticité.
Jenny n’est pas qu’une chanson d’amour, c’est une manière de rendre audible la faille, le tremblement, ce moment où l’intime devient universel. Jenny (Live Version) n’a rien d’une performance calculée : elle vit, elle vacille, elle touche. Dans ce morceau, Eyal Erlich n’endosse pas le rôle de l’interprète impeccable mais celui du narrateur qui ose chanceler devant nous. C’est précisément là que réside sa force, et peut-être sa singularité : rappeler que la musique n’est pas faite pour briller, mais pour nous désarmer.
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septembre 1, 2025Un battement sourd, une vibration qui se déploie dans la brume : Vanitas ne commence pas, il surgit comme une image volée. Pas de préambule, pas de mise en scène. On est directement plongé dans une atmosphère trouble, à la fois intime et cinématographique, comme si la musique venait s’allumer sur l’écran noir de nos pensées. Gianfranco Malorgio n’écrit pas seulement des notes, il sculpte des ombres, et cette pièce en est la preuve éclatante.
Pensée dès son origine comme la bande-son d’un polar des années 70, la composition n’essaie jamais de singer ses modèles : elle s’imprègne de leur lenteur, de leur tension diffuse, et s’en sert pour bâtir un climat tout en suggestions. Les guitares, qui ont toujours été l’outil premier de Malorgio, ne sont plus dans la démonstration mais dans l’allusion. Une ligne claire, presque sèche, et puis le silence – ce silence lourd, qui devient matière musicale à part entière. On y perçoit l’écho des trottoirs mouillés, l’électricité d’un néon qui clignote, le pas hésitant d’un héros que l’on ne voit jamais.
Ce qui frappe surtout dans Vanitas, c’est la capacité de Malorgio à transformer son parcours en outil narratif. Le musicien formé au gypsy jazz, compagnon de route d’Angelo Debarre ou Dorado Schmitt, troque ici la flamboyance des improvisations pour une écriture feutrée, presque abstraite. Une retenue qui ne réduit pas sa musique mais au contraire l’augmente, en la chargeant d’une tension souterraine.
Dans un monde saturé de productions calibrées, Vanitas se distingue comme un objet rare : une pièce qui ne cherche pas le spectaculaire mais l’immersion. Un morceau à écouter les yeux ouverts, parce qu’il ne raconte pas seulement une histoire sonore — il invente le film dont vous êtes déjà le spectateur.
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août 28, 2025Dans les interstices de la nuit, Hollowpoint bâtit une cathédrale de bruit et de silence. wait til morning n’est pas un simple morceau de rock alternatif : c’est une traversée, une onde de choc suspendue entre les guitares saturées du shoegaze et les lenteurs hypnotiques du post-rock. L’impression est celle d’un monde qui s’effrite et se reconstruit au fil des nappes sonores, comme si chaque accord contenait une fissure et une promesse.
La production joue sur ce paradoxe permanent : une densité écrasante de feedbacks et de distorsions, contrebalancée par des instants d’épure où la respiration reprend le dessus. Les voix, étouffées, presque noyées, semblent jaillir d’un brouillard — ni confessions claires, ni slogans rageurs, mais des fragments de conscience qui se dissolvent dans le tumulte instrumental. C’est précisément ce flou qui fascine : Hollowpoint refuse la frontalité et préfère la suggestion, l’impression, l’abandon au ressenti brut.
On pense à Slowdive pour la brume, à Explosions in the Sky pour la montée cathartique, mais Hollowpoint garde une singularité : ce refus d’aplatir ses influences en pastiche. Chaque texture est travaillée comme une matière vivante, prête à se fissurer, à s’élever, à s’effondrer. Le morceau progresse par vagues successives, entre calme fragile et tempêtes éclatantes, mimant ces insomnies où l’aube n’est jamais un soulagement, seulement un autre état de veille.
wait til morning est une métaphore sonore d’un monde en suspens : l’attente du jour, comme l’attente d’une réponse qui ne vient jamais. Hollowpoint signe un morceau qui ne cherche pas à rassurer mais à embrasser l’incertitude, et c’est peut-être là sa plus grande force : transformer la dissonance en refuge, et le vacarme en vérité.
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août 28, 2025Il y a chez Ian McFarland une élégance discrète, une façon de transformer la banalité d’une fin d’été en scène universelle. Son nouveau single, Summer’s Already Over, s’installe dans cette zone trouble où le corps est encore chauffé par le soleil mais où l’esprit pressent déjà le froid. Écrit dans cette fêlure entre juillet et août, le morceau est moins une chanson qu’un journal intime chanté à voix haute : inventaire des souvenirs déjà faits, regret des projets jamais entamés, et ce pincement à la gorge qui accompagne chaque compte à rebours invisible.
Musicalement, McFarland ne cherche pas l’artifice. Tout repose sur la limpidité de ses harmonies et la justesse de sa voix, posée comme une confidence. Quelques accords qui s’élargissent en un paysage sonore ample, des textures vocales superposées qui créent un chœur intérieur, et soudain, la mélancolie devient presque solaire. C’est sa force : donner à la nostalgie un parfum d’élan, comme si elle ne servait qu’à nous rappeler qu’il faut vivre plus fort.
On pense à ces ballades de fin de saison qui ne se contentent pas de pleurer un moment perdu, mais qui l’enflamment une dernière fois avant qu’il s’éteigne. L’écriture est simple, directe, mais toujours avec ce petit pli poétique qui invite à relire la phrase mentale qu’on vient d’entendre. McFarland signe là une chanson de passage, une carte postale qui nous parvient quand déjà les valises se ferment.
Et derrière la douceur, on sent poindre l’agenda de l’artiste : une rentrée chargée, un automne ponctué d’autres révélations (Every Day’s a Saturday, Perfect Skin), puis l’annonce d’un 2026 qui s’ouvrira sous le signe de la sincérité indie avec Coffee Shops and Modern Rock. McFarland, enfant des clubs new-yorkais, semble trouver son rythme : celui d’un songwriter capable d’insuffler une intensité intime à des instants que l’on croyait anodins. Avec Summer’s Already Over, il offre un miroir aux étés qui s’échappent trop vite et une invitation claire : tant que le soleil est encore là, ne restez pas à l’ombre.
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août 28, 2025Pas de politesse, pas de préchauffe : la guitare entre comme un bélier rouillé, un loop de fureur qui sent le garage, l’ongle cassé et l’adrénaline. WhiteBoyWa$ted n’est pas un single, c’est un court-métrage tourné au fisheye dans une cuisine à 3 h du mat, canettes au sol, strobos mentaux dans la tête. BruceBAn$hee fait tout, signe tout, cogne tout : riff distordu en arêtes vives, batterie qui shoote l’instant, voix au grain râpeux qui crache sa mythologie perso. On entend Ozzy dans le goût de l’excès, Nirvana dans la crasse mélodique, Mac Miller dans l’insolence mélancolique – mais le mix, sec et frontal, garde la trajectoire d’un projectile DIY qui refuse l’embellissement.
Le morceau se construit comme une montée de sève : intro à la corde, couplets débités en giclées, charley qui découpe la mesure, break étouffé où tout se resserre avant la relance qui arrache le plancher. La basse tient le ventre, les guitares dessinent un halo abrasif ; côté voix, doubles parcimonieuses, saturation juste assez sale pour hérisser le poil sans noyer le message. Le master laisse respirer le bas – on sent la pièce, la table qui vibre, le câble qui craque – et c’est précisément ce grain d’imperfection qui transforme la vignette en slogan corporel.
Ce qui frappe, c’est la dramaturgie de l’instant : le thème “nuit blanche / tête brûlée” souvent galvaudé retrouve ici sa vérité physique. Pas de line-up de luxe, pas de storytelling en kit : un home studio, une vision, un contrôle total. WhiteBoyWa$ted capture l’électricité statique entre rap et punk, cette zone où la rime devient riff et où le riff rappe malgré lui. On y lit une esthétique de l’urgence : breaks courts, transitions gifle, détails qui font la diff (un micro hurlement noyé en fond, un coup de tom décalé, un mute sec qui crée le vide juste avant l’impact).
Sur scène, on imagine déjà les murs qui transpirent : hook scandable, BPM qui cavale, espace pour le crowdsurf mental. Mais même à froid, casque vissé, le titre tient parce qu’il comprend la grammaire moderne du chaos : densité sans bouillie, agressivité qui groove, immédiateté qui sait s’arrêter avant l’overkill. BruceBAn$hee ne fabrique pas un personnage, il livre un protocole d’ignition. WhiteBoyWa$ted, c’est ce moment où l’on casse ses propres barrières de vitesse et où tout, d’un coup, devient phrase. Et tant pis pour le lendemain.
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août 27, 2025On dirait une expédition dessinée dans la marge d’un carnet de route : quelques lignes brutes, des sommets griffonnés à la hâte, et puis cette conviction qu’il faut grimper, même si la météo intérieure s’annonce orageuse. Avec The Mountain, Slow Walk signe un premier album qui ne ressemble pas à une carte de visite mais à une traversée. Tout est fait maison, enregistré en deux semaines sans plan préconçu, comme si chaque morceau naissait directement de l’oxygène raréfié en altitude.
L’album s’ouvre sur Mountain Dreamer, incantation fragile qui plante le décor : une silhouette isolée, des nappes électroniques qui tremblent comme des cordes vocales glacées. From The Town Below regarde la montagne de loin, dans une tension cinématographique, presque western synthétique. Puis vient So Why Mountains?, méditation ironique et inquiète, question lancée contre le vide. Le sommet approche déjà avec High Chance, fulgurance électro-rock où l’adrénaline se frotte à la peur, et Don’t Carry That Weight, cœur battant du disque, qui parle de ces bagages invisibles qu’on traîne tous en altitude comme en bas de l’immeuble.
La deuxième partie fait basculer le récit : Younger Legs évoque l’endurance perdue, Nature Don’t Care rappelle la neutralité cruelle du monde, PONR (Point of No Return) est le pas irréversible, celui où l’on sait qu’on ne redescendra plus pareil. The Pinnacle se dresse comme un générique grandiose, presque orchestral, avant que Sum It All Up, morceau conclusif, dépose le souffle au pied du massif, fatigué mais transformé.
The Mountain n’est pas qu’un disque : c’est une allégorie brute de la lutte créative, une façon de faire de la musique une marche forcée vers soi. Pas de studio luxueux ni d’arrangements trop lissés : ici, le souffle est court, les doigts gèlent parfois sur les synthés, mais l’horizon se dégage toujours. Slow Walk ne cherche pas à impressionner, il cherche à dire qu’au fond, chaque montagne est une métaphore, et qu’il faut la gravir pour comprendre pourquoi elle nous hante.
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août 26, 2025On croirait presque entendre un bataillon spectral traverser un champ de ruines invisibles. Marching in the Fog, troisième assaut signé Leather Laces, n’est pas une simple piste : c’est une infiltration sonique, une marche lente et lourde dans une nappe de brouillard où chaque écho résonne comme un pas de trop. Après le tir nourri de Rocket Launcher et la mécanique implacable de Heavy Machine Gun, le collectif marse en cadence vers une esthétique toujours plus corrosive : entre metal industriel, synthwave fantomatique et expérimentations électroniques, on avance à l’aveugle, happé par une tension qui ne retombe jamais.
Le morceau s’ouvre sur un mur de guitares saturées, épaisses comme du béton humide, appuyé par des synthés abyssaux qui rampent sous la surface. Les percussions claquent, non pas comme un rythme de fête, mais comme un radar qui balaye l’obscurité, oscillant entre menace et attente. On se laisse prendre au jeu : un pas, deux pas, trois pas, puis la sensation que quelque chose approche, qu’un déchaînement imminent est dissimulé derrière la brume sonore. L’issue n’est jamais claire. On croit percevoir un souffle, puis un silence ; et soudain, l’explosion d’un beat qui lacère l’air comme un projecteur allumé dans la nuit.
Ce qui fascine, c’est la cohésion des quatre opérateurs. _SHOE, la machine centrale, trace les lignes rythmiques comme un capitaine d’unité ; DripString injecte ses boucles analogiques, acides comme de la rouille sur métal ; Chokeloop module des pulsations rituelles qui oppressent autant qu’elles libèrent ; et Slughair, enfin, enfouit le tout dans des basses toxiques, résonances chimiques qui font vibrer le diaphragme. Ensemble, ils ne forment plus un groupe mais une arme sonore.
Marching in the Fog n’est pas une chanson que l’on chante, c’est une mission à laquelle on participe. Elle parle moins à l’oreille qu’au système nerveux, installe une paranoïa délicieuse, un état d’alerte permanent. On en ressort comme d’un cauchemar cinématographique de Carpenter : désorienté, fasciné, prêt à replonger.
Un brouillard qui ne se lève pas, mais qui avale. Et Leather Laces nous y entraîne, pas après pas, jusqu’à l’étouffement.
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août 25, 2025Premier coup de caisse claire, et me voilà projeté dans un western crépusculaire avec paraboles sur le toit. Wolves Eve, signé Creatures of the Edge (alias Justin Sanfilippo à tous les postes), transforme un home studio d’Oxnard en avant-poste de Thunderclap Mountain : guitares low-slung, orgue qui flotte comme un mirage, VST cuivrés en contre-jour et ce groove qui piétine la poussière avant d’ouvrir une brèche vers le futur. L’imaginaire vient de la saga The Dark Tower — la veille du carnage à Calla — et la musique épouse ce moment suspendu : attentes, conciliabules, poignées serrées… puis la meute.
Ce qui claque, c’est la couture des mondes. Premier tiers : rock organique, funk sec des années 70, basse jouée à la main, batterie au grain franc, claps et shakers posés en réel. Le mix garde les médiums respirants, laisse le plancher vibrer ; on sent la pièce, la peau, la sueur. Au milieu, bascule totale : un drop taillé dans l’acier, synthés sculptés from scratch, modulation qui rase le sol et redresse la nuque. On entend l’obsession Detox Unit/CloZee dans le design sonore, mais l’attaque et la densité portent une mémoire Circa Survive, l’urgence Bad Religion dans la manière d’avancer sans négocier, et une précision “Dear Hunter” dans l’architecture.
Les VST horns n’apparaissent pas pour faire joli : ils cadrent la dramaturgie, comme des cris lointains qui balisent la ruelle. L’orgue et l’e-piano huilent les charnières entre les sections, les guitares dessinent les lignes de fuite. Et puis il y a ce détail qui change l’air : les tambourines en noires, jouées par la fille de cinq ans du compositeur. À l’instant où elles entrent, le morceau cesse d’être un exercice de style brillant pour devenir un objet vivant, tatoué de réel. C’est la petite faille humaine qui rend la machine émouvante.
La production, pensée, enregistrée et mixée par Sanfilippo, garde la dynamique en tête ; le mastering de Camilo Silva polit sans lisser, creuse le bas quand il faut, laisse les transitoires mordre. Résultat : une piste à double carburant qui tient la route en club comme sur autoroute nocturne, capable d’aligner une chorégraphie de strobos et, dans la seconde, de te coller l’odeur du bois chaud d’un saloon. Wolves Eve, c’est un guet — et un signal. Un morceau-sentinelle où la nostalgie ne sert pas de décor, mais de mèche ; où le présent électronique ne dévore pas le passé, il l’embrase. Quand la dernière impulsion retombe, on garde en bouche ce goût de poussière ozonée : la promesse que, cette fois, le village ne baissera pas les yeux.
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août 25, 2025L’histoire commence dans un salon bricolé en cockpit : Dapé tourne les potards, les murs vibrent, et As Always s’allume comme un néon rouge sur la Corniche. Pas de mythe de studio cinq étoiles, juste une foi DIY qui sent la bière tiède et le gel d’époque. RedLight n’essaie pas d’être quelqu’un d’autre — le morceau porte ses influences comme des tatouages visibles : mélancolie new wave à la joue creuse, hargne 90’s tenue en laisse, nonchalance slacker qui marche pieds nus sur l’asphalte chaud, un spray surf en arrière-plan pour rafraîchir les angles.
Techniquement, ça vise la morsure sans perdre la caresse. Guitares en double piste, l’une en chorus liquide, l’autre plus sèche, légèrement croustillante sur l’attaque ; une basse qui roule en dessous, compacte, presque complice ; batterie droite mais jamais raide, charleys aérés, snare avec un timbre métallique qui découpe le mix sans l’écraser. Le chant reste à portée de main, grain naturel, compression parcimonieuse : on entend la pièce, la sueur, la respiration entre deux phrases. Le home-studio n’est pas un alibi — c’est une esthétique. Les transitoires sont gardées, les petites bavures font partie du tableau, comme ces vieux polaroids qui deviennent plus beaux à force de vivre.
La signature RedLight tient au télescopage : l’ombre The Cure glisse sur une ossature power-pop, l’élan Pearl Jam donne du poids au refrain, une énergie Beastie Boys traverse la rythmique en clin d’œil, et, par instants, une acidité Prodigy sous-marine l’ensemble avec des textures granuleuses. Surtout, la mélodie refuse la posture : pas de grandiloquence, une ligne claire qui serre au bon endroit, avec ce quart de ton nostalgique typique des étés marseillais qui ne veulent pas finir.
As Always parle de persistance — rester debout quand tout t’invite à l’ironie. Le morceau préfère la sincérité au cynisme, la vitesse maîtrisée à l’esbroufe. On sent le groupe qui connaît ses angles : couplets économiques, pont en montée douce, relance finale qui élargit le champ sans surjouer. Résultat : un single qui rappelle qu’on peut faire rock mélodique en 2025 sans cosplay, en laissant le grain du présent salir juste ce qu’il faut.
Tu coupes et l’écho reste. Marseille te colle à la peau, l’iode aux cordes, et cette impression rare qu’un groupe a retrouvé son soleil intérieur en le mixant lui-même. As Always ? Oui : fidèle à l’ADN, mais un cran plus vif, plus salé, plus sûr.
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août 25, 2025Rideau relevé sur une ritournelle qui sent le vinyle chaud et l’après-soleil : The High Plains Drifters réaniment la pop new wave avec un sourire en coin et l’élégance fatiguée d’un lover qui n’a pas rendu les armes. Until We Dance, c’est la patience en baskets—un battement laid-back, des synthés chaleureux en drap housse, une mélodie qui s’incruste sous la peau comme un parfum oublié. Larry Studnicky chante droit, timbre ambré, sans vibrato décoratif : sa franchise fait office d’autotune émotionnel. Rien ne déborde, tout réconforte.
La production vise la clarté plus que la démonstration : kick souple, caisse claire satinée, basse ronde qui donne l’élan de la marche vers la piste. Les claviers évitent la carte postale 80s et préfèrent la nuance : pads en voicings ouverts, micro-arpèges qui clignotent, contre-mélodies déposées comme des post-its de tendresse. Le mix garde les médiums au chaud (là où vit la voix) et polit les aigus (zéro fatigue), avec juste ce qu’il faut de room pour que l’ensemble respire l’humain. Résultat : une pop chic, légère, qui sait faire danser l’hésitation sans la juger.
Le texte sous-jacente, c’est l’obsession douce de la distance. On la sent dans ces relances discrètes, ces “presque” de structure qui étirent l’attente avant le refrain. L’imaginaire rom-com n’est pas là par hasard : Until We Dance ressemble au moment précis où le second rôle drôle arrache enfin un sourire au personnage principal. Rien de cynique—un optimisme têtu, low-key, qui parie sur le pouvoir d’un pas de deux pour recoller une histoire.
Côté image, la vidéo tire une ligne claire : Summer Girl devient Cendrillon de club. Dressing-room, euphorie du “getting ready”, heel qui s’échappe comme un gag chorégraphique et carte au trésor sentimentale à travers la nuit. Tonalité sexy-fun, clin d’œil volontaire au vintage télé (grain, statique, palettes candy), et surtout une direction d’acteur qui assume la légèreté comme monnaie sérieuse du désir. On rit, on trépigne, on espère le raccord final entre main tendue et tempo parfait.
Ce single réussit là où beaucoup échouent : convoquer la nostalgie sans cosplay, inviter la danse sans injonction. The High Plains Drifters signent un hymne modeste et entêtant pour ceux qui croient encore qu’un refrain peut raccourcir la distance. À volume honnête, le dernier accord laisse un sillage doux : la certitude que le prochain “oui” pourrait arriver… juste après le prochain pas.
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août 25, 2025Premier contact, et la boussole part déjà en vrille agréable. Animal Frequencies n’empile pas des chansons : ça dresse une ménagerie sentimentale où l’instinct dicte la forme. Northampton en point de départ, Backland Studios en vivarium, Christopher Barns en « troisième dodo » qui nourrit, taille, éclaire. Le duo Neil Saunders / Sam Sherwood ne joue ni la parodie ni le concept sec : chaque bête devient un prisme sonore, bout de folklore électrique, micro-rituel pop qui teste nos réflexes.
Le son vise la morsure sans renoncer au sucre. Guitares qui grincent à la Primus, refrains en sourire tordu façon Weezer, pas de côté dada hérités des Residents, et, dans les coins, un goût d’ultra-saturation qui cligne d’œil aux excès métal. La section rythmique pousse court, basse nerveuse, batteries sèches ; le mix laisse de l’air aux médiums pour que les timbres comiques ne virent jamais au gadget. On entend le studio pensé comme plateau : cajón qui surgit au bon moment, synthés qui font l’insecte, acoustiques placées pour le relief, « silly effects » assumés mais cadrés.
Piste par piste, la faune s’ordonne en cartoon précis. Fish ouvre en esquisse, croc-en-jambe rapide, hook jeté puis retiré. Kitten Kisses & Puppy Dog Tails cligne l’œil en haïku pop. The Sex Life Of A Slug se vautre dans un doom moelleux, tempo visqueux, humour noir qui colle aux semelles. Elephant charge court, fanfare minimaliste en 75 secondes. Shrimp trottine honky-tonk, piano rieur qui bouscule le pas. Wasp In The Bedroom sature l’air, riffs en zigzag, chaos contrôlé comme un bourdonnement dans une lampe. Prison For A Frog country-frye la mélodie en 85 secondes impeccables. The Worm file en motif hypno, break sec et retour net. Octopus multiplie les bras d’arrangements, micromodulations qui se croisent sans s’emmêler. Death-Head Hawk-Moth bat de l’aile entre fuzz et chœur spectral. Et Mathematical Fly Art referme le carnet avec une géométrie d’ailes : angles, répétitions, petite transe de laboratoire.
Ce qui accroche, au-delà du gimmick animalier, c’est la discipline dans la folie. Les morceaux sont courts, affûtés, drôles sans être potaches, accrocheurs sans brader leur étrangeté. Le duo connaît ses bêtes et ses formats : couplet-refrain tout droit quand il le faut, dérapage bruitiste quand l’image réclame une autre couleur. Résultat : un premier long joueur et très rejouable, qui ajoute du panache au zoo indie britannique en rappelant qu’on peut aimer Cannibal Corpse et écrire un ragtime pour crevette la minute suivante.
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août 25, 2025J’attrape Floodlights comme on ramasse un polaroid humide : couleurs qui bavent, silhouettes qui sourient malgré la nuit. Chicago au loin, mais surtout une chambre à échos où Laura Hollingsworth mène la marche, clavier au bout des doigts, cœur à hauteur de micro. The Transference réussit ce truc rare : des chansons sucrées en surface, fibre sombre au milieu, une façon beach-baroque de poser des harmonies à la Beach Boys/Beatles sur un sol post-pandémique fissuré. Ça clique, ça scintille, ça serre.
Circling the Square ouvre en cercle vicieux au tempo radieux, riff qui accroche la manche et batterie qui garde le cap. A Single Blow joue la carte du coup unique — montée patiente, refrains en surimpression, basse qui respire large. Ramone Says I’m the Devil cligne de l’œil au punk en le filtrant pop, guitare qui ricane, chœurs qui adoucissent le blasphème. Dovetail fait l’inverse : précision d’orfèvre, lignes qui s’imbriquent comme une marqueterie d’accords.
Nightlight devient abri : presque cinq minutes pour tenir la lampe à bout de bras, vibraphone et harmonium en lisière, la voix d’Andrea Santiago qui flotte juste au-dessus de la ligne d’eau. Aliens transforme l’étrangeté en refrain accueillant, synthés en halo, pedal steel en traînée stellaire. Spiral Up porte bien son nom, progression en colimaçon, solos économes, dopamine propre. Drown in the Sound te submerge sans t’éteindre : compression millimétrée, pont qui ouvre la fenêtre, on respire plus grand. Wildfire est le plus contagieux du lot, guitare qui claque sec et hooks qui prennent feu à la première friction. Roots Down Deep replante tout — basse terrienne, harmonies en mycorhize. Et Sunsets referme l’album en dégradé : batterie en velours, guitare tardive, dernière lueur qui s’attarde sur le pare-brise.
Ce qui bluffe, au-delà de l’écriture, c’est l’orfèvrerie discrète : arrangements en couches fines (synthés qui chuchotent, vibraphone en gouttes, pedal steel en filigrane), attention extrême aux entrées/sorties, refrains qui retombent à la bonne hauteur. La production laisse briller les médiums où la voix vit, sans écraser les crêtes : on entend le grain, la pièce, le souffle, la peau de la caisse claire.
Floodlights porte bien son nom : une série de faisceaux braqués sur nos contradictions, dark themes main dans la main avec une légèreté presque insolente. On danse en hochant la tête, on pense en dansant, on aime mieux parce que la musique nous y pousse gentiment. Et quand la dernière note de Sunsets se dissout, on a cette envie idiote mais pure d’appuyer sur repeat, comme on repart dans la nuit simplement parce que les phares savent, aujourd’hui, nous ramener à bon port.
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août 25, 2025Il y a des morceaux qui semblent venir directement des artères d’une ville étrangère, ruisselant de néons et de sueur estivale. V Zákrutách, le nouveau single de MARS 999, est de ceux-là. Une chanson qui dit « ne freine pas dans les virages » et qui, plutôt que d’en faire une simple métaphore, construit autour de cette phrase une esthétique entière : une vie sans ralentir, où chaque dérapage est une offrande et chaque ligne droite une attente insoutenable.
Enregistré entre Bratislava et Prague avec Rohin Brown et confié au mastering de Sarah Register (Big Thief, Protomartyr), le morceau marie l’épure lo-fi et la démesure émotionnelle. Guitares crépusculaires, lignes mélodiques qui grincent mais caressent, percussions à demi-étouffées comme si elles provenaient d’une salle de répétition trop petite pour contenir la rage. Et puis, cette voix : en slovaque, nue, vulnérable mais têtue, oscillant entre fragilité et défi. Même sans comprendre les mots, on saisit l’élan — celui d’un corps lancé trop vite mais qui choisit la brûlure de l’asphalte plutôt que le freinage prudent.
Le clip DIY prolonge la sensation : un collage d’instants captés à l’arrache, fêtes foraines, virées nocturnes, vidéos de fans, autant de flashs qui disent l’éphémère avec plus de sincérité qu’un storyboard millimétré. Tout ici respire la fièvre de l’été, ses amitiés jetables, ses nuits qui s’étirent et ses lumières artificielles qui paraissent plus vraies que le soleil.
MARS 999 navigue quelque part entre Bon Iver pour la densité atmosphérique, mk.gee pour l’expérimentation pop et John Frusciante pour ce grain de guitare incandescent. Mais il s’échappe toujours des comparaisons, préférant la dissonance tendre, la rugosité qui refuse l’épure.
V Zákrutách, c’est une courbe prise à pleine vitesse, une invitation à s’y perdre, quitte à chavirer. Le genre de morceau qu’on ne choisit pas seulement d’écouter mais d’habiter, les phares braqués sur la nuit et le cœur serré à l’idée de ce qui vient juste après le prochain virage.
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août 25, 2025Il y a des disques qui ne se contentent pas d’être écoutés, ils transpirent une époque de vie entière. Wild, le premier album de Courtney Nord, sonne comme un carnet intime oublié sur une table en bois, griffonné à l’encre noire, tâché de café et de sel. Pas un projet lisse mais une mosaïque de démos gardées telles quelles, de chansons rejetées par d’autres, de fragments trop brûlants pour n’appartenir qu’à des playlists fonctionnelles. C’est un album de transition, mais pas au sens bancal : au contraire, il respire cette honnêteté fragile et nécessaire des entre-deux, entre études, entre amours, entre états d’âme.
La pièce-titre, wild, ouvre le bal en clair-obscur. Un morceau nourri de Led Zeppelin, mais ralenti, introspectif, comme une guitare vintage posée contre le mur d’un studio désert. On y sent la rupture, mais aussi le désir de ne pas céder au pathos. in memory of… agit comme une lettre non envoyée : voix proche du micro, arrangements à peine polis, intensité qui se brise sur chaque note. Pressure, quant à lui, s’avance comme un thriller avorté – pensé pour le cinéma, recalé, mais ici réhabilité : basse hypnotique, tension qui monte comme une pulsation cardiaque, fantôme d’un désir interdit.
Light in the dark choisit la clarté, ballade suspendue entre indie-pop et folk, réverbération maîtrisée qui éclaire le propos. Avec Little miss perfect, Courtney règle ses comptes : mélodie acide, confessions sans filtre. La version demo va plus loin : voix tremblée, présence de son fils en arrière-plan, preuve qu’un défaut peut devenir grâce. anymore (Courtney’s Version) tranche, plus incisif, presque une revanche, alors que stuck (in the 90’s) amuse par sa brièveté, clin d’œil lo-fi d’un passé pas si révolu. Who am I? (Demo Version) conclut sur la question laissée ouverte, comme si l’album refusait la clôture, préférant rester suspendu.
Là où d’autres premiers albums cherchent la perfection, Courtney Nord embrasse les fissures. Wild n’est pas une carte de visite polie, c’est une photographie : un instant, un souffle, une saison. On y entend l’artiste qui cherche encore, mais qui a déjà trouvé son courage. C’est ce mélange rare – mélancolie et lumière, douceur et rugosité – qui en fait une œuvre qui ne se contente pas d’exister, mais qui insiste, doucement, pour rester.
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août 25, 2025Je laisse la nuit avaler la ville et je mets Nothin’ But Moonlight au volant : immédiatement, la chaussée prend une teinte argentée, ce reflet qu’on ne voit que quand une chanson a trouvé la bonne vitesse. David Alex-Barton n’en fait pas des tonnes, il aiguise. New England dans l’ADN, Nashville dans le muscle, il déroule un single à la croisée du soft rock, de l’alt-country et d’une pop contemporaine qui préfère la ligne claire au clinquant. On sent l’artisan derrière le songwriter : phrases mélodiques sans graisse, couplets qui tiennent sur leur propre ossature, refrain qui ouvre la fenêtre plutôt que de l’enfoncer.
Sur le plan sonore, c’est propre comme un atelier de lutherie. Guitares acoustiques en stéréo large, médiator soyeux, une électrique au grain légèrement crunch qui trace l’horizon ; section rythmique droite, kick ferme et chaleureux, snare au timbre sec avec juste ce qu’il faut de room pour respirer. La basse, ronde et tenue, colle aux racines des accords et donne ce roulis discret qui fait avancer la route. Côté voix, Alex-Barton place un timbre patiné – présence médium séduisante, vibrato court, diction posée – doublé par moments pour épaissir le velours sans masquer le grain. La prod privilégie la dynamique : pas de mur de son, pas de mastering écrasé ; on entend les transitoires, le geste des doigts, l’air autour des cymbales.
La chanson travaille la suggestion plutôt que l’aveu. Pas de grand statement, une impression qui s’installe : une nuit claire, une trajectoire qui s’éclaircit, ce moment où la simplicité devient la vraie sophistication. Héritage power pop (The Outlets) dans la science du hook, souvenirs country-rock (Tattoo Cowboy) dans la tenue rythmique, et ce savoir-faire d’auteur-compositeur qui fait confiance à la mélodie. Le pont glisse comme un embrayage : modulation légère, motif de guitare qui s’élève, puis retour au refrain avec un demi-degré de lumière en plus. Efficacité sans calcul.
Ce qui accroche surtout, c’est la sincérité de la fabrication. On perçoit l’oreille d’un producteur qui sait ce qu’il laisse au premier plan (voix, acoustiques, motif lead) et ce qu’il garde en lisière (pads très discrets, harmonic feedback, chœurs fantômes). Résultat : un titre radiophonique au meilleur sens du terme — accueillant, lisible, mais avec cette patine qui refuse l’éphémère. Nothin’ But Moonlight appartient à ces morceaux-compagnons : on les met pour traverser la nuit, on les garde parce qu’ils savent écouter autant qu’ils savent parler.
On croit souvent qu’il faut de la démesure pour marquer. Alex-Barton rappelle l’inverse : une bonne guitare, une rythmique honnête, un refrain qui tient debout, et la lune fait le reste.
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août 25, 2025Je tombe dans ce morceau comme on entrouvre une porte sur un appartement encore tiède : odeur d’orage, verre abandonné sur la table basse, et cette tension suspendue entre ce qui a été et ce qui ne sera peut-être pas. Can I See You Again n’essaie pas de masquer la gêne du “après” ; Elliot Bam la met au centre du cadre, la filme en gros plan, puis la fait danser. Alt-indie sensuel, blues en filigrane, guitares distordues comme des souvenirs mal rangés, batterie qui pousse sans presser, voix en couches qui se répondent à l’intérieur du même torse — rien de gratuit, tout respire la précision artisanale d’un multi-instrumentiste qui sait où placer l’éclat et où laisser le silence.
Sur le plan sonore, c’est chirurgical et charnel. Les guitares, légèrement saturées, sont traitées comme un tissu : grain présent, attaques contrôlées, sustain qui tient juste ce qu’il faut pour dessiner l’arrière-plan. La rythmique garde une allure de marche nocturne — kick ferme, caisse claire feutrée, charleys au compte-gouttes — pendant que des reverb en champ moyen donnent cette profondeur ciné qui installe la pièce. La voix d’Elliot, posée, assumée, se dédouble en harmoniques discrètes ; le timbre reste nu, les effets ne servent que la proximité. On sent le studio pensé en clair-obscur : médiums soignés, haut du spectre poli (zéro fatigue), bas tenu pour laisser respirer la dynamique. Le mix aime la retenue, refuse la boursouflure ; la tension naît du relief, pas du volume.
L’écriture, elle, marche sur la ligne fine entre confession et manifeste. Elliot parle d’un lendemain sans réponse, d’un imaginaire qui s’emballe, de ce vide qui suit le frisson. Mais la perspective change tout : un homme trans, gay, qui n’adoucit rien et ne s’excuse pas d’avoir du désir. Ce renversement rend le morceau nécessaire. Dans un paysage pop souvent obsédé par une vulnérabilité de carte postale, Can I See You Again préfère l’honnêteté nue : l’insécurité n’y est pas une esthétique, c’est un fait, et l’arrangement la rend habitable. On comprend les filiations citées (Hozier pour le sombre lumineux, Phoebe Bridgers pour la précision émotionnelle, Lucy Dacus pour la droiture mélodique), mais Elliot évite le mimétisme. Le blues n’est pas posture, c’est un ligament.
Ce single a la modestie d’une scène intime et la portée d’un signal. Il prouve que l’on peut faire tenir une politique du corps dans une chanson sans slogan : juste des choix sonores exacts, une voix qui ne se planque pas, un récit qui regarde l’autre sans se renier. Can I See You Again n’offre pas de résolution miracle ; il propose une vérité partageable, une place pour celles et ceux qui reconnaissent ce vertige. À volume honnête, la dernière mesure laisse un sillage tenace — ce moment où l’on se surprend à respirer plus lentement, comme si le morceau avait remis de l’ordre entre la peau, la tête et le cœur.
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août 25, 2025Je lance Legacy of Marble et la pièce change d’éclairage : demi-teintes bleutées, poussière dorée sur les cymbales, puis cette voix qui avance comme une lame fine. Noctæra ne fabrique pas des chansons, elle dresse des décors et y déplace les ombres. La pop y parle à l’art-rock, l’indie folk flirte avec des lueurs métal mélodique, l’électro reste au fond, prête à mordre. C’est un disque d’architecte et de conteuse, pensé pour que chaque détail serve la dramaturgie d’instruments qui tremblent plutôt qu’ils ne rugissent.
Titre par titre, le marbre se fissure. Legacy of Marble ouvre en manifeste : pulsation contenue, ligne mélodique souveraine, sensation de pierre chauffée au soleil. Trouble Ballade se cabre, ballade seulement par ironie, où les arrangements découpent des reliefs à la manière de l’art-pop. Dors en Corps choisit le français pour serrer le cœur, percussions nerveuses sous une berceuse contrariée. Planning Sentimental cartographie le désir comme un plan de ville : couplets précis, refrains aux angles arrondis. Kept Me Bound condense l’énergie, guitare et basse en étau, voix qui fend la masse.
Synaptic Rebellion porte bien son nom : synapses qui claquent, beat indocile, chorus qui se grave à la mémoire musculaire. What the Flowers See change la focale : folk spectral, cordes qui respirent, lumière en arrière-plan. A Path in Your Wake trace une avancée obstinée, motif récurrent qui devient mantra. Le Dernier Souper joue le clair-obscur, polyphonie discrète, dramaturgie quasi liturgique. Pas le Bruit du Vent referme le piège avec cette manière très Noctæra de faire tenir la tempête dans un verre d’eau : textures fines, tension à bas bruit, empreinte durable.
Ce qui frappe techniquement, c’est la gestion de l’espace. Le mix laisse la place aux instruments « signifiants » (la cythare, le violoncelle et les timbales) sans jamais étouffer la diction. Les voix ne se cachent pas derrière l’effet ; elles s’y appuient comme sur une rampe. On sent une autrice-réalisatrice qui conçoit tout — écriture, imagerie, montage — et s’autorise le bi- ou trilingue comme une palette de timbres. Les influences médiévales apparaissent en filigrane (modes, frottements, drones discrets), croisées à une sensibilité indie contemporaine : pas de folklore, de l’atmosphère.
Legacy of Marble réussit une chose rare : un disque conceptuel qui reste charnel. Les chansons existent au-delà du cadre, prêtes à vivre seules, mais ensemble elles forment une galerie d’icônes fissurées. Pop ambitieuse, folk tactile, art-rock sans posture : Noctæra signe une entrée en scène qui respire la maîtrise et la fièvre. J’y reviens comme on retourne dans une cathédrale après la foule : pour vérifier que l’écho m’appartient encore.
Visuel : © 2025 Noctæra® | Tous droits réservés
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août 25, 2025Je me surprends à monter le volume comme on pousse une fenêtre vers la nuit : l’air se densifie, une harpe étincelle, les cordes s’empilent en vagues, puis la voix râpeuse d’Alex découpe le décor. reach the stars n’est pas un album « à thèmes » ; c’est une chambre d’échos où la dramaturgie pop avale l’orchestre et recrache du rock, avec l’entêtement d’un artisan qui préfère la suture visible aux coutures invisibles. On y ressent une obsession du relief : pianos en avant, guitares au burin, harpes et violons en éclats de mica, saxophones en lignes de fuite. Ce n’est pas sage, c’est vivant.
Côté architecture sonore, le mix de Stephan Steiner fait dialoguer massif et précis : bas du spectre tenu (basse propre, kicks organiques), médiums généreux pour le grain vocal et la pâte des cordes, aigus polis qui laissent respirer les harmoniques. Le master de Dan Suter maintient la dynamique : ça grimpe, ça retombe, ça repart, sans laminer les crêtes. Résultat : un disque dense qui ne s’écrase pas, taillé pour les enceintes honnêtes autant que pour le casque.
Le voyage commence avec we knew it all, prélude harpe + cordes où la voix d’Alex tranche comme un couteau dans une toile. give me the keys muscle le propos : batteries organiques, violons en contre-chant, guitare acoustique qui griffe la métrique. see me there injecte du sax (Dima Faustov) et un piano plus sec, parfait pour serrer la focale. desert island ouvre grand le cadre : toms cinématographiques, harpe en outro, souffle maritime. there is cars juxtapose lap steel et piano, like un road-movie en accéléré. Le bloc central impose la polyvalence : alles nicht so schlimm (harpe double, sax en vrille contrôlée) marie rudesse et velours ; tu es ici convoque flûte et piano en carte postale francophile enchâssée dans une pulse pop-rock ; she will say désarme par sa brièveté et son refrain collé-serré ; the key resserre le champ sur les guitares sèches et un kick au pas de marche.
mystic saint relance l’ambition orchestrale, quasi liturgique ; what are you searching for retrouve la ligne claire, basse parlante, batterie en droites nettes ; now the pages been turned fait office d’interlude de mue, acoustique et sans gras. au revoir clôt en six minutes trente d’embruns symphoniques : crescendos à étages, violoncelles qui poussent, guitares électriques en étai, une vraie sortie par le haut, sans pyro mais avec panache.
Ce foisonnement ne serait rien sans la précision des invité·e·s : harpes (Mercedes Bralo, Joanne Moo), cordes (Noelia Diaz, Mariia Vakhnenko, Julia Stein, Oleksandra Vyentseva…), batteries captées en prises vivantes, flûtes, pianos, sax — une galaxie d’interprètes qui nourrissent la vision sans l’alourdir. Et au centre, Alex Wellkers : auteur-compositeur, arrangeur, multi-instrumentiste, qui ose la grandiloquence tout en gardant les mains dans la glaise.
reach the stars réussit là où chutent beaucoup de « sympho-pop » : l’émotion ne se noie pas dans l’apparat. La forme sert la fièvre, la virtuosité reste au service du chant. C’est un disque maximaliste et sensé, romantique et tendu, capable d’aligner harpe et disto sans ciller. Une constellation de morceaux où la pop marche sur des cordes, littéralement, et ne trébuche pas.
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août 20, 2025Je coupe le monde, j’ouvre Car Crash, et d’un coup tout bascule en ralenti. Plus de mur de guitares, plus de fracas : juste un piano qui respire, quelques frappes sourdes comme des signaux de détresse, et une voix qui refuse la parade. Ce dépouillement, Love Ghost le choisit comme une arme blanche. Ici, chaque silence est un plan serré, chaque résonance un débris lumineux. On ne chante pas la douleur, on la cartographie.
Techniquement, c’est une leçon d’économie. Le piano tient le récit avec une gamme de nuances qui va du feutré presque domestique au timbre plus métallisé, quand les marteaux affleurent. Les percussions existent à la marge — timbres mats, transitoires émoussées — pour donner une pulsation de fuite sans jamais coloniser l’espace. Le mix laisse de l’air : stéréo ample, queue de reverb longue, dynamique respectée. Rien n’est écrasé. La voix trône au centre, proche, grain intact, comme si l’ingé son avait reculé tous les traitements pour conserver la porosité du timbre. Résultat : une proximité presque inconfortable, la sensation d’entendre la chambre plutôt que le studio.
Car Crash s’inscrit en contrechamp du spectre Love Ghost — alternative rock, grunge, metal, pop-punk, tout ce passé là — mais n’en renie rien. On reconnaît l’ADN du groupe dans la manière de sculpter la tension : retenue, accumulation de micro-accents, gestion millimétrée de la saturation émotionnelle. Le morceau refuse l’explosion facile ; il préfère l’étirement, cette montée qui ne culmine pas en grand fracas mais en lucidité. Et quand l’harmonie frôle la rupture, le titre se replie, comme une poitrine qui refuse le dernier sanglot.
Ce choix esthétique n’est pas un caprice. C’est une prise de risque artistique cohérente pour un groupe qui a bâti sa réputation sur l’intensité. Ici, l’intensité se mesure à la densité du vide. On pense à ces instants où les grands groupes rock ont débranché pour exposer la fissure plutôt que la façade — non pas par nostalgie, mais parce que la vérité circule mieux dans des circuits moins saturés.
Ce qui demeure après écoute, c’est un sillage : une image nette d’une relation percutée, la carrosserie des sentiments froissée, la route redessinée par le son. Car Crash n’offre pas de morale. Elle propose un arrêt sur image d’une précision clinique et d’une beauté austère. Une pièce à part, qui prouve qu’un groupe taillé pour le fracas peut, sans perdre une once de puissance, imposer le silence comme son arme la plus radicale.
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août 20, 2025Il y a dans Loneliest at Best quelque chose de trempé de pluie, de bruine qui colle aux vitres et aux cœurs. RIOT SON ne vient pas de Manchester ou d’un quartier gris de Londres, mais des Appalaches du Sud, à Boone, Caroline du Nord — un décor étonnamment proche dans son climat brumeux et son spleen permanent. Ce n’est pas un hasard si sa musique respire le même mélange de mélancolie et de tension que les scènes post-punk et grunge qui ont émergé sous des ciels plombés.
Le single s’ouvre sur des guitares au timbre jangle, claires et nerveuses, qui rappellent l’héritage de The Smiths et The Cure. Mais très vite, Magnet$u, producteur allemand déjà associé à Ekkstacy, habille le morceau d’une production dense : basses épaisses, batterie au groove trap minimaliste, delay et reverb qui transforment chaque note en spectre. La voix, saturée d’émotions, se multiplie en couches superposées à la manière d’Elliott Smith ou Lil Peep, créant un halo spectral qui amplifie l’intensité des paroles. On entend à la fois la fragilité d’une confession et l’éclat d’un cri intérieur.
Ce qui distingue Loneliest at Best, c’est sa structure narrative : une montée progressive qui ne se contente pas d’aller vers le climax attendu. Le morceau se brise en un breakdown abrupt, presque un silence suspendu, avant de reconstruire ses murs sonores dans une tension dramatique qui culmine sur la fin. Ce procédé emprunte autant au post-punk qu’au screamo ou à l’emo-rock des années 2000 (Brand New, The Used, My Chemical Romance), mais avec une retenue contemporaine : l’explosion reste contenue, l’énergie passe par la densité du son plus que par la saturation brute.
RIOT SON s’inscrit dans une nouvelle vague d’artistes bedroom-indie capables de transformer la solitude en matière sonore. Ce premier single, extrait d’un EP à venir, agit comme une carte de visite sombre et viscérale, où l’on perçoit déjà les obsessions : l’amour qui déchire, la mémoire qui pèse, l’isolement qui se chante mieux à plusieurs voix. Loneliest at Best est une cathédrale brumeuse érigée depuis une chambre, une déclaration de vulnérabilité qui a tout d’un futur hymne culte pour les cœurs cabossés.
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août 20, 2025Je ne pensais pas qu’un mot aussi froid, aussi trivial que “ghosting”, pouvait se transformer en chanson qui vous serre le ventre. Fiona Amaka l’a fait. Son nouveau single, Cowards and Shadows, n’est pas seulement une réflexion sur ces disparitions silencieuses qui gangrènent nos vies amoureuses, amicales ou professionnelles : c’est une radiographie de notre époque, une époque où l’absence a pris plus de poids que la présence.
Derrière ce titre, enregistré à Londres avec Andy Zanini, producteur-guitariste à la patte nette et subtile, il y a une atmosphère art-house qui ne cherche pas à séduire de façon frontale. On est dans une indie-rock teintée d’ombres, qui se nourrit de retenue pour mieux frapper. Les guitares ne hurlent pas, elles planent comme un spectre au-dessus d’un cœur battant. La voix de Fiona, elle, déchire par sa sincérité : directe, presque nue, mais avec une intensité théâtrale qui rappelle ces artistes capables d’ériger leurs failles en cathédrales.
On comprend pourquoi le morceau a vite trouvé son écho lors des open mics : il ne cherche pas l’universalité, il la touche sans calcul. Chacun reconnaît ces silences lâches, ces disparitions sans explications, et se retrouve happé par cette manière de les transformer en musique. Ce n’est pas une plainte, c’est une mise en lumière. Comme si Bowie avait laissé traîner un carnet de notes dans un bar londonien, et que Fiona Amaka en avait fait une chanson du présent.
Il y a dans Cowards and Shadows une tension entre élégance et brûlure, une précision d’écriture qui se permet le flou artistique. On sent un morceau taillé pour résonner en live, un refrain qui n’explose pas mais qui s’imprime comme une cicatrice. Dans un monde saturé de notifications, Fiona rappelle que le silence est parfois le son le plus violent. Et que la musique, elle, sait l’habiter.
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août 20, 2025Je me surprends à sourire en entendant The Old Songs, comme si quelqu’un avait griffonné une caricature de mon propre rapport à la musique et l’avait mise en rythme. Pas un sourire candide, non, plutôt ce rictus complice qu’on offre à l’absurde. Map of the Woulds ne se contente pas d’écrire un single, ils dressent un paysage instable où la nostalgie devient un terrain miné, un décor que l’on traverse en claquant des doigts et en traînant des ombres.
Woody Frank, Andrew Woods et Adrian Woods forment un triangle à la fois fragile et indestructible. Leur trio, c’est une sorte de Rubik’s Cube sonore : chaque face tourne, se réarrange, se contredit, et pourtant l’ensemble reste cohérent. La guitare gratte comme un scalpel, la basse ricane et rebondit comme une balle de caoutchouc, la batterie ne suit jamais, elle dévie, elle feinte, elle oblige à réapprendre à marcher sur un rythme neuf. Les voix surgissent en chœur comme des apartés ironiques, presque des bulles de bande dessinée.
Ce morceau est à la fois sec et luxuriant. La production refuse les artifices, mais derrière chaque note se cache un clin d’œil, une torsion, une mini-provocation. Ce n’est pas la nostalgie qui s’exprime, c’est son fantôme, celui qui s’invite à la table pour se moquer des vivants. The Old Songs ne flatte pas la mémoire, il la déconstruit, l’éparpille et la remonte à l’envers, comme si Joy Division avait décidé de se marrer un bon coup en studio avec Talking Heads.
Ce qui rend cette sortie singulière, c’est sa capacité à rendre l’absurde immédiatement digeste, presque pop. Map of the Woulds joue avec les contradictions, mais transforme chaque angle en hook, chaque idée grinçante en groove dansant. The Old Songs, c’est la lucidité qui s’habille en fête, une satire qui ne condamne pas mais qui invite à danser sur les ruines.
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août 18, 2025Je n’avais pas prévu de recroiser mon double au détour d’un refrain, et pourtant le voilà, appuyé contre une basse élastique, sourire de travers. Man I Used To Be ne cherche pas l’exorcisme tapageur : Dax préfère l’opération à cœur ouvert, en tempo utile, quelque part entre l’alt-rock qui mord, l’alt-pop qui s’incruste et l’alternative dance qui donne de l’air aux épaules. C’est un titre de mue, pas de pose — le genre qui te fait changer de pas sans t’en rendre compte.
Sous le capot, la mécanique brille. Kick ferme, attaque courte ; snare satinée qui claque sans couper le souffle ; hi-hats en trames serrées qui tirent la grille vers l’avant. La basse gouverne : ronde, légèrement saturée, sidechain discret pour soulever le plancher. Guitares en couches — une rythmique grain sable, une autre en chorus propre qui dessine les bords — et un synthé verre fumé qui apparaît en surimpression quand la pièce s’agrandit. Le mix est moderne et vivant : bas tenu, médiums sculptés pour la voix, aigus polis, compression bus mesurée qui colle le groupe sans l’aplatir. On entend l’obsession du détail : mutes au demi-temps avant chaque relance, rides brossées pour ouvrir le refrain, petites automations de filtre qui dilatent la perspective.
L’écriture vise juste : pas de confession dégoulinante, une topographie émotionnelle. Dax ne fait pas la morale à son ancien lui ; il le cartographie. Couplets ramassés, pré-refrain qui incline la pente, hook qui ne hurle jamais mais s’imprime — mémoire musculaire garantie. Un pont resserre l’angle (basse/voix presque seuls), puis retour en grand angle où les guitares poussent la mélodie comme un vent de côte. On danse parce que ça tient, on pense parce que ça parle.
Verdict personnel : morceau de transition parfaitement assumé. Man I Used To Be n’essaie pas de te convaincre que tu as changé ; il t’offre un cadre pour l’être, casque comme piste. Dax signe un futur indispensable de rotation — lucide, magnétique, taillé pour marcher droit en pleine lumière.
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août 18, 2025Good Life de Max Ceddo n’est pas un hymne au confort bourgeois, ni un pamphlet nihiliste qui se complairait dans l’autodestruction. C’est une morsure ironique, un clin d’œil grinçant à ces existences en quête de sensations fortes, prêtes à troquer les joies simples contre l’ivresse artificielle et le vertige des excès. Le morceau résonne comme une satire électrique : riffs tendus, urgence post-punk, voix qui se cabre comme pour défier l’équilibre fragile entre stabilité et chaos.
Le personnage de cette chanson vit vite et fort, accélère dans sa E-Type rutilante comme dans un mauvais rêve, joue littéralement avec un couteau à pain, métaphore d’un danger domestique devenu arme existentielle. Derrière la provocation et l’énergie brute, Ceddo esquisse une critique subtile de nos obsessions modernes pour la fête sans fin, la quête du toujours-plus, l’adrénaline comme substitut à un bonheur qu’on ne sait plus nommer. La chanson se lit comme une fable contemporaine où la stabilité – la chaleur du quotidien, les plaisirs ordinaires – est méprisée jusqu’à disparaître.
Ce n’est pas un hasard si l’esthétique punk/post-punk est convoquée : cette musique a toujours su dénoncer, en rire, et cracher sur les illusions de grandeur. Good Life hérite de cette tradition avec un ton ironique qui flirte avec la caricature, mais qui finit par résonner comme une mise en garde. Et si derrière le sarcasme, il y avait une vraie tendresse pour cette vie “banale” que l’on piétine trop facilement ?
Avec Good Life, Max Ceddo signe un morceau qui cogne autant qu’il questionne, un miroir tendu à nos propres contradictions : courir après l’intensité, au risque de perdre l’essentiel. Une chanson qui explose comme une traînée d’étincelles avant de laisser place à l’ombre de nos choix.
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août 15, 2025Tu entends d’abord un piano qui ne cherche pas la tendresse, mais la traction. Motif net, anguleux, qui installe un mode dorien comme une lampe frontale dans un tunnel : mineur, oui, mais l’éclaircie de la sixte levée fend l’obscurité. Puis la porte cède : guitares baryton accordées bas, grain mat, double pédale qui déroule en 4/4 avant de basculer en 7/8 comme un plancher qui change d’inclinaison. Ce n’est pas l’esbroufe d’un patchwork “classique + metal” ; c’est une charpente pensée, un vrai dialogue d’ADN.
On reconnaît la main de Michael Goldberg dans la façon de faire respirer l’harmonie pendant que le rythme mord. Le thème n’est jamais laissé seul : il est retaillé, inversé, densifié à chaque reprise. Rich Gray verrouille le bas du spectre avec une basse qui fait le liant mélodique plutôt que le simple ballast, pendant que Fabio Alessandrini signe une batterie de précision chirurgicale — ghost notes qui ouvrent l’espace, cymbales tenues pour préserver le haut-médium, double-kick qui sert la phrase au lieu de la noyer. Au-dessus, le violon de Peter Voronov coupe les hautes fréquences comme une lame propre : attaques crin-crampon, vibrato retenu, lignes qui s’accrochent au thème sans le surligner.
La production de Warple Bunny Studios joue la dynamique, pas le volume. Les riffs serrés claquent, puis le remix casse l’axe avec des drops en half-time qui laissent passer l’air avant de recontracter la cage thoracique. La montée finale empile pads choraux et cordes sans mur de son : stéréo large, bas ferme, tête claire. C’est cinématographique sans surmixage, prog sans bavardage, metal sans graisse.
Ce qui fait la différence ici, c’est l’éthique du motif. Le dorien n’est pas un gadget : c’est le logiciel affectif du morceau. Il autorise la gravité et un rayon d’espoir dans le même geste. Résultat : un “midnight metal” qui carbure à la lucidité, parfait pour courir, coder, ou simplement tenir la nuit debout. Dorian’s Dance (Midnight Metal Remix) coche toutes les cases du crossover intelligent : architecture, nerf, mémoire. Tu relances, non pour t’assommer, mais pour rester net·te.
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août 15, 2025Love Isn’t Always n’a pas besoin d’effets spéciaux : c’est du pop rock à visage humain, joué ensemble, en vrai, et ça s’entend. Echomatica, quatuor d’Auckland, place la chanson au centre et l’habille juste ce qu’il faut : guitares claires qui carillonnent sans frime, section rythmique nette comme une ligne blanche, voix qui regarde dans les yeux. L’enregistrement live sur bande à Earwig Studios, sans retouches numériques, fait le reste : compression naturelle, bas chaleureux, respiration organique. La radio edit n’enlève pas la chair ; elle coupe le gras.
Architecturalement, c’est millimétré. Couplet en propulsion douce, pré-refrain qui incline la route, refrain qui ouvre le panoramique sans hurler. La batterie avance au pas sûr, kick tonique et caisse claire sèche ; la basse de Scott Samson ne suit pas, elle gouverne, mélodique et élastique, véritable poignée de porte du morceau. AJ pose les guitares et les programmations comme on agence une pièce : arpèges scintillants, légers chorus, delays qui étirent l’horizon sans brouillard. Matt Chong installe des contrechants subtils qui retiennent l’oreille. Au centre, Charlie Maclean délivre un timbre franc, placements propres, intention lisible : zéro pathos, maximum d’adhérence.
Pop rock, donc, mais de précision. Le hook ne s’impose pas par volume ; il s’infiltre, revient, se loge en mémoire musculaire. Un pont aère la structure, laisse la charpente visible, puis la relance finale gagne en largeur plutôt qu’en décibels — sagesse de groupe qui préfère la tenue au grand fracas. Le thème — l’amour qui n’est “pas toujours” droit dans un monde saturé — est traité avec une lucidité tendre : pas de moraline, une topographie émotionnelle où l’on peut marcher sans se perdre.
Ce qui fait la différence, c’est la cohérence d’éthique et d’esthétique : jouer simple, sonner riche ; viser l’évidence, respecter les détails. Love Isn’t Always coche tout ce qu’on demande à un single pop rock moderne : immédiateté, élégance, replay value. Casque, volant, fenêtres ouvertes : le morceau nettoie l’air et rappelle qu’un bon refrain n’a pas besoin d’en faire trop pour tenir longtemps. Echomatica signe une pièce claire, magnétique, prête pour la rotation — et pour rester.
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août 15, 2025Je vois la scène avant même d’appuyer sur play : clim en rade, bières tièdes, peau qui colle aux guitares, quatre amis de lycée qui ont décidé qu’on pouvait ressusciter un groupe comme on rallume un feu. Vice Market n’essaie pas de rejouer le musée : il taille dans le classic rock avec des outils affûtés, sans nostalgie grasse. Sous la houlette de Paco Lazo et Andrés Lavalle, le son respire l’organique et l’intention : gros grains quand il faut, air entre les éléments, compression qui tient la pièce sans l’aplatir. On entend l’ombre d’Iommi sur les riffs, du Parliament dans la souplesse rythmique, une droiture mélodique héritée des Beatles — mais l’alchimie reste 100% Captain Mantis.
Moonshine Alley ouvre la porte à coups d’épaules. Riff massif, palm-mutes qui mordent juste, batterie en avant du corps, basse qui pousse et se cabre dans les pré-refrains. Textbook opener, oui, mais avec ce sens de la coupe nette : break en demi-temps, relance qui explose sans devenir boursouflée. C’est la carte d’identité du quatuor : immédiateté et tenue.
Simon Frost change l’angle. Moins bélier, plus cinétique, le morceau déroule une pulsation plus sinueuse où la section rythmique (basse en pivot, charley précis) installe un groove à mi-chemin du rock alternatif 90s et d’un funk sec. La guitare s’autorise des contre-chants acidulés ; le chant, lui, gagne en proximité, presque conversationnel. C’est le titre qui prouve que le groupe sait tourner sans perdre le buste.
Galatea devient la pièce signature. Trois guitares acoustiques en tissage serré — open G capo 4, standard nu, standard capo 7 — qui dessinent un dôme harmonique. Au centre, un mellotron qui entrouvre un ciel de cinéma, solo capté en deux prises, nerveux mais pudique. La dynamique respire en paliers : on monte par retrait, on éclaire par détails. Ici, Captain Mantis prouve qu’il peut jouer la délicatesse sans mièvrerie.
Vice Market, enfin, donne son nom et sa cadence à l’ensemble. Basse contagieuse en figure d’ancrage, batterie qui danse sans surjouer, guitares qui picorent des syncopes latines ; le morceau flirte avec un latin-rock mordant tout en gardant l’ossature rock. Le mix laisse l’espace vivre : voix au centre, tambourin qui soulève la poussière sur les refrains, stéréo large sans tape-à-l’œil.
Au-delà de la diversité affichée, ce qui serre le tout, c’est la philosophie de fabrication : chercher le point d’équilibre entre cliché rassurant et auto-indulgence. Vice Market est court, dense, cohérent ; chaque chanson montre une face différente du même coffre. Un EP de réactivation plutôt que de réédition : la preuve qu’on peut aimer le passé en écrivant au présent. Monterrey a trouvé son classic rock d’aujourd’hui — pas une relique, un moteur.
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août 15, 2025Pas besoin de décor : j’appuie play et je sens la poussière fine d’un champ encore tiède, les baskets lourdes et le cœur qui retombe à hauteur humaine. See You Around fait partie de ces morceaux qui ne forcent rien et, précisément pour ça, gagnent tout. Verticoli joue la retenue qui serre juste assez : une main sur l’épaule, l’autre qui te montre la sortie, pas le drame.
Techniquement, c’est une leçon d’alt-rock respirant. Guitares en cloche cristalline, doublées large, grain quasi-Rickenbacker qui fait miroiter le haut-médium ; un léger ruban de saturation colle le tout au châssis sans saturer l’image. La batterie avance au pas sûr : kick ferme, snare sèche au snap boisé, charley brossé pour garder le champ stéréo propre. La basse, jouée au médiator, dessine une ligne élastique qui ventile les couplets et ancre les refrains — elle ne fait pas que suivre, elle gouverne. On devine une compression bus tenue, un soupçon de plate reverb sur la voix, un tambourin qui n’entre qu’au moment utile pour faire lever la poussière du refrain. Pas de graisse, de l’air.
L’écriture, elle, fait semblant d’être simple. Couplets ramassés qui tiennent sur l’os, pré-refrain en pente douce — la tension s’installe sans lever la voix — puis refrain en grand angle : on ne monte pas en volume, on élargit la perspective. Le pont, sobrement déshabillé, laisse entendre la charpente avant la relance finale, plus haute mais pas plus lourde. On entend l’ombre tutélaire de Tom Petty dans le jangle et la route, et ce relâché feutré façon Kurt Vile dans la manière de laisser le temps respirer. Références assumées, jamais mimées : l’identité de Verticoli reste frontale.
La voix raconte sans grimace, grain légèrement râpé, diction claire, refus du vibrato décoratif. Le texte cadre cette situation obstinée où l’affection ne suffit pas : deux fuseaux horaires intérieurs qui ne s’alignent plus. Pas de règlement de comptes, un constat élégant. C’est précisément cette politesse émotionnelle qui transperce : See You Around n’éteint pas le feu, il règle la flamme.
Verdict de nuit blanche : chanson de trottoir au lever du jour, taillée pour les retours calmes et les départs bien élevés. Le genre de titre qui te fait grandir sans te sermonner, qui préfère la trajectoire à l’explosion. Verticoli signe un au revoir qui reste — discret, précis, magnétique — et tu relances pour vérifier que ce n’était pas un hasard. Ce ne l’est pas.
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août 15, 2025Premier contact, c’est un souffle au bord de la voix, puis une pièce qui s’ouvre comme si quelqu’un avait enfin tiré les rideaux. Love Came Home To Stay ne cherche pas l’effet ; elle cherche la justesse. Lee Miller Matsos écrit depuis l’endroit où l’on apprend à respirer avec un fantôme assis à table, cette zone grise où le deuil rencontre la persévérance. On sent le carnet cabossé, la solitude des jours silencieux, et cette obstination tendre : transformer la douleur en outil, pas en totem.
Tout est affaire d’économie. Arrangement dépouillé, tempo contenu, dynamique tenue par des micro-montées plus émotionnelles que volumétriques. La prise de voix est frontale, sans maquillage : grain humain, proximité contrôlée, légers halos de delay pour donner de l’air sans diluer. Les harmonies arrivent comme des mains posées sur les épaules ; elles élargissent sans gonfler. On devine un travail d’orfèvre sur l’espace négatif : ces silences utiles qui laissent les phrases retomber et font vibrer la pièce autant que les notes.
La chanson tisse un arc simple et nécessaire : le quotidien bascule, la perte creuse, le sens se reconstruit par gestes minuscules. Matsos ne dramatise pas, il clarifie. Il refuse la grandiloquence et préfère le courage discret — celui d’appeler les choses par leur nom, de tenir la note juste un peu plus longtemps que le confort ne l’autorise. La métaphore centrale, l’amour qui “revient à la maison”, ne joue ni l’illusion ni la promesse creuse : elle propose un horizon, une direction. Le message prend corps quand la voix se fait plus large sur le refrain ; pas d’uppercut, une montée par capillarité.
C’est précisément cette retenue qui transperce. Love Came Home To Stay parle aux endeuillés, aux survivants de l’isolement, à celles et ceux qui portent une absence comme on porte un vêtement trop lourd. On repart avec la sensation rare d’avoir été compris sans être sondé : un morceau qui n’efface rien mais qui apprend à tenir, qui n’apaise pas par diversion mais par exactitude. Une chanson-compagnon, faite pour les soirs où l’on remet la clé dans la serrure et où, pour la première fois depuis longtemps, on laisse la porte entrouverte.
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août 15, 2025Premier coup de médiator, je sens l’odeur de bois brûlé et de stickers décollés sur un flight-case. Avow n’essaie pas de te séduire : il t’embarque par le col, direction un garage de Melbourne où les murs vibrent déjà. Duo frontal — Luke et Ethan —, Razor Burn joue la carte la plus risquée et la plus belle : l’authenticité sans casque anti-bruit. Résultat, un single de punk mélodique qui ne masque rien, ne s’excuse jamais, et réussit ce numéro d’équilibriste que beaucoup ratent : être massif sans devenir boursouflé.
Côté fabrication, on entend le self-recording assumé et dompté. Guitares doublées large, grains complémentaires (une saturation qui mord, une autre plus velours) ; palm-mutes qui mordent la grille, puis ouverture aérée dès que le refrain avale la pièce. La batterie avance au couteau : kick sec qui tape dans le sternum, snare nerveuse avec ce snap métallique juste au-dessus des médiums, cymbales tenues pour laisser aux voix leur boulevard. La basse n’est pas un décor — elle pousse l’harmonie comme un bélier, s’épaissit dans les pré-refrains et ancre le chant quand ça décolle.
Les “big vocals” portent bien leur nom. Lead franc, sans vibrato décoratif, doublages latéraux qui donnent de l’ampleur sans transformer la mélodie en poster. On devine des chœurs façon gang en arrière-plan, utilisés avec parcimonie pour allumer la mèche au bon moment. Le songwriting est carré, efficace, tout en petites malices : un break en demi-temps qui creuse l’estomac, un pont qui joue la tension plutôt que le solo démonstratif, une dernière relance qui revient plus haut mais pas plus lourde. Le mix respecte la dynamique du style : compression qui colle le groupe sans étouffer, transitoires vifs, voix devant la ligne de front.
Ce qui accroche vraiment, c’est la sincérité musculaire du morceau. Avow parle de promesse tenue : celle d’un groupe qui préfère écrire des hymnes pour salles moites plutôt que compter les algorithmes. “Huge riffs, big vocals” n’est pas ici un argument marketing, c’est la charpente. Et si l’album qui arrive garde cette science du relief — urgence, chant porté, refrains taillés pour la mémoire musculaire —, Razor Burn a tout pour sortir du local sans perdre l’odeur de la peinture fraîche. Avow, c’est la claque propre : tu vois les étoiles, tu souris, tu remets play.
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août 15, 2025Ce disque sent la sueur d’un local de répète et la propreté d’un studio où l’on place les micros au centimètre. Saint Nick the Lesser déroule une autobiographie sans roman-photo : voix au grain cabossé, chansons qui tiennent debout sans béquilles, production précise signée en tandem au Sivraj Studios, où Ryan Jarvis et Rob Maile sculptent l’espace comme on taille un jean : près du corps, jamais moulant. Influences punk, ska et anti-folk assumées, mais l’écriture refuse la caricature ; ici, chaque arrangement est une décision, pas un effet.
21 Minutes ouvre la porte comme un sprint contrôlé : guitares serrées, charley nerveux, refrain à l’économie émotionnelle. On y entend l’urgence de l’adulte qui a gardé la rage de l’ado, mais avec la tenue qu’offre l’expérience.
Anne-Marie baisse la tête et relève les épaules : acoustique en avant, basse chaude, batterie brossée. C’est la ballade non mielleuse, la confession sans violons gratuits.
Catfish Bones ramène le bitume : shuffle sec, cuivres suggérés par les guitares, un pont qui respire juste ce qu’il faut pour laisser monter la poussière. Idéal pour la route, fenêtres entrouvertes, esprit clair.
Cassandra prend la lumière avec des cordes enregistrées “à la main” : dynamique ample, voix centrale, montée progressive qui évite le pathos. Le morceau prouve que Saint Nick peut jouer la grandeur sans bombarde.
Thorazine, c’est l’uppercut. Tempo pressé, snare claquante, couplets en diagonale. La rage tient en laisse la mélodie, jamais l’inverse.
God Bless travaille l’ambiguïté : folk de trottoir et chœur discret, un gospel minimaliste qui refuse la grandiloquence. Belle science du contrepoint vocal.
August in the rain décoche la flèche mélancolique : guitare lap steel en voile fin, ride soyeux, progression harmonique qui ouvre l’horizon sans perdre la ligne d’horizon intérieure.
Train Tracks remet des crampons : motif rythmique martelé, basse locomotive, images dans le rétroviseur. Le mix garde le centre sec, les bords granuleux : ça voyage.
Amethyst, autre pièce à cordes, joue l’électricité contenue : pizzicatos en apéritif, nappes qui s’épaississent, voix qui gagne en largeur sans perdre le grain. C’est somptueux et pragmatique.
The Tunnel ferme la marche en catharsis tenue : batterie en pas lourd, guitares qui s’ouvrent en arche, fondu final qui n’éteint pas, il apaise. Sortie de tunnel, mais on garde la lampe.
Ce premier album tient par sa cohérence organique : un songwriting qui préfère l’os à la dorure, une production qui valorise la vérité du timbre, des arrangements qui respirent. Growing up, growing out n’érige pas un mythe ; il documente un passage. On ressort moins encombré, prêt à grandir sans s’excuser. Et la scène SoCal vient de gagner un raconteur fiable : un cœur punk, des mains d’artisan, un futur qui n’a pas besoin de hurler pour exister.
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août 14, 2025Chemin de falaise dans la tête, vent de face, et cette phrase qui coupe net : on peut aimer et pourtant ouvrir la paume. Cut The Rope n’est pas une demande, c’est une décision respirée entre deux rafales. Projet né du vacarme qui a trop duré, heddlu — “police” venu de “force de paix” en gallois — transforme la fragilité en outil de précision. On entend la biographie sans storytelling : l’oreille cabossée, la route, la mer intérieure. Et au centre, l’élan simple et radical de laisser l’autre intact.
Production au scalpel : guitare sèche granuleuse, gain retenu, spectre médian qui crisse juste ce qu’il faut pour sentir le sel. La batterie, mixée à hauteur d’épaule, claque en frappes courtes ; overheads contenus, cymbales brossées pour éviter l’éblouissement. La basse tient une ligne de garde, presque cardiogramme, qui refuse l’emphase. Au-dessus, un halo d’orgue ou de synthé à oscillation lente installe ce tremblement lumineux des morceaux qui ne trichent pas. Le traitement de la voix joue l’intimité frontale : compression modeste, un soupçon de saturation harmonique, delays minuscules qui l’adossent à l’espace sans la dissoudre. Chaque silence compte ; on pourrait presque y ranger une respiration complète.
Ce qui désarme, c’est la clarté morale du morceau. Reconnaître le dommage, tracer la limite, épargner ce qu’on aime : pas d’héroïsme, de l’éthique. heddlu écrit en clair-obscur, avec une langue qui refuse la pose ronflante pour préférer le nerf vivant. La structure garde une route sinueuse — couplets resserrés, pont qui décale le sol, dernier refrain qui ne cherche pas la levée de foule mais la bonne altitude émotionnelle. Tout se joue dans le détail : une consonne mordue, un demi-ton qui se redresse, un tom étouffé qui rappelle la peau.
Cut The Rope s’inscrit dans cette lignée rare de chansons utilitaires et belles : elles servent à agir, puis restent pour réparer. On sort avec la nuque plus droite, un peu d’ordre dans les ondes et cette certitude douce : l’amour n’est pas toujours tenir, parfois c’est relâcher avant de tout casser. heddlu signe un morceau sobre, magnifiquement dangereux — parce qu’il dit vrai sans grimace, et qu’il te donne envie d’en faire autant.
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août 13, 2025Oubliez la douceur vénéneuse et feutrée de la version originale. Dans les mains de Beau Anderson, “505” se métamorphose en machine à riffs, surgissant comme un train de fret lancé à pleine vitesse dans un tunnel saturé de fuzz. L’ADN mélancolique d’Arctic Monkeys subsiste dans la structure, mais l’atmosphère bascule vers quelque chose de plus sombre, plus charnel, presque minéral — un Deftones qui aurait troqué ses nappes éthérées contre un groove de stoner rock, sec et grondant.
La progression reste lente, mais ici la tension ne s’installe pas dans le murmure : elle crépite. Chaque accord gronde comme un avertissement, chaque silence pèse comme une menace. Anderson joue sur la répétition et la retenue, pour mieux faire jaillir un final grandiose, saturé, où la guitare découpe l’air avec la précision d’un scalpel rouillé. C’est une montée en puissance qui ne lâche jamais, nourrie par une batterie à la frappe carrée et un chant tendu, prêt à se briser mais qui tient la note comme on retient un souffle sous l’eau.
Cette relecture s’intègre parfaitement dans la trame de son futur EP Soundtrack of Letting Go : un disque lourd, groovy, sensuel et poussiéreux, hanté par des images de fin du monde et de temps qui file. On y retrouve cette même obsession du poids des heures, des apocalypses intimes, et des désirs qui s’écrasent contre la réalité. Avec sa patte de guitariste accordé bas, quelque part entre Randy Rhoads et Joe Duplantier, Anderson insuffle à “505” une gravité tellurique qui colle au corps bien après la dernière note.
C’est une reprise qui ne cherche pas à séduire par la nostalgie, mais à reconquérir le morceau, à le faire plier sous son propre poids. Et dans cette version, on ne court plus vers la chambre d’hôtel des Arctic Monkeys : on s’y enfonce, lourdement, comme si c’était le dernier endroit sûr sur Terre.
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août 12, 2025Il y a des enregistrements qui sentent encore la fumée, la sueur et l’électricité brute. NO I AIN’T (LIVE at Jimmy’s JukeJoint), capté en une seule prise à Alkmaar, appartient à cette famille-là : celle des moments où la magie ne vient pas du polissage, mais du danger de tout jouer sans filet. Franky Fugazi y retrouve la veine âpre et honnête de Feloncholy, mais l’emmène plus loin, dans un dépouillement qui gratte comme une vieille veste en cuir patinée par les nuits blanches.
Au centre, toujours ce fétiche : une guitare cigar box, rugueuse comme un plancher de bar, branchée sur un Pignose vintage qui crache son grain poussiéreux. Pas de double prise, pas de rattrapage — chaque coup de médiator, chaque souffle, chaque hésitation devient une pièce du tableau. Le rythme, taillé à la hache, s’accroche aux hanches et entraîne tout le groupe dans un swing nerveux, quelque part entre un rock garage du Delta et un jam nocturne au fond d’une ruelle humide.
La voix de Fugazi, elle, ne cherche pas la perfection : elle vit dans la fêlure, dans cette chaleur un peu cassée qui rend le récit plus vrai. On sent l’alchimie du moment, ce quelque chose qui circule entre musiciens et public, invisible mais palpable, et qui finit gravé dans les sillons numériques comme un témoignage de pure présence.
C’est cru, c’est bancal par endroits, et c’est précisément ce qui le rend précieux : NO I AIN’T ne prétend pas réinventer la roue, il la fait rouler dans la boue pour qu’elle raconte enfin la route.
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août 12, 2025Sous les néons synthétiques de Madness, tout s’illumine d’un éclat artificiel, presque coupant, comme si les années 80 s’étaient remises au goût du jour après une nuit blanche trop longue. Haus of Sound ne se contente pas de recycler une esthétique : le groupe l’injecte d’une nervosité contemporaine, un groove élastique qui masque mal la noirceur des paroles.
Gabrielle, frontwoman à la voix qui mord et caresse dans la même phrase, chante comme si chaque note était un fil tendu entre la lucidité et la rechute. Les synthés, eux, ondulent comme un mirage, hypnotiques et trompeurs. On pense à Depeche Mode pour l’ombre, à Maroon 5 pour le poli, à The Midnight pour la nostalgie phosphorescente. Mais ici, le cocktail devient personnel : un battement cardiaque qui refuse de se stabiliser, prisonnier d’une tension délicieuse.
Ce qui frappe dans Madness, c’est cette manière d’embrasser la toxicité comme une danse familière. Les coups de caisse claire claquent comme des portes qu’on rouvre malgré soi, les lignes de basse serpentent, enjôleuses, et l’ensemble avance avec l’inévitable inertie d’un manège émotionnel qu’on ne sait plus arrêter. C’est l’ivresse du “je sais que c’est mal, mais encore une fois” mise en musique.
Haus of Sound signe ici une pièce à double tranchant : irrésistible sur un dancefloor, mais conçue pour vous hanter bien après que les lumières se soient rallumées. Une chanson qui se faufile dans vos veines avec le sourire d’un vice assumé. Au fond, Madness n’est pas seulement un morceau : c’est la bande-son de ce moment où, face au chaos, on choisit de danser encore un peu, juste avant la chute.
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août 12, 2025Cela ne ressemble pas à une chanson qui commence, mais à une embarcation qui surgit lentement d’un brouillard que l’on croyait infini. Das Geisterschiff n’avance pas, il dérive, comme si chaque note était poussée par un vent glacé venu d’un autre siècle. Les mots, en allemand, claquent comme des cordages humides : ils ont cette dureté minérale qui transforme la langue en instrument percussif, heurtant la coque d’une mélodie sombre et immobile.
Nordstahl ne raconte pas simplement une légende maritime — il en exhume la part la plus intime et la plus terrifiante : celle où le navire maudit n’est plus seulement le Flying Dutchman, mais la métaphore de nos propres erreurs, celles qui nous condamnent à naviguer sans fin dans nos eaux intérieures. Ici, les voiles déchirées et les rames brisées ne sont pas que des images : elles deviennent les stigmates visibles de ce que l’on ne pourra jamais réparer.
La production, elle, hésite entre deux mouvements : un dépouillement presque monacal qui laisse résonner l’écho vide du brouillard, et des élans orchestraux qui, par moments, se gonflent comme une houle prête à submerger le pont. Ce va-et-vient crée une tension constante — celle du marin qui croit apercevoir un phare au loin, avant de comprendre qu’il n’est qu’un autre leurre.
La force de Das Geisterschiff est d’engloutir l’auditeur dans ce même voyage : on ne sait pas vraiment quand on a embarqué, ni si l’on pourra jamais débarquer. On ne sort pas de cette chanson indemne — seulement plus conscient du prix que coûtent les fautes qu’on ne peut effacer.
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août 12, 2025Le morceau ne commence pas : il se réveille. Comme une image qui s’affiche lentement sur un vieux Polaroid, Rêverie apparaît dans le silence avec un battement sec, une pulsation de batterie qui semble d’abord respirer plus qu’elle ne frappe. La basse, elle, se déploie avec une rondeur hypnotique, un groove qui ne cherche pas la séduction immédiate mais qui vous happe par persistance. Puis viennent les guitares : des éclairs plus que des accords, des traits de lumière qui zèbrent l’espace sonore, tendus comme une corde avant qu’elle ne claque.
La voix de Rizki Aryo flotte au milieu de cet équilibre instable. Elle n’est pas là pour dominer l’instrumental, mais pour se glisser dedans, presque comme une pensée à voix haute, hésitante, au bord de l’effacement. On croirait entendre quelqu’un parler depuis un rêve qu’il sait en train de se dissoudre. C’est toute la force de Rêverie : cette capacité à faire cohabiter l’urgence du présent et la langueur d’une mémoire qu’on ne peut pas tout à fait toucher.
Derrière cette apparente simplicité se cache un long processus : un beat griffonné en 2017, des couches ajoutées patiemment, puis des années de silence avant de livrer la version définitive. Cette temporalité étirée donne à la chanson un poids particulier, presque une gravité. Elle sonne à la fois comme une retrouvaille et comme un départ.
Pour un groupe qui avait marqué les esprits avec Rue Massena et son énergie brute, ce virage vers une atmosphère plus liquide et plus sensuelle n’est pas une rupture, mais un nouveau chapitre écrit avec la même main. La scène indonésienne n’a pas tant besoin de come-backs que de morceaux comme celui-ci : des chansons qui prennent leur temps, mais qui, une fois là, s’installent profondément.
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août 12, 2025Les premières secondes claquent comme une gifle donnée au sommeil. La guitare, nerveuse, s’agrippe à une ligne de basse qui sue l’urgence. La batterie, elle, ne s’embarrasse pas de subtilité : elle frappe pour rester en vie. Dans This Scene is Over, The Fades ne livrent pas seulement un morceau, mais un état des lieux brutal de ce qu’il reste quand l’oxygène manque dans les poumons du rock indépendant.
C’est le cri de ceux qui ont vu la lumière des néons des salles s’éteindre une à une, remplacées par des vitrines Airbnb ou des friches gentrifiées. La rage de ceux qui savent que les premiers concerts, les petites scènes, les lendemains avec les oreilles qui bourdonnent… tout ça ne se remplace pas par un live stream ou un algorithme de recommandation. The Fades condensent cette frustration dans un post-punk tendu, criblé d’arpèges tranchants et de refrains qui sentent la sueur et la bière renversée.
Sous l’écume de la colère, il y a pourtant une mélancolie têtue : celle de musiciens qui ont tout donné pour une scène qui s’effrite. Le morceau respire comme une course à bout de souffle, où chaque mesure devient une façon de repousser l’inéluctable. Et si le titre annonce une fin, l’énergie qui s’en dégage dit l’inverse : que rien n’est terminé tant que les amplis ronflent encore, tant qu’il reste un micro qui hurle dans le noir.
This Scene is Over n’est pas une simple chanson militante. C’est une archive sonore de ce moment précis où un groupe choisit de se battre en musique plutôt que de signer l’acte de décès de sa propre histoire. Un morceau qui donne envie de se retrouver, serrés dans une salle trop petite, à chanter plus fort que l’ampli, juste pour prouver qu’ils ont tort.
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août 12, 2025Ce n’est pas un rayon de soleil aveuglant. Plutôt une clarté diffuse qui s’infiltre par la fente d’un store, caresse poussière et souvenirs avant de s’éteindre derrière un nuage chaud. Avec Light In The Dark, Windows confirme qu’ils sont moins des héritiers dociles de la scène psyché californienne que des artisans d’une lumière mouvante, où chaque reflet porte un parfum de route côtière et de nostalgie latine.
Produit par Tyler Fogerty, le morceau pulse au rythme d’une basse chaloupée, rythmique subtilement infusée de syncopes tropicales. Les guitares, nappées de reverb saline, alternent entre étreinte et fuite, comme un horizon qui recule à mesure qu’on l’approche. On y retrouve cette esthétique surf vintage, mais désaturée, presque poussiéreuse, qui se rapproche davantage d’un polaroid retrouvé au fond d’un tiroir que d’une carte postale criarde.
Light In The Dark fonctionne comme un morceau-charnière : lumineux mais jamais naïf, solaire tout en restant ombré. Windows y explore l’entre-deux, ce moment suspendu entre fin d’après-midi et nuit naissante, où la fête n’a pas encore commencé mais où tout vibre déjà d’une promesse sourde.
En live, sur une scène de festival ou dans un club intimiste, ce titre a tout pour agir comme un sortilège doux-amer, capable de suspendre le bavardage ambiant pour happer l’auditeur dans une transe douce. Le groupe, déjà passé par Austin Psych Fest et Freakout Fest, prouve ici que sa psyché-soul ne se contente pas de recycler les codes : elle les module, les courbe, les salit juste ce qu’il faut pour les rendre organiques. Light In The Dark n’éclaire pas tout — et c’est précisément là que réside son magnétisme.
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août 12, 2025Il y a quelque chose de presque cinématographique dans Just A Boy In A Band, ce moment suspendu où la lumière des projecteurs devient à la fois réconfortante et crue. Loose Buttons y jouent leur propre rôle, celui de quatre types qui courent après une chose insaisissable — la reconnaissance, peut-être, ou juste cette montée d’adrénaline qui arrive quand un morceau prend vie devant un public. Mais ici, pas de pose rockstar : Eric Nizgretsky, chanteur et fils de première génération ukrainienne-américaine, le dit sans détour, il n’est “que” ce gamin dans un groupe, et il s’en amuse autant qu’il s’en nourrit.
La chanson déploie un indie rock clair et nerveux, avec cette pointe mélodique qui flirte entre nostalgie et fougue juvénile. On sent l’envie d’impressionner, la peur de rater, le refus de se résigner. Les guitares se croisent comme deux conversations qui s’interrompent et se relancent, la batterie pulse avec l’insistance d’un cœur trop vite emballé, et l’ensemble respire la camaraderie. Il y a cette vérité simple : peu importe la distance entre le rêve et la réalité, ce qui compte, c’est la route parcourue avec ceux qui partagent la même obsession.
Loose Buttons ne se perdent pas dans le mythe du “grand soir” où tout changerait. Ils savent que le monde continue de tourner, avec ses drames, ses absurdités, ses indifférences. Mais ils persistent à croire qu’une chanson de trois minutes, jouée avec la conviction d’un premier amour, peut encore décaler l’axe de la journée de quelqu’un. Ce n’est pas de la naïveté — c’est de la résistance poétique. Et dans un monde saturé de bruit, cette sincérité-là fait un vacarme délicieux.
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août 8, 2025Un matin trouble, entre deux rêves qui grattent encore le fond du crâne, j’ai lancé God of the Dead sans grande attente, comme on entrouvre une porte sur une maison abandonnée. Et c’est là que Rosetta West m’a sauté à la gorge. Le son, moite, granuleux, presque sale. La voix, spectrale. Et ce disque, mon Dieu, ce disque… Il sent la cave humide, la corde usée de la guitare, les années passées à fuir les studios trop lisses, les refrains trop faciles, les compliments trop mous.
Ce n’est pas un album, c’est un sortilège. Un feu de camp autour duquel tournent les morts, les anciens dieux, les punks en exil et les poètes cassés. Joseph Demagore, maître de cérémonie, chante comme on saigne doucement. C’est rauque, parfois faux, mais jamais tiède. Il y a du Velvet Underground qui aurait trop traîné dans les champs de l’Illinois, du Nick Cave des jours fiévreux, et du garage qui refuse de mourir.
On plonge dans Boneyard Blues comme on met les pieds dans une rivière noire. Puis tout s’enchaîne sans filet : Underground, Dead of Night, Susanna Jones pt.1 & 2, Inferno, Chain Smoke… Chaque morceau est un couloir vers un souvenir flou, une hallucination, une vieille dispute entre un dieu oublié et un homme qui a trop aimé.
Rosetta West, c’est ce groupe qui joue comme s’il n’avait plus rien à perdre, mais tout à dire. Qui ose encore mettre une harpe invisible sur du punk déchiré, ou un piano en larmes sur des riffs qui grincent. C’est un patchwork bâti sur l’os, sur le nerf. Un appel d’air pour les asphyxiés de l’ère numérique. Un manifeste pour ceux qui refusent d’être polis.
God of the Dead, c’est ce que Tom Waits écrirait s’il s’était enfermé dans un motel du Midwest avec une bouteille d’absinthe et les souvenirs d’un amour mort trop tôt. Et si tu l’écoutes bien, entre deux grésillements, tu l’entends te murmurer : “Bienvenue dans l’au-delà du rock.”
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août 8, 2025Un chant à travers les interférences. Une voix captée entre les grésillements d’un monde invisible. Spirit Box, dernier single de Love Ghost, ne se contente pas d’emprunter son titre à cet étrange outil de communication paranormal — il en épouse l’esthétique, l’intention et la fêlure. Ici, la musique est séance, la chanson est invocation, et le son gronde comme une présence dans la pièce.
On pourrait parler d’un titre grunge. D’un rock emo dopé au métal, au pop-punk, à la douleur nue. On pourrait détailler l’alliage sonore savamment façonné par le groupe californien : riffs abrasifs, percussions qui frappent comme un cœur sous tension, voix fêlée d’une lucidité nocturne. Mais Spirit Box est moins un morceau qu’un symptôme. Une preuve de vie enregistrée depuis un ailleurs mental, là où le deuil côtoie les névroses, là où parler revient à hurler à travers les murs de la réalité.
C’est aussi une démonstration de force. Car Love Ghost n’en est pas à son premier tour de magie noire. Habitués des collaborations transcontinentales — de Rico Nasty à The Skinner Brothers en passant par une poignée d’étoiles montantes mexicaines comme Wiplash ou Adan Cruz — le groupe s’impose comme un vecteur d’émotions brutes, à la croisée d’une pop mutante et d’un rock exorciste. Ils ne jouent pas avec les codes, ils les possèdent.
Spirit Box est un cri depuis l’intérieur de la machine. Une tentative désespérée de transmettre quelque chose de réel dans un monde où tout semble filtré. Et si ce monde ne répond plus, tant pis : Love Ghost s’adresse à l’autre côté. Là où la douleur trouve enfin un écho.
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août 8, 2025Quelque part entre une usine désaffectée et un champ de bataille mythologique, Mjölnir surgit comme une détonation que personne n’a osé déclencher. Nordstahl, nom de guerre d’un quatuor allemand qu’on imagine en bottes noires et regards clairs, nous balance en pleine face un single instrumental aussi tellurique que viscéral. Pas de voix. Pas de répit. Juste le bruit du monde qui gronde et la certitude que l’attente a assez duré.
Ce n’est pas du metal pour headbanger en festival. C’est une incantation électrique. Une prière en acier trempé pour réveiller ce que le confort a endormi : le nerf, la colère, la volonté d’agir. Mjölnir, du nom du marteau de Thor, n’invoque pas un dieu païen pour le folklore. Il convoque une arme qu’on ne sait plus tenir. C’est une relecture industrielle du mythe nordique, où la puissance n’est plus divine mais humaine, enfouie, compressée dans nos silences comme un beat sous la peau.
Le morceau claque comme une marche militaire sur bitume fondu, propulsé par des guitares qui ressemblent à des alarmes et des machines qui grincent comme si elles s’apprêtaient à s’effondrer. Et pourtant, tout est millimétré. Nordstahl maîtrise son chaos avec une précision presque clinique. Pas une note ne dépasse. Pas un souffle d’espoir gratuit. Ce n’est pas une libération. C’est une montée en tension.
Et si le marteau, finalement, n’était pas un symbole de violence, mais un déclencheur ? L’éveil d’un instinct, d’un refus de courber l’échine. Mjölnir n’impose rien. Il propose un choix : continuer à se taire ou faire trembler le sol.
Le morceau ne s’écoute pas. Il s’encaisse. Comme une vérité qu’on repousse depuis trop longtemps.
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août 8, 2025On n’a pas vu venir Speak Too Soon, et c’est peut-être là tout le génie de Mercy Kelly. Le groupe mancunien réussit, avec ce nouveau single, à bâtir une émotion par glissement lent, sans surjouer l’effet ni noyer l’oreille. Rien n’est trop. Tout est juste.
La guitare ouvre le bal, seule, fragile et cristalline, comme un souvenir qui refait surface sans y être invité. Puis la voix entre, posée, douce mais déterminée. Une voix qui ne cherche pas à impressionner, mais à toucher. Et elle y parvient, avec une aisance déconcertante.
Il y a dans Speak Too Soon une montée subtile, organique, qui se déploie sans jamais forcer la main. C’est un morceau qui t’attrape sans t’avertir, qui s’installe dans ta cage thoracique sans y avoir été convié, mais qu’on accueille comme une caresse.
Puis vient ce moment suspendu, où tout s’arrête. Plus rien. Juste la voix, mise à nu, comme si le reste du monde s’était évaporé. Ce silence-là vaut mille arrangements. Et quand la musique revient, c’est avec une tendresse rare, un souffle chaud dans la nuque. Guitares qui flottent, rythmique qui berce, lumière dans la pénombre.
Speak Too Soon parle de perte, de dérive, d’attente. Mais aussi de douceur dans la douleur. C’est un morceau qui ne résout rien, et c’est tant mieux. Il accompagne. Il comprend. Il ne juge pas. Il fait ce que la musique devrait toujours faire : tenir la main.
Mercy Kelly signe ici un instant suspendu, un morceau de vie qu’on a envie de réécouter pour en capter les nuances, les recoins, les silences. Un titre qui ne crie pas mais résonne longtemps. Un futur classique indie, discret mais tenace, comme un fantôme qui sait aimer.
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août 8, 2025Les nerfs tendus comme des câbles sous tension, un riff qui agit comme un détonateur, et cette sensation d’être au bord de l’explosion — pas d’un cri, mais d’un ras-le-bol lucide. No ID n’a pas été écrit pour plaire. Il ne cherche pas la validation. Il trace sa route, brutalement honnête, sur une ligne de fracture où l’identité devient un champ de ruines, et où chacun doit reconstruire son propre nom, à sa manière.
Reduction in Force ne joue pas avec la nostalgie. Le groupe la pulvérise. Ancré dans une tradition post-punk sans nostalgie ni révérence, le projet fondé par Mike Mills convoque les fantômes des 80s pour mieux les confronter à la violence douce et insidieuse de l’époque actuelle : celle qui te demande sans cesse qui tu es sans jamais écouter la réponse.
Musicalement, No ID est une montée en pression contenue, presque clinique. Guitares en tranchées, basse plombée, percussions carrées comme une horloge militaire, synthés en toile de fond pour injecter du malaise là où on attendrait du réconfort. Le morceau ne respire pas, il serre. Mais dans cette densité se cache un appel, une brèche.
Mills parle d’un refus. Refus d’être résumé, classifié, coincé dans un acronyme, une case, une posture. No ID n’est pas un rejet de l’identité, mais une remise à plat. Une façon de dire : je suis tout ça à la fois, et rien de ce que vous projetez. C’est le son d’un être multiple qui n’a plus peur d’échapper aux définitions.
Pas d’héroïsme, pas de grandes théories. Seulement un cri — contenu, élégant, tranchant — qui dit : assez. Et c’est dans ce minimalisme sans concessions que No ID devient grand.
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août 8, 2025Ce n’est pas une chanson, c’est une attaque chirurgicale. Heavy Machine Gun, deuxième single de Leather Laces, surgit comme une percée sonore en territoire ennemi. Deux minutes trente de pulsation militaire, de guitares acérées comme des lames de drones, de synthés abrasifs, de beats martelés à la microseconde. On ne danse pas sur ce morceau. On y avance. En rang. À la cadence imposée.
Dès les premiers échos de pas militaires — samples bruts ouvrant et refermant le morceau comme des barrières d’accès — on comprend que Heavy Machine Gun n’est pas là pour divertir. C’est un manifeste de pure tension. Une montée en puissance sans voix, sans refrain, sans issue. Chaque son a sa place dans la machine. Et la machine ne laisse aucune place au hasard.
Composé collectivement par le quatuor Leather Laces — _SHOE, DripString, Chokeloop et Slughair — le morceau fonctionne comme un organisme en mission. _SHOE impose la structure rythmique avec une précision mécanique, pendant que DripString noie les textures dans une saturation analogique rugueuse. Chokeloop joue sur les dynamiques comme un artificier, injectant des micro-décalages de tension, tandis que Slughair s’occupe de brouiller les lignes : modulations parasites, sons qui frôlent l’accident industriel.
Ce n’est pas du rock. Ce n’est pas de l’électro. Ce n’est pas une musique de club ni une musique de salon. C’est un terrain d’exercice sonique, un exutoire physique qui rappelle autant Ministry que Justice ou les phases les plus martiales de Nine Inch Nails. Un langage codé dont le rythme est la grammaire, le silence, l’ennemi.
Avec Heavy Machine Gun, Leather Laces pousse plus loin encore la logique déjà amorcée dans Rocket Launcher. C’est froid, hyper structuré, presque inhumain. Et pourtant, il y a une urgence profondément humaine sous cette carapace : celle de faire exister une musique qui ne laisse aucune place à la passivité.
Ce n’est pas à écouter. C’est à encaisser.À vivre comme un assaut.Et si possible, casque vissé, cœur prêt.
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août 8, 2025Quatre ans de silence, et soudain, la lumière bleue du téléphone éclaire à nouveau nos visages. Blonde Otter revient, non pas en terrain conquis, mais au bord du précipice, avec Your Number, un morceau aussi tendu qu’un fil de fibre optique entre deux solitudes. Il y a des come-back qui sentent le calcul, celui-ci pue la nécessité.
Le groupe, né dans le Bronx et affûté dans les caves de Brooklyn, nous balance un single comme on envoie un message à 3h du matin : mi-déclaration, mi-détresse, sans filtre. Your Number se love dans ce no man’s land émotionnel entre désir de contact et saturation numérique. C’est l’angoisse de la non-réponse, l’écho du « vu » sans retour, remixée en post-punk dansant.
Musicalement, on retrouve ce que Blonde Otter sait faire de mieux : des guitares anguleuses à la Talking Heads, une urgence rythmique empruntée à LCD Soundsystem, le tout enrobé dans une vibe indie-pop intelligemment lo-fi, où la mélancolie n’empêche jamais le corps de bouger. Le morceau grince, claque, halète. Il pulse comme un algorithme qui aurait appris à ressentir. Et Rob Falcone, bassiste et parolier principal, y chante avec une lucidité désabusée, une sorte de tendresse fatiguée pour notre monde hyperconnecté et désespérément seul.
Mais au-delà du commentaire social sur nos écrans omniprésents, Your Number dit aussi quelque chose de profondément intime : la difficulté de créer ensemble dans un monde qui ne laisse plus le temps à la création. Le morceau transpire l’urgence de se retrouver, de continuer, de faire du bruit quand tout pousse au silence.
C’est un retour amer, mais vibrant. Un groove comme une gifle douce. Une mélodie qui claque contre les parois d’un monde qui va trop vite. Blonde Otter revient, oui, mais avec des cernes et des choses à dire. Et Your Number en est la preuve brûlante, électrique, nécessaire.
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août 8, 2025Tu ne sais pas exactement quand ça commence, mais d’un coup tu te retrouves au volant d’une vieille voiture imaginaire, les fenêtres ouvertes, les cheveux dans le vent et le cœur rempli d’histoires que tu pensais avoir oubliées. Known 3 Yrs. Seen 24 Hrs., c’est ce genre de chanson. Une madeleine alcoolisée au goût de tequila, une lettre d’amour à l’insouciance étudiante, à ces amitiés borderline, aux rires qu’on n’a jamais pris la peine d’analyser.
Amy-Lin Slezak n’a pas besoin d’en faire trop pour convaincre. Elle débarque avec un sourire un peu cabossé, une voix qui flirte entre le clair et le rugueux, et surtout une capacité rare à tisser l’intime dans les mailles d’un vrai tube. On pense à Sheryl Crow, à Natalie Maines, à ces artistes qui ont su parler de leur vie sans jamais la réduire à une carte postale.
Ici, tout est joué live, senti, assumé : la guitare acoustique te prend par la main, la section rythmique t’embarque, le fiddle de Michael Cleveland te file la larme à l’œil sans même demander la permission. La production est limpide, chaleureuse, comme une fin d’après-midi trop longue qu’on n’a pas envie de voir se terminer.
Le morceau a cette chose qu’on appelle parfois « la vérité », mais dans une version douce, digeste, pleine de clin d’œil et de nostalgie sans pathos. C’est le souvenir d’un flirt jamais vraiment sérieux, d’un attachement éclatant de simplicité, d’une époque où aimer voulait dire partager une playlist et des secrets à demi-buvés.
Amy-Lin ne parle pas du passé comme d’un refuge. Elle le regarde avec tendresse, elle le chante avec justesse. Known 3 Yrs. Seen 24 Hrs. n’est pas une simple chanson de jeunesse : c’est un Polaroïd sonore, un petit miracle de sincérité porté par un groove solaire.
Et tu sais quoi ? T’as déjà envie de la remettre.
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août 8, 2025Ce n’est pas un album, c’est une dérive. Une traversée intérieure où chaque morceau agit comme un seuil, une chambre d’échos, un fragment de vérité qu’on murmure entre deux silences. True Stories… And Other Lies est taillé dans la matière même du doute, du souvenir, de la lucidité. PRYZME ne déroule pas une suite de titres, mais une suite d’instants, et chacun d’eux mérite l’écoute attentive qu’on réserve aux confessions les plus sincères.
Tout commence avec Echo of Silent Place. C’est une ouverture à la fois majestueuse et fragile, comme un lever de rideau sur un monde intérieur encore indistinct. Le morceau s’étire, respire, se déploie avec une lenteur calculée, construisant un espace où chaque instrument semble réfléchir à voix haute. La suite, Earth Song, donne la parole à la planète elle-même. C’est une chanson qui observe les ruines humaines avec une distance presque maternelle. Pas de jugement, juste un regard fatigué.
Avec End of the Anger, PRYZME met en musique la colère qui monte, puis se dissout. Funk, métal, envolées vocales débridées : le morceau est une météorite émotionnelle qui laisse derrière elle un cratère d’apaisement. Green Eyes arrive ensuite, comme un portrait en creux. Mélodique, presque pop dans son écriture, c’est une pause lumineuse dans un disque souvent tendu.
Reality of Dreams brouille les pistes. Est-ce le rêve qui révèle la réalité, ou l’inverse ? La musique flotte entre les plans, refuse la résolution, se contente de suggérer. Never Again, plus bref, tranche net. C’est un refus, une morsure. Quelques minutes suffisent à faire passer un sentiment d’urgence, d’ultimatum intime.
Enfin vient Silent Place. Douze minutes de respiration profonde. Tout ce que PRYZME est y trouve sa place : la maîtrise, l’émotion, la nuance, l’ambition sans arrogance. Ce n’est pas un final, c’est un départ. Une lente disparition dans le son, comme si le groupe laissait ses instruments parler pour ce qui ne peut plus être dit.
À travers ces sept pièces, PRYZME construit un langage propre. Une musique exigeante mais jamais hermétique, savante sans être distante. True Stories… And Other Lies est un disque qui demande du temps, mais qui le rend au centuple, en émotions et en élévations. Une œuvre rare, où chaque mensonge cache une vérité.
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août 8, 2025Il y a des disques qui atterrissent. Et puis il y a ceux qui orbitent. Rainbow Galaxy, le nouvel album de BOLIDDE, ne touche jamais vraiment le sol. Il flotte. Il trace son sillon dans un ciel saturé d’éclats électriques, de nappes synthétiques pastel, de riffs carnassiers et d’élans pop décomplexés. Un croisement entre un flipper stellaire et une confession sur ampli, un album comme une épopée spatiale à guitare tendue et cœur battant.
BOLIDDE, c’est ce genre d’artiste qui joue avec les codes sans jamais les réciter. Il n’a rien à prouver, juste tout à offrir. Depuis ses débuts solo en 2022 et ses partages de scène avec des légendes hexagonales comme Trust ou Bertignac, il taille une trajectoire à lui, entre rage contenue et mélancolie éclatante. Rainbow Galaxy est son manifeste le plus abouti à ce jour.
Dès Merry Go Round, single d’ouverture, la machine est lancée. Guitares vrillées, mélodie accrocheuse, tension montante — le titre est un manège émotionnel, entre euphorie et vertige doux. Puis vient Lea, plus intime, presque suspendue. Rainbow Galaxy, morceau-titre, brille d’un éclat rétrofuturiste, tandis que Hell In Paradise dégoupille une ballade vénéneuse, très power pop à l’ancienne.
Mr Tchain a des allures de personnage lynchien, Try My Love rejoue la séduction en mode rock FM 2.0, et Golden Age convoque les fantômes des années 80 dans une montée cathartique. Mention spéciale pour Questioning, qui ose le doute existentiel sur fond de claviers planants, et Odd Noises, ovni rythmique qui évoque les errances sonores d’un Bowie en mutation. L’album se referme sur Run Away, sorte de fuite en avant lumineuse, presque naïve, parfaite pour quitter l’atmosphère en douceur.
Dans Rainbow Galaxy, il n’y a pas de pastiche, juste une sincérité lucide, une envie furieuse de faire danser l’intime avec l’épique. BOLIDDE ne cherche pas à sonner comme quelqu’un, il cherche à sonner vrai. Et il y parvient, avec une maîtrise rare et une sensibilité toujours en éveil.
Un album à écouter comme on regarde un ciel étoilé : avec les yeux grands ouverts et un léger vertige dans la poitrine.
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août 8, 2025Tandis que le bitume fond et que les esprits surchauffent, un nouveau nom s’inscrit au fer rouge sur la scène rock britannique : Hot Work Permit. Leur premier single “Go Sign”, sorti le 24 juillet dernier sur Black Mark Recordings, claque comme un avertissement et une promesse – celle d’un rock qui groove, qui ose, et qui ne s’excuse de rien.
Dès les premières secondes, c’est un piège. Un riff de basse hypnotique, coulé comme de la lave lente, s’enroule autour de toi. Le tempo est lascif, presque insolent, porté par une batterie qui ne presse jamais, mais qui impose. Puis vient la voix de Mark Blackmore, entre fêlure soul et flamboyance glam, qui glisse vers un falsetto libérateur, presque extatique. On pense à Neil Young période Zuma, à Dinosaur Jr sous acide, et à ce vieux démon qu’était Paul Rodgers, quelque part entre le rugissement et la confession.
Mais “Go Sign” n’est pas qu’un exercice de style rétro-futuriste. C’est une chanson qui parle de jalousie, de cette obsession qui dégénère, de ces moments troubles où l’on confond passion et possession. Le tout dans une production signée Phill Brown — légende de l’ingé son passé par les studios de Talk Talk, Zeppelin ou Marley — qui donne à l’ensemble un grain à la fois vintage et férocement direct.
Ce qui frappe, c’est la maîtrise instinctive du morceau : tout est en tension. Chaque note semble contenir un combat intérieur, un refus de choisir entre violence et sensualité. Le groupe, formé en 2025, joue déjà comme un gang soudé par le feu. Leur identité est claire : un rock hybride, bardé de références mais fondamentalement libre. Aucun genre ne les contient ; ils les traversent avec panache.
Dans une époque où le rock peine parfois à se réinventer sans se parodier, “Go Sign” est un signal fort : Hot Work Permit est là pour remettre de l’âme dans la sueur, et du style dans la colère.Un premier pas brûlant, et déjà, l’envie furieuse d’entendre la suite.
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août 8, 2025C’est une nuit sans lune. Les cigales se taisent, le vent porte une odeur de terre brûlée et de bitume rêvé. Quelque part entre la réalité et le mythe, “Fires Of The Blue Moon”, le nouveau single du duo italien Medivh, surgit comme une incantation – une lame de feu dans l’obscurité. On pourrait croire à un mirage sonore, mais ce titre est bien réel, et il fait mal. Doucement. Comme un souvenir qu’on aurait préféré oublier.
Originaires d’un coin reculé de la campagne toscane, Emmanuele et Tommaso — frères dans la vie et dans le son — n’ont rien à envier aux figures tragiques du rock d’outre-Atlantique. Leur univers n’est ni rétro ni nostalgique. Il est écorché, futuriste, baroque, nocturne. Leur musique, née dans une pièce tapissée de câbles et de crépuscules, évoque tour à tour la rage tectonique de Nine Inch Nails, les vapeurs oniriques de Radiohead et les abîmes mélodiques d’A Perfect Circle. Mais réduire Medivh à ses influences serait une hérésie : ici, tout est personnel, viscéral, alchimique.
“Fires Of The Blue Moon” n’est pas un morceau. C’est une vision. Un paysage mental. Guitares saturées comme des prières hurlées, nappes électroniques ciselées comme du verre brisé, voix spectrale qui flotte entre douleur et extase. Le morceau oscille constamment entre tension extrême et apaisement fragile, comme si chaque note contenait une fin du monde en miniature. On y entend l’écho des longues nuits d’insomnie, des désirs inavoués, de la peur sourde de l’inconnu – ce “nocturnal” que le magazine RockIt décrivait si bien : “made of fear and unease, of an unknown glimpsed through the window.”
Ce feu bleu, c’est celui des âmes qui brûlent sans se consumer. Medivh ne chante pas pour briller. Il chante pour conjurer. Pour traverser. Pour survivre. Et il touche, dans cet acte de création brut et flamboyant, à une forme rare de beauté : celle qui ne cherche pas à plaire, mais à dire la vérité.
Alors, si vous avez un cœur assez grand pour y accueillir le chaos, laissez “Fires Of The Blue Moon” s’y engouffrer. Il y mettra le feu. Mais un feu qui éclaire.
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août 5, 2025Personne ne voit venir une chanson comme “Scansion”. Elle ne s’annonce pas, elle s’infiltre. Par le tambour du ventre. Par un balancement d’épaules. Par ce moment suspendu où le corps reconnaît un rythme qu’il n’a jamais entendu, mais qu’il semble avoir toujours connu. Exzenya ne compose pas de la musique. Elle invoque.
Dans “Scansion”, la grand-mère la plus redoutablement libre de la scène indé actuelle mêle les codes du latin pop, les échos de guitares électriques au bord du vertige, et les pulsations telluriques d’un monde qui danse malgré tout. Elle traverse les genres comme elle a traversé les pays, les amours, les blessures. Son chant n’est pas celui d’une débutante, c’est celui d’une survivante lucide, sensuelle, et dangereusement vivante.
Le titre, emprunté au lexique poétique, devient ici un manifeste. Lire entre les lignes ? Non. Écouter entre les battements. Exzenya scande, sculpte et scinde. Elle découpe le désir comme un vers libre, avec une maîtrise du souffle qui évoque à la fois la transe des Andes, le feu du flamenco, et le mysticisme d’un Santana halluciné sous pluie chaude. C’est à la fois brut et raffiné, ancestral et postmoderne.
Impossible de ne pas entendre aussi, entre les riffs percussifs et les syncopes charnelles, une déclaration d’indépendance. Une musique qui refuse de s’excuser d’être puissante. Ou féminine. Ou mature. Ou tout ça à la fois.
“Scansion”, c’est ce moment rare où la world music n’est pas une étiquette fourre-tout, mais un passeport vers une émotion totale. Exzenya ne fait pas le tour du monde : elle le porte en elle, et elle le chante. Avec des flammes aux talons et une clarté dans les yeux. À écouter seule, fort, ou à deux, très lentement.
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août 5, 2025Un matin, tu te réveilles, tu te prépares un chocolat chaud fade, tu penses à un caneton que t’aimais bien, à l’effondrement du monde et à ton reflet dans la glace qui a pris un coup dans la gueule. Tu ne sais plus très bien si tu rêves ou si tu as juste perdu le goût de comprendre. Tu mets ton casque. Et là, “Doesn’t Really Matter” de BARON’S te gifle doucement comme une caresse post-apocalyptique.
Le Baron de Vezeline et Freddy Kroegher, duo aussi improbable que parfaitement aligné dans leur folie, débarquent avec un hymne existentiel qui n’en a rien à foutre des hymnes. Ça suinte l’absurde, l’auto-dérision, le sarcasme élégant et la poésie des jours sans soleil. Quelque part entre glam déglingué, spleen burlesque et rock désinvolte, leur dernier single nous entraîne dans une spirale douce-amère où plus rien ne compte – sauf peut-être ce moment précis, cette écoute-là, maintenant.
La voix de Le Baron flotte comme une hallucination sur des arrangements lo-fi volontairement bordéliques, pendant que Freddy, en sorcier sonore passé par les coulisses de Terrenoire, fout un vernis de grandeur sur ce désenchantement théâtral. Et puis il y a le clip, tourné sans IA, sans tricherie, sans effet superflu : du brut, du vrai, du vivant qui meurt aussi, entre bourdons crevés et chats fantômes. Une offrande pour les nostalgiques de l’organique.
Avec “Doesn’t Really Matter”, BARON’S ne cherche ni à convaincre ni à plaire – ils imposent une esthétique de la perte de sens qui sonne comme la seule réponse honnête à notre époque. Tu peux danser dessus ou pleurer dans ton lit : dans les deux cas, c’est réussi.
Leur album Kind and Rough s’annonce comme un carnage sensuel. Et franchement, on n’est pas prêts.
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août 5, 2025Un premier album comme une catharsis, un exutoire solitaire, une prière sans paroles. Impulse Nine, alias Steve, musicien autodidacte de Tucson, livre avec NOTHING IS EASY un disque entièrement instrumental, qui refuse la facilité du verbe pour mieux convoquer le langage brut des textures, des larsens et des silences. Un album pour les nuits trop longues et les deuils qui n’en finissent pas. Pas de refrains faciles ici, juste des morceaux de vie, comme autant de strates géologiques gravées à même la bande.
https://impulsenine.bandcamp.com/album/nothing-is-easy
Dès I’m Sorry About Your Everything, on sent que quelque chose a brûlé longtemps sous la surface. Ce n’est pas une intro, c’est un aveu. Long, cinématographique, presque post-symphonique. Un morceau qui semble marcher lentement dans un champ de ruines affectives, entre les claviers qui vacillent et une guitare qui respire à peine. C’est le dernier morceau que son père ait entendu. Rien que ça.
“A Wake” pousse le volume et l’ampleur. Drones, arpèges répétitifs, une basse au groove contenu comme un cœur sous calmants. Quelque part entre le shoegaze et le post-rock, le titre construit patiemment sa tension avant de l’éclater dans un final libérateur, dansant sans être joyeux, puissant sans être lourd.
“Heavy Metal Mama”, plus direct, célèbre sa mère, officier militaire, en lui offrant une guitare fuzzy et compressée, nerveuse comme un solo de Thurston Moore enfermé dans un ascenseur. Ça tient à peine deux minutes quarante-six mais ça fait mal au ventre. C’est un hommage tout sauf triste, porté par l’énergie brute et l’imperfection assumée du lo-fi.
Puis vient “Fireflies”, capté sur un téléphone, dehors, avec les cigales, le sèche-linge et les fantômes. Une ballade cassée, pleine de soupirs harmoniques et de craquements de bande, comme un enregistrement oublié redécouvert dans une boîte en carton. On y entend la maison. On y entend l’absence.
“All-Nighter”, pièce centrale, déploie ses six minutes comme un souffle profond. Les textures se superposent, lentes, insistantes, jusqu’à l’asphyxie douce. Quelque part entre Mogwai et Mono, sans jamais verser dans le cliché post-rock : ici, le crescendo est moins une mécanique qu’un chemin intime, un appel à rester debout quand on voudrait s’effondrer.
“Heat” arrive ensuite comme une hallucination de milieu de désert. Les guitares se frottent au soleil, ça grince, ça crépite, on a l’impression de fondre avec elles. Il y a dans ce morceau quelque chose de volontairement abrasif, comme une brûlure contrôlée. C’est court, c’est sec, c’est chaud.
Puis l’incertitude. “It Might Be Fine (But I Just Don’t Know)”. Ici, Steve semble hésiter. La basse, influencée par Adam Clayton (U2), groove en 8e obstinée, pendant que des textures shoegaze se faufilent en arrière-plan. Pas de certitudes, juste cette tentative honnête de ne pas sombrer, même sans réponse claire. Un morceau profondément humain dans sa construction hésitante.
Et pour finir, l’épopée. “Shadow Over Johnny Ringo’s Grave” est un western mental, un duel entre silence et fuzz, une chevauchée post-apocalyptique vers la tombe d’un hors-la-loi. Il y a du Radiohead, du Moby, du Morricone dans ce morceau. Mais surtout, il y a Steve. Celui qui a passé 20 ans à douter, et qui ici, ose tout mettre sur la table.
Avec NOTHING IS EASY, Impulse Nine offre une œuvre rare : une autobiographie musicale sans mots, où chaque note semble contenir plusieurs vies. C’est un disque qui ne cherche pas à séduire, mais à consoler. Pas à briller, mais à brûler doucement. À écouter seul, fort, en entier. Parce que rien n’est facile. Mais tout, ici, est vrai.
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août 5, 2025Il y a des chansons qui ne cherchent pas à impressionner, et c’est précisément ce qui les rend essentielles. Such Fun, le premier single véritablement écrit et produit par Clay Goodman, jeune artiste de Wise, petite ville ancrée dans les Appalaches américaines, est une capsule d’innocence désabusée, pleine de charme brut et d’un spleen adolescent jamais tout à fait digéré.
Pas de studio tapissé de platines dorées, pas d’algorithmes dopés pour l’autotune. Ici, tout est fait maison — dans un bureau transformé en home-studio, entre quelques panneaux acoustiques bancals et des rêves de vinyles. Goodman y joue tout ou presque : voix, guitare, basse. À l’ancienne, comme les disques qu’il chérit. On pense à l’ombre de Lennon, aux ritournelles de Slow Pulp, au sarcasme tendre d’un Elliott Smith passé par le Midwest.
Such Fun n’est ni cynique, ni euphorique. C’est une chanson de fin d’après-midi passée à rêver d’un ailleurs en pliant des jeans dans l’arrière-boutique d’un magasin de fringues. Une pop bancale mais sincère, le genre qu’on met sur repeat sans vraiment s’en rendre compte. La mélodie est accrocheuse sans faire la maligne. On l’écoute comme on ouvrirait un vieux journal intime, avec ce mélange de gêne et de nostalgie.
Et puis il y a cette honnêteté maladroite qui transpire à chaque instant. Pas d’obsession pour le « parfait », mais une foi tranquille dans la musique comme refuge, comme moyen d’échapper à une réalité trop étroite. Goodman n’a pas encore de scène, mais il a une voix, un regard, et cette capacité rare à transformer l’ordinaire en terrain de jeu musical.
Such Fun n’est pas qu’un titre ironique, c’est une promesse floue — celle d’un artiste qui, à force de bricoler ses refrains, pourrait bien finir par capturer un bout de vérité.
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août 5, 2025Il avance masqué, mais jamais à l’aveugle. Daddy Drwg — alter ego rugueux de Richard Proctor, sorte de Tom Waits élevé à l’ironie galloise — signe un retour aussi mordant que stylisé avec Wise Guys, une fresque grinçante et dansante sur la vacuité masculine. Pas besoin de gants blancs : le morceau cogne, raille, démasque. Il parle de ces types trop sûrs d’eux, trop bruyants, trop persuadés d’avoir tout compris — jusqu’au jour où le monde se tait autour d’eux.
Sur une rythmique qui frappe sec, tendue comme un muscle de baroudeur en carton, Daddy Drwg fait de sa voix une arme blanche. Il ne crie pas, il découpe. Avec des mots taillés comme des rasoirs, il fait tomber le masque des pseudo-génies, des hommes d’affaires à la virilité de vitrine, des mecs qui confondent pouvoir et panique.
Mais Wise Guys n’est pas une moquerie gratuite. C’est une danse macabre sur les cendres de l’orgueil, un morceau qui glisse du sarcasme à la mélancolie sans prévenir. Au milieu de la satire, une phrase fend la cuirasse : « I know you feel the sunlight fading… ». Ce n’est pas un pardon, c’est une piqûre de rappel. Que même les plus bruyants finissent seuls, et que l’arrogance est souvent une forme d’appel à l’aide mal déguisé.
Le clip, quant à lui, pousse encore plus loin le malaise. Véritable collage de masculinités toxiques, de citations déterrées et de vérités qui grincent, il tient autant du documentaire que du clip satirique. Daddy Drwg y montre une conscience politique rare, une capacité à rire tout en désarmant. Il ne donne pas de leçon — il vous tend votre propre reflet.
Wise Guys est une chanson pour ceux qui en ont marre d’entendre les mêmes voix dans les mêmes salles de réunion. Pour ceux qui savent que l’ego est une coquille vide qui fait beaucoup de bruit. Et pour ceux qui n’ont jamais eu peur de vieillir, tant qu’ils ne vieillissent pas seuls.
Un morceau comme une claque, qui laisse des marques élégantes. Daddy Drwg n’est pas là pour plaire. Il est là pour dire. Et il le fait avec panache.
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août 5, 2025Un souffle traverse Columbus, Ohio. Pas celui du Midwest résigné, mais un courant électrique, traversé d’ombres et d’éclats. The Theos Variant, duo aussi discret qu’intensément viscéral, débarque avec Beacons, et ce n’est ni une chanson ni un single. C’est une balise. Une flamme posée dans le noir, pour ceux qui n’ont plus de main à tenir, plus de voix pour appeler.
Dan Lentz chante comme on exhume une mémoire trop lourde, comme on se redresse dans un lit où plus personne ne dort. Sa voix, loin d’être une performance, est une présence : rugueuse mais pas brutale, retenue comme si chaque mot risquait de casser. Derrière lui, Geoff Haught étire l’espace, le distord, le reconstruit. Guitares à ciel ouvert, reverb chirurgicale, textures électroniques qui s’effondrent doucement — on pense à un post-rock contenu dans une boîte à secrets, ou à du Tool passé sous valium orchestral.
La production, ample mais intime, fait l’effet d’un tunnel vers quelque chose de plus grand que soi. Rien de démonstratif : Beacons n’est pas là pour impressionner. Il cherche à réconcilier le bruit et la tendresse, les cicatrices et les cris retenus. Le mix, signé par Benedikt Hain, donne aux silences le droit d’exister. C’est rare.
Dans cette époque saturée de tubes jetables, le morceau détonne par son intensité retenue. Il avance comme une promesse jamais formulée, comme une main posée sur l’épaule sans un mot. Les influences (Karnivool, A Perfect Circle, voire les crescendos éthérés d’un Breaking Benjamin minimaliste) s’y devinent, mais ne dictent rien. Ici, tout est digéré, réinterprété, puis relâché dans l’air comme un dernier souffle.
Beacons est un titre d’outre-chagrin. Le genre de chanson qu’on écoute seul, dans une voiture arrêtée sur le bord d’une route, sans savoir si on est encore perdu ou déjà sur le retour. Une offrande pour celles et ceux qui tiennent encore debout pour les autres. Pas parce qu’ils le veulent. Parce qu’ils n’ont pas le choix.
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juillet 28, 2025Pas besoin d’attendre la fin du monde quand on a déjà le chaos entre les deux tempes. Monster Mind de WizardX s’ouvre comme une déflagration mentale, un cri distordu lancé contre les murs invisibles de l’angoisse moderne. On pense à un croisement entre les premières sueurs froides de Muse, la rage retenue de Nothing But Thieves, et les textures gothiques d’un Queens of the Stone Age plus cérébral. Mais l’univers ici est bien à WizardX — viscéral, labyrinthique, hanté par une tension permanente.
Guitares stridentes comme des alarmes internes, batterie syncopée qui cogne comme un cœur en panique, et une voix qui navigue entre clarté douloureuse et fureur contenue : le morceau est taillé comme un champ de mines émotionnelles. Les refrains explosent, les couplets rampent, et dans cette alternance surgit un malaise familier, presque confortable : celui de penser trop fort, trop vite, trop loin.
La production, brute sans être crade, laisse respirer chaque instrument tout en maintenant une pression constante. Rien n’est là pour séduire — tout est là pour secouer. On sent que Monster Mind a été écrit dans une pièce trop sombre, entre deux insomnies, mais avec une lucidité tranchante. C’est un rock qui n’a pas peur de l’introspection, un morceau qui transforme l’overthinking en arme de destruction lyrique.
À une époque où l’on maquille la douleur sous des filtres, WizardX préfère lui donner une bande-son. Et franchement, on aurait tort de s’en priver.
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juillet 27, 2025C’est un titre comme une claque. Un doigt tendu en plein milieu de l’arène, là où les vérités supposées s’écrasent sous les slogans et les certitudes tweetées. What You Think You Know But Isn’t So n’est pas une chanson : c’est un crachat sonore lancé au visage d’un monde post-COVID saturé de débats creux, d’experts YouTube, et d’arguments en mousse. Jason Vander Griendt, alias ++ Ultra, y crache sa colère comme d’autres gravent des manifestes.
Dès les premières secondes, le morceau impose un riff massif, bourdonnant, presque suffocant — quelque part entre le stoner des Queens of the Stone Age et la désillusion crue de Soundgarden. Pas de fioritures : la gratte est sale, rugueuse, compressée jusqu’à saturation comme un fil d’actualité trop long. La basse, elle, vrombit comme un moteur de tank en descente libre, et la batterie — digitale mais violemment crédible — cogne avec la régularité d’un marteau-piqueur, rappelant la mécanique militaire du hard rock des années 2000.
La voix de Vander Griendt, saturée, presque enfouie sous les couches de guitare, ne cherche pas la clarté mais la conviction. Ce n’est pas le chant d’un crooner — c’est celui d’un homme qui a passé trop de temps sur Reddit, qui a trop écouté les débats absurdes entre complotistes et « scientifiques de balcon », et qui a décidé de balancer tout ça dans un gros mur de son. Un « je vous emmerde » au format WAV.
Le morceau joue sur une structure simple — couplets tendus, refrains explosifs, break noise à mi-parcours — mais c’est cette répétitivité qui fait son efficacité. Il y a dans l’intention une sincérité punk, une envie de tout dire sans chercher à plaire. C’est un rock sans maquillage, enregistré dans une chambre, avec des plugins, de la sueur, et probablement pas mal de frustration. Et ça s’entend.
Au-delà du pur coup de gueule, ce morceau interroge aussi la frontière entre l’information et l’opinion, entre ce que l’on croit savoir et ce que l’on répète sans vérifier. Loin d’être un pamphlet anti-science, What You Think You Know But Isn’t So est un miroir tendu vers notre propre confusion, amplifié par des décibels et une honnêteté brute.
++ Ultra ne cherche pas à faire consensus. Il fait du rock comme on ouvre un journal intime en criant dedans. Et dans ce chaos trop cohérent pour être ignoré, il y a quelque chose de libérateur. Une rage salutaire, à condition de l’écouter jusqu’au bout.
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juillet 21, 2025Dans les ruelles bétonnées de Berlin, des vibrations sourdes montent du sol, comme le dernier souffle d’un monde en décomposition. Les machines s’emballent, les lumières vacillent. Ragnarök in Berlin n’annonce pas la fin, il la documente, morceau après morceau, comme un carnet de guerre sonore écrit par les survivants. Nordstahl signe ici un album-concept d’une intensité rare, où la mythologie nordique devient une grille de lecture pour nos failles contemporaines.
Midgards Schlaf ouvre les hostilités. C’est un grondement lent, une terre qui dort pendant que ses fondations se fissurent. Les guitares saturées se mêlent à des nappes orchestrales, une lente montée de tension qui fait peser l’inertie collective comme une chape de plomb.
Puis Ragnarök in Berlin explose. Berlin est le champ de bataille, ses clubs désaffectés deviennent des temples de fer où résonnent riffs martiaux et rythmes mécaniques. La colère prend forme, transpercée par des synthés stridents qui sonnent comme des alarmes dans la nuit.
Dans Bifröst brennt, la passerelle des dieux est réduite en cendres. La musique se fait incandescente, les mélodies se désagrègent dans des percussions martelées, comme un pont en flammes sous les pieds des fuyards.
Mjölnir fait résonner le marteau de Thor, non pas comme une arme triomphante, mais comme un poids muet, témoin d’un courage qui n’a jamais frappé. La basse ronfle, la voix gronde, chaque riff est une claque à la résignation.
Avec Jörmungands Kreis, Nordstahl enferme l’auditeur dans une spirale hypnotique. Le serpent du monde se mord la queue, et la musique épouse ce mouvement circulaire : répétitive, suffocante, inévitable.
Lokis Lügen recrache le venin des mensonges modernes. La voix, d’abord feutrée, devient incantatoire, se superposant à des couches de guitares acides et de beats qui claquent comme des fouets.
Enfin Friggs Falscher Trost ferme le cortège comme une berceuse empoisonnée. Sous des mélodies presque apaisantes, un grondement persiste, rappelant que ce réconfort est une illusion, un leurre pour endormir une société qui s’effondre.
Avec cet album, Nordstahl ne se contente pas de faire du metal industriel. Il bâtit une œuvre totale où la mythologie devient un miroir, où chaque morceau tend à réveiller un public trop longtemps anesthésié. La production, massive sans être clinquante, évoque Rammstein pour la puissance, Einstürzende Neubauten pour la radicalité, mais la voix en allemand et la cohérence conceptuelle donnent à Ragnarök in Berlin une identité propre. C’est un disque qui ne cherche pas le confort. Il ébranle, il réveille, il force à regarder l’incendie en face.
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juillet 21, 2025Chania, Crète. Une terrasse balayée par le vent, des guitares à douze cordes posées à même le sol, un ciel d’encre qui annonce la pluie. C’est là que Stray Blue a souvent trouvé refuge pour réapprendre à jouer, à respirer, à rêver. Vingt ans après la première ébauche de Wake Up & Smile, le trio grec revient avec une version acoustique qui n’a rien d’un simple dépouillement : c’est un retour à la source, une épure qui révèle la fibre intime de leur écriture.
Nick Anastasakis, fondateur et voix de Stray Blue, y distille une sagesse douce-amère, comme si les années passées entre New York et Los Angeles, entre scènes mythiques et silences imposés, avaient poli son timbre jusqu’à en faire un outil de confession. Aux côtés de George Athanas (basse, voix) et George Papazoglou (batterie), il tisse une toile sonore qui mêle nostalgie et lumière, où chaque note de guitare semble effleurer la peau.
Le titre éponyme, Wake Up & Smile, est un baume : arpèges délicats, souffle feutré, et ce refrain murmuré qui semble adresser au monde une prière simple mais puissante. Entre folk et indie, le morceau appelle à la résilience, à l’acceptation de ce qui est, à la joie ténue de l’aube après la tempête.
En contrepoint, Moody Sky, avec le violoncelle envoutant de Yoed Nir, plonge dans une mélancolie plus dense. Le morceau se déploie comme un ciel changeant au-dessus de la mer Égée, les harmonies vocales et les cordes dialoguant en vagues successives, jusqu’à ce que l’émotion déborde.
La production, signée Angelos Evangelou au Playshop Studio, capte l’essence du trio : une sincérité brute, une chaleur organique qui fait vibrer les silences entre les accords. Ici, pas de grandiloquence. Tout est dans la retenue, dans la respiration, dans ce choix de laisser le bois des guitares et les voix nues porter le récit.
Wake Up & Smile – Acoustic Version est plus qu’une relecture. C’est une carte postale sonore venue d’un groupe qui a su vieillir sans se trahir, en restant fidèle à sa philosophie : la musique comme un langage universel, capable de réunir les âmes dispersées. Un rappel, dans un monde bruyant, que parfois il suffit d’un sourire au réveil pour que la journée reprenne des couleurs.
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juillet 21, 2025Dans un coin reculé du Minnesota, loin des clubs de jazz saturés et des lumières urbaines, quatre musiciens ont installé leur campement sonore. Là, entre des cabanes de bois et la respiration d’une forêt glacée, Knife Emoji a donné naissance à un morceau qui ne ressemble à rien de connu. « The Laboratory » porte bien son nom : un espace d’expérimentation radical où chaque bruit du monde extérieur devient matière première, chaque silence une invitation au vertige.
La genèse de ce titre a tout d’un exil volontaire. Daniel Rosen, épuisé par une décennie de tournées jazz, a voulu déprogrammer ses réflexes, oublier les grilles harmoniques, réapprendre à écouter. Autour de lui, Joshua Parlanti, Taylor James Donskey et Ryan Vee n’ont pas cherché à imposer une structure. Ils ont préféré laisser les éléments décider : des rafales de vent captées en plein enregistrement, des vagues heurtant les rives du lac, des froissements de branches que le micro attrape comme des confidences. À cela s’ajoutent des percussions bricolées sur des morceaux de chair crue, des guitares douze cordes en accordages improbables et des synthés ondulants qui rappellent les premières explorations d’Animal Collective.
« The Laboratory » n’avance pas en ligne droite. C’est un organisme sonore qui respire, se contracte, se dilate, déroutant l’oreille avant de l’envoûter. À chaque écoute, le morceau semble muer, dévoilant de nouvelles strates, des harmonies vocales éthérées, des grondements subsoniques à peine perceptibles. Là où certains auraient tenté d’apprivoiser ce chaos, Knife Emoji choisit l’abandon, laissant la musique se construire d’elle-même, comme une entité autonome.
On pourrait évoquer Grizzly Bear pour cette sensualité feutrée, ou la période la plus sauvage de Radiohead pour cette liberté formelle, mais la comparaison s’arrête là. Knife Emoji ne cite pas, ne pastiche pas. Le groupe sculpte un univers sonore qui lui est propre, un monde où la frontière entre organique et électronique devient indiscernable.
Dans un paysage musical saturé de productions aseptisées, « The Laboratory » résonne comme un rappel viscéral : la musique, lorsqu’elle est arrachée au confort, peut redevenir un acte vital, presque animal. Knife Emoji proposent une expérience immersive où perdre ses repères est non seulement inévitable, mais nécessaire.
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juillet 21, 2025À la première écoute, Fountains déploie un charme immédiat, comme une carte postale sonore venue d’un autre temps. Entre la chaleur analogique d’un vibraphone, les nappes synthétiques au parfum de Devo ou de Tears for Fears, et les guitares fuzzy bricolées dans un sous-sol, le morceau de LunaRover pourrait aisément tourner sur un walkman usé, en bande-son d’un été passé à fuir ses propres souvenirs.
Kevin Rieth et Ben Pelletier, les architectes de ce projet né à Silver Spring, Maryland, ne cachent pas leurs influences. On y devine les mélodies ciselées des Beatles, la flamboyance mélancolique de M83, et cette capacité très War On Drugs à capturer l’éphémère. Mais Fountains ne se contente pas d’un simple pastiche nostalgique : il y a ici une intimité désarmante, une fragilité contenue dans chaque ligne de chant, un texte qui parle d’effondrement et de reconstruction. Car derrière la luxuriance sonore, c’est un cœur recousu qui bat : celui de Rieth, dont la rupture amoureuse sert de catalyseur à ce récit musical.
L’histoire de la chanson, comme son processus d’enregistrement, relève d’un véritable artisanat. Réalisée pièce par pièce dans les studios bricolés des deux musiciens, elle se nourrit d’objets trouvés et d’expérimentations spontanées : un orgue à anche chiné pour 10 dollars qui devient l’épine dorsale du refrain, une guitare saturée via un vieux magnétophone 4 pistes, et même les mystérieux quindar tones – ces bips spatiaux caractéristiques des communications NASA – qui ouvrent le morceau. Ces détails confèrent à Fountains une profondeur texturale rare, où chaque couche semble symboliser un fragment de mémoire ou d’émotion.
Ce n’est pas un hasard si LunaRover reste pour l’instant un projet de studio : leur musique a quelque chose de contemplatif, de cinématographique, qui semble faite pour résonner dans des espaces intérieurs autant que dans nos écouteurs. Fountains est de ces titres qu’on rejoue en boucle, comme pour retrouver l’étreinte d’un souvenir qu’on n’est pas encore prêt à lâcher.
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juillet 21, 2025Certains morceaux donnent l’impression de surgir d’une nuit sans sommeil. Pas besoin de préambule, le riff de guitare vous attrape à la gorge, sec et légèrement râpeux, tandis qu’une ligne de basse, discrète mais entêtante, vibre sous la peau comme une pensée obsédante. Your Own Rules existe comme une évidence brutale, une injonction douce à larguer les amarres.
Dans cette montée en tension, on sent l’héritage des grands songwriters américains, ce folk-rock qui puise sa force dans la simplicité, mais refuse la complaisance. La voix se glisse entre les instruments avec une précision désarmante. Pas d’effet, pas de faux-semblant : un grain un peu éraillé, une fragilité qui s’assume, et cette capacité rare à retenir l’explosion jusqu’au moment exact où elle devient nécessaire.
La production mise sur la clarté et l’espace. Chaque silence est un battement de cœur suspendu. Quand la guitare électrique vient colorer l’arrière-plan, elle ne déborde jamais. Elle souligne la tension latente, comme une menace qui plane mais ne s’abat pas. La batterie, elle, pulse avec une régularité hypnotique, refusant la démonstration pour mieux ancrer le morceau dans une progression presque hypnotique, comme la voix de la chanteuse lead qui nous guide dans cette liberté autoproclamée.
En somme, on entend dans Your Own Rules le désir de s’extraire des carcans, de réapprendre à respirer en dehors des normes, de réécrire sa propre loi, quitte à marcher seul. Et dans un monde où tout semble exiger qu’on se conforme, cette énergie douce et brute est précieuse. Quand les dernières notes se dissolvent, il ne reste qu’un silence chargé, une chaleur sous la peau, et cette étrange envie de tracer sa route, coûte que coûte.
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juillet 21, 2025Ça démarre avec une énergie qui vous attrape d’emblée, une guitare qui se balade nonchalamment sur un groove bluesy, la batterie qui pulse comme un cœur tranquille, et cette voix, pleine d’une chaleur presque contagieuse. Irjentwat is’ immer, traduction malicieuse de “y’a toujours un truc”, n’est pas une plainte. C’est une constatation chantée avec humour, comme une tape amicale dans le dos après une journée où tout est allé de travers.
La production est volontairement brute, sans vernis inutile. Chaque instrument respire. La basse ronde et caressante se mêle à la guitare qui frôle le rock’n’roll vintage, et le chant joue avec les nuances, oscillant entre tendresse et autodérision. Il y a dans le morceau une élégance désinvolte qui rappelle le meilleur du blues américain, mais avec cette touche européenne de légèreté qui transforme la mélancolie en sourire.
Les refrains sont accrocheurs, portés par une mélodie qui semble avoir été pensée pour les routes de campagne et les ciels d’été. Le morceau prend soin de ne jamais verser dans l’excès. Pas de solo interminable, pas de grands éclats : juste une ligne claire, une invitation à se laisser porter, à relativiser.
À la fin, Irjentwat is’ immer ne vous laisse pas indemne. Il vous donne envie de rire de vos petites catastrophes, de hausser les épaules face aux imprévus. Ce n’est pas seulement une chanson, c’est un état d’esprit. Et dans un monde qui semble parfois étouffer sous sa propre gravité, Svarp The Harp signe là un antidote discret mais redoutablement efficace.
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juillet 21, 2025C’est un disque qui ne se contente pas de commencer, il te dévore. Un disque qui sent la colle de photocopieuse, la bière éventée et le cuir trop usé des banquettes de bar. The Stolen Moans, ce trio transatlantique Los Angeles-Dublin, posent avec Elbows Don’t Have Eyes un manifeste sonore : treize morceaux comme treize coups de feu dans un hangar vide, treize miniatures de chaos, de désir, d’espoir tordu.
Prelude (TC) ouvre comme une respiration humide. Une minute douze de nappes inquiétantes, comme une porte grinçante sur un monde alternatif. C’est la salle d’attente avant la tempête. On sent déjà que la suite sera sans pitié.
The King of Claws arrive en embuscade avec des riffs tranchants, une batterie martiale qui donne envie de sauter dans la fosse. L’énergie est animale, viscérale. Il y a dans ce morceau une odeur de sang et de peinture noire, un cri pour reprendre le pouvoir.
Puis MORE surgit, court et nerveux. C’est une injection d’adrénaline, un besoin urgent de “plus” – plus de bruit, plus de chaleur, plus de tout – dans un monde qui ne donne que des miettes.
Damned Sweet joue la carte du contraste : une douceur apparente qui cache une colère sourde, une mélodie presque pop noyée sous des guitares qui grincent comme des néons sur le point d’exploser.
Avec Trees V3, on entre dans une ambiance plus aérienne. Un répit trompeur où la voix se fait presque caresse, mais la tension est là, prête à jaillir. C’est la chanson qui ressemble à un lendemain de tempête, quand tout est calme mais que l’air sent encore l’orage.
Bard-Inspired Treachery, Chaos & Heartbreak porte bien son nom. Ce morceau est un tourbillon : batterie en furie, voix en écho, riffs déchiquetés. C’est l’équivalent sonore d’une dispute qui finit en baiser brutal.
Falling Into surprend par sa retenue, sa lenteur hypnotique. On flotte dans une semi-conscience, une rêverie inquiétante où les harmonies semblent se fissurer à mesure qu’elles montent.
Our Song est le moment le plus lumineux du disque, mais d’un éclat fragile, comme une ampoule prête à rendre l’âme. C’est une chanson d’amour déviant, une ballade qui refuse d’être sage.
Pu Num Tu sonne comme un rituel. Une rythmique tribale, des voix qui se chevauchent, une montée d’angoisse qui bascule en transe. On n’écoute pas ce morceau, on le subit, on le vit.
Avec Morning Scars, les Stolen Moans livrent leur pièce maîtresse. Six minutes trente-cinq de montée en puissance, une odyssée sonore où chaque instrument semble respirer, hurler, s’effondrer. C’est beau et effrayant.
Dada Catapult relance la machine dans un éclat dadaïste jouissif. Un chaos organisé qui sent le collage punk, la provocation gratuite, mais aussi l’art qui se fout des règles.
I’m a Crow est presque chamanique. La voix se fait incantation, les guitares grondent comme un orage qui refuse d’éclater. C’est le morceau qui te hante après la première écoute.
Enfin Epilogue (TBC) ferme le bal. Une conclusion brève, étrange, comme une caresse post-traumatique. Pas vraiment un apaisement, plutôt une promesse : ça n’est pas fini.
Dans Elbows Don’t Have Eyes, les Stolen Moans ont réussi à capturer le tumulte d’une époque. C’est un disque sans concessions, qui passe du garage punk au gothique post-industriel, de la tendresse au cri de guerre. Un patchwork qui devrait s’écrouler sous son propre poids mais qui, au contraire, tient debout par la rage et la poésie.
On sort de là un peu sonné, un peu amoureux. Et on sait qu’on va y retourner, encore et encore.
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juillet 21, 2025On y entre comme dans une friche industrielle au petit matin, les murs suintant encore de chaleur après une nuit d’incendie. Les guitares crissent à peine, elles suintent, sales et fragiles, pendant que des synthés glacés viennent lécher les cicatrices laissées par les coups de butoir des batteries. Dans EŠTE NIE SME STRATENÍ, Juraj Péč, alias MARS_999, fait de la musique non pas pour consoler, mais pour réveiller les corps engourdis, pour rappeler que même les ruines peuvent vibrer.
Ce morceau est une tension permanente, une corde raide entre post-punk et euphorie pop, entre l’ombre des hangars soviétiques et une lumière presque naïve, fragile, qui s’infiltre à travers les toits éventrés. La voix de Péč, granuleuse, à la fois lointaine et brûlante, ne raconte pas une histoire : elle la recrée à chaque syllabe, dans cet espace suspendu où la douleur devient beauté et où la beauté se fait tranchante.
Et puis il y a ce clip, création hybride où l’intelligence artificielle s’effondre et renaît sous la direction de Péč. Les visages se déforment, les couleurs bavent comme des sérigraphies Warhol oubliées sous la pluie, les portraits de Micha Líner se fondent en spectres numériques. Ici, la technologie ne remplace pas l’humain. Elle l’augmente, le trouble, le rend encore plus terriblement présent.
EŠTE NIE SME STRATENÍ est une expérience totale, une chambre d’écho pour nos peurs, nos espoirs, notre rage rentrée. Péč y sculpte une matière sonore qui ne cherche pas à plaire mais à transpercer. Comme un dernier signal lumineux envoyé à un monde en train de s’éteindre, il murmure qu’il reste peut-être un peu de beauté, là, dans les interstices. Qu’on n’est pas encore tout à fait perdus.
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juillet 17, 2025Dans une petite pièce chaotique, quelque part à Barry, South Wales, un homme seul branche sa guitare, fait hurler son ampli et appuie sur « record » avant que la magie ne s’évapore. C’est là que Amulet est né, un titre qui résonne comme un talisman confectionné à la main, entre instinct brut et poésie électrique.
The7thGatekeeper n’est pas un inconnu pour ceux qui suivent l’underground gallois : multi-instrumentiste, producteur autodidacte, il se nourrit autant de la rage du metal que de la fièvre garage de Queens of the Stone Age ou des fulgurances de Jack White. Mais ici, il délaisse ses penchants les plus lourds pour livrer une pièce à l’énergie crue, presque primitive, qui semble capturer la chaleur d’un garage imaginaire où la musique devient un exutoire pur.
Le morceau s’inspire d’une nouvelle de Thomas Morris et ravive cette étincelle d’espoir et d’émerveillement enfantin qu’on croyait perdue. Les riffs claquent comme des portes qu’on ouvre en grand, les percussions rugissent avec l’urgence d’un cœur battant à cent à l’heure, et la voix, à la fois fragile et déchaînée, guide l’auditeur dans ce rituel rock aux allures de confession intime. On sent que chaque prise a été conservée dans sa nudité, sans retouches superflues, pour préserver la fulgurance de l’instant.
Masterisé par Romesh Dodangoda (Longwave Studios), Amulet conserve pourtant une profondeur sonore qui sublime sa rugosité. Ce n’est pas un rock poli pour les charts, mais un bijou brut qui palpite dans la paume de votre main. Comme son nom l’indique, il a quelque chose de protecteur et de mystique : une chanson comme un grigri qu’on porte pour se rappeler que la lumière peut jaillir du chaos.
À l’heure où la plupart des productions rock se parent de vernis synthétique, The7thGatekeeper revendique l’imperfection comme une force et laisse ses failles chanter. En attendant un second album prévu pour la fin de l’année et des concerts potentiels, Amulet s’impose déjà comme une promesse : celle d’un artiste qui refuse la tiédeur et continue d’explorer toutes les nuances de son ADN sonore.
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juillet 17, 2025À l’écoute de Reverse, une étrange sensation d’apesanteur vous envahit. Comme si Joshua Scurfield, cerveau solitaire de Shockpowder, vous tirait doucement vers un autre plan d’existence — celui où l’air est lourd d’électricité statique, où chaque pas résonne à rebours, où même les souvenirs semblent s’effacer à mesure qu’ils se dessinent. Il y a dans ce morceau une beauté douloureuse, presque insoutenable, comme ces rêves où l’on court en arrière, prisonnier d’une boucle qui refuse de se briser.
Dès les premières secondes, la voix émerge, fragile, presque étouffée, posée à même la surface d’un océan de guitares saturées. Ces guitares ne se contentent pas d’accompagner : elles ondulent, elles grondent, elles forment une mer mouvante sur laquelle la mélodie dérive. On sent l’héritage du shoegaze, mais ici la brume n’est pas douce, elle est acide. Elle racle la gorge et pique les yeux, rappelant les brûlures intérieures de Slowdive ou la densité rêveuse d’Alcest.
La production, signée Scurfield lui-même, est volontairement granuleuse. Chaque couche semble avoir été sculptée dans le souvenir — un souvenir que l’on tente d’effacer, sans jamais y parvenir. Les 808 profondes, les distorsions maîtrisées et les dissonances légères viennent nourrir une tension sourde qui ne lâche jamais l’auditeur. Il ne s’agit pas d’un crescendo classique, mais d’une montée en spirale qui donne l’impression de tomber à l’envers dans un puits sans fond.
Dans Reverse, les mots sont moins des paroles que des confidences. Ils glissent à l’oreille comme une prière chuchotée dans l’obscurité. La thématique de l’aliénation, déjà présente sur Dreaming From Elsewhere, prend ici une intensité nouvelle. C’est l’histoire d’un corps qui ne trouve plus sa place dans le monde, d’une âme qui avance à contre-courant, étrangère à la langue, aux gestes, aux regards. Comme le dit Scurfield, “on y marche et on y parle à l’envers”, et c’est exactement ce que l’on ressent : ce monde ne nous comprend pas, mais peut-être que ce monde n’est pas fait pour nous.
Plus qu’un single, Reverse est une expérience physique. On le vit autant qu’on l’écoute. On sent la peau frissonner sous l’assaut des guitares, le cœur se serrer à chaque silence suspendu, la respiration devenir plus lourde lorsque la batterie martèle sa rythmique hypnotique. C’est une transe, un passage, un exorcisme intime pour ceux qui se sont toujours sentis de trop.
Shockpowder réussit ici un coup de maître : rendre audible l’indicible, donner forme sonore à cette douleur sourde qui accompagne les êtres en décalage permanent. Et lorsque la dernière note s’éteint, elle laisse derrière elle un vide étrange — celui qui suit une tempête intérieure, lorsque l’on reprend son souffle, lentement, encore secoué mais un peu plus léger.
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juillet 17, 2025Il y a des disques qui s’écoutent comme des carnets de voyage. Moondancing, deuxième album d’Animal Souls, en fait partie. Porté par Michael Fisher et sa troupe de musiciens venus du Fraser Valley en Colombie-Britannique, ce projet est un kaléidoscope sonore où chaque morceau s’inscrit comme une escale singulière. Entre titres inédits, singles déjà publiés et relectures élégantes d’anciens morceaux, l’album dessine un portrait mouvant d’un collectif qui refuse de se laisser enfermer dans un genre.
“May’s Song”, qui ouvre l’album, est une déclaration en apesanteur. Avec la voix cristalline d’Ava Wolsynuk qui glisse sur un canevas de cordes douces et de piano suspendu, le morceau semble flotter entre la mélancolie d’une fin d’été et l’espoir d’un nouveau départ. Alison Cowie prend le relais sur “Between The Lines”, une ballade folk subtilement traversée de nuances jazz. Ici, les respirations de guitare acoustique et les touches de cuivre dessinent une chaleur enveloppante, presque cinématographique.
“Midnight Sky” offre un virage plus contemplatif. Annika Catharina y dépose une voix qui oscille entre fragilité et intensité, tandis que des percussions discrètes évoquent des pulsations nocturnes, presque comme un cœur battant à l’unisson avec le ciel étoilé. “On My Way” remet Alison Cowie en avant sur une composition au groove feutré, où basse et claviers dansants rappellent l’héritage du soft rock des années 70, tout en restant terriblement actuel.
“The Kids”, à nouveau chanté par Wolsynuk, frappe par sa sincérité désarmante. Entre folk et pop alternative, ce morceau est une lettre ouverte à l’enfance, portée par une instrumentation dépouillée qui laisse toute la place aux émotions. Avec “Nine Lives”, Fisher propose un instrumental hypnotique, aux accents de jazz fusion, où chaque note semble chercher l’équilibre entre virtuosité et minimalisme.
Puis viennent les relectures : “The Lion And The Snake”, revisitée avec Oke Chornick, gagne en profondeur grâce à une ligne de basse plus affirmée et une production plus dense, tandis que “Soul Dance”, avec Jackie Lee, se pare de couleurs néo-soul, tout en conservant son énergie dansante. “Take Me Home”, porté par Wolsynuk, incarne parfaitement la philosophie d’Animal Souls : un songwriting intime transcendé par des arrangements riches et aériens.
Le disque s’achève avec trois instrumentaux — “December Song”, “Final Parsec Problem Theory” et l’enivrant “Lessons Of Love” avec Mara Hatklin — qui confirment la capacité du collectif à naviguer entre l’organique et l’électronique, entre la douceur et l’expérimentation.
Avec Moondancing, Animal Souls signe un disque qui respire la liberté créative et l’artisanat sonore. C’est un album qui ne se contente pas de relier les genres : il les fait danser ensemble, dans une élégance rare.
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juillet 17, 2025À Montréal, entre les hivers interminables et les nuits où la lumière semble toujours hésiter, Eternal Mourning a trouvé un écho à sa mélancolie. Leur nouveau titre, Toxic Lovers, accompagné d’un clip d’une sensualité troublante, condense l’essence de leur esthétique : un folk baroque qui flirte avec le rock, la douleur d’aimer, et la beauté crépusculaire des relations qui nous consument.
Après A Draft, premier album acclamé pour sa capacité à tresser l’intime avec l’universel, le groupe continue d’explorer ce fragile équilibre entre la lumière et l’ombre. Dans Toxic Lovers, Philippe Mourani chante les amours qui blessent mais dont on ne veut jamais vraiment se libérer. Sa voix, tantôt caresse tantôt brisure, glisse sur les arpèges délicats de Pasquale Sacco, dont la guitare se fait aussi bien l’écho d’un espoir ténu que d’une colère rentrée. David Ganon, à la batterie, imprime une tension sourde, un battement de cœur qui hésite entre l’abandon et la révolte. Et Day Day, multi-instrumentiste et ingénieur du son, vient déposer des nappes sonores presque spectrales, donnant au morceau un relief cinématographique.
Le clip, tourné dans une maison victorienne aux lumières tamisées, illustre la danse des amants maudits avec une élégance morbide : corps enlacés, regards enfiévrés, éclats de verre et de rire qui se superposent. On y retrouve cette signature visuelle d’Eternal Mourning : un goût pour le beau qui frôle l’effrayant, comme si chaque note venait chatouiller une cicatrice encore ouverte.
Si Toxic Lovers s’inscrit dans la lignée d’artistes comme Nick Cave, PJ Harvey ou encore Mazzy Star, Eternal Mourning y imprime une singularité propre, ce mélange de folk, de grunge et de baroque pop qui donne à leurs chansons une intensité rare. C’est un titre pour celles et ceux qui aiment se perdre dans les contradictions de l’amour : quand la passion dévore, quand la tendresse blesse, quand la séparation est une délivrance autant qu’un deuil.
Avec ce single, le groupe prouve qu’il n’a rien perdu de son feu sacré durant ses treize années d’absence. Toxic Lovers n’est pas seulement une chanson, c’est un rappel : parfois, ce qui nous détruit est aussi ce qui nous fait nous sentir le plus vivant.
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juillet 17, 2025Il y a des retours qu’on n’osait plus espérer. Treize ans après s’être éclipsés dans les brumes de la Mersey, Secret Garden Gathering refait surface, comme un mirage que l’on croyait à jamais dissipé. Leur nouveau single live, You Are the Darkness After My Dawn, capturé dans un cottage glacé des montagnes galloises, sonne comme une lettre retrouvée au fond d’un tiroir, empreinte de la poussière des années et d’une chaleur qui refuse de s’éteindre.
Le morceau, tiré de leur EP live Is-Y-Deri (Beneath the Oaks), est une épure vibrante : une voix suspendue comme un fil de soie dans l’air froid, des guitares rêveuses qui se lovent dans un écrin de claviers brumeux, et une section rythmique qui bat comme un cœur au ralenti. Il y a dans cette interprétation une pudeur désarmante, une vulnérabilité qui rappelle les heures les plus intimistes de Low ou de Lanterns on the Lake, groupes avec lesquels ils partageaient jadis la scène.
Formé à Liverpool en 2008, Secret Garden Gathering avait su séduire un noyau dur d’aficionados, traçant leur sillon dans la scène indie locale aux côtés de The Wave Pictures, Jane Weaver ou encore The Low Anthem. Leur mise en sommeil en 2012 avait laissé un vide, une frustration douce-amère chez celles et ceux qui avaient entrevu leur potentiel incandescent.
Avec You Are the Darkness After My Dawn, le groupe ne cherche pas à rejouer la jeunesse fougueuse de ses débuts. Au contraire, il y a ici la sérénité d’artistes qui ont grandi, chacun à leur manière, et qui se retrouvent pour faire dialoguer leurs blessures et leurs lumières. Le choix d’un enregistrement live, dans une maison isolée, sans fioritures ni artifices, confère à l’ensemble une chaleur organique, comme si l’on était assis dans la pièce avec eux, une tasse de thé brûlant entre les mains.
Is-Y-Deri promet d’être plus qu’un simple EP : c’est un journal sonore, un espace où se mêlent réminiscences et nouveaux horizons. Avec ce premier extrait, Secret Garden Gathering réussit un retour aussi inattendu que nécessaire, prouvant qu’il est encore possible de tisser du neuf avec les fils d’un passé inachevé.
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juillet 10, 2025Avec “Something About You”, Noiseheads plonge tête la première dans une zone d’ombre fascinante, là où le rock abrasif se frotte à une sensualité trouble. Moins frontal que leur précédent “Hey”, ce nouveau single joue la carte du lent embrasement : des couplets minimalistes, presque murmurés, qui entretiennent une tension malsaine, puis des refrains qui explosent dans un déluge de fuzz et de saturation. Ici, pas de synthés pour épaissir l’atmosphère – seulement guitare, basse, batterie et voix, pour un rendu cru qui rappelle les grandes heures de Nine Inch Nails ou de Filter.
Il y a dans ce morceau une urgence contenue, une sensation d’être attiré vers quelqu’un qu’on ne comprend pas totalement. Le texte, volontairement parcellaire, renforce cette impression d’obsession sourde, de désir et de danger entremêlés. Noiseheads signe ici un titre où chaque silence pèse autant que chaque riff hurlé.
Le clip, porté par l’aura troublante de @morningstar_modeling, prolonge cette ambiance érotique et inquiétante. Plans serrés, lumières tamisées, mouvements lents : il joue autant sur l’attraction que sur l’inconfort, comme une caresse qui pourrait devenir morsure.
Après leur percée en 2025 avec “Hey”, qui avait trouvé sa place dans les charts alternatifs (Top 25 SubModern, Top 10 NACC), Noiseheads confirme qu’ils ne comptent pas se reposer sur leurs acquis. “Something About You” est à la fois plus sombre, plus hypnotique, et plus audacieux — un pas assumé vers un rock industriel où l’émotion brute et l’énergie visuelle se rejoignent. Un titre qui donne envie de rallumer Songs for the Deaf ou Mer de Noms, tout en laissant présager la suite : un groupe en mutation, qui n’a jamais sonné aussi vital.
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juillet 10, 2025Mary Middlefield sait écrire des hymnes pour celles et ceux qui veulent brûler la chandelle par les deux bouts, et Summer Affair le prouve à merveille. Dans ce single incandescent, la jeune prodige de l’indie-rock canalise l’énergie d’un été où l’amour est aussi fugace qu’un rayon de soleil entre deux averses. Les guitares, lumineuses et effervescentes, s’entrelacent à des rythmes dansants qui sentent le sable chaud et les nuits sans fin, tandis que la voix de Middlefield, à la fois vulnérable et électrisante, invite à tout lâcher prise.
Ce n’est pas seulement une chanson, mais un état d’esprit : celui de la liberté totale. Le morceau capture ce moment rare où l’on se permet d’être imparfait, exubérant, profondément humain. Mary y chante la légèreté retrouvée, le chaos délicieux des émotions, la douce anarchie d’un été passé à aimer trop vite et à danser trop fort.
Enregistré entre Lausanne et Londres avec la complicité de Jim Abbiss (Arctic Monkeys, Adele) et Gwen Buord, et peaufiné par Barny Barnicott et Randy Merrill, Summer Affair porte en lui la patine des grandes productions pop tout en gardant l’insolence DIY qui fait la signature de Middlefield. On pense parfois à la spontanéité d’une Clairo, à l’hédonisme d’une Lorde, mais Mary trace ici sa propre ligne, sincère et instinctive.
Avec son clip filmé en 16 mm, entre sensualité pastel et atmosphère de garden party libertaire, elle enfonce le clou : Summer Affair n’est pas seulement une chanson à écouter, c’est une invitation à vivre pleinement, à réapprendre à respirer, rire et désirer sans entrave. Après les succès de Will You Read My Mind et Bite Me, et ses apparitions remarquées à Glastonbury et Montreux, Mary Middlefield confirme son statut d’étoile montante de l’indie-rock.
Un titre taillé pour vos playlists estivales, mais qui résonnera bien après que les feuilles soient tombées.
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juillet 9, 2025Avec Rock & Roll American, Allan Jamisen délivre un titre à la fois saisissant et spectral, qui sonne comme un rappel doux-amer d’une Amérique idéalisée, aujourd’hui fragmentée. À travers une production ample et feutrée, il tisse une trame musicale où chaque note semble suspendue entre nostalgie et lucidité, entre l’éclat du rêve américain et la gravité du réel.
Derrière le vernis solaire d’une instrumentation maîtrisée — guitares claires, harmonies soul, claviers planants — se cache une tension sourde, presque existentielle. Jamisen ne cherche pas à glorifier le passé ni à sombrer dans le cynisme. Il explore plutôt ce moment de bascule, celui où l’on sent que quelque chose s’est fissuré. Il ne pleure pas une grandeur perdue ; il en examine les vestiges, les interroge, les retourne dans tous les sens. Le morceau ne joue pas la carte de l’ironie : il préfère celle de la réflexion mélodique, portée par une voix profonde, tantôt séductrice, tantôt lasse.
Musicalement, l’ombre des grands noms du rock plane : un peu de Springsteen dans le souffle des refrains, une touche de Bowie dans la composition sinueuse, et ce sens du groove à mi-chemin entre croonerisme vintage et énergie americana. Mais Jamisen insuffle à ces influences une personnalité propre, notamment par l’emploi subtil de claviers brumeux et de guitares aux accents rétrofuturistes. La progression harmonique évoque une route déserte au crépuscule, ponctuée de doutes et de visions fugitives.
Ce n’est pas un hasard si ce morceau a été co-produit par Danny Saber, vétéran de collaborations avec des artistes aussi contrastés que les Rolling Stones ou Garbage. Ensemble, ils ont su transformer une chanson à la structure classique en un objet sonore hypnotique, qui tient autant du manifeste que de la confession.
Jamisen, figure discrète mais prolifique, n’est pas un novice. Son parcours traverse plusieurs décennies et continents, entre soul, art-rock, et expériences visuelles hybrides. De ses débuts dans les scènes underground de Los Angeles jusqu’à son immersion dans le foisonnement créatif de Copenhague, il a toujours cherché à brouiller les lignes entre disciplines, genres et générations. Son approche artistique, patiemment élaborée à travers la peinture, la production, la scène et la performance, culmine ici dans un morceau à la fois dense, élégant et accessible.
Rock & Roll American est tout sauf un pastiche. Il réinvente à sa manière les codes du classic rock, les détourne pour en extraire une forme d’humanité mélancolique, désillusionnée mais pas résignée. Ce titre parle à ceux qui sentent que quelque chose s’effrite, mais qui choisissent malgré tout de rester debout, d’enfiler leur veste en cuir et de continuer à marcher. Une chanson pour les rêveurs éveillés, les voyageurs solitaires, les Américains de cœur – où qu’ils soient.
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juillet 9, 2025Il y a des chansons qui ne demandent pas la lune mais vous y propulsent quand même. Skyrocket, le nouveau single des Londoniens Sons of Martha, est de celles-là. Une montée en orbite à la faveur d’un refrain scintillant, des guitares en clair-obscur et une mélancolie douce qui colle à la peau. C’est le genre de morceau qui transforme une errance nocturne en road movie intérieur, où chaque lampadaire devient une étoile filante.
Dès les premières secondes, la signature est claire : une énergie jangly-pop héritée de la new wave (on pense à The Cure période In Between Days, à The Smiths pour les arpèges) mais filtrée à travers une sensibilité très contemporaine. Les guitares chiment comme des éclats de verre dans la lumière du matin, la section rythmique pulse avec une légèreté presque insouciante, et la voix de Beach se pose en narrateur d’un spleen lumineux, jamais plombant.
Un hymne pour les rêveurs éveillés
“C’est venu d’un endroit où optimisme et agitation cohabitent”, explique Beach. Et cela s’entend. Skyrocket est une ode à ces petits élans qui nous arrachent à la gravité : une rencontre inattendue, un projet qui se dessine, ou simplement l’appel de la nuit et du bitume. Les paroles capturent ce moment suspendu où le cœur s’emballe avant que la tête ne suive. Pas de grandes déclarations, juste des images — des toits de Londres sous la pluie, des ruelles désertes, un vertige qui donne envie d’accélérer le pas.
Entre classicisme et fraîcheur
Sons of Martha ne réinvente pas la roue et ne cherche pas à le faire. Leur force réside ailleurs : dans une écriture honnête, dans la science des accroches mélodiques et dans ce mélange d’intimité et d’élan collectif qui fait de Skyrocket un futur favori de playlist nocturne. Produit avec soin mais sans excès de vernis, le titre garde une rugosité discrète qui lui évite le piège de la pop trop lisse.
Avec Skyrocket, le quatuor londonien signe un hymne pour rêveurs éveillés et marcheurs de nuit. C’est une chanson qui respire l’air frais des possibles, à écouter casque vissé, les yeux tournés vers le ciel. Parce qu’au fond, il suffit parfois d’un refrain pour rallumer la petite étincelle.
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juillet 9, 2025Il faut une bonne dose d’audace (et un peu de folie douce) pour faire se rencontrer un accordéon, des motifs arabes, un saxophone et des distorsions vocales dans un même morceau – et que ça fonctionne. Mais c’est exactement le pari que relève New Laconia avec Stardust Bear Bazaar, Pt. 2, le deuxième chapitre d’une saga musicale où chaque note est une porte vers un autre monde.
Imaginé par Alex Syniakov, l’esprit derrière le projet, New Laconia ne se contente pas de mélanger les genres : il les fait se télescoper jusqu’à créer des failles spatio-temporelles. Le morceau reprend le fil narratif laissé en suspens dans la première partie, où l’on suivait l’énigmatique Bear – gardien d’un pub interdimensionnel – luttant contre le temps, à la fois personnage et force destructrice. Dans ce second acte, la tension monte : les portails deviennent instables, le Stranger (caché sous une pluie d’étoiles) surgit d’une réalité altérée, et la musique se fait le reflet de ce chaos onirique.
Sur le plan sonore, Pt. 2 est une sorte de tourbillon sensoriel : les tempos changent sans prévenir, les instruments traditionnels dialoguent avec des nappes électroniques futuristes, et la voix, tantôt ténue tantôt déformée, agit comme un guide dans cet étrange bazar cosmique. L’accordéon apporte une douceur nostalgique, le saxophone imprime une sensualité quasi jazzy, tandis que les motifs orientaux et les breaks de piano plongent l’auditeur dans une aventure qui oscille entre rêve et réalité.
Pour conclure, Stardust Bear Bazaar, Pt. 2 est une expérience narrative, une bande-son pour un film qui n’existe que dans l’imaginaire collectif. Et si cette ambition peut sembler excessive, elle traduit bien l’esprit du projet : repousser les murs du format chanson pour bâtir un univers entier où se perdre devient un plaisir.
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juillet 9, 2025Il y a dans Firmament: Redux cette tension propre aux grandes œuvres : un écart permanent entre le poids du corps et l’apesanteur de l’esprit. Entre ce qui nous retient au sol et ce qui nous pousse à lever les yeux. Apeiron Bound ne se contente pas ici de revisiter un morceau clé de Multiplicity datant de 2022. Ils proposent une expérience liminale, un entre-deux où le metal progressif devient philosophie appliquée.
Musicalement, la piste est une lente combustion. Les guitares d’Andrew Stout et Cody Letts se tordent comme des filaments solaires, tantôt abrasives, tantôt lumineuses. Les lignes vocales de John Galloway et Keith “Tank” McDowell, en alternance growls/soul, traduisent un dialogue intérieur : celui de l’humain confronté à l’inconnu. Galloway incarne le doute viscéral, la voix de la matière ; McDowell, lui, est l’aspiration, le souffle de l’éther. Leur superposition crée un effet miroir où chacun peut reconnaître ses propres contradictions.
À mesure que le morceau se déploie, la section rythmique (Huffman à la batterie, Sokol à la basse) devient un métronome cosmique. Le tempo semble respirer, ralentir puis accélérer, comme une planète dans son orbite. Ce choix de production (Jack Kosto, précis et aérien) renforce l’impression d’un espace-temps fluide, où la frontière entre intérieur et extérieur se dissout.
Mais Firmament: Redux n’est pas qu’un tour de force technique. Le texte s’aventure sur un terrain rarement exploré en metal : celui de la métaphysique. “Above the dome is home / Beyond the firmament, could it all be real?” Ces vers convoquent la mémoire des cosmogonies antiques, mais aussi le vertige contemporain face à l’infini. On y entend un écho des Prométhées modernes, de Carl Sagan à Brian Greene, qui osent encore poser la question : que sommes-nous face à l’univers ?
En cela, Apeiron Bound rappelle que le metal progressif est un terrain fertile pour l’introspection. Là où d’autres genres fragmentent le réel, le collectif tisse une tapisserie où l’angoisse existentielle devient esthétique. Ici, chaque riff est un coup de pinceau sur une fresque cosmique, chaque silence un abîme où l’auditeur est invité à plonger.
À la fin, Firmament: Redux laisse une impression troublante. Ce n’est ni une fin, ni un commencement, mais une orbite : un cycle infini de questionnements et de découvertes. Apeiron Bound signe une œuvre qui transcende les genres, rappelant que dans l’exploration musicale, comme dans la recherche de sens, ce n’est jamais la destination qui compte, mais le voyage.
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juillet 9, 2025Dès les premières secondes de Boxes, on sent le parfum entêtant des étés adolescents, celui où le monde semblait tenir dans un iPod Mini et une paire de Converse trouées. Irina Imme, voix montante de la scène londonienne, plonge tête la première dans la nostalgie Y2K sans jamais céder au pastiche. Avec ce deuxième extrait de son EP à venir, elle nous tend une carte postale sonore des années 2000, écrite à l’encre de l’excitation amoureuse et des angoisses adolescentes.
Produite par Dave Tither, Boxes s’ouvre sur des accords de guitare saturés qui n’auraient pas dépareillé sur Let Go d’Avril Lavigne. Mais derrière cette énergie pop-punk se cache une écriture plus sensible, qui lorgne du côté de Hayley Williams dans ses moments les plus vulnérables. La voix d’Irina oscille entre une assurance presque insolente et une fragilité désarmante, capturant parfaitement ce vertige qu’est le crush adolescent : un mélange d’euphorie, d’angoisse et d’espoir un peu ridicule.
Il y a une sincérité brute dans Boxes qui rappelle aussi les premiers Paramore : pas seulement dans les riffs percutants ou les refrains faits pour être hurlés en voiture fenêtres ouvertes, mais dans cette façon de traiter de thèmes ultra-personnels (le regard de l’autre, l’envie de plaire, la peur de se révéler) sans jamais sonner calculé. Les 18 mois de gestation et les 20 versions évoquées par Irina elle-même se devinent dans la précision de la production : chaque montée en tension, chaque break de batterie, chaque couche de backing vocals sert une dramaturgie adolescente qu’on croyait enterrée avec nos vieux CD-R.
C’est peut-être ça la réussite de Boxes : réactiver les émotions adolescentes sans ironie, tout en y apportant la maîtrise d’une artiste qui sait parfaitement où elle va. Entre le fun des Destroy Boys et l’honnêteté désarmante d’une Gracie Abrams sous stéroïdes pop-punk, Irina Imme signe un single qui sonne comme un été de 2005 que l’on rejouerait en haute définition.
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juillet 9, 2025Dans un monde où les swipes remplacent les regards et où l’angoisse existentielle des 30 ans se partage entre un verre de vin et un écran bleu, Bold Boy livre un EP qui parle à tous ceux qui naviguent entre solitude assumée et envie dévorante d’aimer. Any Time Or Any Place, à paraître le 18 juin, est plus qu’une collection de morceaux : c’est un miroir tendu à notre époque, où les apps de rencontre côtoient la peur de vieillir, où chaque rencard est une introspection déguisée.
Dublin sert de toile de fond à cet univers indie-punk aux contours flous, mais à l’honnêteté tranchante. Mike et son comparse puisent dans leurs propres vies pour livrer quatre titres à la fois tendres et grinçants, aussi modernes qu’intemporels.
“She Looked Me Up And Down” ouvre le bal avec une énergie presque nerveuse, oscillant entre riffs accrocheurs et une ligne de basse qui vibre comme un cœur à la sortie d’un match Tinder raté. Les paroles dépeignent cette microseconde d’un jugement silencieux, où l’autre semble scanner nos défauts et qualités, un moment universel et cruel qui résume toute l’absurdité du dating moderne.
Avec “Northern Lights”, le tempo ralentit. Plus contemplatif, presque aérien, le morceau mêle mélodies planantes et textes empreints de nostalgie. C’est la chanson des « et si ? », des amours avortées, des promesses jamais tenues, un titre qui réussit à être à la fois mélancolique et lumineux.
“In The Comfort” joue sur une dynamique plus intime, presque acoustique, explorant ce besoin humain de sécurité émotionnelle dans un monde où tout semble en perpétuel mouvement. Ici, Bold Boy prouve qu’ils peuvent dénuder leur son sans perdre de leur impact.
Enfin, “Sanctuary” ferme l’EP comme une confession tard dans la nuit. Les guitares se font plus abrasives, la voix de Mike plus urgente, comme pour exorciser la peur d’être seul trop longtemps. C’est un cri vers la connexion, vers un lieu (ou une personne) qui pourrait enfin devenir un refuge.
Enregistré en une seule journée à Fennor Lane Studios sous l’œil attentif de Mark Carolan et la patte de Mike Paterson (production et mix), le projet a été masterisé par Fergal Davis pour lui donner cette finition qui sait rester rugueuse.
Any Time Or Any Place confirme Bold Boy comme un duo à suivre : sans artifices, sans calcul, mais avec un sens rare de la mélodie et de l’émotion brute. À placer sans hésiter dans vos playlists “upbeat” mais aussi dans celles qui accompagnent vos réflexions tardives sur l’amour, la solitude et ce foutu cap de la trentaine.
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juillet 9, 2025C’est une nuit londonienne où le bitume transpire encore la pluie, une de celles où les néons des kebabs paraissent plus réconfortants que les mots d’un être aimé. Tom Minor, lui, en fait une chanson. “The Loneliest Person on Earth” est à la fois un coup de poing et une caresse, un slow qui tangue comme un dernier métro et qui laisse une drôle de marque sous la peau.
Avec ce single produit par le brillant Teaboy Palmer (que Minor surnomme malicieusement le “Shel Talmy de Shoot Up Hill”), le songwriter de N1 continue d’affiner son art du spleen électrique. Derrière un groove faussement nonchalant – quelque part entre un vieux morceau de The Kinks qui aurait fricoté avec Mac DeMarco – il y a ce texte qui vrille, qui raconte le moment où une relation se fissure, où les vérités trop longtemps murmurées finissent par exploser en pleine gueule. C’est l’histoire d’un couple qui se parle encore mais ne s’écoute plus, d’amants qui se retiennent d’aimer juste assez pour ne pas sombrer.
Minor, héritier des fulgurances indie rock et des ballades new wave imbibées de bière tiède, livre un titre qui sonne déjà comme un classique de ses “existential indie” chronicles. Il y a dans “The Loneliest Person on Earth” cette qualité rare des chansons qui font mal tout en donnant envie de danser : une mélodie enivrante, un refrain qui tourne en boucle dans la tête comme une dispute qu’on refait seul à 3h du mat, et une voix qui vacille entre tendresse et sarcasme.
Pas besoin d’un label ni d’un costard trois pièces : Tom Minor prouve qu’on peut être un grand songwriter en restant un éternel outsider. Ici, les cœurs sont cabossés, les refrains imparfaits mais sincères. Et c’est précisément cette vérité nue qui nous scotche.
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juillet 9, 2025C’est une grande vague de guitares saturées qui vous attrape à la gorge dès les premières secondes, un de ces morceaux où l’énergie brute de l’indie rock se mêle à une sensibilité presque new age. Avec “Heaven’s Gate”, Origami Ghosts touche à cette zone trouble entre la vie et la mort, un espace liminal que JP Scesniak connaît de près après avoir frôlé le point de non-retour suite à un AVC. Sa question, lancinante et désarmante, “What’s it like on the other side?”, devient un mantra répété jusqu’à ce que le réel se fissure.
La voix de Scesniak, à la fois fragile et frontale, glisse sur un tapis sonore où la batterie propulsive de Ben Kendall et les guitares rugissantes construisent un crescendo presque cathartique. Mais c’est la flûte de Cassandra Wulff qui fait décoller le morceau vers une autre dimension : légère, spectrale, elle plane comme une âme en suspens, donnant à ce rock abrasif une teinte psychédélique et mystique.
Le clip, tourné sur la péninsule Olympique dans l’État de Washington, capte cette aura liminale : on y voit le duo évoluer en électron libre dans des forêts denses, marcher dans les rivières, puis danser au crépuscule sur la plage, comme des fantômes joyeux sur le seuil d’un autre monde. La caméra d’Emma Jones transforme ces paysages en passages vers un ailleurs invisible, celui que Scesniak évoque lorsqu’il parle de l’esprit qui “continue ailleurs, peut-être sur Terre, peut-être dans d’autres galaxies.”
“Heaven’s Gate” sonne comme un hymne pour tous ceux qui flirtent avec l’au-delà sans renoncer à la beauté du présent. C’est du lo-fi folk punk pour les rêveurs, les marginaux et les mystiques. Dans la lignée d’AJJ, Neutral Milk Hotel ou The Mountain Goats, Origami Ghosts livre ici une chanson qui fait vibrer autant qu’elle fait réfléchir.
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juillet 9, 2025Dans “Loverboy”, Max Ceddo joue avec les contradictions du cœur comme on gratte une guitare électrique : à vif, sans filtre, et avec une sincérité qui claque. Ce morceau alternatif est une danse nerveuse entre l’arrogance euphorique des débuts d’idylle et la dégringolade mélancolique qui suit quand l’amour se fait distant. Ceddo ne cherche pas à lisser ces extrêmes, il les expose comme des plaies ouvertes et des triomphes éphémères.
https://open.spotify.com/intl-fr/track/78MFubU8TDamBzks0s1oVR
Les riffs de guitare, tantôt caressants, tantôt tranchants, épousent cette bipolarité émotionnelle. Le couplet avance à pas feutrés, presque timide, sur une ligne de basse qui palpite comme un cœur qui doute. Puis le refrain explose : batterie fouettée, voix pleine d’assurance qui tutoie presque l’arrogance. C’est là que “Loverboy” devient un hymne à la vulnérabilité, car derrière la posture bravache, on sent le vertige d’un amour qui se dérobe.
Max Ceddo a le chic pour rendre ces états d’âme universels. Sa voix oscille entre la fragilité d’un Alex Turner période AM et l’assurance grunge d’un Kurt Cobain apaisé. Le tout est enveloppé d’une production qui privilégie l’organique au clinquant, comme si chaque note sortait d’un garage où traînent encore les effluves d’un dernier concert intime.
“Loverboy” n’est pas seulement une chanson sur le pouvoir de l’amour : c’est une radiographie émotionnelle, qui capte la chaleur et le gel dans un même souffle. Un morceau à écouter le soir, quand on oscille nous aussi entre l’envie d’envoyer un message et celle d’effacer le numéro.
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juillet 9, 2025Pas besoin d’un mur d’amplis pour faire trembler les fondations. Avec Dark Side, premier coup de semonce de Gun-Shy Butterfly, Julie Exter et Andrea Tarka White prouvent qu’un duo minimaliste peut produire un maelström sonore d’une densité presque suffocante. Guitares saturées au gain indécent, basse tellurique, batterie métronomique comme une urgence cardiaque : tout ici est taillé pour l’impact frontal.
Mais derrière cette charge sonore, il y a une intelligence mélodique qui refuse la posture gratuite. La voix de Julie, légèrement désabusée mais toujours acérée, flotte au-dessus de la tempête avec une ironie glacée. Elle décortique une époque où la misogynie n’est plus un monstre tapi dans l’ombre mais une hydre qui se pavane en pleine lumière, banalisée à force d’omniprésence. Ce n’est pas un cri, c’est un constat, presque clinique, et c’est peut-être ça qui glace le plus.
Dark Side fait penser à un croisement entre les Pixies les plus hargneux et le minimalisme brutal de Sleater-Kinney, avec une pointe de la noirceur de Chelsea Wolfe. Il y a une colère contenue, une violence sourde qui se libère dans chaque riff, chaque break. Et pourtant, le morceau ne cède jamais à la facilité cathartique : Gun-Shy Butterfly retient la déflagration juste assez longtemps pour qu’elle devienne insoutenable.
Un premier single qui claque comme une gifle et qui annonce une suite où l’on espère que la rage continuera de se muer en art aussi viscéral.
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juillet 1, 2025Sous ses allures de chroniqueur désabusé, allongé sur un canapé tâché de Riesling californien, The Denim Emperor frappe là où ça fait mal — dans les faux-semblants et les tours d’ivoire. Son single Bleeder (American Arrow) n’est pas une chanson, c’est une dissection. Un riff de scalpel et un groove de colère contenue. On n’en ressort pas indemne, et c’est précisément le but.
Il y a du sarcasme dans cette flèche américaine. Beaucoup. Trop pour certains, juste assez pour que le reste du monde saisisse le double tranchant : symbole d’un empire en chute libre, qui s’accroche à ses oripeaux de puissance pendant que les classes populaires saignent en silence. « American Arrow » — c’est à la fois l’arme et la cible, le carquois et la plaie. Derrière les guitares abrasives et les montées nerveuses, c’est une critique féroce de l’arrogance des élites, de leur suffisance, de leur incapacité crasse à redistribuer quoi que ce soit d’autre que des discours creux.
The Denim Emperor, personnage à mi-chemin entre le prophète punk et le dandy égaré dans une parodie de Boogie Nights, a le sens de l’image et du chaos organisé. Musicalement, Bleeder est un terrain miné : ça bondit, ça électrocute, ça s’accroche à des mélodies psyché comme un ivrogne à son dernier shot. Le tout avec une densité lyrique qui fait plus penser à Mark E. Smith qu’à n’importe quel héritier du rock alternatif post-2010.
Mais ce serait une erreur de ne voir dans ce morceau qu’un énième pamphlet rageur. Il y a de la précision dans la folie, du style dans la rugosité. C’est ce qui rend The Denim Emperor fascinant : derrière le mythe qu’il construit et sabote dans le même souffle, il reste un musicien redoutable, capable de transformer une fable politique en électrochoc sonore.
Bleeder (American Arrow) est une claque qui ne s’excuse pas. Un tir précis dans la poitrine d’un rêve américain qui s’effondre sous son propre poids. Et le plus beau ? Il le fait en dansant.
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juillet 1, 2025Il n’y a rien de tranquille dans la musique de Blunt Blade. Et Forgiveness, son deuxième album, ne cherche pas à plaire — il cherche à éveiller. Originaire du sud-est du Minnesota, le multi-instrumentiste façonne une matière sonore dense, éclectique, tiraillée entre mélancolie électronique, éruptions hard rock, escapades psychédéliques et murmures symphoniques. En sept titres, il livre une œuvre qui refuse le confort, et s’impose comme une traversée introspective, rageuse et lumineuse.
Sprawling ouvre le bal sur un chaos contrôlé. Guitares liquides, percussions millimétrées, tension harmonique : on entre ici dans une tempête mentale où chaque son semble tâtonner vers un point de rupture. Puis vient Justified, morceau plus percussif, presque dansant, où les synthés prennent le pouvoir sans étouffer une voix qui évoque un baritone spectral, quelque part entre Matt Berninger (The National) et Maynard James Keenan (Tool).
Sur Helpless, Blunt Blade se fait fragile, à nu. Les textures s’étirent, les silences pèsent, et l’on perçoit enfin la faille : celle d’un artiste habité par le doute, refusant de s’accrocher aux étiquettes ou aux certitudes. Hindrance, plus rugueux, tranche dans cette vulnérabilité avec un riff rageur et un beat électronique qui donne à l’ensemble un faux air de rave désenchantée.
Mais c’est The Journey to Hope/Esperanza qui marque le cœur battant de l’album. Véritable mini-symphonie en deux mouvements, ce titre mêle voix vocodées, arpèges acoustiques et nappes synthétiques dans une montée d’espoir lucide. Careless Acts suit avec un groove plus minimaliste, presque funk, où l’on retrouve des éclats de Talking Heads déformés par un filtre dystopique.
Enfin, le titre Forgiveness referme l’album avec une sagesse amère : pas de pardon sans douleur, pas de lumière sans abîme. Tout y est épuré, presque méditatif — comme si Blunt Blade avait enfin trouvé un fragile équilibre, ou du moins accepté de ne plus le chercher.
Porté par une production millimétrée (Abbey Road Studios à la manœuvre) et une sincérité brute, Forgiveness est une œuvre qui exige qu’on l’écoute comme on lirait un journal intime griffonné au bord du gouffre. Un disque qui ne flatte ni l’oreille ni l’égo — mais qui vous hante longtemps après le dernier souffle.
Blunt Blade ne cherche pas à séduire. Il cherche à survivre. Et il le fait avec une élégance rare.
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juin 27, 2025Il y a des projets qui se forment dans la solitude du chaos, entre l’ampli qui vrombit et le silence complice d’un animal. Tiny Moth, c’est l’histoire d’une guitare qui ronronne comme un félin sauvé, d’une rage canalisée dans le velours d’un chant bipolaire, d’une alchimie née d’un hasard humain. C’est aussi un disque court, mais dense, où chaque titre pèse comme une météorite dans la poussière du temps.
Derrière ce nom mystérieux et organique, se cache Doug Rimington, multi-instrumentiste londonien, et la voix caméléon de Jess Lambert, capable de transiter d’un souffle cristallin à une déferlante gutturale en un battement de cœur. En cinq titres, l’EP dévoile un monde où la délicatesse se crashe contre les murs d’un son massif, puis renaît dans les vapeurs de reverb.
« Look At Me » est une gifle d’ouverture. Le morceau marche à la lisière du metalcore et du rock alternatif avec une tension qui rappelle Spiritbox ou Oathbreaker. Jess y pose une voix qui ne supplie pas, elle exige. La production est brute, immédiate, presque claustrophobe. Le riff principal, lourd et rampant, s’accroche à la moelle.
« Break Down The Walls » enchaîne sans relâcher la pression, mais dans une tonalité plus mélodique. Le refrain s’élargit, s’ouvre comme un cri de guerre lumineux, un morceau qui aurait pu naître d’une jam entre Deftones et PVRIS dans une salle aux néons cassés. Lambert sculpte ici la colère comme une calligraphe, chaque intonation est millimétrée, chaque rupture est une vague calculée.
Puis vient « Your Rage », véritable pièce maîtresse vocale. C’est une descente dans l’intime, une confession déchiquetée où les couplets chantés flottent au-dessus de nappes distordues avant d’exploser en cris. On y entend le cri sourd d’une génération fatiguée d’encaisser, sans pour autant perdre sa douceur essentielle. Doug y maîtrise l’art du contraste : riffs tectoniques, nappes électroniques, textures crasseuses et synthétiques. Le morceau est à la fois viscéral et éthéré.
« Interlude », placé en quatrième position, agit comme une station-service dans une course-poursuite. Deux minutes d’hallucination instrumentale, créées presque exclusivement avec des pédales analogiques. On y sent l’héritage post-rock de groupes comme Mogwai ou Explosions in the Sky, dans une veine plus noise et introspective. C’est un souffle nécessaire, un ralentissement contrôlé avant la montée finale.
« Tiny Moth », enfin, clôt l’EP comme on clôt une lettre d’adieu. Six minutes bouleversantes qui synthétisent toute la tension contenue jusque-là. Ici, Doug prend le micro pour un dernier mot, un dernier cri, un dernier effleurement. Le titre évolue par couches, à la manière d’un paysage qui se transforme sous une tempête de fin du monde. C’est beau, c’est dur, c’est honnête. Le genre de morceau qui reste en suspension, même longtemps après la dernière note.
Tiny Moth n’est pas une carte de visite, c’est un uppercut poétique, une entrée fracassante dans une scène où la frontière entre sensibilité et brutalité est de plus en plus floue. C’est aussi une déclaration d’amour à la collaboration, à la spontanéité et au pouvoir du son lorsqu’il est tissé à quatre mains et porté par une voix capable de tout.
Une petite bestiole, peut-être. Mais déjà un monde.
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juin 27, 2025Il y a des disques qui s’écoutent comme on traverse un paysage par brume épaisse. D’autres, comme Blinded de Bastien Pons, s’habitent. On y pénètre en aveugle, mais ce sont les sons qui finissent par nous voir. Avec son tout premier album, ce compositeur lyonnais, photographe de l’ombre et héritier libre de la musique concrète, livre une œuvre radicalement sensorielle. Une suite de visions auditives où le silence est un personnage à part entière, et où chaque morceau est une pièce refermée sur elle-même, hantée, respirante, vivante.
« Babi Yar » ouvre l’album comme un souffle fêlé. Le titre, chargé de mémoire — en référence au massacre de Kiev en 1941 — ne livre aucune réponse, mais installe d’emblée la tension : nappes électro-organique, grondements souterrains, frottements d’âmes. Pons ne raconte pas, il invoque.
« Black Clouds », featuring Frank Zozky, est le moment de tension suspendue. On y entend la trace d’un orage qui ne vient jamais, la noirceur non pas du ciel, mais du dedans. Les textures y sont granuleuses, rêches, et traversées de mélodies fantômes, à la frontière de Coil et Murcof.
« Blinded », morceau-titre, est le cœur du disque : un espace de confusion douce, de perte sensorielle volontaire. On y erre entre deux dimensions, comme dans une salle de projection abandonnée où la pellicule aurait fondu au ralenti. Le morceau respire comme un animal blessé : lentement, précautionneusement.
« I Did Not Kill Her » évoque un polar intérieur. Le titre claque comme une ligne de défense, mais la musique, elle, ne cherche pas l’innocence. On y sent la culpabilité latente, les recoins d’un esprit saturé de questions sans visage. Ici, l’électro se fait murmure clinique, précision chirurgicale dans la construction.
« One Minute Of America » est peut-être la pièce la plus ironique du disque. Une minute qui en dure cinq, comme une critique voilée d’un pays saturé d’images, de symboles, de bruit. C’est une forme d’anti-hymne : dépouillé, inquiet, hanté par les réminiscences d’un rêve devenu vide.
« Charlotte » arrive comme un moment de grâce. Une respiration presque tendre dans ce disque dense, où la mélodie ose un lyrisme discret. On imagine les contours d’un visage ou le souvenir flou d’un amour passé, comme une photo qu’on aurait laissée au soleil trop longtemps.
Enfin, « Et Si Un Jour », featuring Paz, referme l’album avec majesté. Huit minutes d’apesanteur élégiaque, portées par la voix spectrale de Paz, quelque part entre Björk et Meredith Monk. C’est une prière séculière, une ballade post-apocalyptique au bord de la lumière.
En somme, Blinded ne se stream pas, il s’écoute au casque, dans le noir, les yeux fermés. Bastien Pons nous plonge dans des pièces à traverser, à ressentir, à décrypter. C’est une œuvre pour celles et ceux qui aiment que la musique leur glisse entre les doigts, et leur reste au fond de l’âme.
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juin 27, 2025Il y a des morceaux qui n’essaient pas de séduire. Ils arrivent, tranchants, secs, sans excuses. « Nothing New », nouveau single de Repeat, est de cette trempe-là. Une montée de bile convertie en trois minutes de pure tension, entre urgence punk, désillusion post-moderne et refus de se taire. Enregistré à Malmö dans l’antre du Studio Sickan avec Joakim Lindberg, le titre préfigure Celebrate, leur EP à venir en septembre, et donne le ton : frontal, mordant, sans vernis.
La chanson s’ouvre comme on claque une porte trop longtemps restée entrouverte : riffs taillés au scalpel, batterie qui cogne sans finesse mais avec précision, et cette voix rauque qui ne cherche pas à plaire mais à dire. À dire que le monde s’effondre sous les répétitions vaines, les discours usés, les simulacres d’émotion. « Nothing New » est un exutoire, mais pas un cri en l’air. C’est une mise en garde. La lucidité a le goût du sang sur les lèvres.
On pense à Refused, forcément, mais aussi aux débuts rageurs de Shame ou des Idles, dans cette manière de transformer l’étouffement en art brut. Pas de grand manifeste, pas de métaphore filée. Juste une sensation : celle de ne plus supporter le bruit de fond d’un monde qui recycle ses propres illusions.
Repeat a choisi de ne pas trop réfléchir, de juste « appuyer sur rec et tout balancer », comme ils l’expliquent. Et ça s’entend. « Nothing New » ne cherche pas à convaincre, encore moins à caresser dans le sens du poil. Il assène, il tranche, il existe. Et c’est déjà énorme. Dans cette époque saturée d’images et de sons creux, ces trois minutes hurlées comme une évidence sont un rappel salvateur : parfois, ne rien dire de nouveau, c’est déjà dire beaucoup.
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juin 27, 2025Un grand morceau de rock, c’est un précipice. On y avance les yeux fermés, pris entre peur du vide et élan de liberté. Avec Mountains, le groupe suédois Valvet taille dans ce vertige une fresque sonore d’une intensité rare : entre la cendre et la lumière, entre l’écho des Kings of Leon et les fêlures d’un Nothing But Thieves. Ici, l’alt-rock se fait cathartique, intime, presque sacré.
Né dans les brumes de Lund, Valvet semble avoir trouvé la formule exacte pour raconter le tumulte du dedans avec l’ampleur du dehors. Mountains est un orage émotionnel contenu dans quatre minutes de guitares lancinantes, de nappes quasi océaniques, de silences suspendus et de refrains qui montent comme des marées noires sous une lune blanche. La chanson parle d’évasion, mais pas celle qu’on fantasme — plutôt celle qu’on subit, quand on quitte malgré soi, qu’on se perd pour peut-être mieux renaître. Une lutte intérieure racontée avec une pudeur quasi-cinématographique.
Ce morceau est le sommet noir et magnétique d’un groupe qui avance en équilibre sur une crête : assez mélodique pour séduire les amateurs de The Killers, assez rugueux pour toucher les cœurs cabossés de Snow Patrol. Valvet ne se contente pas de jouer du rock — ils l’habitent comme une cathédrale en ruine, éclairée par des lueurs de rédemption. Il y a quelque chose d’abyssal dans Mountains, mais aussi une tendresse, une foi fragile, une lumière froide venue du nord.
En attendant leur EP à venir, Mountains se dresse comme un manifeste : celui d’un groupe qui sait que le vacillement est parfois le seul chemin vers la vérité.
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juin 27, 2025On y entre comme dans une grotte. L’image tremble, suinte, évoque un rêve éveillé ou un souvenir qui ne nous appartient pas. Avec Call of the Wendigo, Golem Dance Cult dégaine un clip comme un rituel visuel, brumeux et viscéral, où l’étrangeté n’est pas un effet de style mais une matière première.
Le morceau, deuxième piste de l’album Shamanic Faultlines, évoque d’entrée la pulsion de faim – cette faim que le folklore nord-amérindien a incarnée sous la figure mythique du Wendigo, ce cannibale spectral guidé par la démesure. Mais ici, le monstre n’est pas une bête cachée dans les forêts froides. Il est en nous. Il est désir, manque, excès, solitude vorace. Golem Dance Cult capte ce trouble et le traduit en sons : un beat sec comme un cœur qui se débat, des guitares abrasives, des voix mi-chantées mi-murmurées qui évoquent Nick Cave sous morphine ou un Bowie de l’ombre.
Côté visuel, le clip joue avec les codes du found footage, entre distorsions psychotropes et glitchs qui grignotent l’image comme le Wendigo dévore la chair. C’est à la fois très lo-fi et extrêmement soigné dans la direction artistique : noir et blanc sale, filtres érodés, figures floues filmées comme des spectres — le tout dans une ambiance de rêve fiévreux proche du cinéma de Guy Maddin ou du Begotten d’E. Elias Merhige. On ne regarde pas Call of the Wendigo, on y sombre.
Cette vidéo n’illustre pas une chanson. Elle l’augmente, l’envoûte, la rend contagieuse. Elle déploie tout ce que Golem Dance Cult sait faire de mieux : tordre la matière pop pour en extraire un poison doux, romantique et maléfique. Une élégance de l’ombre. Un appel du vide. Une danse avec le monstre.
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juin 27, 2025Il y a dans “Teenage Scum” quelque chose d’irrésistiblement familier. Pas dans le sens confortable, mais dans celui qui remue des souvenirs qu’on croyait éteints : la moiteur d’une chambre à coucher aux murs tapissés de posters, les riffs de guitare enregistrés à l’arrache entre deux devoirs, et ce besoin vital de hurler qu’on existe — même si personne n’écoute. Avec ce single, les frères Grossenbacher, alias Art Pop, transforment la banalité du mal-être adolescent en manifeste lo-fi à fleur de peau.
Max et Miles, duo originaire d’Austin, tissent leur musique comme on écrit un journal intime sous influence : un peu Radiohead pour l’aliénation rampante, un zeste de Car Seat Headrest pour l’autodérision désespérée, du LCD Soundsystem pour la nervosité dansante, et surtout un amour profond pour les imperfections, pour les voix qui craquent et les prises qu’on garde « parce que c’était la bonne ».
“Teenage Scum” est ce moment de bascule entre deux âges : trop jeune pour ne pas ressentir tout, trop lucide pour espérer être compris. Il y a dans le morceau une énergie sale, râpeuse, urgente, mais jamais gratuite. Ce n’est pas de la colère posée sur une instru — c’est un rite de passage. L’enregistrement s’est fait entre les murs parentaux, à coups de Google Drive une fois que Miles est parti pour l’université, comme une tentative désespérée de figer une époque avant qu’elle ne disparaisse.
Et si ce single annonce un LP intitulé “This Is Art Pop”, il ne s’agit pas d’une blague méta ou d’un pastiche arty : c’est une déclaration d’intention sincère. Art Pop, c’est le son d’un groupe qui n’a pas encore les moyens mais déjà les idées. De ceux qui ne demandent pas la permission pour exister, parce que ça fait trop longtemps qu’on les traite de déchets — et qu’ils ont fini par en faire une armure.
Il y a quelque chose de fragile, de vrai, et de résolument nécessaire dans cette rage canalisée. On a envie de crier avec eux.
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juin 23, 2025Ce n’est pas un titre. C’est un coup de sang poétique. Une déclaration d’épuisement lucide, qui refuse de s’éteindre. Dans “Believers & Dreamers (What Have We Become)”, le groupe australien Josh Orange abandonne toute forme de fioriture pour livrer un morceau brut, charpenté dans la stupeur d’un monde qui vacille sous le poids de sa propre hypocrisie. C’est une chanson qui ne tente pas de convaincre, mais qui hurle ce qu’on n’ose plus dire.
Dès les premières secondes, on comprend qu’on ne va pas simplement écouter un nouveau single. On entre dans un sanctuaire sonore construit avec vingt ans de fidélité au verbe, à la nuance, à cette idée que la musique peut — et doit — porter plus loin que la simple mélodie. Il y a cette voix, celle de Gordon Burke, qui ne chante pas, qui témoigne. Comme si chaque mot lui avait été dicté par l’accablement d’un monde trop bruyant, trop cynique. Une voix rauque, cabossée, mais jamais lasse. Une voix qui brûle encore d’indignation.
Autour, la production n’est pas là pour enjoliver, elle est là pour soutenir la tension. Andrew Wass (guitariste et producteur du groupe) sculpte un écrin sans concession, où chaque instrument joue à découvert. Et puis surgit cette harpe, incongrue, magique, presque irréelle, jouée par Kaela Harp de l’orchestre symphonique de Sydney. Un contrepoint bouleversant, un éclat de lumière dans la tempête. Elle ne tempère pas, elle révèle. Comme si au milieu du chaos, une beauté persistait.
Le mix est signé Tim Palmer, ce nom qui résonne comme un sceau de qualité dans le monde du rock exigeant. Celui qui avait déjà forgé le son dense de Ten (Pearl Jam) prête ici son oreille affûtée pour sublimer cette fresque engagée. Tout est clair, frontal, impitoyablement sincère. Pas de gadgets, pas d’artifice. Juste des instruments qui se parlent et se heurtent, comme les membres d’un même foyer au bord de l’implosion.
Ce qui frappe, c’est la façon dont Josh Orange arrive à rendre audible l’indignation sans sombrer dans le prêche. Le morceau avance avec cette progression haletante, presque théâtrale, qui rappelle les grandes heures de Radiohead ou les montées dramatiques d’un Bruce Springsteen en colère. Mais ici, pas de héros solitaire. Il est question d’un “nous” blessé, d’un collectif désenchanté qui refuse pourtant de se coucher.
“Believers & Dreamers” — le titre lui-même sonne comme un manifeste à l’envers. Un aveu : ceux qui croient encore et ceux qui rêvent sont devenus les marginaux d’un monde qui court après l’oubli. Mais c’est aussi un serment : ces mêmes marginaux seront les gardiens de ce qu’il reste à sauver.
Au fond, cette chanson, c’est une alarme qui sonne doucement, puis de plus en plus fort, jusqu’à devenir insupportable pour qui garde les yeux fermés. Josh Orange ne fait pas que de la musique, il rend l’écoute nécessaire.
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juin 23, 2025Il y a des chansons qu’on devine nées d’un regard échangé à la terrasse d’un café, sous une pluie tiède, quelque part entre la rue de la Roquette et une chambre d’hôtel qui sent la fumée froide. Paper Cigarette de Scott Klein est de celles-là. Un morceau qui ne s’écrit pas vraiment, qui se respire — comme une dernière clope avant de dire adieu, ou de tomber amoureux.
Élevé au Canada mais enraciné désormais au Texas, Klein puise ici dans un romantisme noir, transcontinental, un Southern Gothic aux reflets new wave. Le genre de ballade où l’on sent les néons clignotants du sud des États-Unis se refléter sur les pavés humides de Pigalle. Enregistré à Austin sous la houlette de Chris “Boo” Boosahda (Shakey Graves) et co-produit par Jonathan Tyler (Nikki Lane, Paul Cauthen), Paper Cigarette n’a rien d’une démo de songwriter en mal de spleen : c’est une petite odyssée nocturne, une carte postale froissée qu’on relit seul dans un train de banlieue.
Klein chante avec une voix qui semble gratter le velours, comme si Nick Cave avait fait un détour par une jam session de Jeff Buckley. Les arrangements sont feutrés mais précis, entre guitares en clair-obscur et batterie rampante. Il y a du mystère, du désir qui brûle à basse température, des choses qu’on ne dit pas mais qui s’entendent quand même.
Paper Cigarette donne envie de tomber amoureux d’une ville, d’un fantôme ou d’une chanson, sans vraiment choisir. Un instant suspendu, quelque part entre le vieux monde et les lumières d’un bar texan. Une chanson pour ceux qui n’aiment pas vraiment les fins.
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juin 23, 2025À une époque où les guitares s’effacent souvent derrière des synthés dociles et des beats trop propres, MyKel Fate arrive comme un fantôme glorieux du passé. Pas un revenant poussiéreux, non — un survivant incandescent. Avec “Again and Again”, il ne signe pas seulement un nouveau titre : il grave un manifeste, une déclaration d’amour à un rock à la fois brut, mélodique et viscéralement honnête.
Issu des rues salées de Brick, New Jersey, MyKel traîne ses riffs depuis plus de deux décennies. Ça s’entend. Il y a dans “Again and Again” quelque chose de profondément ancré : une écriture qui flirte avec les harmonies des Beatles, l’énergie sans compromis des Ramones, et la rage élégante des Stone Temple Pilots. Une basse qui claque, des accords bien sentis, et surtout cette guitare — vivante, bavarde, urgente.
Le morceau a ce parfum de bar enfumé sur la côte est, entre deux pintes et une clope mal roulée. Pas besoin de machines clinquantes : tout se joue dans les doigts, dans la voix, dans les tripes. On imagine très bien ce titre résonner au Stone Pony d’Asbury Park, lieu mythique que MyKel a foulé plus d’une fois.
Avec “Again and Again”, MyKel Fate fait ce que peu d’artistes osent encore : prendre le rock à bras-le-corps, le dépoussiérer à coups de disto, et le hurler dans le vent. Ce n’est peut-être pas tendance, mais c’est terriblement vivant. Et c’est tout ce qu’on lui demande.
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juin 19, 2025Il y a des chansons qui ne cherchent pas à impressionner, mais qui s’installent en vous comme une évidence — I Give In de Mainland Break est de celles-là. Un titre qui ne clame rien, mais qui murmure beaucoup. Ici, le combat n’est pas sur une scène ou dans un cri, il est intérieur, lancinant, presque lascif : celui que l’on mène contre soi-même, et qu’on finit par laisser gagner.
Sur une ligne de guitare claire comme une fin d’été trop longue, le morceau développe une esthétique indie pop baignée d’échos lo-fi et de réminiscences power pop à la Teenage Fanclub ou Real Estate. Pas de grand frisson ici, plutôt une douce langueur, une torpeur dorée dans laquelle les contradictions s’empilent comme des couches de sable humide. On avance sans bouger. On cède sans vraiment tomber.
Le chant, lui, est détaché mais pas froid — il flotte, retenu, presque fatigué d’avoir trop ressassé. C’est ce ton-là qui fait la force du morceau : pas de pathos, juste une acceptation douce-amère que parfois, l’on abdique. Par lassitude, par lucidité, ou simplement parce que résister demande une énergie qu’on n’a plus envie de fournir.
La beauté de I Give In, c’est ce paradoxe en spirale : un morceau qui parle d’immobilisme avec un sens aigu de la progression. Un titre mélodiquement solaire qui éclaire des zones d’ombre que l’on préfère souvent balayer. Un abandon qui ne sonne jamais comme une défaite, mais plutôt comme une étape. Celle où l’on se laisse porter par la vague, en espérant qu’elle nous dépose quelque part où le souffle sera plus simple.
Mainland Break signe ici un hymne discret aux cœurs ambivalents — ces gens qui sourient et doutent en même temps, qui aiment en se repliant, qui avancent à reculons. Une chanson pour ceux qui ne savent pas trop s’ils gagnent ou perdent, mais qui, en tout cas, n’ont plus peur de lâcher prise.
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juin 19, 2025Il y a des morceaux qui sentent la pluie sur le bitume chaud, les virées nocturnes sans destination, les silences plus éloquents qu’un long discours. Bad News, le dernier titre de Liquid Flowers, s’inscrit dans cette veine-là : une déclaration d’abandon distillée en accords qui crissent et vibrent comme une mémoire qui refuse de s’effacer.
Liquid Flowers, c’est ce groupe qui pourrait être de Sheffield, de Portland ou de Saint-Ouen. On ne sait pas trop. Peu importe. Ils ont l’allure évasive des formations qui préfèrent les réverbérations à la surexposition. Avec Bad News, ils signent une ballade d’un spleen gracieux, quelque part entre le shoegaze léger des débuts de Ride et la rage sourde d’un Radiohead époque The Bends.
Dès les premières secondes, la basse plante le décor : une tension feutrée, prête à éclater mais qui retient sa colère. La voix traîne un peu, lascive et lasse, comme si elle connaissait déjà la fin de l’histoire. Les guitares, elles, déroulent un tapis d’échos rêveurs — pas vraiment là pour consoler, plutôt pour accompagner la chute.
Et pourtant, Bad News n’est pas un chant de résignation. C’est un cri étouffé, une façon de transformer la mélancolie en matière vivante. Une fleur liquide, justement — belle, fragile, toxique.
Il y a chez Liquid Flowers cette élégance à ne pas en faire trop. À préférer le soupir au hurlement. La nuance au slogan. Bad News n’a pas besoin d’exploser pour marquer. Elle s’insinue. Elle laisse une trace.
Alors oui, c’est peut-être une mauvaise nouvelle. Mais c’est exactement celle qu’on avait besoin d’entendre.
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juin 19, 2025Ce n’est pas une chanson. C’est un flash. Un vieux post-it retrouvé dans une boîte à gants mentale, sur lequel serait griffonnée une phrase lue mille fois mais jamais vraiment ressentie : “Everything’s Addictive.” ORWAX ne l’interprète pas. Il l’habite, il la mâche, il la recrache avec une élégance lo-fi, comme un mec qui aurait vécu trop vite, trop fort, et qui revient en studio comme on revient d’un trip, un peu vidé mais terriblement vivant.
La chanson commence comme un souvenir enfoui dans un grenier de banlieue, avec cette patine indé qui pourrait coller à la bande-son d’un coming-of-age movie crade et sublime à la fois. Ryan Moran y pose sa voix comme on glisse un vinyle trop usé sur la platine d’un sous-sol, pendant que Jim tape sur sa batterie comme s’il essayait de réveiller un corps endormi. Jason Randall, à la guitare, semble se frayer un chemin à travers les interférences d’une radio cosmique branchée sur l’âme humaine. Ensemble, ils fabriquent un morceau qui sonne à la fois comme un spleen d’adolescent et une révolte de quadra.
Il y a dans “Everything’s Addictive” quelque chose de profondément humain : ce besoin irrépressible de tout ressentir, même le pire, même l’incontrôlable. On ne sait pas si c’est un hymne à l’excès ou une élégie pour ceux qui ont plongé. Peut-être les deux. Ce qui est sûr, c’est que ce morceau a ce truc rare : il ne cherche pas à séduire, il se contente d’exister – et c’est ce qui le rend absolument magnétique.
Premier éclat extrait de Disorderstar, le futur album d’ORWAX, ce single n’est pas là pour remplir une playlist. Il est là pour foutre un peu de chaos dans la linéarité de nos scrolls. Et bordel, qu’est-ce que ça fait du bien.
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juin 19, 2025C’est une nuit sans fin, un cri intérieur contenu depuis plus d’une décennie, enfin hurlé à la face du monde. Le photographe et musicien bulgare Ivan Shishkov, en solitaire presque mystique, signe avec WHEN YOUR DEMONS COME le premier album de son projet BRAINMAZE, fruit d’un lent et obsessionnel combat avec soi-même. Onze titres, onze gouffres. Un labyrinthe de chair, de métal et de peur. Et surtout, la preuve que la musique peut être à la fois une arme et un miroir.
Chaque note ici naît du bois brut d’une basse – celle d’Ivan – instrument primaire, viscéral, compagnon d’ombre avec lequel il compose toutes ses lignes. Le reste s’est tissé dans les interstices du temps : les nuits, les insomnies, les silences lourds de sens, les collaborations à distance avec des musiciens éparpillés entre l’Argentine, l’Ukraine, le Venezuela ou encore le Royaume-Uni. Rob Davies prête sa voix aux abîmes, Ramon Martinez et German Maldonado déchirent l’air de guitares tantôt tranchantes, tantôt rampantes. Et sous l’armure, une rythmique implacable (merci à Fabian Carrion Troya et David Mendez), rattrapée dans les limbes par le mix précis d’Ilarion Ivanenko et le mastering de Colin Davis (Imperial Mastering).
Le disque entier tient sur un fil – celui tendu entre lucidité et effondrement. “Fear”, “Spite”, “Despair”, “Hatred”, “Uncertainty”… Chaque morceau porte le nom d’un démon familier. Mais loin de glorifier la noirceur, BRAINMAZE la confronte. Shishkov ne romantise pas la douleur, il l’anatomise. Sa musique est frontale, rugueuse, sans fard – et c’est justement là qu’elle touche. Car sous l’agressivité assumée du son (entre metal progressif, sludge, et un zeste de doom), c’est l’ultra-sincérité qui fait mouche. Pas de pose, pas de posture. Juste un homme face à lui-même.
Le climax émotionnel arrive avec “I’m Terrified”, où l’aveu – simple, brutal – éclate enfin. Le disque se termine dans un murmure : “…”, 17 secondes de silence comme un trou noir après la tempête. Parce qu’il faut bien que quelqu’un regarde les monstres dans les yeux.
Ivan Shishkov dit : « Ce disque a vécu dans ma tête pendant plus de 10 ans. » On comprend pourquoi il n’en ressort pas indemne. Et nous non plus. WHEN YOUR DEMONS COME est un exorcisme. Un grand disque de metal, oui. Mais surtout, un manifeste d’humanité nue dans un monde où l’on préfère souvent fuir ses ombres plutôt que de leur donner une voix.
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juin 18, 2025Il y a des chansons qui sont des portes. Et puis il y a Summer’s Gate, qui est un seuil. Une fente dans le réel, longue de douze minutes et poussiéreuse comme une grange en Suède au crépuscule. Une chanson qui ne s’écoute pas : elle s’habite. Ou plutôt, elle vous habite. Dernier souffle de l’ambitieux double album 17 Birds at the Summer’s Gate, ce morceau signé Arn-Identified Flying Objects and Alien Friends — alias le projet solo de l’ancien Redmoon — relève plus de l’expérience sensorielle que du simple titre de clôture.
On y entre comme dans une forêt où les sons se dilatent : orgue en apesanteur, arpèges pastoraux, blues à la dérive, mélodies hantées. Le tout se déploie sans hâte, dans une lente montée qui n’en finit jamais d’éclore. Le chant, en retrait, parle à demi-mot, dans une langue qui semble tout droit sortie d’un rêve oublié entre Nick Drake et Roger Waters. Ce n’est pas une chanson : c’est un territoire.
Le solo final, signé Daniel Lagerlöf (ex-Redmoon également), mérite à lui seul d’y rester. Il ne vient pas clore, mais suspendre. On ne sait plus très bien s’il évoque un départ ou une fin du monde. Peut-être les deux. Tout est là : les racines suédoises en filigrane, la folk brumeuse, les échos floydiens, les frottements blues, et ce savoir-faire rare, celui de ne jamais appuyer. Moins, c’est plus — et chez Alien Friend, cette maxime devient une éthique.
Summer’s Gate n’a rien à faire dans un monde calibré pour les singles de trois minutes. Et c’est justement pour ça qu’il est essentiel. Un morceau qu’on n’écoute pas seulement sur Spotify, mais qu’on grave sur les murs intérieurs. Pour ceux qui ont encore le temps de perdre du temps, ou de l’y retrouver.
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juin 18, 2025Il y a des voix qui ne vieillissent pas. Elles se planquent, silencieuses, dans les interstices du temps. Elles traversent les villes, les ruptures, les maternités, les déceptions industrielles, les jingle studios, les relectures d’anciens carnets de chansons — et quand elles reviennent, elles ne demandent pas la parole. Elles la reprennent. Patti Zlaket est de cette race-là. Rare. Pas discrète : exigeante. Et Tunes , troisième réédition remasterisée de sa discographie oubliée, agit comme une réapparition en plein jour. Elle ne revient pas dans l’industrie : elle revient dans nos vies.
Avec l’aide précieuse de Blake Morgan (le boss de Meridian, qui a offert à Lesley Gore ou Janita quelques-unes de leurs plus belles secondes chances discographiques), Zlaket ne se contente pas d’un dépoussiérage. Elle nous tend Tunes comme un miroir. Celui de ses années californiennes, de ses débuts pleins de promesses, de ses collaborations fébriles, de ses esquisses de grandeur pop artisanale. C’est un disque de transition qui, en version augmentée, devient une œuvre pivotale. À l’époque, elle écrivait en miroir, sur l’amour qui vacille et l’attente de la métamorphose. Aujourd’hui, on l’écoute comme on relit un carnet de bord, avec une acuité douloureuse.
Ce qui frappe, ce n’est pas tant la justesse mélodique — toujours là — ni même cette voix de gorge, au bord du souffle mais jamais du pathos. C’est ce qu’il reste de l’élan. La mélancolie ici est active. Elle fabrique des architectures. Dans Tunes, le piano s’efface souvent pour laisser respirer l’intimité. Les titres bonus, comme Waiting For The Cue avec Wayne Johnson à la guitare, ne sont pas là pour meubler : ce sont des révélateurs. Ils éclairent les morceaux originaux d’une lumière nouvelle. Ce n’est pas un simple ajout d’inédits, c’est une recontextualisation sensible de toute une époque personnelle.
Les fantômes de Carole King, de Laura Nyro et de Judee Sill passent comme des ombres bienveillantes sur les ballades les plus dépouillées. Mais ce n’est pas un hommage. C’est une cousine tardive, qui chante avec les mêmes silences, les mêmes failles. C’est un disque qui respire. Qui pleure aussi, parfois, mais en silence.
Tunes est moins une réédition qu’une conversation reprise là où elle s’était interrompue. À l’heure où tout doit aller vite, Zlaket nous impose la lenteur du sentiment vrai. C’est peut-être ça, la vraie modernité. Revenir sans prévenir. Chanter sans s’excuser. Écouter sans oublier.
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juin 17, 2025Il faudrait peut-être commencer par s’imaginer un vieux vaisseau spatial qui flotte dans l’espace depuis trop longtemps. À bord : un androïde désactivé depuis une éternité, la mémoire en lambeaux mais la radio toujours allumée. Ce qu’il capte ? Trois signaux fragmentés. Des fragments de pensée humaine distordus par des années-lumière de solitude technologique. Ce sont les morceaux de We Are All Bots. Et ce vaisseau, c’est peut-être nous.
Andrea Pizzo and The Purple Mice ne font pas de musique pour séduire. Ils composent des fresques sonores pour provoquer le vertige. Leur dernier EP ressemble à une archive sonore d’un futur oublié, un manifeste métaphysique chanté dans la langue de l’hyperconnexion et des illusions collectives.
Le premier titre, We Are All Bots, n’est pas là pour enfiler les perles synthétiques. C’est une électrocution au vocodeur, un uppercut rythmique qui pose une question vertigineuse : avons-nous encore une voix propre, ou sommes-nous les clones d’une conscience algorithmique globale ? Il y a du Gary Numan cyberpunk dans l’ADN, mais aussi du Rage Against The Machine dans l’intention. C’est frontal, presque punk sous ses atours électroniques.
To The Space and Beyond calme le jeu en apparence, mais ne vous y fiez pas : derrière ses textures cinématographiques, il s’agit d’un requiem pour une humanité en quête de transcendance. Ce morceau est un décollage doux-amer vers un ailleurs qui ne répond pas.
Enfin Eternità : une chanson comme un vortex. Mi-cathédrale sonore, mi-rêverie lyrique pour IA mélancolique. Il y a des bribes de Queen, des éclats de Muse période The Resistance, et une dramaturgie qui frôle l’opéra rock à la sauce Nietzsche 2.0. Ça prend aux tripes, ou ça agace — mais dans tous les cas, on ne reste pas immobile.
Ce disque est un mirage. Un leurre délicieux. Un miroir noir tendu au monde qui scrolle encore sans voir. Pizzo ne raconte pas notre futur. Il le chante comme s’il avait déjà eu lieu. Et il est magnifique dans sa terreur.
Bienvenue dans le cyberdrame.
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juin 17, 2025Ce n’est pas juste un album qui vous attend dans cet article, c’est une plaie béante. Un journal intime hurlé dans un mégaphone cassé. Une lettre de rupture à la réalité écrite en lettres de sang, de bière éventée et de souvenirs mal rangés. In All My Nightmares I Am Alone, cinquième longue traversée signée Post Death Soundtrack, est un disque qui ne s’écoute pas — il se traverse, comme un champ de mines émotionnel, avec pour seule boussole la voix incantatoire et tremblante de Stephen Moore.
Si vous cherchez des repères, oubliez-les. Ou alors, imaginez une collision frontale entre les relents industriels de Skinny Puppy, les ballades fantomatiques de Jeff Buckley période Sketches for My Sweetheart the Drunk et l’autodestruction romantique de Kurt Cobain. À la différence près que Moore ne joue pas à faire peur : il vit ce qu’il chante. C’est un homme en feu qui vous tend l’allumette.
L’album s’ouvre sur TREMENS, enregistré pendant une crise réelle de delirium tremens — soit un moment où la mort rôde à 15 % de probabilité. Le son est sale, la voix est possédée, la structure explosive : rien n’est lisse, et c’est justement ce qui vous attrape à la gorge. Plus loin, A Monolith of Alarms érige un hymne gothique pour les sans-voix, quelque part entre Front Line Assembly et un manifeste post-apocalyptique chuchoté à l’oreille d’un cadavre.
Et puis surgissent les fantômes de beauté inattendue : River Man, reprise dépouillée et magnifiquement bancale de Nick Drake, enregistrée à l’arrache en 2010, ou We Fall, déchirure minimale qui tient à peine une minute mais qui pourrait fendre la colonne vertébrale à quiconque a déjà perdu un pilier dans sa vie. Something Stirs, entre conte morbide et règlement de comptes personnel, hante durablement — comme si les monstres de l’enfance s’étaient réincarnés dans les mauvais choix de l’âge adulte.
Moore fait de la musique comme on crie dans une pièce vide pour vérifier qu’on existe encore. Trip-hop, doom, post-punk, gothique, grunge, musique concrète, folk déviant : ce patchwork de styles n’est jamais là pour épater. C’est un instinct de survie sonore. L’album, fleuve noir de 30 titres, tient miraculeusement debout sur la seule cohérence qui vaille : celle de la nécessité.
In All My Nightmares I Am Alone est trop long, trop dense, trop chaotique. Et c’est pour ça qu’il est essentiel. Parce que dans ses excès, ses failles, ses fulgurances de beauté inattendue, il ose dire ce que beaucoup de disques éludent : que l’art peut être une chambre d’hôpital, une cave humide, un abri de fortune. Ou un miroir. Pour les autres. Pour nous. Pour lui.
Et à la fin, il ne reste que ça : la vérité. Crue. Dérangeante. Et impossible à ignorer.
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juin 17, 2025Le rock anglais a ses coutumes, et parmi elles, l’art de l’échappée nocturne dans un vieux pub, quelque part entre la dernière pinte et une conversation improbable. Avec Beers With The Beekeeper, The Zangwills convoquent cette magie banale et précieuse — un morceau aussi chaleureux qu’un feu de cheminée un soir de pluie, où le réel s’efface derrière les reflets d’une bière blonde et d’un riff bien trouvé.
On imagine la scène : un gars un peu paumé, un apiculteur sorti de nulle part, et une guitare qui fredonne le refrain de toutes les choses qu’on ne dit jamais à ses proches mais qu’on crache sans pudeur à un inconnu croisé sur un tabouret bancal. Le groupe, originaire du nord de l’Angleterre, trouve ici le juste équilibre entre storytelling doux-amer et production minimale mais efficace, pensée pour laisser respirer les mots, comme on laisse le silence envahir une fin de discussion.
La force de ce titre, c’est sa modestie apparente. Pas de fanfare. Pas de démonstration. Seulement quelques accords bien placés, un riff d’ouverture sifflé sur un vieux démo, une voix qui ne triche pas. Produit par Mark Winterburn, connu pour sublimer sans surcharger, et enregistré dans le mythique Cargo Studios à Rochdale (Joy Division, The Fall, les ombres ne sont jamais loin), le morceau respire l’authenticité sans jamais forcer le trait.
« Beers With The Beekeeper » n’est pas qu’un single d’été — c’est un entrechat mélodique entre nostalgie, confidences brumeuses et sens de la formule. Jake Vickers, avec sa voix légèrement décalée, semble nous dire : ce pub n’existe pas, le beekeeper non plus, mais toi et moi on y était, non ? Et nous, on y croit. Parce que l’illusion est belle, parce que la chanson sonne juste.
Le groupe, en route vers son premier album, confirme ici son sens du détail et de l’ambiance. Et si l’avenir du rock indie se joue encore dans des clubs moites de Manchester ou des studios hantés de Rochdale, The Zangwills sont déjà dans la place — et ils ont commandé la tournée.
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juin 17, 2025Pas besoin de drapeau pour déclarer la guerre. Un riff suffit. Une basse qui claque comme un poing sur la table. Une batterie qui tape plus fort que les sirènes. Et une voix, rauque, ironique, qui éructe non pas une déclaration de paix, mais son exacte inversion : Peacekeeper.
Le nouveau single de 9 o’clock Nasty, trio punk sorti des entrailles de Leicester, cogne là où ça fait mal. Ce n’est pas une chanson : c’est une alarme. Un compte à rebours. Tic. Toc. Tic. Toc. L’atmosphère est saturée de colère contenue, de sarcasmes froids, de cette tension électrique qu’on ressent dans une pièce juste avant que la première chaise ne vole. La paix, ici, est une illusion. Un mot brandi comme une arme. Un slogan vide gravé sur un missile.
Tout est précis dans ce chaos : la rythmique martiale, le groove garage, la disto cradingue, les voix qui s’interpellent comme dans un tribunal où personne n’écoute. On pense à The Fall, à Dead Kennedys, à IDLES — mais ici, la prose est moins grandiloquente, plus vicieuse, plus acide. Ce n’est pas de la révolte romantique : c’est du nihilisme pop, en mode do-it-yourself, sale et brillant comme un cocktail Molotov tombé dans un magasin de jouets.
Peacekeeper annonce le prochain album du groupe, Chaos. Un titre promesse. Un programme. Après Culture War 23, Kid Blast ou Hot Disco Shit, le groupe affine son style : un patchwork nerveux de punk, de funk déglingué et de satire sociale. Rien n’est figé, tout est en mutation permanente, comme si chaque titre était une nouvelle mutation virale dans le laboratoire malade qu’est notre époque.
Il ne s’agit pas de faire la paix ici. Il s’agit d’en décortiquer les faux-semblants. 9 o’clock Nasty ne vous tend pas la main — ils vous collent un miroir dans la gueule. Et vous demandent, tout sourire : « Prêt pour la prochaine explosion ? »
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juin 16, 2025Pas besoin de studio suréquipé ou de cabin pressure hollywoodien pour livrer une perle pop. Parfois, il suffit d’un salon tapissé de guitares, d’un micro calé entre deux piles de vinyles, et d’un costume de Dorothy encore sur les épaules. For Goodness Sake, nouvelle douceur d’Emily Sophia, est née comme ça — entre les murs d’un appartement, dans un élan aussi spontané que sincère, comme une confession chuchotée entre ami·e·s qui ont le cœur sur la table.
Depuis Golden State, son premier EP sorti en 2023, Emily Sophia a grandi, mais elle n’a rien perdu de sa fraîcheur. Au contraire, elle en fait une force, une esthétique : celle d’un quotidien rêvé, où le banal devient poétique, où les garçons indécis deviennent des allégories sur fond de shoegaze pastel. Co-écrit avec Kendra Celise et Lukas Romero, et enregistré sans pression dans des intérieurs pleins de charme, For Goodness Sake est une mini-révolution en tongs. Lukas s’est occupé de toute l’instrumentation, Danny Wolf pose une batterie cotonneuse, et Kendra peaufine les chœurs comme on brode un mouchoir ancien.
Le morceau flotte quelque part entre Clairo et Kacey Musgraves, avec une once de Harry Styles dans les coins du refrain — cette façon de sourire en chantant une mélancolie douce, presque lumineuse. Le tout baigne dans un brouillard de guitares lavées, de pads à peine perceptibles, et d’un chant qui semble planer juste au-dessus de la chambre, comme une pensée qui n’a pas encore atterri.
Et derrière la blague (« je suis littéralement là, mec, ouvre les yeux »), se cache une délicate amertume, un regard acide sur les attentes absurdes qu’on projette en amour, et l’invisibilisation douce des filles qu’on croit trop gentilles pour exister autrement que comme amies. Emily, elle, ne crie pas sa rage : elle la rêve en pastel, la susurre en mineur, et nous la laisse en tête longtemps après la dernière note.
Avec For Goodness Sake, elle signe peut-être l’un des hymnes lo-fi les plus finement écrits sur l’amour à sens unique depuis Punisher. On a hâte de voir ce que sa brume nous réserve ensuite.
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juin 16, 2025On entend d’abord le crissement métallique d’une slide guitar, comme un éclair fendant une nuit poisseuse. Puis vient le fuzz, sale et sinueux, qui s’infiltre dans les veines comme un vieux venin du Mississippi. The Bateleurs, groupe portugais qui connaît ses classiques comme un vieux prêtre connaît ses péchés, dévoile A Price For My Soul, un avant-goût diaboliquement accrocheur de leur prochain album A Light In The Darkness à paraître chez Discos Macarras.
Ici, tout est affaire de tension retenue. Pas de fioritures ni de surenchère : le morceau avance à pas feutrés, mais chaque note est pesée, chaque silence chargé. On sent que le groupe a voulu revenir à l’os, à l’essentiel — et c’est précisément dans cette économie que réside la force du morceau. Les arrangements, volontairement dépouillés, laissent respirer le grain de la voix, chaude et rocailleuse, tandis que la guitare, tour à tour plaintive et menaçante, trace un sillon entre les ombres.
“A Price For My Soul” semble sortir d’un vieux vinyle oublié dans un grenier poussiéreux, entre une réédition de Canned Heat et un disque rapiécé de Rory Gallagher. Mais derrière cette esthétique vintage, il y a une noirceur bien contemporaine : celle du doute, du renoncement, des pactes silencieux qu’on signe quand la vie vous pousse à l’angle. La chanson évoque les grands mythes du Blues — les carrefours, les âmes vendues, les rendez-vous avec des figures troubles — sans jamais tomber dans la parodie. Au contraire, elle réactive la charge mystique du genre avec un respect féroce et une liberté farouche.
Avec ce single, The Bateleurs ne cherchent pas à plaire. Ils cherchent à hanter. Et ils y parviennent sans mal, en plantant leur croix dans la boue d’un blues habité, où chaque mot pèse le prix d’une conscience perdue.
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juin 16, 2025Ne cherchez pas une midlife crisis ici. To Grow Old, deuxième single d’Amy-Lin Slezak, s’avance plutôt comme un doigt d’honneur élégant tendu à tous ceux qui voudraient coller une date de péremption sur le dos des femmes. On l’imaginait discrète, peut-être un peu nostalgique après son premier titre How Dare She, et pourtant la chanteuse new-yorkaise revient en amazone country-pop, cuir tanné et bottes crottées, avec une voix qui sonne comme un rappel : « je suis là, j’ai vécu, et je vais vivre encore — en grand. »
Le morceau, taillé dans l’étoffe des ballades de Shania Twain mais brodé de guitares et de synthés plus eighties, pourrait facilement tourner en boucle dans une scène de revanche dans un film de Reese Witherspoon période Wild. Il commence comme une confession, presque douce, avant de s’épaissir, battement après battement, en un manifeste vibrant, adossé à une production qui n’a rien à envier aux hitmakers de Nashville. Il y a dans cette montée en puissance quelque chose d’irrésistible : un refus de se laisser ranger dans une case, une volonté d’exister pleine et entière, rides et rage comprises.
Mais c’est dans la voix d’Amy-Lin que se trouve le vrai cœur du morceau. Pas dans la perfection technique — pourtant là, en héritage d’un passé de scène classique — mais dans cette manière de dire les choses avec une vérité que seuls les kilomètres de vie permettent. Elle chante pour les femmes qui n’en peuvent plus d’être comparées à des filtres, et pour celles qui n’ont plus envie de se justifier. Pour celles qui ont entendu trop souvent qu’après 40 ans, on devient invisible.
Alors To Grow Old devient plus qu’une chanson. C’est un souffle. Un hymne pour celles qui vieillissent debout, le vernis écaillé et le regard fier. Une preuve qu’il n’est jamais trop tard pour reprendre le micro — et s’en servir pour dire, enfin, ce qu’on a sur le cœur.
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juin 16, 2025Une porte claque dans un couloir vide. Une guitare rugit comme un souvenir mal digéré. Et puis le cri — pas celui de la rage pure, non, mais celui d’un adolescent devenu adulte qui n’a jamais tout à fait guéri. Wired Shut ne prévient pas. Il surgit. À la croisée des années Myspace et des tourments contemporains, ce duo entre Jackson Sadinsky et Shinigami ressuscite les braises du néo-métal et les gonfle de tendresse malsaine et de fureur contenue. C’est comme si un fantasme de gosse — jouer dans Underworld en étant triste pour de vrai — se matérialisait dans les entrailles d’un studio DIY new-yorkais.
On reconnaît tout de suite la patte de Shinigami, cet ancien enfant terrible de l’emo-rap qui s’est frotté à la distortion comme on se jette dans les bras d’un ex. Son chant brisé se greffe à celui de Sadinsky avec la douceur d’un éclat de verre sur la langue. À la guitare, Rajit Sachdeva tisse une toile de fond aussi dense que poisseuse, un clin d’œil assumé à Slipknot, Deftones, et les heures fiévreuses passées à réécouter Meteora dans une chambre tapissée de posters.
Mais sous l’épaisseur du son, ce n’est pas une simple nostalgie qui palpite. Wired Shut est un cri très contemporain, bourré d’auto-dérision et de lucidité. Le morceau convoque l’angoisse post-ado avec une maîtrise impressionnante, une production précise, jamais trop propre, juste assez blessée pour être honnête. On sent que rien n’a été laissé au hasard, pas même les silences. Et dans ce vacarme maîtrisé, ce chaos orchestré, on entend enfin une vérité nue : l’emo n’a jamais disparu, il a simplement changé de peau. Ce titre en est la preuve palpitante, vibrante, inextinguible.
À écouter seul, casque vissé, pluie sur les vitres.
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juin 16, 2025On croyait avoir tout entendu sur le deuil et les grands naufrages intimes. Puis Coughing Up Blood est arrivé. Un premier album écrit avec le souffle court et les mains en feu, comme s’il fallait arracher chaque note à la nuit. Avec cette œuvre, Micah Rose-Trespeuch ne cherche ni à plaire, ni à consoler. Il livre un journal ouvert, écrit depuis la fracture, où chaque morceau semble exhaler une part de soi qu’on croyait irrécupérable.
Tout commence par One & Two, une ouverture où tout est déjà là : les dissonances élégantes du piano, les respirations suspendues, la fragilité d’une voix qu’on sent trembler mais tenir, coûte que coûte. Pas de fioriture : l’introspection est immédiate, brute, presque brutale. On sent que le verbe n’a pas été poli, seulement taillé au plus près de la vérité.
Dans Demons, les silences deviennent des refuges. Les cordes pleurent à voix basse, le piano étouffe, et la voix, grave, caresse l’obscur. Don’t Lie, plus direct, tranche dans la chair avec une lucidité acide. Une montée émotionnelle qui joue sur les contrastes, où les harmonies classiques se frottent à une tension rock à peine contenue. Micah y lâche prise, mais sans jamais se vautrer dans l’emphase. Il sait quand s’effacer, laisser la musique parler à sa place.
Puis surgit She, plus ouverte, presque pop dans ses intentions. Mais chez Micah, même l’accessibilité est piégée. La structure du morceau s’étire, bifurque, s’amuse à déjouer les attentes. Comme une lumière douce qui finirait toujours par brûler les rétines.
Le triptyque final est bouleversant. Love & Passion, d’abord, d’une tension contenue magnifique, qui évoque autant James Blake que Rachmaninov. Tired, ensuite, où la fatigue devient thème et matière sonore, résonnant comme un râle mélodique — un morceau d’épuisement, de fin de course. Puis le titre éponyme, Coughing Up Blood, est une blessure encore à vif. On y entend tout : l’effort, l’abandon, l’amour qui s’effiloche, la violence du souvenir.
Et puis il y a « Peace », dernière respiration du disque. Tout s’y dilue : les percussions disparaissent, les mots se font rares, le piano effleure plus qu’il ne frappe. Le silence s’installe, pas comme une absence mais comme une réponse. Le calme après la tempête, ou plutôt la conscience qu’on vit désormais avec la tempête.
Ce disque est un soupir qui dure quarante minutes. Micah Rose-Trespeuch y écrit, compose et chante comme s’il fallait prouver qu’on peut encore faire de la beauté avec l’échec, du lyrisme avec l’essoufflement, du style avec la solitude. Coughing Up Blood n’est pas une promesse, c’est déjà une œuvre de maturité. Une traversée en apnée, à vivre pleinement, les yeux fermés.
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juin 9, 2025Derrière son titre faussement ironique, No Taste de Miguel Hosking déborde, justement, de goût. Celui des marges, des figures écorchées, des grands oubliés qui, dans les artères crasseuses de Montréal, réécrivent les lois de la scène à coups de gestes imprévisibles et de poésie en guenilles. Ce morceau, c’est un hommage aux « madmen » des trottoirs, ces danseurs sans scène, ces orateurs sans micro, ces clowns célestes qui transforment le macadam en théâtre baroque.
Hosking navigue ici dans un territoire où l’indie rock flirte avec la pop lo-fi, avec des guitares éthérées, presque maladroites, comme désaccordées à dessein, qui laissent filtrer une lumière douce et bancale. Sa voix, à la fois détachée et habitée, raconte sans grandiloquence mais avec un sens aigu du détail – des silhouettes en manteaux trop larges, des visages tatoués de solitude, des éclats de génie surgissant entre deux décharges.
C’est une chanson qui sent le goudron chaud, la pluie de fin d’hiver et les néons d’épicerie ouverts toute la nuit. L’arrangement, lui, se tient à la frontière entre l’élégie et la célébration. Les refrains accrochent sans jamais forcer, comme ces mélodies que l’on fredonne sans s’en rendre compte, héritées d’un croisement entre Mac DeMarco et les débuts de Broken Social Scene.
Mais au fond, No Taste est moins un single qu’un instantané. Une capture sonore de ce qui palpite dans les recoins ignorés de la ville : la grâce des éclopés, l’art brut des anonymes. Miguel Hosking ne juge pas, il observe — et de son regard tendre naît une chanson fragile et superbe. Une ballade urbaine pour ceux qu’on ne regarde pas, mais qui font tout le style du monde.
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juin 9, 2025Avec Hold Up the Lighter, le mystérieux duo masqué Bad Flamingo continue d’envoûter les déserts sonores qu’il a lui-même façonnés — quelque part entre spaghetti-western spectral, indie rock feutré et pulsations modernes trempées dans la poussière. Cette chanson, c’est un ralenti existentiel sous les néons grillés d’un motel oublié, un moment suspendu où la flamme d’un briquet devient acte de foi, de rébellion ou de tendresse. Selon ce qu’on y projette.
Ce qui frappe d’abord, c’est l’économie de moyens. Une guitare lancinante qui claque comme une porte de saloon en fin de nuit, des percussions discrètes mais lourdes de tension, et cette voix, ou plutôt ces deux voix, toujours à la frontière entre sensualité désabusée et menace voilée. Bad Flamingo ne s’adresse jamais frontalement à son auditeur : il le fixe du coin de l’œil, joue avec le silence, murmure plus qu’il ne chante. Et ça fonctionne, toujours.
Le morceau évolue dans une brume maîtrisée, à la fois minimaliste et cinématographique. Chaque note semble servir une narration invisible, comme si Hold Up the Lighter était le générique d’ouverture d’un road movie qu’on n’a pas encore vu, mais dont on ressent déjà la poussière, les non-dits, les cicatrices. Il y a du True Detective, du Tarantino post-country, du rock habité mais retenu.
On pense à des échos de The Kills, de Mazzy Star, de Timber Timbre, mais Bad Flamingo a son territoire bien à lui — cabossé, séduisant, tendu. Hold Up the Lighter, c’est un appel à la lumière dans un monde terne. Ou une menace douce dans un monde en feu.
Une chose est sûre : on tend l’oreille… et on rallume la flamme.
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juin 9, 2025Pas besoin de mots pour danser. Jumping Around, seul morceau instrumental du futur album de Gianfranco GFN, prouve que le langage du groove parle plus fort que n’importe quel refrain. Ici, pas de narration explicite : juste une pulsation. Un battement précis. Une promesse tenue par une section rutilante qui tisse entre acid-jazz, soul et électricité organique.
Ce n’est pas une simple jam. C’est un circuit vivant. Une suite d’impulsions magnifiquement agencées : la basse ronde et mobile de David Caraccio guide comme une colonne vertébrale funky, pendant que Nicolas Pittet aux baguettes injecte de la souplesse nerveuse à l’ensemble. Aux claviers, Claude-Alain Biedermann pose des touches de velours cosmique, et Gianfranco GFN, chef d’orchestre à la guitare, tricote des lignes souples, limpides, qui effleurent autant qu’elles animent. Sans jamais faire de l’esbroufe.
Ce qui séduit dans Jumping Around, c’est l’impression constante d’équilibre entre relâchement et précision. Chaque musicien joue comme un artisan du souffle. Et quand Lucien Matthey (percussions) et Fred Stalder (trompette) s’invitent dans la danse, le morceau prend des couleurs de place publique un soir d’été, quelque part entre Lausanne, Lagos et Brooklyn.
Plus qu’un titre de transition ou un exercice de style, Jumping Around agit comme une respiration dans le tumulte des productions actuelles : ni prétentieuse, ni aseptisée. Elle pulse, elle vibre, elle invite à fermer les yeux — ou à bouger les pieds, selon l’humeur.
Un titre qui fait du bien, parce qu’il ne cherche pas à dire. Il cherche à faire sentir. Et c’est souvent plus rare qu’il n’y paraît.
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juin 9, 2025Une porte claque. Une guitare crache son premier souffle. Dans les murs feutrés de Gravity Studios, quelque chose s’éveille. Ce n’est pas une session d’enregistrement, c’est une conjuration. Rosetta West, entité culte de l’underground de l’Illinois, n’a jamais couru après le temps – ils le tordent, le plient, le magnétisent. Gravity Sessions n’est pas une résurrection. C’est une prise d’otage du réel par le blues, le vrai, celui qui suinte le soufre et les larmes.
Joseph Demagore (voix et guitares), Herf Guderian (basse tellurique) et Mike Weaver (batterie qui cogne comme un souvenir) n’ont pas cherché à faire joli. Ils ont joué. Ensemble. Fort. Vrai. Et Doug McBride, sorcier du son, s’est chargé de capter la foudre sans l’apprivoiser.
La salve s’ouvre avec Dora Lee (Gravity), sorte de western cosmique hanté par des déesses en colère. C’est lourd, presque tribal, mais subtilement tordu – comme si le morceau cherchait à dérailler juste pour le plaisir de se redresser. Suzie enchaîne comme un tube oublié d’une radio fantôme : urgence garage et sourire en coin. Broken Glass, lui, fend l’air avec des éclats de guitare désenchantée – un slow toxique pour fins de nuits cabossées.
Au centre du disque, Deeper Than Magic agit comme un cœur noir palpitant. Sept minutes de blues transcendantal où la batterie semble invoquer la pluie, la basse rampe dans les entrailles, et la voix murmure des vérités qu’on préférait oublier. C’est le genre de morceau qui réveille des souvenirs qu’on n’a jamais vécus.
Le reste de la setlist garde ce souffle live : Save Me cogne comme un appel à l’aide lancé à une nuit indifférente, Baby Doll séduit sans s’excuser, et Venous Blue referme le rideau avec une douceur empoisonnée, comme un baiser posthume.
Rosetta West n’a rien à prouver. Leur musique, elle, continue de prouver que le rock peut encore être mystique, sale, élégant, et terriblement vivant. On n’écoute pas Gravity Sessions, on y entre comme dans un vieux théâtre poussiéreux, où chaque note raconte une scène interdite.
Allez-y. Entrez. Mais laissez la lumière dehors.
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juin 9, 2025Ce n’est pas une chanson, c’est une route. Une de ces longues lignes poussiéreuses qu’on imagine au crépuscule, dans un western post-apocalyptique où les chevaux sont remplacés par des guitares pleines de réverbération et les cowboys par des amoureux cabossés. Avec Dark Sun Rising, 3 Pairs of Boots – le duo californien formé par Laura Arias et Andrew Stern – livre peut-être son titre le plus spectral à ce jour : un morceau suspendu entre l’Americana solaire de leurs débuts et une noirceur crépusculaire, plus lente, plus grave, presque cinématographique.
Laura Arias, dont la voix semble sortir d’un rêve où Stevie Nicks aurait fricoté avec Hope Sandoval, porte ce morceau avec un mélange rare de fragilité et de détermination. Elle ne chante pas, elle invoque. Face à elle, les guitares de Stern tracent des paysages brumeux : nappes d’accords usés, slide fantomatique, touches de blues fondus dans la brume d’un matin sans soleil. Le morceau avance sans précipitation, comme si chaque seconde comptait, comme si l’histoire racontée ne tolérait ni raccourci ni cliché.
C’est là que le duo se démarque : Dark Sun Rising parle d’une fin – peut-être d’un amour, d’un monde, ou des illusions qu’on enterre à deux – mais refuse la grandiloquence. Au lieu de cela, 3 Pairs of Boots choisit la retenue, la nuance, le détail qui fait frissonner. Un break discret. Un silence. Un soupir dans la voix. Rien de spectaculaire, tout dans l’intime.
On sent que quelque chose a changé chez eux depuis Gone South ou même Boot Scootin. Plus d’élégance, moins d’ornement. Comme si la musique avait cessé de chercher un genre et s’était contentée d’être sincère. Et c’est là toute la beauté de Dark Sun Rising : ce n’est pas une évolution, c’est une épure.
Sous ce soleil noir, Arias et Stern continuent de tracer leur sillon singulier. À l’écart des modes. Mais plus proches que jamais de l’essentiel.
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juin 9, 2025Il existe des disques qui ne s’écoutent pas, mais se hantent. Ortolan, le nouvel album de L’Arbre Bizarre, appartient à cette caste rare. Une œuvre racinaire, lourde de sève noire, où le post-punk râpeux, le shoegaze liquéfié et le grunge tellurique se fondent dans une même masse organique. Comme un arbre tordu par les vents des montagnes suisses, cette musique ne cherche ni la lumière, ni les fleurs, mais la tension des nerfs à vif, les plaies ouvertes qu’on ne veut pas refermer.
Basé à Bâle, L’Arbre Bizarre — formé de Kevin Seiler (chant, guitare), Sven Seiler (basse), Andri Mahler (guitare) et Thomas Bachmann (batterie) — façonne depuis 2010 un son à contre-courant de toute lisibilité commerciale. Avec Ortolan, leur quatrième disque, ils signent un retour en pleine terre noire, là où les racines font craquer la roche. Le titre, qui évoque l’ombre du petit oiseau que l’on mange jadis les yeux bandés, symbolise à merveille l’ambiance du disque : clandestine, cruelle, presque liturgique.
Ici, chaque morceau semble surgir d’un sol gorgé de souvenirs humides, de douleurs fossilisées. Les riffs s’élèvent comme des branches nues griffant un ciel de novembre, les lignes de basse rampent en silence comme des limaces sacrées, et la batterie martèle, obstinée, comme une pluie battante sur un toit de tôle. Le chant de Kevin Seiler, à mi-chemin entre désespoir rentré et prophétie extatique, ne cherche pas à séduire mais à survivre — ce qui le rend d’autant plus magnétique.
Si Bokeh (2016) flirtait encore avec la lumière, Ortolan abandonne tout espoir de rémission. Il ne sauve rien, ne répare pas. Il observe, il creuse, il enterre. Et dans ce renoncement-là, il touche à une forme d’absolu. Un disque comme une nuit blanche dans une forêt gelée : anxiogène, sublime, nécessaire.
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juin 9, 2025Rosetta West ne fait pas dans le convenu. Et ce nouveau clip, Dora Lee (Gravity), confirme que le groupe culte de Chicago continue, trois décennies après ses débuts, à marcher à rebours de toutes les tendances. Ici, pas de storytelling formaté ni de réalisme tiède. On est face à un court-métrage mystico-psychédélique où un tankiste en uniforme semble perdre pied sous l’assaut visuel de déesses païennes — Ishtar, Hecate, Kali… autant d’avatars féminins qui, dans leur fusion guerrière et surnaturelle, viennent bousculer l’ordre viril et mécanique d’un monde en guerre avec lui-même.
La musique, elle, cogne comme un appel à l’exorcisme. Un hard blues abrasif, tendu, sale, mais magnifiquement habité. Joseph Demagore, voix caverneuse et guitare en feu, tient la baraque comme un prêcheur halluciné, flanqué de Herf Guderian à la basse grondante et de Mike Weaver à la batterie — solide comme un chœur de tambours en transe. Ce trio invoque les esprits du blues électrique, mais aussi ceux d’un psychédélisme visionnaire à la Captain Beefheart ou The Doors, passé à la moulinette post-industrielle du Midwest.
Le clip, hypnotique, est à l’image du morceau : chargé d’ambiguïtés, d’énergie brute et de références ésotériques. La caméra glisse, vacille, semble elle aussi prise dans une tempête symbolique. Rien n’est didactique, tout est suggestion. Comme souvent chez Rosetta West, on ne regarde pas Dora Lee (Gravity), on le traverse — un peu comme une séance de possession filmée en direct depuis un studio hanté.
C’est sauvage, c’est fou, c’est parfaitement à l’écart de ce que propose la scène actuelle — et c’est ce qui le rend essentiel.
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juin 9, 2025Il y a des disques qu’on attendait sans le savoir. There Is Time, premier album chanté de Vincent van Warmerdam, est de ceux-là. Pendant quarante ans, le Néerlandais a tout fait : théâtre, bandes originales, tubes décalés, romans semi-autobiographiques. Il a composé pour des beat bands fictifs, des films cultes, des opéras rock. Il a été dans l’ombre, et maintenant, il entre dans la lumière, sans frime, mais avec une pudeur poignante.
Le disque est une traversée. Un album de cabane où se réfugient les fantômes d’Allen Ginsberg et de Dorothy Parker, les spectres de chansons inachevées et les échos d’un monde intérieur aux contours folk, blues et doucement psychédéliques. C’est un patchwork d’arpèges, de voix amies, de violons suspendus, de claviers lunaires, et surtout de silences habités. Van Warmerdam, qui aurait pu continuer à livrer ses morceaux à d’autres voix (Cato van Dijck, Djurre de Haan, Theo Sieben répondent toujours présents), choisit ici de se dévoiler. Et sa voix – fragile, timide parfois – devient l’outil d’une sincérité désarmante.
Chaque morceau semble remonter d’une mémoire affective, entre souvenirs d’enfance dans un cinéma d’IJmuiden, rêveries littéraires, et réminiscences musicales allant de Randy Newman à Ry Cooder, en passant par les harmonies fantômes des Beach Boys. There Is Time n’est pas un album de jeune homme pressé. C’est un album de funambule, à l’équilibre entre mélancolie et sagesse. Le chant n’y est pas performance, mais acte d’acceptation. Le temps y est à la fois sujet, matière, et moteur : le temps qui manque, celui qui reste, celui qu’on rêve de suspendre.
C’est un disque pour l’aube, ou pour les fins de journée sans gloire, mais pleines de tendresse. Une offrande tardive, oui. Mais essentielle. Parce qu’il fallait du temps pour la chanter juste.
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juin 9, 2025On ne gagne jamais tout seul. Et Winners, nouveau single de Chandra, le martèle avec cette ferveur candide qui fait lever les bras au ciel dans les stades ou les festivals de campagne trempés par la bruine anglaise. Le trio basé à Bristol livre ici un tube calibré pour les grandes enjambées mentales : un morceau où la sueur émotionnelle remplace l’ironie, et où chaque accord sonne comme un uppercut au fatalisme.
Pas de faux-semblants. Winners est une ligne droite tracée au stabilo fluo dans un carnet de route cabossé par l’échec et la persévérance. La guitare lead de Mike Paul vrille comme une fusée de détresse, les refrains déferlent comme des vagues contre les doutes, et la voix de Chandra Nair — entre bienveillance pugnace et urgence adolescente — n’a qu’une obsession : faire tenir debout ceux qui vacillent.
Il y a du Killers époque Sam’s Town, du U2 période Beautiful Day, mais avec une sincérité indie qui préfère la foi au cynisme. Co-produit avec Aaron Short, le morceau tire sa puissance de sa franchise. Il ne réinvente pas la pop-rock à hymnes, il l’assume. Il l’embrasse même. Il la transforme en bras levés collectifs dans une cuisine, dans un bus, ou dans un moment de solitude où l’on se répète en boucle : we will be winners.
Chandra n’écrit pas une chanson ici. Il allume un feu pour les retardataires de la victoire. C’est cliché, mais parfois, les clichés sont les seuls refuges valables quand tout semble foutu.
Et c’est là que Winners tape juste. Parce qu’il vous parle quand vous n’avez pas encore gagné. Parce qu’il vous regarde quand vous vous relevez. Parce qu’il vous reconnaît — même couvert de boue.
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juin 9, 2025On ne rencontre pas Lessons of Chiron, on y entre comme on entrerait dans un mausolée à ciel ouvert : pieds nus, le souffle suspendu, prêt à ne pas en sortir indemne. Ce n’est pas un disque. C’est un rite de passage. Le genre d’œuvre qui ne se consomme pas, mais qui vous consume. Signée par la new-yorkaise bridget mariie, échappée des arrières-cours de Brooklyn, façonnée dans l’ombre d’un drame judiciaire impossible à juger par les lois humaines, l’album est une sorte de témoignage chamanique, un journal de guerre intérieure écrit au piano et brûlé à la guitare fuzz.
Là où d’autres se seraient contentés d’un EP expiatoire, bridget mariie construit une cathédrale vulnérable, mur après mur, voix après voix. Ce qu’elle raconte ne suit pas la logique des arcs narratifs classiques. Il n’y a pas de climax ici. Juste des crevasses. Des lentes reconstructions. Des mots qui saignent. Des harmonies qui respirent encore malgré tout. Elle cite Fiona Apple, Rankine, PJ Harvey, Claudia Reines… mais ce n’est pas du name-dropping. Ce sont des sœurs d’armes.
Il faut écouter Bluebeard et ses allers-retours hantés entre responsabilité et trahison, ou I Am, ce mantra d’existence brute écrit lors de sessions d’EMDR, pour comprendre ce qu’elle tente de bâtir : un langage pour les survivantes. Une forme de pop rituelle, spectrale, où l’on croise des fantômes qui refusent de se taire.
Enregistré sur bande dans une ancienne école de Philadelphie, chaque morceau semble porter l’écho des générations passées. On entend l’acoustique des couloirs, la mémoire des corps, les murs qui ont vu des enfants devenir gens. Sur Lessons of Chiron, les blessures deviennent organes, et la musique, un acte politique de refus : celui de disparaître.
La douleur ne s’y chante pas – elle s’y affronte. Et parfois, elle y danse.
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juin 9, 2025C’est une chanson qui gronde plus qu’elle ne joue, qui tonne plus qu’elle ne chante. Mountain Mama du Nod Notwen Band n’est pas un simple single : c’est un appel aux armes, un manifeste rock en habits de combat, entre riffs au fusain et paroles comme des tracts qu’on jetterait depuis un hélicoptère au-dessus des Appalaches.
Derrière ce cri venu du cœur d’un Sud américain fracturé mais debout, on retrouve Don Newton – ingénieur nucléaire, pionnier de la cybersécurité, formateur pour le FBI et producteur musical. Le genre d’homme dont le CV semble avoir été écrit à coups de massue. Et pourtant, dans Mountain Mama, tout converge dans une urgence viscérale : dénoncer la corruption, chanter l’héroïsme des oubliés, et rappeler que la musique, quand elle est habitée, peut devenir une arme aussi tranchante qu’un scalpel en pleine nuit.
Les guitares claquent comme des portes de saloon, saturées mais maîtrisées, et cette fameuse Newton Brown Guitar & Amp – hybride entre Fender et Les Paul – crée une texture unique, presque mythologique. On pense aux grands disques sudistes des années 70, aux envolées de Lynyrd Skynyrd, mais aussi à une Amérique parallèle, paranoïaque et lucide à la fois, entre Steve Earle et Nine Inch Nails époque Year Zero.
Ce qui fait la force de Mountain Mama, ce n’est pas seulement son groove âpre ou ses références à Starlink et aux Amish en résistance silencieuse, c’est sa rage sincère. Une rage qui n’est ni posée, ni cool, ni calculée. Elle est là pour secouer, bousculer, parfois même déranger. Parce qu’à force de parler de l’ombre – réseaux pédocriminels, effondrement spirituel, nature mutilée – Don Newton fait de son rock un antidote au silence complice.
À l’heure où tant d’artistes feignent l’engagement, Mountain Mama prend la tangente et la crie à plein poumons. C’est brut, c’est dense, et c’est sans compromis. Bref, c’est tout sauf tiède.
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juin 9, 2025Parfois, il suffit d’un vieux hangar, d’un ampli un peu cabossé et de trois âmes prêtes à transpirer pour que la magie opère. TC TENET, derrière ce nom tendu comme un nerf, signe avec « Animals » un retour à l’électricité brute, celle qui gronde sous les riffs, celle qui redonne à la guitare sa fonction première : cracher la colère, la lucidité, l’appel au vrai.
La session live, filmée dans le studio Arcus Sounds, ne triche pas. Aucun overdub, aucun fard. Juste un quatuor serré autour d’une urgence viscérale, comme si Radiohead avait troqué son anxiété élégante contre une colère crue, comme si les fantômes d’Oasis avaient troqué la morgue contre l’introspection. La référence à U2, elle, surgit dans l’ampleur — cette capacité à faire sonner un morceau comme un cri qui se déploie en cathédrale.
« Animals », au cœur de ce triptyque live, est plus qu’une chanson : c’est une charge. Contre les postures, les sermons en ligne, les vies aseptisées qu’on compile pour les réseaux. TC TENET ne sermonne pas, il raconte, d’une voix râpeuse qui mord la ligne de basse, avec cette lucidité qui n’appartient qu’aux artistes qui ont tout fait eux-mêmes, dans un cabanon au fond du jardin, avec pour seul luxe une conviction intacte.
Ce qu’il appelle alt-rock 2.0 sonne ici comme une réappropriation salutaire. Une musique qui ne s’excuse pas d’avoir des dents. Une musique jouée debout, avec la fatigue des vrais. TC TENET n’a pas besoin d’un label pour exister. Il a une guitare, un regard, une rage propre, et c’est largement suffisant pour faire trembler les murs.
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juin 9, 2025Le morceau commence sur la pointe des pieds. Pas pour ménager l’auditeur, mais parce qu’il n’a rien à prouver. The Goodbye Radio, vieux compagnons de galère de la scène new-yorkaise, savent trop bien ce qu’on gagne à ne plus courir. That’s the Point, c’est une chanson qui regarde l’Amérique dans le blanc des yeux, mais d’un regard las, comme si elle s’était un peu ratée, comme si elle s’était trop racontée d’histoires.
Il y a chez ce groupe une élégance du renoncement, un savoir-faire discret qui évoque les premières lueurs de R.E.M., le spleen organique de Big Star, et cette manière très Teenage Fanclub de poser des harmonies là où les autres mettraient des refrains à rallonge. La structure du morceau — suspendue, presque bancale — rappelle ces matins d’open space où tout semble trop net, trop éclairé. Sauf qu’ici, la lumière est tamisée, filtrée par une décennie d’hésitations. On entend le morceau tel qu’il aurait pu naître, et tel qu’il renaît aujourd’hui : dans une version épurée, resserrée, sculptée au couteau.
Ce qui fait la force de That’s the Point, ce n’est pas son riff introductif ou la montée finale — aussi efficaces soient-ils. C’est cette manière de raconter, sans posture, l’histoire d’un homme au bord du vide et sauvé, non pas par une révélation divine, mais par une présence humaine, concrète, terrienne. Une voix. Un regard. Une main sur l’épaule dans le métro.
Ce n’est pas une chanson qui change une vie. C’est une chanson qui vous murmure qu’il est encore temps de ne pas la laisser filer.
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juin 9, 2025On dirait que ça commence dans une flaque d’écho. Une rumeur, une respiration floue. Modern Day Drama, nouveau single de WHOLES, ne se contente pas de dépeindre l’aliénation postmoderne : il l’enveloppe dans un brouillard sonique, l’électrocute, la laisse gémir au sol. En trois minutes trente, le collectif (qui compte des membres de Hypochristmutreefuzz, Elefant, Pink Room et kolektiv) pose les bases d’un manifeste existentiel sans pitié, fait de riffs difformes et d’émotions brutes.
Le morceau s’ouvre comme un rêve sous anxiolytiques : des guitares liquéfiées, une batterie qui bat le rappel depuis une autre pièce, une voix qui semble parler toute seule dans un métro vide. C’est poisseux, flottant, quasi narcotique. On pense à Sonic Youth qui se serait endormi en lisant Michel Houellebecq. Mais alors qu’on s’attend à couler lentement, WHOLES vous saisit à la gorge.
Le dernier tiers, c’est l’incendie : guitares qui râlent, rythmique en transe, tension qui ne redescend jamais. Pas de résolution, pas de grand final apaisé. Juste un trop-plein de bruit et de nerfs, comme une crise d’angoisse laissée sans médication. Ce n’est pas un morceau qui cherche des réponses. C’est un cri retenu trop longtemps, qui explose enfin dans l’air vicié de 2025.
Modern Day Drama est peut-être le titre le plus juste de ces derniers mois. Car il ne parle pas de drame au sens spectaculaire. Il parle du vrai, du diffus, de celui qui s’infiltre dans chaque rafale de notifications, dans chaque silence gêné, dans chaque nuit blanche passée à scroller sans fin. Une chanson comme une gifle. Et une évidence : WHOLES n’est pas là pour arrondir les angles.
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juin 9, 2025Il est trois heures du matin à Atlanta, quelque part entre deux silences et une boîte de pizza vide, et JAW$ vient de graver un cri dans le bitume. AWAY, son nouveau single autoproduit, n’est pas un simple morceau : c’est une chambre noire, une transe post-love, une déclaration bancale mais bouleversante d’un mec qui a trop aimé, trop donné, et qui tente de recoller les morceaux entre deux trips de solitude psychédélique.
Pas besoin de studio cinq étoiles pour fabriquer une onde de choc émotionnelle : un garage, une nuit moite, des souvenirs acides et une voix noyée dans la reverb suffisent à faire naître ce petit monolithe lo-fi qui tangue entre shoegaze spectral et trap existentiel. On pense à Lil Peep, pour les mélodies qui dégoulinent comme des larmes sur un écran cassé, à XXXTentacion, pour cette violence douce dans la fragilité, et à Black Kray, pour l’attitude dandy-depressif perdu dans son propre monde.
Mais derrière le spleen étalé à vif, AWAY a quelque chose de plus rare : l’honnêteté crue. JAW$ ne cherche pas à être cool, il ne cherche même pas à être compris. Il écrit pour survivre, pour ses gosses, pour ne pas s’effondrer. C’est ce qui rend ce titre si intensément humain. Il pourrait sombrer dans le pathos, mais il flotte — porté par cette voix qui craque mais tient, comme un radeau de fortune dans une mer intérieure en vrac.
Il ne veut pas quitter sa chambre. Il n’a pas de plan B. Mais JAW$ tient bon, un couplet après l’autre. Et si vous avez déjà aimé quelqu’un jusqu’à vous perdre vous-même, AWAY vous trouvera. Même dans vos recoins les plus planqués.
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juin 8, 2025Il y a des morceaux qui semblent avoir été cueillis directement dans la lumière d’une fin d’après-midi d’août. Shaped By The Stars d’Adam Wedd est de ceux-là. Ce n’est pas une chanson qui frappe à grands coups de refrains héroïques ou de guitares spectaculaires — c’est une caresse posée sur les épaules du réel, une célébration de l’ordinaire, de ces petits détails presque invisibles qui, mis bout à bout, forment la géographie intime d’un amour.
Le morceau naît à Stockholm, un soir, dans un studio avec Hannes Andersson et Panos Agamemnos. Trois amis qui s’échangent les lignes comme on s’échange les silences dans une cabane, face au froid. La voix de Wedd, toujours sur le fil entre la fragilité assumée et la chaleur immédiate, porte une forme de tendresse lucide, une manière de dire que le miracle ne réside pas dans les promesses grandiloquentes, mais dans la capacité à voir l’autre tel qu’il est — façonné par ses étoiles.
Ce qui bouleverse ici, c’est la sincérité nue de l’ensemble. La production, élégante mais jamais ostentatoire, laisse respirer le texte, les textures, et cette voix qui, sans jamais forcer, touche juste. On y entend l’Angleterre (un détour par Bermondsey pour un mix à la main de Paul Tipler), la Scandinavie, et cette patte très artisanale de l’indie folk anglo-saxon — entre les disques de Passenger, les confessions de Foy Vance, et une épaisseur mélodique qui évoque parfois le Ben Howard de la première époque.
Mais ce qui rend Shaped By The Stars si précieux, c’est aussi son ouverture à l’interprétation. L’artiste raconte comment une simple idée de clip — imaginée du point de vue d’une fille — a donné naissance à une vidéo sur l’amour d’un grand-père. Même chanson. Nouvelle lecture. Comme un carnet qu’on se passe de main en main, chacun y écrivant ses propres marges.
Adam Wedd ne révolutionne pas le pop-rock. Il fait mieux : il lui rend sa fonction première. Celle d’un miroir discret tendu vers l’autre. Une chanson à écouter seul, ou à deux, comme un secret qu’on ne dira pas à voix haute, mais qu’on saura toujours partager.
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juin 8, 2025On pourrait croire à un cliché néo-romantique, tant le décor semble écrit à la plume d’un feuilleton pop : une voix féminine enregistrée à même les parois métalliques d’une cabine de croisière, un guitariste-designer hanté par la mémoire visuelle des géants (de Sleep Token à Ozzy, en passant par Dua Lipa), et un duo qui, plutôt que de dérouler leur œuvre au fil de l’eau, choisit de l’enfouir, de la laisser maturer comme une archive secrète, avant de la faire déferler en tsunami sonore. Still Dancing Tonight est donc bien plus qu’un single : c’est une faille tectonique, un premier grondement avant la rupture de digue.
Musicalement, c’est un classic rock transfiguré. Pas de pastiche ici : le morceau respire une compréhension fine de ses ascendants — le lyrisme incandescent de Fleetwood Mac, les attaques sèches de Pretenders, la sensualité rythmique d’un Eagles sous perfusion new wave. Mais le son est moderne, poli par l’auto-production ciselée de Paul Mead, qui pense chaque riff comme un objet de design sonore.
La voix de Gemma, captée dans les conditions précaires du large, est paradoxalement ce qui offre au morceau son ancrage émotionnel. Il y a dans ce grain lointain, cette fragilité maîtrisée, quelque chose d’inédit : un classicisme vocal qui n’imite jamais mais restitue l’émotion nue. Le refrain, jamais crié, semble toujours retenu à la dernière seconde — comme si la danse évoquée n’était jamais tout à fait terminée, ni tout à fait commencée.
On retrouve dans Still Dancing Tonight une esthétique de l’attente, une tension quasi cinématographique qui rappelle l’écriture narrative de Lana Del Rey ou même d’un Bruce Springsteen période Tunnel of Love. Tout y est suspension. Et c’est précisément dans cette latence que se loge la beauté du morceau : il ne cherche pas l’effet, mais le souvenir. Celui d’une fête qu’on aurait vécue ailleurs, sous d’autres étoiles, mais dont l’écho continue de vibrer dans nos corps immobiles.
Avec cette première salve d’une offensive sonore annoncée, Glass Rumours ne cherchent pas à séduire, mais à hanter. Et ils y parviennent avec une élégance rare.
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juin 4, 2025Pas besoin d’un bunker acoustique ou de studios dorés pour faire trembler les murs du monde. Dans un “chaos room” perdu à Barry, au sud du Pays de Galles, un homme seul taille dans la rage brute et les fréquences crues un morceau incandescent : The Hoard. Ce single, porté par The7thGatekeeper, sonde les tréfonds d’un monde à la dérive avec la précision d’un scalpel rouillé — un geste brutal, mais nécessaire.
Entre les griffes rythmiques d’un Rage Against The Machine, les plaintes métalliques d’un Slipknot ou les montées progressives d’un Muse, Giles Sommerwill (alias The7thGatekeeper) forge une esthétique sans filtre, frontale. Ici, pas de posture : juste une colère lucide, polie par le soin artisanal d’un musicien qui écrit, arrange, joue, enregistre et mixe tout lui-même. Un homme-orchestre sans masque, mais bardé d’intention. Romesh Dodangoda, maître du mastering (Bring Me The Horizon, Motörhead), vient poser la touche finale à ce brûlot à la fois personnel et universel.
The Hoard n’est pas qu’un exutoire sonore. C’est une dénonciation, presque une supplique. Celle d’un monde où l’avidité corrompt, où les ressources se concentrent entre quelques mains tandis que l’équilibre social s’effondre. Un morceau qui respire l’urgence, qui gronde comme une sirène à travers la brume d’un avenir incertain.
Et dans cette obscurité, The7thGatekeeper choisit l’honnêteté, la vulnérabilité du cri plutôt que la posture. Un métal d’auteur, lucide, habité, qui frappe au plexus sans chercher le consensus. Il n’y a pas ici de refrain pour danser : seulement une tension, une pulsation, et cette vérité brûlante que tout empire finit par chuter — mais rarement sans vacarme.
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juin 4, 2025Les habitués des comptoirs savent : parfois, c’est au fond d’un bar que le réel se dilue, entre deux anecdotes trop parfaites pour être vraies. Modern Guilt, eux, en ont tiré une chanson. Avec You Know Who You Are, le quatuor londonien lâche un brûlot élégant contre les mythomanes de salon et les bonimenteurs bien sapés, dans un style à mi-chemin entre sarcasme dansant et garage rock sous amphèts.
Ce nouveau single marque un virage funky mais tendu, une virée nocturne dans un Londres qui n’écoute plus que les gens parler d’autres gens, sans jamais vérifier si le fond existe encore. Produit par Mikey Buckley et masterisé par Tim Turan (Supergrass), le titre pose une basse souple mais ferme, des riffs abrasifs, et surtout cette manière presque malpolie d’être dans l’urgence tout en dansant sur le chaos. On pense à Talking Heads pour le regard en coin, à LCD Soundsystem pour l’ironie rythmique, et à Shame pour l’énergie fatiguée d’avoir trop observé les autres.
La voix de Jaz serpente entre les lignes comme un témoin blasé, une clope à la main, pas dupe mais fasciné. Ce n’est pas une diatribe, c’est un constat acide. Le morceau semble secouer la tête, ricaner un peu et dire : “On les connaît, ces types-là. Et vous aussi.”
Après un EP remarqué (We’ll Always Have Vegas) et des soutiens de poids (Steve Lamacq, John Kennedy, Jess Iszatt), Modern Guilt confirme ici sa singularité : un son aiguisé, lucide, fiévreux mais jamais poseur. Avec You Know Who You Are, ils signent une satire dansante, une lettre ouverte au bluff et aux postures. Et un vrai tube pour ceux qui savent encore écouter entre les lignes.
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juin 4, 2025Il arrive que la musique naisse de la douleur mais refuse d’y rester coincée. Avec Believe in Yourself, The Muster Point Project — projet indie canadien mené par Kevin Franco — livre bien plus qu’un single : une main tendue dans l’obscurité, un mantra pop-rock simple et sincère, forgé dans l’urgence du cœur.
Quand son épouse reçoit un diagnostic de cancer, Franco fait ce que seuls les amoureux des mélodies savent faire : transformer le vertige en chanson. Le morceau est direct, limpide, sans métaphore alambiquée. Et c’est là toute sa force. Believe in Yourself parle autant à elle qu’à tous ceux qui un jour devront serrer les poings face à l’invisible.
L’introduction pose le décor : guitare claire, basse ronde, tempo solide. Puis surgit cette voix chaude, familière, presque fraternelle. On sent l’héritage de Springsteen ou du Tom Petty le plus tendre, mais sans pastiche — juste l’ADN d’un rock de convictions. À mi-chemin, le titre se fend d’une parenthèse rétro inattendue : un piano cabaret digne d’un slow de lycée en 1958, un clin d’œil qui, loin d’être kitsch, rend le morceau encore plus humain, comme si l’artiste laissait sa mémoire se mêler à notre écoute, avant de nous ramener d’un coup dans la lumière du refrain.
Ce qui aurait pu rester une lettre privée devient hymne personnel à grande échelle. La collaboration avec Marcelo Effori à la batterie et Oleg Pisarenko aux claviers enrichit la texture sonore sans jamais voler la vedette à l’émotion brute du texte.
The Muster Point Project signe ici une ballade précieuse, anti-cynique, qui invite à croire — pas en des miracles hollywoodiens, mais en soi, en l’autre, en la force tranquille des refrains qui tiennent debout quand tout vacille. Une capsule d’espoir à garder en poche pour les jours gris.
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juin 4, 2025À une époque où le cynisme devient mainstream et où l’espoir se vend sous cellophane algorithmique, le quintet d’Oklahoma City Blueprint Tokyo livre Neon Circuits and the Mission of Hope, un album qui ne choisit pas entre rêver et résister. En 16 titres taillés pour les grands espaces mentaux autant que pour les stroboscopes de la nuit, le groupe affine sa vision d’un rock synthétique à la fois nostalgique et furieusement actuel.
Dès Say Anything, l’album impose une urgence électrique. Guitares claquantes, synthés néon et tension romantique en filigrane. C’est une entrée en matière qui regarde The Cure dans les yeux tout en dansant avec Walk the Moon sous une boule disco brisée. Replicants injecte une dose d’étrangeté new wave, là où Take My Breath ralentit le tempo et joue la carte d’un spleen radiant.
Mission Control — seule rescapée de leur EP précédent — reste un sommet, avec son refrain fédérateur et sa structure en crescendo, parfaite synthèse du projet Blueprint Tokyo : accessible, mais jamais complaisant. Le très cinématographique Stranger Things ne surfe pas sur la série éponyme, mais la détourne en une valse paranoïde à la Talk Talk. À l’autre bout du spectre, Dragons et Take Me Anyplace installent des ambiances plus contemplatives, presque ambient-pop, portées par des nappes synthétiques qui évoquent la bande-son d’un road trip intérieur.
Mais c’est peut-être Connected Lines et Invisible Year qui marquent le virage le plus mature du groupe : morceaux structurés comme des nouvelles de science-fiction urbaine, où les battements électroniques s’entrechoquent avec des mélodies imparables, tandis que la voix se fait confessionnelle sans jamais tomber dans le pathos.
Neon Circuits and the Mission of Hope ne cherche pas à réinventer le genre, mais à le transcender par la cohérence de son propos et l’efficacité de sa production. Chaque piste fonctionne comme un niveau d’un jeu d’arcade émotionnel, où les checkpoints seraient des instants de vérité en pleine rave douce. Mention spéciale à Sailor Girl, une clôture surprenante, douce-amère, qui rappelle que même dans la lumière artificielle, on peut trouver du vrai.
Blueprint Tokyo signe ici un disque-sérum pour cœurs cabossés, à écouter fort, casque vissé, quand le monde semble tourner sans vous. Ce n’est pas juste un album : c’est une carte pour s’y retrouver.
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juin 4, 2025Certains morceaux caressent, d’autres qui cognent. Et puis il y a ceux, plus rares, qui prennent feu lentement, comme un brasier sourd sous la cendre — Neverland fait partie de cette catégorie. Le duo allemand Para Lia, toujours aussi peu enclin à céder à la facilité, livre ici un titre qui dévore autant les tympans que les certitudes. Un trip électrique et lucide, qui convoque les esprits du rock contestataire à coups de fuzz rageur et d’élans poétiques.
Dès les premières secondes, le morceau plante son décor : un mur de guitares sinueuses, épaisses comme la brume sur une lande post-apocalyptique, survolé par une voix grave, habitée, presque chamanique. On pense à une collision improbable entre les textures planantes de The War on Drugs, les tensions rampantes de Radiohead époque Hail to the Thief, et le souffle engagé du Grateful Dead dans ses moments les plus éveillés.
Mais derrière les nappes psychédéliques, c’est la clarté du propos qui sidère. Neverland, malgré son titre enfantin, ne parle pas d’évasion mais de résistance. Ici, l’utopie est disséquée, arrachée à ses oripeaux. Il s’agit de dire non à l’endormissement généralisé, à la novlangue politique qui transforme le citoyen en produit, au simulacre d’individualité que l’on sert à coups de storytelling creux.
Para Lia n’a pas peur d’être frontal, mais le fait avec élégance : pas de slogans creux, mais une écriture dense, allusive, où chaque image sonne comme une gifle. Le clip, capté live, enfonce le clou : pas d’artifice, juste un groupe qui joue vraiment, qui vibre, qui donne tout — et surtout qui croit encore à la puissance du rock comme outil de friction.
Alors non, Neverland n’est pas une destination. C’est un miroir. Tendu à nos illusions collectives, à notre passivité, à nos silences complices. Et dans ce miroir, Para Lia nous regarde droit dans les yeux.
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juin 4, 2025Pas là pour caresser l’industrie de la love story dans le sens du poil. Wattmore revient avec Romantic Side, un single qui cogne comme une gueule de bois après un date raté. Toujours aussi libre, toujours aussi mordant, le duo fraternel venu de Brisbane balance ici un hymne country-punk à l’énergie impertinente, tranchant à vif dans les clichés du dating moderne.
Après Circus Life, qui avait déjà semé le chaos dans les ondes country et conquis les cercles Americana et rock alternatif, Wattmore enfonce le clou avec ce morceau co-écrit avec l’incontournable Allan Caswell. Sous ses allures de cavalcade country bien huilée, Romantic Side est une satire grinçante des apps de rencontre, des scripts amoureux préfabriqués et de la comédie des sentiments à l’ère numérique.
Il y a ici quelque chose de profondément jouissif : le refus de se plier aux codes. La production, signée Lindsay Waddington dans son fief de LWM House Studios, est léchée sans être lisse, interprétée par le gratin de la scène country australienne. Mais malgré cette propreté technique, c’est bien l’attitude punk – celle qui se moque des formats, qui crie quand il faudrait chuchoter – qui dicte la ligne.
Wattmore, c’est l’alliage improbable mais terriblement efficace d’Oasis et de Waylon Jennings, du sarcasme et du riff, de la confession intime et de la colère politique. Leur futur album, en cours d’élaboration, s’annonce déjà comme une ode foutraque et vibrante à ceux qu’on n’invite pas à danser mais qui finissent par retourner la piste.
Romantic Side, c’est l’anti slow de fin de soirée. Ça ne te promet pas des fleurs. Ça te tend un miroir et t’invite à rire (jaune) avec eux. À écouter fort, avec un sourire en coin et les bottes sales.
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juin 3, 2025Parfois, ce n’est pas la chanson qui commence, mais le silence juste avant. Celui qui s’installe dans la pièce, comme si l’air s’amincissait doucement pour faire place à quelque chose de fragile. Pink Light, c’est exactement ça. Un instant en sursis, un moment qui ne cherche pas à convaincre mais simplement à exister.
Le groupe new-yorkais Two Dark Birds, emmené par l’insaisissable Steve Koester, livre ici un morceau qui semble s’échapper d’un rêve interrompu. Guitares en apesanteur, synthés liquides, batterie qui bat au ralenti comme un cœur après l’effort. Il y a dans Pink Light une élégance hors du temps, une tendresse presque effacée, à la façon d’un souvenir qui refuse de se laisser oublier.
On pense à Nick Drake, s’il avait grandi dans les montagnes embrumées de Woodstock avec un Moog sous les doigts. À la poésie elliptique des Cocteau Twins, à la nonchalance nerveuse des Talking Heads. Mais ici, tout est digéré, transformé, intégré. Pink Light ne copie rien. Elle suggère. Elle fait signe, sans jamais expliquer.
L’écriture s’attarde sur cette frontière floue entre le quotidien et l’infini. Ce moment précis où le rayon rose du soleil, traversant une vitre poussiéreuse, vient soudain révéler quelque chose de bien plus grand. La chanson ne s’impose pas : elle glisse, elle flotte. Et ce n’est pas un hasard si elle ne figure pas sur l’album à venir — elle ne pouvait appartenir à rien. Elle est à part. Comme ces jours d’hiver où l’on croit sentir l’odeur de l’été.
Pink Light est une parenthèse. Une faille. Une offrande. Un de ces morceaux discrets mais entêtants, qui s’impriment au fond des os et qu’on réécoute sans trop savoir pourquoi — peut-être juste pour retrouver cette lumière-là. Celle qui nous traverse sans prévenir.
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juin 3, 2025À première vue, Hartlesspool pourrait passer pour une énième décharge post-adolescente sur les charmes érodés d’une ville moyenne britannique. Mais il ne faut pas plus de trois secondes – un riff râpeux, une batterie qui cogne comme un cœur en colère – pour comprendre que Lurcher n’écrit pas ici un simple adieu nostalgique à Hartlepool. Ils l’incinèrent. À mains nues, avec amour, rage, et surtout, une lucidité qui fait plus mal que n’importe quelle distorsion.
Sous ses dehors de punk abrasif – martelé, rapide, sans détour – le morceau est une fresque de désillusion. Une lettre ouverte sans politesse, un cri muet lancé à travers les routes fraîchement resurfacées d’un territoire qui n’a plus d’âme. “Where’s my Pools?” répètent-ils, comme on répète un nom qu’on ne reconnaît plus. La ville a perdu sa chaleur, sa chair, son foutu cœur. Et Lurcher, eux, s’échinent à en retrouver les contours dans un déluge électrique.
La production est tout sauf décorative : c’est un barrage, un chaos contrôlé, un équilibre étrange entre la fureur et les petits moments de groove qui surgissent comme des souvenirs flous au détour d’un carrefour. Le morceau tangue, trébuche, mais ne cède jamais. Il illustre exactement ce qu’il raconte : la perte de repères, le deuil d’une époque où les clés étaient sous le paillasson, où les lieux avaient une mémoire, une voix.
Dans un monde qui resurface l’asphalte en ignorant les fondations qui s’effondrent, Hartlesspool est une prise de parole vitale. Lurcher ne prétend pas avoir les réponses, mais leur colère est une question qu’on ne peut plus ignorer. Un titre coup-de-poing, viscéral, poignant, qui fait rimer punk et poésie urbaine.
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juin 3, 2025On croyait tout avoir entendu sur New York. Les odes flamboyantes, les ballades désenchantées, les hymnes à l’asphalte et les larmes versées dans les taxis jaunes. Et pourtant, il fallait que Zach Tabori vienne y poser sa voix—non pas pour réenchanter la ville, mais pour la regarder en face, sans fard ni grandiloquence, avec ce mélange rare de cynisme délicat et de lucidité poétique.
“NYC”, extrait de l’explosif Attack of the Clout Chasers, est peut-être l’instant le plus calme, le plus personnel aussi, de ce feu d’artifice prog-satirique signé Tabori. Ici, les murs suintent la fatigue des illusions, et chaque ligne semble respirer l’écho des rêves fanés. Pas de posture, pas de décor superflu : juste un regard droit dans les yeux de la ville qui avale tout, y compris ceux qui croient pouvoir la dompter.
Musicalement, c’est un contre-pied magistral. Là où l’album se vautre avec panache dans les excès, “NYC” se retire, s’étire, s’ouvre comme une lettre jamais envoyée. Une guitare décharnée, quelques notes suspendues comme des silences lourds de sens, et cette voix de faussaire magnifique qui ne cherche ni la pitié ni la gloire. On pense à Lou Reed sans les lunettes noires, à Rufus Wainwright qui aurait troqué le baroque pour un banc de Central Park en novembre.
Tabori signe ici une anti-déclaration d’amour à une ville qui n’a jamais promis de rendre l’affection. Mais c’est justement là que réside sa beauté : dans cette lucidité brutale, dans cet aveu d’épuisement qui devient soudain un moment de grâce. Car au fond, NYC n’est pas un morceau sur la ville. C’est un miroir tendu à ceux qui y cherchent quelque chose—eux-mêmes, un sens, une échappée. Et qui, parfois, n’y trouvent que leur propre reflet, brouillé par les néons.
Un bijou crépusculaire, pour celles et ceux qui savent que la ville ne dort jamais, mais que parfois, elle vous laisse dormir seul.
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juin 3, 2025À une époque où tout sonne trop lisse, trop compressé, trop “correct”, Red Velvet Supreme choisit la voie inverse. Leur nouveau single “Hey Girl” est un doigt d’honneur aux prods aseptisées et une ode brûlante au rock tel qu’on l’aime : imprévisible, indomptable et outrageusement vivant.
Fraîchement débarqués de NYC avec un premier album remarqué (Just A Little Taste For Ya), les trois musiciens remettent le couvert avec un morceau qui claque comme une gifle sous acide. Pas de retouches, pas de sur-mixage. Juste des guitares qui mordent, une basse qui groove comme une bête et — c’est là que les choses changent — Doc B, nouveau venu derrière les fûts, dont l’arrivée tient plus de l’explosion nucléaire que du simple recrutement.
“Hey Girl”, c’est du garage rock psychédélique qui flirte avec le blues crasseux, le tout joué en live et capturé tel quel, comme dans les grandes heures du rock 70s. On pense à Cream pour la liberté, à The Black Keys pour le grain, et à King Gizzard pour l’insolence. Chaque break, chaque montée, chaque distorsion respire l’urgence et la tension du moment présent.
C’est sauvage, bordélique, parfois brutal — et c’est précisément ce qui rend ce titre aussi jouissif. À l’heure des enregistrements cliniques, Red Velvet Supreme préfère transpirer, hurler, et foutre le feu à la bande-son de nos névroses.
“Hey Girl” n’est pas une simple chanson. C’est une performance. Une attitude. Et un avertissement : le rock n’est pas mort. Il vient juste de changer de batteur.
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juin 3, 2025Il y a des chansons qui claquent comme une porte qu’on aurait trop longtemps laissée entrouverte. « Truman », le nouveau single du groupe Ultra Monti, s’inscrit dans cette veine : nerveux, frontal, et pourtant étrangement lucide. Une chanson qui hurle dans le vide mais qui sait exactement ce qu’elle cherche à dire.
Dès les premières secondes, le ton est donné : guitares distordues au cordeau, batterie frénétique à peine contenue, et une voix qui semble toujours à deux doigts de dérailler. Et pourtant, tout est contrôlé. Ultra Monti joue à fond la carte du chaos maîtrisé, du post-punk embrassé avec l’élégance d’un rock indé qui a digéré ses références sans jamais les singer. On pense aux débuts d’Interpol, aux montées sourdes de Shame, voire à la froideur poétique d’un Radiohead époque The Bends, mais ici le propos est plus tranchant, presque urgent.
« Truman », comme son nom le laisse deviner, interroge la réalité. On y devine le vertige d’un personnage qui doute de tout : de ses proches, de son monde, de sa place dans ce théâtre social où tout semble chorégraphié. La référence au film culte avec Jim Carrey n’est pas gratuite — elle agit ici comme une métaphore filée du décalage moderne, du mal de vivre sous lumière artificielle.
Mais Ultra Monti ne sombre jamais dans le cynisme. Leur musique cogne, mais elle éclaire. Elle libère. Truman n’est pas qu’un single efficace, c’est un coup de projecteur sur nos propres murs invisibles, un riff tendu tendu comme une corde à sauter au-dessus du vide. Et si tout ça n’était qu’un décor ? Alors, dans ce cas, montrez les caméras — Ultra Monti a déjà branché les amplis.
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juin 3, 2025Il y a des morceaux qui grattent là où ça fait mal. “No Reflections” de N.P.C. est de ceux-là. Un uppercut sonore, un miroir brisé tendu à la face de ces amitiés toxiques qui vous regardent dans les yeux… sans jamais vraiment vous voir. “It’s a room full of mirrors but no reflections” — cette phrase résonne comme un verdict glaçant : on croit être entouré, mais on est seul. Entouré de visages familiers, de sourires plastiques, de mots vides. Bienvenue dans la “house of glass where the cracks don’t show”.
Dans ce titre, N.P.C. transforme une désillusion universelle en une bombe alternative rock chargée de colère contenue et de lucidité brûlante. Guitares acérées, voix pleine de tensions émotionnelles, production sans fioritures : tout est calibré pour faire vibrer les tripes de celles et ceux qui en ont marre de faire semblant. Ici, pas de faux-semblants, pas de paillettes — juste une réalité crue, portée par une rage froide qui fait du bien.
Fidèle à son ADN, N.P.C. ne joue pas à la star. Ils parlent pour les écorchés, les mal-aimés, les trop lucides. Chaque chanson est un exutoire, une main tendue vers celles et ceux qui n’ont plus la force de crier. “No Reflections” s’inscrit dans cette lignée, dans ce refus de taire la douleur et l’aliénation sociale. C’est brut, c’est noir, et pourtant ça libère.
N.P.C. est peut-être né dans l’ombre, mais leur musique éclaire les zones où peu osent poser les mots. “No Reflections” n’est pas juste un morceau : c’est un miroir qu’on brise, un cri qu’on relâche, et une vérité qu’on n’étouffera plus.
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juin 3, 2025Il y a des titres qui attrapent l’oreille comme un slogan tagué à la va-vite sur le mur d’un lycée : I Hate This Song en fait partie. Mais que l’on ne s’y trompe pas — derrière ce cri faussement blasé se cache un brûlot d’indie rock aussi affûté que désabusé, signé Goddamn Wolves, trio de Raleigh, Caroline du Nord, qui n’a pas peur d’injecter un soupçon de sarcasme dans la tradition alternative.
Dans cette nouvelle sortie, les Goddamn Wolves continuent de faire ce qu’ils savent faire de mieux : prendre des fragments du passé (un riff ici qui sent le college rock des 90s, une harmonie vocale là qui rappelle les années Sarah Records) et les propulser dans une énergie contemporaine. Mais ce qui frappe ici, c’est cette façon de tordre les codes du rock à trois têtes : Chris, Laura et Drew jouent sur une alchimie de plus en plus fluide, presque télépathique, qui permet au morceau de jongler entre ironie grinçante et sincérité poignante.
La chanson sonne comme une lettre d’amour passive-agressive à tous les hymnes trop entendus, à cette lassitude collective qu’on ressent quand un refrain devient viral au point d’en perdre l’âme. Et pourtant, paradoxalement, I Hate This Song devient un de ces morceaux qu’on a envie de rejouer. Encore. Et encore. Le paradoxe est assumé : « I hate this song, but damn it’s good », pourrait-on dire.
Entre ses lignes acérées, ses guitares droites dans leurs bottes et ses chœurs qui se croisent avec un naturel déconcertant, Goddamn Wolves signe ici une pépite d’indie rock conscient, dansant, et délicieusement contradictoire. Et si cinq fans ne peuvent pas avoir tort, on commence à croire qu’ils ont bien raison.
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juin 3, 2025Il y a des morceaux qui réconfortent comme une madeleine, et d’autres qui claquent la porte du cœur avant même que vous ne l’ayez entrebâillée. “Over Before It’s Begun”, le nouveau single de Jonny Corralitos, est précisément de ceux-là. Il entre en trombe dans votre système limbique, le sourire en coin, les mains dans les poches, et le refrain déjà prêt à squatter vos synapses pour les trois prochains étés.
Ancien poète folk reconverti en rocker indie solaire, Corralitos signe ici un coup de maître de concision émotionnelle. En moins de trois minutes, il déroule une romance en accéléré, faite de regards croisés dans un bar trop éclairé, d’espoirs naïfs, de désillusions silencieuses et de cette phrase qui résonne comme un mantra nihiliste pour cœurs lucides : “It’s over before it’s begun, but at least you’ve had your fun.” Pavement plane au-dessus du morceau comme un vieux cousin cool venu fumer dans la cuisine. Les Lemonheads pointent le bout de leur pop rugueuse et les “ooohs” surfent sur des guitares qui cavalent droit vers le mur, avec élégance.
Mais là où Corralitos surprend, c’est dans ce mélange étrange de mélancolie assumée et de vitalité brute. Il chante la fin avant le début, l’échec comme état naturel des choses, mais le fait avec une énergie qui vous donne envie de danser en pleurant sur les cendres d’un texto jamais répondu. Sa guitare rythmique claque comme un moteur d’été, son chant hésite entre désinvolture et sincérité nue, et la production sent la bière tiède et le bonheur fugace.
“Over Before It’s Begun” n’est pas une chanson d’amour. C’est un avertissement en technicolor. C’est un sourire fatigué au comptoir d’un bar où tout le monde finit par se connaître. C’est l’indie rock dans ce qu’il a de plus désarmant : l’élégance de savoir que tout passe, et la grâce d’en faire un putain de tube.
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mai 30, 2025Ça claque sec, ça sent la sueur et les amplis chauds, et surtout ça ne demande la permission à personne. Fairy Tales From…, le premier EP du trio nantais Tom Worrf, ne fait pas dans la nuance de surface, mais dans la nuance d’instinct. Un disque brutalement honnête, sculpté à même les tripes par trois musiciens qui n’ont plus besoin de faire semblant. Nés dans le vacarme des caves franciliennes, élevés à la poussière des scènes de l’ouest, ils font de la musique comme on se raccroche à un radeau : sans fioriture, avec une foi brute.
Leur son, c’est un carrefour orageux entre le blues sale des Black Keys, la puissance de feu de Royal Blood, la profondeur d’Audioslave et l’anarchie magique de Reignwolf. Pas de triche. Pas de backing track. Juste du bois, de l’acier et du nerf. Et ça s’entend. On Your Arms, aligne une rythmique qui tabasse avec juste ce qu’il faut de groove pour ne pas perdre l’âme. On y sent presque le gospel fantôme, discret, derrière les cris de l’ampli. Ce n’est pas du garage rock. C’est du rock de garage hanté.
Puis, ça fini sur Diamonds. Pas une reprise pour flatter l’égo — une reprise pour fermer une boucle. C’est la toute première chanson qu’ils ont jouée ensemble, avant même d’avoir un nom. Elle revient ici comme un fantôme bienveillant, pour rappeler que derrière la crasse, il y a l’histoire. Leur histoire.
L’EP a été bricolé comme on construit un autel : batteries captées live à l’Antipode de Rennes, tout le reste enregistré maison, dans leur tanière, avec leurs instruments cabossés et fidèles. Résultat : une texture vivante, humaine, qui déborde d’imperfections glorieuses. Et pour les sceptiques, la preuve est sur YouTube : une session live, filmée d’une seule traite, sans triche ni retouches, avec deux choristes venues renforcer la vibration soul de certains titres.
Fairy Tales From… est une lettre de rage, une confession électrique, un cri contenu depuis trop longtemps. Tom Worrf, c’est ce que devient le rock quand on arrête de le marketer : un cri viscéral, un besoin de survie. Rien de plus, rien de moins.
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mai 30, 2025C’est dans le silence moelleux d’un home studio à Budapest que Balazs Janky, alias NBP Human, réinvente à sa façon ce qu’il reste de l’esprit grunge, après que les amplis de Seattle ont cessé de cracher leurs oracles. The Fundaments ne fait pas dans la nostalgie. Il ne cherche pas à ressusciter Nirvana, Soundgarden ou Pearl Jam. Il préfère s’en nourrir pour construire sa propre cathédrale de riffs nerveux et de certitudes adolescentes que l’âge n’a pas tout à fait réussi à diluer.
Ce morceau est plus qu’un single. C’est un manifeste pour ceux qui refusent que les jours gris deviennent leur religion. Une prière électrique, pleine de fièvre et de foi, adressée à l’enfant qu’on a laissé en route et qu’il est peut-être encore temps d’aller chercher. Guitare frontale, structure volontairement brute, voix qui n’implore pas mais affirme : NBP Human signe ici une ode à la reconquête intérieure, sans effet de manche mais avec l’urgence d’un cœur qui bat encore trop fort pour qu’on l’ignore.
The Fundaments s’écoute comme un électrochoc intime. On y perçoit le DIY noble : celui du type qui fait tout, tout seul — de l’écriture à l’enregistrement, du mixage à la vidéo lyrique bricolée à partir de 45 photos prises par son ami, dans une démarche d’artisan illuminé. Ce n’est pas du rock de stade, c’est du rock de table de nuit, du rock d’obsession, de ceux qui tournent en boucle dans une pièce sans fenêtre mais pleine d’âme.
En creux, on entend une envie de vivre autrement. De s’accrocher à ses fondations les plus anciennes comme on saisirait une poignée de terre avant qu’elle ne s’effrite. NBP Human ne prétend pas révolutionner la musique. Il préfère la sentir vibrer à travers lui, la canaliser avec sincérité et une forme de naïveté radicale. Et c’est peut-être cela qui rend The Fundaments aussi puissant. Parce que ce n’est pas une chanson. C’est un cri doux. Un coup de talon dans la poussière du renoncement. Un rappel que le rock n’est pas un genre, mais une manière d’exister.
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mai 30, 2025Il y a des disques qui ne cherchent pas à rugir, seulement à bruisser dans le silence, à siffler doucement dans le vent des souvenirs. Le nouvel EP de Ben Heyworth, Creatures, appartient à cette espèce rare de musique qui donne l’impression de tomber sur un carnet de bord oublié sous un banc, à Ancoats Marina, entre deux viennoiseries trop beurrées et un banc de brume qui lévite sur le canal. Après une décennie d’absence sous son propre nom, Heyworth revient comme on retrouve une maison d’enfance, un peu délavée, mais étrangement intacte.
Dans Narrowboat, morceau d’ouverture, c’est toute l’âme aquatique de Manchester qui flotte sur une mélodie d’apparence simple, mais aux recoins insidieux. Le titre, porté par une voix au grain patiné, raconte les jours paisibles et les nuits hantées sur les voies d’eau de la ville. Le piano y épouse la respiration lente de celui qui a choisi de vivre au fil de l’eau, et chaque accord semble provenir d’un rêve en gilet de sauvetage.
Image of Roads accélère sans vraiment partir. Road trip intérieur ou dérive onirique, ce morceau évoque ces trajets que l’on fait sans bouger, voiture garée sur le parking de l’imaginaire. Les synthés y vibrent comme des cartes routières froissées, les voix flottent dans une fausse lumière de station-service. Il y a du Damon Albarn là-dedans, époque The Good, The Bad & The Queen, ou même un clin d’œil spectral à Sparklehorse.
Enfin, Creature Double Feature éclate en un carnaval doucement psyché où grotesque et poésie font la roue. C’est une parade de marginaux, de figures de foire, de doubles et de monstres tendres qui se donnent rendez-vous dans les miroirs déformants de l’âme. On y croise des ravens et des cravens, des phalus fétichisés et des danseurs sans nom. Heyworth compose là une comédie humaine pleine d’auto-dérision, d’introspection farfelue, et de vérité floutée.
On aurait pu croire que le silence avait englouti Ben Heyworth, mais c’était une pause, une respiration. Avec Creatures, il revient comme un conteur revenu d’un monde parallèle, nous livrant trois morceaux tissés de brumes, d’humour pince-sans-rire et d’une nostalgie pleine de grâce. Ce n’est pas un come-back, c’est une réapparition discrète mais lumineuse, à l’image de Manchester sous la pluie, quand la ville devient cinéma.
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mai 30, 2025Ce n’est pas un « best of », c’est une résurrection. Jaime’s Tone, alias Jacques M., remet les pendules à zéro avec un album anthologique qui ne se contente pas d’aligner les morceaux marquants de ses trois premiers disques : il les réinvente. Une sélection précise, presque chirurgicale, de onze titres qui trouvent ici une nouvelle peau, retendue par un travail de réédition et de remasterisation mené avec le mixeur Etienne Pelosoff. Le résultat : une œuvre cohérente, incarnée, qui réinjecte du sang neuf dans la machine à souvenirs.
Dès les premières secondes de « Speedy Lightning », le ton est donné. Le morceau, retravaillé dans ses textures, s’élance comme une course contre le temps, électrisée par des riffs incisifs et une voix qui claque comme une déclaration d’intention. On n’est pas là pour faire dans la dentelle nostalgique : Jaime’s Tone vise droit dans le cœur. Ce fil tendu entre urgence et introspection se poursuit avec « Appearance », plus trouble, presque opaque, où les couches sonores jouent à cache-cache avec le thème central du masque social. Le morceau, dans sa version revisitée, gagne en densité dramatique.
Puis vient « City of Dreams », errance synthétique dans une ville imaginaire où les souvenirs se superposent comme des photos mal rangées. La production plus limpide amplifie le caractère onirique du titre. À l’opposé du spectre, « War » explose. Hymne dystopique à la rage contenue, il martèle ses obsessions avec un mur de guitares saturées et une voix grave, comme surgie d’un bunker intérieur. « Under and Below » rétablit un équilibre fragile, plongeant l’auditeur dans un univers plus souterrain, plus intérieur, où chaque note semble peser son silence.
Avec « Take a Chance », Jaime’s Tone revient vers un format plus lumineux, presque radio-friendly, mais sans rien céder à la sincérité. C’est une bouffée d’air, fragile mais déterminée. Puis « May ’84 », sommet du disque, bouleverse tout. Véritable capsule temporelle, ce morceau culte sonne comme un film perdu de la new wave française, entre nappes brumeuses et beats mélancoliques. Une masterclass de synthétisme émotionnel, aujourd’hui enrichie par une relecture plus nette, plus ample.
« Genius », toujours aussi ambigu, se moque ou s’admire, on ne sait pas. Dans sa version rééditée, il mord plus fort, comme une déclaration ironique dans un miroir fêlé. « Wake Up » secoue, mais doucement : l’alerte est douce-amère, portée par une progression émotive subtile que le nouveau mix vient renforcer avec finesse. « Number One », faussement pop et joyeuse, joue sur le fil entre rêve d’ego et réalité de l’oubli, le tout dans une légèreté quasi dansante.
En guise de clôture, « The Cloudy Element » remixé par Electrosoff ouvre une porte vers une autre dimension. Ce morceau, initialement discret, devient ici une bulle électro onirique, flottant quelque part entre le post-rock et la dreamwave. Une conclusion aérienne, comme un regard dans le rétroviseur après la traversée.
Best of Jaime’s Tone est une preuve que le passé peut s’écrire au présent, que les chansons ont plusieurs vies, et que l’indépendance artistique n’empêche ni l’ambition, ni la cohérence. Ce disque est une mémoire réanimée, une fiction personnelle devenue manifeste sonore. Jaime’s Tone, cinq ans après ses débuts, ne fait pas le point — il trace de nouvelles lignes.
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mai 30, 2025On n’écoute pas cette chanson. On y retourne.
Comme à l’époque où les voitures sentaient encore le cuir brûlé, où la radio grésillait dans la nuit texane et où deux frères, assis côte à côte, rêvaient en boucle dans le même magnétisme FM. We Listened to the Radio, c’est la bande-son d’un lien qui se réinvente après vingt-cinq ans de silence — pas pour briller, mais pour guérir. Pas pour séduire des foules, mais pour murmurer à l’enfance ce qu’elle n’a jamais cessé d’attendre.
Le timbre de Salim, grave et posé, croise la ligne claire de Faris, qui plane toujours quelque part entre une mélancolie british à la Belle and Sebastian et les harmonies en technicolor d’un Paul McCartney oublié. Le morceau n’est pas là pour bousculer la table du rock indé, mais pour caresser ses souvenirs. On y entend l’écho des disques passés, des mots non dits, de la tendresse distillée dans les refrains qui n’ont jamais eu le temps d’arriver.
Ce n’est pas une reformation, c’est une réconciliation. Un son doux-amer, bourré de silences anciens et de regards neufs. L’intimité est palpable, l’écriture presque pudique. Une guitare modeste, une batterie retenue, et cette impression étrange que même l’air autour d’eux se retient de respirer trop fort.
Il n’est pas question ici de revival opportuniste. Les Nourallah Brothers n’ont jamais été des rockstars, mais ils n’en ont jamais eu besoin. Ce qu’ils construisent ici, c’est un petit monument fragile au pouvoir de la mémoire et à la grâce d’un moment partagé. Ce n’est pas un retour, c’est une confession.
Un seul morceau, et l’impression de réentendre ce que la musique peut encore faire : réunir, révéler, réanimer. C’est à ça que ça sert, un poste de radio, non ?
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mai 30, 2025Ça commence comme un rite. Une wah-wah rampante, sale comme un souvenir de guerre dans les marécages. Puis le feu prend. Blood Divine, deuxième éclat arraché à l’odyssée solo A Cosmic Year, est le genre de titre qui invoque les fantômes des seventies et les fait danser torse nu sous une boule à facettes rouillée. Avec ce single, Matt C. White ne cherche pas à flatter l’époque — il la transperce à coups de riffs hirsutes, de pulsations tribales et de visions psychotropes où se croisent Santana, Soundgarden, Ty Segall et une pincée de doom vaudou.
Fuzz saturée, chant incantatoire, batterie martiale : Blood Divine s’écoute comme on entre en transe. Pas besoin de rituel compliqué. Il suffit de lâcher prise, de suivre la basse comme un fil d’Ariane dans une jungle sonore où chaque détour peut cacher un solo vorace ou une nappe de synthé venue d’un autre plan astral. White ne pastiche pas, il canalise. Il convoque le sang comme élément fondateur, matière première des guerres anciennes et des quêtes modernes, énergie brute qu’on se vole, qu’on partage ou qu’on sanctifie.
En filigrane, l’artiste texan exilé à Brooklyn livre une méditation lourde de sens sur les conflits primordiaux : survivre, dévorer, transmettre. Comme si la musique devenait langage archaïque, transmission organique de la rage ancestrale et du besoin d’évasion.
Blood Divine est à la fois trip et uppercut, groove et grondement. C’est du stoner qui pense, de la poésie qui hurle. Et si ce n’est que le deuxième morceau de l’album à venir, A Cosmic Year s’annonce déjà comme une carte du ciel déglinguée, dessinée à l’encre noire et aux larsens.
À écouter fort, à jeun ou pas, mais toujours avec l’âme prête à saigner.
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mai 30, 2025Il y a des ruptures qui hurlent. Et puis il y a celles qui murmurent, qui restent tapies dans les draps froissés du quotidien, dans les silences gênés des « on reste amis ». C’est dans cet entre-deux poisseux que Nomeno a choisi d’implanter i wish we hated each other, sa dernière bombe douce-amère – une chanson pour tous ceux qui n’ont pas eu le luxe de la colère.
À vingt ans à peine, le Lyonnais d’adoption manie déjà la mélancolie comme d’autres une arme blanche. Dans ce titre, il ne crie pas, il soupire. Les guitares sont éraflées, un brin dissonantes, enregistrées sur un instrument trop modeste pour être net. Mais c’est précisément là que réside le charme de cette production DIY : une sincérité brute, palpable, que même le désaccord tonal ne parvient pas à maquiller. Au contraire, l’accord bancal devient une métaphore sonore : c’est la note qui dérange, comme un mot de trop, une caresse mal placée après un adieu trop poli.
Nomeno raconte ici une histoire qu’on connaît tous mais qu’on n’entend que rarement en chanson : celle d’une séparation propre, sans cris ni drames, mais avec un vide monumental en guise de point final. Il voudrait qu’elle soit détestable, juste pour pouvoir tourner la page sans culpabilité. Mais non. Elle était douce. C’est lui qui part. Et ça, c’est pire.
Entre Dayglow et Role Model, Nomeno trouve un juste équilibre entre l’épure mélodique et la confession sans filtre. Il chante depuis un dortoir, guitare désaccordée contre le cœur, pour tous les jeunes adultes qui ont grandi trop vite en réalisant que l’amour, parfois, ne suffit pas.
i wish we hated each other est un journal intime mis en son, une lettre qu’on n’osera jamais envoyer. Et peut-être aussi, pour certains, le début d’un deuil nécessaire.
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mai 30, 2025Dans les riffs rageurs de “Hello”, Apache Rose ne revient pas : il ressurgit. Deux ans de silence, et voilà que la formation moscovite livre un single aux allures de confession criée, entre fureur contenue et nostalgie désarmante. “Hello” ne s’adresse à personne en particulier, et pourtant chacun s’y reconnaît — un ancien ami, un pays fantôme, une part de soi abandonnée quelque part dans un passé qu’on évite désormais de regarder en face.
Ce morceau, c’est un road trip intérieur. On y croise Soundgarden en embuscade dans les distos, un soupçon de Foo Fighters dans la fougue vocale, et ce spleen urbain propre à ceux qui ont grandi loin des grands récits mais avec les disques d’Alice In Chains comme boussole. Apache Rose signe ici une œuvre frontale et mélodique, où chaque montée en puissance semble rouvrir une ancienne plaie qu’on croyait refermée.
La vraie gifle, c’est ce solo de Vladimir Kornienko — dit Korney — qui surgit à mi-parcours comme une claque électrique, entaille le ciel sonore et fait jaillir la vraie tension du titre : ce que l’on perd n’est jamais tout à fait perdu, tant qu’on sait le transformer en cri.
Mais “Hello” n’est pas qu’une lettre au passé. C’est aussi un miroir tendu au présent, celui d’une Russie rock qui n’a rien perdu de sa verve, ni de sa lucidité. La pochette, Red Square détournée, en dit long : c’est là que tout a commencé. Mais c’est aussi là que tout a dérapé.
Apache Rose ne cherche pas la rédemption. Ils offrent un uppercut sonore à ceux qui n’ont jamais su comment dire adieu. Et parfois, un simple “Hello” suffit à tout faire revenir.
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mai 30, 2025Pas besoin de casque VR pour se projeter dans un autre monde : Fly or Die!, dernier single de New Laconia, suffit à tout dérégler. Ici, la gravité n’est qu’un leurre. Là où la plupart des titres de metal contemporain tournent en boucle dans leur propre chaos, le projet d’Alex Syniakov fonce tête baissée dans le vertige du mythe, de la science-fiction et du jeu narratif. Ce troisième chapitre sonique, après Stardust Bear Bazaar et The Fates, trace sa propre ligne d’horizon — entre fureur et foi, entre instinct de survie et propulsion cosmique.
Plus frontal, plus urgent, Fly or Die! s’apparente à un seuil : la chanson évoque l’instant suspendu où l’on choisit de sauter dans le vide plutôt que de reculer. Mais ici, l’adrénaline n’est pas brute — elle est chorégraphiée. La polyphonie à trois octaves donne au morceau une ampleur quasi cinématographique, renforçant cette sensation d’être à la fois minuscule face à l’univers et immensément libre en son sein. Ce n’est plus juste une chanson : c’est une scène, un carrefour, un rite de passage.
La production, léchée mais vivante, marie la rugosité du grunge à des éclats progressifs, presque jazzés dans certains contretemps. La voix, quant à elle, déraille volontairement — non pas pour faire peur, mais pour réveiller.
Et c’est là que Fly or Die! frappe fort : il ne s’agit pas de violence pour la violence, mais d’un appel lucide à la transcendance. Ce que New Laconia construit, titre après titre, c’est un espace alternatif, un monde narratif où chaque morceau est un chapitre, chaque riff une passerelle vers un ailleurs.
On attend le prochain avec la fébrilité d’un lecteur accroché à son roman de SF favori. Car ici, le metal pense, rêve, et surtout… s’élève.
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mai 30, 2025Pas besoin d’avoir grandi dans une chambre tapissée de posters de Kurt Cobain pour ressentir la secousse. Dès les premières mesures de Family Tree, on comprend que HIGHWAYVES ne joue pas à exhumer le passé : il le tord, le vrille, l’étire jusqu’à en faire autre chose — quelque chose de viscéral, d’instinctif, et surtout, de personnel.
En provenance de l’Isle of Man, le groupe — déjà repéré par BBC Introducing comme l’un des projets les plus excitants de 2025 — refuse le confort d’un revival grunge paresseux. Oui, il y a des fantômes qui rôdent : ceux d’Alice in Chains, de Stone Temple Pilots, de Nirvana. Mais plutôt que de les imiter, HIGHWAYVES les convoque comme des spectres familiers qu’on invite à danser dans des nappes de shoegaze brumeux et de refrains pop noyés dans la distorsion.
Family Tree est un morceau racinaire. Ça pousse dans la boue, ça suinte la colère domestiquée, les héritages pesants et les souvenirs en friche. La voix, rugueuse mais jamais plaintive, serpente entre les guitares abrasives comme un secret qu’on n’a pas encore décidé de confesser. C’est du rock de chambre d’ado devenu adulte — pas plus sage, mais plus lucide.
La force de HIGHWAYVES, c’est de comprendre que le passé n’a d’intérêt que s’il permet de dire quelque chose de neuf. Ici, le groupe taille dans le bois mort du rock alternatif des années 90 pour en faire un tronc nerveux, tendu, habité. Family Tree, c’est la rage transmise, transformée — et, quelque part, transcendée. Une catharsis électrique qui prouve que le grunge, loin d’être enterré, a encore des choses à hurler.
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mai 30, 2025Imaginez deux voix qui se croisent dans une ville étrangère, un beat discret qui semble avoir voyagé dans le temps depuis les balades sentimentales des années 90, et cette certitude tranquille que l’amour — le vrai, pas celui des algorithmes — peut encore servir de boussole. C’est dans cet espace-temps suspendu que Michellar, songwriter californienne au charme brut, plante les fondations de “Conquer All with Love”.
Ce n’est pas une chanson qui cherche l’effet immédiat. Elle avance lentement, comme un couple qui prend son temps pour se redécouvrir. La guitare ouvre le bal avec une nostalgie tactile, tandis que la production de Toby (Tobias Wilson Music Ltd., Staffordshire) déroule un tapis feutré où chaque note semble posée à la main. Les voix de Harrison Black et Christina Rntd. se répondent sans forcer, dans une harmonie douce qui rappelle les duos intemporels — quelque part entre la complicité de Sonny & Cher et les échos sensibles d’un vieux disque de Linda Ronstadt.
Ce qui frappe surtout, c’est la pudeur. Michellar ne théâtralise rien. Elle parle d’un lien à deux, forgé dans les creux du quotidien et poli par les épreuves. “Conquer All with Love” ne promet pas l’éternité, mais le choix de rester, encore et encore. Il y a dans ce titre une forme de courage tranquille, celui de croire que la tendresse peut suffire à bâtir des ponts, même à distance, même dans le doute.
Dans un monde qui clame à tue-tête, Michellar chuchote — et c’est peut-être pour ça qu’on l’entend mieux.
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mai 30, 2025À quoi tient une vie ? À un battement de cil, une phrase jetée à la volée, un regard mal cadré dans un bar trop bruyant. Le premier album de ST. NIKLAS, habits of a complex mind, en fait son sujet central. Dix titres comme dix chapitres d’un journal intime sur papier glacé, où la pop flirte avec le spleen sans jamais sombrer. Et parmi eux, “if we never met that night” s’impose comme l’instant-charnière, ce carrefour nocturne où tout aurait pu être différent.
ST. NIKLAS, jeune auteur-compositeur norvégien passé maître dans l’art de la nostalgie cinématographique, livre ici une ode lumineuse et désabusée à ces instants suspendus qu’on ne réalise qu’après coup. Guitares fougueuses, batterie taille cathédrale, souffle 80s et ferveur indie : le cocktail est classique, mais l’exécution est d’une fraîcheur insolente. Une production léchée signée Andy Baldwin (Del Water Gap, St. Lucia) vient enrober le tout d’une chaleur qui colle à la peau comme un vieux pull prêté par un ex qu’on n’arrive pas à rendre.
Ce titre n’est qu’une porte d’entrée vers un disque aux reliefs multiples. D’un ICSTWYWHN en ouverture cryptique à la confession douce-amère de a heart of doubt, en passant par les tendres éclats de phone calls from home, la torpeur apaisée de comfy, l’énergie brute de jumpstart ou l’hymne intérieur no one else, chaque chanson explore un pan de ce que grandir veut dire. antidote soigne le manque de sens, okay tente de le relativiser, et la pièce-titre habits of a complex mind referme le cercle avec une mélancolie presque sage.
ST. NIKLAS ne cherche pas à briller plus qu’un autre, mais à toucher juste. Son talent est là : capter le fragile, le fugace, le flou. Il écrit pour ceux qui ressassent, pour les solitaires sentimentaux et les cœurs qui saignent en silence dans les parkings déserts. Avec habits of a complex mind, il offre à cette tribu une bande-son douce-amère, élégante et profondément humaine.
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mai 30, 2025Il y a des morceaux qui arrivent comme une lettre retrouvée dans la doublure d’un manteau d’hiver : un peu froissée, un peu humide, mais tellement pleine d’âme qu’on reste figé, touché en des lieux qu’on croyait éteints. Sun Don’t Shine, premier titre de Jacob Ifans, est de ceux-là. Un morceau qui n’en fait pas trop, qui ne surjoue rien, et qui pourtant vous transperce, lentement, sans prévenir.
Jacob Ifans vient de l’ouest du Pays de Galles, là où les saisons mordent encore, là où les familles portent les chansons comme d’autres portent le deuil ou la terre sur les bottes. Ce jeune auteur-compositeur, échoué quelque part entre l’Atlantique cornouaillais et les souvenirs ruraux, livre une chanson qui sent le bois humide, la solitude choisie, la mélancolie bienveillante. Il ne raconte pas le froid, il le fait entendre. Ce n’est pas que du folk rock : c’est de la mémoire sonore. Une mémoire ancrée, granuleuse, qui ne s’excuse jamais d’être un peu lente, un peu sale.
Enregistré sur l’île d’Hydra, là où les fantômes de Leonard Cohen respirent encore entre deux embruns, Sun Don’t Shine ne joue pas la carte vintage ou roots, il est juste authentique. Ça sonne comme une maquette qu’on n’a jamais voulu réenregistrer, tant elle vibrait déjà de la vérité première.
Il y a dans la voix d’Ifans cette cassure tendre des chanteurs qui ont trop vu, trop senti, et qui préfèrent murmurer plutôt que de prouver. Il parle du climat intérieur, du rapport à la lumière, de l’amour décalé qu’on porte aux choses mortes. La guitare est presque timide, la structure souple, presque absente. Mais tout est là. Chaque seconde sonne juste.
Ce titre ne cherche pas de place dans les playlists. Il cherche une place dans votre mémoire. Et il l’obtient.
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mai 30, 2025Le rock, le vrai, celui qui mord la poussière et l’embrasse en retour, semble souvent perdu dans les vapeurs lisses de la production contemporaine. Et puis parfois, un morceau surgit sans prévenir, et ramène avec lui l’odeur âcre de la sueur, des cicatrices et du sang séché sous les ongles. Broken de Deflecting Ghosts est un effondrement dirigé. Un uppercut de sincérité brute qui refuse le maquillage. Ici, tout est nu. Et c’est cette nudité qui transperce.
Le groupe naît à Hutchinson, Kansas – lieu improbable pour une musique qui sent les grandes villes abîmées et les motels aux néons clignotants. Mais peut-être fallait-il justement l’immensité silencieuse des plaines américaines pour entendre aussi distinctement l’écho d’une âme qui craque. Luke Fitzgerald, chef d’orchestre de cette catharsis à ciel ouvert, convoque ses propres fantômes et les regarde en face. Sa voix n’est ni belle ni parfaite. Elle est vraie. Usée comme une corde trop tendue. Soutenue par la basse tellurique de Rhema, sa complice de chair et d’âme, et la batterie chirurgicale mais vivante d’Austin, le morceau avance en funambule sur un fil de feu.
À mi-chemin entre les tourments électriques de Thrice et les introspections rageuses de Brand New, “Broken” impose son rythme : celui d’un cœur qui bat trop fort pour qu’on l’ignore. Les guitares claquent comme des portes qu’on n’a pas eu le temps de fermer, les silences sont lourds comme des souvenirs qu’on n’a pas digérés, et le mix d’Adrian Breakspear (Gang of Youths, Clew) donne à chaque élément une densité palpable, presque physique. Ce n’est pas un son, c’est une matière. Rugueuse. Poreuse. Vivante.
Ce single ne se range dans aucune playlist préfabriquée. Il s’adresse à ceux qui ont connu la chute sans jamais écrire le mot “fin”. À ceux pour qui la musique n’est pas un loisir mais un exorcisme. En moins de quatre minutes, Deflecting Ghosts dresse un autel pour les douleurs muettes, celles qu’on porte comme des tatouages invisibles. Et dans cette noirceur assumée, une lumière fissure l’obscurité : celle, infime mais tenace, de la lucidité.
“Broken” est un appel. À qui voudra bien l’entendre. À qui saura reconnaître dans ces vibrations désaccordées une voix familière, un miroir fissuré. C’est un morceau qui ne se consomme pas. Il se vit. Et il ne vous lâche pas.
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mai 30, 2025Un coq chante, quelque part dans un souvenir. On entend presque les bottes dans la gadoue, les vieux vinyles tourner dans la grange, les rires échappés d’un barbecue un dimanche sans urgence. C’est là que “Farm Days” nous emmène, avec l’insolence joyeuse d’un road trip rétro entre swing, rockabilly et country artisanale, signé LUNA & The Gents.
Ce morceau, c’est une escapade en trois minutes vers une campagne idéalisée, jamais naïve. Il y a des poules, du soleil et des refrains qui vous attrapent comme une poignée de foin jetée en l’air, sans prévenir. Mais surtout, il y a cette voix : celle de LUNA, chaleureuse et expressive, qui donne chair à cette carte postale musicale. Autour d’elle, ses “Gents” tissent un écrin acoustique tout en finesse, capté live en studio, sans tricherie ni artifice. Pas de samples, pas de machines — juste des instruments qui respirent, vibrent, s’écorchent.
Enregistré avec le naturel des choses bien faites, “Farm Days” séduit par sa production sobre mais vivante, laissant s’exprimer les textures : les frottements de cordes, les balais sur la caisse claire, les glissements feutrés d’une contrebasse élégante. On pense parfois aux Stray Cats qui auraient troqué leurs blousons noirs contre des chemises à carreaux, ou à Imelda May s’égarant dans un champ d’herbes hautes. Il y a du sourire dans la musique, une sorte de joie désinvolte, comme si tout allait bien, ou pouvait l’être.
Ce troisième single du quatuor bâlois confirme ce qu’on devinait déjà : ces gens-là ont du goût, du cœur et une capacité rare à raconter des histoires simples avec style. “Farm Days” ne prétend pas révolutionner quoi que ce soit. Il préfère cueillir un moment suspendu et le transformer en chanson. C’est souvent là que réside la magie.
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mai 30, 2025Ari Joshua ne sort pas un morceau, il déclenche un phénomène. Avec “Reversible Submersible”, il convoque deux esprits libres parmi les plus influents du groove expérimental américain : John Medeski et Billy Martin. Cette rencontre rare et précieuse, capturée en studio, a tout du rituel chamanique sous acide. Ici, les codes explosent, les genres s’effacent, et la musique devient un courant invisible, à la fois dense et liquide.
Il y a quelque chose d’aquatique dans cette composition, comme si chaque note remontait lentement des abysses. La guitare d’Ari Joshua, tantôt rêveuse, tantôt tranchante, se frotte aux nappes d’orgue hallucinées de Medeski, pendant que les polyrythmies organiques de Martin s’impriment sous la peau, comme le ressac d’une mer étrange. La basse de Jason Fraticelli, ligne de flottaison subtile, maintient ce vaisseau sonore dans un équilibre instable mais enivrant.
Enregistré entre Applehead Studios et London Bridge Studios, puis magnifié par le mastering de Joe Lambert, le morceau ne choisit jamais entre jazz, funk, rock psyché ou bande-son imaginaire. Il prend tout, digère tout, et en ressort un paysage sonore qui évoque autant les virées de Khruangbin que les éclats lunaires de Bill Frisell ou les spirales cosmiques de The Comet Is Coming.
Reversible Submersible n’a rien d’un single anecdotique. C’est une plongée en eau profonde, où les silences sont des cavernes, les claviers des méduses électriques, et la guitare une torche guidant vers l’inconnu. On en ressort troublé, un peu hagard, mais étrangement apaisé.
Un ovni musical à écouter seul, la nuit, casque vissé aux oreilles, prêt à se laisser aspirer par les courants secrets.
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mai 27, 2025Il y a des chansons qui ne se contentent pas de raconter : elles accompagnent. Never Letting Go, signée Steven Abrams, est de celles-là. Ni cri de détresse, ni envolée lacrymale, ce morceau est une marche en avant, sobre et lumineuse, vers quelque chose de mieux. Écrite dans le sillage d’un deuil personnel, la chanson se révèle pourtant étonnamment apaisée — comme si, après l’éclat de la perte, il ne restait que le vent et une route à tracer.
La production, sans artifices tapageurs, épouse une tradition pop rock à la fois intemporelle et sincère. On pense à Tom Petty, à Bryan Adams, à ces artistes qui savent que l’émotion la plus forte est souvent celle qui se dit sans hausser le ton. La guitare guide la progression avec une chaleur tranquille, les harmonies s’installent doucement, et l’ensemble respire cette humilité des morceaux écrits pour être vrais, pas pour plaire à l’algorithme.
Ce qui frappe dans Never Letting Go, c’est l’équilibre entre nostalgie et lumière. Abrams ne nie pas la douleur — il la regarde en face, mais choisit de continuer. Il chante moins pour exorciser que pour témoigner : du mouvement, des rencontres, de ces instants simples où l’on reprend goût à l’existence sans s’en rendre compte. Il y a quelque chose de profondément humain dans cette façon qu’il a d’ouvrir une brèche sans pathos, avec des mots simples et des mélodies pleines de respiration.
Pour un auteur-compositeur qui écrit depuis des décennies mais n’a jamais cherché les projecteurs, Steven Abrams déploie ici une maturité musicale touchante. Never Letting Go n’a pas vocation à révolutionner la pop rock — elle veut juste toucher juste. Et c’est précisément ce qu’elle fait.
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mai 27, 2025C’est un riff qui claque comme une porte qu’on aurait trop longtemps laissée entrouverte. « We Run » de Reduction in Force n’entre pas : il déboule. En baskets usées, cœur tambourinant, le regard vers l’horizon. Il y a dans ce morceau la sueur d’un sprint émotionnel, la rage douce d’une génération qui n’a pas renoncé à rêver, mais qui court désormais avec les dents serrées et les écouteurs vissés jusqu’au fond de l’âme.
Les influences ? Elles sautent aux oreilles comme des silhouettes familières croisées en pleine nuit. The Smiths pour la mélancolie qui danse, New Order pour la basse qui cogne sous la peau, un zeste de Gang of Four dans l’arête acérée des guitares, et cet ADN indé post-punk qui refuse le confort pour mieux gratter la surface du réel. Mais là où d’autres se contentent de citer leurs aînés, Reduction in Force transcende. On ne parle pas d’hommage ici, mais d’héritage réinventé.
« We Run », c’est une odyssée intérieure maquillée en hymne alternatif. Ça part vite, très vite, presque trop vite. Comme la vie. Comme nos espoirs d’adolescents qui se sont mis à courir sans prévenir, laissant derrière eux des versions de nous qu’on ne saura peut-être jamais rattraper. Et pourtant, le morceau ne cherche pas la destination : il embrasse le mouvement. Il est dans le souffle, dans la foulée, dans le battement syncopé d’un cœur qui refuse de s’éteindre.
Ce n’est pas seulement un banger à hurler casque sur les oreilles dans les rues désertes de 2h du mat, c’est un manifeste intime. La preuve qu’on court encore, qu’on y croit un peu, qu’on se laisse encore porter par l’élan fragile d’un rêve. Car, au fond, ce que « We Run » nous murmure, c’est que ce ne sont pas les rêves qui nous fuient : c’est nous qui les poursuivons sans relâche, sans jamais oser les attraper.
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mai 24, 2025Le morceau ne s’invite pas. Il fend l’espace. Il débarque comme une chevauchée barbare dans une nuit sans lune, guitare brandie comme une épée trop lourde pour quiconque n’a pas le cœur gros. Avec Sacrifice, le quatuor GROS CŒUR n’écrit pas un single, il taille un totem. Tranchant, brut, direct — une offrande électrique déposée au pied d’un autel païen monté dans un désert fictif, quelque part entre Almería et un rêve de stoner rock.
Il y a cette rage contenue, cette tension qui palpite dès les premières secondes, une sorte de pulsation tellurique née d’un riff obstiné. Puis les voix arrivent, en groupe, en gang, en confrérie. Et soudain tout prend feu. C’est à la fois très simple et profondément travaillé, comme une rumeur dans un bar de fin du monde : sincère, fiévreux, sans compromis. Les voix sont là, pleines face, captées à plusieurs, comme on chante autour d’un feu ou dans une grange. Pas de filets, pas de triche.
GROS CŒUR joue avec les contrastes : les couplets te bastonnent, le pont central t’enlace comme une nappe de Mellotron qui aurait pris un acide doux au fond d’un vieux vinyle de Gong. Il y a cette incursion 70’s qui ne prévient pas, qui fend l’armure, et rappelle qu’ici, on sait autant caresser que cogner.
Sacrifice ne figure sur aucun disque. C’est un morceau cavalier, indépendant, qui ne cherche ni refuge ni validation. Il existe pour le plaisir de faire du bruit ensemble, pour brûler une mèche, pour hurler au vent des mots simples qu’on veut tous répéter en chœur : Sacrifice. Sacrifice. Sacrifice.
Avec ce titre, GROS CŒUR continue de faire du rock un espace d’exorcisme et de communion. Et nous, on en redemande.
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mai 23, 2025Il y a des groupes qui se prennent pour des prophètes, et d’autres qui chantent les ulcères avec une guitare désaccordée et un sourire en coin. Bacchanal fait résolument partie de la deuxième catégorie — et c’est précisément pour ça qu’on les adore. Farnham, Surrey, point de départ improbable d’un trio qui fait de la fausse maladresse une force, du dérisoire une épopée, et de « The Other Night » une chanson comme un souvenir de fête foraine qui dérape à mi-chemin entre l’ivresse et l’introspection.
Ce nouveau morceau, inspiré (selon eux) par Eric Cantona — ce qui veut tout et rien dire — résonne comme une lettre d’amour aux contre-temps, aux guitares qui grincent juste ce qu’il faut, aux mélodies qui montent là où on ne les attend pas. On pense à Pavement, à Blur période 13, ou aux vieux démos de Supergrass, mais avec une touche presque prog planquée dans les recoins du refrain. Bacchanal s’amuse, mais ne plaisante pas. Ou plutôt, plaisante avec sérieux : car sous l’humour potache, il y a une rage douce, une lucidité tendre sur ce que c’est que de rater sa vie sans vraiment le vouloir.
« The Other Night » joue avec les codes comme un chat avec une boule de laine : ça part dans tous les sens, ça s’arrête net, ça repart en spirale. On y parle peut-être de rien — ou peut-être de tout, des fringues, des rêves absurdes, des carrousels qu’on ne monte plus. C’est bancal, poétique, plein de charme. Et ça donne envie de les voir en concert, dans un pub anglais où la bière est tiède et la sincérité brute.
Bacchanal ne révolutionne rien. Et c’est bien là leur force : ils transforment l’ordinaire en groove, l’absurde en beauté, la médiocrité en manifeste. « The Other Night » est une capsule de nonchalance virtuose. À écouter fort, de travers, avec le cœur un peu flou.
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mai 23, 2025Il y a des chansons qui ne font pas de bruit, mais qui s’infiltrent dans l’âme comme une lumière douce un dimanche matin. I’d Rather Be, nouvelle offrande de Kieran James, est de celles-là. Derrière ses accords pop rock caressants se cache un hymne bouleversant à la parentalité, à ces instants suspendus où l’on observe son enfant grandir sans jamais pouvoir appuyer sur “pause”.
Loin des ballades sirupeuses, I’d Rather Be sonne comme une lettre non envoyée, écrite depuis la banquette arrière d’un break familial ou sur le bord d’un terrain de baseball au crépuscule. Kieran y chante le regard qu’on pose sur ces années qui filent plus vite que prévu, quand les bras de son enfant deviennent trop longs pour les câlins spontanés, quand la complicité s’écrit avec un peu plus de pudeur. Mais surtout, il chante l’émerveillement intact d’avoir été là, pleinement.
La production, subtile et sincère, laisse respirer les mots et la mélodie. La guitare est simple mais efficace, jamais démonstrative, comme s’il refusait d’éclipser l’émotion. On pense à Bruce Springsteen dans ses moments les plus tendres, ou à James Taylor, mais avec ce supplément d’âme propre aux artistes qui ne cherchent pas à briller mais à transmettre.
“I’d Rather Be” n’est pas qu’une chanson : c’est un repère. Un instant figé dans le temps, que l’on réécoute comme on ouvre un album photo, avec un sourire un peu mouillé. Une déclaration d’amour pudique, pour tous ceux qui savent que les plus grandes aventures se jouent dans l’ordinaire du quotidien partagé. Kieran James signe ici un titre universel, une douce brûlure pour tous les parents, et un bijou d’humanité à glisser dans toutes les oreilles.
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mai 23, 2025Tension. C’est le premier mot qui traverse l’esprit à l’écoute de Lifeline, nouveau cri feutré de Babe Lewis, alias Joseph Harder. Plus qu’un morceau, une atmosphère : dense, trouble, intransigeante. Pas de lumière artificielle, pas de grand refrain salvateur, juste une ligne de basse rampante, des guitares suspendues à l’os, et une voix qui semble vouloir disparaître dans la réverbération.
Le projet solo venu de Harrisonburg, Virginie, continue de se déployer comme un carnet intime écrit à l’encre acide. Pas de débordement, mais un feu lent, contenu, menaçant. Lifeline n’offre pas la libération promise par son titre. Il étire la brûlure, la rend belle, presque majestueuse. Les guitares à la My Bloody Valentine se mêlent au spleen lo-fi d’Unknown Mortal Orchestra, tandis que la fragilité des harmonies évoque un Crosby, Stills & Nash halluciné par les vapeurs d’un été sans fin.
Ce qui frappe ici, c’est la sincérité brute de la construction : une progression qui ne mène nulle part, sinon dans l’intimité de ce qu’on ne dit pas. La tension est là, permanente, comme un fil tendu entre deux silences, deux regards, deux émotions qu’on n’a jamais su nommer.
Babe Lewis ne joue pas la carte du rock éclatant. Il creuse dans les failles, sculpte l’indécis. Lifeline s’écoute comme on traverse une nuit d’insomnie : sans chercher la sortie, mais en espérant secrètement qu’un son, une note, un souffle viendra tout recoller. Le morceau ne le fait pas. Il préfère nous laisser en suspens. Et c’est précisément ce qui le rend si nécessaire.
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mai 23, 2025Il arrive parfois qu’un morceau te saisisse au col, t’oblige à t’asseoir, et te regarde droit dans les yeux pour te dire : « voilà ce qu’on a fait de nous. » The Elephant In The Room, nouveau clip de Dave Gutter, ne demande pas ton approbation, il te force à écouter. Pas pour séduire. Pour survivre. C’est le cri d’un vétéran de la machine à broyer qu’est l’industrie musicale, balancé avec l’élégance d’un crash émotionnel et la franchise brute d’un mec qui n’a plus le temps pour les faux-semblants.
Ici, on oublie les petits arrangements entre amis. Gutter — frontman charismatique de Rustic Overtones, collaborateur de Bowie, Imogen Heap ou encore The Roots — sort les crocs. Et cette fois, c’est personnel. Le titre est extrait de son album concept au nom aussi douloureusement honnête qu’un coup de genou dans l’égo : The Music Industry Is Trying To Kill Me. Tout un programme. Un disque en forme de confession à ciel ouvert, où satire et souffrance dansent un slow moite sous les néons du désenchantement.
Avec The Elephant In The Room, il signe une sorte de Broadway halluciné version indie rock, où les refrains tapent là où ça fait mal et les guitares grincent comme une vérité mal digérée. Le clip, quant à lui, est un théâtre d’absurdités : une danse avec l’angoisse, un face-à-face avec la monstruosité de nos compromis. Gutter s’y met à nu sans jamais se victimiser, préférant l’ironie mordante à la plainte facile.
C’est une œuvre qui déborde du cadre, à la fois punk dans l’intention, cabaret dans la forme, et poétiquement débraillée dans l’exécution. Le genre de morceau qui parle aux artistes en burn-out, aux idéalistes désabusés, à ceux qui n’ont jamais su vendre leur âme sans trembler.
Et dans cette jungle aseptisée de playlists interchangeables, Dave Gutter balance un pavé incandescent. Pas pour faire joli. Juste pour dire qu’il est encore là. Qu’il brûle. Et qu’il refuse de mourir en silence.
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mai 22, 2025Il y a dans « Ten Little Indies » cette chose impalpable qui te serre le ventre sans prévenir. Pas une émotion criarde, pas un cri de révolte, non. Plutôt ce sentiment de déjà-perdu, cette mélancolie qui s’infiltre dans les interstices du quotidien — un souvenir flouté, une lumière pâle derrière des rideaux tirés. PoST, formation italienne échappée d’une chambre d’adolescent trop grand, signe ici un disque de mue, de glissement, de recommencement sous anesthésie douce.
Exit le passé brut, place à une sophistication sans frime. La disparition du bassiste fondateur aurait pu laisser le projet en friche. C’est l’inverse. Avec Daniele Maresca aux claviers, la musique se teinte de spleen digital, de nappes qui ondulent comme les souvenirs sur pellicule 8mm. Guitares cristallines, pianos retenus comme des larmes en réunion, synthés qui clignotent comme des réverbères malades.
Il y a du Air dans Love At First Glance, du Phoenix désenchanté dans January, et un soupçon de Turin Brakes dans la pureté vocale de More. Non dirmi che vient suspendre le souffle avec son italien murmuré comme une confession dans l’oreille d’un fantôme. Now Is Too Late quant à lui, s’écoute comme on relit une lettre qu’on n’enverra jamais. On ne sait pas si c’est du post-rock ou de la dream-pop ou juste du journal intime en stéréo, mais ça touche — profond.
Chaque morceau est une miniature précieuse, une tentative pour faire tenir une ville, un amour, une perte, dans une chanson. Ten Little Indies n’est pas un disque à écouter. C’est un disque à habiter. Et une fois qu’on y a posé ses valises, difficile d’en repartir. PoST ne se contente pas de faire de la musique. Ils dessinent des chambres d’écho dans lesquelles chacun peut venir déposer son cœur fatigué.
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mai 21, 2025Et si l’ultime tabou sentimental, en 2025, c’était encore l’amitié sincère entre deux êtres de sexe opposé ? Pas de drame spectaculaire, pas de coucherie en embuscade, pas de trahison sous-jacente. Juste un lien. Indéchiffrable pour le monde extérieur, mais limpide dans le silence partagé entre deux âmes qui se comprennent sans détour. C’est ce fil invisible que le projet français Etats d’Ame déroule avec “My Best Friend”, une ballade indie pop doucement effervescente, aux parfums de soft rock tendre et de pop introspective, qui questionne sans cynisme la frontière fragile entre cœur et raison.
Portée par une ligne de guitare claire comme une confession et une voix presque murmurée, “My Best Friend” installe une ambiance feutrée, presque domestique. On pense à une cuisine à l’aube, à un canapé trop vieux pour être confortable, à ces heures passées à refaire le monde sans jamais se regarder autrement. Mais c’est justement ça, le trouble : aux yeux des autres, cette amitié est trop belle pour ne pas cacher autre chose. Les partenaires deviennent jaloux, la société questionne, et l’amitié devient suspecte.
Ce qui frappe ici, c’est la pudeur du morceau. Aucune grande déclaration, aucun twist final. Etats d’Ame se contente d’observer, de suspendre le temps. On sent derrière les arrangements discrets une sincérité poignante, celle d’un amour qui ne dit pas son nom parce qu’il n’a pas besoin de le dire. Parce qu’il existe ailleurs.
“My Best Friend” est un titre qui s’écoute comme une lettre jamais envoyée. Une chanson pour tous ceux qui ont déjà aimé sans désirer, pour ceux qui ont déjà perdu un amour qu’ils n’ont jamais eu à conquérir. Etats d’Ame signe ici une mélodie du clair-obscur, entre évidence et ambiguïté. Une chanson qui ne tranche pas, mais qui caresse la complexité — et c’est précisément ce qui la rend belle.
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mai 21, 2025Ce n’est pas une chanson, c’est une relique. Pas un single, mais un mausolée. Leviathan, exhumé par Ian Leding après trois décennies de silence, débarque comme un spectre vêtu de velours noir, aussi solennel qu’indomptable. Il n’annonce rien, ne séduit personne. Il s’impose. Et ce qu’il impose, c’est le retour du romantisme noir, celui qui ne s’excuse pas de sa gravité, qui épouse la lenteur comme un choix politique, qui préfère les larmes sourdes aux feux d’artifice.
On imagine Leding, silhouette frêle penchée sur ses archives, retrouvant un carnet moisi ou une vieille bande oubliée, griffonnée à l’encre noire dans l’Allemagne de 1991, quand le gothique n’était pas une posture mais une nécessité vitale. Il aurait pu réécrire le morceau, l’aseptiser, le moderniser. Il ne l’a pas fait. Il l’a soigné, oui, mais sans le trahir. Le mix est à la fois fidèle et charnel. L’ambiance pèse, oui, mais c’est un poids qu’on accepte volontiers. Une pluie de cendres douces, un grondement lent et chaud venu des entrailles.
Tout dans Leviathan respire la dignité d’un monde en ruine qu’on aurait décidé de ne pas reconstruire. Il y a du Nick Cave dans les creux, du Bauhaus dans les coins sombres, et surtout, cette voix, qui ne chante pas mais convoque, qui ne pleure pas mais ensorcelle. C’est du goth, oui. Mais c’est surtout une déclaration d’amour aux ruines, aux fantômes, aux fidélités secrètes.
Avec cette pièce, Ian Leding ne joue pas dans la cour des revivalistes. Il se dresse, à contre-courant, avec l’élégance d’un dernier dandy post-industriel, seul mais debout. Leviathan ne veut pas plaire. Il veut hanter. Et il le fait à merveille.
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mai 21, 2025Il y a des idées qu’on lance pour rire. Des idées qui, à peine formulées, font naître un éclat de rire collectif, puis s’évanouissent dans le halo flou d’une répétition. Et parfois, ces idées-là refusent de mourir. Intertwined, nouvelle sortie de Delta of Venus, est née ainsi. Une blague entre musiciens, un clin d’œil de Mat Tarbox, leur bassiste, lors d’un filage pré-studio à Dirt Floor Recording, balancée en l’air comme une bouteille vide : « Et pourquoi pas une version acoustique ? » Rires. Silence. Puis l’évidence. Et Ellery Twining, guitariste aux cordes saturées d’ordinaire, qui exhumait ses acoustiques pour les faire chanter autrement.
Intertwined b/w Intertwined (acoustic) n’est pas une simple double face. C’est un miroir à deux reflets, une proposition de mise à nu et de réinvention. Le morceau originel se love dans les textures enveloppantes du shoegaze, comme un rêve lucide noyé dans les delays et la brume d’un monde chaotique. Il parle de lien, d’altérité, de compassion envers ceux qu’on ne connaîtra jamais. De cette tendre absurdité d’exister en parallèle.
Et puis, il y a la version acoustique. Une expérience presque hérétique pour les puristes du genre, et pourtant bouleversante. Plus dépouillée, mais tout aussi dense émotionnellement. Le grain du bois remplace la disto, l’espace se fait chambre, les silences respirent. L’ADN du morceau se révèle au microscope, sans fard. C’est là que la magie opère : dans ce glissement d’un monde à l’autre, d’une esthétique saturée à un dépouillement poétique, Delta of Venus confirme sa capacité à naviguer dans les marges et à en tirer des éclats de vérité.
Le duo de New London prouve qu’il ne cherche pas à répéter un motif, mais à le réécrire en permanence. Après Disengaged b/w Slipping, cette nouvelle sortie continue d’affirmer une esthétique mouvante, audacieuse, à contre-courant des formats dominants. Et si l’avenir du shoegaze passait par l’acoustique ? Avec Intertwined, ce n’est plus une blague : c’est une révolution douce.
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mai 21, 2025Pas de ruban, pas de nœud, pas de papier brillant — juste une vérité nue qui s’étale comme une clope consumée trop vite sous la pluie. Avec “There’s No Time For Presents”, The Burbs ne livrent pas une chanson, mais un désaveu, un coup de poing au ventre de ceux qui s’attendaient à des fleurs. Et ça fait du bien. Ça réveille.
Venus du sable et du vent salé de Bells Beach, les trois furieux australiens (Danny Valitutti, Peri Brown et Brook Mckeon) confirment, avec ce quatrième single, qu’ils ne jouent pas dans la cour des groupes sages. Enregistré avec Aaron Dobos aux commandes (le type qui a bossé avec The Avalanches et Ceres), le morceau est un concentré de rock nerveux et introspectif, où les refrains catchy ne masquent pas la tempête émotionnelle qui couve en sourdine. La rythmique tape comme une porte qu’on claque pour de bon, la basse suinte la rancune, et le solo de guitare qui surgit en embuscade vient achever l’auditeur là où il pensait être en sécurité.
Mais c’est la voix de Mckeon qui fout vraiment les frissons. Une confession presque chuchotée, une lame douce dans les entrailles, jusqu’à ce que le refrain explose dans une catharsis poignante. Ce n’est pas du rock pour les soirées TikTok, c’est du rock pour les silences trop longs entre deux phrases qu’on n’a jamais osé dire.
“There’s No Time For Presents” s’écoute comme un journal intime écrit à l’encre noire, entre deux joints et un chagrin qu’on n’a pas encore su nommer. Après Ladder to the Moon et Skin and Bones, The Burbs prouvent qu’ils ne flirtent pas avec la scène indé australienne — ils la bousculent, la griffent, la recousent à leur manière.
Et si vous pensiez qu’on avait déjà tout entendu de la part d’un trio guitare-basse-batterie, détrompez-vous. The Burbs arrivent avec leurs plaies, leur poésie désenchantée, et un sens du songwriting qui fait mal là où c’est trop souvent lisse. Ils n’ont pas le temps pour les cadeaux. Mais ils ont une chanson pour vous briser, et ça, c’est plus précieux qu’un paquet sous le sapin.
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mai 20, 2025Il n’est pas là pour faire joli. Cornelis Gerard, le Néerlandais de Londres aux mots francs et aux riffs pleins de vécu, balance A Dose of Truth comme on brise une vitrine à coups de vérité brute. Un hymne rock aux allures de confession publique, où chaque accord résonne comme une mise à nu, et chaque mot comme un uppercut à la gorge.
Ce nouveau titre, taillé pour les stades mais conçu dans les veines étroites du bitume londonien, évoque l’énergie des Foo Fighters sans chercher à les imiter. On y retrouve l’élan héroïque du rock alternatif des années 2000, ce souffle presque naïf de ceux qui croient encore au pouvoir rédempteur du refrain hurlé, bras en croix, face à des milliers. Mais ici, la rage n’est pas tapageuse. Elle est intérieure, tordue, sincère.
Cornelis parle de mensonge, de ces mots non dits qui empoisonnent les liens, des vérités qu’on tait jusqu’à ce qu’elles deviennent explosives. Et ce qu’il chante, c’est aussi une forme de guérison : celle que seule une guitare distordue peut offrir à ceux qui n’ont jamais su se taire. Il y a dans A Dose of Truth une urgence digne des plus belles heures de Therapy? ou Idlewild, mais aussi une écriture fine, précise, qui rappelle que le punk, même dilué dans l’indie, garde sa charge politique et émotionnelle.
Pas de posture, pas d’esbroufe. Juste une chanson qui fait ce que tant d’autres ont oublié de faire : parler franchement. Et dans un monde saturé de faux-semblants, cette dose de vérité fait un bien fou.
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mai 20, 2025Il y a des chansons qui s’écrivent dans la lumière crue d’un studio, entre un cappuccino tiède et une réverbe bien placée. Et puis il y a Helene, née à tâtons dans l’obscurité d’une maison ensevelie sous les arbres, quand tout ce qui restait était un dobro, une voix et un ciel furieux qui refusait de se taire.
Joseph Kuhl, survivant de l’ouragan Helene qui a ravagé le sud des États-Unis à l’automne dernier, livre ici un morceau d’une sincérité nue, sans pathos mais chargé d’une émotion brute. Ce n’est pas une chanson sur la catastrophe — c’est une chanson depuis la catastrophe. Il ne décrit pas l’événement, il l’habite. Il en est l’écho.
Accompagné de son dobro comme d’un chien fidèle, épaulé par un fiddle aux accents déchirants et une batterie discrète qui pulse comme un cœur au ralenti, Kuhl convoque les fantômes du sud profond avec l’âme d’un Faulkner et la voix d’un homme qui a vu l’eau monter. On pense à Townes Van Zandt, à Gillian Welch, à ces artistes pour qui la douleur devient langage et le silence, partenaire d’écriture.
Dans Helene, il y a la solitude des longues nuits sans électricité, le bruit lointain des tronçonneuses, les bras des voisins venus déblayer la mémoire. C’est un chant pour ceux qui sont restés. Ceux qui ont perdu. Ceux qui, malgré tout, chantent encore.
Pas de démonstration. Pas de pose. Juste un homme, une histoire, et un morceau qui pourrait bien devenir l’hymne discret mais indélébile d’une Amérique fracturée qui se tient debout malgré tout. Joseph Kuhl signe ici une œuvre d’une intensité rare : un murmure qui fend les eaux. Une chanson comme un arbre qui tient bon dans la tempête.
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mai 20, 2025Il y a dans la voix de Steven Wayne Smith, alias Kilravock, quelque chose de dur et de cassé, un nerf à vif qui parle au nom de celles et ceux que l’histoire officielle laisse toujours en marge. Avec Tyranny of the Clock, il livre un manifeste musical, tendu comme une banderole au-dessus des ruines du rêve américain. Six titres acérés, trempés dans l’huile noire du bitume ouvrier et nourris à la colère des siècles passés — du folklore militant à la noise post-indus.
Le morceau d’ouverture, Who Killed Saint Monday?, est une claque. Inspiré par les écrits de George Woodcock, ce titre est un uppercut punky qui ressuscite la question centrale du temps volé. Le rythme martèle comme un marteau-pilon, et l’ironie amère du titre (“Saint Monday” désignant jadis les lundis d’absentéisme festif des ouvriers) fait mouche. On pense à Fugazi, à Shellac, mais aussi à The Fall dans cette façon de psalmodier les désillusions.
Puis vient Solidarity Forever, reprise métamorphosée de l’hymne des IWW. Exit la ferveur folklorique — ici, Smith la drape d’une tristesse post-apocalyptique. C’est un chant funèbre, lent, traversé de voix fantômes et de nappes qui suintent le deuil et le désespoir. Un requiem pour les syndicats tombés au champ d’honneur du néolibéralisme. Et pourtant, il y a de l’espoir dans cette morosité volontaire : les chœurs dissonants, les collaborations amicales, le retour à l’union par la musique.
Les titres Incompatibility et Working Class Hero sont revisités, affûtés comme des lames rouillées. On sent la maturation, le mix qui gagne en rugosité, en densité. La reprise de Lennon, déjà vitriolée à sa sortie, gagne ici en profondeur. Smith n’imite pas : il déchire, déconstruit et reconstruit à sa manière. Une manière sale, dense, habitée.
En fin de course, Labor Day (par The Alliterates) et Beg For Scraps (signée Lucid Fugue) ouvrent la porte à la schizophrénie musicale de Smith. L’une ancrée dans une veine post-punk hargneuse, l’autre dans une ambiance déréglée à la Coil ou Nurse With Wound. Deux facettes d’un même cri — celui d’un homme qui ne veut pas faire le tri entre l’esthétique et l’éthique.
Tyranny of the Clock est plus qu’un disque de gauche. C’est un journal de bord. Une radiographie sonore d’un monde qui écrase. Et qui trouve, dans la musique de Kilravock, une langue pour nommer la violence invisible. Un disque à écouter au casque, dans un RER vide ou en bord de chaîne, quand la sirène de l’usine sonne encore dans la tête.
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mai 20, 2025Il y a des morceaux qui ne cherchent pas la clémence. Glitch, nouvelle offensive sonore de Lethernal Utopia, est une entaille nette dans le tissu trop lisse de ce qu’on attend encore du metalcore en 2025. Ici, pas de demi-mesure : les screams sont des lames, les refrains des cathédrales. Et pourtant, derrière cette tempête contrôlée, se cache un sens aigu de la mélodie, un équilibre fragile entre violence frontale et sophistication technique.
Lethernal Utopia embrasse ici une esthétique plus moderne, presque cybernétique — une forme de glitch émotionnel autant que sonore. Les guitares s’enchevêtrent dans un ballet précis, viscéral, où chaque riff semble programmé pour heurter juste, sans tomber dans la démonstration. Le solo, chirurgical et mélancolique, évite les clichés de la pyrotechnie stérile pour offrir une vraie respiration, une faille dans le mur de distorsion.
La production, ciselée, laisse toute la place aux dynamiques. Les fans de Parkway Drive y retrouveront cette rage maîtrisée, ceux d’In Flames ou de The Halo Effect reconnaîtront la touche mélodique suédoise, et les amateurs de Born of Osiris devineront l’influence technologique dans la texture globale du morceau. Mais Lethernal Utopia ne singe personne — il absorbe, digère, et recrachant tout avec une identité qui se précise à chaque cri.
Glitch est un hymne pour les temps dissonants. Un morceau qui hurle dans le vide numérique, comme un bug émotionnel transformé en catharsis. Lethernal Utopia ne joue pas avec les codes du genre, il les fracture, les modifie, les transforme en quelque chose de plus instable, plus sincère, plus dangereux.
C’est peut-être ça, le futur du metal.
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mai 20, 2025Ce morceau n’aurait jamais dû exister. Ou plutôt, il aurait pu mourir plusieurs fois, dissous dans les recoins d’un disque avorté ou abandonné sur un vieux disque dur de musicien tenace. Madness Gladness revient pourtant de loin, et ça s’entend. Le neuvième single de Zachary Mason, artiste folk-rock rêveur venu de Guildford, est un genre de miraculé — un morceau qu’on dirait revenu à la vie après s’être réécrit en secret, comme on rature une lettre sans jamais cesser d’y croire.
Le son est moelleux, profond, presque liquide. L’empreinte du dream pop y est claire, mais avec cette patine à l’anglaise, un folk-rock d’arrière-cour, le genre de chanson qu’on écrirait à l’aube après une nuit passée à parler d’amour avec une guitare qui manque une corde. La voix de Zachary ne cherche jamais à en faire trop. Elle raconte. Elle s’attarde. Elle se perd dans ses réverbérations comme un personnage de Wong Kar-wai dans une gare vide.
Autour de lui, les invités sont choisis avec précision : Nate Barnes aux baguettes qui glissent sans forcer, John Thomasson (de Little Big Town) qui déploie une ligne de basse aussi douce qu’un fil de soie tiré sur un magnétophone cassé, et Derrick Lin aux manettes depuis Hong Kong, qui donne à l’ensemble cette profondeur satinée, presque cinématographique.
Ce morceau parle d’un personnage fictif, dit Zachary. Peut-être. Mais derrière la métaphore, on sent bien que c’est lui aussi qu’on entend, ses élans, ses doutes, sa capacité à voir dans l’amour à la fois un ravage et une renaissance. Madness Gladness est une confession en clair-obscur, une déclaration ralentie qui nous dit que parfois, perdre la tête est la seule façon de retrouver un peu de lumière.
Pas tout à fait rock, pas vraiment pop, pas juste folk — Zachary Mason continue à creuser une veine très personnelle, loin des dogmes et des attentes, avec la sincérité douce d’un type qui écrit pour tenir debout. Ce n’est peut-être pas un tube. Mais c’est une chanson qui reste, comme une trace au fond d’un verre vidé trop lentement.
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mai 20, 2025Ce n’est pas un EP, c’est une photo de groupe retrouvée dans une boîte à chaussures. Le genre de cliché flou, mal cadré, avec un flash trop fort et des sourires en travers, mais que tu ne jetteras jamais. This is Only a Test de Crooked Cranes, c’est cinq morceaux comme cinq verres de trop partagés dans une cave du fin fond de la Caroline du Nord, là où les rêves de rock sont bricolés à la bière tiède et aux riffs empruntés à des vieux oncles cools : Dinosaur Jr., Built to Spill, The Who, voire un peu du White Stripes qui aurait oublié sa pédale fuzz dans un champ.
Dès GF, ça sent la clope, le conflit familial façon soap punk : un type dont le père couche avec sa copine. Tragique ou badass ? On sait pas trop. Eux non plus d’ailleurs. Et c’est ce flottement moral qui rend ça si jouissif. Puis vient Mehico, vrai-faux souvenir d’un voyage qui a viré cartel, tequila et mauvaise conscience. Le rythme se dérobe avec Dolfin, ode douce-amère à une fille sans nom et sans attaches, avant de glisser dans la torpeur gazeuse de Interstate, sorte de pause sur une route qu’on n’a jamais vraiment quittée. Et puis Met a Gurl, ballade cassée sur un divorce mal digéré, entre chant faux, rage douce et mélancolie sous les ongles.
On pourrait croire à une vanne. Mais non. C’est trop sincère. Trop cabossé pour tricher. Ce disque, ils l’ont enregistré dans “la cave où ils ont perdu leur virginité”, et ça s’entend. Pas dans le son, mais dans la vérité du geste. Il n’y a pas de pose ici, juste des gars qui jouent comme on se souvient : à côté, à l’arrache, mais avec le cœur.
This is Only a Test, c’est peut-être juste un test, ou peut-être pas. Mais ça tape juste. Comme une claque qu’on aurait pas vue venir.
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mai 20, 2025Ce n’est pas une révolution bruyante. Pas un déferlement de slogans, ni une campagne tapageuse. C’est un frisson. Une montée lente, chaude, qui colle à la peau comme une fin de journée sur la pelouse d’un terrain municipal. Avec “Time 4 Her To Shine”, le duo britannique Alternative Influence offre ce que la pop a souvent oublié de faire : prêter sa voix — entière, sincère, galvanisante — à un mouvement qui grandit dans les tribunes, les vestiaires, les cours de récré et les stades désormais pleins à craquer. Le foot féminin, dans toute sa splendeur et sa simplicité, a trouvé sa bande-son.
Le morceau, taillé pour être repris en chœur, évite les pièges de l’hymne formaté. Pas de grandiloquence creuse ni de fausse posture. Il préfère la tension contenue, la pulsation douce mais entêtante, une énergie organique qui rappelle que la ferveur peut être joyeuse, que l’engagement peut être mélodique. Les guitares sont tendues comme des mollets en pleine course, la rythmique pulse avec la régularité d’un battement de cœur collectif, et l’ensemble sonne comme un clin d’œil à la britpop des tribunes — mais sans la nostalgie grise ni les bières renversées.
C’est aussi un geste politique sans slogans. Parce que sponsoriser une équipe comme Radcliffe Women FC, filmer les supporters dans la lumière réelle d’un match, tendre le micro aux voix qu’on a trop longtemps reléguées aux marges, c’est faire bien plus que chanter. C’est inscrire la pop dans le réel. Dans les gradins. Dans les crampons. Dans la joie.
Time 4 Her To Shine ne demande rien. Elle affirme. Et elle le fait avec grâce, panache et une lucidité pop qui redonne foi dans le pouvoir des chansons à accompagner les métamorphoses.
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mai 20, 2025Il y a des morceaux qui soignent. D’autres qui dénoncent. Et puis il y a ceux, plus rares, qui font les deux en talons, avec des strass, une basse glam, un tempo en montagnes russes, et cette phrase en bandoulière : “Si tu ne ris pas, tu pleures.” Esore Alle débarque avec “I Never Knew What I Wanted”, un single cabaret-pop teinté de rock où le drame personnel s’habille d’exubérance, de second degré, et de vérité nue. Un titre qui ne ressemble à rien d’autre – parce qu’il ressemble à lui.
Né d’un vécu intime — des violences sexuelles, banalisées, invisibilisées, puis ressurgies à retardement — ce morceau n’a rien d’un lamento. Esore choisit la voie du théâtre, de l’absurde, de l’exagération, pour mieux frapper là où ça fait mal. Avec son ami et co-auteur Cat Jones, il a transformé cette expérience en satire brillante et chaotique, portée par une production à la croisée des chemins entre Kate Bush sous MDMA, Bowie drag, Scissor Sisters post-traumatiques et un soupçon de Ween dans une rave queer à Birmingham.
La voix d’Esore — alias AJ — part dans tous les sens, sans jamais perdre le cap : flambeau falsetto, cris du cœur, moments parlés entre deux drames intérieurs. On rit, on grimace, on écoute. Il y a dans cette performance vocale une théâtralité salvatrice, un opéra pop pour tous ceux qui ont trop encaissé. Le morceau change de tempo comme l’humeur dans une spirale maniaque, et c’est précisément cette instabilité qui en fait un bijou. Enregistré à Magic Garden Studios, dans un lieu chargé d’histoires (Editors, Nizlopi…), le morceau bénéficie d’un mixage généreux mais jamais lisse, signé Gavin Monaghan et Louise Russell.
Mais ce n’est pas qu’un exutoire. C’est aussi une performance politique, une déclaration d’existence queer, camp, et lucide. “I Never Knew What I Wanted” est une chanson pour les soirées où l’on a mal mais où on se maquille quand même. Pour celles et ceux qui veulent tout dire, mais en paillettes. Pour les clubs, les salles de théâtre, les chambres à 3h du matin.
Esore Alle ne cherche pas à plaire. Il cherche à faire entendre. Et quand l’intime devient ainsi spectacle sans se trahir, il ne reste plus qu’à applaudir.
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mai 20, 2025C’est un trip temporel emballé dans une pochette psyché, mais sans la nostalgie stérile. The Crystal Teardrop Is Forming n’est pas un hommage : c’est une réinvention fiévreuse du flower power par une bande d’Anglais exilés dans les limbes électriques du freakbeat, du garage, du folk psyché et du power pop. Un disque analogue, authentique, organique – comme un vinyle qu’on découvre au fond d’un grenier et qu’on écoute en boucle jusqu’à sentir le papier peint fondre.
Formé à Stoke-on-Trent, le groupe emmené par Alexandra Rose (voix, guitare, mandole) et Leon Adrian (guitare, sitar) n’a rien d’un revival fainéant. Accompagné par Stuart Gray (orgue/Mellotron), Ed Quigley (basse, chœurs) et Huw Woodward (batterie, percussions), The Crystal Teardrop déroule un kaléidoscope de couleurs sonores avec la rigueur d’un chimiste halluciné. Enregistré chez Tilehouse Studio avec Liam Watson (Toe Rag), l’album fait honneur à ses influences sans jamais les singer.
Dès Colours Changing, on bascule dans une transe solaire : guitares fuzz, harmonies en spirale, Mellotron évanescent. Through With You cogne plus sec, pur freakbeat londonien dopé à l’orgue Hammond. Borrowed Time et The Rain Parade convoquent les fantômes californiens des Byrds et de Love, tandis que Two Hearts mélange raga rock, wah-wah et percussions inversées comme si George Harrison avait jamé avec Can.
Le groupe maîtrise aussi l’intime : For One More Day touche juste, entre 12 cordes et soupirs de Mellotron, tandis que Last Chance explose en bubblegum pop sous acide, quelque part entre Blondie et les Shoes. Turn You Down tape garage pur jus, hurlant à travers les amplis comme une Bangles en Doc Martens. Puis vient la montée : Stealing Suggestions, flirte avec la sueur sur la piste, Nine Times Nine frôle l’hypnose sensorielle, avant que …Is Forming ne referme l’album comme une prière raga heavy adressée aux esprits de Jefferson Airplane et Kaleidoscope.
Avec ses douze titres — Colours Changing, Through With You, Borrowed Time, The Rain Parade, Two Hearts, For One More Day, Into The Unknown, Last Chance, Turn You Down, Stealing Suggestions, Nine Times Nine, et …Is Forming — The Crystal Teardrop ne se contente pas de former un groupe : ils forment un monde.
Le psychédélisme n’est pas mort. Il s’est juste reformé, dans une rue de Stoke, entre une sitar mal accordée et une larme de fuzz. Prépare ton ampli. Ou ton encens.
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mai 20, 2025Il y a dans le nom même de cet album une ironie tendre. Music For My Friends : comme une carte postale d’un monde mis sur pause, un cri du cœur disco-pop teinté de rock et lancé depuis un studio maison au milieu de la tempête pandémique. Geoff Westen, crooner indie de l’ombre, vétéran de la mélodie bien foutue, offre ici bien plus qu’un disque : un clin d’œil à une époque où la pop n’avait pas peur d’être pop, et où danser était encore un acte de résistance douce.
On entre dans l’album comme on monte dans un vieux coupé décapotable, autoradio branché sur une station imaginaire entre 1982 et demain. Dès Bye Bye BeBe, le ton est donné : beat carré, synthés pailletés, voix mi-dandy mi-déjantée. Westen ne s’embarrasse pas de sous-texte — il chante l’amour, le manque, la ville, le désir avec une désinvolture savamment construite. It’s Not Over joue la carte de l’espoir disco, Technicolor Dream explose dans un arc-en-ciel new wave, et I Hate The City balance un venin ironique avec le sourire au coin des lèvres.
Mais c’est dans Night Ride que l’album atteint son pic hallucinatoire. On y croise une femme aux gestes incandescents, cachée dans les ombres du métro, rythmée par le mouvement du wagon et les battements affolés d’un cœur trop vivant. Un trip urbain et sexuel, pulsé par des basses moites et une narration digne d’un clip interdit aux mineurs tourné en VHS. Westen y devient conteur nocturne, entre Prince et Pet Shop Boys sous acide.
Il y a dans Music For My Friends quelque chose de profondément anachronique — et c’est tout son charme. Geoff Westen compose des chansons comme on n’en fait plus : avec des refrains faits pour être chantés à fond dans la voiture, des synthés qui brillent comme des néons sur un parking vide, et une sincérité naïve qu’on croyait perdue. C’est rétro, oui. Mais c’est surtout furieusement libre.
Et dans ce monde où tout semble vouloir se prendre au sérieux, entendre quelqu’un oser un morceau qui s’appelle Wut U Gon Do Bout It ou chanter You’re Too Good For Me avec un aplomb adolescent est un petit bonheur rare. Geoff Westen ne cherche pas à être à la mode. Il est ailleurs. Et c’est tant mieux.
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mai 19, 2025Pas vraiment un EP, plutôt une crise. Une traversée. Une comédie musicale pour insomniaques de Londres Nord. Avec The Manic Phase, Tom Minor signe un disque court et dense comme une nuit blanche dans un pub qui refuse de fermer, peuplée de personnages plus vivants que sages. Quatre titres pour raconter la chute, la fuite, le vertige et peut-être, une renaissance. Mais à sa manière : en chantant trop fort, en buvant de travers, en riant au bord du gouffre.
Le morceau-titre, The Manic Phase, ouvre le bal comme un roman halluciné sur fond de riffs nerveux. Un hommage déguisé à “Thievin’ Stephen”, figure quasi-mythologique de Soho, que Minor transforme en allégorie de nos fuites psychiques. C’est théâtral, bancal, furieusement lyrique. Un tube pour les soirées où l’on perd son nom et sa dignité, mais pas sa capacité à danser.
Vient ensuite Saturday Eats Its Young, satire douce-amère sur les lendemains de fête. “Saturday”, ici, n’est pas un jour, c’est un piège. Les voix sont plus claustrophobes, les guitares plus sèches. On pense à The Fall, à Pulp, mais avec la voix d’un gars qui parle à son double dans le miroir d’un Wetherspoon déserté. C’est beau, moche, ironique, bouleversant.
Expanding Universe ralentit le tempo. Plus introspectif, ce titre donne à Minor l’occasion de sortir la plume de science-fiction sociale. Un cosmos mental, désabusé mais pas résigné. C’est le moment du disque où l’on regarde les étoiles en se disant qu’on a peut-être foiré, mais qu’il reste du ciel. Un folk postmoderne qui rappelle le Bowie de Outside, ou du moins son cousin fauché, coincé dans un deux-pièces à Camden.
Enfin, Future is an F Word conclut l’EP avec une énergie punk au goût d’adieu ironique. Le futur y est un mirage cynique, une sale blague répétée trop souvent. Mais au lieu de sombrer, Minor s’en amuse. Le morceau crache, tape, libère. Il ne cherche pas à construire une morale : juste à survivre au refrain.
The Manic Phase est un EP qui ne s’écoute pas comme une série de morceaux, mais comme un monologue intérieur hurlé dans la nuit londonienne. Une satire tendre, une confession ivre, une série de polaroïds usés par le temps. Tom Minor ne propose pas de solution. Il tend le miroir. Et il vous dit : “Regarde bien. Ce bordel, c’est aussi le tien.”
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mai 19, 2025Dans un coin tranquille de Leverkusen, entre deux câbles MIDI poussiéreux et un vieux multipiste de 2002, Steven Browley a enregistré une chanson qui pourrait bien faire groover les consciences. Linda Moo and Piggy Sue, derrière son titre de conte pour marmots en salopette, est une ballade-rock au message clair : les animaux méritent mieux que notre indifférence distraite.
La production respire l’amour du fait main : tout a été bricolé dans un home studio modeste mais sincère, avec des instruments qui ont du vécu et des effets qui crépitent doucement comme un feu de cheminée. Sur cette base old school — Beatles, Stones, Eagles, un soupçon de Kraftwerk dans les textures —, Steven déploie une mélodie pleine de charme un peu naïf, portée par une guitare amicale jouée par un ami de toujours, comme une tape dans le dos.
Mais ce qui fait toute la singularité du morceau, c’est ce mélange d’innocence et d’intention. Steven n’écrit pas pour briller, il écrit pour défendre. Linda Moo and Piggy Sue, c’est un manifeste déguisé en ritournelle, un appel à l’empathie pour celles et ceux qu’on oublie trop souvent : les êtres à quatre pattes, à plumes ou à groin, que l’on réduit à des fonctions quand ils sont, tout simplement, vivants. La chanson intègre même des bruits de vaches, de chiens, de cochons — sans gimmick, sans kitsch, juste pour rappeler que la vie, la vraie, a une voix, même si on ne la comprend pas toujours.
Le charme agit comme une fable : un peu bancale, un peu vintage, mais profondément humaine. On pense à un vieux 45 tours retrouvé par hasard dans un grenier, qui nous ferait sourire et réfléchir en même temps. Il n’y a pas de plan marketing, pas de tournée prévue, pas de featuring tapageur. Juste un homme, une guitare, quelques bêtes, et l’envie sincère que le monde devienne un peu plus doux.
Linda Moo and Piggy Sue, c’est une chanson qui ne crie pas. Elle caresse. Elle nous regarde avec les yeux humides d’un veau de printemps, et elle nous dit, sans détour : “Ils n’ont pas de voix, alors chante pour eux.” Steven Browley l’a fait. À notre tour maintenant d’écouter.
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mai 19, 2025Il y a des morceaux qui ne se contentent pas de commencer. Ils surgissent. Painted Stars, ouverture magistrale du nouvel album Twisted Fairytale de KOBURG, ne s’ouvre pas sur une note, mais sur une vision. Étoilée, impérieuse, magnifiquement théâtrale. Ce n’est pas une simple chanson, c’est un appel aux armes des rêveurs. Une marche céleste portée par une voix qui n’a pas peur de tutoyer le divin.
KOBURG, véritable prêtresse de la scène sympho-metal britannique, ne fait pas dans la demi-mesure. One-woman army de Winchester, elle écrit, compose, joue, chante, incarne. Et sur Painted Stars, tout explose : le souffle des riffs, les nappes lyriques, les élans d’orchestre aux allures de météores émotionnels. C’est Evan Rodaniche (Powerman 5000) qui mixe, Ted Jensen qui masterise — mais c’est Koburg qui orchestre le sortilège.
Les paroles, elles, s’élèvent comme un poème astral : “Arise, my painted stars / and weave those dreams…” Une prière qui sonne comme un cri de ralliement adressé à celles et ceux qui avancent, malgré les vents contraires. Car dans cet univers mouvant où “nothing is set in stone”, la seule boussole, c’est l’amour. Une force gravitationnelle qui, selon KOBURG, “transcends la vie que l’on vit”. À mi-chemin entre Myrkur et Within Temptation, avec une conscience plus intime du tragique.
Mais au-delà du costume symphonique, de la production impeccable et des envolées vocales dignes d’un opéra païen, Painted Stars touche parce qu’il est profondément humain. C’est une chanson écrite pour tous ceux qui se sentent en exil sur leur propre planète. Pour ceux qui construisent des châteaux sur du sable mouvant. Pour ceux qui regardent le ciel pour ne pas sombrer.
C’est ce qui rend KOBURG si particulière dans un genre trop souvent corseté : elle ne joue pas à la déesse. Elle est cette voix intérieure qui nous rappelle que nos cicatrices brillent parfois plus fort que nos certitudes. Une Valkyrie moderne, au service des étoiles brisées.
Alors oui, Painted Stars est grandiloquent. C’est lyrique, c’est gothique, c’est beau comme un feu sacré qu’on refuse d’éteindre. Mais surtout, c’est nécessaire. Parce que dans ce monde qui vacille, on a désespérément besoin de musiques qui regardent vers le haut. Et de femmes comme KOBURG, qui osent encore écrire comme on envoie des comètes.
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mai 19, 2025Il y a dans la voix de Romain Gutsy cette vibration rare, cette façon de parler à quelqu’un d’absent comme s’il était là, juste en face. Blew My Mind n’est pas une chanson de rupture, c’est une chanson de secousse. Un cri doux, une lettre sans retour, adressée à un ami qui s’est égaré quelque part entre poudre, paillettes et mensonges ordinaires. Et dans ce sillage d’illusions, Gutsy tisse une mélodie belle à pleurer, entre la nudité du folk et l’élan orchestral d’un pop intimiste sans fard.
On entre dans Blew My Mind comme on pénètre dans une pièce à demi-fermée : tout est feutré, un peu flou, mais la douleur est là, tapie sous la moquette, prête à remonter d’un simple accord. La guitare y respire, délicate et déchirée, pendant que la voix — grave, fatiguée, mais jamais amère — déroule une histoire sans filtre. Celle d’un naufrage qu’on a vu venir, sans jamais réussir à l’arrêter.
La production, signée The Animal Farm, joue la sobriété. Pas besoin d’artifices quand l’émotion est là, nue, crue. On pense à Damien Rice sans l’effusion, à Nick Drake sans la distance. Mais surtout, à Romain lui-même, ce conteur d’un autre temps, qui chante les désillusions modernes avec un cœur qui bat au rythme d’un monde trop rapide, trop brillant, trop vide.
Blew My Mind ne juge pas. Il tend la main. C’est ce qui le rend si fort. Là où d’autres hurlent à l’indécence ou à la trahison, Gutsy choisit la tendresse. La vraie, celle qui griffe un peu, celle qui dit “je suis là”, même quand tout est parti en vrille. Une chanson à écouter en silence, la nuit, pour ceux qui n’ont jamais su comment dire “reviens” autrement qu’en musique.
Il ne reste qu’à écouter. Et à ne surtout pas oublier.
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mai 19, 2025Il y a des chansons qui n’avancent pas, elles flottent. Don’t Look Back, le dernier sortilège signé Dream Bodies, ne court pas après le futur — il le scrute, dos tourné au passé, les yeux noyés de pluie et de synthés. Steven Fleet, exilé volontaire de projets cultes comme Magic Wands ou Boytronic, signe ici un morceau comme un souvenir impossible à effacer : vaporeux, grave, tremblant d’échos perdus. Une chanson pour quitter une ville, un amour, une version de soi-même.
Le morceau est un revenant. Né d’une session avec Dexy Valentine (Magic Wands) au temps du projet Starlit Motel, Don’t Look Back a dormi quelque part entre les machines, les carnets oubliés, les soirs de spleen cosmique. Steven Fleet l’a exhumée, transformée. Ce n’est plus tout à fait la même chanson, mais l’âme, elle, n’a pas bougé d’un iota. Le cœur bat toujours au même endroit : juste entre la fuite et le regret.
Il y a du Disintegration-era Cure dans les guitares suspendues, du Cocteau Twins dans la façon dont les voix s’évanouissent sans jamais vraiment disparaître, du Clan of Xymox dans la façon de fixer l’horizon sans jamais cligner des yeux. C’est du post-punk qui a fait la paix avec ses ombres. Du darkwave qui accepte de se laisser caresser. De la dream pop qui a rangé ses illusions.
La basse martèle, obstinée, comme les pas sur le quai d’une gare qu’on ne quittera peut-être jamais. Les synthés ouvrent un ciel bleu-noir, l’heure exacte où l’on ne sait plus s’il fait encore jour ou déjà nuit. Et Fleet, voix de mirage, murmure comme une incantation : “Don’t look back / Keep your eyes on track / When the sky’s blue and black”. On dirait une comptine pour adultes abîmés. Une élégie froide, mais rassurante.
Tout est là : le train qui ne vient pas, l’amour évaporé avec “des étoiles dans les cheveux”, les lignes qui s’effacent sous la pluie. Et pourtant, Don’t Look Back n’est pas désespéré. Il est résigné avec grâce. Un morceau à écouter seul, casque vissé, entre deux destinations. Un adieu qui ne pleure pas, mais qui scintille. Une main lâchée sans trembler. Un dernier regard… que l’on décide de ne pas tourner.
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mai 19, 2025Un riff qui tourne en rond comme une bête enfermée. Des percussions qui battent la poussière d’un sol païen. Un blues à la dérive, camouflé sous les oripeaux d’un garage rock mystique. Et là-dedans, une voix : râpeuse, désespérée, presque prophétique. Circle of Doubt, c’est comme une pierre qu’on tourne dans sa main encore et encore sans jamais savoir si c’est un talisman ou un bout de gravats. Une boucle infernale avec, en son centre, une question sans réponse.
Rosetta West, ça ne ressemble pas à un groupe, mais à un culte sonique né dans les marais de l’Illinois. Une espèce de secte musicale à l’ancienne, sans fard, sans posture, avec du lichen dans la voix et des cordes sales aux doigts. Pas de stratégie Spotify, pas de refrains TikTok-friendly. Ils s’adressent à celles et ceux qui errent dans leurs propres labyrinthes mentaux, qui veulent entendre un solo comme une flèche décochée vers le ciel, même s’il ne redescend jamais.
Sur Circle of Doubt, le riff principal s’acharne, comme une idée fixe. C’est presque maniaque, volontairement épuisant. Et puis, en arrière-plan, ça plane. Un peu. Ça gratte du côté des rêves d’élévation, avec des effluves psyché comme des tentatives maladroites de sortir du bourbier. C’est beau, même quand ça reste coincé. Surtout quand ça reste coincé.
Le groupe, mené par le très magnétique Joseph Demagore, s’y connaît pour manier la matière poisseuse du doute. Il ne cherche pas à nous convaincre de quoi que ce soit. Il balance ses incantations, laisse l’orage passer et regarde ce qu’il en reste. Ce n’est pas désespéré, c’est lucide. Une lucidité qui pèse lourd, mais qui offre cette étrange chaleur des lendemains de transe : on ne sait pas ce qu’on a traversé, mais quelque chose en nous a changé.
En bonus, The God Who Made Me Cry : une prière retournée contre son auteur, un blues païen, doucement hérétique. Rosetta West compose pour ceux qui croient encore un peu, ou qui aimeraient bien. Pas pour les convaincus. Pour les incertains. Pour les cœurs rouillés. Pour les hérétiques tendres.
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mai 19, 2025Ce n’est pas vraiment une chanson. C’est une nuit. Celle qui débute en sourires nerveux et finit en messages qu’on aurait dû s’abstenir d’envoyer. Avec Pour Me Another, Sleeping Together signe un single qui sent le gin tiède, la nostalgie préméditée, et ce moment suspendu entre désir et dérive. Après The Essentials, le groupe de Sheffield affine encore son spleen élégant, quelque part entre les premières heures des Libertines et la désinvolture romantique des Arctic Monkeys — mais en gardant leur propre voix, plus vulnérable, plus franche, moins costume de scène.
Le morceau s’ouvre comme un regard lancé en coin dans un bar trop bruyant, avec cette mélodie aiguisée, presque dansante, qui cache mal le nœud au fond du ventre. Alexander Lloyd-Jones y traîne sa voix comme on traîne un souvenir gênant, accompagné par les guitares de Michael Corry, à la fois nerveuses et lumineuses, et la batterie ciselée d’Amber Hughes, qui pulse comme une conversation en sous-texte. Daniel Turton, à la basse, installe cette tension sourde, ce “quelque chose ne tourne pas rond” qui donne à la chanson sa profondeur.
Enregistré une fois de plus avec Andrea Cozzaglio (Inhaler, Wet Leg) au Narcissus Studio de Londres, Pour Me Another incarne cette mélancolie énergique propre à une certaine génération : celle qui enchaîne les faux départs, les coups d’un soir à moitié sincères, et les regrets chantés sur des beats qu’on pourrait presque danser. C’est précis, efficace, mais jamais cynique. Un hymne pour ceux qui tombent amoureux à l’heure de la dernière tournée.
Le refrain claque comme un aveu : “Pour me another / Just one more night I’ll blame on you.” Ce n’est pas qu’une histoire d’alcool. C’est l’envie de retarder la chute, de danser encore un peu au bord du précipice. Un titre calibré pour les festivals à venir — Truck, Wilderness, Isle of Wight, Focus Wales — où il résonnera sans doute comme un miroir tendu à tous ceux qui noient leurs émotions dans la fosse, bière à la main, cœur en vrac.
Sleeping Together n’a pas peur des erreurs. Mieux : ils les chantent avec élégance. Pour Me Another est la bande-son d’un moment qu’on ne vit qu’à moitié, mais qu’on se repasse en boucle. Parce qu’au fond, on le sait tous : c’est souvent dans les mauvaises décisions que se cachent nos meilleures chansons.
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mai 19, 2025Brunswick, quartier rêche au cœur tendre de Melbourne, sert de scène à Ratfink!, duo formé par Liv et Raph, amis d’enfance et complices de galères sentimentales, de vinyles griffés et de colocations semi-ordinaires. Avec About Ya, ils balancent un premier éclat de leur prochain album WHEN U WERE MINE, un morceau qui ressemble à un texto qu’on n’enverra jamais, griffonné un dimanche soir entre un souvenir et une clope.
Tout est DIY, tout est fragile, mais jamais approximatif. La voix de Liv serpente autour de celle de Raph, ou peut-être l’inverse – on ne sait plus, et c’est très bien comme ça. Ils se passent le micro comme on se passe une guitare au bord du lit, dans un bordel doux de plantes en pot et de flyers déchirés. La prod’ reste lo-fi, avec cette chaleur analogique qui donne l’impression que la chanson a été enregistrée entre deux crises de fou rire et une pluie tiède d’été.
About Ya, c’est le spleen adolescent revisité avec lucidité queer, entre rêveries amoureuses floues et prise de conscience à mi-parcours. Ça parle d’amours ratées, de regards qui traînent un peu trop longtemps, du moment où tu comprends que ce que tu ressens n’est peut-être pas ce que tu devrais, mais que tu t’en fous un peu. Le refrain s’accroche à la mémoire comme un polaroïd humide collé sur le frigo. Une mélodie sucrée-amère qui reste en tête, sans faire de manières.
Et ce n’est qu’un avant-goût. Si WHEN U WERE MINE suit cette trajectoire de chroniques intimes chantées à deux voix, alors on peut s’attendre à un disque comme un journal qu’on ouvrirait à la page la plus inconfortable – mais aussi la plus belle. Ratfink! ne cherche pas à sonner parfait, ils veulent juste sonner vrai. Et c’est exactement ce qu’ils font.
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mai 19, 2025Aucun besoin d’euphémisme ici : MINDFUCKERS, le nouveau single de VALID BLU, est une alarme. Un cri encapsulé dans une architecture prog-rock précise et anxieuse. Pas une chanson à fredonner dans l’ascenseur. Plutôt un miroir tendu au visage d’une génération shootée au scroll, aux neuroleptiques légaux et aux likes comptés comme des battements cardiaques. Le tout filmé dans un clip sensoriellement agressif et parfaitement lucide — un bad trip doré à l’esthétique chirurgicale.
VALID BLU ne fait pas dans le confort. Leur son, qu’on pourrait croire enfant illégitime de Radiohead période Hail to the Thief et d’une scène underground berlinoise post-techno, se pose sur les cicatrices de notre époque. La voix de Suzen Berlin n’implore pas, elle accuse et s’effondre avec élégance. Elle glisse sur des guitares en tension permanente, une basse qui martèle comme une alarme cardiaque et une batterie nerveuse, presque militante. Tout est pensé, calculé, mais jamais froid. VALID BLU a le goût de la vérité, même sale.
MINDFUCKERS est une chanson sur l’addiction, mais pas celle qu’on injecte ou avale. Celle qui est là dès le matin, dans la lumière bleue de l’écran. Celle qui te fait croire que tu dois optimiser ton sommeil, ton feed, ton couple, ton ombre. “Pills, filters, followers, function”—la messe est dite. Mais loin de se contenter d’une dénonciation convenue, VALID BLU explore aussi la fascination. Le morceau s’écoute comme on regarde un carambolage au ralenti, les yeux écarquillés, incapable de détourner le regard.
Enregistrée sur l’ancien no man’s land entre l’Est et l’Ouest, la musique du groupe porte en elle une mémoire physique de la frontière et du contrôle. Elle en a gardé la rigueur et l’instinct de résistance. Après deux albums concept puissants (WFYB.TV et The Missing Link), le collectif affine encore sa ligne : art rock, pop mutante, et tension électronique se mêlent pour créer un espace instable, hypnotique et radicalement contemporain.
VALID BLU ne veut pas que tu danses. Ils veulent que tu te demandes pourquoi tu danses. MINDFUCKERS n’est pas un titre provoc’ : c’est une réalité mentale. C’est la bande-son d’une société saturée, surexposée, sous respiration artificielle. C’est beau, dérangeant, et exactement ce qu’on avait besoin d’entendre maintenant.
Et non, aucune veste ne leur va. C’est pour ça qu’ils dérangent. C’est pour ça qu’ils sont essentiels.
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mai 19, 2025Pas de chichi, pas de concept fumeux : Stoned Supreme, nouveau single de Dan Gober, est une claque rétro qui sent le cambouis de guitare, la sueur de garage et la liberté électrique d’un riff bien balancé. Un morceau qui ne cherche pas midi à quatorze heures — juste la bonne vibration, le bon hook, le bon moment. Et ça tape juste.
Accompagné de Buddy Sweets, multi-instrumentiste de l’ombre et complice de studio, Gober convoque les esprits de Nirvana et des Pixies pour bâtir un trip sonore à la fois abrasif et limpide. On reconnaît d’emblée cette tension typique du grunge originel : basse qui serpente, guitares en suspension, batterie qui mord, puis ce refrain massif qui explose comme une évidence. Le slogan est clair : all killer, no filler. Et c’est vrai.
Mais derrière cette façade de rock en roue libre, Stoned Supreme cache une réflexion plus trouble. « C’est un morceau sur le fait de se perdre dans sa propre tête », confie Gober. On suit une idée, on descend avec elle dans son tunnel mental, jusqu’à trouver – peut-être – un éclat de clarté au bout du chaos. Ce n’est pas un bad trip, c’est un deep dive intérieur sous influence, où les textures sonores deviennent des miroirs et les changements de rythme des secousses existentielles.
Enregistré dans le cocon familier de son home studio — lieu totémique où tous ses projets ont vu le jour —, le titre profite de cette liberté de création totale pour tester des variations rythmiques sans jamais perdre le groove. Mention spéciale au pont central, cet instant suspendu qui ralentit l’élan avant de balancer un final frontal, calibré pour les scènes moites et les gueules enfumées.
« Keep it simple. Don’t bore us, get to the chorus », résume Gober avec une philosophie digne d’un vieux briscard du rock. Et c’est exactement ce qu’il fait. Stoned Supreme n’essaie pas de réinventer la roue, il la fait tourner à fond, à l’ancienne, avec du style et du cœur. Un single qui claque comme une porte qu’on ouvre trop fort, et qu’on ne referme jamais vraiment.
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mai 19, 2025New York ne produit pas des artistes, elle accouche de tensions. Avec Doppelganger, Yacovelli (@yacovelliband), figure mutante de la scène “Nu York” et alter ego de l’insatiable Alex Yacovelli (@alexyacovelli), livre un uppercut sonore dégoulinant de sueur, de doutes et d’éclats schizophrènes. Ce deuxième single n’a rien de décoratif : c’est une brûlure électrique, une dissociation psychique en trois minutes chrono.
Pas d’intro en douceur. Une sirène vrillée, pas tout à fait humaine, t’arrache au confort. Les guitares débarquent ensuite en escadrille, sales et glorieuses, pendant que la voix d’Alex cavale entre les murs d’un cerveau qui ne sait plus très bien qui il est. “I saw myself today / in the face of another”, scande-t-il, comme on claque une porte sans savoir si c’est pour sortir ou s’enfermer. Il est question d’un soi qui devient l’autre, d’une conscience qui se dédouble, d’un miroir qui ment ou qui dit la vérité trop fort.
Musicalement, on flirte avec le meilleur de la crasse alt des années 90 : Nirvana, Toadies, un peu de Weezer en after, mais toujours ramené à cette essence DIY qui transpire la cave new-yorkaise et le sol collant. Alex, producteur autodidacte et survivant des scènes souterraines, n’a pas besoin de copier : il module, il superpose, il explose. Le morceau monte par couches, comme une colère qu’on ravale jusqu’à l’asphyxie, pour finir sur une apothéose qui évoque plus Opéra Apocalyptique que punk étriqué.
Doppelganger n’est pas qu’un banger, c’est une crise existentielle mise en son. Un Tyler Durden qui danse sur des riffs en feu. Un cauchemar lucide qui groove. Ce que Yacovelli raconte ici, ce n’est pas juste une histoire perso — c’est la nôtre. Celle où l’on ne sait plus très bien qui prend les décisions. Celle où, à force de s’oublier dans les reflets, on devient notre propre ennemi.
Un morceau à écouter fort, casque vissé, cœur ouvert. Parce qu’il se pourrait bien que ce double, ce reflet, ce monstre… ait ta voix.
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mai 19, 2025Il y a des fêtes qu’on traverse comme on traverse une ruelle mal éclairée. On sait qu’on n’y est pas à notre place, mais on y va quand même, parce que dehors, c’est encore pire. losers party, premier EP de lonely club, n’est pas un disque pour les beaux parleurs. C’est une bande-son pour les regards baissés, les verres à moitié pleins, les danses hésitantes. Une déclaration d’amour aux fantômes adolescents qui continuent de hanter nos nuits, même quand on a appris à les cacher sous une veste en cuir.
lonely club, alias Stowe Gregory, débarque de Londres mais c’est à Paris qu’il a trouvé la matière pour écrire. Non pas la ville elle-même, mais son envers : les couloirs de métro à l’aube, les afters qui s’éternisent sans envie, les soirées où l’on sourit parce qu’il faut bien faire semblant. Il en a tiré cinq morceaux qui résonnent comme autant de confessions tamisées par des néons tremblants.
losers party, le titre éponyme, est une perle. Basse ronde, batterie goth en boîte, synthés pastel qui scintillent comme des souvenirs trafiqués. Ça parle d’appartements trop pleins, de conversations creuses, de ce moment où l’on comprend qu’on ne sera jamais vraiment cool — et que c’est peut-être tant mieux. teenage lies et pre love life creusent un peu plus dans les plaies intimes : mensonges d’ado, amours sans consistance, blessures élégantes. exit eyes tente une sortie de secours en fausse douceur, avant que night bus ne nous laisse au terminus, seul avec le vide.
Tout l’EP est un équilibre fragile entre le sarcasme et la tendresse. Stowe ne chante pas pour séduire, il chante pour se sauver. Et dans sa voix, un peu lasse, un peu lasse, il y a ce quelque chose qu’on ne peut pas trafiquer : une vérité qui brûle doucement.
lonely club n’écrit pas des tubes. Il écrit des refuges. Et losers party, c’est le plus beau d’entre eux. Une fête pour les écorchés discrets, les sensibles à contretemps, les rêveurs au fond de la salle. Ceux qui, justement, ont toujours eu peur d’y aller.
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mai 19, 2025Préparez-vous à plonger dans l’univers hypnotique de 33 Dogs, créateurs de musique ROG (contraction de Rock et Dog), un style bien à eux qui vous collent rapidement aux tympans. S’imposant avec l’album « Sons of Sam » et le titre très accrocheur Rock’n’Alright, le groupe originaire de Rambouillet nous a fait le plaisir de répondre à l’Interview en 10 questions, disponible ci-dessous :
1 ) Qui êtes-vous ?
On est les 33 Dogs, on vient de Rambouillet et on fait du ROG! C’est une contraction entre Rock et Dog, parce que ça nous fait marrer et qu’on avait du mal a réellement pointer le genre dans lequel on s’inscrivait. La première radio en ligne qui nous a passé parlait de « Alternative psychedelic californian surf garage rock ensemble ». On a monté le groupe avec des potes, depuis la création seul Cheval (danseur) et moi (Laïka – chanteur lead) sommes là depuis le début. Du côté live, on a la particularité d’avoir un danseur-speaker (cheval) en frontman qui joue dans la spontanéité avec le public, un peu à la manière d’un « happening » dans chaque concert.
2 ) Quel est votre parcours ?
On a commencé juste après le confinement avec un pote. Cheval nous a rejoint quelques semaines après la création du groupe. Pendant 1 an et demi, on a enregistré un triple album totalement autoproduit (Laïka & the 33 Dogs, qu’on a renommé « Démos »). Les premiers concerts ont débuté à peu près 1 an après la création du groupe. Depuis on a enregistré un EP (Dog-Y-Style) enregistré au Studio Taf Panoramix par Goudzou le bassiste de Komodrag & the mounodor, et un album (Sons Of Sam) qu’on a sortir en novembre dernier, et qu’on a enregistré dans notre studio. Entre le début du projet et maintenant on a eu pas mal de turn over dans le groupe, mais le line-up semble s’être stabilisé.
3 ) Que pouvez-vous nous dire en quelques mots sur votre musique ?
En quelques mots, c’est un peu compliqué comme dit plus haut. Mais ça mélange beaucoup de genre à l’image de notre triple album « démos » où il y a une partie Rock sixties, la deuxième est très folk et la 3ème est plus psychédélique. Notre EP était marqué très garage sixties, notre album « Sons of sam » varie entre rock psychédélique, folk et post punk, avec un peu d’influences Britpop. Mais pour les deux prochains qu’on espère enregistrer cette année, on a plus resserré le style vers du Rock Psychédélique, avec un côté assez pop.
4 ) Quelles sont vos inspirations ?
Y’en a beaucoup, mais je dirais que les 2 principales, celles qui m’ont donné envie de faire de la musique, ce sont les Dandy Warhols et les Brian Jonestown Massacre. A cela, on peut ajouter Black Rebel Motorcycle Club, Stone Roses, King Gizzard & The Lizard Wizard, Fleet Foxes, The Hives, The Black Angels, Ty Segall. On est plusieurs à chanter et composer, par exemple Samy (guitare folk) a des influences très folk à la Bob Dylan ou Cat Steven, et Nico (Basse) est plutôt dans une inspiration Oasis et hard rock. Quant à Cheval, on va plutôt vers quelque chose de beaucoup plus psychédélique dans un thème punk/post punk.
5 ) Quelle est votre playlist actuelle ?
En ce moment, j’écoute beaucoup Mandrake Handshake, Psychedelic Porn Crumpets, High Vis, Winona Riders, DIIV, Chicos De Nazca, Babe Rainbow, Cari Cari, Raoul Vignal, The Confederate Dead, Kundalini Genie, The Murlocs, Jose Gonzalez… Et j’ai toujours King Gizzard et Brian Jonestown Massacre que j’écoute régulièrement.
6 ) Quel est le plat que vous cuisinez le mieux ?
Les croquettes Royal Canin!
7 ) Quels sont vos projets à venir ?
Alors on a un album qu’on va sortir cette année, en deux parties, idéalement une première partie en juin et une seconde automne 2025. On aimerait également sortir un mini projet folk/country à la suite. Et évidemment, on aimerait tourner davantage, on veut jouer dans plus de villes et faire plus de dates.
8 ) Pouvez-vous nous raconter une anecdote sur vous ?
Un de nos premiers concerts, on a joué dans un festival organisé par un pote en Auvergne, beaucoup de gens avaient ramené leurs chiens, on s’est retrouvé au bout de 3 morceaux avec la sono qui s’est coupée parce que les chiens jouaient derrière la scène et avaient débranché les câbles d’alim ! Un de ces chiens a inspiré à Samy sa première chanson pour le groupe : « Goldie ».
9 ) Si vous pouviez passer 48 heures avec quelqu’un que vous n’avez jamais rencontré, qui serait-ce ?
Stu McKenzie de King Gizzard. Pour un peu savoir comment il mixe les morceaux.
10 ) Un dernier conseil ?
Je dirais ne pas se prendre trop au sérieux, se faire plaisir, et ne pas trop calculer quand on est dans un processus créatif. Y’aura toujours des gens à qui ça plaira et d’autres non, je pense que l’essentiel, c’est de rester authentique. L’avantage de l’art de manière générale, c’est d’exprimer ce qu’on a envie de faire et si on commence à se mettre des barrières là-dessus, je trouve que ça n’a plus grand intérêt.
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mai 10, 2025Il y a dans la voix de Josh Carpenter, alias SHADES, ce timbre grave et irrésistiblement désabusé qui évoque les premières descentes de la nuit, quand tout semble se refermer. Sur Let Me Go, deuxième extrait d’un projet solo qui prend lentement forme depuis la Gold Coast australienne, l’artiste navigue entre mélancolie tapie et frénésie contenue, comme si Interpol avait flirté avec les mirages électroniques de M83 un soir de pluie.
Le morceau s’ouvre sur des guitares cristallines qui grattent les vitres de l’âme, immédiatement rattrapées par des nappes de synthés qui sentent l’étouffement moderne. Mais c’est la voix de Carpenter, grave, droite et fissurée, qui prend toute la place. Elle n’implore pas, elle constate. Let Me Go n’est pas un cri de rupture, c’est un constat d’abandon intérieur. Ce n’est pas quelqu’un qui fuit, c’est quelqu’un qui se décroche doucement, par nécessité.
La production, subtile et maîtrisée, évite les écueils d’un rock surjoué. Elle préfère l’épure, les textures étouffées, les contretemps émotionnels. On sent les références : le spleen élégant des Smashing Pumpkins période Adore, la tension sourde d’Editors, et cette capacité très 2000s à transformer l’anxiété en bande-son de libération.
En moins de trois minutes, SHADES signe ici un single d’une intensité retenue, mais qui laisse des traces. Un genre de rock cathartique pour ceux qui n’osent plus crier, mais qui continuent d’aimer fort. À surveiller de très près : il y a dans cette noirceur une vraie lumière.
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mai 10, 2025À mi-chemin entre un slow-burn existentiel et un climax cinématographique, “Smithereens” de Brent de la Cruz s’impose comme un coup de maître en nuances. C’est le deuxième extrait de son très attendu EP BLANC, un projet qui promet d’élargir les frontières d’un alt-pop toujours plus stylisé, onirique et conceptuel. Si NOIR marchait dans les ombres, BLANC éclaire les paradoxes : rêver grand tout en gardant les gens (et soi-même) à distance.
Ici, la voix de Brent ne s’élève jamais pour crier, mais murmure avec précision, comme un héros taciturne face aux décombres qu’il n’a pas pu – ou voulu – éviter. “Smithereens” est une chanson sur le pouvoir que l’on donne aux autres, ceux qu’on admire ou redoute, et sur les dommages collatéraux qu’ils laissent derrière eux. “Tell me ’bout the people / Whose house you blew to smithereens last week…” claque comme un post-it d’alerte émotionnelle dans un monde anesthésié.
Sur fond de guitares rêveuses, de synthés fantomatiques et de structures volontairement éclatées, Brent construit un paysage à la fois intime et massif, entre Post Malone pour le spleen pop, Jean Dawson pour la tension underground, et Empire of the Sun pour les images mentales décalées.
La vidéo signée Tyler Eastlick, fidèle acolyte visuel, prolonge cette esthétique de l’éclatement maîtrisé : un univers où les couleurs éclatent comme des néons sous anxiolytiques et où chaque plan semble parler en sous-titres intérieurs. Pas besoin d’explosions, tout est déjà réduit en miettes, avec style.
Avec “Smithereens”, Brent de la Cruz ne cherche pas à séduire, il attire. Par sa retenue, son esthétique éclatée, sa douleur transformée en élégance. Une offrande pour celles et ceux qui aiment que leur pop rêve et saigne en même temps.
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mai 8, 2025Il fallait oser. Oser écrire une chanson d’amour post-mortem où la défunte revient te hanter, non pas dans un miroir fêlé ou sous forme de corbeau gothique, mais… via un Slinky. Oui, ce jouet à ressort de notre enfance, en plastique coloré ou en métal spiralé, dont les ondulations grotesques sur les marches d’escalier ont quelque chose de ridicule et pourtant, ici, d’étrangement poétique.
The Corrupted Hearts, trio indie-rock né des cendres de l’Ohio, convoque les spectres de la vie conjugale et de l’au-delà avec une désinvolture loufoque qui frôle la beauté. Sur « Broken Slinky », le chanteur-guitariste Bradley Schultz raconte cette possession surnaturelle comme un cauchemar doux-amer : l’ombre d’un amour perdu revient, non pour hanter, mais pour faire sourire. Car ce Slinky, avec ses mouvements erratiques, capricieux et cycliques, c’était déjà elle — imprévisible, un peu cassée, mais toujours attachante.
Musicalement, on est quelque part entre les Pixies en moins crade, les Strokes en plus tendres, et Eels période Electro-Shock Blues. Un riff qui rampe et s’étire comme un ressort désaccordé, une section rythmique carrée mais nonchalante, et ce chant à demi-parlé qui joue avec l’absurde sans jamais sombrer dans la parodie.
C’est le genre de morceau qui naît dans un garage à Columbus mais qui aurait pu éclore dans le cerveau de Michel Gondry : un délire pop-rock, un hommage à l’absurde des sentiments, une ballade hantée où l’on rit, où l’on pleure, et où l’on se dit qu’il y a peut-être pire que d’être possédé par une ex… être oublié par elle.
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mai 8, 2025Il y a des chansons qui ne se contentent pas d’être entendues. Elles t’attrapent par le col, t’ébouriffent l’âme et te font cavaler torse nu sous une pluie de pixels glitchés. « Uru Buru » du tout nouveau (et pourtant déjà culte) groupe HLLLYH est de celles-là. Plus qu’un morceau : une convulsion joyeuse, un exorcisme de fin de cycle, un pogo intérieur entre chaos, pop extatique et épiphanie MIDI.
Formé par d’anciens membres de The Mae Shi — groupe emblématique de la scène « Weird Los Angeles » aux côtés des Sparks ou des Screamers — HLLLYH n’est pas un retour nostalgique, mais une mue. Le chant du phénix digital. « Uru Buru », morceau d’ouverture de leur concept-album URUBURU, plante immédiatement le décor : percussions frénétiques, voix qui se chevauchent en mantra tribal, synthés 16-bits dopés au LSD. Tout y est ultra coloré, ultra dense, ultra vivant. C’est le moment où l’angoisse devient danse. L’éveil spirituel via un pogo.
Écrit en 2023, « Uru Buru » est aussi une clé : le thème de la boucle infernale s’y dessine en filigrane, transformé en chant de révolte presque enfantin. Ici, c’est le chant des fins du monde qui recommencent, des renaissances perpétuelles, entre cartouches SNES et prières primitives. Le choix d’y adjoindre une reprise du « Cherry Blossom Color Season » de Katamari Damacy en B-side n’a rien d’anecdotique : même sens du non-sens total, même logique d’accumulation hédoniste et entropique. Même envie de rouler sur la douleur avec une boule de pop bizarroïde et cosmique.
HLLLYH ne cherche pas à plaire — il cherche à provoquer un transfert. Leur musique ne console pas : elle secoue, réveille, électrocute. Avec « Uru Buru », ils signent une ode à l’absurde et à la transe, un uppercut chamarré dans la gueule des logiques linéaires. Pas besoin de tout comprendre, il suffit de hurler avec eux.
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mai 8, 2025Comme un cri qui se dilue dans les néons. Les dérives, nouveau single de RedLight, est une traversée électrique du désenchantement moderne, une charge sourde contre les illusions qu’on nous vend à coups de slogans et de dopamine numérique. Toujours entre Marseille et les astres, entre post-punk frénétique et new wave froide, RedLight revient avec un morceau qui résonne comme une alarme douce — celle qu’on entend trop tard, ou qu’on finit par danser.
Derrière ce groove anxieux, les guitares acérées s’emmêlent aux nappes synthétiques pour tisser un climat de tension permanente. La batterie tape comme une horloge déréglée, les voix se chevauchent, oscillant entre colère sourde et détachement glacial. On pense à Interpol sous anxiolytiques, à La Femme qui aurait viré radicale, ou à Radiohead période Hail to the Thief, avec ce goût pour les climats instables et les explosions contenues.
Mais Les dérives ne singe personne. RedLight a ce grain de singularité qu’on ne peut pas feindre : une énergie organique, une colère qui groove, une esthétique du bordel contrôlé. Le morceau explore les vertiges contemporains — ceux de l’aliénation urbaine, des sentiments désynchronisés, des corps qui cherchent un sens entre l’amour et la chute. C’est politique sans le dire, poétique sans prétention.
Formé en 2007, RedLight n’a jamais fait dans la facilité. Avec leur passé de scènes bouillantes (Batofar, Sentier des Halles, Glazart…), leurs autoproductions précises, leurs envolées live et leur son hybride, ils ont toujours été à contre-courant. Les dérives confirme que le groupe n’a rien perdu de sa flamme — au contraire, il l’a recentrée, rendue plus tranchante, plus urgente.
Le titre annonce une nouvelle phase pour le groupe marseillais, qui semble vouloir creuser plus loin encore cette veine entre rock viscéral et synthétisme noir. Une musique pour danser dans les décombres, pour chanter le mal de siècle en tordant les guitares et les machines. RedLight n’éclaire pas : il expose. Et ça fait du bien.
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mai 8, 2025Il y a des groupes qui traversent les décennies comme des éclats de mémoire. Swearing At Motorists fait partie de ceux-là. Après des années à jouer à cache-cache avec la scène indie, Dave Doughman revient comme un vieux pote qu’on pensait perdu de vue — et qui débarque avec Groundhog Day (Damn The Piper), un nouveau single aussi brut que touchant, comme une lettre qu’on aurait laissé traîner trop longtemps avant de l’ouvrir.
Le morceau sonne comme du Swearing At Motorists pur jus : riff sec, batterie râpeuse, voix sur le fil. Rien de clinquant, tout est dans l’urgence contenue, dans cette tension entre l’intime et l’universel. C’est du rock de garage qui se croit dans une chambre d’ado, du storytelling qui roule sur une bande VHS un peu rayée. Groundhog Day explore la sensation d’enfermement cyclique — dans la vie, dans les décisions, dans les silences qu’on avale. Le titre, clin d’œil au film culte, devient ici une métaphore pour l’immobilité affective, pour ces jours qui passent et se répètent sans qu’on sache vraiment si l’on avance.
Produit avec la même économie de moyens qui a toujours fait le charme lo-fi du groupe, le morceau évoque le Dayton des débuts tout en se frottant à l’acidité berlinoise des dernières années. C’est une esthétique du bancal assumé : les imperfections deviennent textures, les défauts deviennent voix.
BB*Island, le label qui héberge désormais le duo depuis leur installation hambourgeoise, annonce également la réédition en vinyle de While Laughing, the Joker Tells the Truth, l’album culte de 2014, disparu aussi vite qu’il était arrivé. Un disque rare, précieux, enfin remis en lumière — pour les vieux fans comme pour ceux qui découvrent seulement maintenant ce joyau cabossé.
Swearing At Motorists n’a jamais cherché à conquérir le monde. Mais avec ce retour en boucle savamment orchestré, ils nous rappellent qu’on peut toucher droit au cœur sans en faire des caisses. Groundhog Day (Damn The Piper) est un cri discret, une comptine triste et belle à la fois, qui dit simplement : « je suis encore là ».
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mai 8, 2025Ce n’est pas une chanson. C’est une montée. Une claque sensorielle entre euphorie fatiguée et groove psyché, comme un éclat de rire qu’on ne contrôle plus dans une cuisine à moitié éteinte. Avec “Fried”, VoodooV revient en pleine forme — et totalement en vrille — pour annoncer la couleur de leur second album à venir. Le ton est donné : trippy, désinvolte, mais redoutablement maîtrisé.
La basse claque avec cette nervosité organique typique des 90s, quelque part entre Red Hot Chili Peppers période One Hot Minute et les grooves lunaires d’un Beck sous LSD léger. Les guitares, elles, planent en arrière-plan, nappées d’échos et de delays qui brouillent les repères sans jamais perdre le tempo. Le chant, décalé, mi-cynique, mi-cosmique, donne à l’ensemble une patine de fin de nuit : celle où l’on ne sait plus très bien si on est encore en train de danser ou déjà en train de flotter.
Produit par le groupe avec Raphael Neikes (Spiral Drive, Mother’s Cake), “Fried” ne cherche pas à rentrer dans une case. Il les fait toutes fondre dans un bain de funk-rock alternatif dopé aux vapeurs de néo-psychédélisme. Une explosion de textures et de syncopes, conçue autant pour secouer les hanches que pour tapoter les neurones.
Ce single marque une étape : celle d’un groupe qui a digéré le succès underground de Jamgem, et qui revient non pas plus sage, mais plus libre. VoodooV ne fait pas que mélanger les genres, ils les draguent, les trahissent, les rejouent avec insolence. “Fried”, c’est l’hymne des insomnieux lucides, des âmes électriques, de ceux qui cherchent encore la sortie… mais préfèrent danser un peu avant.
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mai 7, 2025On aurait pu passer à côté. Lancer le morceau entre deux notifications, distraire l’écoute d’un scroll réflexe, lui préférer un titre plus tapageur. Mais “Honey” ne se vit qu’à condition de lui offrir un moment suspendu. Il ne s’impose pas, il s’infiltre. Et c’est peut-être ça, la vraie magie.
Common Saints — nom d’alter ego de Charlie J Perry, artisan de l’intime et des textures aériennes — dépose ici un groove au ralenti, nappé de claviers vaporeux et de guitares qui semblent flotter à deux centimètres du sol. Le titre porte bien son nom : “Honey”, c’est cette matière douce qui coule lentement, un peu trop chaude, un peu trop sucrée pour qu’on n’y replonge pas encore une fois.
Et puis il y a ce détail étrange, presque comique : la voix de son chien, Manuka, qui hurle dans le fond du mix. Rien de gadget pourtant. Au contraire, c’est ce type de geste absurde et tendre qui rend l’ensemble profondément humain. Parce que la musique de Common Saints ne cherche pas à séduire par l’esbroufe — elle veut juste qu’on reste un peu, qu’on respire avec elle.
“Honey” précède Equinox, l’EP à venir, et donne le ton : quelque chose entre l’apesanteur psyché d’un Kevin Parker période Lonerism, et le spleen doucement groovy d’un Mac DeMarco qui aurait enfin accepté d’aimer sans se moquer. C’est une chanson qui ne veut rien prouver mais qui dit tout, en creux. Et c’est souvent celles-là qui nous restent.
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mai 7, 2025Milwaukee. Une ville qu’on n’attendait pas forcément sur la carte de la réinvention du rock alternatif. Et pourtant, The Dire débarque avec « Out of Control », un coup de gueule amplifié qui s’écoute comme une gifle en pleine tempête. Pas de faux-semblants ici : c’est brut, frontal, vibrant. Une montée d’adrénaline à l’ancienne, avec cette touche de modernité qui ne cherche pas à séduire mais à secouer.
Le morceau ouvre sur un riff qui ne fait pas dans la dentelle, quelque part entre la rage contenue de Soundgarden et la tension électrique d’un early Queens of the Stone Age. La batterie claque comme une porte qu’on ne veut plus refermer, les guitares grondent, mais c’est surtout la voix — râpeuse, haletante, presque en train de craquer — qui donne à « Out of Control » sa texture humaine. Une voix qui vacille entre contrôle et abandon, exactement comme son titre.
Il y a dans cette chanson un cri existentiel qui refuse la pose cynique. The Dire ne joue pas aux rockeurs : ils en sont. On pense à Silverchair, à Alice in Chains, à ces années 90 où chaque riff portait une douleur sourde et chaque refrain avait le goût de la survie. Mais ici, pas de nostalgie figée : le mix est net, le grain est moderne, le chaos est sculpté pour résonner dans nos casques d’aujourd’hui.
« Out of Control » est le genre de titre qui donne envie de reprendre une guitare, de hurler dans un garage, de croire encore au pouvoir de la distorsion pour exprimer ce que les mots seuls ne peuvent plus dire. C’est un uppercut bienvenu dans une époque trop souvent aseptisée.
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mai 5, 2025On croyait avoir tout entendu du rock alternatif – ses clichés et ses coups d’éclat, ses guitares râpeuses et ses refrains braillés dans des stades. Puis Masquerade est arrivé. Et avec lui, Mister Bith, un nom qu’on jurerait tout droit sorti d’un comics underground des années 90, mais derrière lequel se cache une réalité bien plus singulière : celle d’un homme qui n’a pas laissé le temps lui dicter la fin de l’histoire.
Parce qu’ici, il ne s’agit pas d’un énième groupe de jeunes loups pressés de buzzer sur TikTok. Non. Mister Bith, c’est un projet de semi-retraité, lancé dans un élan de rage douce et de passion intacte, comme une revanche mélodique sur les décennies passées à rêver en silence. Et Masquerade, son single, claque comme une révélation tardive, un uppercut dans les gencives du fatalisme.
Le titre déborde d’énergie. Les riffs sont solides, bien charpentés, presque hard rock par moments, sans jamais sombrer dans la démonstration. Il y a du Foo Fighters dans les guitares, un soupçon de Muse dans la construction dramatique, et une sincérité désarmante qui rappelle que la musique, avant d’être une industrie, reste d’abord une urgence. On entend l’envie de jouer, de dire, de rugir — même si c’est pour soi.
La voix de Mister Bith n’est pas parfaite, et c’est précisément là qu’elle touche. Elle tremble, elle mord, elle frôle parfois le bord du chaos mais reste toujours juste, dans le sens émotionnel du terme. Masquerade, c’est une chanson sur les faux-semblants, les rôles qu’on joue trop longtemps, les masques qui collent à la peau. Mais c’est surtout un cri sincère, libéré, lucide.
À l’heure où l’industrie ne jure que par la jeunesse, Mister Bith rappelle que le rock, le vrai, n’a pas d’âge. Il a juste besoin de tripes, d’amplis et d’un micro. Et ce premier coup de semonce laisse espérer qu’il n’a pas qu’un bon morceau en lui. Il en a probablement tout un album.
Rock is not dead. Il a juste pris un peu de recul pour mieux revenir.
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mai 5, 2025Octavia respire encore. Du moins, dans la tête de Brian Michael Henry. Elle tambourine dans son cercueil, hurle sans voix sous six pieds de terre et mille tonnes d’oubli. C’est elle qui revient hanter les couplets, une revenante pas prête à s’éteindre. Avec Octavia, Brian Michael Henry exhume une histoire vraie — celle d’une femme enterrée vivante lors d’une épidémie de fièvre jaune dans le Kentucky du XIXe siècle — et en fait une ballade alternative aux contours gothiques, funèbrement dansante, résolument anachronique.
Mais Octavia n’est pas qu’un fait divers rockifié. C’est une lettre ouverte aux fantômes, un aveu d’amour post-mortem, une errance entre deux mondes. L’écriture de Brian Michael Henry, toujours aussi brillante et insolite, s’empare de cette tragédie oubliée pour en faire un manifeste émotionnel. Comme si Arcade Fire s’étaient téléportés dans un roman de Poe, ou si Nick Cave s’était pris d’affection pour une héroïne de cimetière sans plaque.
Les synthés pulsent comme un cœur qui refuse d’arrêter. La voix, grave et chaude, enveloppe la narration d’un voile épais, comme de la buée sur une vitre de corbillard. On y entend des strates, des fissures, du vent entre les pierres. On sent surtout ce besoin d’accrocher l’imaginaire à quelque chose de tangible, même s’il s’agit d’une légende régionale. Car Octavia, c’est moins une chanson qu’un rituel : un chant de résurrection pour celles qu’on a laissées dans le noir, trop vite, trop tôt.
Dans une époque où le songwriting s’uniformise, Brian Michael Henry continue de marcher de travers. Il chante l’étrange, le macabre, l’hyperréel — et le fait avec une élégance désarmante. En ressuscitant Octavia, il nous rappelle que certaines mélodies n’ont pas besoin d’un battement de cœur pour vivre éternellement.
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mai 5, 2025C’est un cri étouffé dans le béton. Une plainte noyée dans l’écho métallique d’un quotidien trop vaste pour nos cœurs trop tendres. Avec J.U.M, CARNE balance une claque grunge taillée dans l’obsession et la perte de repères. Un morceau comme une errance. Brighton de nuit. Trop de néons. Trop peu de visages qui restent.
Enregistré dans l’antre sacrée de Brighton Electric Studios, J.U.M a la rugosité de l’incommunicable. Carmen Mellino y chante comme on se parle à soi-même dans une rame vide, entre fatigue existentielle et besoin d’être enfin vu·e. Sa voix gratte, susurre, implose. Elle ne cherche pas à séduire, elle exhume. Le mixage signé Jag Jago (Jamie T, The Maccabees) ajoute cette dimension urgente, borderline. Et dans le silence post-chute, le master de Kurt Martinez (Soft Play, Pixies) vient tout sceller sous une pellicule crade et belle.
Musicalement, c’est du 90’s dans sa forme la plus crue, mais pas rétro pour un sou. On pense à Hole, à Garbage, à Elastica sous kétamine. Les guitares de Milo Hill glissent, griffent, se désaccordent presque, pendant qu’Emia Demir et Joe McTaggart créent une tension rythmique en forme de fuite. Rien ne tient en place, tout est au bord du trop-plein. Et c’est précisément là que la beauté surgit.
J.U.M parle d’absence de réciprocité. D’offrir son feu à des gens qui n’ont pas froid. De courir à perdre haleine dans une ville qui ne ralentit jamais. On est dans Lost in Translation, mais sans le Japon, sans la romance, juste avec ce foutu sentiment d’être invisible dans une foule hyperconnectée.
Le clip (sortie le 30 avril) s’annonce tout aussi viscéral, hommage évident au Good Fortune de PJ Harvey, avec cette même frénésie lucide qui file entre les mains, cette urgence à ressentir quelque chose, n’importe quoi.
CARNE ne cherche pas à plaire. CARNE gratte là où ça démange. Et dans cette démangeaison urbaine, J.U.M devient un hymne pour les âmes à la dérive, les doux marginaux et les trop-sensibles. À écouter très fort, casque vissé sur les tempes, en marchant trop vite, trop seul·e, sous une pluie qui ne s’excuse pas.
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mai 1, 2025Un tom basse qui bat comme un cœur blessé. Une basse qui rampe, lascive et vénéneuse. Une cornet qui gémit quelque part entre l’agonie et le souvenir. Et cette voix, celle de Colin M Potter, comme si Ian Curtis avait survécu à l’apocalypse pour nous murmurer ses regrets à l’oreille. “Shards”, nouvelle offrande de Blindness & Light, s’impose comme un slow funèbre pour les amours toxiques, les ruines intérieures, les désirs qui se sabotent eux-mêmes avant d’oser durer.
Ce morceau, pourtant extrait de l’album déjà paru I Dreamt I Had Insomnia, prend ici sa revanche comme single autonome, réclamé à corps et à cris — jusque dans les bars de Koenji à Tokyo, où il semble résonner avec une justesse étrange entre deux pintes de craft beer. Peut-être parce que Shards parle justement de ce qu’on fait quand tout va trop vite, quand on est incapable d’habiter sa propre peau sans tout casser autour. Un amour qui ressemble à un miroir brisé, chaque éclat reflétant un fragment d’espoir trop tardif.
La production, entièrement reprise en main par le collectif lui-même, marque un virage nécessaire. Finie l’attente, place à l’urgence. On sent cette liberté dans chaque réverbération, dans chaque respiration, dans ce chaos maîtrisé qui rappelle le Manchester post-punk le plus viscéral, mais avec ce supplément d’âme insulaire, forgé quelque part entre Anglesey et une mélancolie du bout du monde.
Avec Shards, Blindness & Light prouve que la poésie la plus brute se niche dans les failles. Celles qu’on cache. Celles qui saignent encore. Celles qu’on transforme en art. Et dans cette nuit qu’ils dressent autour de nous, une lumière fragile danse encore. Elle vacille. Mais elle refuse de s’éteindre.
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mai 1, 2025Elle surgit de l’ombre comme une héroïne cyberpunk qui aurait trouvé refuge dans un beat lourd, entre néons post-trauma et mascara waterproof. Choker, premier éclat noir extrait de TRAUMACORE (RAW & UNCUT), le très attendu album de SkyDxddy (sortie prévue le 16 mai), n’est pas juste un single. C’est une alarme émotionnelle. Une sirène intime. Une gorge qui se serre derrière un sourire.
À première écoute, c’est la rage feutrée qui s’impose. Une production millimétrée, quelque part entre un alt-rock angoissé et une pop industrielle déglinguée, propulse la voix caméléon de SkyDxddy au premier rang du chaos. Pas besoin d’armure quand chaque mot est un couteau aiguisé à la solitude. Elle chante comme on survit : sans permission, sans pause.
Mais Choker n’est pas là pour faire joli. C’est un morceau qui déborde. De sueur, de peur, de lucidité. Le titre lui-même agit comme une image choc : celle de cette sensation d’oppression invisible, ce fil tendu entre respiration et étouffement, ce masque social que les personnes en souffrance mentale enfilent chaque matin pour “fonctionner”.
Musicalement, SkyDxddy frappe fort, et frappe juste. Elle réussit l’impensable : faire danser l’anxiété, donner une forme esthétique à l’étouffement. Comme si Billie Eilish avait pris un détour par Nine Inch Nails pour rejoindre une rave en enfer. La vidéo, glaçante et magnifique, accentue ce trouble permanent entre fragilité assumée et puissance brute. Le regard dans la caméra ne cherche pas l’approbation. Il exige l’écoute.
Choker est une lettre ouverte aux silencieux, une étreinte à ceux qui tiennent bon en façade. SkyDxddy n’offre pas de solution, mais elle tend une main. Et parfois, c’est tout ce qu’il faut pour respirer à nouveau.
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mai 1, 2025Une station de tramway trempée par la pluie. Un homme mal réveillé, perdu dans une ville étrangère, sa capuche tremblante sous un crachin d’Amsterdam. Et soudain, un regard. Stuck in Transit, le nouveau single des Canadiens de The Muster Point Project, commence comme une scène volée à un film de Kieslowski avant de dérailler dans une comédie romantique à la Wes Anderson. Fiction ? Fantasme ? Peu importe. Ce morceau, c’est une évasion orchestrée au millimètre par Kevin Franco, cerveau multi-instrumentiste du projet, et son complice Marcelo Effori, batteur à la frappe à la fois légère et précise.
La narration est au cœur du morceau — normal, les paroles sont signées Geoff Moore, écrivain de formation. Et même si la trame est née d’un malentendu logistique sur un quai de tram néerlandais, Stuck in Transit bascule rapidement dans une autre dimension. Celle où le réel se trouble, où les contrôleurs de billets deviennent des anges gardiens en uniforme, et où la routine grise des transports en commun se transforme en rencontre du troisième type.
Musicalement, TMPP navigue dans un indie rock faussement simple : guitares chaleureuses, ligne de basse qui pulse sous la peau, batterie sautillante, voix décontractée, presque nonchalante — mais toujours juste. Le morceau groove sans jamais forcer, comme une conversation fluide avec un inconnu qui deviendrait, sans prévenir, un personnage marquant de votre vie.
Ce qui fait la force de Stuck in Transit, ce n’est pas seulement sa mélodie entêtante ou son sens du détail. C’est cette manière de faire de la chanson un espace poreux entre vécu et invention. TMPP signe ici un morceau généreux, doux-amer, où l’on entend la fatigue du voyageur solitaire, mais aussi l’espoir d’un détour inattendu — peut-être amoureux, peut-être poétique. Une chanson comme une correspondance oubliée retrouvée dans le fond d’un sac à dos.
Une chose est sûre : si vous vous sentez un peu perdu, The Muster Point Project a composé pour vous une carte sonore. Elle mène quelque part entre les lignes.
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mai 1, 2025Pas besoin de braquer les projecteurs pour captiver. Tic Tic, ce binôme à géométrie trouble installé entre la Norvège et la France, nous le prouve une fois encore avec While the Shadows Grow, première offrande de leur prochain album Capsule attendu à l’automne 2025. Ici, la lumière ne sauve pas : elle vacille, vacante, au bord du silence — et c’est précisément là que la musique de Tic Tic prend feu.
Le morceau, construit autour de la voix hantée et magnétique d’Irene Svendsen, avance sur un fil de guitare granuleux et de nappes synthétiques hypnotiques. La production, signée par le duo lui-même, revendique une esthétique volontairement brute, presque à vif. Pas de fioritures : chaque son semble avoir été capturé à la source, dans ce fragile entre-deux où le cœur bat plus fort que la machine. Le mixage subtil de Christer André Cederberg laisse respirer l’ensemble avec une tension contenue, presque insoutenable.
Ce n’est pas une chanson, c’est une scène. Une veille de Noël lourde de non-dits, où l’émotion ne s’exprime pas, elle pèse. While the Shadows Grow ne déploie pas de grands élans mélodramatiques : il invite plutôt à observer, à ressentir, à porter le poids de l’autre. C’est une étude de l’empreinte que la douleur laisse sur ceux qui la traversent de biais — les satellites silencieux de la souffrance.
Entre les échos de Dead Can Dance, la densité émotive de Massive Attack et les textures abrasives d’un Depeche Mode des grands jours, Tic Tic tisse une œuvre où la mélancolie n’est pas posture, mais matière première. Il y a du sacré dans ce morceau — quelque chose qui frôle le rituel, le deuil ou la veillée.
Avec ce premier extrait, Tic Tic ne fait pas de promesse tapageuse : ils tendent simplement une main dans le noir. À nous de choisir si l’on veut la prendre.
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mai 1, 2025Dans une époque où l’introspection devient spectacle et le chaos une esthétique, il fallait bien qu’un disque comme Bones’n’Stones existe. Teika & The Raw Beat, projet incandescent de Mateja Kert, trace un sillon rare : une traversée de soi qui mêle la tourbe d’un bayou imaginé aux vents cinglants d’une lande irlandaise, le tout capturé entre les murs veloutés du Famous Gold Watch Studio de Berlin. Plus qu’un album, une transe. Une fièvre douce qui tord l’Americana, le post-rock et le romantisme viennois en une masse sonore vivante, fragile, hurlante.
Dès “The Garden”, l’ouverture est cinématographique, presque Lynchienne : une progression lente, l’ombre d’un piano, un souffle inquiet. Puis “Overdrive” surgit, plus nerveux, presque cabossé — comme une chevauchée nocturne sur une autoroute intérieure. “Mr. Saviour” s’amuse du prophétique avec une ironie noire, là où “Ragged Plumes” fait vibrer les plumes déchirées de l’époque, entre envol et incandescence, au bord de l’implosion.
Mais c’est dans les morceaux plus nus que l’album brille. “Angel at My Door” est une caresse d’outre-monde, un chant d’appartenance qui frôle la prière. “Gone With The Wind”, quant à lui, n’a rien d’une bluette : c’est un effacement conscient, une disparition lucide. “To My Knees” touche au sacré dans sa rudesse même, là où “Naked Eye” et “Save A Light” effleurent le post-rock des origines, Sigur Rós ou Mogwai en ligne de fuite.
Et puis il y a “Falling In Love” — centre de gravité du disque, lent tremblement d’une humanité possible, trop belle pour être vraie. C’est le moment où Teika ne joue plus. Elle est. Sa voix rauque, presque animale, glisse sur des cordes organiques, des cuivres discrets, une pulsation qui ne cherche jamais à séduire mais à dire. C’est là, peut-être, que l’album bascule du très bon au nécessaire.
Teika & The Raw Beat ne cherchent pas à plaire. Ils cherchent à toucher. À l’endroit exact où ça fait mal, mais aussi là où ça soigne. Bones’n’Stones est un disque de vertiges, de seuils, de combats intérieurs. Une ode à ceux qui avancent à genoux, crient sans bruit et rêvent encore, malgré tout, de beauté.
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mai 1, 2025C’est souvent dans le mouvement que naissent les plus belles collisions. Satellite Train, collectif mélodique venu de Melbourne, ne fait pas que rouler sur les rails du rock indépendant, il déraille doucement dans un territoire plus rare : celui où la musique redevient urgente, spontanée, humaine. Leur dernier single, Paralyzed, en est la preuve sonore — un pont suspendu entre la chanson classique et une nouvelle forme de narration immersive en gestation.
Avec dans ses rangs des collaborateurs issus d’AC/DC, Icehouse, James Reyne, Paul Kelly ou encore The Black Sorrows, Satellite Train ne joue pas la carte du name-dropping. Ce qui prime ici, c’est la chimie. Une alchimie de studio et d’instinct, où chaque prise semble avoir été captée dans l’instant juste avant qu’elle ne disparaisse. Ce n’est pas parfait. C’est mieux : c’est vrai.
Paralyzed est tout sauf figée. La chanson bouge avec cette élégance désabusée propre aux grands disques de rock alternatif des années 90, mais avec une modernité dans la structure, une tension dans la production, qui l’ancrent fermement dans le présent. La voix de Michael Paytner, récompensé pour son rôle dans Jesus Christ Superstar, navigue entre fragilité contenue et puissance émotionnelle, pendant que les guitares, les claviers et les lignes rythmiques s’entrelacent comme dans une étreinte fatiguée mais sincère.
On sent dans ce morceau les prémices d’un virage. Satellite Train ne prépare pas seulement deux nouveaux albums : ils préparent un basculement. Une expérience sonore totale, annoncée comme un “modèle narratif inédit” dans le paysage musical actuel. Si Wings flirtait avec la pop céleste et Superstar avec l’épure émotionnelle, Paralyzed s’annonce comme le sas de décompression vers quelque chose de plus vaste, de plus audacieux.
Satellite Train nous enroule dans un monde où le cœur bat plus fort que les BPM, où les morceaux sont des chapitres, et les albums — bientôt — des romans sonores. En attendant la suite, Paralyzed est disponible sur toutes les plateformes. Fermez les yeux, et laissez le train passer à travers vous.
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mai 1, 2025On croit toujours que c’est une tristesse, la pluie. Mais il suffit d’une chanson comme Rainy Day pour comprendre qu’on avait tort — ou pas tout à fait raison. Ce que Santa Claws fabrique ici n’a rien d’une ballade mollassonne ni d’un pastiche indie mélancolique : c’est un rituel secret pour les âmes qui refusent la sécheresse émotionnelle. Un sortilège météorologique, cousu main dans l’arrière-boutique d’un disquaire brumeux de Bristol ou d’un grenier trop petit pour ses souvenirs.
Il ne pleut pas : ça pleure doucement, comme un vieux chien qui rêve de sa jeunesse. Et cette voix — voile de coton, presque absente — ne te parle pas. Elle t’écoute. Elle attend que tu aies fini de te mentir à toi-même pour t’emmener ailleurs. Loin de l’hystérie solaire. Loin des promesses vendues à coups de BPM qui mentent plus fort que les publicités de crème antiride. Rainy Day, c’est ce que Radiohead aurait pu composer entre deux silences, si Thom Yorke avait troqué ses dystopies pour une cabane sous les arbres.
Ici, le piano est une flaque. La guitare, une brise. Les arrangements analogiques (reverb, tremolo, delay) dessinent un paysage que l’on traverse comme un souvenir mal rangé. Il y a du Supergrass qui aurait appris l’humilité, du Lennon qui n’aurait pas eu besoin de gueuler, et du Greg (le chanteur) qui écrit comme s’il traçait des lettres d’amour sur une vitre embuée.
Ce morceau est une halte. Un banc dans le parc. Un temps de pause dans une époque qui court sans se regarder. Santa Claws ne propose pas de fuir. Ils t’invitent à rester, là, sous la pluie, avec ton cœur mouillé, ta gorge nouée, et cette étrange sensation qu’au fond, tout ira bien. Parce qu’on est plusieurs à ressentir ça. Et que c’est déjà pas si mal.
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mai 1, 2025Elle aurait pu se contenter d’un soupir, d’une ligne de journal intime ou d’un vieux rêve remisé sur une étagère. Mais Amy-Lin Slezak a choisi la chanson. Et c’est un coup de poing doux qu’elle nous tend avec How Dare She, son tout premier single, qu’elle délivre avec une intensité qui ne demande plus la permission.
Ce n’est pas une jeune première qui chante ici, mais une femme revenue des coulisses, après des années consacrées à d’autres partitions — celles de la maternité, du quotidien, de la patience. Formée à l’opéra, nourrie de théâtre musical et armée d’un timbre capable de faire trembler les rideaux d’un auditorium ou vibrer la cuisine d’une auditrice au casque, Amy-Lin arrive tard, peut-être, mais entière, vive, et surtout libre.
Le morceau est à la croisée de plusieurs chemins : un soupçon de folk dans les guitares, une énergie presque Broadway dans les refrains, et des paroles à mi-chemin entre confession et déclaration d’indépendance. How Dare She, ce n’est pas qu’un titre provocateur — c’est une mise en accusation des injonctions sournoises, du sexisme rampant, de cette petite voix que tant de femmes connaissent : « T’es trop vieille. Trop ambitieuse. Trop visible. » Amy-Lin répond par un chant clair : et alors ?
Son single pourrait être le générique d’une héroïne qu’on aurait longtemps oubliée. Il en a le souffle, le relief, et cette lueur de feu qui crépite sous les braises. Un premier pas qui a le goût d’une délivrance. Et la promesse d’autres refrains à venir, encore plus tranchants, encore plus tendres. Le début d’un nouveau chapitre — celui où la scène ne se partage plus sans elle.
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mai 1, 2025New York ne pardonne pas. Elle t’aspire, te recrache, t’oublie. Et pourtant, certains y laissent une part de leur souffle, de leur jeunesse, de leur feu. Jeff Vidov, lui, y a laissé un serment. Et c’est ce pacte, jamais tout à fait rompu, qu’il honore dans “New York I’m Coming to You”, single-fleuve, presque oratorio rock, où chaque mesure sent le bitume mouillé, la nostalgie maîtrisée, la grandeur assumée.
Tout commence avec ce piano — un piano qui n’est pas là pour accompagner mais pour dire. Vidov ne joue pas, il se souvient à voix haute. En une poignée de notes, il évoque Manhattan comme on évoque une amante : distante, lumineuse, cruelle. La voix du chanteur britannique Jon ne cherche pas l’exploit vocal, elle cherche la faille. Elle la trouve. Et nous avec.
Il y a dans cette chanson quelque chose de Springsteen, mais avec le raffinement d’un Rachmaninov tombé amoureux d’un jingle pop. L’orchestration est démesurée, mais jamais pompier. On frôle parfois le kitsch, puis Vidov redresse tout d’un arpège mineur, d’un frisson de corde. On pense à Rufus Wainwright, à Queen, à Billy Joel en plus lyrique encore.
Mais surtout, il y a cette phrase, ce mantra, presque naïf : “I’m coming to you.” Une déclaration d’amour tardive à une ville qui ne répond plus, ou alors par l’écho d’un taxi dans la nuit. Et c’est ça qui bouleverse. Ce morceau ne cherche pas à reconquérir, mais à se réconcilier. C’est le chant de ceux qui ont trop longtemps cru qu’ils avaient raté leur rendez-vous avec eux-mêmes.
Jeff Vidov n’écrit pas une chanson. Il ouvre une brèche dans le temps. Une faille dans laquelle on glisse, le cœur un peu lourd, mais les poings enfin desserrés.
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mai 1, 2025Il n’y a pas de retour possible quand on s’est brûlé à l’intérieur. Il reste des cendres, du bruit, et parfois, avec un peu de chance, un osselet incandescent à exhumer : Newborn Fossil est cet ossement, ce fragment de rage sédimentée, de désillusion lucide, de beauté fracassée par les années. Marcus: the Apex Predator!, groupe de Detroit formé par Kevin Watts et Nick Marko, ressurgit après une longue mise en veille comme une bête qui aurait affûté ses crocs dans le silence.
L’EP s’ouvre sur “Newborn Fossil”, morceau-titre, manifeste immédiat : un riff anguleux en guise d’alerte rouge, la batterie qui claque comme une gifle dans une ruelle humide, et cette voix rauque, mi-chargée d’espoir, mi-lassée du monde. C’est un cri primal modernisé, une renaissance par la fureur, à la croisée de At the Drive-In et des fragments les plus lumineux de Fugazi. Ce n’est pas un retour : c’est une éruption.
Vient ensuite “Lo-Fi”, faussement modeste dans son titre, mais riche d’une complexité émotionnelle rare. Le morceau joue sur la dissonance comme sur un fil : grésillements, descentes rythmiques abruptes, guitares qui grincent comme des souvenirs mal digérés. L’écriture se fait plus introspective, presque murmure, jusqu’à l’explosion finale. Une chanson comme un polaroid abîmé d’une jeunesse qui refuse de se dissoudre.
“The First Summer” est le cœur battant de l’EP : un mid-tempo qui conjugue tension et beauté, comme si Sunny Day Real Estate s’était retrouvé à jammer avec Slint. C’est un morceau-souvenir, où les guitares évoquent des soirs trop chauds, trop longs, trop pleins d’attentes. La voix se fissure, le refrain s’ouvre comme une faille, et on sent que le morceau raconte un âge révolu. Il ne cherche pas à le retrouver, juste à s’en souvenir sans tomber.
“Plenty & Shine” est peut-être la pièce la plus surprenante : un groove presque dansant, qui ramène un peu de lumière dans la pénombre ambiante. Le chant y devient incantation, les riffs sont plus aériens, flirtant avec un post-punk chatoyant. Mais comme toujours chez M:tAP!, la légèreté est vite rattrapée par une nappe sombre. C’est un faux espoir en clair-obscur, comme une éclaircie dans une ville post-industrielle.
Enfin, “No Fraction” referme l’EP comme on claque une porte trop longtemps restée entrouverte. Tout ici est fragmentation : la structure est cassée, la métrique bancale, les guitares tranchantes. Le morceau est un collage nerveux, où l’on entend presque les machines de Tempermill Studios cracher les dernières braises de cette énergie enregistrée. Un morceau-manifeste, coup de poing final dans une lutte pour l’identité, pour le son, pour l’existence même du projet.
Newborn Fossil est un rite de passage, un feu de joie monté sur les ruines de soi. Un EP abrasif mais profondément humain, un condensé de rage artisanale et de beauté déchue. Un cri du cœur dans une époque qui murmure trop. Un fossile, oui. Mais incandescent. Et toi, que reste-t-il de toi à exhumer ?
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avril 26, 2025On croyait connaître Edge of Paradise : tempêtes de guitares, orgies de riffs huit-cordes, éclairs d’acier et d’électricité. Et puis surgit Hear Me, et tout s’arrête. Plus de murs sonores, plus de métal pour masquer la faille. Juste un piano hanté, une voix fragile comme une corde tendue sur l’abîme, et cette question murmurée à l’infini : « Est-ce que tu m’entends vraiment ? »
Margarita Monet, impériale, délaisse ici l’armure pour nous tendre son âme nue. Hear Me n’est pas seulement une ballade. C’est un cri silencieux dans le tumulte de Prophecy, le sixième album des Californiens. Un moment suspendu où Edge of Paradise ne construit plus de cathédrales de sons synthétiques, mais érige un sanctuaire à l’émotion brute.
Sous les doigts de Margarita, le piano devient un cœur qui bat lentement dans une pièce vide. Les notes glissent comme des larmes sur un visage qu’on ne voit pas, mais qu’on devine dévasté. Chaque respiration devient une confession. Chaque silence, un écho à nos propres blessures secrètes.
Derrière les explosions industrielles de Rogue (Aim For The Kill) ou les rafales synthétiques de Death Note, Hear Me agit comme une déflagration intérieure. Ici, Edge of Paradise ne cherche pas à galvaniser. Ils cherchent à nous briser — puis à nous ramasser, fragment après fragment, avec une tendresse désarmante.
À l’heure où tant de groupes maquillent leur vulnérabilité sous des tonnes de décibels, Margarita Monet et ses compagnons osent le dépouillement total. Et rappellent que, parfois, le plus grand des fracas, c’est celui d’une voix qui ose chuchoter au milieu de la tempête.
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avril 26, 2025Il y a des disques qu’on n’écoute pas. On y entre, comme on pousserait la porte d’une maison amie après des mois d’errance. Pourquoi? C’est L’Amour! de La Need Machine appartient à cette catégorie rare : celle des albums qui ne se contentent pas de résonner dans les oreilles mais s’ancrent directement sous la peau.
Nés à Seattle, mais les bottes poussiéreuses de l’americana aux pieds et l’éclat fragile de l’indie pop dans les yeux, La Need Machine tisse avec ce nouvel album un canevas d’harmonies chaudes, de récits tendres et d’espoirs cabossés. Ici, chaque morceau est un instantané, un polaroïd légèrement jauni de l’âme humaine : de la délicatesse aérienne de « Our Song » à l’élévation nostalgique de « I Wish I Could Fly », en passant par « Over the Rainbow », aussi poignante dans sa version acoustique que dans son adaptation pop.
Il y a dans « Vincent Van Gogh » quelque chose de profondément déchirant : comme si les harmonies vocales venaient panser les blessures d’un artiste oublié au fond de chaque cœur. Et « These Old Jeans » semble taillé pour les crépuscules doux-amers, ceux où l’on apprend à aimer ses propres cicatrices.
Elise Dahlberg, voix cristalline et lumineuse, porte l’album comme une funambule entre les lignes de sa propre histoire : neurodivergente assumée, elle transforme chaque chanson en acte de résistance douce, en manifeste de lumière.
Avec Pourquoi? C’est L’Amour!, La Need Machine prouve qu’il est encore possible de faire des albums honnêtes sans sombrer dans la pose ou la nostalgie stérile. Il y a du feu, de la douceur, de l’intelligence. Il y a surtout cette étrange sensation, précieuse entre toutes : celle de croire, l’espace d’un instant, que l’amour, oui, pourrait bien sauver ce qui reste.
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avril 26, 2025On ne tombe pas sur Irreverent Soul comme on écoute distraitement une playlist du matin. On le prend de plein fouet. Un disque qui déborde de ses propres coutures, gorgé d’une vie trop dense pour se contenir dans des formats convenus. Avec Credito, pas de fausse pudeur : il jette ses chansons comme on jette des bouteilles à la mer, pressé de ne pas se noyer avec.
Enregistré dans l’urgence de Baltimore, mais baigné d’une rage viscérale universelle, Irreverent Soul frappe là où ça fait mal et caresse là où on ne s’y attend pas. « Wicked World » ouvre la marche : une confession déchirée entre spleen et pop rageuse, où chaque note sonne comme un coup de poing doux. Puis surgit « Death to the Man », exutoire brûlant, écrit à l’été 2022 sur les décombres d’une société en train de se fracturer.
Chaque morceau a cette manière de surgir sans prévenir, de refuser la pose ou l’autocensure. « Tired of Losing » refuse de choisir entre la vulnérabilité et la rage, tandis que « Be Good To The Earth » renoue avec une urgence politique rare dans le rock d’aujourd’hui. À travers « They Don’t Think About Me » ou « East Coast Blues », Credito déplie une tendresse cabossée, presque honteuse, mais toujours vibrante.
Et puis il y a ce final sublime : « Let Death Die », où il ose cracher au visage de la mort avec une insolence magnifique, héritée quelque part entre Bowie et la rage punk la plus pure.
Avec le soutien précis de Christian Alfonso à la production, de Bailey Dicus au violoncelle, et l’énergie brute de ses compagnons de route, Credito tisse un album incandescent, quelque part entre la confession nocturne et l’acte de résistance.
Irreverent Soul n’essaie pas de plaire. Il essaie de survivre en créant quelque chose de plus vaste que le simple chagrin : un cri de ralliement pour tous ceux qui refusent de plier sous le poids des deuils, des injustices et des silences.
C’est salé, râpeux, sincère. Ça parle d’amour, de colère, de planète, de survie. Et ça restera sous la peau longtemps après la dernière note.
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avril 26, 2025C’est une gifle reçue en pleine conversation, une phrase lancée par un amant fuyant — « compare & contraster » — qui aurait pu sombrer dans l’oubli. Mais Cleo Handler, elle, a choisi d’en faire un album. Mieux : elle en fait un manifeste intime, tendre et furieusement lucide sur ce moment où l’on cesse d’attendre des autres qu’ils nous sauvent.
compare & contrast est tout sauf un disque de rupture classique. C’est un laboratoire de sensations : du rire nerveux à la solitude un peu honteuse, de l’empowerment soudain au doute poisseux. En treize titres courts et nerveux, Handler dissèque avec une précision pop les mille micro-ruptures qui pavent le chemin vers soi-même.
Dès l’ouverture avec « compare & contrast », le ton est donné : brut, léger en apparence, mais profondément ancré dans une écriture fine, pleine de ces détails qui font mal ou qui sauvent. S’ensuivent des éclairs brillants comme « marathon », course essoufflée vers une authenticité qu’on ne sait plus très bien nommer, ou « funny seeing you here », petite gifle douce-amère contre les coïncidences cruelles.
Dans « suspension of disbelief », Handler explore ce moment où l’on se force encore à croire à une histoire qui s’effiloche, tandis que « galway » et « summer » ouvrent des parenthèses plus tendres, presque contemplatives. « rules » pose la question de la frontière entre compromis et renoncement avec une justesse qui rappelle Liz Phair ou Wet Leg.
Les ballades pop-punk miniatures « think about you » et « bubbles » allient fraîcheur adolescente et désillusion sereine. Tandis que « break into 3 » et « easy » proposent des instants suspendus, comme des Polaroids d’émotions fugitives. Enfin, « maybe you’ve noticed » et « happy baby » bouclent l’album avec une note d’acceptation douce, jamais résignée.
Musicalement, Cleo Handler choisit l’épure : guitares nerveuses, batteries sèches, production maison à Wild Horizon Sound (avec Claire Morison, Wayne Whittaker et Greg Settino), et surtout cette voix claire, un peu fragile mais toujours déterminée, qui rappelle par moments la spontanéité crue d’Olivia Rodrigo, la rage douce de Beach Bunny ou l’élégance désinvolte de Mannequin Pussy.
Visuellement, ses clips réalisés en DIY (pour « compare & contrast », « marathon » et « rules ») épousent cette esthétique lo-fi nostalgique, entre journal intime filmé et rêverie adolescente, avec ce grain d’authenticité qu’aucun filtre Instagram ne pourra jamais simuler.
compare & contrast n’est pas un album pour ceux qui cherchent des réponses faciles. C’est une carte d’émotions brouillées, griffonnée à l’encre invisible de nos contradictions. C’est une main tendue à celles et ceux qui avancent dans la jungle sentimentale sans perdre leur sens de l’humour, ni leur capacité à encore croire en eux-mêmes.
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avril 26, 2025Dans un Queens qui ressemble toujours un peu à un ring à ciel ouvert, Elevated Focusion ressuscite l’ancienne magie. Celle des débuts balbutiants, des premiers essais sales mais vrais, quand on faisait de la musique parce qu’on n’avait pas d’autre choix. Avec « Life Frames », en featuring avec Eimas et Ibrahim Charaf, il livre un concentré de ce que le hip hop et le rock avaient de plus dangereux quand ils ont décidé de coucher ensemble dans les années 90.
« Life Frames » ne ment pas. La prod est sèche, minimale, presque crue. Le flow d’Eimas s’accroche aux riffs métalliques comme un boxeur en fin de combat s’accroche aux cordes du ring. Chaque mesure pue la rage tranquille de ceux qui ne se battent plus pour briller, mais juste pour continuer d’exister.
Pas de vernis. Pas de storytelling lyophilisé. Juste trois types qui balancent leur rage sur une prod qui grince, cogne et respire encore. Le beat est une armature métallique, la guitare râpe comme une gorge sèche au bout d’une nuit sans sommeil, et les voix, celles d’Eimas et d’Ibrahim Charaf, s’acharnent sur chaque mesure comme si leur vie en dépendait.
La beauté du morceau, c’est son imperfection. Un enregistrement bricolé dans un appartement du Queens, une voix pas toujours sage, une énergie qui déborde à travers des beats malpolis. Mélangé par Chris Conway – légende vivante de l’âge d’or du hip-hop de la côte Est – le morceau garde cette patine rugueuse qui manque tant à la musique contemporaine. Pas de filtres, pas de chirurgie esthétique sonore.
On sent dans « Life Frames » quelque chose de l’ordre de la nécessité pure. Pas de carrière à bâtir, pas d’algorithmes à satisfaire. Juste l’envie irrépressible de foutre un peu de vérité dans le vacarme ambiant. La rencontre entre Elevated Focusion, Eimas et Ibrahim Charaf, c’est celle de trois visions du combat quotidien : passion, struggle, survie. Le tout encapsulé dans un morceau de trois minutes qui sonne comme un uppercut sans gants.
« Life Frames » sonne comme une lettre adressée à personne en particulier, mais que n’importe qui, un peu paumé et un peu vivant, pourra comprendre. C’est un de ces morceaux que l’on ne programme pas sur une playlist pour « booster son mood » : on l’écoute comme on serre les dents, comme on traverse une rue vide en pleine tempête.
Un geste brut. Un instant suspendu. Un petit miracle à l’ancienne, loin des projecteurs.
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avril 26, 2025Il n’y a pas de certitude ici. Pas d’épiphanie radieuse. Juste l’usure, la répétition, la mécanique des jours qui se ressemblent et ce foutu vertige qui revient toujours au moment de choisir. « I Still Can’t Decide What I Want » est tout ça en même temps : une chanson minuscule, rageuse, réfractaire au moindre semblant de décision nette. Une chanson comme un pied qui racle le sol sans avancer.
Guitare sèche, basse droite, batterie sans emphase. Une structure si simple qu’elle en devient presque agressive. À l’intérieur, Kristiansen déclame, sans pathos mais avec ce tremblement dans la voix qui raconte mieux que n’importe quel cri que tout pourrait s’effondrer au prochain couplet. On sent l’hésitation jusque dans le rythme, un truc qui avance par à-coups, qui bute, qui hésite à décoller. Et c’est précisément dans ce ratage magnifique que la chanson trouve toute sa beauté.
Dans un monde où tout le monde doit savoir ce qu’il veut, où l’identité est un produit à brandir, The Setting Son ose faire de l’indécision une bannière. Non comme une pose romantique, mais comme un constat brutal. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Peut-être que je ne saurai jamais. Peut-être que ce n’est pas grave.
Tout ici est à l’os. Aucun effet superflu. Le refrain ressemble à un soliloque que personne n’écoute. La guitare tinte comme un téléphone auquel personne ne répond. Le morceau est court, sans gras, sans fausse promesse. Une chanson comme un appel à rester dans la faille au lieu de prétendre l’avoir franchie.
Il y a quelque chose de profondément libérateur dans ce refus de trancher, de conclure, de rassurer. À l’heure où la musique pop dégouline de certitudes prémâchées, « I Still Can’t Decide What I Want » est un anti-tube essentiel : rugueux, bancal, désespérément vivant.
The Setting Son signe ici, sans le vouloir peut-être, l’un des plus beaux hommages contemporains à notre incapacité à être sûrs de quoi que ce soit. Un hymne pour tous ceux qui avancent en regardant leurs pieds, sans jamais savoir vraiment où aller.
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avril 24, 2025À l’âge où la plupart des gens sont occupés à se perdre dans leurs stories Instagram, Chloe Sofia, jeune prodige venue de Milton au Canada, a préféré se perdre dans les méandres d’une histoire digne d’un comic book : un robot séducteur, attiré par les organes humains pour remplacer ses propres pièces mécaniques défectueuses. Dit comme ça, c’est étrange. Chanté par Chloe Sofia, ça devient carrément irrésistible.
Produit aux côtés de Roy Hamilton III (petit-fils d’un chanteur qui inspira Elvis Presley, détail non-négligeable pour la mythologie), « Pulse » est un morceau pop atypique, au goût sucré mais à l’arrière-goût légèrement acide. La mélodie, calme en surface, cache sous ses airs innocents un texte plein d’ironie, de colère maîtrisée et de réflexions inattendues sur la superficialité, l’amour toxique, et l’obsession moderne pour l’apparence.
La voix de Chloe glisse avec aisance, portée par une instrumentation élégante et dynamique, formant une bulle sonore parfaite pour accueillir cette histoire improbable mais fascinante. Les paroles, à l’image d’une Taylor Swift plus sombre et audacieuse, parviennent à distiller en trois minutes à peine toute la complexité émotionnelle de ce robot manipulateur, beau à l’extérieur, vide à l’intérieur. Un joli pied de nez à la pop standardisée, avec un refrain suffisamment accrocheur pour squatter durablement nos playlists mentales.
L’enregistrement à Toronto dans le studio tapissé de récompenses de son producteur révèle aussi une jeune artiste déjà très sûre de son identité musicale. À seulement 15 ans, Chloe maîtrise parfaitement l’art subtil de la chanson pop intelligente et addictive. En prime, elle assume pleinement son statut d’adolescente aux journées chargées, entre les répétitions avec son groupe Violet Theory et les devoirs scolaires qu’elle enchaîne comme tout le monde.
Avec « Pulse », Chloe Sofia ne fait pas seulement ses premiers pas : elle saute à pieds joints dans l’industrie musicale, armée d’un talent rare et d’un sens narratif aiguisé. Un premier single étonnamment mature et obsédant, qui laisse entrevoir une artiste à la trajectoire déjà brillante. À suivre de très près, donc.
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avril 24, 2025Parfois, le destin musical prend des détours étranges. Des chansons perdues dans les tiroirs, lâchées discrètement comme faces-B anonymes, ressurgissent tout à coup pour s’imposer violemment au centre de l’époque, presque malgré elles. « Rogue Oligarch », morceau tranchant signé Brudini, est exactement de cette trempe-là : enregistré initialement fin 2020, sans jamais avoir été poussé sous les projecteurs, il éclate aujourd’hui à nos oreilles comme un écho prophétique et glaçant.
Ce morceau est un combat furieux entre l’urgence crue du post-punk et la désinvolture brûlante d’un groove disco sombre, quelque chose qui convoque aussi bien Joy Division que Talking Heads après un détour étrange par les ruelles nocturnes d’Istanbul. Brudini, artiste thai-norvégien obsédé par Gainsbourg, Godard et Rimbaud (l’homme a vécu deux ans à Paris, il fallait s’y attendre), juxtapose avec une élégance troublante sa voix grave, théâtrale, habitée, à des riffs de guitare agressifs qui frappent comme des coups de poing polis par le temps.
Mais ce qui rend « Rogue Oligarch » inévitable aujourd’hui, c’est ce feeling menaçant et cette énergie désabusée qui semblent coller parfaitement aux dérives inquiétantes de notre époque. Les cuivres en roue libre du collectif stambouliote injectent au morceau un côté urgent, décadent, presque cinématographique, rappelant que l’histoire se répète toujours de manière ironique. En concert à East London, le public s’empare désormais du titre comme d’un hymne cathartique, célébrant son ironie corrosive avec une ferveur un peu inquiétante.
En 2025, Brudini se retrouve malgré lui porteur d’un message devenu clairvoyant, étrangement pertinent, et totalement indispensable. « Rogue Oligarch » est le genre de morceau dont tu ignorais avoir besoin jusqu’à ce qu’il te frappe de plein fouet – et maintenant qu’il est là, impossible de s’en passer.
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avril 22, 2025Il y a des chansons qui s’effeuillent comme un journal intime un peu sale, un peu sacré. Avec a nOOd., Nadia Vaeh envoie valser les diktats, les dettes, les boîtes mail pleines de mecs relous et les attentes de la société — en string et avec le sourire. C’est pop punk, c’est pop rock, c’est surtout foutrement libre.
Sous ses allures de tube pour pogo en chaussettes dans le salon, a nOOd. est tout sauf un gag musical. C’est une déclaration d’indépendance, une mise à nu symbolique et malicieuse, une manière de dire : “je choisis quand, comment, et pour qui je me dévoile”. Ce n’est pas pour toi, c’est pour les girls n me. La production alterne entre sarcasme sucré et riffs râpeux, flirtant avec les années Avril Lavigne sans jamais sombrer dans la nostalgie facile. C’est actuel, vif, saturé comme une timeline un dimanche soir.
Nadia Vaeh joue avec les codes et les retourne à sa sauce : une photo qu’on envoie comme un cri dans le vide, un “fuck it” chanté à pleine voix pour exorciser les impôts et les notifications. On rit jaune, on danse fort, et on respire enfin.
Il y a du génie dans cette légèreté apparente, dans cette manière de transformer la gêne en énergie. a nOOd. n’est pas qu’un banger : c’est une prise de pouvoir. Une chanson qui comprend que parfois, pour survivre au monde, il faut juste appuyer sur “envoyer” — sans honte, sans filtre, et surtout sans s’excuser.
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avril 22, 2025Ce n’est pas une chanson, c’est une scène. Une séquence au ralenti, gorgée de bitume et de pluie sur un pare-brise mal essuyé. Avec Jump Start, le duo Samurai Drive — composé de Daniel Riederauer et Soma Nove — nous balance dans un trip visuel et sensoriel, quelque part entre un Lost Highway imaginaire et une descente émotionnelle sous tension. L’atmosphère est moite, les nappes synthétiques rampent comme une menace sourde, pendant que les textures trip-hop s’enroulent autour de riffs discrets, presque fantomatiques.
Il y a dans cette musique un sens aigu de la mise en scène : un goût pour le détail, le contraste, le clair-obscur. On y retrouve des effluves de Portishead, une dose de blues réfracté sous une lumière néon, et des échos new wave qui se perdent comme des souvenirs oubliés. Mais Samurai Drive ne se contente pas de citer, ils recomposent. Leur univers est celui d’un cinéma mental, où la route est toujours de nuit, et où l’on fuit quelque chose sans trop savoir quoi. Jump Start, comme son nom l’indique, déclenche le mouvement, donne l’élan — mais pas sans une forme de vertige existentiel.
Le morceau respire à travers ses silences. Il tend ses muscles dans les pauses, laisse les notes flotter dans l’espace. On roule sans GPS, dans une solitude quasi élégante, mais surtout profondément habitée. À écouter casque vissé, les yeux dans le vide, ou la main hors de la fenêtre, au rythme des lignes blanches. Un trip en clair-obscur pour âmes errantes.
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avril 22, 2025Certains morceaux s’ouvrent comme un cahier oublié au fond d’un sac, entre griffonnages spontanés et fragments d’un journal intime qui n’aurait jamais dû quitter le tiroir. “Wonder”, le nouveau single de NEWĀRK, ressemble à cela. Un moment suspendu, à mi-chemin entre introspection mélodique et décollage émotionnel. Loin des codes hip-hop qu’il a longtemps habités, l’artiste rotterdamois s’aventure ici en territoire indie pop/rock avec une vulnérabilité désarmante.
Guitares planantes, nappes vaporeuses, voix qui craque parfois — mais c’est précisément là que le morceau respire. “Wonder” ne cherche pas l’exploit de production : il va au plus juste, au plus direct, dans une forme d’épure presque naïve mais toujours lucide. On sent l’envie d’en finir avec les faux-semblants, de tendre une main à ce passé qui hante sans forcément peser. C’est la bande-son d’un réveil en solitaire, quand la ville est encore muette et que les questions se bousculent avant le premier café.
Ce morceau marque aussi le début d’une mue pour NEWĀRK, qui prépare la sortie de son EP Walkman You’re Gone Too Fast le 2 mai prochain. Un titre qui sonne comme une lettre d’amour au temps qui passe trop vite, à la nostalgie technicolor des souvenirs qui collent aux doigts. “Wonder” en est le prélude mélancolique et lumineux.
Et quand on sait qu’il fêtera la sortie avec un concert au BIRD de Rotterdam le soir-même, on se dit qu’on aimerait y être. Pour voir si, sur scène, cette douce brûlure prend feu ou se transforme en pluie fine.
NEWĀRK n’est peut-être pas encore un nom qu’on connaît partout, mais avec des titres comme celui-ci, il commence déjà à murmurer dans les oreilles des rêveurs attentifs.
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avril 22, 2025Un dernier morceau comme une claque qui réveille à 3h du matin. Avec Cheer On, le groupe bostonien 40 Lashes balance le cinquième et ultime single de son EP Cheer On, Rock On, Party On – et plutôt que de baisser le rideau doucement, ils y mettent le feu. C’est abrasif, c’est désabusé, et ça ricane à pleines dents dans les ruines d’une fête qui a mal tourné.
Sur le papier, on pourrait croire à une énième fusion post-ado entre punk et émotion. Mais ici, pas de mièvrerie : Cheer On est une collision frontale entre le spleen emo, les rugissements du nu-metal et une urgence punk à la limite du cassage de gueule. Ça pue la sueur, l’alcool pas digéré et les nuits trop longues passées à chercher un sens dans des refrains hurlés à la lune. On pense aux catharsis violentes de Deftones, aux spoken word désespérés de La Dispute, mais avec une hargne toute personnelle qui ne cherche pas à plaire.
La prod, confiée à Brett Romnes et masterisée par Mike Kalajian, joue la carte du contraste : des guitares tranchantes noyées dans une reverb épaisse, des drums secs comme des claques, et cette voix qui alterne entre désillusion et provocation. Cheer On, c’est l’invitation la plus toxiquement joyeuse que vous recevrez cette semaine.
Un morceau qui célèbre la dérive, l’échec, et la rage de continuer quand même. Pas parce qu’on y croit, mais parce qu’il n’y a rien d’autre à faire. Une fête pour les cœurs cabossés. Une playlist de fin du monde. Une chanson pour ceux qui dansent au bord du gouffre.
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avril 22, 2025On croyait les connaître, ces deux silhouettes insaisissables de Chicago, vissées à leurs basses saturées, planquées derrière un univers visuel monochrome aussi tranchant qu’une lame. Et pourtant, avec Threats, BELLHEAD nous prend par surprise : adieu le noir et blanc, place au jaune acide, au sang dans les guitares, et à une mise à nu aussi brutale que fascinante. Le duo Ivan Russia / Karen Righeimer-Schock signe ici un retour fracassant, charbonneux, viscéral, qui fera date dans l’histoire récente du darkwave industriel américain.
Dès le titre éponyme, on est happé. Threats claque comme une porte qu’on aurait trop longtemps laissée entrouverte sur nos névroses. La basse écrase tout sur son passage, les voix s’entrelacent comme deux lames rouillées, et la tension ne retombe jamais. Il y a de la menace, oui. Mais aussi une maîtrise nouvelle : plus frontale, plus ample, presque cinématographique.
Les cinq nouveaux morceaux de l’EP étendent le territoire sonore de BELLHEAD sans trahir leur ADN. Shutters + Stutters tangue entre mécanique bruitiste et spleen spectral. No Dead Horses est une complainte électrique à faire pâlir The Kills. Double Jeopardy, quant à lui, semble surgir d’un bar gothique d’un futur post-apocalyptique, riff en sourdine et chœurs hantés à l’appui.
Et puis, il y a les deux remixes. Clubdrugs transforme Heart Shaped Hole en errance hallucinée, entre dance macabre et trip éthéré. Mais c’est Chris Hall, voix iconique de Stabbing Westward, qui scelle le cercueil avec un Bad Taste réinventé en banger goth-indus dansant, à la puissance quasi hymnique. Une vraie claque en pleine piste de danse, aussi sale qu’irrésistible.
Plus que jamais, BELLHEAD incarne cette tension entre brutalité et tendresse, entre cri de rage et murmure empoisonné. Threats n’est pas juste une suite logique à Good Intentions — c’est une mue, un avertissement, un disque miroir tendu à une époque qui ne sait plus très bien si elle doit pleurer ou hurler.
En 2025, dans les marges électriques de la scène alternative, BELLHEAD s’impose comme une nécessité. Vous voilà prévenus.
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avril 22, 2025Dans un monde où le métal cherche trop souvent à rugir plus fort que son voisin, Dead Hazards fait le choix de chuchoter dans les interstices du chaos. Leur premier album Saline, sorti le 20 avril dernier, ne fait pas de bruit pour impressionner : il lève la poussière pour montrer la beauté dans la crasse. Treize titres, pas un de trop, pour explorer une œuvre à la fois corrosive, artisanale, expérimentale – mais jamais gratuite.
On pourrait vous dire que Saline est sludge, qu’il trempe ses guitares dans des bains d’acide et de fuzz jusqu’à saturation. C’est vrai. Mais ce serait aussi réducteur. L’album est un monstre à têtes multiples : folk à l’os nu (Remorse), jazz bruitiste par éclats (Hauling Back), rock alternatif en transe (Who’s Invited, Endless Delay), voire trip-hop païen dans ses instants les plus contemplatifs (Excess). Comme si Pallbearer, Godspeed You! Black Emperor et Faith No More s’étaient enfermés un hiver entier dans une grange de l’Essex avec un enregistreur 8-pistes, des cordes pincées jusqu’à l’os et quelques Zippo à frotter pour le rythme.
Mais Saline ne serait pas ce qu’il est sans son esthétique sonore DIY. Les Dead Hazards, anonymes et reclus, ont incorporé des sons extraits de fichiers image convertis en audio, des percussions captées avec des objets domestiques, des nappes enregistrées en extérieur – autant de matières premières transformées en paysages auditifs. Le morceau Crippling Faith en est le parfait exemple : début ambient poisseux, textures granuleuses, puis une montée en tension qu’on croirait tirée d’un film post-apocalyptique.
Mention spéciale à Lazyeye, interlude de 1min46 aussi court que tranchant, qui fait office de respiration bizarre entre deux tunnels de saturation. Et Prime, le single déjà disponible, résume bien l’ambition de l’album : s’infiltrer plutôt que conquérir, envelopper plutôt que frapper.
Saline est un disque qui se mérite. Il demande de l’attention, voire de la patience. Mais il en rend chaque seconde. À l’heure où l’excès de production lisse les disques jusqu’à les rendre transparents, Dead Hazards revendique l’aspérité, le flou, la sensation du fait main. Et ça tombe bien : parfois, ce n’est pas la précision du scalpel qui touche, mais la justesse du coup de pelle.
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avril 16, 2025Il y a des morceaux qui ne crient pas seulement leur rage, mais qui l’enclenchent. « Tax Man » de The Damn Devils appartient à cette espèce rare et nécessaire de chansons qui frappent comme une gifle sur une table de négociations truquée. En deux minutes quarante-huit, le trio formé par Vin Perrotta, Age Graves et Joey Dominick signe une brûlure sonore, un poing levé dans la jungle de la corruption administrative et des hypocrisies en costume-cravate.
Sur une rythmique martelée avec précision par un Vin en pleine possession de ses armes (batterie comme bras armé), la guitare de Joey mord la chair du riff principal comme une scie rouillée sur de la peau trop lisse. Et puis il y a cette voix, portée par Age, mi-accusatrice mi-fatiguée, qui te balance ses couplets comme autant de constats en haut débit : l’usure d’un système, l’arnaque d’une démocratie prétendument juste, la nausée d’un monde où l’on encaisse sans jamais pouvoir rendre.
Ce n’est pas une chanson pour les tièdes. C’est du rock qui grince, qui pue la cave et le câble jack usé, qui sent les bières renversées sur les amplis à 3h du mat’. C’est aussi un cri lucide, jamais manichéen, mais toujours franc. Et même si « Tax Man » puise dans une colère générationnelle, elle est livrée avec l’ironie acide de ceux qui savent qu’ils n’ont plus rien à perdre – ni illusions, ni temps.
The Damn Devils ne jouent pas à être en colère. Ils le sont. Mais mieux encore : ils le transforment en art brut, taillé dans la pierre électrique. Et ça, dans un monde anesthésié, ça fait un bien fou.
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avril 16, 2025On ne sait jamais trop si ce sont les chansons qui viennent à nous ou si c’est nous qui, à force d’errance, finissons par tomber sur elles. Toujours est-il que « All Along », la nouvelle offrande d’Almamor, arrive comme un vieux film oublié qui nous aurait attendu quelque part entre deux souvenirs brumeux. Un morceau qui sent la pluie sur l’asphalte chaud, la fatigue des cœurs qui battent encore trop fort, et le goût métallique de l’espoir qui revient sans prévenir.
Dès les premières secondes, on sent que quelque chose palpite. Une guitare étirée, claire, presque timide, qui avance à pas feutrés. On pense à Radiohead époque There There, à Mogwai qui aurait bu trop de whisky, ou à Jeff Buckley s’il s’était jeté dans la post-modernité les bras ouverts. Puis la tension monte, organique, minérale, jusqu’à cette bascule — ce moment où tout s’ouvre, où les riffs claquent comme des portes qu’on aurait trop longtemps laissé entrouvertes. C’est là que la voix entre, à la fois fragile et puissante, comme si elle portait une tempête à elle seule.
« All Along » parle d’un lien qu’on n’a jamais su nommer, d’un amour qui se débat dans le silence, d’une colère douce qu’on traîne depuis trop longtemps. Le titre suinte la passion contenue, la fureur à fleur de peau. Ce n’est pas une chanson qu’on écoute, c’est une pièce qu’on habite, un tunnel où résonnent nos propres cris muets.
Il y a dans ce morceau un romantisme incandescent, celui qui n’a pas besoin de grandiloquence pour frapper juste. Chaque transition, chaque envolée, chaque silence même, semble avoir été pensé non pas pour séduire mais pour dire vrai. « All Along », c’est cette chanson qu’on écoutera seul.e à 3h du matin, les yeux rougis mais le cœur un peu plus vivant.
Almamor, avec ce morceau, ne signe pas un simple titre post-rock de plus. Il signe un pacte. Celui de rester fidèle à nos vertiges, à nos brûlures, à nos folies tendres. Et à ce quelque chose, toujours, qui nous dépasse.
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avril 16, 2025Il y a des chansons qui débarquent comme un pote surexcité un vendredi soir : les cheveux en vrac, la clope au bec, un riff dans la poche et une seule envie — te rappeler que la vie mérite d’être vécue à 120 bpm. Passion is Aggression, dernier cri du cœur et des guitares signé Cornelis Gerard, fait partie de ces brûlots indie-rock qui sentent la bière tiède, les néons, et la sincérité brute.
Derrière ce titre évocateur, mi-manifeste, mi-blague de baston amoureuse, le Néerlandais exilé à Londres continue d’écrire ses chroniques de trottoir avec la plume trempée dans la sueur des concerts de sous-sol et les désillusions du quotidien. Mais cette fois, pas question de ruminer. Le morceau est une montée d’adrénaline en hommage à ces connexions qui réveillent la bête en toi, celles où l’amour devient presque un sport de combat. Pas au sens toxique du terme, mais dans ce qu’il a de vital, d’organique, d’irrépressible.
Dès les premières secondes, les guitares claquent comme des portes qu’on refuse de refermer. Le rythme est martial, le chant mi-scandé mi-hurlé, et l’énergie générale rappelle les grandes heures de Bloc Party ou d’At The Drive-In. C’est du rock de corps, de tripes, d’instinct. On sent que Cornelis a tout mis sur la table — la tendresse, la rage, la tendresse rageuse.
Et sous cette cavalcade noise bien calibrée, il y a le fond : le plaisir pur de faire avec quelqu’un. Suivre son feu intérieur, oui, mais en duo. Crier à deux. Danser à deux. Se sauver ensemble de l’anesthésie ambiante.
Passion is Aggression, c’est aussi une façon de dire que les émotions ne sont jamais sages. Et que parfois, les plus belles histoires naissent dans le fracas d’un ampli qui grésille et d’un cœur qui bat trop fort.
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![Patti Zlaket sur « Tunes [Deluxe Edition] » : le retour incandescent d’une voix qu’on croyait apprivoisée](https://i0.wp.com/extravafrench.com/wp-content/uploads/2025/06/03_-_Tunes_copy.jpg?fit=300%2C300&ssl=1)
































































































































